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Mémoire La Preuve Par Procès Verbal
Mémoire La Preuve Par Procès Verbal
MEMOIRE
Présenté en vue de l’obtention du Diplôme de Master II Recherche en droit
Pénal et sciences criminelles
Par :
BAKANG BALINGOM EMMANUEL
Matricule 19B217JP
Titulaire d’une maitrise en droit privé général
Sous la Direction de :
Pr. NKOULOU Yannick Serge
Agrégé des facultés de droit
i
AVERTISSEMENT
L’université de Ngaounderé n’entend donner aucune approbation ni improbation aux
opinions émises dans ce travail. Par conséquent, ces propos devront être considérés comme
étant propres à son auteur.
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
DEDICACE
i
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
REMERCIEMENTS
Cette modeste contribution dans le domaine du droit est le produit de nombreux efforts
conjoints de bien de personnes travailleuses et disponibles à qui je ne saurais manquer de
manifester ma profonde reconnaissance et gratitude. Puisse le Dieu tout puissant vous bénir.
Je tiens à remercier :
-Professeur NKOULOU Yannick Serge pour toute sa rigueur, son insistance, ses orientations,
sa patience sans oublier ses nombreux conseils dans la conduite et la production de ce
travail ;
-Tous les enseignants de la faculté des sciences juridiques et politiques pour leurs
enseignements et leurs conseils ;
ii
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
Art : Article
Al : Alinéa
C/ : Contre
Cf : Confère
CG : Commissaire du Gouvernement
Const : constitution
CS : Cour suprême
Dec : .décret
Ed : Edition
MP : Ministère public
n° : Numéro
PR : Procureur de la République
PV : Procès-verbal
iii
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
T : Tome
TM : tribunal Militaire
Vol : Volume
iv
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
SOMMAIRE
INTRODUCTION GENERALE................................................................................................ 1
PREMIERE PARTIE : LA PLURALITE DE QUALIFICATIONS DE LA PREUVE PAR
PROCES-VERBAL ................................................................................................................... 9
CHAPITRE I : UNE VERSALITE DE QUALIFICATIONS DU PROCES-VERBAL EN
MATIERE CIVILE .................................................................................................................. 11
SECTION I : La qualification principale : le procès-verbal, un acte authentique ............... 12
SECTION II : La qualification subsidiaire : le procès-verbal, un acte non authentique ...... 20
CHAPITRE II : LA DIVERSITE DE QUALIFICATIONS DU PROCES-VERBAL EN
MATIERE PENALE ................................................................................................................ 28
SECTION I : La qualification relative avant l’actuel code de procédure pénale ................. 29
SECTION II : De la distinction désormais faite entre preuve primaire et preuve secondaire
.............................................................................................................................................. 36
DEUXIEME PARTIE : L’AMBIVALENCE DU REGIME DE LA PREUVE PAR PROCES-
VERBAL .................................................................................................................................. 45
CHAPITRE I : LA RECEVABILITE DES PROCES-VERBAUX EN JUSTICE .................. 47
SECTION I : La recevabilité de principe de certains procès-verbaux en justice ................. 48
SECTION II : Les conséquences de la recevabilité de la preuve par procès-verbal ............ 54
CHAPITRE II : LA FORCE PROBANTE DES PROCES-VERBAUX ................................. 62
SECTION I : la force probante des procès-verbaux laissée à libre appréciation du juge. ... 63
SECTION II- La force probante des procès-verbaux anéantie par le succès des
contestations ......................................................................................................................... 70
CONCLUSION GENERALE .................................................................................................. 78
RESUME
Le procès-verbal, en tant qu’instrument au service de la manifestation de la vérité, est
l’un des modes de preuves le plus usité en justice. Il a une diversité de qualifications et une
v
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
ABSTRACT
The minutes, as an instrument of the manifestation of the truth, is one of the modes
of proofs most used in justice. It has a diversity of qualifications and an ambivalence of the
vi
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
régime. With regard toits qualification, the minute is identifiedas an authentic act or a non
authentic act in civil matters. While in criminal matters, it was likely to take the denomination
of testimony or confession in the old procedure. Since the current code of criminal procedure,
it is qualified as primary evidence or secondary evidence. Regarding its regime, the
particularity of the minutelies in the opposition of its convincing effects. It fits both in the
free proof system that in the perspective of legal proof. In other words, it is a perfect or
imperfect proof, consequently on one hand, the minute like those of the judicialofficers,
notaries, of special and contraventional offenses benefit from an increased legal probative
force. They are therefore admissible in principle in the court in the absence of disputes and
consequently lead to the reversing of thereversal of the burden of proof. On the other hand,
the non authentic minutes report and those of the crimes and misdemeanors of common law
are left to the judge's free appreciation.
vii
INTRODUCTION GENERALE
1
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
L’œuvre finale d’un juge est une décision, fondée sur un acte ou un fait juridique. Dans les
deux cas, il s’agit de savoir si le fait ou l’acte qu’on lui soumet est vrai ou non, ceci sur la
base de la preuve, plus précisément c’est la preuve en justice. Elle désigne les opérations et
moyens visant à emporter la conviction du juge sur l’exactitude ou l’inexactitude d’une
affirmation de fait dans une procédure juridictionnelle1. La preuve en justice se distingue
d’une part, de la preuve en science et d’autre part, du droit de la preuve. Dans le premier cas,
le concept de la preuve mis en œuvre dans le procès diffère alors de celui utilisé en science,
car ici la décision du juge ne peut être dite vraie ou fausse, mais légale ou illégale. Dans le
second cas, on remarque que dans un sens beaucoup plus large, la preuve en justice ne saurait
se limiter au droit de la preuve. Elle comporte des aspects qui ne sont pas saisis par les règles
de droit. Dès lors, la preuve juridique devient une preuve judicaire. Cette dernière a vocation
de déterminer la vérité et d’établir la conviction du juge à l’aide des moyens et modes de
preuves.
Dans tous les cas, le concept de la preuve remonte de la Rome antique. Comme l’a
montré Jean-Philipe Lévy, trois grands systèmes de preuves peuvent être identifiés dans
l’histoire. Il s’agit notamment de la preuve surnaturelle, la preuve réglementée et la preuve
libre2. La première forme de preuve citée remonte à la plus haute antiquité dans toutes les
sociétés marquées par la présence des puissances surnaturelles.
En effet, elle repose sur la croyance que les forces divines indiquent aux hommes
l’issue que le litige doit connaître. Elle prend parfois la forme de l’ordalie. Dans ce contexte,
cela s’apparente au jugement de Dieu. Dans la Rome antique, cette forme reposait sur des
pratiques où une personne était mise en contact avec l’eau bouillante, du feu ou alors jetée
dans un fleuve, gardant les bras en croix et dont l’observation de ses réactions, séquelles et
cicatrices devait confirmer ou infirmer sa culpabilité. Le serment pour sa part, lorsqu’il était
assorti d’une dimension religieuse, prenait également la forme de preuve surnaturelle. De ce
fait, celui qui prononçait le serment purgatoire s’exposait à subir la punition divine s’il s’avère
que ses déclarations soient mensongères. Au IVe siècle, l’ordalie s’est estompée au profit de
l’épreuve du charbon sous l’influence des coutumes.3 Ces procédés de preuve se sont
fortement implantés en France sous l’influence du droit germanique, à la suite du déclin de
l’empire Romain d’occident. Au Ve siècle, le serment purgatoire occupe une place importante
dans le droit germanique. Les ordalies et le serment prédominent en France et en Angleterre
1
E. VERGES, G. VIAL et O. LECLERC, Droit de la preuve,Paris, PUF, « Thémis Droit », 2015, p. 8
2
J-P. LEVY, L’apport de l’antiquité au droit de la preuve, Paris, Vol. 23, éd. 1996, P.3-11
3
E. VERGES, G. VIAL et O. LECLERC, Droit de la preuve,Paris, PUF, « Thémis Droit », 2015, p. 12
2
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
entre le VIIIe et le XIIe siècle, puis, ils feront l’objet d’opposition par l’Église catholique.
Ainsi, ils déclinèrent puis disparurent du droit Français au XIIe siècle. On parle alors de l’ère
de la redécouverte du droit Romain et du développement du droit canonique avec l’institution
de l’inquisition médiévale. Le vocable inquisition provient du Latin inquisitio, qui signifie
enquête ou recherche. Elle est une juridiction, un tribunal spécialisé crée au XIIIe siècle en
France par l’Église catholique, indépendamment des juridictions seigneuriales ou
ecclésiastiques, mais relevant du droit canonique. Elle s’est substituée aux ordalies avec pour
objectif de lutter contre les excès et l’arbitraire de la justice seigneuriale et d’empêcher la
diffusion des dogmes différents, à savoir les hérésies cathares et les vaudois.
Contrairement à l’Accusation4, sa mise en œuvre ne nécessitait aucune plainte, ni
dénonciation, mais le serment était l’arme redoutable des inquisiteurs. Ces derniers étaient
envoyés dans des régions soupçonnées d’hérésie. Ils prêchaient d’abord publiquement en
appelant les hérétiques à venir se confesser dans un délai d’un mois et au terme de ce temps,
les inquisiteurs disposaient des moyens d’enquête et de coercitions tels que
l’emprisonnement préventif, le jeûne, la privation de sommeil et la torture pour découvrir les
hérétiques et obtenir leurs aveux.5 L’inquisition s’est rependue à la fin du Moyen-âge en
France, au Portugal et en Espagne, mais son usage des pratiques très peu orthodoxes
entraînera une opposition, notamment par les protestants des pays colonisateurs de l’empire
espagnol. Ainsi, ces juridictions déclinèrent au profit des juridictions étatiques mieux
règlementées en matière probatoire.
La preuve réglementée ou preuve légale prendra ainsi le relai dans l’Europe
chrétienne à la fin du XVIe siècle et se déploiera jusqu’au XXe siècle. Cette réglementation
distingue le régime probatoire en droit romain, du droit savant médiéval, puis celui de
l’ancien droit, du droit révolutionnaire. Pendant que le droit Romain laissait les juges libres
d’apprécier les preuves qui leur étaient présentées, le droit savant médiéval et l’ancien droit
mettront à leur tour, un système de preuves légales. Dans cette perspective, les preuves
recevables et la valeur que le juge devait leur accorder étaient fixées par la loi.6 Ceci étant, un
double témoignage ou un acte authentique valaient la preuve complète, tandis que le
témoignage unique, les actes privés ou la commune renommée équivalaient à une demi-
preuve et les simples indices ne valaient qu’un quart ou un huitième de preuve. Ce système se
4
L. AURELIEN, Les procédures pénales accusatoires, collection colloques, PUF., 2011, p.70
5
E. VERGES, G. VIAL et O. LECLERC, Droit de la preuve,Paris, PUF, « Thémis Droit », 2015, p. 65.
6
E. VERGES, G. VIAL et O. LECLERC, Droit de la preuve,Paris, PUF, « Thémis Droit », 2015, p. 67.
3
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
détruira progressivement laissant une place importante au juge. En matière pénale, la preuve
légale connaît un singulier retrait sans disparaitre7.
En effet, la loi N°2005/007 du 27 juillet 2005, portant code de procédure pénale vient
davantage formalisée le système de preuve libre. L’article 308(a) de cette loi dispose
qu’ : « hormis les cas où la loi dispose autrement, une infraction peut être établie par tout
mode de preuve »8.On parle ainsi de passage de preuve légale à la preuve libre ou preuve
morale. La vérité n’est donc plus exclusive de la preuve, bien au contraire la preuve devient
un mode d’établissement de la vérité. Le juge devient l’acteur central dans l’appréciation de la
preuve dans la mesure où il établit la certitude par plusieurs manières, en empruntant
différentes voies telle la subjectivité, l’intériorité, voire l’intimité. C’est donc dans ce cas que
l’on parle de l’intime conviction.9Le juge décide alors d’après la loi et son intime
conviction10. Ce système est plus perceptible en matière pénale et non au civil, Car le code
civil énumère explicitement les modes de preuve et la force probante y afférente. Il s’agit
notamment du serment, de l’aveu, des présomptions, du témoignage et de la preuve
littérale11.
Relativement à la preuve littérale, elle s’identifie comme le mode le plus utilisé en
justice. Au rang des preuves littérales, figure en bonne place le procès-verbal qui est un mode
de preuve particulièrement remarquable. En effet, il est l’un des rares pouvant servir à la
preuve des actes et des faits juridiques. S’inscrivant ainsi dans le système de preuve libre et
légale et utilisé dans tous les contentieux : administratif, civil et pénal. Le PV revêt aussi une
pluralité de qualifications, il peut être un acte authentique, un acte sous seing privé ou un
commencement de preuve par écrit en matière civile.
Tandis qu’en matière pénale, il est susceptible d’être qualifié de témoignage, d’aveu,
de preuve primaire ou de preuve secondaire. Dès lors, il peut être une preuve parfaite ou
imparfaite. Dans le premier cas, sa force probante est déterminée par la loi et constitue un
contrepoids à l’intime conviction du juge12 en l’absence de contestations. En revanche, dans le
second cas, son admission est laissée à l’appréciation du juge. À l’issue de ce qui vient d’être
illustré, qu’en est-il des origines du procès-verbal ?
7
E. BONNIER, « De la preuve légale devant les tribunaux criminels » Revue de législation et de jurisprudence,
t. 2 janv-juin 1843, p. 330-354.
8
Art. 308(a), CPP.
9
J-P. LEVY, L’apport de l’antiquité au droit de la preuve, Paris, Vol. 23, éd. 1996, P. 59
10
Art. 310(1), CPP.
11
Art. 1316, C.civ.
12
O. MOUYSSET et E. DREYER, Procédure pénale, collection cours LMD et TD, éd. 2016 P.439
4
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
Dans les temps anciens, certains agents publics étaient illettrés si bien qu’ils se
limitaient au rapport oral. Par conséquent, ils s’en contentaient face à leurs supérieurs
hiérarchiques qui exigeaient des diligences dont ils avaient été chargés. Bien que de nos jours
la situation s’avère différente, le mot verbal est néanmoins resté. Verbal ne signifie donc pas
verbaliser, c’est-à-dire prononcé à haute voix, mais plutôt « noter ». Ce vocable provient du
Latin verbum, qui veut dire mot. Dès lors, le procès-verbal ne saurait plus se limiter à une
remarque parlée, mais se perçoit comme une remarque consignée. L’importance du PV est
qu’il peut servir de preuve lorsqu’il est établi par certains agents publics. On parle dans ce
contexte de la preuve par procès-verbal. Sa définition permettra de mieux saisir les contours
de la thématique, qui sous-entend cette réflexion, car le mauvais usage, l’imprécision ou
l’absence de la définition d’une notion « constituent des barrières à la compréhensibilité »13
Le mot preuve provient du latin « probe », qui signifie bon, honnête. En clair c’est une
expression polysémique, en droit de la preuve, qui renvoie à l’opération consistant à faire la
preuve. Dans d’autres circonstances, elle désigne un moyen, celle qu’une partie au procès met
en œuvre lorsqu’elle apporte une preuve. Enfin, la preuve désigne un résultat, celui qui est
atteint lorsque le juge a décidé qu’un fait est prouvé14. La preuve en matière pénale se
distingue de la preuve en matière civile.
Dans le premier cas, la preuve consiste à reconstituer le plus fidèlement possible par
les moyens admis par la loi, les faits qui donnent lieu à la poursuite ainsi que le rôle des
acteurs. Par contre, dans le second cas, elle n’est qu’un moyen pour une partie d’assurer
l’efficacité du droit dont elle se prévaut. Suivant le Lexique des termes juridiques, la preuve
est l’établissement de la réalité d’un fait ou de l’existence d’un acte juridique. En droit pénal,
il s’agit de l’établissement d’un fait juridique qualifié d’infraction par la loi pénale15.
13
A. AKAM AKAM, « Libre propos sur l’adage « nul n’est censé ignorer la loi », R.A.S.J, Yaoundé 2, vol 4,
n°1, 2007, p 51.
14
E. GARSONNET, Traité théorique et pratique de procédure, éd., L. Lorose et L. Tenin, Paris, t. 2, 1898.
15
P. KEUBOU, Précis de procédure pénale camerounaise, presse universitaire d’Afrique, éd., 2010, P. 107.
5
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
les traces qu’ils ont laissées après eux, et tous les faits propres à en signaler les auteurs 16. Il
est communément appelé PV. Ainsi, la preuve par procès-verbal peut s’appréhender comme
l’établissement d’une vérité par le truchement des constatations écrites.
Comme indiqué plus haut, le PV, preuves littérales est un instrument dans plusieurs
domaines du droit, particulièrement en droit international, en droit des affaires, en droit
administratif, en droit pénale et civile interne. Il est également l’outil de consignation des
déclarations lors des rencontres dans institutions privées et publiques. C’est le cas des PV des
réunions des services publics, des procédures judiciaires, d’assemblées générales des sociétés
privées, des rencontres d’associations, des réunions familiales, etc…, mais il convient
cependant de limiter le champ d’analyse de la présente étude au PV en justice en matière
civile et pénale en droit positif camerounais. Ceci, dans la période allant du 14 février 1938,
date de mise en application du Code d’Instruction Criminelle à nos jours.
L’étude de la preuve par PV conserve tout son intérêt dans la mesure où le PV est un
instrument permanemment au service de la manifestation de la vérité en justice.
En plus, la part réservée aux PV dans les statistiques parmi les autres modes de
preuve en témoigne davantage son intérêt. De fait, des descentes dans les tribunaux de
N’gaoundéré et de Meiganga, ont permis de constater que le PV est à la base à plus de 99%
des décisions judiciaires en matière contraventionnelle et d’infractions spéciales.
Pareillement, les PV des constatations d’huissiers de justice en l’absence de contestations sont
absolument admis au procès et participent au renversement de la charge de la preuve. En plus
dans un contexte marqué par une professionnalisation et d’internationalisation de la
16
F. HELIE, Traité des procès-verbaux en matière de délits et de contraventions, Paris, Libraire de la Cour de
Cassation, Palais de Jusice, 19e , 1839, p. 13
6
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
criminalité, les PV écrits ou électroniques sont des instruments de consignations d’états des
lieux de crimes, des constatations matérielles lors d’une perquisition, d’une saisie, d’une
audition, ou d’une garde à vue. Des opérations nécessaires à l’établissement du lien entre un
criminel et l’infraction. Cependant, la preuve par PV est davantage bivalente au procès. De
fait, il participe du contrebalancement de l’intime conviction du juge dans le cadre de
certaines infractions et concours au renversement de la charge de la preuve.
Par ailleurs, il est important de souligner que plusieurs chercheurs se sont penchés
sur la question du PV relativement à sa qualification et à sa force probante. Pour certains
auteurs, le PV est le témoignage le plus proche de l’état des lieux d’une scène de crime17,
Puis, lorsqu’il est rédigé dans certaines conditions, il devient un acte authentique et
généralement doté de force exécutoire.18Son utilité est indéniable, particulièrement à
l’instruction préparatoire. Il y est établi par le greffier d’instruction sous le contrôle et la
dictée du juge d’instruction et constatant l’accomplissement des opérations variées tendant à
la recherche des preuves.19
Au regard de ce qui précède, ces auteurs montrent de près ou de loin, leur ambition et
leur attachement à la preuve par procès-verbal devenue incontournable pour le bon
fonctionnement du procès. Cependant, la question est abordée régulièrement uniquement en
17
F. HELIE, Traité des procès-verbaux en matière de délits et de contraventions, Paris, Libraire de la Cour de
Cassation, Palais de Jusice, 19e , 1839, p.vj.
18
E. VERGES, G. VIAL et O. LECLERC, Droit de la preuve,Paris, PUF, « Thémis Droit », 2015, p. 469.
19
S. YAWAGA, l’information judiciaire dans le code camerounais de procédure pénale, Collection
VADEMECUM, Presse Universitaire d’Afrique, 2007, op. cit, p. 110.
20
O.MOUYSSETetE. DREYER, Procédure pénale, collection cours LMD et TD, 2e éd., LGDJ, 2016.
21
A. AUGUSTIN, V. XAVIER, Droit de la preuve, principe de mise en œuvre processuelle, édition LexisNexis
141, rue de Javel 75015 Paris P.273
7
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
matière civile ou pénale. Ainsi, l’originalité de cette contribution réside dans l’examen du PV
aussi bien en matière civile que pénale.
Dans le cadre de ce processus, la question qui mérite d’être posée est celle de savoir,
quel est le statut probatoire du procès-verbal en droit camerounais? Cette interrogation
appelle à une réponse globalement ambivalente et c’est ce qu’on tentera de répondre dans le
cadre de cette thématique. Ce travail suggère le ressassement de toutes les qualifications
possibles du PV et du régime y afférent.
22
La méthode exégétique ou juridique permet de fonder nos démonstrations sur la loi, la jurisprudence et la
doctrine. Elle a deux composantes : la dogmatique et la casuistique. La première consiste à étudier le droit positif
tel qu’il ressort de l’armature juridique. Il s’agit d’une prospection dont l’objectif est de découvrir les cohérences
et les incohérences des normes abstraitement prévues. La seconde est une forme d’argumentation utilisée en
droit. Elle consiste à résoudre les problèmes pratiques par une discussion entre d’une part les principes
généraux (règles) ou des cas similaires (jurisprudence) et d’autre part, la considération des particularités du cas
étudié (cas réel).
8
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
9
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
La qualification est une opération qui vise à établir une qualité ou un titre. Elle est
comparable au diagnostic en médecine. En Droit, son importance est indéniable dans la
mesure où elle permet l’application ultérieure du régime juridique. Elle se définit comme une
opération intellectuelle consistant à rattacher une situation de fait ou de droit à une catégorie
juridique déjà existant.23 Autrement dit, la qualification apparaît comme une opération
intellectuelle et le résultat de cette opération. En clair, elle consiste à attribuer une qualité
juridique à une chose, une personne, une activité. Il s’agit pour le juriste, de passer d’un
élément de fait à une catégorie juridique au moyen des critères. En un mot, elle permet de
donner un nom, une appellation juridique à un acte ou un fait. La qualification de la preuve
par procès-verbal, consiste dès lors à donner une nomenclature à la preuve du PV. Ce faisant,
en matière civile, le PV peut être un acte authentique ou non authentique. En revanche en
matière pénale, précisément avant l’actuel code de procédure pénale, le PV pouvait être une
dénonciation, un témoignage ou un aveu, mais le CPP est venu faire une distinction entre
preuve primaire et preuve secondaire. Dès lors, apparaît une versalité de qualifications en
matière civile (chapitre I) et une diversité en matière pénale (chapitre II)
23
Lexique des termes juridiques, Paris, Dalloz, 25 e éd., 2017- 2018.
10
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
11
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
La matière civile désigne l’ensemble des affaires qui opposent les particuliers dans
leurs propres intérêts. Elle s’oppose à la matière administrative, militaire, pénale,
constitutionnelle. La matière civile a vocation à réparer les préjudices subis par les particuliers
par le bais de l’action civile. Ainsi, l’article 59(3) du CPP dispose que : « l’action civile tend à
la réparation du dommage causé par une infraction ». La constatation des dommages causés à
la suite d’une faute se fait généralement par le PV. Ce dernier désigne un document écrit qui
retranscrit des échanges verbaux ou dresse un constat. Il doit en principe être signé par celui
qui l’a rédigé, par la personne dont on retranscrit les propos ou actes et la personne à laquelle
le PV est destiné. On distingue deux catégories de PV, à savoir, ceux qui sont établis dans le
cadre des activités privées et ceux des activités publiques. Cependant, ces deux catégories ont
en commun, le caractère obligatoire.
En effet, la réglementation oblige très souvent telle autorité à rédiger un PV dans tel
cas. Pareillement, il est prescrit à telle assemblée générale de faire tel PV à l’issue des
travaux. Dans les deux cas, le PV peut être rédigé comme instrumentum ou de negocium. Par
instrumentum on entend, un écrit authentique ou sous seing signataire privé contenant la
substance de l’acte juridique ou du contrat envisagé par son ou ses auteurs24. De fait, il s’agit
de la valeur du PV relativement à son existence. En revanche, le negocium est la force
attachée à la forme de l’écris. Par conséquent, le PV apparaît comme un acte préconstitué.
Ceci étant, lorsqu’il est dressé par un officier public dans les conditions requises, il est
qualifié d’acte authentique (SECTION I), dans le cas contraire, il est non authentique
(SECTION II).
24
Lexique des termes juridiques, Paris, Dalloz, 25 e éd., 2017- 2018.
25
L. COSSETTE, « Des actes authentiques », revue, les cahiers du droit, Vol. 3, n°1, avril 1957, pp. 5-106
12
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
Dans le premier cas, les conditions du PV authentique sont dites générales et sont
relatives à la rédaction et concerne le rédacteur du PV tandis que dans le second le cas, la
nécessité de conciliation de l’ordre public aux libertés et droits de l’homme impose en plus
des conditions générales suscitées, des conditions spécifiques tenant aux garanties du procès
équitable. C’est dans cette logique que le législateur de la loi 2005/007 du 25 juillet 2005
portant code de procédure pénale exige à l’officier de police judiciaire sous peine de nullité de
son PV, de faire mentions sur celui-ci du droit des suspects de garder silence ou de se faire
assister par un conseil. Ainsi, l’authenticité d’un écrit à l’instar du PV doit obéir non
seulement aux conditions relatives à la forme (paragraphe I), mais aussi au rédacteur(II).
Les exigences dites communes sont globalement de deux types, à savoir l’exigence de
la rédaction avec l’une des langues officielles et l’indication de la date, les signatures de
l’officier public et des parties.
26
G. MARTY et P. RAYNAUD, Introduction générale au droit, 2e éd., Paris, Sirey, 1980, n° 229
27
Art. 1(3), loi n° 96/06 du 18 janvier 1996 portant constitution de la République du Cameroun
13
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
arrêts rendus par la cour de cassation28. Ainsi, un PV d’officier public rédigé en une autre
langue perd son authenticité et devient un acte sous-seing privé.
Cette nullité a deux effets différents. Elle peut en premier lieu, faire perdre au PV sa
qualité d’acte instrumentaire et dans ce cas il est considéré comme un simple indice ou
commencement de preuve par écrit s’il en respecte les conditions. La nullité peut en second
lieu, produire un effet atténué et seulement le priver à cet effet le de son authenticité. Il sera
alors réduit au rang d’écrit sous seing privé, à la condition de présenter une fois de plus les
conditions légales propres à ce dernier, et en particulier, celles tenant à la signature des
parties31 En outre, le PV authentique doit comporter à peine de nullité les noms, prénoms et
lieu de résidence ou de rédaction de l’officier public32.
28
Cass. Civ 1, 17 fév. 1981, Bull. civ. 1, n° 176
29
Jugement N° 007/SP du 31 mars 2020, TPI de Meiganga, affaire MP C/ NEBA LINUS NIBA, « inédit ».
30
Cass. Civ. 1, 12 juil. 2007, n° 06-10.362
31
Art. 1318, C. Civ.
32
Art. 24, Dec. N°95/034 du 24.02.1995 portant statut des notaires.
14
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
Les administrations disposent très souvent des textes législatifs ou réglementaires qui
régissent leurs organisations et fonctionnements. Ces textes particuliers contiennent le plus
souvent d’autres conditions formelles que les responsables doivent respecter dans
l’établissement de leurs PV. En effet, en matière civile, la réglementation est plus rigoureuse,
en ce sens qu’elle exige aux notaires dans l’établissement des actes à l’instar du PV, soit
l’écriture à la main, soit la dactylographie, soit la lithographie ou la typographie au moyen
d’une ancre noire indélébile, à la base de fumée ou de Carbonne à une teneur supérieure à
20% dans tous les cas. Ces écrits doivent également en plus de cela, être rédigés en un seul
contexte, lisiblement, sans abréviations, ni blanc, ni lacune.33 Et le corps de ces écrits ne doit
présenter ni surcharge, ni interligne, ni additif et le nombre de mots rayés, les renvois doivent
être constatés et approuvés en marge ou à la fin de page correspondante du PV.34
Parallèlement, en matière répressive la loi exige que les surcharges ou renvois sur un
procès-verbal doivent être approuvés. Également, les PV peuvent être rédigés soit dans le
carnet de déclaration de l’enquêteur ou sur tout autre feuille de papier. Dans le même ordre
d’idées, il est interdit au Juge d’Instruction de laisser les interlignes au PV lors de l’audition
d’un témoin.35Mais davantage toute formalité relative au respect de l’intimité, des droits de
l’homme ou libertés individuelles observée par un officier de police judicaire doit être à peine
de nullité mentionnée au PV. En conséquence, une perquisition qui ne respecte pas les
dispositions de l’article 99 du CPP est nulle. L’article 100 de ce même code dispose
clairement que l’inobservation des formalités prescrites aux articles 93à 99 est sanctionnée
par la nullité de la perquisition, par voie de conséquence le PV de perquisition36.
33
Art. 25, Dec. N°95/034 du 24.02.1995 portant statut des notaires.
34
Art. 40, Dec. N°95/034 du 24.02.1995 portant statut des notaires.
35
Art. 90(3), et 186(1), CPP.
36
J-E. NZIMA, L’officier de police judiciaire dans le code de procédure pénale camerounais, Mémoire
DEA,Univ. Dla., 2006.
15
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
fait l’objet d’un PV relatant les opérations effectuées, les manquements ou non, la liste des
pièces ayant permis la constatation des infractions.
Dans tous les cas, le constat est clair, en dehors des éléments communs à tous les PV,
chaque institution exige très souvent d’autres mentions indispensables à la validité du PV.
Dès lors, il se dégage que la maîtrise du contenu d’un PV d’une administration donnée
requiert inéluctablement la connaissance de sa réglementation.
37
Art. 392, code général des impôts, version 2021.
38
Art. 1317, C.civ.
39
A. AYNES et X. VUITTON, Droit de la preuve principes et mise en œuvre processuelle, éd. LexisNexis, 141,
rue de Javel 75015 Paris, 2e éd., 2017.
16
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
En matière civile, la territorialité trouve son fondement dans l’article 1er du code civil
qui indique que les lois sont exécutoires dans tout le territoire. Cependant, la législation de
chaque administration délimite la portion du territoire où ses agents ont la légitimité d’agir.
Pour ce faire, la compétence territoriale d’un notaire au Cameroun est en principe celle du
tribunal de première instance du siège de son étude. Exceptionnellement cette compétence
peut s’étendre dans le ressort des tribunaux de première instance voisin dépendant de la cour
d’appel et dépourvus de notaire. De même pour les huissiers de justice, leur compétence
territoriale est le ressort du tribunal de première instance de leur siège, Même s’ils sont en
grand nombre dans le ressort d’un tribunal, chacun est compétent dans cette circonscription de
cette juridiction.40
Quant à la territorialité en matière répressive, elle trouve son fondement dans l’article
7 du code pénal qui dispose que : « la loi pénale de la République s’applique à tout fait
commis sur son territoire41 ». Ce principe s’applique en droit pénal de fond et de forme, c’est-
à-dire au niveau des incriminations et dans la procédure. Dans ce dernier cas, la législation
spéciale de chaque administration précise l’espace géographique où ses agents ont la
compétence d’instrumenter. A titre d’illustration, les magistrats du ministère public, ils ont le
pouvoir de mettre l’action publique en mouvement par le truchement d’un PV authentique.
C’est en effet la pertinence de l’article 114(2) CPP qui indique que lorsque le Procureur de la
république décide de poursuivre un suspect arrêté en flagrant délit, il dresse PV de ses
diligences et le traduit à la prochaine audience.
40
Art. 3, Déc. n° 79/448 du 5 novembre 1979, modifié par le décret n° 85/238 du 22 février 1985, portant
réglementation des fonctions et fixant le statut d’huissier de justice
41
Art. 7(1), CP.
17
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
Dans le même ordre d’idées, les administrations spécialisées à l’instar des Douanes,
des Eaux et Forêts, des impôts, ne dressent des PV que dans les limites territoriales des
juridictions où elles sont implantées, car les agents de ces administrations sont des auxiliaires
du Procureur de la République près les juridictions d’instance de leur résidence.
La compétence réelle se rattache non seulement aux pouvoirs de l’officier public, mais
également aux interdictions et incapacités. Cet encadrement est très souvent contenu dans la
législation ou la réglementation de chaque Administration. Nous nous intéresserons
particulièrement à la compétence réelle de deux officiers publics, à savoir, le notaire et
l’huissier de justice.
Concernant le premier, son pouvoir réel dans le cadre du PV porte d’une part sur
l’authentification de la date et les signatures des parties et d’autre part, la conservation
d’original. Cette précision est faite à l’article 2 du Décret n° 95/034 du 24 Février 1995 qui
précise que : « le notaire est un officier public institué pour recevoir tous les actes et contrats
auxquels les parties doivent ou veulent faire donner le caractère d’authenticité attaché aux
actes de l’autorité publique, et pour en assurer la date et conserver le dépôt et en délivrant une
42
Art. 16, loi n° 2006/015 du 29 décembre 2006, portant organisation judiciaire au Cameroun.
43
Art. 19(2-d), loi n° 2017/012 du 12 juillet 2017 portant code de justice militaire.
44
Art. 3(1),loi n° 2017/012 du 12 juillet 2017 portant code de justice militaire.
45
Art. 4(1),loi n° 2017/012 du 12 juillet 2017 portant code de justice militaire.
18
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
grosse ou expédition ». quant ‘au second, sa compétence est précisée dan le Décret n° 79/448
du 5 novembre 1979, modifié par le décret n° 85/238 du 22 février 1985, portant
réglementation des fonctions et fixant le statut d’huissier de justice qui indique que les
huissiers sont des officiers Ministériels ayant qualité pour accomplir à la demande des parties
ou sur réquisition du Ministère Public, certains actes nécessaires à l’ouverture et à
l’instruction des procédures ; exécuter les décisions de justice et tous les actes susceptibles
d’exécution forcée ; faire des constats, sommations, citations, mise en demeure et
interpellation extrajudiciaire ; d’accomplir tout acte prescrit par la loi46 ».
En revanche, il est interdit d’une part, aux notaires soit pour eux-mêmes, soit pour des
tiers directes ou indirectes, de se livrer aux opérations de spéculation, de s’immiscer dans
l’administration d’une société commerciale, de s’intéresser à toute affaire où ils prêtent leur
ministère, etc.47 D’autre part, l’officier public ne doit pas être frappé d’une incapacité,
incapacité pouvant tenir soit à l’éventuel intérêt de l’officier au PV, soit à l’existence d’un
lien familial unissant celui-ci à l’une des parties au PV.48 C’est dans la même logique que
l’article 43 du Décret du 22 février sur le statut des huissiers interdit à ces derniers
d’instrumenter pour eux-mêmes, leur conjoints, leurs ascendants et descendants, leurs
collatéraux et leurs oncles et tantes, les descendants de ceux-ci, les parents des alliés aux
mêmes degrés.
Par exception, le PV authentique peut être rédigé par une personne habilitée à agir en
lieu et place de l’officier public. A titre d’exemple, les huissiers de justice et natatoires
peuvent habiliter un ou plusieurs clercs pour agir en leur lieux et place. Toutefois, les clercs
de l’huissier ont l’interdiction de suppléance concernant l’établissement des procès-verbaux
de constat, de saisie et de recollement.49 De toutes les façons, ces deux critères de
compétence sont cumulatifs, à telle enseigne que l’absence de l’un enlève le caractère
authentique au PV. C’est dans ce sens qu’un arrêt de la cour de cassation française avait
déclaré que le PV des constatations d’un haussier territorialement incompétent est dépourvu
de toute authenticité.50
46
Art. 1, Déc. n° 79/448 du 5 novembre 1979, modifié par le Décret n° 85/238 du 22 février 1985, portant
réglementation des fonctions et fixant le statut d’huissier de justice.
47
Art. 47, Déc. 95/034 du 24 février 1995, portant statut et organisation de la profession de notaire.
48
Cass. 1, 31 mai 2007,n°06-12.173
49
Art. 11(2) Déc. n° 79/448 du 5 novembre 1979, modifié par le décret n° 85/238 du 22 février 1985, portant
réglementation des fonctions et fixant le statut d’huissier de justice.
50
Cass. Civ 2, 20 mai 1976, Bull. Civ II n° 168.
19
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
Lorsque ces conditions ne sont pas remplies, le PV authentique devient un écrit sous
signature privé ou un commencement de preuve par écrit.
Le PV sous seing privé contrairement au PV authentique peut être défini comme celui
rédigé sans l’intervention d’un officier public, sous la seule condition de la signature par les
parties. De cette définition, se dégage grosso modo deux conditions à savoir, les conditions
générales applicables à tous les PV sous signature privé(A) et les conditions particulières(B)
20
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
En dehors de cette exigence, le PV sous seing privé peut être rédigé par les parties
elles-mêmes ou par un tiers. Aucun formalisme n’est exigé à ces rédacteurs. Ainsi, les
mentions « vu et lu », « bon pour accord », « lu et approuvé », « bon pour », etc., ne sont plus
nécessaire. Il n’est pas nécessaire non plus que l’écrit soit rédigé en Français. Il suffit tout
simplement qu’il le soit dans une langue comprise par l’ensemble des intéressés52. Puis, il
peut être rédigé dans n’importe quel mode d’écriture, notamment, il peut être manuscrit, à
l’encre comme au crayon, dactylographié, ou électronique. A propos justement de ce dernier
cas, la loi prévoit que lorsqu’un écrit est exigé pour la validité d’un acte juridique, il peut être
établi et conservé sous forme électronique. Exception faite aux actes sous seing privés relatifs
aux droits de la famille et des successions ou ceux relatifs aux suretés personnelles et réelles
où l’écriture électronique est proscrite53. Ce type d’écrit peut comporter des ratures, des
modifications ou autres ajouts. Inutile qu’il soit également paraphé sur chaque page.
Nonobstant au principe de la liberté dans la rédaction, il est conseillé au rédacteur d’un PV
sous signature privé, de mentionner la date ainsi que le lieu de rédaction et, le cas échéant, de
signaler la présence des témoins. En outre, il est recommandé d’employer du papier timbré
pour satisfaire aux exigences fiscales.
Cependant, ces précautions ne constituent pas les conditions de validité d’un PV sous
signature privée devant servir de preuve.
51
Cass. Civ. 1 22 juin 2004, Bull. civ. 1 n° 180.
52
Cass. Civ. 3, 15 déc. 1998, n° 97-17.673.
53
Art. 13, loi n° 2010/021 du 21 décembre 2021, régissant le commerce électronique au Cameroun.
21
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
Les conditions particulières concernent deux catégories d’écrit sous seing privé : les
PV synallagmatiques et ceux qui constatent des promesses unilatérales de somme d’argent et
de choses appréciables en argent. Relativement à la première catégorie, l’article 1325(1)
précise que : « Les actes sous seing privé qui contiennent des conventions synallagmatiques,
ne sont valables qu’autant qu’ils ont été faits en autant d’originaux qu’il y a des parties ayant
un intérêt distinct ». Cette formalité dite de « double » ou de l’« original multiple » vise
plusieurs objectifs, en l’occurrence, assurer aux parties une égalité probatoire. Puis, permettre
à chaque partie de conserver un original du PV qu’elle peut produire à titre de preuve en cas
de besoin. Ensuite, leur donner la possibilité de pouvoir établir l’existence ou le contenu de la
convention sans être laissé à la merci de celui qui détiendrait l’unique exemplaire de
l’instrumentum. Enfin cela permet d’éviter toute falsification du PV. De cette formalité du
double, résulte une triple exigence : chaque original doit contenir la mention du nombre
d’originaux qui ont été faits54 ; chaque original doit contenir la mention du nombre
d’originaux dressé et tous les originaux doivent être remis aux différentes parties. Egalement,
il convient de signaler que cette formalité n’est pas nécessaire lorsque le seul exemplaire qui
aurait été établi a été déposé par toutes les parties entre les mains d’un notaire ou d’un tiers
chargé de le tenir à la disposition de tous. L’écrit qui ne satisfait pas à la formalité du double
ne peut valoir comme acte sous seing privé. Il peut seulement, s’il remplit les conditions,
constituer un commencement de preuve par écrit.
54
Art. 1325(3), C. civ.
22
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
Toutefois, les formules « bon pour » ou « approuvées » ne sont pas sacramentelles, car
elles peuvent être remplacées par des expressions équivalentes. Il est toutefois possible que la
mention manuscrite exigée par la loi soit opposée sous forme électronique « si les conditions
de cette apposition sont de nature à garantir qu’elle ne peut être effectuée que par (le débiteur)
lui-même55. Le non-respect de cette formalité n’a d’incidence que sur la preuve. De fait, le
PV perd sa force probante spécifique attachée aux écrits sous signature privée. Il peut
cependant être produit dans tout contentieux comme preuve libre56. Il peut également être
requalifié en commencement de preuve par écrit57.
Le PV, instrument de commencement de preuve par écrit doit remplir trois principales
conditions : il faut d’abord qu’il soit dépourvu des conditions exigées par la loi ; ensuite que
55
Art. 13(2), loi n° 2010/21 du 21 décembre 2010 régissant le commerce électronique au Cameroun.
56
Il peut également être produit pour prouver un acte de commerce à l’égard d’un commerçant.
57
Cass. Civ. 1, 15 oct. 1991, n° 89-21.936.
58
Art. 342(2), acte uniforme relatif au droit des sociétés commerciales et du groupement d’intérêt économique.
23
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
le PV émane de celui qui conteste l’acte et enfin que les faits qu’ils invoquent rendent
vraisemblable le fait allégué.
Pour ce qui est de la troisièmement condition à savoir que à savoir que le PV invoqué
doit rendre vraisemblable le fait allégé, elle concerne le contenu, la pertinence du
commencement de la preuve par écrit. Il est question que le PV donne au fait allégué quelque
apparence de vérité, c’est-à-dire qu’il puisse constituer un indice, mieux un élément attestant
que le fait allégué n’est pas dénué de fondement et qu’il ne se repose pas uniquement sur des
témoignages ou des présomptions. Cette exigence a souvent été présentée comme la «
condition essentielle »59et la condition la plus importante que doit remplir le commencement
de preuve par écrit60. Elle relève pourtant du pouvoir souverain des juges de fond,
contrairement aux deux précédentes conditions. De fait, peuvent être considéré par le juge
comme équivalent à un commencement de preuve par écrit, les déclarations faites sur PV par
59
F. LAURENT, Principes de droit civil, t. XIX, Bruxelle-Paris, Bruylant-Christophe & Pendone Lauriel, 1869,
n°527 p. 538.
60
D. MOUGENOT, Droit judiciaire, t. 2, procédure civile, vol.1, Principes directeurs du procès civil
Compétence-Action-Instance-Jugement, éd. Larcier, Bruxelle, 2021, 1066p.
24
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
une partie lors de sa comparution personnelle, son refus de déclarer, de répondre à une
interrogation, ou son absence à une convocation ou à la comparution.
L’article 1347 du code civil pose comme principe que l’écrit admis comme
commencement de preuve par écrit doit provenir du défendeur d’une obligation ou à défaut
son représentant. Cette condition est à coup sûr, une mesure de sauvetage offerte à la partie
qui ne parviendrait pas à se conformer à la rigueur de la preuve parfaite : il doit permettre de
délivrer la partie emprisonnée dans le système rigide de l’exigence de l’écrit. il est l’un des
élément modérateurs prévu par la loi pour éviter que la technique juridique s’éloigne des fins
qu’elle prétend servir. Cependant, un important arrêt rendu par la cour de cassation française
en date du 6 novembre 201461 semble avoir relativisé ce principe. En l’espèce : « un homme
X. réclamait le remboursement d’une somme d’argent qu’il prétendait avoir prêté à son frère
Y. en 1995. Son frère y résistait à la demande en contestant qu’il y a eu un prêt entre eux. Et
en soutenant que X. lui aurait remis cette somme en vertu d’un don manuel. A l’appui de sa
demande, X. avait produit plusieurs extraits bancaires. Lesquels documentaient des
paiements effectués sur son compte bancaire par son frère entre 1995 et 2002. Ces paiements
étaient accompagnés des mentions telles « acompte », « virement », « remboursement » ou
« transfert ». Se prévalait de ces documents en tant que commencement de preuve par écrit ».
Les juges d’instances ont débouté cette demande au motif que ces extraits de compte
bancaire ne sauraient être retenus comme commencement de preuve par écrit, faute de
pouvoir être considéré comme émanant de celui auquel on les opposait justement
contradictoire à la condition de l’article1347 c.civ. Mais ce jugement d’appel a été censuré par
la Cour de cassation dans cet arrêt, reconnaissant en ces relevés de compte un potentiel
commencement de preuve par écrit. Elle décide en effet que : « peut être considéré comme
constituant un commencement de preuve par écrit au sens de l’article 1347 C.civ, un
document qui, sans être matériellement écrit ou signé par celui à qui on l’oppose, est
cependant son œuvre intellectuelle.
Ce faisant, cette notion va s’enrichir. En réalité, ce qui semble être paradoxale dans
cette affaire, c’est justement que les extraits de compte bancaire n’ont été établis ni par le
prétendu créancier, lequel ne pourrait constituer ses propres preuves62, ni le prétendu débiteur,
61
Cass, civ. 1, 6 nov. 2014, n° 403.
62
En vertu du principe selon lequel nul n’est admis à se constituer de preuve à lui-même
25
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
mais un tiers, la banque. Admettre ces relevés de compte comme commencement de preuve
par écrit semble rapprocher dangereusement ce concept du témoignage. Pourtant le
commencement de preuve par écrit doit s’en dissocier, puisque ce n’est qu’une fois que la
preuve est rapportée qu’il ouvrira la voie à la preuve par témoignage. De toutes les façons,
cette jurisprudence est venue étendre le champ des personnes susceptibles de faire usage d’un
écrit comme commencement de preuve par écrit. Dès lors les conditions de validité d’un PV
comme commencement de preuve par écrit sont fondamentalement au nombre de deux. Il doit
d’une part, être dépourvu des conditions prévues par la loi applicable aux écrits authentiques
et sous seing privé et d’autre part rendre vraisemblables les faits allégués.
26
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
63
Art. 1318, C. civ.
27
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
28
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
La procédure pénale camerounaise jadis a connu une dualité de régime. En effet, avant
l’actuel Code de Procédure Pénale, la partie francophone de l’ex Cameroun oriental était régie
par le code d’instruction criminelle, loi française de 1808 rendue applicable au Cameroun par
l’ordonnance du 14 février 1938.
Tandis que la partie Anglophone de l’ex Cameroun occidental quant’ à elle appliquait
le « Criminal Procedure Ordinance », un extrait des « Laws of Nigeria » de 1958, institué par
l’Angleterre dans cette partie du pays qui était placé sur le plan législatif au Nigeria. Ces deux
textes d’origine coloniale, différents et parfois contradictoires ne fixaient pas les règles de la
procédure identiquement.
Ainsi, le PV, instrument essentiel dans l’élaboration de la procédure n’avait pas une
qualification bien déterminée, car tout dépendait des principes de chaque système et de
l’intérêt de la procédure. De fait, le PV pouvait être un aveu ou un témoignage. L’adoption de
la loi 2005/007 du 27 juillet 2005 portant code de procédure pénale au Cameroun, entée en
vigueur le 1er janvier 2007, intervient dans un contexte dominé par la consolidation de l’Etat
de droit et la protection des libertés individuelles64.Cet important arsenal juridique viendra
donc donner clairement des précisions sur la qualification du procès-verbal. Dans tous les cas,
cette évolution processuelle du droit pénal camerounais permet de remarquer d’une part,
l’intérêt relatif d’une qualification avant le code de procédure pénale (SECTION I) et d’autre
part, la distinction faite entre la preuve primaire et la preuve secondaire (SECTION II).
64
J. EYANGO-NZIMA, « L’officier de police judiciaire dans le code de procédure pénale camerounais »,
Mémoire DEA 2006, Université de Douala.
65
F. HELIE, Traité des procès-verbaux en matière de délits et de contraventions, Paris, Libraire de la Cour de
Cassation, Palais de Jusice, 19e , 1839, p.75.
29
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
Certaines règles s’appliquent quelque soit le témoignage et dans n’importe quel litige
dans lequel il est donné. Celles-ci règles présentent en ce sens un caractère général. Elles
peuvent être d’origine légale ou jurisprudentielle, elles concernent très souvent l’auteur et
l’objet du témoignage.
66
F. GORPHE, La critique du témoignage, Paris, Librairie Dalloz, 11e Rue Soufflot, 1924, 218p.
67
J. BENTHAM, Traité des preuves judiciaires, par Et. Dumont, éd. Bossange Frere, Paris, 2 éd., 1825, t.1,
464p.
30
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
68
E. VERGES, G. VIAL et O. LECLERC, Droit de la preuve,Paris, PUF, « Thémis Droit », 2015, p. 555.
69
Art. 92(a), CPP.
70
Par principe, « les majeurs incapables peuvent témoigner sous réserve qu’ils se trouvent dans un intervalle de
lucidité » : M. Olivier, Enquête, témoins, attestation Rép. Proc. Civ. Dalloz, V° Déclaration des tiers, p. 245
71
Cass. Crim., 1er déc. 1949, Bull. crim. n° 324.
72
Cass. Civ. 1, 14 févr. 2006, n° 05-14.686.
31
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
déchiré par la guerre que se livrent les époux, cette incapacité pourrait lui être envisagée
comme une mesure assurant le respect de ses parents73.En matière pénale, le législateur met
un accent sur le caractère obligatoire de la déposition des témoins. C’est le sens de l’article 92
alinéas 1-a aux termes duquel l’OPJ peut, au cours d’une enquête, entendre toute personne
dont les déclarations lui paraissent utiles à la manifestation de la vérité.
Le témoignage par PV est écrit et autrement dénommé l’attestation. Cette dernière est
définie comme une déclaration écrite d’un tiers. Elle ne nécessite en principe aucune
prestation de serment. Toutefois, les attestations doivent satisfaire au formalisme des PV,
notamment les noms, prénoms, date et lieu de naissance, demeure et profession de son auteur
et s’il ya lieu, son lien de parenté avec les parties, de subordination à leur égard, de
collaboration ou de communauté d’intérêt avec elle76. Toutefois, la jurisprudence à établi que
73
J. CARBONNIER, Droit civil, t.2, la famille, l’enfant, le couple, éd. Jean Carbonnier, Collection Themis Droit
Privé, 21e éd., Paris, PFU,756p..
74
Art. 335, CPP
75
Art. 183(2-a), CPP
76
E. VERGES, G. VIAL et O. LECLERC, Droit de la preuve,Paris, PUF, « Thémis Droit », 2015, p. 555.
32
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
le strict respect de ce formalisme n’est pas toujours exigé. Les juges de la chambre civile et
sociale et commerciale de la Cour de Cassation française acceptent en effet, que les juges de
fond reçoivent aux débats, des attestations qui ne respectent pas rigoureusement le formalisme
sus-indiqué. Pour écarter les attestations irrégulières, les juges du fond doivent préciser en
quoi « l’irrégularité constitue une inobservation substantielle faisant grief »77. Elle est
applicable à toutes les juridictions de l’ordre judicaire statuant en matière pénale, civile et
commerciale. Le droit pénal camerounais n’a pratiquement pas encadré la notion d’attestation.
Ce terme n’a été utilisé qu’une seule fois. Spécialement en matière d’extradition où les
attestations peuvent être admises comme instrument de preuve. C’est le sens de l’article
657(2)du CPP qui révèle qu’au cours de l’instruction, la Cour peut admettre comme preuve
valable, les dépositions, et actes obtenus sous serment des autorités compétentes de l’Etat
requérant, ainsi que tous les mandats, attestations, actes authentiques ou leurs copies
mentionnant la condamnation. Par contre, en droit français, cette notion est suffisamment
encadrée. En effet, le code de procédure civile français donne des précisions sur l’auteur et
même le régime de l’attestation.
Concernant l’auteur, l’article 201 du CPC dispose que les attestations « doivent être
établies par des personnes qui remplissent les conditions requises pour être entendues comme
témoins ». Ainsi, les parties au litige ne peuvent donc fournir d’attestation ; la qualité de
partie s’apprécie ici au moment de l’établissement de l’attestation. Les personnes incapables
de témoigner sont également inaptes pour rédiger une attestation. C’est ainsi par exemple que
les descendants des époux ne peuvent produire d’attestation dans le cadre d’un procès en
divorce contre leurs parents. C’est également ainsi que la cours de cassation française
considère que, faute de pouvoir être entendu en qualité de témoin, le mineur n’est pas
recevable à attester en justice78.
Une déclaration consignée sur un PV, d’un plaignant ou un suspect peut être qualifiée
d’aveu. L’aveu par PV est donc écrit, consigné et non oral. Il se définit par la loi, comme une
déclaration faite, à un moment quelconque, par le prévenu et par laquelle il reconnaît être
l’auteur de l’infraction qui lui est reprochée79 . la doctrine quant à elle le considère comme
77
Cass. Civ. 1, 25 nov. 1997, Bull civ 1 n° 282.
78
Cass. Civ. 2, 1er oct. 2009
79
Art. 315(1), CPP
33
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
une « déclaration par laquelle une personne reconnaît pour vrai et comme devant être tenu
pour avéré à son égard, un fait de nature à produire contre elle des conséquences
juridiques »80. De ces définitions, se dégagent des règles générales(A) applicables à tout type
d’aveu et des règles spéciales de validité de l’aveu judiciaire et extra judiciaire(B)
Quant à l’objet de l’aveu, il est constitué dès lors que la déclaration présente trois
caractères. Premièrement, elle doit être susceptible de favoriser l’adversaire. C’est donc
l’hypothèse d’une déclaration contenant la reconnaissance de faits susceptibles de profiter à la
partie adverse. Deuxièmement, la déclaration doit être volontaire, c’est-à-dire qu’elle doit
résulter de la seule volonté de son auteur. Dans ce cas, elle n’a pas besoin d’être acceptée par
l’adversaire. La jurisprudence considère par exemple que si un époux bien qu’ayant nié la
commission d’une faute, sollicite à titre subsidiaire, le prononcé du divorce aux torts partagés,
80
A. AUBRY et A. RAU, Droit civil français, tome XII, éd. Librairie de la Cour de Cassation, 5 e éd., Paris,
1922, 748p.
81
J. BENTHAM, Traité des preuves judiciaires, par Et. Dumont, éd. Bossange Frere, Paris, 2 éd., 1825, t.1,
464p.
34
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
la juridiction retiendra des torts à son encontre sans pour autant en faire un aveu. L’auteur de
l’aveu doit également être conscient de sa déclaration. Cette dernière doit être univoque.
L’aveu ne peut donc se déduire d’un simple silence82 enfin, dans une troisièmement
perspective, la déclaration doit porter sur un fait et non sur une règle ou un élément de droit.
C’est une logique qui participe du principe que, dans un litige, il appartient seul au juge de
dire le droit. Les parties doivent à leur tour apporter la preuve des faits.
Concernant l’auteur, il est important de souligner que l’aveu provient de l’une des
parties au litige83. Pour pouvoir avouer, l’auteur doit, en outre être capable. C’est ainsi qu’un
majeur sous tutelle ne peut être juridiquement l’auteur. Son représentant ne peut non plus
avouer en son nom84. En outre, le majeur sous curatelle peut réaliser un aveu sans l’assistance
de son curateur, dès lors que l’aveu n’emporte pas renonciation à un droit dont le majeur ne
peut disposer seul. Dans le cas contraire, il sera assisté de son représentant légal qui ne peut
en aucun cas le substituer. En revanche, il est possible pour une partie de donner mandat à un
tiers pour faire l’aveu à ses lieux et place. C’est le cas de l’avocat qui, en tant que
représentant, peut faire l’aveu à la place de son client. Cependant, la jurisprudence précise à
ce sujet que l’avocat ne peut le faire que dans le cadre de ses conclusions écrite et non au
cours de ses plaidoiries.
L’article 1354 du CC dispose que : « l’aveu qui est opposé à une partie est extra
judiciaire ou judiciaire ». Ce dernier désigne l’aveu donné devant le juge de fond compétent.
Il ne saurait donc être donné devant un notaire, un huissier encore moins un enquêteur. La
jurisprudence ajoute que l’aveu donné devant un juge de référé doit à peine de nullité être
réitéré devant le juge de fond85. L’aveu judicaire doit être nécessairement réalisé au cours de
l’instance. Il peut toutefois être écrit ou oral, c’est-à-dire qu’il peut lui arriver d’être contenu
dans les conclusions ou simplement prononcé devant le juge. Dans les deux cas, le Président
du Tribunal le mentionne au plumitif d’audience en vue de dresser un PV ou rapport.
82
Cass.civ. 3, 4 mai 1976, pré.
83
Cass. Civ 1, 25 févr. 2009 n° 07-16.232
84
Cass. Civ 1, 2 avril 2008, Bull. civ.1, n° 100
85
Cass. Civ. 3 mai 2012, n° 11-13.797.
35
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
ajoute que l’aveu a trois conditions : il fait pleine foi contre celui qui l’a fait ; il ne peut être
divisé contre lui ; il ne peut être révoqué à moins qu’on ne prouve qu’il a été la suite d’une
erreur de fait. Il ne saurait être révoqué sous le prétexte d’une erreur de droit. Il est clair ici
que le demandeur et le défenseur sont concernés. Par contre, en matière pénale, l’aveu
judicaire, défini à l’article 315 du CPP comme une déclaration faite à un moment quelconque
par le prévenu et par laquelle il reconnaît être l’auteur de l’infraction qui lui est reprochée, est
désormais appelé le « plaider coupable ». Dans ce cas, on constate bien que l’aveu ne
concerne que le prévenu et non le plaignant.
L’aveu extra judiciaire, désigne tout aveu ne remplissant pas les conditions pour être
qualifiées d’aveu judiciaire. Il est cependant toujours une déclaration écrite ou orale,
volontaire, portant sur un élément de fait et non de droit. Il peut résulter d’une divulgation
privée émanant d’un témoin qui a reçu des aveux de la personne ou qui écoutait les aveux à
l’issu de leur auteur, soit d’écrit accidentellement trouvé, intercepté ou saisi. S’il peut ainsi
prendre différentes formes, l’aveu extra judiciaire est celui qui est effectué sans l’intervention
du juge. Dans le système judiciaire camerounais, la phase pré-jugement est inquisitoire. En
effet, les phases enquête de police, poursuite, et information judiciaire, sont écrites, sécrète et
non contradictoires. C’est ainsi que l’aveu donné devant un OPJ, un magistrat du parquet ou
un juge d’instruction sera consigné sur un PV. Il devient par voie de conséquence une
déclaration écrite. Il convient cependant de souligner que seul l’aveu écrit ou consigné sur PV
est utile en justice.
En effet, un aveu extra judiciaire oral ne peut être valable que s’il est appuyé d’un
témoignage. C’est le sens de l’article 1355 du CC qui relève que l’allégation d’un aveu
extrajudiciaire purement verbal est inutile toute les fois qu’il s’agit d’une demande dont la
preuve testimoniale ne serait point admissible. Par ailleurs, contrairement à l’aveu judiciaire,
l’aveu extra judiciaire n’est pas considéré comme divisible. Pour ce faire, Les juges de fond
peuvent alors soit retenir certains éléments de cet aveu et écarter d’autres, ou alors, ils
peuvent soit admettre tous les éléments ou les rejeter entièrement86.
86
Cass. Civ. 1, 9 mars 1954, Bull. civ. I, n° 88
36
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
existait déjà une distinction, dans la qualification des faits ,la meilleure preuve appelée preuve
primaire, tandis que la preuve inferieure prenait la dénomination de preuve secondaire. De
fait, la doctrine de l’époque féodale semble être contradictoire sur cette question. Pour
certains auteurs comme Léo Ducharme, la preuve primaire ou meilleure est le témoignage ou
l’aveu. Il indique à ce sujet dans l’un de ses articles que : « l’aveu ou le témoignage d’une
personne constitue la meilleure preuve de ce qu’elle a dit ou fait, il faudrait toujours recourir
à l’un ou l’autre de ces procédés, avant de pouvoir proposer d’autres moyens de preuve87.
Par contre pour d’autres, le témoignage est une preuve secondaire et l’écrit, une preuve
primaire. C’est ce que souligne Giacomo MARCHISIO qu’ « en matière de preuve d’un écrit,
offrir une preuve testimoniale constitue une preuve secondaire, alors que l’on dispose de
l’écrit (preuve primaire) est un stratagème pour omettre de l’information qui pourrait nuire à
la cause »88. En revanche le CPP précise clairement que le contenu d’un document ne peut
être prouvé que par production de la preuve primaire ou à défaut de la preuve secondaire89.
L’article 313(1-a)précise que : « par preuve primaire, on entend l’original d’un document.
Quand un document a été établi par le même procédé en plusieurs exemplaires, chaque
exemplaire est une preuve primaire de ce document ». Alors que l’alinéa suivant ajoute
que : « par preuve secondaire, on entend la copie conforme à l’original et certifiée par une
autorité compétente ». De ces deux définitions, se dégage une distinction entre la preuve
primaire et la preuve secondaire quant à leur nature (paragraphe I) et aux conditions de leur
authenticité (paragraphe II).
L’article 313(1-a) dispose que : « par preuve primaire, on entend l’original d’un
document. Quand un document a été établi par le même procédé en plusieurs exemplaires,
87
L. DUCHARME, « La règle de la meilleure preuve », in Les cahiers de droit, vol. 5, n° 1, mars 1962, P. 25
88
G. MARCHISIO, « La règle de la meilleure preuve dans le procès civil », in revue de droit de l’université de
Sherbrooke P. 10.
89
Art. 313(1), CPP.
37
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
chaque exemplaire est une preuve primaire de ce document ». Cette définition requiert qu’un
écrite comme le PV, pour être qualifié de preuve primaire, doit être soit de l’original ou un
exemplaire, lorsqu’il a été établi en plusieurs expéditions.
Le terme original désigne ce qui n’a pas été fait à l’aide d’un modèle et qui sert ou
servira de modèle. L’original d’un PV doit être rédigé par l’autorité légalement investi du
pouvoir d’instrumenter ou ses suppléants. Ils doivent agir à peine de nullité dans le strict
respect non seulement de leurs compétences réelles et territoriales, mais également le
formalisme requis pour la rédaction du procès-verbal. La compétence territoriale exige que le
rédacteur de l’écrit agisse dans les limites territoriales où son pouvoir est susceptible de
s’exercer.
Quant à la compétence réelle, elle se rattache non seulement aux pouvoirs de l’officier
public, mais également aux interdictions et incapacités. Concernant les formalités, elles sont
contenues dans les législations générales et spéciales des administrations. Le CPP indique
dans ce sens que le PV doit énoncer les dates et heures du début et de la fin de chaque
opération de l’enquêteur ; les noms prénoms et qualité de l’enquêteur. En outre, chaque
feuillet de l’original du PV doit porter la signature de l’enquêteur90.En plus, la loi exige dans
le cadre de certaines opérations, l’ajout de certaines mentions. C’est le cas en matière de
perquisition où il est exigé à l’OPJ des noms, prénoms, qualité, filiation, date et lieu de
naissance ainsi que le domicile des signataires du PV91.Dans le même ordre d’idées, le Code
General Des Douanes prescrit dans le cadre de la rédaction des PV de saisie les formalités
générales et obligatoires à respecter à peine de nullité. Ceci étant, l’article 300(1) de cette
convention indique que les PV doivent énoncer la date et la cause de la saisie ; la déclaration
qui a été faite au prévenu ; les noms, qualités et demeures des saisissants et de la personne
chargée de poursuites ; la nature des objets saisis et leur quantité ; la présence du prévenu à
leur description ou la sommation qui lui a été faite d’y assister ; le nom et la qualité du
gardien ; le lieu et la rédaction du PV et l’heure de la clôture.
L’original d’un écrit constitue la preuve la plus directe de son contenu et offre des
meilleures garanties d’exactitude à cet égard. En outre, il peut être difficilement altéré sans
laisser de traces. Au contraire, la déposition d’un témoin qui l’aurait lu, soulève le risque qu’il
l’ait « mal lu, ou mal compris, ou s’en souvienne mal, ou ne dise pas ce qu’il sait ».Plus le
90
Art. 90, CPP.
91
Art. 98(2), CPP.
38
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
texte est long et complexe, plus ces problèmes sont exacerbés puisqu’il est pratiquement
impossible de se souvenir correctement des termes d’un document étoffé. L’écrit original sera
donc soumis à l’inspection de la partie adverse et du tribunal. Par ailleurs, un document sur
support électronique peut remplir les fonctions d’original, à condition qu’il soit destiné
comme source première de toute reproduction ; qu’il présente un caractère unique et qu’il soit
la forme première reliée à une personne.
Par dérivé on entend, un mot ou une notion qui tire son origine d’une autre. La preuve
secondaire tire son origine de la preuve primaire. En effet, la preuve secondaire est la copie de
la preuve primaire. Ainsi, l’article 313(1-b) indique que, par preuve secondaire, on entend la
copie conforme à l’original. Concernant la copie, elle désigne la reproduction littérale d’un
titre original non signé par les parties92.
Cependant, en matière pénale, les PV sont généralement rédigés par les officiers
publics, et considérés par conséquent comme des actes authentiques. Après avoir énuméré la
typologie des copies, l’on donnera alors les modalités de leur obtention.
92
Lexique des termes juridiques, Paris, Dalloz, 25e éd., 2017- 2018.
39
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
document initial vers un support technologique différent. Mais la législation camerounaise n’a
pas soulevé cette distinction qui conditionne l’admissibilité de la copie à la certification.
93
Art. 102(1), CPP.
94
Art. 154(1), CPP.
95
Lexique des termes juridiques, Paris, Dalloz, 25e éd., 2017- 2018.
40
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
Concernant la forme d’un PV original en matière pénale, il doit être rédigé dans l’une
des langues officielles, le rédacteur doit s’efforcer d’employer le présent, puisqu’il est réputé
l’établir à l’instant de la constatation de l’infraction ou dans un temps très voisin. Et les
surcharges, grattages, lavages sont prohibés. Les autres renvois doivent être approuvés et
numérotés par le rédacteur. Le CPP exige que les ratures surcharges et renvois d’un PV
d’audition ou de confrontation doivent être approuvés par les paraphes des parties98. Les mots
rayés doivent être annulés à l’aide d’une barre de manière à rester lisible. Dès que ces
conditions de fond sont respectées, le rédacteur, restera les formalités de signature,
d’apposition des noms et sceau de l’Etat afin de matérialiser l’authenticité. La signature doit
respecter les exigences légales et réglementaires évoquées plus haut notamment qu’elle doit
dans un premier lieu, permettre d’identifier celui qui l’a apposé. Les croix, empreintes
digitales ou des griffes mécanisées sont interdites.
Par ailleurs, il est important de noter que la signature ou le refus de signer des parties
concernées par un PV n’a pratiquement aucune incidence sur l’authenticité de celui-ci. La
signature d’un suspect, d’une victime de l’infraction, des témoins confirme simplement leur
consentement par rapport à ce qui est consigné au PV.
96
Art. 88(1), CPP.
97
Art. 161,CPP.
98
Art. 90(3), CPP.
41
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
L’Article 313(1b) du CPP prévoit ceci : « par preuve secondaire on entend, la copie
conforme à l’original et certifiée par une autorité compétente ». De cette définition, on
parvient à dégager deux conditions, à savoir que la copie doit être conforme à l’original et
certifiée par une autorité compétente.
99
Cass. Crim., 2 sept.. 2020, n° 19-04.665
100
Cass. Crim., 12 janv. 2000, n° 99-86.687
101
Lexique des termes juridiques, Paris, Dalloz, 25e éd., 2017- 2018.
42
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
le document conforme à l’original est apposée. Au Cameroun, nous distinguons deux types
d’autorité pouvant exercer cette prérogative : les autorités administratives ou l’administration
de l’autorité ayant établi l’original. Les premiers ont compétence de certifier les PV de
n’importe quelle administration, à condition pour eux de témoigner avec l’original. Par contre,
les responsables de l’administration où le PV a été dressé peuvent le certifier sur la base de
l’archive dont ils détiennent. Dans tous les cas, la copie d’un PV sera qualifiée de preuve
secondaire si et seulement elle a fait l’objet du témoignage soit de l’administration ayant émis
l’original soit de l’autorité administrative.
Par ailleurs, l’authentification des PV sur support électronique peut être faite par des
certificats ou signatures électroniques, soit par une autorité camerounaise ou une autorité
étrangère. De fait, la loi N° 2010/021 du 21 décembre 2010 régissant le commerce
électronique au Cameroun précise que l’authentification des documents à caractère officiel
peut être faite par des certificats et signature électroniques dans les Administrations publiques,
suivant les conditions fixées par les textes particuliers102.Cette même loi ajoute au sujet de la
certification à l’étranger que les certificats et signatures délivrés par une autorité de
certification établie à l’étranger ont la même valeur que ceux délivrés par une autorité de
certification établie au Cameroun, si cette autorité est reconnue dans le cadre d’un accord de
reconnaissance mutuelle, conclu par les autorités compétentes des Etats concernés103.
102
Art. 35(2), loi n° 2010/21 du 21 décembre 2010 régissant le commerce électronique au Cameroun.
103
Art. 40(1), loi n° 2010/21 du 21 décembre 2010 régissant le commerce électronique au Cameroun.
43
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
44
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
45
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
En effet, la preuve par PV se présente en matière civile, comme une preuve parfaite
ou imparfaite et au pénal comme une preuve primaire ou secondaire, s’intégrant ainsi dans le
système de preuve libre ou légale. La légalité et la liberté de la preuve s’apprécient à deux
niveaux à savoir, à l’égard des modes de preuve et du juge. On entend par preuve légale, un
système où la loi définit la valeur de chaque mode de preuve, liant ainsi le juge.
En revanche, la preuve est dite libre lorsque d’une part, la possibilité est donnée aux
justiciables de prouver par n’importe quel mode de preuve et d’autre part la liberté
d’appréciation et d’admission est laissée à la souveraineté du juge. Cette liberté est la règle en
matière répressive. Le CPP indique à propos qu’ hormis les cas où la loi dispose autrement,
une infraction peut être établie par tout mode de preuve105. Par contre, en matière civile, le
principe est celui de la liberté de la preuve des faits juridiques et la légalité de la preuve des
actes juridiques. En tout état de cause, la recevabilité des PV authentiques, tout comme ceux
constatant les infractions spéciales et des contraventions diffèrent avec celle des PV non
authentiques et de droit commun (chapitre I), à cause de la dichotomie de leur force probante
(chapitre II).
104
Lexique des termes juridiques, Paris, Dalloz, 25e éd., 2017- 2018.
105
Art. 308, CPP
46
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
47
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
D’un point de vue purement littéraire, la recevabilité désigne la qualité de ce qui est
recevable, de ce qui est admissible. Dans la terminologie juridique, la recevabilité renvoie au
caractère d’une demande en justice rendant possible son examen au fond par la juridiction
saisie, parce que les conditions de l’action sont remplies et qu’il n’existe aucune fin de non-
recevoir106. La justice peut recevoir un PV ou le rejeter. Relativement à la recevabilité, elle
peut être laissée à l’appréciation du juge ou absolue.
Le second cas par contre, regorge les écrits qui lient le juge, en s’érigeant en véritable
obstacle à son intime conviction, c’est l’hypothèse des PV authentiques, d’infractions des
domaines spécialisés et des contraventions qui bénéficient d’une force probante renforcée.
Dans cette dernière illustration, la recevabilité des PV est de principe (SECTION I), donnant
lieu à des conséquences sur l’attribution de la charge de la preuve (SECTION II).
106
Lexique des termes juridiques, Paris, Dalloz, 25e éd., 2017- 2018.
107
Art. 8(1), CPP.
48
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
Les huissiers de justice et les notaires sont des officiers publics. Cette dénomination
concerne toute personne titulaire d’un office et ayant qualité de dresser les actes
authentiques.108 Lorsque cette office est à vie, elle prend la dénomination d’officier
ministériel. Il s’agit entre autres, des notaires, des huissiers de justice, des magistrats et
certains de leurs auxiliaires. Seules les deux premières catégories, à savoir les huissiers et les
notaires retiendront notre attention, car leurs PV bénéficient d’une présomption de sincérité.
Par voie de conséquence, ils sont absolument admissibles en justice.
En ce qui concerne les notaires, ils dressent et reçoivent les PV dans des domaines
variés, à savoir les ventes par adjudication, les partage de successions, les PV d’assemblées
générales des sociétés, ainsi que les PV d’ouverture de coffre-fort. Leurs écrits sont dotés
d’une autorité en vertu du pouvoir à leur confié par l’Etat, ce qui oblige le juge de les
recevoir. La notoriété de leurs écrits est consacrée par l’article 2 du décret n°95/034 du 24
Février 1995, portant statut et organisation de la profession de notaire au Cameroun,
disposent que le notaire est un officier public institué pour recevoir tous les actes et contrats
108
Lexique des termes juridiques, Paris, Dalloz, 25e éd., 2017- 2018.
109
Art. 11(2) Déc. n° 79/448 du 5 novembre 1979, modifié par le décret n° 85/238 du 22 février 1985, portant
réglementation des fonctions et fixant le statut d’huissier de justice
110
R-M.COVER, Le droit dans tous ses états, l’Harmattan, collection Logique Juridique, 2021, 378p.
49
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
auxquels les parties doivent ou veulent faire donner le caractère d’authenticité attaché aux
actes de l’autorité publique, et pour en assurer la date, conserver le dépôt, et en délivrer les
grosses et expéditions. Dans les cas les PV ainsi dressés font foi, paralysant l’intime
conviction du juge qui est très souvent contraint de les recevoir.
Par ailleurs, il existe des PV rédigés par les juges civils qui sont également
authentiques et considérés généralement comme l’issue du contentieux. En effet, en matière
civile, les intérêts objet du contentieux sont d’ordre privé, ce qui justifie leur règlement par
voie de conventions. C’est dans ce sens que le juge a la légitimité de résoudre certains litiges
par la conciliation, sanctionné par l’établissement d’un PV comparable à une décision
judiciaire. Dans cette logique, la loi précise que les parties peuvent comparaître
volontairement aux fins de conciliation en observant les délais prescrits111. Ceci étant, le juge
saisi peut en tout état de la procédure, tenter la conciliation des parties qui pourront être
assistées par leurs avocats. Le juge assisté d’un greffier, dresse un PV des conditions de
l’arrangement112. La parfaite illustration ici concerne le PV de conciliation ou de non
conciliation en matière de divorce. Réellement, s’il ya conciliation totale ou partielle dans la
procédure de divorce, le juge, assisté d’un greffier dresse PV des conditions d’arrangement.
Ce PV est signé par les deux parties et nécessairement par le juge. Il fait foi jusqu’à
inscription en faux vis-à-vis de tous et de sa date et déclarations qui y sont relatées. Les
conventions des parties inscrites dans ce PV ont force exécutoire et comportent hypothèque
judiciaire. Ce PV est déposé au greffe et entraine le retrait de la requête en divorce. En
revanche en cas d’échec de la conciliation, le juge dressera un PV de non conciliation, qui est
indispensable à la saisine du juge pour l’ouverture du procès en divorce. Dans les deux cas, le
PV est incontournable. En premier lieu, il est comparable à une décision judiciaire et en
second, il est la base de l’ouverture du contentieux.
Les procès-verbaux dressés par le juge prennent corps avec la décision judiciaire. En
effet, en matière civile, les intérêts objet du contentieux sont d’ordre privé, ce qui justifie leur
règlement par voie de conventions. C’est dans ce sens que le juge a la légitimité de résoudre
certains litiges par la conciliation, sanctionné par l’établissement d’un PV comparable à une
décision judiciaire. Dans cette logique, la loi précise que les parties peuvent comparaître
111
Art. 3, CPCC
112
Art. 4, CPCC
50
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
volontairement aux fins de conciliation en observant les délais prescrits113. Le juge saisi peut
donc en tout état de la procédure, tenter la conciliation des parties qui pourront être assistées
par leurs avocats. Le juge assisté d’un greffier dresse le PV des conditions de
l’arrangement114. La parfaite illustration ici concerne le PV de conciliation ou de non
conciliation en matière de divorce. Réellement, s’il ya conciliation totale ou partielle dans la
procédure de divorce, le juge assisté d’un greffier dresse PV des conditions d’arrangement. Ce
PV est signé par les deux parties et nécessairement par le juge. Il fait foi jusqu’à inscription en
faux vis-à-vis de tous et de sa date et déclarations qui y sont relatées. Les conventions des
parties inscrites dans ce PV ont force exécutoire et comporte hypothèque judiciaire. Cet écrit
est déposé au greffe et entraine le retrait de la requête en divorce. En revanche, en cas d’échec
de la conciliation, le juge dressera un PV de non conciliation, qui est indispensable à la saisine
du juge pour l’ouverture du procès en divorce. Dans les deux cas, le PV est incontournable.
En premier lieu, il est comparable à une décision judiciaire et en second, il est la base de
l’ouverture du contentieux.
De même, certains auxiliaires de justice ont le pouvoir de résoudre les litiges par le
biais du PV. C’est le cas de saisie vente des huissiers de justice, des agents des Eaux et Forêts
des Douanes. Ces administrations à l’aide du PV, procèdent aux ventes par adjudication. Des
pareils PV sont comparables aux décisions judiciaires. La saisie-vente, permet d’immobiliser
les biens d’un débiteur et de procéder à leur vente afin de rembourser un ou plusieurs
créanciers. Les biens sont saisis par un huissier de justice et font ensuite l’objet d’une vente à
l’amiable, ou à défaut aux enchères. Pareillement, en matière de contraventions routière, le
paiement de l’amende forfaitaire donne lieu à l’établissement d’un PV qui éteint l’action
publique115. Dans ce cas, le PV est comparable à un jugement rendu. En matière
commerciale, l’Acte Uniforme Ohada relatif aux des sociétés commerciales et groupement
d’intérêt économique, prévoit que toute délibération des associés est constatée par un PV qui
est établi dans un registre spécial tenu au siège social, côté et paraphé par l’autorité judiciaire
compétente116. Cette catégorie de PV ne souffre d’aucune entorse quant à sa recevabilité en
justice à cause de l’implication de la justice dans leur établissement.
113
Art. 3CPCC
114
Art. 4 CPCC
115
Art. 611(2) et 621, CPP
116
Art. 134 et135 acte uniforme relatif au droit des sociétés commerciales et du groupement d’intérêt
économique.
51
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
117
TPI Meimanga, Jugement n°005/COR du 14/01/2020,affaire MP C/ AMADOU ROUFAI, « inédit ».
118
TPI Meimanga, Jugement n°20/SP du 08/09/2020, affaire MP C/ ABDOULAYE DAOUDA, « inédit ».
52
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
De même, les PV des infractions en dehors du code jouissent d’une autorité avérée.
C’est le cas par exemple dans les administrations des Eaux et Forêts, de la Douanes et des
Impôts où les responsables, officiers de police judiciaire à caractère spéciale pour la plupart,
ont le pouvoir dans leur domaine respectif, de mettre de l’action publique en mouvement et
l’exercer sur la base des constatations par PV. Dès lors, ces fonctionnaires se substituent en
quelque sorte au Ministère Public. C’est le sens de la loi n°94/01 du 20 janvier 1994, portant
régime des forets, de la faune et des pêches qui précise clairement que les agents assermentés
des administrations des forets, de la faune et de la pèche, sont chargés dans l’intérêt de l’Etat,
des communes des communauté sou des particuliers, sans préjudice des prérogatives
reconnues au Ministère Public et aux Officiers de Police Judiciaire à compétence générale, de
la recherche, de la constatation et des poursuites en répression des infractions relevant de
leurs domaines119. En outre, ces fonctionnaires ont le plein pouvoir, après leurs constatations
de procéder à la saisie des produits et les objets incriminés et de dresser les PV. Ce dernier
fait foi des constatations matérielles qu’il relate jusqu’à inscription en faux120. Il est ainsi clair
que les infractions dans ce domaine ne se constatent que par le biais du PV dont la
recevabilité est automatique en justice.
119
Art. 141, loi n°94/01 du 20 janvier 1994, portant régime des forets, de la faune et des pêches
120
Art. 142, loi n°94/01 du 20 janvier 1994, portant régime des forets, de la faune et des pêches
121
Art. 114 CPP.
122
TPI Meimanga, Jugement n°005/COR du 14/01/2020,affaire MP C/ IBRAHIMA SOULEYMANOU et
ABOU, « inédit ».
53
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
14/01/2020, le TPI de Meiganga admet par le admet le PV du Ministère Public et s’en sert
pour traduire le suspect à l’audience123.
De même, la loi n°2017/012 du 12 juillet 2017 portant code de justice militaire, donne
la possibilité au Commissaire du Gouvernement de mettre l’action publique en mouvement
par le biais du PV. C’est la quintessence de l’article 19(1-d) qui relève que le tribunal militaire
peut être saisi par procès-verbal d’interrogatoire au parquet en cas de flagrant délit124. Dans
les deux cas, cet instrument constitue un acte important du ministère public comparable à la
citation directe ou au réquisitoire introductif d’instance.
123
TPI Meimanga, Jugement n°005/COR du 14/01/2020,affaire MP et NDOGMO C/ABDOUL AZIZ BIEWE,
, « inédit ».
124
Art. 19(1-d), loi n°2017/012 du 12 juillet 2017 portant code de justice militaire.
125
Art. 624 CPP
126
Art. 1315,C. civ.
127
Art. 307,CPP.
54
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
fait, l’article 8 du CPP stipule que toute personne suspectée d’avoir commis une infraction est
présumée innocente jusqu’à ce que sa culpabilité ait été légalement établie au cours d’un
procès où toutes les garanties nécessaires à sa défense lui seront assurées128. Par ailleurs, cette
règle procédurale de présomption d’innocence n’a pas de portée absolue129 et le Professeur
Lombois formulait ainsi sa relativité : « si l’on vous dit que c’est un grand principe, n’allez
pas le croire, ou pas trop vite »130. Il est rejoint dans sa réflexion par Robert Badinter, qui
ajoute que ce principe « une course poursuite entre une procédure pénale vouée à la
découverte de la vérité et à la protection de l’ordre social et un principe dont la vocation n’a
pas toujours réussi à garantir le respect »131. De fait, la difficulté rencontrée par les autorités
de poursuite à prouver certaine infractions et surtout pour leur imputer à leurs auteurs, ainsi
que l’impérieuse nécessité de défendre les intérêts supérieurs de la société132, ont conduit le
législateur et la jurisprudence, à recourir à une technique de renversement de la charge de la
preuve. Certains écrits ont alors une force probante légale accrue qui non seulement s’érige en
véritable obstacle à l’intime conviction du juge, mais constitue surtout un moyen de
renversement de l’attribution initiale de la charge de la preuve. C’est les cas des PV
authentiques (paragraphe I) et ceux des infractions spéciales et des contraventions (paragraphe
II)
Conformément à ce qui vient d’être précisé au paragraphe premier, le constat est clair,
la charge de la preuve est extrêmement mobile. Cependant, certains actes juridiques à l’instar
du PV, contribuent à une orientation sans équivoque de la charge de la preuve. Ainsi, l’acte
authentique, contrairement à l’acte sous signature privé renverse systématiquement la charge
de la preuve. C’est la quintessence des dispositions du CPPC. En effet, son article 98 stipule
que : « si l’une des parties allègue la fausseté d’un acte sous seing privé, il appartient à celui
qui entend faire usage de cet acte d’en prouver la sincérité. Par contre s’il s’agit d’un acte
public ou authentique, c’est à la partie qui en soutien la fausseté de prouver que la pièce est
fausse ou falsifiée133. Dès lors, les PV des officiers publics constitueront une parfaite
128
Art. 8(1), CPP
129
C. MICHTA, L’Administration de la preuve en droit pénal français, exemple et pratique de la gendarmerie
nationale, Thèse, Université de Strasbourg, 2017, Français, 908 p.
130
C. LOMBOIS, « La présomption d’innocence », pouvoirs n° 55-droit pénal, 1990, in revue française d’études
constitutionnelles et politiques P. 81 et s.
131
R. BADINTER, « La présomption d’innocence », histoire et modernité, in le droit privé français à la fin du
XXe siècle, Pierre Catala, Paris, éd., Litec, 2001, p. 133-149.
132
S. GUINCHARD et J. BUISSON, Procédure pénale, éd. LexisNexis, 8e éd. 2012, 1634p..
133
Art. 99, CPCC
55
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
illustration dans le cadre de notre contribution. C’est le cas des constatations d’huissiers(A) et
les PV notariés(B) qui dispensent au titulaire, la charge de prouver.
134
Art. 1(a-c), Décret n°79/448 du 05 novembre 1979 modifié par le Décret n°85/238 du 22 février 1985 portant
réglementation des fonctions et fixant le statut des huissiers de justice
135
Cass. Civ. 3, 9 mai 2012, n° 10-21.041
56
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
un masque. Il doit ensuite, faire connaître sa qualité lors de la réalisation du constat et non pas
après son exécution136.
Egalement, l’huissier doit être objectif et impartial, c’est dire que son rôle se résume
aux simples constatations matérielles, donc, non seulement il ne doit point se livrer à une
enquête mais également Il ne doit non plus convoquer des tiers pour consigner leurs
déclarations. Il est seulement apte à recueillir un témoignage spontané, ne provenant d’aucune
initiative de sa part et lui permettant uniquement d’éclairer ses constatations matérielles.
Les premiers sont les actes authentiques que le notaire reçoit et délivre aussitôt aux
parties en original, sans numéro. C’est dire que les brevets ne sont pas archivés. Par contre,
les seconds sont reçus par le notaire, numérotés et archivés en original au greffe du notaire.
Aux rangs des actes qu’il authentifie, se trouvent en bonne place les procès-verbaux. Les
notaires dressent plusieurs PV notamment, celui de difficulté d’ouverture d’une succession, à
136
Cass. Civ. 2 fév. 2011, n°10-13.894.
137
« Le domicile est inviolable. Nulle perquisition ne peut y avoir lieu qu’en vertu de la loi ».
138
Art. 2, Décret n°95/034 du 24 Février 1995, portant statut et organisation de la profession de notaire.
139
Art. 20,Décret n°95/034 du 24 Février 1995, portant statut et organisation de la profession de notaire.
57
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
Concernant les cas énumérés par le code, il s’agit des présomptions de culpabilité
relative à certaines infractions entre autres, le proxénétisme, le chantage, le non-paiement de
140
Art. 1319, C. civ
141
J. BUISSON, « Les présomptions de culpabilité », procédure, déc. 1999, Chr. n° 15.
58
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
Les contraventions, second cas désignent des infractions de moindre gravité, punies
d’une peine d’emprisonnement qui ne peut excéder 10 jours et d’une amende qui ne peut
excéder vingt-cinq mille francs.143 Elles sont purement matérielles et dites réglementaires.
Leur condamnation se traduit généralement par des peines pécuniaires. Ainsi, le PV
uniquement moyen de leur constatation précise le montant de cette amende. C’est le sens du
code de procédure pénal qui dispose : « le procès-verbal constatant une contravention
mentionne en outre le montant de l’amende fixée, son versement ou au contraire son non
versement et en cas de paiement de la quittance délivrée ».
nous évoquerons quatre législations pénales spéciales, à savoir, les domaines d’électricité,
sanitaire, de l’aviation civile et des forêts et de la faune.
144
Art. 65(1),loi n° 98/022 du 24 décembre 1998 régissant le secteur de l’électricité
145
Art. 135(1-2), loi n° 98/023 du 24 décembre 1998 portant régime de l’aviation civile
146
Cass. Crim., 16 mars 1989 :D. 1989, 515.
60
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
61
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
62
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
Degré de valeur donné à un mode de preuve, la force probante d’un PV désigne son
autorité, son aptitude à servir comme moyen de preuve. Le lexique des termes juridiques le
définit comme l’efficacité d’un moyen de preuve. Le lexique ajoute que l’acte sous signature
privée fait foi entre les parties, sauf en cas de vérification d’écriture qui peut aboutir à la
constatation judiciaire du fait que le défendeur n’a pas réellement signé le document. Quant’ à
l’acte authentique, il fait foi jusqu’à inscription en faut de sa réalité et des constatations de
l’officier public. Sa force probante est donc supérieure à celle qui est attachée à l’acte sous
seing privé. Mais cette supériorité ne s’attache qu’aux énonciations correspondant aux
constatations personnelles de l’officier public ; celle qui ne relate que les dires des parties ne
valent que jusqu’à preuve contraire147. Cependant. Ainsi, un écrit authentique ou sous seing
privé fait foi entre les parties, même de ce qui n’y est exprimé qu’en terme énonciatifs,
pourvu que les énonciations aient un rapport direct à la disposition. Les énonciations
étrangères à la disposition ne peuvent servir que d’un commencement de preuve par écrit148. Il
se dégage donc clairement que le PV selon le cas peut être un acte authentique, un écrit sous
seing privé ou un commencement de preuve par écrit. De toutes les façons, les juge a un
pouvoir énorme dans la détermination de la force probante. Car non seulement, il peut décider
du rejet des PV de force probante légale à l’issue d’une contestation (SECTION II) mais
dispose également la liberté d’appréciation de la force probante des autres PV (SECTION I).
147
Lexique des termes juridiques, Paris, Dalloz, 25e éd., 2017- 2018.
148
Art. 1320, C. Civ.
149
C. WANG, Encadrement de la liberté de la preuve dans la procédure pénale : Etude comparée France-Chine,
Thèse, Université de Bordeaux, 497 p.
150
A-M. LAROSA, Juridiction pénale internationale, La procédure et preuve, Paris, PUF, 2003, 507p.
63
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
contrôle des juridictions de cassation, on parle alors d’un pouvoir d’appréciation souveraine.
Cette souveraineté comporte le pouvoir souverain d’appréciation dans la qualification des
faits ; le pouvoir d’appréciation dans la valeur de la preuve et le pouvoir d’appréciation de la
décision. Elle se manifeste distinctement en matière pénale et civile. Dans ce dernier cas, le
juge est lié à la loi dans l’appréciation des actes juridiques et même de certains faits juridiques
à l’instar des naissances, du mariage, et des décès. Par contre, dans le premier, où il s’agit de
prouver les faits matériels et psychologiques, le juge apprécie librement le PV avant de lui
attribuer une force. C’est dans ce sens que le CPP précise que les PV dressés par les OPJ, sauf
disposition contraire de la loi ont valeur de simple renseignement151. Cette liberté
d’appréciation du juge est encadrée par plusieurs principes, en l’occurrence le principe
dispositif et le contradictoire (paragraphe I), qui sont préalables à l’intime conviction
(paragraphe II).
L’article 310(2) du CPP précise que la décision du juge ne doit être influencée ni par
la rumeur publique, ni par la connaissance personnelle qu’il aurait des faits objet de la
poursuite, mais plutôt sur les preuves administrées au cours des débats152. Dans le même ordre
d’idées, l’article 94 du CPCC ajute que la liste des pièces dont l’une des parties entendra faire
usage sera mentionnée dans ses conclusions ou mémoires. La partie adverse pourra même par
lettre, demander communication des dites pièces. Celles-ci seront déposées et communiquées
sans déplacement au greffe de la juridiction saisie153. Ces deux dispositions soulèvent
indéniablement les règles liées aux principes du dispositif(A) et à celui du contradictoire(B)
D’après le lexique des termes juridiques, c’est un principe selon lequel les parties à un
procès civil ont la pleine maîtrise de la matière litigieuse. Il a pour corollaire le principe
d’indisponibilité de la matière litigieuse pour le juge. Dans la conception originaire, il résulte
que les parties ont la maîtrise des faits dans le procès et le juge, le droit. C’est le sens de la
maxime « Da mihi factum, tibi dabo jus », qui signifie, donne-moi le fait, je te donnerai le
droit. Au sens large, il exprime aussi l’idée que l’instance est à la disposition des plaideurs qui
sont souverains quant’ à son déclenchement, son déroulement et son extinction. Relativement
à ce dernier point, il se dégage clairement que dans un procès civil, lorsque les parties
151
Art. 91, CPP.
152
Art. 310(2), CPP.
153
Art. 94, CPCC.
64
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
154
H. MOTULSKY, « La cause de la demande dans la délimitation de l’office du juge », in Ecrits et notes de
procédure civile, op. cit., p. 101.
155
E. GLASSON et A. TISSIER, Traité théorique et pratique de l’organisation judiciaire, de compétence et de
procédure civile, Paris, Librairie du Rec. Sirey, t.2., 3 eme éd., 1926 p. 656.
156
G. CORNU, « Les principes directeur du procès civil par eux-mêmes, in Etude offertes à Pierre Bellet, Litec,
1991, P. 83.
157
F. BRUS, Le principe dispositif et le procès civil, Thèse, Université de PAU et des PAYS DE l’AMOUR,
2014, 423p.
158
G. CLOSSET-MARCHAL, « Les pouvoirs respectifs du juge et les parties dans la détermination de l’objet et
de la cause de la demande ». RGDL, 2002, p. 447.
65
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
S’agissant de la première, il ressort que, la décision du juge ne doit pas être influencée
par la rumeur publique ou connaissances personnelle qu’il a des faits. L’influence vient du
mot latin « influere » qui signifie pénétrer, se glisser. Autrement dit c’est le fait d’agir sur
quelque chose ou quelqu’un en suscitant des modifications d’ordre matériel ou physique. Le
juge doit donc éviter d’être pénétré par la rumeur publique, c’est-à-dire par l’opinion du grand
nombre, par des nouvelles rependues dans le public. Il ne doit non plus être pénétré par ses
idées ou ses propres connaissances sur l’affaire.
159
E. DREYER et O. MOUYSSET, Procédure pénale, collection Cours, LMD., 2e éd., 2016, P. 438.
66
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
160
Art. 331, CPP.
161
Art. 310(1), CPP.
162
J.M FAYOL-NOIRETERRE, «L’intime conviction fondement de l’acte de juger », in Information sociale,
2005/7.
163
C. TOURNIER, L’intime conviction du juge, éd. PUAM, collection Laboratoire de théorie juridique,2003, p.
37 et S.
67
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
Cependant, ces interprètes peuvent dénaturer les faits, installant le doute ou une
incertitude dans l’esprit du juge. Dans ces cas, le juge du fond doit considérer les éléments de
preuve du PV comme insuffisants et rejeter les prétentions qui prennent appui sur ce dernier.
Mais la doctrine majoritaire n’adhère pas à la thèse de l’assimilation entre intime conviction
et certitude. Selon de nombreux auteurs, le critère qui emporte la conviction du juge est celui
de la vraisemblance168.C’est ainsi que dans sa thèse, Jean Devèse écrit que : « la charge de la
conviction a un critère unique : la vraisemblance »169. Cette thèse s’appuie sur l’opinion selon
laquelle la charge de la preuve n’impose pas au plaideur la preuve complète de sa prétention,
mais simplement de mettre de son côté la vraisemblance. En prenant l’exemple en matière
pénale du PV de transport constatation d’un OPJ ou d’un juge d’instruction, il faudrait que les
164
F. GORPHE, L’appréciation des preuves en justice, essaie d’une méthode technique, Paris, Sirey, 1947, p. 17.
165
G. TARDE, Philosophie pénale, Paris, éd. Hachette, Bnf, 5e éd., 1900, p. 435.
166
Art. 183(1-a), CPP.
167
Art. 357, CPP.
168
E. VERGES, G. VIAL et O. LECLERC, Droit de la preuve,Paris, PUF, « Thémis Droit », 2015, p. 437.
169
J. DEVESE, Contribution à l’étude de la charge de la preuve en matière civile, Thèse, Université de
Toulouse, 1980, 454 p.
68
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
Le domaine de la libre appréciation des PV n’est pas relatif aux faits ou aux actes
juridiques. Il n’est non plus relatif à la nature du contentieux. La liberté d’appréciation des PV
s’applique devant toutes les juridictions. Ainsi, se pose une question à savoirs, la liberté
d’appréciation ou intime conviction du juge s’applique t’elle aux PV dans tous les domaines ?
La réponse à cette question est nuancée. De fait, il s’agit principiellement en matière pénale
de la libre appréciation des PV d’infractions criminelles et délictuelles du code pénal, des PV
non authentiques et ceux qui sont authentiques, mais contestés en justice. Cette liberté est
exceptionnellement dominée par le régime de la preuve légale.
Quant à l’exception, elle concerne les PV des officiers publics dans les affaires civiles,
les infractions spéciales et contraventions pénales qui font toujours foi des constatations
matérielles. C’est dans ce sens que l’article 36(1) du Décret n° 95 / 034 du 24 février 1995
portant statut et organisation de la profession de notaire indique que les actes notariés font
170
P. KINSCH, « Entre certitude et vraisemblance, le critère de la preuve en matière civile », in Mélanges
Wiederkehr, Paris, Dalloz, 2009, p.455.
171
Cass. Crim., 3 févr. 1992, n° 91-81.426
69
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
pleine foi, en justice de la convention qu’ils renferment entre les parties contractantes et leurs
héritiers ou ayant cause. Dans la même logique, l’article 142(2) la loi n° 94-01 du 20 janvier
1994, portant régime des Forets, de la Faune et de la Pêche précise que le PV rédigé et signé
par l’agent assermenté fait foi des constatations matérielles qu’il relate jusqu’à inscription en
faux. De la même façon, les PV des contraventions font foi des constatations matérielles. Le
PV en matière contraventionnelle est très souvent l’unique base dans la décision judiciaire.
C’est le cas lorsqu’une contravention est commise au cours d’une audience, le Tribunal dresse
sur le champ le PV des faits, entend le Ministère Public, puis172 statue. Dans tous les cas, ces
PV lient le juge et constituent un véritable obstacle à son intime conviction. Par ailleurs, il
existe des cas où dans un même contentieux et pour un même objet de preuve, le juge peut
être alternativement lié par une preuve et libre d’en apprécier une autre. Par exemple, si une
partie produit un écrit sous seing privé au soutient d’une demande en exécution d’un contrat,
le juge est lié.
SECTION II- La force probante des procès-verbaux anéantie par le succès des
contestations
Dérivé du Latin « contestari » qui signifie prendre à témoin, la contestation désigne
l’action de contester, de nier une chose comme étant réelle ou juste, de mettre en discussion
ce que quelqu’un revendique. Dans la terminologie juridique, il s’agit de mettre quelque chose
en cause, de discuter quelque chose. Dès lors, la contestation de la preuve par procès-verbal
est la remise en cause du contenu, de la véracité, de l’exactitude des éléments du PV. Elle
peut se manifester de deux manières, à savoir, la contestation a prioriou à postéori. La
contestation a priori se manifeste avant le début de la rédaction du PV ou sa clôture. Dans ce
cas, la partie contestante refuse de déclarer ou de signer. Par contre, la contestation dite à
postéori, soulève une dualité d’alternative. Soit, les parties consentent et participent
normalement à la rédaction d’un PV qu’elles signent en toute confiance, mais par après se
rendent compte de certaines incohérences. Soit, un PV régulièrement rédigé par un auxiliaire
de justice contre une partie est soupçonné d’être vicié par un faux matériel ou intellectuel. On
172
Art. 624(a), CPP.
173
E. VERGES, G. VIAL et O. LECLERC, Droit de la preuve,Paris, PUF, « Thémis Droit », 2015, p. 435.
70
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
dit qu’il est matériel lorsque le faux affecte matériellement la pièce incriminée. Il s’agit
notamment de la contrefaçon, de la fabrication, d’altération d’écriture ou de signature, de
ratures, surcharges, changements, suppression ou addition, de grattage de mots, de lettres et
de chiffres. Et par faux intellectuel, on entend le faux commis sur le contenu ou la teneur de
l’acte en l’occurrence, la constatation des faits faux, la falsification de la pensée, du
consentement ou de la volonté des parties. Dans tous les cas, le droit positif a prévu deux
mécanismes de contestations dont le succès entraine le rejet du PV : l’inscription en faux pour
les écrits authentiques (paragraphe I) et la vérification d’écriture pour les actes non
authentiques (paragraphe II).
L’article 1319 du code civil indique que l’acte authentique fait pleine foi de la
convention qu’il renferme entre les parties contractantes et leurs héritiers ou ayant cause.174
L’alinéa 2 du même article ajoute que : « néanmoins, en cas de plainte en faux principal,
l’exécution de l’acte argué de faux sera suspendue par la mise en accusation, et en cas
d’inscription en faux faite incidemment, les tribunaux pourront, suivant les circonstances,
suspendre provisoirement l’exécution de l’acte ».il se dégage clairement dès lors que la
contestation d’un acte authentique faisant foi jusqu’à inscription en faux à l’instar des pv
étudiés dans le cadre de cette contribution se fait par la procédure d’inscription en faux
principal(A) ou incident(B).
174
Art. 1319(1) cc
71
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
exemplaires est versé au dossier de l’affaire et l’autre, daté et visé par le greffier, est restitué à
la partie en vue de la dénonciation de l’inscription au défendeur. Cette dénonciation doit être
notifiée par voie d’huissier. Quant à La seconde phase, elle s’intéresse d’une part à la charge
de la preuve. Dans ce cas, le code de procédure civile indique qu’il incombe à la partie qui
soutient la fausseté d’un acte authentique, de prouver que la pièce est fausse ou falsifiée.175
D’autre part, elle est censée sur la vérification de l’authenticité du document. Ici, on se
sert le plus souvent d’un écrit authentique similaire pour faire une comparaison. C’est dans
cette logique que l’article 320 du CPP énonce qu’ : « en cas de contestation sur l’authenticité
d’un document, le tribunal peut le comparer avec un autre dont l’authenticité n’est pas
contesté.176 » enfin, la troisième est liée aux aléas de l’issue de cette procédure. De facto, son
issue est un avantage pour l’une des parties et un inconvenant pour l’autre. En cas de succès
de l’inscription en faux, le rédacteur des mentions mensongères encourt des poursuites
pénales pour faux dans un acte. C’est le sens que l’article 144 du code pénal camerounais
dispose que : « est puni d’un emprisonnement de dix (10) à vingt (20) ans et d’une amende de
trois cent mille (300 000) à trois millions (3 000 000) de francs, le fonctionnaire ou agent
public qui contrefait ou altère, soit dans sa substance, soit dans les signature, date et
attestation, un acte ou écrit qu’il a le devoir d’établir, de recevoir, de constater ou de notifier
». Les mêmes peines sont applicables à celui qui fait usage à un PV ainsi contrefait ou altéré.
En plus, un tel écrit sera frappé de nullité. Lorsque les poursuites pénales sont engagées contre
les auteurs ou complices du faux, il est sursis au jugement civil jusqu’à ce qu’il ait été statué
au pénal, à moins que le principal puisse être jugé sans tenir compte de la pièce arguée de
faux ou qu’il y ait eu, sur le faux, réconciliation ou transaction.
En revanche, cette procédure est périlleuse car, son échec est susceptible de donner
lieu aux sanctions contre le demandeur fantaisiste. Cette dernière peut se voir assigné au
paiement des dommages et intérêt. Pire encore sa responsabilité peut être engagée pour
dénonciation calomnieuse. C’est le sens de l’article 304(1) du code pénal qui indique
que : « est puni d’une peine de six(06) mois à cinq(05) ans et d’une amende de dix milles(10
000) à un million(1 000 000) de francs, celui qui fait à une autorité publique ou privée une
dénonciation fausse et susceptible d’entraîner des sanctions soit pénales, soit disciplinaires, à
moins qu’il ne prouve qu’il avait de bonnes raisons de croire aux faits dénoncés». Cependant,
si à la suite de la dénonciation pour altération frauduleuse d’un PV authentique, une poursuite
175
Art. 99, CPCC
176
Art. 320(1), CPP
72
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
pénale est engagée devant une juridiction de jugement, il est sursis à la poursuite du chef de
dénonciation jusqu’à décision définitive.177
L’inscription de faux est dite incidente lorsqu’elle est soulevée à l’occasion d’une
instance déjà engagée, au cours de laquelle un écrit authentique, produit à titre de preuve est
argué de faux. Cette procédure relève de la compétence du juge judiciaire saisi du litige au
fond des juridictions de droit commun178. Les juridictions d’exception ne peuvent connaître de
l’inscription de faux, il leur appartient de surseoir à statuer jusqu’au jugement sur le faux, sauf
si elles sont en mesure de trancher le litige sans tenir compte du PV contesté.
177
Art. 304(3) CP
178
Art. 100, CPCC
179
Cass.2e Civ, 25 fév. 2016, n°14-23.363
73
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
s’apprécier à l’aune de la validité de l’acte ou de son efficacité sur le plan juridique, mais
uniquement au regard de la véracité des énonciations qu’il contient.180
Un PV sous signature privé ou sous seing privé est un PV rédigé par les parties
concernées ou par un tiers n’agissant pas en tant qu’officier public. Il n’est soumis à aucune
formalité en dehors de la signature. Sa valeur concerne particulièrement les personnes l’ayant
rédigé. Cela revient alors à dire qu’en cas de contestation, il incombe à la partie qui veut en
faire usage d’un tel écrit de prouver. C’est dans ce sens que la loi précise que si l’une des
parties allègue la fausseté d’un acte sous seing privé, il appartient à celui qui entend en faire
usage d’en prouver.181 La contestation désigne l’examen d’un acte sous seing privé ordonnée
par un juge afin de déterminer si l’écrit en cause a été rédigé par la personne à laquelle il est
attribué. Elle donne lieu à une procédure de vérification d’écriture. L’allégation d’une
fausseté peut dès lors donner lieu à la procédure de vérification d’écriture(A) ou celle de
faux(B)
Aux termes de l’article 1324 du Code Civil, lorsqu’une partie à laquelle le PV sous
signature privé est opposé, ne reconnais pas son écriture ou sa signature, le juge doit ordonner
une vérification d’écriture.182 Cette procédure est réglementée par l’article 320(2) du Cpp.
Cette vérification d’écriture envisagée par le code civil, peut être demandée de deux manières,
dont à l’occasion d’une instance engagée ou en dehors de toute instance.
Dans le premier cas, on parle très souvent de vérification d’écriture à titre incident.
Cette procédure relève de la compétence du juge saisi du principal. Elle peut également être
ordonnée par le juge des référés, « dès lors que la contestation n’est pas sérieuse »183.
L’ouverture de cette procédure résulte de la simple dénégation de l’écriture par l’une des
parties. Cette vérification est obligatoire pour le juge, à moins qu’il ne puisse statuer sans tenir
compte de l’écrit dont l’origine est contestée, ou déterminer lui-même la sincérité de l’écrit.
Afin de procéder à cette vérification, le tribunal peut demander à toute personne présente à
l’audience, lorsqu’elle a été mise en cause par l’une des parties, d’écrire quelques mots ou
180
Cour Appel de versailles, 20 nov. 2003, n°02/04993
181
Art. 98, CPCC
182
D. CHOLET, « Vérification d’écriture », Répertoire procédure civile, V°, Dalloz, 2013.
183
Cass. Civ. 1, 27 juin 2000, n° 98-19.726.
74
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
quelques chiffres, ou d’apposer ses empreintes digitales, en vue d’une comparaison avec les
mots, chiffres ou empreintes digitales qui lui sont attribués. La juridiction peut également
ordonner une expertise graphologique. Le juge peut en cas de nécessité, décider de la
comparution des parties, de l’audition des témoins, ainsi que de toute autre mesure
d’instruction qu’il estime utile à la manifestation de la vérité. S’il s’agit d’un PV sur support
électronique, la dénégation de l’écriture ou de signature par les parties impose aussi au juge
de mettre en œuvre la procédure de vérification184.
Dans le second cas, la vérification d’écriture peut résulter d’une demande formée à
titre principal, c’est-à-dire en l’absence de toute instance judiciaire. Ici, l’une des parties veut
voir reconnaitre par prévention, la sincérité de son écrit.
B- Le faux
Un PV sous signature privée est qualifié de faux lorsqu’il a été rédigé ou modifié de
manière frauduleuse. Le faux est alors dit matériel, seul celui-ci est concerné par cette
procédure. Le faux est par ailleurs, dit intellectuel lorsque l’écrit contient des fausses
déclarations, il est alors combattu par une action en nullité pour dol. De cette définition de
faux, se dégage deux hypothèses de faux : celui du rédacteur et quiconque s’engagerait à
falsifier le PV. Relativement à la première, le rédacteur agit en réalité sciemment,
volontairement avec l’intention que ses agissements produisent un effet qui lui sera profitable.
Par ailleurs, pour la deuxième hypothèse, il peut s’agir du rédacteur ou toute autre
personne qui s’engage à apporter des modifications fallacieuses au PV, ou changer son
contenu. Cette contestation peut être réalisée à l’occasion d’une instance déjà engagée, dans
laquelle l’écrit est produit à titre de preuve, on parle d’incident de faux. Celui-ci obéit aux
mêmes règles que la vérification d’écriture, car le juge a l’obligation de procéder à l’examen
de l’écrit litigieux185, sauf s’il peut statuer sans en tenir compte. En plus, il peut demander à la
partie concerner la production de tout document dont la comparaison avec le document
litigieux lui semble utile186.
En revanche, le faux en écriture privée peut également donner lieu à une instance
spécifique. Dans ce cas, il est demandé à titre principal. La procédure qui est purement civile,
elle débute par l’assignation de la personne susceptible d’utiliser l’écrit argué de faux cette
184
Cass. Civ. 1, 30 sept. 2010, n° 09-68.555.
185
Cass. Civ. 2, 30 juin 2011, n° 10-14.600
186
Cass. Civ. 2, 15 mars 1995, n° 93-16.333.
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assignation doit en principe comporter les moyens de faux et faire sommation au défendeur de
déclarer qu’il entend ou non faire usage de l’écrit supposé faux. De toutes les façons, en cas
de succès de ces contestations, le PV sera frappé de nullité et rejeté. En plus les auteurs de ce
faux sont susceptibles des poursuites judiciaires pour faux en écriture privée ou de commerce.
Par conséquent, le droit pénal camerounais dispose dans ce sens que : est puni d’un
emprisonnement de trois (3) à huit(8) ans et d’une amende de cinquante mille(50 000) à un
million(1 000 000) de franc, celui qui contrefait ou falsifie une écriture privée portant
obligation, disposition ou décharge soit dans la substance, soit dans la signature, date ou
attestation. Les mêmes peines sont applicables à celui qui fait usage d’un tel document187.
Pour conclure, on dira que le PV est l’un des rares modes de preuve qui s’inscrit aussi
bien dans le système de preuve légale et de preuve libre. Mais dans les deux cas, le juge reste
titulaire du pouvoir d’appréciation sa force probante. De fait, il a la liberté d’appréciation de
la force probante de tous le PV dépourvus de force légale. Quand même l’écrit bénéficie
d’une telle force, le juge a toujours la légitimité en présence de contestations d’anéantir la
force initiale du PV et le cas échéant le rejeter.
187
Art. 314(1-3), CP.
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CONCLUSION GENERALE
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L’objet de l’analyse était clair : la preuve par procès-verbal. On s’est proposé de mener
une réflexion sur cette thématique aussi bien en matière civile que pénale.
Concernant la pluralité des qualifications, le constat est clair, elle est faite suivant des
critères distincts en matière civile ou pénale. Dans le premier cas, la qualification est relative à
la qualité du rédacteur. Ainsi, le PV authentique est rédigé par un officier public ayant agi
dans le strict respect de la loi. Par contre lorsque la rédaction est faite par un particulier ou par
un officier public en violation la réglementation, L’écrit devient un acte sous seing privé ou
un commencement de preuve par écrit.
Dans le second cas, on constate une évolution. De fait, avant l’actuel code de
procédure pénale, la qualification était relative à la nature de la personne au procès. Ceci
étant, le PV prenait la dénomination de témoignage ou d’aveu Solon qu’il s’agissait d’un tiers
ou d’une partie au procès. Mais depuis le CPP de 2005, la qualification a plutôt trait à la
nature du document. Le PV est une preuve primaire ou de preuve secondaire selon qu’il est
l’original ou la copie. C’est le sens de l’article 313(2a-b) du CPP qui précise justement que
par preuve primaire, on entend l’original d’un document et par preuve secondaire on entend la
copie conforme à l’original et certifiée par une autorité compétente.
d’établissement de la certitude.188 C’est dans la même logique que s’inscrit les procédures
particulières contemporaines à l’instar du « Plaider Coupable », une procédure où le juge
s’affranchit des modes de preuve pour s’intéresser uniquement au « oui » du justiciable. Dès
lors, se pose la problématique du statut probatoire du PV. Ainsi, Le Procès-verbal servira t’il
toujours comme instrument de preuve ?
188
C. ROYNIER et M. UNGER, Preuve, droit de la preuve et démocratie, collection Les fondement du droit,
Dalloz-Sirey, 2020,251p.
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ANNEXES
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BIBLIOGRAPHE
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I- OUVRAGES GENERAUX
- AUBRY (A) et RAU (A), Droit civil français, tome XII, éd. Librairie de la Cour de
Cassation, 5e éd., Paris, 1922, 748p.
- AURELIEN(L), Les procédures pénales accusatoires, collection colloques, PUF., Paris,
2011, 192p.
- BENTHAM (J), Traité des preuves judiciaires, par Et. Dumont, éd. Bossange Frère, Paris,
2 éd., 1825, t.1, 464p.
-CARBONNIER (J),Droit civil, t.2, la famille, l’enfant, le couple, éd. Jean Carbonnier,
Collection Themis Droit Privé, 21e éd., Paris, PFU,756p.
-COVER(R-M), Le droit dans tous ses états, l’Harmattan, collection Logique Juridique,
2021, 378p.
-DREYER (E)et MOUYSSET (O), Procédure pénale, collection Cours, LMD., 2e éd., 2016,
P. 438.
- GARSONNET(E), Traité théorique et pratique de procédure, éd., L. Lorose et L. Tenin,
Paris, t. 2, 1898.
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de compétence et de procédure civile, Paris, Libr. Du Rec. Sireyt. II., 3eme éd., t.2 1926,904p.
- GUINCHARD (S) et BUISSON (J), Procédure pénale, éd. LexisNexis, 8e éd. 2012,
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-LAURENT (F), Principes de droit civil, t. XIX, Bruxelle-Paris, Bruylant-Christophe &
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-MARTY (G) et RAYNAUD (P), Introduction générale au droit, 2e éd., Paris, Sirey, 1980,
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- MOUGENOT (D), Droit judiciaire, t. 2, procédure civile, vol.1, Principes directeurs du
procès civil Compétence-Action-Instance-Jugement,éd. Larcier, Bruxelle, 2021, 1066p.
- MOUYSSET (O) et DREYER (E), Procédure pénale, collection cours LMD et TD, 2e éd.,
LGDJ, 2016.
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94
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- BRUS (F), Le principe dispositif et le procès civil, Thèse, Université de PAU et des
PAYS DE l’AMOUR, 2014, 423p.
- DEVESE(J), Contribution à l’étude de la charge de la preuve en matière civile, Thèse,
Université de Toulouse, 1980, 454 p.
- WANG (C), Encadrement de la liberté de la preuve dans la procédure pénale : Etude
comparée France-Chine, Thèse, Université de Bordeaux, 497 p.
-MICHTA (C), L’Administration de la preuve en droit pénal français, exemple et
pratique de la gendarmerie nationale, Thèse, Université de Strasbourg, 2017, Français, 908 p.
-NZIMA(J.E), L’Officier de police judiciaire dans le code de procédure pénale
camerounais, Mémoire DEA 2006, Université de Douala.
-POUIT(M), Les atteintes à la présomption d’innocence en droit pénal de fond, Mémoire,
université de Paris II Panthéon-Assas, 2013, 120 p.
IV- ARTICLES
- AKAM AKAM(A), « Libre propos sur l’adage nul n’est censé ignorer la loi », R.A.S.J,
Yaoundé 2, vol 4, n°1, 2007, p 51.
- BUISSON (J), « Les présomptions de culpabilité », Procédure, déc. 1999, Chr. n° 15.
- CHOLET (D), « Vérification d’écriture », Répertoire procédure civile, V°, Dalloz, 2013.
- CORNU (G), « Les principes directeur du procès civil par eux-mêmes », in Etude offertes à
Pierre Bellet, Litec, 1991, P. 83.
- COSSETTE (L), « Des actes authentiques », revue les cahiers du droit, Vol. 3, n°1, avril
1957, pp. 5-106.
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LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL
- MARCHISIO (G), « La règle de la meilleure preuve dans le procès civil », revue de droit
de l’université de Sherbrooke P. 10.
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AVERTISSEMENT .....................................................................................................................
DEDICACE ................................................................................................................................. i
REMERCIEMENTS .................................................................................................................. ii
SOMMAIRE .............................................................................................................................. v
RESUME .................................................................................................................................... v
INTRODUCTION GENERALE................................................................................................ 1
A- Les conditions générales applicables à tous les PV sous seing privé ......................... 20
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SECTION I : la force probante des procès-verbaux laissée à libre appréciation du juge. ... 63
SECTION II- La force probante des procès-verbaux anéantie par le succès des
contestations ......................................................................................................................... 70
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B- Le faux ......................................................................................................................... 75
ANNEXES………………………………………………………………………...………….79
BIBLIOGRAPHE..................................................................................................................... 92
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