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REPUBLIQUE DU CAMEROUN / REPUBLIC OF CAMEROON

Paix –Travail- Patrie / Peace – Work - Fatherland

UNIVERSITE DE NGAOUNDERE / THE UNIVERSITY OF NGAOUNDERE


************
B.P. / P.O Box : 454
FACULTÉ DES SCIENCES JURIDIQUES ET POLITIQUES
FACULTY OF LAW AND POLITICAL SCIENCE
DEPARTEMENT DE DROIT PRIVE
DEPARTMENT OF PRIVATE LAW
Discipline, Intégrité, Rigueur. Discipline, Integrity, Rigour
Tél : 222 25 40 19 – E-mail: fsjp@univ-ndéré.cm
L’émergence scientifique en marche

Thème :La preuve par procès-verbal

MEMOIRE
Présenté en vue de l’obtention du Diplôme de Master II Recherche en droit
Pénal et sciences criminelles

Par :
BAKANG BALINGOM EMMANUEL
Matricule 19B217JP
Titulaire d’une maitrise en droit privé général

Sous la Direction de :
Pr. NKOULOU Yannick Serge
Agrégé des facultés de droit

Maitre des conférences


ANNEE ACADEMIQUE : 2019-2020

i
AVERTISSEMENT
L’université de Ngaounderé n’entend donner aucune approbation ni improbation aux
opinions émises dans ce travail. Par conséquent, ces propos devront être considérés comme
étant propres à son auteur.
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

DEDICACE

Je dédie ce mémoire à la grande famille LINGOM, plus particulièrement à mon père


LINGOM Jean de Dieu de regretté mémoire, à ma mère NGO NDJENG Madeleine, à ma
charmante épouse NGO NGUENE Perpétue, à mes enfants ainsi qu’à mes frères et sœurs.

i
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

REMERCIEMENTS

Cette modeste contribution dans le domaine du droit est le produit de nombreux efforts
conjoints de bien de personnes travailleuses et disponibles à qui je ne saurais manquer de
manifester ma profonde reconnaissance et gratitude. Puisse le Dieu tout puissant vous bénir.
Je tiens à remercier :

-Professeur NKOULOU Yannick Serge pour toute sa rigueur, son insistance, ses orientations,
sa patience sans oublier ses nombreux conseils dans la conduite et la production de ce
travail ;

-Professeur FOUMENA Gaétan Thierry pour ses conseils ;

-Docteur EBANGA Placide Bertrand pour ses orientations et conseils

-Tous les enseignants de la faculté des sciences juridiques et politiques pour leurs
enseignements et leurs conseils ;

-A tous mes camarades de promotion, particulièrement à LINGOM Isaac Valery, à BOFIA


NDEME Archange Laure, à FOTSING FOKUE Patrick et à NDJIKOLOUM Emmanuel

-Au haut Commandement Militaire, particulièrement à MEFIRE NJIFENJOU Ebenezer et


DJOFANG DJOMO Jules Ferry, pour les multiples autorisations et permissions à moi
accordées tout au long du parcours.

ii
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

ABREVIATIONS, ACRONYMES ET SIGLES


AP : Action publique

Art : Article

Al : Alinéa

C/ : Contre

C. civ : Code civil

Cf : Confère

CG : Commissaire du Gouvernement

CIC : Code d’instruction criminelle

CPCC : code de procédure civile et commerciale

CPC : code de procédure civile ( française)

CPP : Code de procédure pénale(Cameroun)

Const : constitution

CS : Cour suprême

Dec : .décret

Ed : Edition

FSJP : .Faculté des sciences juridiques et politiques

GAV : Garde à vue

Infra : En dessous. Dans les développements qui suivent

MP : Ministère public

n° : Numéro

OHADA : Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du droit des Affaires

PR : Procureur de la République

PV : Procès-verbal

iii
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

T : Tome

TM : tribunal Militaire

Vol : Volume

iv
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

SOMMAIRE

INTRODUCTION GENERALE................................................................................................ 1
PREMIERE PARTIE : LA PLURALITE DE QUALIFICATIONS DE LA PREUVE PAR
PROCES-VERBAL ................................................................................................................... 9
CHAPITRE I : UNE VERSALITE DE QUALIFICATIONS DU PROCES-VERBAL EN
MATIERE CIVILE .................................................................................................................. 11
SECTION I : La qualification principale : le procès-verbal, un acte authentique ............... 12
SECTION II : La qualification subsidiaire : le procès-verbal, un acte non authentique ...... 20
CHAPITRE II : LA DIVERSITE DE QUALIFICATIONS DU PROCES-VERBAL EN
MATIERE PENALE ................................................................................................................ 28
SECTION I : La qualification relative avant l’actuel code de procédure pénale ................. 29
SECTION II : De la distinction désormais faite entre preuve primaire et preuve secondaire
.............................................................................................................................................. 36
DEUXIEME PARTIE : L’AMBIVALENCE DU REGIME DE LA PREUVE PAR PROCES-
VERBAL .................................................................................................................................. 45
CHAPITRE I : LA RECEVABILITE DES PROCES-VERBAUX EN JUSTICE .................. 47
SECTION I : La recevabilité de principe de certains procès-verbaux en justice ................. 48
SECTION II : Les conséquences de la recevabilité de la preuve par procès-verbal ............ 54
CHAPITRE II : LA FORCE PROBANTE DES PROCES-VERBAUX ................................. 62
SECTION I : la force probante des procès-verbaux laissée à libre appréciation du juge. ... 63
SECTION II- La force probante des procès-verbaux anéantie par le succès des
contestations ......................................................................................................................... 70
CONCLUSION GENERALE .................................................................................................. 78

RESUME
Le procès-verbal, en tant qu’instrument au service de la manifestation de la vérité, est
l’un des modes de preuves le plus usité en justice. Il a une diversité de qualifications et une
v
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

ambivalence du régime. Relativement à sa qualification, le PV s’identifie comme un acte


authentique ou un acte non authentique en matière civile. Tandis qu’en matière pénale, il était
susceptible de prendre la dénomination de témoignage ou d’aveu dans l’ancienne procédure.
Depuis l’actuel code de procédure pénale, il est qualifié de preuve primaire ou preuve
secondaire. Concernant son régime, la particularité du PV réside dans l’opposition de ses
effets probants. Il s’inscrit aussi bien dans le système de preuve libre que dans l’optique de
preuve légale. Autrement dit, c’est une preuve parfaite ou imparfaite, par conséquent d’une
part, les PV à l’instar de ceux d’huissiers de justice, de notaires, d’infractions spéciales et
contraventionnelles, bénéficient d’une force probante légale accrue. Ils sont alors d’une
recevabilité de principe en justice en l’absence de contestations et conduisent conséquemment
au renversement de la charge de la preuve. D’autre part, les PV non authentiques et ceux des
crimes et délits de droit commun sont laissés à la libre appréciation du juge.

Mots clés : Preuve, Procès-verbal, Qualification, Régime, Recevabilité,


Renversement.

ABSTRACT
The minutes, as an instrument of the manifestation of the truth, is one of the modes
of proofs most used in justice. It has a diversity of qualifications and an ambivalence of the
vi
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

régime. With regard toits qualification, the minute is identifiedas an authentic act or a non
authentic act in civil matters. While in criminal matters, it was likely to take the denomination
of testimony or confession in the old procedure. Since the current code of criminal procedure,
it is qualified as primary evidence or secondary evidence. Regarding its regime, the
particularity of the minutelies in the opposition of its convincing effects. It fits both in the
free proof system that in the perspective of legal proof. In other words, it is a perfect or
imperfect proof, consequently on one hand, the minute like those of the judicialofficers,
notaries, of special and contraventional offenses benefit from an increased legal probative
force. They are therefore admissible in principle in the court in the absence of disputes and
consequently lead to the reversing of thereversal of the burden of proof. On the other hand,
the non authentic minutes report and those of the crimes and misdemeanors of common law
are left to the judge's free appreciation.

Key words: Proof, Minutes, Qualification, Regime, Admissibility, Reversing.

vii
INTRODUCTION GENERALE

1
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

L’œuvre finale d’un juge est une décision, fondée sur un acte ou un fait juridique. Dans les
deux cas, il s’agit de savoir si le fait ou l’acte qu’on lui soumet est vrai ou non, ceci sur la
base de la preuve, plus précisément c’est la preuve en justice. Elle désigne les opérations et
moyens visant à emporter la conviction du juge sur l’exactitude ou l’inexactitude d’une
affirmation de fait dans une procédure juridictionnelle1. La preuve en justice se distingue
d’une part, de la preuve en science et d’autre part, du droit de la preuve. Dans le premier cas,
le concept de la preuve mis en œuvre dans le procès diffère alors de celui utilisé en science,
car ici la décision du juge ne peut être dite vraie ou fausse, mais légale ou illégale. Dans le
second cas, on remarque que dans un sens beaucoup plus large, la preuve en justice ne saurait
se limiter au droit de la preuve. Elle comporte des aspects qui ne sont pas saisis par les règles
de droit. Dès lors, la preuve juridique devient une preuve judicaire. Cette dernière a vocation
de déterminer la vérité et d’établir la conviction du juge à l’aide des moyens et modes de
preuves.

Dans tous les cas, le concept de la preuve remonte de la Rome antique. Comme l’a
montré Jean-Philipe Lévy, trois grands systèmes de preuves peuvent être identifiés dans
l’histoire. Il s’agit notamment de la preuve surnaturelle, la preuve réglementée et la preuve
libre2. La première forme de preuve citée remonte à la plus haute antiquité dans toutes les
sociétés marquées par la présence des puissances surnaturelles.
En effet, elle repose sur la croyance que les forces divines indiquent aux hommes
l’issue que le litige doit connaître. Elle prend parfois la forme de l’ordalie. Dans ce contexte,
cela s’apparente au jugement de Dieu. Dans la Rome antique, cette forme reposait sur des
pratiques où une personne était mise en contact avec l’eau bouillante, du feu ou alors jetée
dans un fleuve, gardant les bras en croix et dont l’observation de ses réactions, séquelles et
cicatrices devait confirmer ou infirmer sa culpabilité. Le serment pour sa part, lorsqu’il était
assorti d’une dimension religieuse, prenait également la forme de preuve surnaturelle. De ce
fait, celui qui prononçait le serment purgatoire s’exposait à subir la punition divine s’il s’avère
que ses déclarations soient mensongères. Au IVe siècle, l’ordalie s’est estompée au profit de
l’épreuve du charbon sous l’influence des coutumes.3 Ces procédés de preuve se sont
fortement implantés en France sous l’influence du droit germanique, à la suite du déclin de
l’empire Romain d’occident. Au Ve siècle, le serment purgatoire occupe une place importante
dans le droit germanique. Les ordalies et le serment prédominent en France et en Angleterre

1
E. VERGES, G. VIAL et O. LECLERC, Droit de la preuve,Paris, PUF, « Thémis Droit », 2015, p. 8
2
J-P. LEVY, L’apport de l’antiquité au droit de la preuve, Paris, Vol. 23, éd. 1996, P.3-11
3
E. VERGES, G. VIAL et O. LECLERC, Droit de la preuve,Paris, PUF, « Thémis Droit », 2015, p. 12
2
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

entre le VIIIe et le XIIe siècle, puis, ils feront l’objet d’opposition par l’Église catholique.
Ainsi, ils déclinèrent puis disparurent du droit Français au XIIe siècle. On parle alors de l’ère
de la redécouverte du droit Romain et du développement du droit canonique avec l’institution
de l’inquisition médiévale. Le vocable inquisition provient du Latin inquisitio, qui signifie
enquête ou recherche. Elle est une juridiction, un tribunal spécialisé crée au XIIIe siècle en
France par l’Église catholique, indépendamment des juridictions seigneuriales ou
ecclésiastiques, mais relevant du droit canonique. Elle s’est substituée aux ordalies avec pour
objectif de lutter contre les excès et l’arbitraire de la justice seigneuriale et d’empêcher la
diffusion des dogmes différents, à savoir les hérésies cathares et les vaudois.
Contrairement à l’Accusation4, sa mise en œuvre ne nécessitait aucune plainte, ni
dénonciation, mais le serment était l’arme redoutable des inquisiteurs. Ces derniers étaient
envoyés dans des régions soupçonnées d’hérésie. Ils prêchaient d’abord publiquement en
appelant les hérétiques à venir se confesser dans un délai d’un mois et au terme de ce temps,
les inquisiteurs disposaient des moyens d’enquête et de coercitions tels que
l’emprisonnement préventif, le jeûne, la privation de sommeil et la torture pour découvrir les
hérétiques et obtenir leurs aveux.5 L’inquisition s’est rependue à la fin du Moyen-âge en
France, au Portugal et en Espagne, mais son usage des pratiques très peu orthodoxes
entraînera une opposition, notamment par les protestants des pays colonisateurs de l’empire
espagnol. Ainsi, ces juridictions déclinèrent au profit des juridictions étatiques mieux
règlementées en matière probatoire.
La preuve réglementée ou preuve légale prendra ainsi le relai dans l’Europe
chrétienne à la fin du XVIe siècle et se déploiera jusqu’au XXe siècle. Cette réglementation
distingue le régime probatoire en droit romain, du droit savant médiéval, puis celui de
l’ancien droit, du droit révolutionnaire. Pendant que le droit Romain laissait les juges libres
d’apprécier les preuves qui leur étaient présentées, le droit savant médiéval et l’ancien droit
mettront à leur tour, un système de preuves légales. Dans cette perspective, les preuves
recevables et la valeur que le juge devait leur accorder étaient fixées par la loi.6 Ceci étant, un
double témoignage ou un acte authentique valaient la preuve complète, tandis que le
témoignage unique, les actes privés ou la commune renommée équivalaient à une demi-
preuve et les simples indices ne valaient qu’un quart ou un huitième de preuve. Ce système se

4
L. AURELIEN, Les procédures pénales accusatoires, collection colloques, PUF., 2011, p.70
5
E. VERGES, G. VIAL et O. LECLERC, Droit de la preuve,Paris, PUF, « Thémis Droit », 2015, p. 65.
6
E. VERGES, G. VIAL et O. LECLERC, Droit de la preuve,Paris, PUF, « Thémis Droit », 2015, p. 67.
3
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

détruira progressivement laissant une place importante au juge. En matière pénale, la preuve
légale connaît un singulier retrait sans disparaitre7.
En effet, la loi N°2005/007 du 27 juillet 2005, portant code de procédure pénale vient
davantage formalisée le système de preuve libre. L’article 308(a) de cette loi dispose
qu’ : « hormis les cas où la loi dispose autrement, une infraction peut être établie par tout
mode de preuve »8.On parle ainsi de passage de preuve légale à la preuve libre ou preuve
morale. La vérité n’est donc plus exclusive de la preuve, bien au contraire la preuve devient
un mode d’établissement de la vérité. Le juge devient l’acteur central dans l’appréciation de la
preuve dans la mesure où il établit la certitude par plusieurs manières, en empruntant
différentes voies telle la subjectivité, l’intériorité, voire l’intimité. C’est donc dans ce cas que
l’on parle de l’intime conviction.9Le juge décide alors d’après la loi et son intime
conviction10. Ce système est plus perceptible en matière pénale et non au civil, Car le code
civil énumère explicitement les modes de preuve et la force probante y afférente. Il s’agit
notamment du serment, de l’aveu, des présomptions, du témoignage et de la preuve
littérale11.
Relativement à la preuve littérale, elle s’identifie comme le mode le plus utilisé en
justice. Au rang des preuves littérales, figure en bonne place le procès-verbal qui est un mode
de preuve particulièrement remarquable. En effet, il est l’un des rares pouvant servir à la
preuve des actes et des faits juridiques. S’inscrivant ainsi dans le système de preuve libre et
légale et utilisé dans tous les contentieux : administratif, civil et pénal. Le PV revêt aussi une
pluralité de qualifications, il peut être un acte authentique, un acte sous seing privé ou un
commencement de preuve par écrit en matière civile.
Tandis qu’en matière pénale, il est susceptible d’être qualifié de témoignage, d’aveu,
de preuve primaire ou de preuve secondaire. Dès lors, il peut être une preuve parfaite ou
imparfaite. Dans le premier cas, sa force probante est déterminée par la loi et constitue un
contrepoids à l’intime conviction du juge12 en l’absence de contestations. En revanche, dans le
second cas, son admission est laissée à l’appréciation du juge. À l’issue de ce qui vient d’être
illustré, qu’en est-il des origines du procès-verbal ?

7
E. BONNIER, « De la preuve légale devant les tribunaux criminels » Revue de législation et de jurisprudence,
t. 2 janv-juin 1843, p. 330-354.
8
Art. 308(a), CPP.
9
J-P. LEVY, L’apport de l’antiquité au droit de la preuve, Paris, Vol. 23, éd. 1996, P. 59
10
Art. 310(1), CPP.
11
Art. 1316, C.civ.
12
O. MOUYSSET et E. DREYER, Procédure pénale, collection cours LMD et TD, éd. 2016 P.439
4
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

Dans les temps anciens, certains agents publics étaient illettrés si bien qu’ils se
limitaient au rapport oral. Par conséquent, ils s’en contentaient face à leurs supérieurs
hiérarchiques qui exigeaient des diligences dont ils avaient été chargés. Bien que de nos jours
la situation s’avère différente, le mot verbal est néanmoins resté. Verbal ne signifie donc pas
verbaliser, c’est-à-dire prononcé à haute voix, mais plutôt « noter ». Ce vocable provient du
Latin verbum, qui veut dire mot. Dès lors, le procès-verbal ne saurait plus se limiter à une
remarque parlée, mais se perçoit comme une remarque consignée. L’importance du PV est
qu’il peut servir de preuve lorsqu’il est établi par certains agents publics. On parle dans ce
contexte de la preuve par procès-verbal. Sa définition permettra de mieux saisir les contours
de la thématique, qui sous-entend cette réflexion, car le mauvais usage, l’imprécision ou
l’absence de la définition d’une notion « constituent des barrières à la compréhensibilité »13

Le mot preuve provient du latin « probe », qui signifie bon, honnête. En clair c’est une
expression polysémique, en droit de la preuve, qui renvoie à l’opération consistant à faire la
preuve. Dans d’autres circonstances, elle désigne un moyen, celle qu’une partie au procès met
en œuvre lorsqu’elle apporte une preuve. Enfin, la preuve désigne un résultat, celui qui est
atteint lorsque le juge a décidé qu’un fait est prouvé14. La preuve en matière pénale se
distingue de la preuve en matière civile.

Dans le premier cas, la preuve consiste à reconstituer le plus fidèlement possible par
les moyens admis par la loi, les faits qui donnent lieu à la poursuite ainsi que le rôle des
acteurs. Par contre, dans le second cas, elle n’est qu’un moyen pour une partie d’assurer
l’efficacité du droit dont elle se prévaut. Suivant le Lexique des termes juridiques, la preuve
est l’établissement de la réalité d’un fait ou de l’existence d’un acte juridique. En droit pénal,
il s’agit de l’établissement d’un fait juridique qualifié d’infraction par la loi pénale15.

Quant au procès-verbal, c’est un acte juridique où on consigne généralement les


constatations, les déclarations, ou une situation. Selon le lexique des termes juridiques, le PV
s’entend comme un acte de procédure établi par un officier public et relatant des
constatations, des déclarations ou des dépositions. En droit pénal, le PV est l’acte par lequel
les officiers publics constatent les crimes, les délits et les contraventions, leurs circonstances,

13
A. AKAM AKAM, « Libre propos sur l’adage « nul n’est censé ignorer la loi », R.A.S.J, Yaoundé 2, vol 4,
n°1, 2007, p 51.
14
E. GARSONNET, Traité théorique et pratique de procédure, éd., L. Lorose et L. Tenin, Paris, t. 2, 1898.
15
P. KEUBOU, Précis de procédure pénale camerounaise, presse universitaire d’Afrique, éd., 2010, P. 107.
5
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

les traces qu’ils ont laissées après eux, et tous les faits propres à en signaler les auteurs 16. Il
est communément appelé PV. Ainsi, la preuve par procès-verbal peut s’appréhender comme
l’établissement d’une vérité par le truchement des constatations écrites.

Comme indiqué plus haut, le PV, preuves littérales est un instrument dans plusieurs
domaines du droit, particulièrement en droit international, en droit des affaires, en droit
administratif, en droit pénale et civile interne. Il est également l’outil de consignation des
déclarations lors des rencontres dans institutions privées et publiques. C’est le cas des PV des
réunions des services publics, des procédures judiciaires, d’assemblées générales des sociétés
privées, des rencontres d’associations, des réunions familiales, etc…, mais il convient
cependant de limiter le champ d’analyse de la présente étude au PV en justice en matière
civile et pénale en droit positif camerounais. Ceci, dans la période allant du 14 février 1938,
date de mise en application du Code d’Instruction Criminelle à nos jours.

L’étude de la preuve par PV conserve tout son intérêt dans la mesure où le PV est un
instrument permanemment au service de la manifestation de la vérité en justice.

En effet, l’intérêt de la preuve par PV est proportionnel à l’intérêt de l’opération de


prouver dans le cadre d’un procès et même en dehors. Elle est par conséquent indispensable
pour élucider une contestation ou un doute. La preuve constitue en effet, « le nerf de la guerre
judiciaire », en ce sens qu’elle est déterminante de l’issue des litiges. En réalité, ne pas
prouver revient à ne pas avoir de droit, c’est le sens d’un célèbre adage « idem est non esse et
non probari». Au pénal, plus particulièrement la preuve trouve son pesant d’or dans le
renversement de la présomption d’innocence. Ainsi, le ministère public et la partie civile ont
l’obligation de prouver la culpabilité du suspect, au risque de voir ce dernier libre, le doute lui
étant profitable.

En plus, la part réservée aux PV dans les statistiques parmi les autres modes de
preuve en témoigne davantage son intérêt. De fait, des descentes dans les tribunaux de
N’gaoundéré et de Meiganga, ont permis de constater que le PV est à la base à plus de 99%
des décisions judiciaires en matière contraventionnelle et d’infractions spéciales.
Pareillement, les PV des constatations d’huissiers de justice en l’absence de contestations sont
absolument admis au procès et participent au renversement de la charge de la preuve. En plus
dans un contexte marqué par une professionnalisation et d’internationalisation de la

16
F. HELIE, Traité des procès-verbaux en matière de délits et de contraventions, Paris, Libraire de la Cour de
Cassation, Palais de Jusice, 19e , 1839, p. 13
6
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

criminalité, les PV écrits ou électroniques sont des instruments de consignations d’états des
lieux de crimes, des constatations matérielles lors d’une perquisition, d’une saisie, d’une
audition, ou d’une garde à vue. Des opérations nécessaires à l’établissement du lien entre un
criminel et l’infraction. Cependant, la preuve par PV est davantage bivalente au procès. De
fait, il participe du contrebalancement de l’intime conviction du juge dans le cadre de
certaines infractions et concours au renversement de la charge de la preuve.

Par ailleurs, il est important de souligner que plusieurs chercheurs se sont penchés
sur la question du PV relativement à sa qualification et à sa force probante. Pour certains
auteurs, le PV est le témoignage le plus proche de l’état des lieux d’une scène de crime17,
Puis, lorsqu’il est rédigé dans certaines conditions, il devient un acte authentique et
généralement doté de force exécutoire.18Son utilité est indéniable, particulièrement à
l’instruction préparatoire. Il y est établi par le greffier d’instruction sous le contrôle et la
dictée du juge d’instruction et constatant l’accomplissement des opérations variées tendant à
la recherche des preuves.19

Pour d’autres, le PV constitue une limite, un contrepoids au principe de l’intime


conviction du juge dans deux cas. Premièrement en matière contraventionnelle, les PV font
foi jusqu'à preuve de contraire. Deuxièmement dans les matières spéciales, notamment
s’agissant des infractions douanières ou forestières, les PV font foi jusqu’à inscription en
faux. Dans l’un ou l’autre cas, le juge se trouve lié tant qu’une preuve contraire ou un
jugement d’inscription en faux n’a été apporté.20Mais lorsqu’il est dressé par le juge lors de
son intervention personnelle dans les constatations matérielles à l’occasion d’une enquête ou
lors de la comparution des parties, il est doté d’une valeur probante difficilement
contestable21.

Au regard de ce qui précède, ces auteurs montrent de près ou de loin, leur ambition et
leur attachement à la preuve par procès-verbal devenue incontournable pour le bon
fonctionnement du procès. Cependant, la question est abordée régulièrement uniquement en

17
F. HELIE, Traité des procès-verbaux en matière de délits et de contraventions, Paris, Libraire de la Cour de
Cassation, Palais de Jusice, 19e , 1839, p.vj.
18
E. VERGES, G. VIAL et O. LECLERC, Droit de la preuve,Paris, PUF, « Thémis Droit », 2015, p. 469.
19
S. YAWAGA, l’information judiciaire dans le code camerounais de procédure pénale, Collection
VADEMECUM, Presse Universitaire d’Afrique, 2007, op. cit, p. 110.
20
O.MOUYSSETetE. DREYER, Procédure pénale, collection cours LMD et TD, 2e éd., LGDJ, 2016.
21
A. AUGUSTIN, V. XAVIER, Droit de la preuve, principe de mise en œuvre processuelle, édition LexisNexis
141, rue de Javel 75015 Paris P.273
7
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

matière civile ou pénale. Ainsi, l’originalité de cette contribution réside dans l’examen du PV
aussi bien en matière civile que pénale.

Dans le cadre de ce processus, la question qui mérite d’être posée est celle de savoir,
quel est le statut probatoire du procès-verbal en droit camerounais? Cette interrogation
appelle à une réponse globalement ambivalente et c’est ce qu’on tentera de répondre dans le
cadre de cette thématique. Ce travail suggère le ressassement de toutes les qualifications
possibles du PV et du régime y afférent.

Mais l’aboutissement d’une telle réflexion en sciences juridiques commande une


méthode. En réalité, cette thématique comporte des notions qui suggèrent des précisions quant
à son domaine d’étude, tout au moins en ce qui concerne l’ordre juridique dans lequel son
étude doit se mener. De facto, on s’intéressera à l’ordre juridique camerounais,
particulièrement d’abord, à la méthode exégétique.22 Elle nous permettra de fonder
l’argumentation sur la doctrine, la loi et la jurisprudence. Ensuite, on fera également appel à la
méthode analytique, qui permettra de démontrer la manière dont la preuve par procès-verbal
est aménagée en général et dans le contexte camerounais en particulier. Il s’agit, en quelque
sorte, d’une démarche à suivre dans toutes ses formes requises pour aboutir à un résultat
attendu.

Pour mener efficacement cette recherche, on envisagera toutes les nomenclatures


possibles du PV en matière civile et pénale. Il s’agit plus exactement de l’identification de la
pluralité qualification de la preuve par procès-verbal (première partie). Cette diversité de
qualification conduit à la l’application des règles différentes et même parfois opposées au
PV. On parle dans ce cas d’ambivalence du régime(deuxième partie).

22
La méthode exégétique ou juridique permet de fonder nos démonstrations sur la loi, la jurisprudence et la
doctrine. Elle a deux composantes : la dogmatique et la casuistique. La première consiste à étudier le droit positif
tel qu’il ressort de l’armature juridique. Il s’agit d’une prospection dont l’objectif est de découvrir les cohérences
et les incohérences des normes abstraitement prévues. La seconde est une forme d’argumentation utilisée en
droit. Elle consiste à résoudre les problèmes pratiques par une discussion entre d’une part les principes
généraux (règles) ou des cas similaires (jurisprudence) et d’autre part, la considération des particularités du cas
étudié (cas réel).
8
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

PREMIERE PARTIE : LA PLURALITE DES


QUALIFICATIONS DE LA PREUVE PAR PROCES-
VERBAL

9
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

La qualification est une opération qui vise à établir une qualité ou un titre. Elle est
comparable au diagnostic en médecine. En Droit, son importance est indéniable dans la
mesure où elle permet l’application ultérieure du régime juridique. Elle se définit comme une
opération intellectuelle consistant à rattacher une situation de fait ou de droit à une catégorie
juridique déjà existant.23 Autrement dit, la qualification apparaît comme une opération
intellectuelle et le résultat de cette opération. En clair, elle consiste à attribuer une qualité
juridique à une chose, une personne, une activité. Il s’agit pour le juriste, de passer d’un
élément de fait à une catégorie juridique au moyen des critères. En un mot, elle permet de
donner un nom, une appellation juridique à un acte ou un fait. La qualification de la preuve
par procès-verbal, consiste dès lors à donner une nomenclature à la preuve du PV. Ce faisant,
en matière civile, le PV peut être un acte authentique ou non authentique. En revanche en
matière pénale, précisément avant l’actuel code de procédure pénale, le PV pouvait être une
dénonciation, un témoignage ou un aveu, mais le CPP est venu faire une distinction entre
preuve primaire et preuve secondaire. Dès lors, apparaît une versalité de qualifications en
matière civile (chapitre I) et une diversité en matière pénale (chapitre II)

23
Lexique des termes juridiques, Paris, Dalloz, 25 e éd., 2017- 2018.

10
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

CHAPITRE I : LA VERSALITE DE LA QUALIFICATIONS


DU PROCES-VERBAL EN MATIERE CIVILE

11
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

La matière civile désigne l’ensemble des affaires qui opposent les particuliers dans
leurs propres intérêts. Elle s’oppose à la matière administrative, militaire, pénale,
constitutionnelle. La matière civile a vocation à réparer les préjudices subis par les particuliers
par le bais de l’action civile. Ainsi, l’article 59(3) du CPP dispose que : « l’action civile tend à
la réparation du dommage causé par une infraction ». La constatation des dommages causés à
la suite d’une faute se fait généralement par le PV. Ce dernier désigne un document écrit qui
retranscrit des échanges verbaux ou dresse un constat. Il doit en principe être signé par celui
qui l’a rédigé, par la personne dont on retranscrit les propos ou actes et la personne à laquelle
le PV est destiné. On distingue deux catégories de PV, à savoir, ceux qui sont établis dans le
cadre des activités privées et ceux des activités publiques. Cependant, ces deux catégories ont
en commun, le caractère obligatoire.

En effet, la réglementation oblige très souvent telle autorité à rédiger un PV dans tel
cas. Pareillement, il est prescrit à telle assemblée générale de faire tel PV à l’issue des
travaux. Dans les deux cas, le PV peut être rédigé comme instrumentum ou de negocium. Par
instrumentum on entend, un écrit authentique ou sous seing signataire privé contenant la
substance de l’acte juridique ou du contrat envisagé par son ou ses auteurs24. De fait, il s’agit
de la valeur du PV relativement à son existence. En revanche, le negocium est la force
attachée à la forme de l’écris. Par conséquent, le PV apparaît comme un acte préconstitué.
Ceci étant, lorsqu’il est dressé par un officier public dans les conditions requises, il est
qualifié d’acte authentique (SECTION I), dans le cas contraire, il est non authentique
(SECTION II).

SECTION I : La qualification principale : le procès-verbal, un acte authentique


Le PV authentique qui se présente comme une preuve littérale par excellence est un
acte établi par un officier public territorialement compétent pour instrumenter dans le lieu où
il l’a rédigé. En d’autres termes, il s’agit des écrits faits ou attestés avec les formalités
requises par un officier public ayant le pouvoir d’instrumenter et avec les conditions
requises.25 Les écrits authentiques sont aussi nombreux que variés. Dans cette logique,
certains auteurs ont proposé une classification susceptible de distinguer les écrits ayant un
caractère administratif, de ceux ayant un caractère judiciaire ou extra judicaire et les PV des

24
Lexique des termes juridiques, Paris, Dalloz, 25 e éd., 2017- 2018.
25
L. COSSETTE, « Des actes authentiques », revue, les cahiers du droit, Vol. 3, n°1, avril 1957, pp. 5-106
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LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

juridictions volontaires ou notariées.26 Le PV a l’avantage et la particularité de se trouver


dans toutes ces typologies, sauf que son authenticité est conditionnée par sa forme et son
fond, conformément à la règlementation de l’administration concernée. Ces conditions
diffèrent alors selon qu’un PV porte sur une question civile ou pénale.

Dans le premier cas, les conditions du PV authentique sont dites générales et sont
relatives à la rédaction et concerne le rédacteur du PV tandis que dans le second le cas, la
nécessité de conciliation de l’ordre public aux libertés et droits de l’homme impose en plus
des conditions générales suscitées, des conditions spécifiques tenant aux garanties du procès
équitable. C’est dans cette logique que le législateur de la loi 2005/007 du 25 juillet 2005
portant code de procédure pénale exige à l’officier de police judiciaire sous peine de nullité de
son PV, de faire mentions sur celui-ci du droit des suspects de garder silence ou de se faire
assister par un conseil. Ainsi, l’authenticité d’un écrit à l’instar du PV doit obéir non
seulement aux conditions relatives à la forme (paragraphe I), mais aussi au rédacteur(II).

PARAGRAPHE I : Les conditions d’authenticité relatives à la forme

Les conditions d’authenticité d’un procès-verbal relative à la forme sont de deux


ordres, à savoir d’abord les formalités exigibles à tout type de PV authentique (A), ensuite
celles prescrites par les lois et règlements de l’officier public rédacteur(B).

A- Les conditions communes aux procès-verbaux authentiques

Les exigences dites communes sont globalement de deux types, à savoir l’exigence de
la rédaction avec l’une des langues officielles et l’indication de la date, les signatures de
l’officier public et des parties.

L’Anglais et le Français au Cameroun, sont exigés dans la rédaction des documents


officiels. Cette exigence fondamentale, est en effet consacrée par la constitution du 18
janvier 1996 indique que la République du Cameroun adopte l’Anglais et le Français comme
langue officielles d’égale valeur27. Cette disposition laisse entrevoir clairement qu’un écrit
officiel, de surcroit authentique ne saurait être rédigé en une autre langue que celles sus-
indiquées. Cette exigence est renforcée par la jurisprudence française. C’est le sens de deux

26
G. MARTY et P. RAYNAUD, Introduction générale au droit, 2e éd., Paris, Sirey, 1980, n° 229
27
Art. 1(3), loi n° 96/06 du 18 janvier 1996 portant constitution de la République du Cameroun
13
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

arrêts rendus par la cour de cassation28. Ainsi, un PV d’officier public rédigé en une autre
langue perd son authenticité et devient un acte sous-seing privé.

Les formalités exigent également l’indication de la date, le paraphe, les signatures de


l’officier public et celles des parties. Relativement à la date, elle doit être inscrite en lettre et
non en chiffre. Cette dernière mesure concours à éviter la possibilité de changement de chiffre
pour anticiper ou retarder l’exécution d’une obligation. Le paraphe est destiné à éviter
l’addition ou la substitution d’une feuille du PV authentique. Quant’ à la signature, c’est par
elle que l’officier confère l’authenticité en attestant la réalité des faits qui sont rapportés dans
le PV dont il a été le témoin. Elle doit être manuscrite, à l’exception des supports
électroniques et doit être portée aussi bien sur l’original, la copie et les expéditions du PV.
Ainsi, c’est n’est qu’à partir du moment que l’officier public appose sa signature que l’acte
acquiert son authenticité. Ces éléments sont substantiels et leur absence peut entrainer la
nullité du PV. C’est le sens d’un jugement rendu le 31 mars 2020 par le tribunal de première
instance de Meiganga où le PV de la Brigade de Gendarmerie de ladite localité était mis à
l’écart aux motifs d’absence de signature de l’officier de police judiciaire29. C’est également
le sens d’une jurisprudence de cour de cassation française rendu par la première chambre
civile le 12 juillet 2017 qui avait annulé un acte notarié fondé sur le défaut des signatures
parties30.

Cette nullité a deux effets différents. Elle peut en premier lieu, faire perdre au PV sa
qualité d’acte instrumentaire et dans ce cas il est considéré comme un simple indice ou
commencement de preuve par écrit s’il en respecte les conditions. La nullité peut en second
lieu, produire un effet atténué et seulement le priver à cet effet le de son authenticité. Il sera
alors réduit au rang d’écrit sous seing privé, à la condition de présenter une fois de plus les
conditions légales propres à ce dernier, et en particulier, celles tenant à la signature des
parties31 En outre, le PV authentique doit comporter à peine de nullité les noms, prénoms et
lieu de résidence ou de rédaction de l’officier public32.

28
Cass. Civ 1, 17 fév. 1981, Bull. civ. 1, n° 176
29
Jugement N° 007/SP du 31 mars 2020, TPI de Meiganga, affaire MP C/ NEBA LINUS NIBA, « inédit ».
30
Cass. Civ. 1, 12 juil. 2007, n° 06-10.362
31
Art. 1318, C. Civ.
32
Art. 24, Dec. N°95/034 du 24.02.1995 portant statut des notaires.
14
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

B- Les conditions propres à certaines procès-verbaux authentiques

Les administrations disposent très souvent des textes législatifs ou réglementaires qui
régissent leurs organisations et fonctionnements. Ces textes particuliers contiennent le plus
souvent d’autres conditions formelles que les responsables doivent respecter dans
l’établissement de leurs PV. En effet, en matière civile, la réglementation est plus rigoureuse,
en ce sens qu’elle exige aux notaires dans l’établissement des actes à l’instar du PV, soit
l’écriture à la main, soit la dactylographie, soit la lithographie ou la typographie au moyen
d’une ancre noire indélébile, à la base de fumée ou de Carbonne à une teneur supérieure à
20% dans tous les cas. Ces écrits doivent également en plus de cela, être rédigés en un seul
contexte, lisiblement, sans abréviations, ni blanc, ni lacune.33 Et le corps de ces écrits ne doit
présenter ni surcharge, ni interligne, ni additif et le nombre de mots rayés, les renvois doivent
être constatés et approuvés en marge ou à la fin de page correspondante du PV.34

Parallèlement, en matière répressive la loi exige que les surcharges ou renvois sur un
procès-verbal doivent être approuvés. Également, les PV peuvent être rédigés soit dans le
carnet de déclaration de l’enquêteur ou sur tout autre feuille de papier. Dans le même ordre
d’idées, il est interdit au Juge d’Instruction de laisser les interlignes au PV lors de l’audition
d’un témoin.35Mais davantage toute formalité relative au respect de l’intimité, des droits de
l’homme ou libertés individuelles observée par un officier de police judicaire doit être à peine
de nullité mentionnée au PV. En conséquence, une perquisition qui ne respecte pas les
dispositions de l’article 99 du CPP est nulle. L’article 100 de ce même code dispose
clairement que l’inobservation des formalités prescrites aux articles 93à 99 est sanctionnée
par la nullité de la perquisition, par voie de conséquence le PV de perquisition36.

Dans les domaines spéciaux à l’instar de l’Administration fiscale, des éléments


spécifiques conditionnent la validité du PV. De fait, dans le code général des impôts du
Cameroun version 2021, l’expression procès-verbal a été utilisée 146 fois. Le constat est clair,
à chaque usage, cet arsenal juridique indique des mentions supplémentaires nécessaires à la
validité du PV. En guise d’illustration, l’article L 50 relative aux obligations du contribuable
indique que l’intervention d’un contrôleur des impôts à l’occasion de constatation des stocks

33
Art. 25, Dec. N°95/034 du 24.02.1995 portant statut des notaires.
34
Art. 40, Dec. N°95/034 du 24.02.1995 portant statut des notaires.
35
Art. 90(3), et 186(1), CPP.
36
J-E. NZIMA, L’officier de police judiciaire dans le code de procédure pénale camerounais, Mémoire
DEA,Univ. Dla., 2006.
15
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

fait l’objet d’un PV relatant les opérations effectuées, les manquements ou non, la liste des
pièces ayant permis la constatation des infractions.

La même loi fiscale exige au notaire la mention de certaines précisions dans le PV de


vente par adjudication. C’est le sens de l’article 392, concernant les obligations des officiers
publics et ministériels qui stipule ceci : « chaque objet adjugé sera porté de suite au PV, le
prix y sera inscrit en toutes lettres et tiré hors ligne en chiffres. Chaque séance sera close et
signée par l’officier. Lorsque la vente aura lieu à la suite d’inventaire, il en sera fait mention
au PV, avec indication de la date de l’inventaire, du nom du notaire qui aura procédé et de la
quittance de l’enregistrement37 ».

Dans tous les cas, le constat est clair, en dehors des éléments communs à tous les PV,
chaque institution exige très souvent d’autres mentions indispensables à la validité du PV.
Dès lors, il se dégage que la maîtrise du contenu d’un PV d’une administration donnée
requiert inéluctablement la connaissance de sa réglementation.

PARAGRAPHE II : Les conditions de l’authenticité liées à l’auteur du procès-verbal

Les conditions substantielles concernent plus particulièrement le rédacteur du procès-


verbal. L’élément central de l’authenticité est la personne de son rédacteur. Ce faisant, l’écrit
authentique doit être rédigé par un officier public en mesure d’instrumenter. 38 Certes, il
n’existe aucune définition légale de l’officier public. En doctrine, cette notion se confond avec
celle d’officier ministériel. Par contre il s’agit de deux catégories différentes. L’officier
ministériel est titulaire d’un office c’est-à-dire d’une charge patrimoniale, c’est vrai qu’on
note des exceptions, tel par exemple des avocats qui ne peuvent conférer l’authenticité aux
actes qu’ils dressent. Tandis que l’officier public désigne toute personne dépositaire et
délégataire de la puissance publique. Ils ont le pouvoir de conférer l’authenticité aux
écrits39.Le PV, en tant qu’écrit suit les mêmes exigences prescrites par les textes en matière
d’écrits authentiques. A cet effet, la rédaction du PV authentique ne saurait se faire par
n’importe qui ou à n’importe quel lieu. Il doit en effet être titulaire d’une double compétence,
à savoir la compétence territoriale(A) et réelle (B).

37
Art. 392, code général des impôts, version 2021.
38
Art. 1317, C.civ.
39
A. AYNES et X. VUITTON, Droit de la preuve principes et mise en œuvre processuelle, éd. LexisNexis, 141,
rue de Javel 75015 Paris, 2e éd., 2017.
16
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

A- La compétence territoriale de l’officier public

Le rédacteur d’un PV authentique ne peut instrumenter que sur un territoire délimité.


Cette délimitation est l’apanage de la législation ou de la réglementation de l’administration
de l’officier public instrumentaire. Ce principe de la territorialité est fondamental tant en
matière civile que pénale. Dans le premier cas, nous illustrerons la compétence des notaires et
huissiers de justice. Ensuite dans le second, il s’agira de préciser la compétence des magistrats
du parquet.

En matière civile, la territorialité trouve son fondement dans l’article 1er du code civil
qui indique que les lois sont exécutoires dans tout le territoire. Cependant, la législation de
chaque administration délimite la portion du territoire où ses agents ont la légitimité d’agir.
Pour ce faire, la compétence territoriale d’un notaire au Cameroun est en principe celle du
tribunal de première instance du siège de son étude. Exceptionnellement cette compétence
peut s’étendre dans le ressort des tribunaux de première instance voisin dépendant de la cour
d’appel et dépourvus de notaire. De même pour les huissiers de justice, leur compétence
territoriale est le ressort du tribunal de première instance de leur siège, Même s’ils sont en
grand nombre dans le ressort d’un tribunal, chacun est compétent dans cette circonscription de
cette juridiction.40

Quant à la territorialité en matière répressive, elle trouve son fondement dans l’article
7 du code pénal qui dispose que : « la loi pénale de la République s’applique à tout fait
commis sur son territoire41 ». Ce principe s’applique en droit pénal de fond et de forme, c’est-
à-dire au niveau des incriminations et dans la procédure. Dans ce dernier cas, la législation
spéciale de chaque administration précise l’espace géographique où ses agents ont la
compétence d’instrumenter. A titre d’illustration, les magistrats du ministère public, ils ont le
pouvoir de mettre l’action publique en mouvement par le truchement d’un PV authentique.
C’est en effet la pertinence de l’article 114(2) CPP qui indique que lorsque le Procureur de la
république décide de poursuivre un suspect arrêté en flagrant délit, il dresse PV de ses
diligences et le traduit à la prochaine audience.

Cependant, ce PV ne peut être valable que dans la limite territoriale du magistrat


instrumentaire. Au Cameroun, le territoire d’un tribunal de grande instance se distingue de
celui d’un tribunal de première instance. Ce dernier a pour compétence territoriale la

40
Art. 3, Déc. n° 79/448 du 5 novembre 1979, modifié par le décret n° 85/238 du 22 février 1985, portant
réglementation des fonctions et fixant le statut d’huissier de justice
41
Art. 7(1), CP.
17
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

circonscription d’un arrondissement. En effet, l’article 13 de la loi N° 2006/015 portant


organisation judicaire précise qu’il est créé un tribunal de première instance par
Arrondissement. Certes cette règle connaît des exceptions. En revanche concernant le tribunal
de grande instance, sa compétence est celle d’un Département42. Pareillement, le Commissaire
du Gouvernement a le pouvoir de traduire un suspect en justice par le biais d’un PV.C’est le
sens de la loi 2017/012 du 12 juillet 2017 portant code de justice militaire, qui révèle
justement que le TM est saisi par un PV d’interrogatoire du parquet en cas de flagrant délit43.
Ce pouvoir au Cameroun s’étend sur le territoire d’une région, champ de compétence d’un
tribunal militaire. En effet, il est créé un TM par Région44. Cependant, en cas de circonstance
exceptionnelle telle que prévue par l’article 9 de la constitution, le tribunal militaire de
Yaoundé aura une compétence nationale45. Dans tous les cas, il est clair que l’étendu de la
compétence territoriale est généralement déterminé par la réglementation de l’administration
du rédacteur et est indispensable pour la validité d’un PV.

Dans le même ordre d’idées, les administrations spécialisées à l’instar des Douanes,
des Eaux et Forêts, des impôts, ne dressent des PV que dans les limites territoriales des
juridictions où elles sont implantées, car les agents de ces administrations sont des auxiliaires
du Procureur de la République près les juridictions d’instance de leur résidence.

B- La compétence matérielle de l’officier public instrumentaire

La compétence réelle se rattache non seulement aux pouvoirs de l’officier public, mais
également aux interdictions et incapacités. Cet encadrement est très souvent contenu dans la
législation ou la réglementation de chaque Administration. Nous nous intéresserons
particulièrement à la compétence réelle de deux officiers publics, à savoir, le notaire et
l’huissier de justice.

Concernant le premier, son pouvoir réel dans le cadre du PV porte d’une part sur
l’authentification de la date et les signatures des parties et d’autre part, la conservation
d’original. Cette précision est faite à l’article 2 du Décret n° 95/034 du 24 Février 1995 qui
précise que : « le notaire est un officier public institué pour recevoir tous les actes et contrats
auxquels les parties doivent ou veulent faire donner le caractère d’authenticité attaché aux
actes de l’autorité publique, et pour en assurer la date et conserver le dépôt et en délivrant une

42
Art. 16, loi n° 2006/015 du 29 décembre 2006, portant organisation judiciaire au Cameroun.
43
Art. 19(2-d), loi n° 2017/012 du 12 juillet 2017 portant code de justice militaire.
44
Art. 3(1),loi n° 2017/012 du 12 juillet 2017 portant code de justice militaire.
45
Art. 4(1),loi n° 2017/012 du 12 juillet 2017 portant code de justice militaire.
18
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

grosse ou expédition ». quant ‘au second, sa compétence est précisée dan le Décret n° 79/448
du 5 novembre 1979, modifié par le décret n° 85/238 du 22 février 1985, portant
réglementation des fonctions et fixant le statut d’huissier de justice qui indique que les
huissiers sont des officiers Ministériels ayant qualité pour accomplir à la demande des parties
ou sur réquisition du Ministère Public, certains actes nécessaires à l’ouverture et à
l’instruction des procédures ; exécuter les décisions de justice et tous les actes susceptibles
d’exécution forcée ; faire des constats, sommations, citations, mise en demeure et
interpellation extrajudiciaire ; d’accomplir tout acte prescrit par la loi46 ».

En revanche, il est interdit d’une part, aux notaires soit pour eux-mêmes, soit pour des
tiers directes ou indirectes, de se livrer aux opérations de spéculation, de s’immiscer dans
l’administration d’une société commerciale, de s’intéresser à toute affaire où ils prêtent leur
ministère, etc.47 D’autre part, l’officier public ne doit pas être frappé d’une incapacité,
incapacité pouvant tenir soit à l’éventuel intérêt de l’officier au PV, soit à l’existence d’un
lien familial unissant celui-ci à l’une des parties au PV.48 C’est dans la même logique que
l’article 43 du Décret du 22 février sur le statut des huissiers interdit à ces derniers
d’instrumenter pour eux-mêmes, leur conjoints, leurs ascendants et descendants, leurs
collatéraux et leurs oncles et tantes, les descendants de ceux-ci, les parents des alliés aux
mêmes degrés.

Par exception, le PV authentique peut être rédigé par une personne habilitée à agir en
lieu et place de l’officier public. A titre d’exemple, les huissiers de justice et natatoires
peuvent habiliter un ou plusieurs clercs pour agir en leur lieux et place. Toutefois, les clercs
de l’huissier ont l’interdiction de suppléance concernant l’établissement des procès-verbaux
de constat, de saisie et de recollement.49 De toutes les façons, ces deux critères de
compétence sont cumulatifs, à telle enseigne que l’absence de l’un enlève le caractère
authentique au PV. C’est dans ce sens qu’un arrêt de la cour de cassation française avait
déclaré que le PV des constatations d’un haussier territorialement incompétent est dépourvu
de toute authenticité.50

46
Art. 1, Déc. n° 79/448 du 5 novembre 1979, modifié par le Décret n° 85/238 du 22 février 1985, portant
réglementation des fonctions et fixant le statut d’huissier de justice.
47
Art. 47, Déc. 95/034 du 24 février 1995, portant statut et organisation de la profession de notaire.
48
Cass. 1, 31 mai 2007,n°06-12.173
49
Art. 11(2) Déc. n° 79/448 du 5 novembre 1979, modifié par le décret n° 85/238 du 22 février 1985, portant
réglementation des fonctions et fixant le statut d’huissier de justice.
50
Cass. Civ 2, 20 mai 1976, Bull. Civ II n° 168.
19
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

Lorsque ces conditions ne sont pas remplies, le PV authentique devient un écrit sous
signature privé ou un commencement de preuve par écrit.

SECTION II : La qualification subsidiaire : le procès-verbal, un acte non


authentique
Les PV non authentiques sont de deux catégories : ceux qui sont rédigés par des
personnes privées et ceux émanant des officiers publics n’ayant pas respecté les conditions
légales. Le premier cas concerne le PV rédigé par des personnes qui n’ont pas la légitimité de
conférer l’authenticité aux actes. C’est l’hypothèse du PV rédigé par un avocat, de celui d’une
assemblée générale d’une entreprise et même du PV d’une association. Le second, concernent
des écrits rédigés par des officiers publics, qui auraient pu être authentiques mais à cause de
leur non-conformité à la réglementation, ces actes perdent leur valeur et deviennent des actes
sous signature privé. C’est le sens de l’article 1318 du CC qui indique que l’acte qui n’est
point authentique par l’incompétence ou l’incapacité de l’officier, ou par un défaut de forme,
vaut écriture privée s’il a été signé des parties. Ce qui laisse entrevoir que si l’acte n’a point
été signé par les parties. Il est donc clair que l’acte authentique non conforme à la
réglementation perd cette qualité et devient un acte sous signature privé (paragraphe I). Ce
dernier à son tour à son tour doit être signé par les parties. Le cas contraire, il devient un
commencement de preuve par écrit (paragraphe II)

Paragraphe I : La nature sous seing privé du procès-verbal

Le PV sous seing privé contrairement au PV authentique peut être défini comme celui
rédigé sans l’intervention d’un officier public, sous la seule condition de la signature par les
parties. De cette définition, se dégage grosso modo deux conditions à savoir, les conditions
générales applicables à tous les PV sous signature privé(A) et les conditions particulières(B)

A- Les conditions générales applicables à tous les PV sous seing privé

Contrairement aux PV authentiques, les PV sous signatures privé jouissent quant’ à


leur régime d’une liberté en ce qui concerne leur rédaction. La seule véritable exigence étant
la signature des parties. Elle est nécessaire à la perfection de l’acte. C’est de cette formalité
que cet écrit tient son nom. La signature vise principalement deux objectifs : elle doit dans un
premier lieu permettre d’identifier celui qui l’a apposé. Puis en second lieu manifester le
consentement de celui-ci.

20
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

Concernant sa fonction d’identification, il convient de noter que la signature ne doit


laisser aucun doute sur l’identité de son auteur51. A cet effet, une croix ou une empreinte
digitale ne peut suffire. Tout comme, une griffe mécanisée s’avère également insuffisante. En
ce qui concerne le consentement, force est de constater que l’emplacement de la signature
permet de supposer que l’auteur a approuvé le PV en son entier. C’est ainsi qu’elle se trouve
généralement au pied du PV. Mais lorsque ce dernier est constitué de plusieurs feuillets, il
n’est pas nécessaire que tous soient signés. En revanche, il doit exister entre ces feuillets, une
liaison intellectuelle faisant qu’ils forment un seul et même acte. Il convient de noter qu’à ces
procédés classiques de signature, s’est adjointe une nouvelle modalité à travers la
consécration de la signature électronique par la loi 2010/021 du 21 décembre 2010 régissant
le commerce électronique.

En dehors de cette exigence, le PV sous seing privé peut être rédigé par les parties
elles-mêmes ou par un tiers. Aucun formalisme n’est exigé à ces rédacteurs. Ainsi, les
mentions « vu et lu », « bon pour accord », « lu et approuvé », « bon pour », etc., ne sont plus
nécessaire. Il n’est pas nécessaire non plus que l’écrit soit rédigé en Français. Il suffit tout
simplement qu’il le soit dans une langue comprise par l’ensemble des intéressés52. Puis, il
peut être rédigé dans n’importe quel mode d’écriture, notamment, il peut être manuscrit, à
l’encre comme au crayon, dactylographié, ou électronique. A propos justement de ce dernier
cas, la loi prévoit que lorsqu’un écrit est exigé pour la validité d’un acte juridique, il peut être
établi et conservé sous forme électronique. Exception faite aux actes sous seing privés relatifs
aux droits de la famille et des successions ou ceux relatifs aux suretés personnelles et réelles
où l’écriture électronique est proscrite53. Ce type d’écrit peut comporter des ratures, des
modifications ou autres ajouts. Inutile qu’il soit également paraphé sur chaque page.
Nonobstant au principe de la liberté dans la rédaction, il est conseillé au rédacteur d’un PV
sous signature privé, de mentionner la date ainsi que le lieu de rédaction et, le cas échéant, de
signaler la présence des témoins. En outre, il est recommandé d’employer du papier timbré
pour satisfaire aux exigences fiscales.

Cependant, ces précautions ne constituent pas les conditions de validité d’un PV sous
signature privée devant servir de preuve.

51
Cass. Civ. 1 22 juin 2004, Bull. civ. 1 n° 180.
52
Cass. Civ. 3, 15 déc. 1998, n° 97-17.673.
53
Art. 13, loi n° 2010/021 du 21 décembre 2021, régissant le commerce électronique au Cameroun.
21
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

B- Les conditions particulières applicables à certains PV sous seing privé

Les conditions particulières concernent deux catégories d’écrit sous seing privé : les
PV synallagmatiques et ceux qui constatent des promesses unilatérales de somme d’argent et
de choses appréciables en argent. Relativement à la première catégorie, l’article 1325(1)
précise que : « Les actes sous seing privé qui contiennent des conventions synallagmatiques,
ne sont valables qu’autant qu’ils ont été faits en autant d’originaux qu’il y a des parties ayant
un intérêt distinct ». Cette formalité dite de « double » ou de l’« original multiple » vise
plusieurs objectifs, en l’occurrence, assurer aux parties une égalité probatoire. Puis, permettre
à chaque partie de conserver un original du PV qu’elle peut produire à titre de preuve en cas
de besoin. Ensuite, leur donner la possibilité de pouvoir établir l’existence ou le contenu de la
convention sans être laissé à la merci de celui qui détiendrait l’unique exemplaire de
l’instrumentum. Enfin cela permet d’éviter toute falsification du PV. De cette formalité du
double, résulte une triple exigence : chaque original doit contenir la mention du nombre
d’originaux qui ont été faits54 ; chaque original doit contenir la mention du nombre
d’originaux dressé et tous les originaux doivent être remis aux différentes parties. Egalement,
il convient de signaler que cette formalité n’est pas nécessaire lorsque le seul exemplaire qui
aurait été établi a été déposé par toutes les parties entre les mains d’un notaire ou d’un tiers
chargé de le tenir à la disposition de tous. L’écrit qui ne satisfait pas à la formalité du double
ne peut valoir comme acte sous seing privé. Il peut seulement, s’il remplit les conditions,
constituer un commencement de preuve par écrit.

Concernant la deuxième catégorie, en rapport avec le PV qui contient un engagement


unilatéral de payer une somme d’argent ou de livrer une certaine quantité de biens fongibles
doit quant’ à lui, satisfaire aux exigences spécifiques de l’article 1326 du code civil qui
prévoit ceci : « le billet ou la promesse sous seing privé par lequel une seule partie s’engage
envers l’autre à lui payer une somme d’argent ou une chose appréciable, doit être écrit de la
main de celui qui le souscrit ; ou du moins il faut qu’outre la signature, il ait écrit de sa main,
un « bon » ou un « approuvé » portant en toute lettres la somme ou la quantité de la
chose ».Cette formalité tend à éviter les abus des blanc-seing, c’est-à-dire des situations où,
profitant du fait que le débiteur a signé un acte en blanc, le créancier inscrit une somme
supérieure à la dette. Elle vise aussi à éviter les augmentations frauduleuses du montant de la
dette par le créancier malhonnête après la signature du débiteur.

54
Art. 1325(3), C. civ.
22
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

Toutefois, les formules « bon pour » ou « approuvées » ne sont pas sacramentelles, car
elles peuvent être remplacées par des expressions équivalentes. Il est toutefois possible que la
mention manuscrite exigée par la loi soit opposée sous forme électronique « si les conditions
de cette apposition sont de nature à garantir qu’elle ne peut être effectuée que par (le débiteur)
lui-même55. Le non-respect de cette formalité n’a d’incidence que sur la preuve. De fait, le
PV perd sa force probante spécifique attachée aux écrits sous signature privée. Il peut
cependant être produit dans tout contentieux comme preuve libre56. Il peut également être
requalifié en commencement de preuve par écrit57.

En prenant le cas du droit des sociétés commerciales à titre d’illustration, les PV


dressés dans le cadre des assemblées générales d’une société à responsabilité limité (SARL),
sont soumises en plus de la signature à des conditions particulières. C’est le sens de l’article
342(1) de l’acte uniforme sur le droit des sociétés commerciales et groupements d’intérêt
économique dispose que : « les délibérations des assemblées générales sont constatées par des
procès-verbaux qui indiquent la date et le lieu de réunion, les noms et prénoms des associés
présents, les documents et rapports soumis à leur discussion, un résumé des débats, le texte
des résolutions mises aux voix et le résultat des votes ».en plus, ce PV doit être signé par tous
les associés58. Cependant, si les associés se réservent de signer le PV de l’assemblée, il perdra
la qualité d’acte sous seing privé et sera considéré comme un commencement de preuve par
écrit.

Paragraphe II : Le procès-verbal, un commencement de preuve par écrite

Preuve incomplète, un PV qualifié de commencement de la preuve par écrit peut


s’entendre comme celui qui fait présumer d’un fait sans pour autant apporter une preuve.
L’article 1347(2) du code civil le définit comme un acte par écrit qui est émané de celui
contre lequel la demande est formée, ou de celui qu’il représente, et qui rend vraisemblable le
fait allégué. De cette définition, se dégagent les conditions classiques d’existence d’un
commencement de preuve par écrit (A) qui ont été aménagées par la jurisprudence(B).

A- Les conditions légales d’un commencement de preuve par écrit

Le PV, instrument de commencement de preuve par écrit doit remplir trois principales
conditions : il faut d’abord qu’il soit dépourvu des conditions exigées par la loi ; ensuite que

55
Art. 13(2), loi n° 2010/21 du 21 décembre 2010 régissant le commerce électronique au Cameroun.
56
Il peut également être produit pour prouver un acte de commerce à l’égard d’un commerçant.
57
Cass. Civ. 1, 15 oct. 1991, n° 89-21.936.
58
Art. 342(2), acte uniforme relatif au droit des sociétés commerciales et du groupement d’intérêt économique.
23
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

le PV émane de celui qui conteste l’acte et enfin que les faits qu’ils invoquent rendent
vraisemblable le fait allégué.

Concernant la première condition, qui requiert l’existence d’un PV dépourvu des


éléments prévus par la législation, Il peut s’agir ici d’un acte instrumentaire ou non, qui n’est
pas écrit de la main de celui à qui on l’oppose ou qui manque plusieurs éléments entre autres,
de la signature, d’un double original, d’une mention manuscrite ou d’une copie non durable.
L’absence de la signature peut être le résultat d’un acte volontaire ou involontaire. En effet,
l’une des parties à l’établissement d’un PV peut expressément refuser d’apposer sa signature.
Un refus qui laisse entrevoir une contestation ultérieure. En revanche, l’absence de cette
dernière peut résulter simplement d’un oubli. Dans tous les cas, la jurisprudence a établi que
l’absence de signature sur un PV non authentique n’affecte pas sa valeur probante. C’est le
sens d’une décision de la cours d’appel de bordeaux où le juge avait débouté la demande d’un
gérant d’une SARL qui avait maladroitement pensé qu’en refusant de signer le PV, il ne
serait pas révoqué.

Relativement à la deuxième condition, elle a trait à l’origine de l’écrit. De fait, le PV


doit provenir de celui qui conteste une obligation : il doit émaner de celui cotre lequel la
demande est formée ou son représentant. C’est dire en réalité au sens de l’article 1347 que la
partie demanderesse ne saurait se faire prévaloir d’un PV comme outil de commencement de
preuve par écrit.

Pour ce qui est de la troisièmement condition à savoir que à savoir que le PV invoqué
doit rendre vraisemblable le fait allégé, elle concerne le contenu, la pertinence du
commencement de la preuve par écrit. Il est question que le PV donne au fait allégué quelque
apparence de vérité, c’est-à-dire qu’il puisse constituer un indice, mieux un élément attestant
que le fait allégué n’est pas dénué de fondement et qu’il ne se repose pas uniquement sur des
témoignages ou des présomptions. Cette exigence a souvent été présentée comme la «
condition essentielle »59et la condition la plus importante que doit remplir le commencement
de preuve par écrit60. Elle relève pourtant du pouvoir souverain des juges de fond,
contrairement aux deux précédentes conditions. De fait, peuvent être considéré par le juge
comme équivalent à un commencement de preuve par écrit, les déclarations faites sur PV par

59
F. LAURENT, Principes de droit civil, t. XIX, Bruxelle-Paris, Bruylant-Christophe & Pendone Lauriel, 1869,
n°527 p. 538.
60
D. MOUGENOT, Droit judiciaire, t. 2, procédure civile, vol.1, Principes directeurs du procès civil
Compétence-Action-Instance-Jugement, éd. Larcier, Bruxelle, 2021, 1066p.
24
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

une partie lors de sa comparution personnelle, son refus de déclarer, de répondre à une
interrogation, ou son absence à une convocation ou à la comparution.

B- L’extension jurisprudentielle des personnes visées à l’article 1347(2)

L’article 1347 du code civil pose comme principe que l’écrit admis comme
commencement de preuve par écrit doit provenir du défendeur d’une obligation ou à défaut
son représentant. Cette condition est à coup sûr, une mesure de sauvetage offerte à la partie
qui ne parviendrait pas à se conformer à la rigueur de la preuve parfaite : il doit permettre de
délivrer la partie emprisonnée dans le système rigide de l’exigence de l’écrit. il est l’un des
élément modérateurs prévu par la loi pour éviter que la technique juridique s’éloigne des fins
qu’elle prétend servir. Cependant, un important arrêt rendu par la cour de cassation française
en date du 6 novembre 201461 semble avoir relativisé ce principe. En l’espèce : « un homme
X. réclamait le remboursement d’une somme d’argent qu’il prétendait avoir prêté à son frère
Y. en 1995. Son frère y résistait à la demande en contestant qu’il y a eu un prêt entre eux. Et
en soutenant que X. lui aurait remis cette somme en vertu d’un don manuel. A l’appui de sa
demande, X. avait produit plusieurs extraits bancaires. Lesquels documentaient des
paiements effectués sur son compte bancaire par son frère entre 1995 et 2002. Ces paiements
étaient accompagnés des mentions telles « acompte », « virement », « remboursement » ou
« transfert ». Se prévalait de ces documents en tant que commencement de preuve par écrit ».

Les juges d’instances ont débouté cette demande au motif que ces extraits de compte
bancaire ne sauraient être retenus comme commencement de preuve par écrit, faute de
pouvoir être considéré comme émanant de celui auquel on les opposait justement
contradictoire à la condition de l’article1347 c.civ. Mais ce jugement d’appel a été censuré par
la Cour de cassation dans cet arrêt, reconnaissant en ces relevés de compte un potentiel
commencement de preuve par écrit. Elle décide en effet que : « peut être considéré comme
constituant un commencement de preuve par écrit au sens de l’article 1347 C.civ, un
document qui, sans être matériellement écrit ou signé par celui à qui on l’oppose, est
cependant son œuvre intellectuelle.

Ce faisant, cette notion va s’enrichir. En réalité, ce qui semble être paradoxale dans
cette affaire, c’est justement que les extraits de compte bancaire n’ont été établis ni par le
prétendu créancier, lequel ne pourrait constituer ses propres preuves62, ni le prétendu débiteur,

61
Cass, civ. 1, 6 nov. 2014, n° 403.
62
En vertu du principe selon lequel nul n’est admis à se constituer de preuve à lui-même
25
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

mais un tiers, la banque. Admettre ces relevés de compte comme commencement de preuve
par écrit semble rapprocher dangereusement ce concept du témoignage. Pourtant le
commencement de preuve par écrit doit s’en dissocier, puisque ce n’est qu’une fois que la
preuve est rapportée qu’il ouvrira la voie à la preuve par témoignage. De toutes les façons,
cette jurisprudence est venue étendre le champ des personnes susceptibles de faire usage d’un
écrit comme commencement de preuve par écrit. Dès lors les conditions de validité d’un PV
comme commencement de preuve par écrit sont fondamentalement au nombre de deux. Il doit
d’une part, être dépourvu des conditions prévues par la loi applicable aux écrits authentiques
et sous seing privé et d’autre part rendre vraisemblables les faits allégués.

26
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

CONCLUSION DU PREMIER CHAPITRE

Le procès-verbal, preuve littérale est un acte principalement authentique en matière


civile lorsqu’il est rédigé par un officier public dans des conditions de fond et de forme
requises par la loi. Cependant, s’il est écrit par ces mêmes autorités publiques en violation de
certaines règles ou s’il émane d’une personne privée, il acquiert par défaut la dénomination
d’acte sous seing privé ou de commencement de preuve par écrit. C’est le sens de l’article
1318 du code civil qui indique clairement que l’acte qui n’est pas authentique par
l’incompétence ou l’incapacité de l’officier ou par un défaut de forme, vaut comme écriture
privée, s’il est signé des parties63.

A côté de cette triple qualification du PV en matière civile, se trouve une diversité de


qualification en matière pénale.

63
Art. 1318, C. civ.
27
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

CHAPITRE II : LA DIVERSITE DES QUALIFICATIONS


DU PROCES-VERBAL EN MATIERE PENALE

28
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

La procédure pénale camerounaise jadis a connu une dualité de régime. En effet, avant
l’actuel Code de Procédure Pénale, la partie francophone de l’ex Cameroun oriental était régie
par le code d’instruction criminelle, loi française de 1808 rendue applicable au Cameroun par
l’ordonnance du 14 février 1938.

Tandis que la partie Anglophone de l’ex Cameroun occidental quant’ à elle appliquait
le « Criminal Procedure Ordinance », un extrait des « Laws of Nigeria » de 1958, institué par
l’Angleterre dans cette partie du pays qui était placé sur le plan législatif au Nigeria. Ces deux
textes d’origine coloniale, différents et parfois contradictoires ne fixaient pas les règles de la
procédure identiquement.

Ainsi, le PV, instrument essentiel dans l’élaboration de la procédure n’avait pas une
qualification bien déterminée, car tout dépendait des principes de chaque système et de
l’intérêt de la procédure. De fait, le PV pouvait être un aveu ou un témoignage. L’adoption de
la loi 2005/007 du 27 juillet 2005 portant code de procédure pénale au Cameroun, entée en
vigueur le 1er janvier 2007, intervient dans un contexte dominé par la consolidation de l’Etat
de droit et la protection des libertés individuelles64.Cet important arsenal juridique viendra
donc donner clairement des précisions sur la qualification du procès-verbal. Dans tous les cas,
cette évolution processuelle du droit pénal camerounais permet de remarquer d’une part,
l’intérêt relatif d’une qualification avant le code de procédure pénale (SECTION I) et d’autre
part, la distinction faite entre la preuve primaire et la preuve secondaire (SECTION II).

SECTION I : Une qualification variable avant l’actuel code de procédure pénale


Avant l’avènement du CPP, la procédure pénale camerounaise, comme il a été signalé
plus haut, était régie dans la partie francophone parle code d’instruction criminelle et dans la
partie anglophone par le « criminal procedure ordinance ».Durant cette ère, les principes
essentiels de la preuve, à l’instar de la présomption d’inconscience n’étaient pas suffisamment
consacrés. En plus, ces lois attribuaient aux PV, une diversité d’autorité ; les uns faisaient foi
jusqu’à inscription en faux ; les autres faisaient foi jusqu’à preuve contraire ; enfin, certains
ne valaient qu’à titre de simple renseignement65. Cette diversité de force probante légale
relativisait également l’intérêt de la qualification du PV. C’est ainsi que ce dernier pouvait
tantôt être un aveu ou reine des preuves, véritable instrument de présomption de culpabilité,

64
J. EYANGO-NZIMA, « L’officier de police judiciaire dans le code de procédure pénale camerounais »,
Mémoire DEA 2006, Université de Douala.
65
F. HELIE, Traité des procès-verbaux en matière de délits et de contraventions, Paris, Libraire de la Cour de
Cassation, Palais de Jusice, 19e , 1839, p.75.
29
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

tantôt un outil de renseignement ou de dénonciation. L’intérêt dans la terminologie juridique


désigne l’avantage matériel ou moral auquel peut prétendre celui qui prend l’initiative
d’engager une action judiciaire. L’avantage justement de la qualification de la preuve par PV
dépend de la personne dont on consigne la déclaration dans le cadre d’une infraction. Avant
l’actuel code de procédure pénale, le contenu d’un PV pouvait prendre entre autres la
dénomination de témoignage ou d’aveu. Lorsqu’une personne est entendue par PV dans le
cadre d’un procès sous serment, sa déposition est qualifiée de témoignage. En revanche, la
déclaration d’un suspect, d’un inculpé, d’un prévenu ou accusé est susceptible d’être qualifié
d’aveu judiciaire ou extra judiciaire. Dès lors, il apparaît clairement deux principaux intérêts
dans la qualification du PV à l’occasion d’une infraction, à savoir, un intérêt de la
qualification de la déclaration du tiers à l’infraction qui est relatif au témoignage (paragraphe
I) et le second intérêt de la qualification de la déclaration de l’infracteur relatif à
l’aveu(paragraphe II).

Paragraphe I : Le témoignage, une qualification discutable du procès-verbal avant


l’actuel code de procédure pénale

Avant l’actuel code de procédure pénale, le PV était susceptible de prendre la


qualification de témoignage. Ce dernier encore appelé preuve testimoniale, désigne la
déclaration d’un particulier ou tiers à l’infraction. A vrai dire, ce concept n’a été défini par
aucun texte. La doctrine s’accorde cependant pour admettre qu’il s’agit de la preuve résultant
des déclarations de personnes qui relatent ce qu’elles ont vu ou entendu, soit par hasard, soit
sur l’initiative de l’une des parties66. Bentham disait ainsi des témoins qu’ils sont « les yeux et
les oreilles de la justice »67. La preuve testimoniale est soumise à des règles générales(A),
complétées par des règles propres au témoignage par PV(B)

A- Les règles générales à la preuve testimoniale

Certaines règles s’appliquent quelque soit le témoignage et dans n’importe quel litige
dans lequel il est donné. Celles-ci règles présentent en ce sens un caractère général. Elles
peuvent être d’origine légale ou jurisprudentielle, elles concernent très souvent l’auteur et
l’objet du témoignage.

66
F. GORPHE, La critique du témoignage, Paris, Librairie Dalloz, 11e Rue Soufflot, 1924, 218p.
67
J. BENTHAM, Traité des preuves judiciaires, par Et. Dumont, éd. Bossange Frere, Paris, 2 éd., 1825, t.1,
464p.
30
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

Relativement à l’auteur du témoignage, il convient de souligner que l’expression


témoins vient du mot latin « testis » qui signifie tiers. Le témoin est donc un tiers à l’instance.
En d’autres termes, c’est toute personne qui a elle-même vu et entendu ce sur quoi elle
témoigne et qui a précisé que ces déclarations peuvent être recueillies oralement ou par écrit.
Dans le cadre du PV, le témoignage est écrit. Il doit être rédigé de la main de celui qui atteste,
daté et signé. Ces règles sont valables dans tous les contentieux. En effet, les parties au procès
ne sont pas des témoins à proprement parler, car elles ne sont pas autorisées à déposer sous
serment68. En dehors des parties au procès, toute personne en principe peut être entendue
comme témoin en justice. La loi stipule que l’OPJ peut au cours d’une enquête, entendre toute
personne dont les déclarations lui paraissent utiles à la manifestation de la vérité69, y compris
les personnes présentant des arriérations mentales70, Car la nécessité de leur déposition en
justice, puis la crédibilité qu’il convient d’accorder à leurs dires sont laissées à l’appréciation
du juge71.

Cependant, il existe un régime d’obligation, de dispense ou d’interdiction de


témoigner tant en matière civile que pénale. La dispense et l’interdiction de témoigner en
matière civile, concernent certaines personnes considérées comme inaptes au témoignage en
raison de leur incapacité de témoigner ou en raison d’existence d’une condamnation pénale
contre elles ou soit par l’existence d’un lien familial ou des affinités avec la personne
poursuivie. Le CPCC qui indique à ce sujet qu’au cours du procès, les parties, conseils ou
mandataires seront tenus de fournir leurs reproches avant la déposition des témoins. Ces
derniers pourront être reprochés s’ils sont parents ou alliés de l’une des parties, jusqu’au
quatrième degré inclusivement ; celui qui a mangé ou bu avec l’une des parties et à ses frais
depuis le jugement qui a ordonné l’enquête ; les serviteurs et domestiques ; les témoins en
accusation et les témoins condamnés à une peine afflictive et infamante. Cette liste des
personnes concernées a été étendue jusqu’aux les conjoints, ex-conjoints72 et concubins. La
jurisprudence adopte ainsi une conception particulièrement extensive et indirecte du lien
familial à l’origine de cette incapacité de témoigner. Elle considère que ce lien peut découler
soit, de l’existence d’une alliance passée, soit des relations intimes engendrées par un
concubinage. En droit de la famille, l’enfant, est protégé dans le souci de ne pas le voir

68
E. VERGES, G. VIAL et O. LECLERC, Droit de la preuve,Paris, PUF, « Thémis Droit », 2015, p. 555.
69
Art. 92(a), CPP.
70
Par principe, « les majeurs incapables peuvent témoigner sous réserve qu’ils se trouvent dans un intervalle de
lucidité » : M. Olivier, Enquête, témoins, attestation Rép. Proc. Civ. Dalloz, V° Déclaration des tiers, p. 245
71
Cass. Crim., 1er déc. 1949, Bull. crim. n° 324.
72
Cass. Civ. 1, 14 févr. 2006, n° 05-14.686.
31
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

déchiré par la guerre que se livrent les époux, cette incapacité pourrait lui être envisagée
comme une mesure assurant le respect de ses parents73.En matière pénale, le législateur met
un accent sur le caractère obligatoire de la déposition des témoins. C’est le sens de l’article 92
alinéas 1-a aux termes duquel l’OPJ peut, au cours d’une enquête, entendre toute personne
dont les déclarations lui paraissent utiles à la manifestation de la vérité.

Quant à l’objet du témoignage, il requiert des propos directement perçus par le


témoin. Autrement dit, le témoignage doit être direct. La loi pénale indique que le témoignage
est direct lorsqu’il émane soit de celui qui a vu le fait, s’il s’agit d’un fait qui pouvait être vu ;
soit de celui qui l’a entendu, s’il s’agit d’un fait qui pouvait être entendu ; de celui qui l’a
aperçu, s’il s’agit d’un fait qui pouvait être perçu par tout autre sens ou enfin de son auteur s’il
s’agit d’une opinion74.

Enfin, il importe de souligner que le témoignage à la différence de l’attestation, de la


dénonciation et même de l’aveu nécessite obligatoirement un serment. La loi indique dans ce
sens qu’en dehors des cas où la loi ou la coutume en dispose autrement, le témoin, la tête
découverte, main levée et dégantée, prête le serment suivant : « je jure de dire la vérité, toute
la vérité et rien que la vérité »75 en plus de préciser également que ce serment rend le
témoignage périlleux. Car sa défaillance est sanctionnée par des poursuites judiciaires pour
faux témoignage. C’est le sens de l’article 164 du CP qui stipule que, celui qui, dans une
procédure fait un faux témoignage susceptible d’influencer la décision et dont la déposition
est devenue irrévocable encoure une peine qui varie de trois mois à dix ans et d’une amende
de cinq mille (5 000) francs à deux millions (2 000 000) francs selon le cas.

B- Les règles spéciales à la preuve par attestation

Le témoignage par PV est écrit et autrement dénommé l’attestation. Cette dernière est
définie comme une déclaration écrite d’un tiers. Elle ne nécessite en principe aucune
prestation de serment. Toutefois, les attestations doivent satisfaire au formalisme des PV,
notamment les noms, prénoms, date et lieu de naissance, demeure et profession de son auteur
et s’il ya lieu, son lien de parenté avec les parties, de subordination à leur égard, de
collaboration ou de communauté d’intérêt avec elle76. Toutefois, la jurisprudence à établi que

73
J. CARBONNIER, Droit civil, t.2, la famille, l’enfant, le couple, éd. Jean Carbonnier, Collection Themis Droit
Privé, 21e éd., Paris, PFU,756p..
74
Art. 335, CPP
75
Art. 183(2-a), CPP
76
E. VERGES, G. VIAL et O. LECLERC, Droit de la preuve,Paris, PUF, « Thémis Droit », 2015, p. 555.
32
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

le strict respect de ce formalisme n’est pas toujours exigé. Les juges de la chambre civile et
sociale et commerciale de la Cour de Cassation française acceptent en effet, que les juges de
fond reçoivent aux débats, des attestations qui ne respectent pas rigoureusement le formalisme
sus-indiqué. Pour écarter les attestations irrégulières, les juges du fond doivent préciser en
quoi « l’irrégularité constitue une inobservation substantielle faisant grief »77. Elle est
applicable à toutes les juridictions de l’ordre judicaire statuant en matière pénale, civile et
commerciale. Le droit pénal camerounais n’a pratiquement pas encadré la notion d’attestation.
Ce terme n’a été utilisé qu’une seule fois. Spécialement en matière d’extradition où les
attestations peuvent être admises comme instrument de preuve. C’est le sens de l’article
657(2)du CPP qui révèle qu’au cours de l’instruction, la Cour peut admettre comme preuve
valable, les dépositions, et actes obtenus sous serment des autorités compétentes de l’Etat
requérant, ainsi que tous les mandats, attestations, actes authentiques ou leurs copies
mentionnant la condamnation. Par contre, en droit français, cette notion est suffisamment
encadrée. En effet, le code de procédure civile français donne des précisions sur l’auteur et
même le régime de l’attestation.

Concernant l’auteur, l’article 201 du CPC dispose que les attestations « doivent être
établies par des personnes qui remplissent les conditions requises pour être entendues comme
témoins ». Ainsi, les parties au litige ne peuvent donc fournir d’attestation ; la qualité de
partie s’apprécie ici au moment de l’établissement de l’attestation. Les personnes incapables
de témoigner sont également inaptes pour rédiger une attestation. C’est ainsi par exemple que
les descendants des époux ne peuvent produire d’attestation dans le cadre d’un procès en
divorce contre leurs parents. C’est également ainsi que la cours de cassation française
considère que, faute de pouvoir être entendu en qualité de témoin, le mineur n’est pas
recevable à attester en justice78.

Paragraphe II : L’aveu, qualification idéale d’un procès-verbal dans l’ancienne


procédure

Une déclaration consignée sur un PV, d’un plaignant ou un suspect peut être qualifiée
d’aveu. L’aveu par PV est donc écrit, consigné et non oral. Il se définit par la loi, comme une
déclaration faite, à un moment quelconque, par le prévenu et par laquelle il reconnaît être
l’auteur de l’infraction qui lui est reprochée79 . la doctrine quant à elle le considère comme

77
Cass. Civ. 1, 25 nov. 1997, Bull civ 1 n° 282.
78
Cass. Civ. 2, 1er oct. 2009
79
Art. 315(1), CPP
33
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

une « déclaration par laquelle une personne reconnaît pour vrai et comme devant être tenu
pour avéré à son égard, un fait de nature à produire contre elle des conséquences
juridiques »80. De ces définitions, se dégagent des règles générales(A) applicables à tout type
d’aveu et des règles spéciales de validité de l’aveu judiciaire et extra judiciaire(B)

A- Les règles communes à tout type d’aveu

Également reconnu sur l’appellation de « témoignage contre soi-même »81,


historiquement, l’aveu a longtemps été envisagé comme le mode de preuve parfait et suffisant
pour la solution du litige et la condamnation de l’accusé. Mais à cause de la torture infligée
aux personnes poursuivies à l’époque féodale, la doctrine et les lois ont institué que
l’appréciation de ce mode de preuve soit à l’apanage du juge. L’article 315(1) CPP abonde
dans ce sens en relevant que l’aveu est laissé à l’appréciation du juge, qui ne peut cependant
l’admettre ou le rejeter que par une décision motivée. On s’intéressera alors particulièrement
au domaine, à l’objet et à l’auteur de l’aveu.

Relativement au domaine, il importe de souligner que, l’aveu peut être le résultat de


deux circonstances distincte, volontaire ou involontaire. Le premier cas concerne les remords,
le repentir, poussant une partie au litige d’acceptation sans pression ni omission des faits
susceptibles d’être retenus contre elle. Par contre, dans le second cas, il peut s’agir des
déclarations accidentelles faites après coup, par lesquelles une personne laisse échapper la
connaissance du fait ou de l’acte qu’on lui oppose. Dans tous les cas, son admissibilité
requiert la loyauté. L’article 315(2) relève que, l’aveu n’est pas admis comme moyen de
preuve s’il a été obtenu par contrainte, violence, menace ou contre promesse d’un avantage
quelconque ou par tout autre moyen portant atteinte à la libre volonté de son auteur.

Quant à l’objet de l’aveu, il est constitué dès lors que la déclaration présente trois
caractères. Premièrement, elle doit être susceptible de favoriser l’adversaire. C’est donc
l’hypothèse d’une déclaration contenant la reconnaissance de faits susceptibles de profiter à la
partie adverse. Deuxièmement, la déclaration doit être volontaire, c’est-à-dire qu’elle doit
résulter de la seule volonté de son auteur. Dans ce cas, elle n’a pas besoin d’être acceptée par
l’adversaire. La jurisprudence considère par exemple que si un époux bien qu’ayant nié la
commission d’une faute, sollicite à titre subsidiaire, le prononcé du divorce aux torts partagés,

80
A. AUBRY et A. RAU, Droit civil français, tome XII, éd. Librairie de la Cour de Cassation, 5 e éd., Paris,
1922, 748p.
81
J. BENTHAM, Traité des preuves judiciaires, par Et. Dumont, éd. Bossange Frere, Paris, 2 éd., 1825, t.1,
464p.
34
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

la juridiction retiendra des torts à son encontre sans pour autant en faire un aveu. L’auteur de
l’aveu doit également être conscient de sa déclaration. Cette dernière doit être univoque.
L’aveu ne peut donc se déduire d’un simple silence82 enfin, dans une troisièmement
perspective, la déclaration doit porter sur un fait et non sur une règle ou un élément de droit.
C’est une logique qui participe du principe que, dans un litige, il appartient seul au juge de
dire le droit. Les parties doivent à leur tour apporter la preuve des faits.

Concernant l’auteur, il est important de souligner que l’aveu provient de l’une des
parties au litige83. Pour pouvoir avouer, l’auteur doit, en outre être capable. C’est ainsi qu’un
majeur sous tutelle ne peut être juridiquement l’auteur. Son représentant ne peut non plus
avouer en son nom84. En outre, le majeur sous curatelle peut réaliser un aveu sans l’assistance
de son curateur, dès lors que l’aveu n’emporte pas renonciation à un droit dont le majeur ne
peut disposer seul. Dans le cas contraire, il sera assisté de son représentant légal qui ne peut
en aucun cas le substituer. En revanche, il est possible pour une partie de donner mandat à un
tiers pour faire l’aveu à ses lieux et place. C’est le cas de l’avocat qui, en tant que
représentant, peut faire l’aveu à la place de son client. Cependant, la jurisprudence précise à
ce sujet que l’avocat ne peut le faire que dans le cadre de ses conclusions écrite et non au
cours de ses plaidoiries.

B- Les règles spécifiques à l’aveu judiciaire et extra judiciaire

L’article 1354 du CC dispose que : « l’aveu qui est opposé à une partie est extra
judiciaire ou judiciaire ». Ce dernier désigne l’aveu donné devant le juge de fond compétent.
Il ne saurait donc être donné devant un notaire, un huissier encore moins un enquêteur. La
jurisprudence ajoute que l’aveu donné devant un juge de référé doit à peine de nullité être
réitéré devant le juge de fond85. L’aveu judicaire doit être nécessairement réalisé au cours de
l’instance. Il peut toutefois être écrit ou oral, c’est-à-dire qu’il peut lui arriver d’être contenu
dans les conclusions ou simplement prononcé devant le juge. Dans les deux cas, le Président
du Tribunal le mentionne au plumitif d’audience en vue de dresser un PV ou rapport.

Curieusement, de nos jours au Cameroun, l’aveu judicaire en matière civile se


distingue de celui réalisé en matière pénale. En matière civile, l’article 1356 CC dispose que
l’aveu est la déclaration que fait en justice la partie ou son fondé de pouvoir spécial. Ce texte

82
Cass.civ. 3, 4 mai 1976, pré.
83
Cass. Civ 1, 25 févr. 2009 n° 07-16.232
84
Cass. Civ 1, 2 avril 2008, Bull. civ.1, n° 100
85
Cass. Civ. 3 mai 2012, n° 11-13.797.
35
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

ajoute que l’aveu a trois conditions : il fait pleine foi contre celui qui l’a fait ; il ne peut être
divisé contre lui ; il ne peut être révoqué à moins qu’on ne prouve qu’il a été la suite d’une
erreur de fait. Il ne saurait être révoqué sous le prétexte d’une erreur de droit. Il est clair ici
que le demandeur et le défenseur sont concernés. Par contre, en matière pénale, l’aveu
judicaire, défini à l’article 315 du CPP comme une déclaration faite à un moment quelconque
par le prévenu et par laquelle il reconnaît être l’auteur de l’infraction qui lui est reprochée, est
désormais appelé le « plaider coupable ». Dans ce cas, on constate bien que l’aveu ne
concerne que le prévenu et non le plaignant.

L’aveu extra judiciaire, désigne tout aveu ne remplissant pas les conditions pour être
qualifiées d’aveu judiciaire. Il est cependant toujours une déclaration écrite ou orale,
volontaire, portant sur un élément de fait et non de droit. Il peut résulter d’une divulgation
privée émanant d’un témoin qui a reçu des aveux de la personne ou qui écoutait les aveux à
l’issu de leur auteur, soit d’écrit accidentellement trouvé, intercepté ou saisi. S’il peut ainsi
prendre différentes formes, l’aveu extra judiciaire est celui qui est effectué sans l’intervention
du juge. Dans le système judiciaire camerounais, la phase pré-jugement est inquisitoire. En
effet, les phases enquête de police, poursuite, et information judiciaire, sont écrites, sécrète et
non contradictoires. C’est ainsi que l’aveu donné devant un OPJ, un magistrat du parquet ou
un juge d’instruction sera consigné sur un PV. Il devient par voie de conséquence une
déclaration écrite. Il convient cependant de souligner que seul l’aveu écrit ou consigné sur PV
est utile en justice.

En effet, un aveu extra judiciaire oral ne peut être valable que s’il est appuyé d’un
témoignage. C’est le sens de l’article 1355 du CC qui relève que l’allégation d’un aveu
extrajudiciaire purement verbal est inutile toute les fois qu’il s’agit d’une demande dont la
preuve testimoniale ne serait point admissible. Par ailleurs, contrairement à l’aveu judiciaire,
l’aveu extra judiciaire n’est pas considéré comme divisible. Pour ce faire, Les juges de fond
peuvent alors soit retenir certains éléments de cet aveu et écarter d’autres, ou alors, ils
peuvent soit admettre tous les éléments ou les rejeter entièrement86.

SECTION II : De la distinction désormais faite entre preuve primaire et preuve


secondaire
Dérivé du latin « distinguere », la distinction désigne la séparation d’une chose à une
autre selon ce qu’elle a de propre ou de spécial. Avant l’actuel code de procédure pénale, il

86
Cass. Civ. 1, 9 mars 1954, Bull. civ. I, n° 88
36
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

existait déjà une distinction, dans la qualification des faits ,la meilleure preuve appelée preuve
primaire, tandis que la preuve inferieure prenait la dénomination de preuve secondaire. De
fait, la doctrine de l’époque féodale semble être contradictoire sur cette question. Pour
certains auteurs comme Léo Ducharme, la preuve primaire ou meilleure est le témoignage ou
l’aveu. Il indique à ce sujet dans l’un de ses articles que : « l’aveu ou le témoignage d’une
personne constitue la meilleure preuve de ce qu’elle a dit ou fait, il faudrait toujours recourir
à l’un ou l’autre de ces procédés, avant de pouvoir proposer d’autres moyens de preuve87.

Par contre pour d’autres, le témoignage est une preuve secondaire et l’écrit, une preuve
primaire. C’est ce que souligne Giacomo MARCHISIO qu’ « en matière de preuve d’un écrit,
offrir une preuve testimoniale constitue une preuve secondaire, alors que l’on dispose de
l’écrit (preuve primaire) est un stratagème pour omettre de l’information qui pourrait nuire à
la cause »88. En revanche le CPP précise clairement que le contenu d’un document ne peut
être prouvé que par production de la preuve primaire ou à défaut de la preuve secondaire89.
L’article 313(1-a)précise que : « par preuve primaire, on entend l’original d’un document.
Quand un document a été établi par le même procédé en plusieurs exemplaires, chaque
exemplaire est une preuve primaire de ce document ». Alors que l’alinéa suivant ajoute
que : « par preuve secondaire, on entend la copie conforme à l’original et certifiée par une
autorité compétente ». De ces deux définitions, se dégage une distinction entre la preuve
primaire et la preuve secondaire quant à leur nature (paragraphe I) et aux conditions de leur
authenticité (paragraphe II).

Paragraphe I : Distinction faite relativement à leur nature

Dans la terminologie juridique, la nature désigne la propriété d’une personne ou d’un


acte à se voir appliquer des règles de droit. A la lecture de l’article 313 du CPP, se dégage
deux notions qui établissent la distinction entre la preuve primaire et la preuve secondaire. Il
s’agit du concept d’original et celui de la copie, d’où la distinction faite d’une part quant’ à la
nature originelle de la preuve primaire(B) et dérivée de la preuve secondaire(B).

A- La nature originelle de la preuve primaire

L’article 313(1-a) dispose que : « par preuve primaire, on entend l’original d’un
document. Quand un document a été établi par le même procédé en plusieurs exemplaires,

87
L. DUCHARME, « La règle de la meilleure preuve », in Les cahiers de droit, vol. 5, n° 1, mars 1962, P. 25
88
G. MARCHISIO, « La règle de la meilleure preuve dans le procès civil », in revue de droit de l’université de
Sherbrooke P. 10.
89
Art. 313(1), CPP.
37
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

chaque exemplaire est une preuve primaire de ce document ». Cette définition requiert qu’un
écrite comme le PV, pour être qualifié de preuve primaire, doit être soit de l’original ou un
exemplaire, lorsqu’il a été établi en plusieurs expéditions.

Le terme original désigne ce qui n’a pas été fait à l’aide d’un modèle et qui sert ou
servira de modèle. L’original d’un PV doit être rédigé par l’autorité légalement investi du
pouvoir d’instrumenter ou ses suppléants. Ils doivent agir à peine de nullité dans le strict
respect non seulement de leurs compétences réelles et territoriales, mais également le
formalisme requis pour la rédaction du procès-verbal. La compétence territoriale exige que le
rédacteur de l’écrit agisse dans les limites territoriales où son pouvoir est susceptible de
s’exercer.

Quant à la compétence réelle, elle se rattache non seulement aux pouvoirs de l’officier
public, mais également aux interdictions et incapacités. Concernant les formalités, elles sont
contenues dans les législations générales et spéciales des administrations. Le CPP indique
dans ce sens que le PV doit énoncer les dates et heures du début et de la fin de chaque
opération de l’enquêteur ; les noms prénoms et qualité de l’enquêteur. En outre, chaque
feuillet de l’original du PV doit porter la signature de l’enquêteur90.En plus, la loi exige dans
le cadre de certaines opérations, l’ajout de certaines mentions. C’est le cas en matière de
perquisition où il est exigé à l’OPJ des noms, prénoms, qualité, filiation, date et lieu de
naissance ainsi que le domicile des signataires du PV91.Dans le même ordre d’idées, le Code
General Des Douanes prescrit dans le cadre de la rédaction des PV de saisie les formalités
générales et obligatoires à respecter à peine de nullité. Ceci étant, l’article 300(1) de cette
convention indique que les PV doivent énoncer la date et la cause de la saisie ; la déclaration
qui a été faite au prévenu ; les noms, qualités et demeures des saisissants et de la personne
chargée de poursuites ; la nature des objets saisis et leur quantité ; la présence du prévenu à
leur description ou la sommation qui lui a été faite d’y assister ; le nom et la qualité du
gardien ; le lieu et la rédaction du PV et l’heure de la clôture.

L’original d’un écrit constitue la preuve la plus directe de son contenu et offre des
meilleures garanties d’exactitude à cet égard. En outre, il peut être difficilement altéré sans
laisser de traces. Au contraire, la déposition d’un témoin qui l’aurait lu, soulève le risque qu’il
l’ait « mal lu, ou mal compris, ou s’en souvienne mal, ou ne dise pas ce qu’il sait ».Plus le

90
Art. 90, CPP.
91
Art. 98(2), CPP.
38
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

texte est long et complexe, plus ces problèmes sont exacerbés puisqu’il est pratiquement
impossible de se souvenir correctement des termes d’un document étoffé. L’écrit original sera
donc soumis à l’inspection de la partie adverse et du tribunal. Par ailleurs, un document sur
support électronique peut remplir les fonctions d’original, à condition qu’il soit destiné
comme source première de toute reproduction ; qu’il présente un caractère unique et qu’il soit
la forme première reliée à une personne.

Concernant l’exemplaire, c’est la duplication du PV au même moment que la


production de l’original. C’est une exigence qui permet d’envoyer les expéditions de
l’original à tous les destinataires. A titre d’exemple, dans le cadre d’un PV d’accident de la
circulation routière, l’original du PV est transmis au Procureur de la République et les
exemplaires aux compagnies d’assurance chargées d’indemniser les victimes et ayant droits.

B- La nature dérivée de la preuve secondaire

Par dérivé on entend, un mot ou une notion qui tire son origine d’une autre. La preuve
secondaire tire son origine de la preuve primaire. En effet, la preuve secondaire est la copie de
la preuve primaire. Ainsi, l’article 313(1-b) indique que, par preuve secondaire, on entend la
copie conforme à l’original. Concernant la copie, elle désigne la reproduction littérale d’un
titre original non signé par les parties92.

Cependant, en matière pénale, les PV sont généralement rédigés par les officiers
publics, et considérés par conséquent comme des actes authentiques. Après avoir énuméré la
typologie des copies, l’on donnera alors les modalités de leur obtention.

Concernant la typologie, il existe trois catégorie de copies, notamment les expéditions


ou copie authentique, qui sont la reproduction du texte intégral de l’écrit original ; la grosse
ou copie exécutoire, qui constitue la copie authentique revêtue de la forme exécutoire et les
extraits qui ne sont que les copies partielles de l’écrit originale.

Relativement à la première catégorie, il importe de relever que la reproduction d’un


document doit être faite soit sur un même support ou sur un support qui ne fait pas appel à une
technologie différente, soit par le transfert de l’information que porte le document vers un
support faisant appel à une technologie différente. Dès lors, se pose une distinction entre deux
types de reproductions. D’une part, une reproduction sur un support identique à l’original et
d’autre part, une reproduction résultant du transfert de l’information depuis le support du

92
Lexique des termes juridiques, Paris, Dalloz, 25e éd., 2017- 2018.
39
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

document initial vers un support technologique différent. Mais la législation camerounaise n’a
pas soulevé cette distinction qui conditionne l’admissibilité de la copie à la certification.

Cependant, s’agissant des modalités d’obtention d’une copie du PV, il importe de


préciser que la procédure pénale camerounaise dans ses phases enquête et information
judiciaire est inquisitoire, d’où le caractère secret des opérations durant ces phases. En
conséquence, le principe est l’interdiction faite aux OPJ, aux magistrats du parquet et juge
d’instruction de divulguer les actes d’enquête, ils ne peuvent donc point délivrer les copies de
PV de leurs investigations. L’article 102(1) indique à propos que la procédure durant
l’enquête de police judiciaire est secrète. Toutefois, ce secret n’est pas opposable au ministère
public93 . Pareillement, on peut lire à l’article 154(1) du même code que : « l’information
judiciaire est sécrète. Toutefois ce secret n’est opposable ni au Ministère Public, ni à la
défense94 ».Il ressort qu’à l’information judiciaire la défense peut avoir accès aux copies des
PV de la procédure, ce qui n’est pas autorisé lors des enquêtes de police et durant la poursuite.
A titre exceptionnel, les tiers et même les parties peuvent avoir les copies des PV en matière
pénale auprès du juge d’instruction ou dans les compagnies d’assurance en cas d’infraction
donnant lieu à la prise en charge des sinistrés par l’assureur.

Paragraphe II : Distinction quant aux critères de l’authenticité

L’authenticité désigne la qualité de ce qui est authentique95. Concernant le PV, il s’agit


de celui qui est établi par un officier public et dans les formes requises. En matière pénale, les
PV sont des actes authentiques dans la mesure où ils sont dressés par des officiers publics,
c’est-à-dire les OPJ, les magistrats, les huissiers de justice et les notaires. Lorsque ces
autorités dressent un PV, leur seule signature en confère d’office, l’authenticité à
l’original(A). Concernant la copie, elle nécessitera d’être certifiée afin d’obtenir la même
fiabilité(B).

A- L’authenticité d’office de l’original d’un procès-verbal

Le caractère d’office désigne ce qui a l’autorité sans demande au préalable. En


d’autres termes, un écrit qui a l’autorité de son propre chef. L’original d’un PV rédigé par un
officier public est d’office authentique. En effet, ces autorités sont légalement investies du
pouvoir de conférer l’authenticité aux écrits. A condition de respecter scrupuleusement leurs

93
Art. 102(1), CPP.
94
Art. 154(1), CPP.
95
Lexique des termes juridiques, Paris, Dalloz, 25e éd., 2017- 2018.
40
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

compétences territoriales, réelles, les règles de forme, les modalités de signature et


d’apposition du sceau de l’Etat.

En rapport à la compétence territoriale déjà évoqué plus haut, l’officier public


rédacteur d’un PV doit agir dans l’aire géographique où la loi reconnaît sa compétence. Il est
recommandé à l’OPJ d’exercer de ce fait sa fonction dans les limites territoriales définies par
la réglementation en vigueur96. Tout comme il est exigé au juge d’instruction requis pour une
information judiciaire de se dessaisir s’il est territorialement incompétent97.Pour ce qui est de
la compétence réelle, le rédacteur du PV doit respecter le régime des incapacités et les
interdictions à lui faite par la réglementation. Dans ce dernier cas, il est par exemple interdit à
l’OPJ d’effectuer une perquisition dans les lieux privés entre dix-huit (18) heures et six (6)
heures du matin. Cela va sans dire qu’un PV rédigé en violation d’une telle interdiction bien
qu’étant nul, ne saurait être authentique.

Concernant la forme d’un PV original en matière pénale, il doit être rédigé dans l’une
des langues officielles, le rédacteur doit s’efforcer d’employer le présent, puisqu’il est réputé
l’établir à l’instant de la constatation de l’infraction ou dans un temps très voisin. Et les
surcharges, grattages, lavages sont prohibés. Les autres renvois doivent être approuvés et
numérotés par le rédacteur. Le CPP exige que les ratures surcharges et renvois d’un PV
d’audition ou de confrontation doivent être approuvés par les paraphes des parties98. Les mots
rayés doivent être annulés à l’aide d’une barre de manière à rester lisible. Dès que ces
conditions de fond sont respectées, le rédacteur, restera les formalités de signature,
d’apposition des noms et sceau de l’Etat afin de matérialiser l’authenticité. La signature doit
respecter les exigences légales et réglementaires évoquées plus haut notamment qu’elle doit
dans un premier lieu, permettre d’identifier celui qui l’a apposé. Les croix, empreintes
digitales ou des griffes mécanisées sont interdites.

Par ailleurs, il est important de noter que la signature ou le refus de signer des parties
concernées par un PV n’a pratiquement aucune incidence sur l’authenticité de celui-ci. La
signature d’un suspect, d’une victime de l’infraction, des témoins confirme simplement leur
consentement par rapport à ce qui est consigné au PV.

96
Art. 88(1), CPP.
97
Art. 161,CPP.
98
Art. 90(3), CPP.
41
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

Quant au refus de signer, la jurisprudence française a confirmé qu’elle n’a point


d’effet sur la validité du PV. Dans un arrêt rendu le 2 septembre 2020, la deuxième chambre
criminelle de la Cour de cassation a décidé que le refus de signer un PV n’affecte en rien sa
validité étant donné que l’OPJ a mentionné que l’intéressé avait refusé de signer99.
Pareillement, la chambre criminelle a rendu un arrêt le 12 janvier 2000, confirmant la décision
de la cours d’appel de VERSAILLES qui avait refusé d’annuler un PV de notification de la
garde à vue fondée sur le refus de signer d’un suspect100.

B- L’authenticité d’une copie de procès-verbal conditionnée par la certification

L’Article 313(1b) du CPP prévoit ceci : « par preuve secondaire on entend, la copie
conforme à l’original et certifiée par une autorité compétente ». De cette définition, on
parvient à dégager deux conditions, à savoir que la copie doit être conforme à l’original et
certifiée par une autorité compétente.

Relativement à la première exigence, la conformité signifie que la copie doit avoir la


même forme ou être semblable à l’original. Autrement dit, c’est la qualité de ce qui est
l’exacte représentation, qui exprime plus qu’une vraisemblance, une identité parfaite. En clair,
c’est une procédure administrative qui consiste à attester de la conformité d’une copie de
document avec le document original, afin que cette copie puisse remplacer l’original. Ainsi,
lorsqu’une copie d’un PV n’est pas exactement comme l’original au regard de sa forme et son
fond, sa qualification comme preuve secondaire ne sera pas retenue.

En rapport avec la deuxième condition, dont la certification par une autorité


compétente, il convient de souligner que la certification désigne le témoigne qu’une chose est
vraie. Dans la terminologie juridique, la certification conforme d’un acte désigne l’attestation
de l’identité existante entre la copie et l’original ou de l’exactitude de la consignation par écrit
d’une déclaration verbale101.

Quant à l’expression autorité compétente, elle renvoie à l’autorité légalement investie


du pouvoir de certification. Mais alors il se pose une question, celle de savoir comment une
autorité procède pour certifier conforme la copie d’un PV ? La réponse à cette interrogation
est simple. La copie et l’original doivent être présentés et examinés scrupuleusement. Le PV
ne doit pas avoir été rectifié dans la copie. Lorsque telle est le cas, une inscription qui certifie

99
Cass. Crim., 2 sept.. 2020, n° 19-04.665
100
Cass. Crim., 12 janv. 2000, n° 99-86.687
101
Lexique des termes juridiques, Paris, Dalloz, 25e éd., 2017- 2018.
42
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

le document conforme à l’original est apposée. Au Cameroun, nous distinguons deux types
d’autorité pouvant exercer cette prérogative : les autorités administratives ou l’administration
de l’autorité ayant établi l’original. Les premiers ont compétence de certifier les PV de
n’importe quelle administration, à condition pour eux de témoigner avec l’original. Par contre,
les responsables de l’administration où le PV a été dressé peuvent le certifier sur la base de
l’archive dont ils détiennent. Dans tous les cas, la copie d’un PV sera qualifiée de preuve
secondaire si et seulement elle a fait l’objet du témoignage soit de l’administration ayant émis
l’original soit de l’autorité administrative.

Par ailleurs, l’authentification des PV sur support électronique peut être faite par des
certificats ou signatures électroniques, soit par une autorité camerounaise ou une autorité
étrangère. De fait, la loi N° 2010/021 du 21 décembre 2010 régissant le commerce
électronique au Cameroun précise que l’authentification des documents à caractère officiel
peut être faite par des certificats et signature électroniques dans les Administrations publiques,
suivant les conditions fixées par les textes particuliers102.Cette même loi ajoute au sujet de la
certification à l’étranger que les certificats et signatures délivrés par une autorité de
certification établie à l’étranger ont la même valeur que ceux délivrés par une autorité de
certification établie au Cameroun, si cette autorité est reconnue dans le cadre d’un accord de
reconnaissance mutuelle, conclu par les autorités compétentes des Etats concernés103.

CONCLUSION DU DEUXIEME CHAPITRE

En somme, avant l’actuel code de procédure pénale, le PV n’avait pas de qualification


standard. Il était susceptible d’être qualifié, soit de témoignage, d’attestation ou soit, d’un
aveu. Le critère étant lié à la qualité de la personne entendue. Ainsi, le témoignage et l’aveu
étaient relatifs à la déclaration d’un tiers ou d’une partie au procès. Cependant, depuis le CPP
de 2005, une distinction a formellement établie entre preuve primaire et preuve secondaire,
selon qu’il s’agit de l’original ou la copie du PV. Dans ce dernier cas, le constat est clair, c’est
la nature du document qui est prise en compte dans la qualification.

102
Art. 35(2), loi n° 2010/21 du 21 décembre 2010 régissant le commerce électronique au Cameroun.
103
Art. 40(1), loi n° 2010/21 du 21 décembre 2010 régissant le commerce électronique au Cameroun.
43
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

CONCLUSION PREMIERE PARTIE :

Pour terminer, on peut constater que la pluralité de qualifications du PV en matière


civile et pénale est liée aux critères différents. En matière civile, c’est la qualité de la personne
qui le dresse qui est prise en compte. Ainsi, le PV est un acte authentique lorsqu’il est rédigé
par un officier public dans le strict respect de la réglementation. Dans le cas contraire, il
devient un acte sous seing privé ou un commencement de preuve par écrit. Par contre en
matière pénale, c’est la qualité du déclarant qui semble être prise en compte. A cet effet, dans
l’ancienne procédure, on donnait l’appellation de témoignage ou d’aveu au PV d’un tiers ou
d’une partie au procès. Mais depuis l’actuel code de procédure pénale, le PV désigne une
preuve primaire ou une preuve secondaire.

Cette pluralité de qualification du procès-verbal permet de déduire son régime


juridique.

44
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

DEUXIEME PARTIE : L’AMBIVALENCE DU


REGIME DE LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

45
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

Entendu comme un ensemble de règles de droit applicables à une activité, une


personne ou à une institution, le régime juridique s’applique lorsque les conditions
d’application sont réunies, notamment la qualification. En théorie du droit, il s’agit d’un
ensemble des règles applicables à une notion104. Dès lors, il est évident que le régime
juridique dépend de la qualification donnée à une notion, à un concept. Relativement à la
preuve par PV, sa diversité de qualification lui confère un régime ambivalent. Ce dernier
percept désigne le caractère de quelque chose ou de quelqu’un qui manifeste des
comportements contradictoires. C’est également la tendance à éprouver ou à manifester
simultanément deux sentiments opposés à l’égard d’un même objet.

En effet, la preuve par PV se présente en matière civile, comme une preuve parfaite
ou imparfaite et au pénal comme une preuve primaire ou secondaire, s’intégrant ainsi dans le
système de preuve libre ou légale. La légalité et la liberté de la preuve s’apprécient à deux
niveaux à savoir, à l’égard des modes de preuve et du juge. On entend par preuve légale, un
système où la loi définit la valeur de chaque mode de preuve, liant ainsi le juge.

En revanche, la preuve est dite libre lorsque d’une part, la possibilité est donnée aux
justiciables de prouver par n’importe quel mode de preuve et d’autre part la liberté
d’appréciation et d’admission est laissée à la souveraineté du juge. Cette liberté est la règle en
matière répressive. Le CPP indique à propos qu’ hormis les cas où la loi dispose autrement,
une infraction peut être établie par tout mode de preuve105. Par contre, en matière civile, le
principe est celui de la liberté de la preuve des faits juridiques et la légalité de la preuve des
actes juridiques. En tout état de cause, la recevabilité des PV authentiques, tout comme ceux
constatant les infractions spéciales et des contraventions diffèrent avec celle des PV non
authentiques et de droit commun (chapitre I), à cause de la dichotomie de leur force probante
(chapitre II).

104
Lexique des termes juridiques, Paris, Dalloz, 25e éd., 2017- 2018.
105
Art. 308, CPP
46
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

CHAPITRE I : LA RECEVABILITE DES


PROCES-VERBAUX EN JUSTICE

47
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

D’un point de vue purement littéraire, la recevabilité désigne la qualité de ce qui est
recevable, de ce qui est admissible. Dans la terminologie juridique, la recevabilité renvoie au
caractère d’une demande en justice rendant possible son examen au fond par la juridiction
saisie, parce que les conditions de l’action sont remplies et qu’il n’existe aucune fin de non-
recevoir106. La justice peut recevoir un PV ou le rejeter. Relativement à la recevabilité, elle
peut être laissée à l’appréciation du juge ou absolue.

Le premier cas, concerne les PV non authentique et ceux d’infractions ordinaires, où le


juge a la liberté totale. De fait, les PV d’infractions de droit commun, bien qu’étant rédigés
par des officiers publics sont des outils de simple renseignement, puisqu’ils concernent
généralement des délits et crimes où les peines d’emprisonnement sont élevées, nécessitant
une liberté dans le processus d’incrimination et de jugement, afin de mieux garantir la
présomption d’innocence. Principe qui voudrait que toute personne suspectée d’avoir commis
une infraction soit présumé innocente jusqu’à ce que sa culpabilité ait été légalement établie
au cours d’un procès où toutes les garanties nécessaires à sa défense lui sont établies107.

Le second cas par contre, regorge les écrits qui lient le juge, en s’érigeant en véritable
obstacle à son intime conviction, c’est l’hypothèse des PV authentiques, d’infractions des
domaines spécialisés et des contraventions qui bénéficient d’une force probante renforcée.
Dans cette dernière illustration, la recevabilité des PV est de principe (SECTION I), donnant
lieu à des conséquences sur l’attribution de la charge de la preuve (SECTION II).

SECTION I : La recevabilité de principe de certains procès-verbaux en justice


En principe, les PV des officiers publics établis dans des conditions légales et
réglementaires sont admissibles au procès civil en l’absence de contestation (paragraphe c’est
également le cas pour ceux des infractions spéciales et des contraventions (paragraphe II).

Paragraphe I: La recevabilité quasi-absolue des procès-verbaux authentiques et sous


seing privé

Un PV authentique est un acte instrumentaire, c’est-à dire prédestiné à servir de


preuve. Sa particularité réside dans sa force probante légale. Par conséquent il est absolument
recevable en l’absence de contestations. En matière non répressive, les procès-verbaux des
officiers publics sont des parfaites illustrations (A), et parfois se confondent aux décisions
judicaires (B).

106
Lexique des termes juridiques, Paris, Dalloz, 25e éd., 2017- 2018.
107
Art. 8(1), CPP.
48
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

A- La Recevabilité absolue des procès-verbaux des huissiers et notaires

Les huissiers de justice et les notaires sont des officiers publics. Cette dénomination
concerne toute personne titulaire d’un office et ayant qualité de dresser les actes
authentiques.108 Lorsque cette office est à vie, elle prend la dénomination d’officier
ministériel. Il s’agit entre autres, des notaires, des huissiers de justice, des magistrats et
certains de leurs auxiliaires. Seules les deux premières catégories, à savoir les huissiers et les
notaires retiendront notre attention, car leurs PV bénéficient d’une présomption de sincérité.
Par voie de conséquence, ils sont absolument admissibles en justice.

Les huissiers de justice dressent le PV dans plusieurs domaines et pour diverses


activités, en dehors des cas où la loi le leur interdit. Les plus importants de ces activités
concernent les constatations, les saisies et les recollements.109 Le constat d’huissier s’entend
comme l’acte établi sous la forme d’un PV, commis par un juge ou mandaté par un
particulier, aux termes duquel sont formulées des constatations purement matérielles,
exclusives de tout avis sur les conséquences de fait ou de droit qui peuvent en résulter.110 Au
Cameroun, l’article premier du décret n° 79/448 du 5 novembre 1979, modifié par le décret
n° 85/238 du 22 février 1985, portant réglementation des fonctions et fixant le statut
d’huissier de justice , indique clairement que les huissiers de justice sont des officiers
ministériels qui ont qualité d’accomplir à la demande des parties ou sur réquisition du
ministère public de faire des constats entre autres. Les constatations d’huissier sont de
plusieurs types à savoir les constats physiques, les constats vidéo, les constats de sms ou de
messages vocaux et les constats sur internet. Bref la liste est loin d’être exhaustive. Son utilité
principale est qu’il sert à graver sur unPV, les faits qui peuvent disparaître.

En ce qui concerne les notaires, ils dressent et reçoivent les PV dans des domaines
variés, à savoir les ventes par adjudication, les partage de successions, les PV d’assemblées
générales des sociétés, ainsi que les PV d’ouverture de coffre-fort. Leurs écrits sont dotés
d’une autorité en vertu du pouvoir à leur confié par l’Etat, ce qui oblige le juge de les
recevoir. La notoriété de leurs écrits est consacrée par l’article 2 du décret n°95/034 du 24
Février 1995, portant statut et organisation de la profession de notaire au Cameroun,
disposent que le notaire est un officier public institué pour recevoir tous les actes et contrats

108
Lexique des termes juridiques, Paris, Dalloz, 25e éd., 2017- 2018.
109
Art. 11(2) Déc. n° 79/448 du 5 novembre 1979, modifié par le décret n° 85/238 du 22 février 1985, portant
réglementation des fonctions et fixant le statut d’huissier de justice
110
R-M.COVER, Le droit dans tous ses états, l’Harmattan, collection Logique Juridique, 2021, 378p.
49
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

auxquels les parties doivent ou veulent faire donner le caractère d’authenticité attaché aux
actes de l’autorité publique, et pour en assurer la date, conserver le dépôt, et en délivrer les
grosses et expéditions. Dans les cas les PV ainsi dressés font foi, paralysant l’intime
conviction du juge qui est très souvent contraint de les recevoir.

Par ailleurs, il existe des PV rédigés par les juges civils qui sont également
authentiques et considérés généralement comme l’issue du contentieux. En effet, en matière
civile, les intérêts objet du contentieux sont d’ordre privé, ce qui justifie leur règlement par
voie de conventions. C’est dans ce sens que le juge a la légitimité de résoudre certains litiges
par la conciliation, sanctionné par l’établissement d’un PV comparable à une décision
judiciaire. Dans cette logique, la loi précise que les parties peuvent comparaître
volontairement aux fins de conciliation en observant les délais prescrits111. Ceci étant, le juge
saisi peut en tout état de la procédure, tenter la conciliation des parties qui pourront être
assistées par leurs avocats. Le juge assisté d’un greffier, dresse un PV des conditions de
l’arrangement112. La parfaite illustration ici concerne le PV de conciliation ou de non
conciliation en matière de divorce. Réellement, s’il ya conciliation totale ou partielle dans la
procédure de divorce, le juge, assisté d’un greffier dresse PV des conditions d’arrangement.
Ce PV est signé par les deux parties et nécessairement par le juge. Il fait foi jusqu’à
inscription en faux vis-à-vis de tous et de sa date et déclarations qui y sont relatées. Les
conventions des parties inscrites dans ce PV ont force exécutoire et comportent hypothèque
judiciaire. Ce PV est déposé au greffe et entraine le retrait de la requête en divorce. En
revanche en cas d’échec de la conciliation, le juge dressera un PV de non conciliation, qui est
indispensable à la saisine du juge pour l’ouverture du procès en divorce. Dans les deux cas, le
PV est incontournable. En premier lieu, il est comparable à une décision judiciaire et en
second, il est la base de l’ouverture du contentieux.

B- La recevabilité absolue des procès-verbaux des juges

Les procès-verbaux dressés par le juge prennent corps avec la décision judiciaire. En
effet, en matière civile, les intérêts objet du contentieux sont d’ordre privé, ce qui justifie leur
règlement par voie de conventions. C’est dans ce sens que le juge a la légitimité de résoudre
certains litiges par la conciliation, sanctionné par l’établissement d’un PV comparable à une
décision judiciaire. Dans cette logique, la loi précise que les parties peuvent comparaître

111
Art. 3, CPCC
112
Art. 4, CPCC
50
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

volontairement aux fins de conciliation en observant les délais prescrits113. Le juge saisi peut
donc en tout état de la procédure, tenter la conciliation des parties qui pourront être assistées
par leurs avocats. Le juge assisté d’un greffier dresse le PV des conditions de
l’arrangement114. La parfaite illustration ici concerne le PV de conciliation ou de non
conciliation en matière de divorce. Réellement, s’il ya conciliation totale ou partielle dans la
procédure de divorce, le juge assisté d’un greffier dresse PV des conditions d’arrangement. Ce
PV est signé par les deux parties et nécessairement par le juge. Il fait foi jusqu’à inscription en
faux vis-à-vis de tous et de sa date et déclarations qui y sont relatées. Les conventions des
parties inscrites dans ce PV ont force exécutoire et comporte hypothèque judiciaire. Cet écrit
est déposé au greffe et entraine le retrait de la requête en divorce. En revanche, en cas d’échec
de la conciliation, le juge dressera un PV de non conciliation, qui est indispensable à la saisine
du juge pour l’ouverture du procès en divorce. Dans les deux cas, le PV est incontournable.
En premier lieu, il est comparable à une décision judiciaire et en second, il est la base de
l’ouverture du contentieux.

De même, certains auxiliaires de justice ont le pouvoir de résoudre les litiges par le
biais du PV. C’est le cas de saisie vente des huissiers de justice, des agents des Eaux et Forêts
des Douanes. Ces administrations à l’aide du PV, procèdent aux ventes par adjudication. Des
pareils PV sont comparables aux décisions judiciaires. La saisie-vente, permet d’immobiliser
les biens d’un débiteur et de procéder à leur vente afin de rembourser un ou plusieurs
créanciers. Les biens sont saisis par un huissier de justice et font ensuite l’objet d’une vente à
l’amiable, ou à défaut aux enchères. Pareillement, en matière de contraventions routière, le
paiement de l’amende forfaitaire donne lieu à l’établissement d’un PV qui éteint l’action
publique115. Dans ce cas, le PV est comparable à un jugement rendu. En matière
commerciale, l’Acte Uniforme Ohada relatif aux des sociétés commerciales et groupement
d’intérêt économique, prévoit que toute délibération des associés est constatée par un PV qui
est établi dans un registre spécial tenu au siège social, côté et paraphé par l’autorité judiciaire
compétente116. Cette catégorie de PV ne souffre d’aucune entorse quant à sa recevabilité en
justice à cause de l’implication de la justice dans leur établissement.

113
Art. 3CPCC
114
Art. 4 CPCC
115
Art. 611(2) et 621, CPP
116
Art. 134 et135 acte uniforme relatif au droit des sociétés commerciales et du groupement d’intérêt
économique.
51
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

Paragraphe II : La recevabilité quasi-absolue des PV en matière répressive

Le système de preuve libre ou preuve morale est un principe cardinal en matière


pénale. Cependant, cette liberté d’appréciation est exclue lorsque la loi impose au juge un
mode de preuve légal. C’est le cas d’une part des contraventions et des infractions en dehors
du code(A) et d’autre part, des infractions commises à l’audience où le PV prend carrément
corps avec la décision judiciaire(B)

A- La recevabilité absolue des procès-verbaux de contraventions et d’infractions


spéciales

Les contraventions tout comme la majorité d’infractions en dehors du code, sont


purement matérielles. Par voie de conséquence, elles ne peuvent être constatées que par le
procès-verbal. Ce dernier devient ainsi le seul mode de preuve et la loi en fait une preuve
légale automatiquement admissible en justice en l’absence de contestations.

En matière contraventionnelle, les statistiques en témoignent clairement. Sur plus de


cent(100) décisions judiciaires en matière contraventionnelle recensées dans les tribunaux de
N’Gaoundéré et de Meiganga, 98 au moins ont uniquement le PV comme seul moyen de
preuve, soit un pourcentage de 98 %, les 2% rejetées étant liés au défaut de signature de
l’OPJ. Deux jugements seront illustrés :premièrement, dans le jugement N° 005/COR du
14/01/2020, le TPI de Meiganga admet le PV n° 089/PJ/PS/65 dressé le 04/10/2019 par le
Commissariat de Sécurité Publique de Meiganga et le classe pièce A1 et A2117 ;
deuxièmement, dans le jugement N° 20/SP du 08/09/2020le TPI de Meigange admet le PV n°
458 dressé le 14/10/2019 par la Brigade de Gendarmerie Territoriale de Meiganga et le classe
pièce A1118 ; Dès lors, même le contenu de ces PV bénéficie d’une foi particulière, et ceux
jusqu’à inscription en faux ou par la présentation de la preuve contraire. Le PV établit alors
dans ce cas un renversement de la charge de la preuve. Il ne revient plus au parquet d’établir
que le contrevenant a commis l’infraction, mais à ce dernier de prouver son innocence. Le PV
devient un mode de mutabilité de la présomption d’innocence en présomption de culpabilité.
Ceci étant, le juge est tenu de reconnaître le PV qui s’impose à lui et de tenir pour vrai, les
constatations matérielles faites personnellement par l’agent verbalisateur dans les limites de
ses attributions.

117
TPI Meimanga, Jugement n°005/COR du 14/01/2020,affaire MP C/ AMADOU ROUFAI, « inédit ».
118
TPI Meimanga, Jugement n°20/SP du 08/09/2020, affaire MP C/ ABDOULAYE DAOUDA, « inédit ».
52
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

De même, les PV des infractions en dehors du code jouissent d’une autorité avérée.
C’est le cas par exemple dans les administrations des Eaux et Forêts, de la Douanes et des
Impôts où les responsables, officiers de police judiciaire à caractère spéciale pour la plupart,
ont le pouvoir dans leur domaine respectif, de mettre de l’action publique en mouvement et
l’exercer sur la base des constatations par PV. Dès lors, ces fonctionnaires se substituent en
quelque sorte au Ministère Public. C’est le sens de la loi n°94/01 du 20 janvier 1994, portant
régime des forets, de la faune et des pêches qui précise clairement que les agents assermentés
des administrations des forets, de la faune et de la pèche, sont chargés dans l’intérêt de l’Etat,
des communes des communauté sou des particuliers, sans préjudice des prérogatives
reconnues au Ministère Public et aux Officiers de Police Judiciaire à compétence générale, de
la recherche, de la constatation et des poursuites en répression des infractions relevant de
leurs domaines119. En outre, ces fonctionnaires ont le plein pouvoir, après leurs constatations
de procéder à la saisie des produits et les objets incriminés et de dresser les PV. Ce dernier
fait foi des constatations matérielles qu’il relate jusqu’à inscription en faux120. Il est ainsi clair
que les infractions dans ce domaine ne se constatent que par le biais du PV dont la
recevabilité est automatique en justice.

B- Le PV prenant corps avec la décision judiciaire

Le PV d’infraction de droit commun est dans plusieurs cas l’unique support de la


décision judicaire, notamment, dans la procédure de flagrant délit et celle des infractions
commises à l’audience. S’agissant du flagrant délit, le PV est le seul moyen par lequel le
Ministère Public traduit un suspect à une audience. Selon que le prévoit la loi n° 2005/007 du
27 juillet 2005, portant code procédure pénale qui indique que le suspect arrêté en flagrant
délit est déféré par l’Officier de Police Judiciaire devant le Procureur de la République qui
procède à son identification, l’interroge sommairement et en cas de poursuite, dresse PV à
l’aide duquel le suspect est traduit à la prochaine audience.121 La jurisprudence camerounaise
abonde dans ce sens, on illustrera deux jugements du TPI de Meigange. Premièrement, dans le
jugement N° 003/COR du 07/01/2020, le Tribunal admet le PV d’interrogatoire du Parket et
le classe comme pièce à conviction A1.122Deuxièmement, dans le jugement N° 004/COR du

119
Art. 141, loi n°94/01 du 20 janvier 1994, portant régime des forets, de la faune et des pêches
120
Art. 142, loi n°94/01 du 20 janvier 1994, portant régime des forets, de la faune et des pêches
121
Art. 114 CPP.
122
TPI Meimanga, Jugement n°005/COR du 14/01/2020,affaire MP C/ IBRAHIMA SOULEYMANOU et
ABOU, « inédit ».
53
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

14/01/2020, le TPI de Meiganga admet par le admet le PV du Ministère Public et s’en sert
pour traduire le suspect à l’audience123.

De même, la loi n°2017/012 du 12 juillet 2017 portant code de justice militaire, donne
la possibilité au Commissaire du Gouvernement de mettre l’action publique en mouvement
par le biais du PV. C’est la quintessence de l’article 19(1-d) qui relève que le tribunal militaire
peut être saisi par procès-verbal d’interrogatoire au parquet en cas de flagrant délit124. Dans
les deux cas, cet instrument constitue un acte important du ministère public comparable à la
citation directe ou au réquisitoire introductif d’instance.

Pareillement en cas d’infraction commise à l’audience, le Président du Tribunal entend


le prévenu par PV et statut lorsqu’il s’agit d’un délit ou d’une contravention. Mais s’il s’agit
d’un crime, ce même magistrat demandera sollicitera l’ouverture d’une information judiciaire
après l’audition sur PV de l’auteur. Le code de procédure pénale abonde alors dans ce sens en
indiquant que si une infraction commise à l’audience est un délit ou une contravention, le
tribunal dresse sur le champ procès-verbal des faits. De même, en cas de crime le tribunal,
dresse PV avant de demander au Procureur de la République d’ouvrir une information
judiciaire.125 Dans tous les cas, le PV s’érige comme unique moyen de preuve. Sa rédaction
par le juge de fond lui ferra prendre corps avec la décision judicaire. Cette contigüité de la
décision judicaire avec le PV fait de ce dernier un instrument probatoire quasi-incontestable.

SECTION II : Les conséquences de la recevabilité de la preuve par procès-verbal


La recevabilité de principe des PV de force probante légale a pour conséquence directe
le renversement de la charge de la preuve. En effet, la charge de la preuve en matière civile et
pénale est respectivement consacrée dans les articles 1315 du code civil et 307 du CPP. Aux
termes de la première disposition, il ressort que celui qui réclame l’exécution d’une obligation
doit prouver. Réciproquement celui qui se prétend libéré, doit justifier le paiement ou le fait
qui a produit l’extinction de son obligation126. Quant à la seconde disposition, elle indique que
la charge de la preuve incombe à la partie qui a mis en mouvement l’action publique127. Dans
les deux cas, le constat est clair, la charge de la preuve incombe à la partie demanderesse.
Cette théorie tire sa source en matière pénale du principe de la présomption d’innocence. De

123
TPI Meimanga, Jugement n°005/COR du 14/01/2020,affaire MP et NDOGMO C/ABDOUL AZIZ BIEWE,
, « inédit ».
124
Art. 19(1-d), loi n°2017/012 du 12 juillet 2017 portant code de justice militaire.
125
Art. 624 CPP
126
Art. 1315,C. civ.
127
Art. 307,CPP.
54
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

fait, l’article 8 du CPP stipule que toute personne suspectée d’avoir commis une infraction est
présumée innocente jusqu’à ce que sa culpabilité ait été légalement établie au cours d’un
procès où toutes les garanties nécessaires à sa défense lui seront assurées128. Par ailleurs, cette
règle procédurale de présomption d’innocence n’a pas de portée absolue129 et le Professeur
Lombois formulait ainsi sa relativité : « si l’on vous dit que c’est un grand principe, n’allez
pas le croire, ou pas trop vite »130. Il est rejoint dans sa réflexion par Robert Badinter, qui
ajoute que ce principe « une course poursuite entre une procédure pénale vouée à la
découverte de la vérité et à la protection de l’ordre social et un principe dont la vocation n’a
pas toujours réussi à garantir le respect »131. De fait, la difficulté rencontrée par les autorités
de poursuite à prouver certaine infractions et surtout pour leur imputer à leurs auteurs, ainsi
que l’impérieuse nécessité de défendre les intérêts supérieurs de la société132, ont conduit le
législateur et la jurisprudence, à recourir à une technique de renversement de la charge de la
preuve. Certains écrits ont alors une force probante légale accrue qui non seulement s’érige en
véritable obstacle à l’intime conviction du juge, mais constitue surtout un moyen de
renversement de l’attribution initiale de la charge de la preuve. C’est les cas des PV
authentiques (paragraphe I) et ceux des infractions spéciales et des contraventions (paragraphe
II)

Paragraphe I : Les PV authentiques, facteur de renversement de la charge de la preuve

Conformément à ce qui vient d’être précisé au paragraphe premier, le constat est clair,
la charge de la preuve est extrêmement mobile. Cependant, certains actes juridiques à l’instar
du PV, contribuent à une orientation sans équivoque de la charge de la preuve. Ainsi, l’acte
authentique, contrairement à l’acte sous signature privé renverse systématiquement la charge
de la preuve. C’est la quintessence des dispositions du CPPC. En effet, son article 98 stipule
que : « si l’une des parties allègue la fausseté d’un acte sous seing privé, il appartient à celui
qui entend faire usage de cet acte d’en prouver la sincérité. Par contre s’il s’agit d’un acte
public ou authentique, c’est à la partie qui en soutien la fausseté de prouver que la pièce est
fausse ou falsifiée133. Dès lors, les PV des officiers publics constitueront une parfaite

128
Art. 8(1), CPP
129
C. MICHTA, L’Administration de la preuve en droit pénal français, exemple et pratique de la gendarmerie
nationale, Thèse, Université de Strasbourg, 2017, Français, 908 p.
130
C. LOMBOIS, « La présomption d’innocence », pouvoirs n° 55-droit pénal, 1990, in revue française d’études
constitutionnelles et politiques P. 81 et s.
131
R. BADINTER, « La présomption d’innocence », histoire et modernité, in le droit privé français à la fin du
XXe siècle, Pierre Catala, Paris, éd., Litec, 2001, p. 133-149.
132
S. GUINCHARD et J. BUISSON, Procédure pénale, éd. LexisNexis, 8e éd. 2012, 1634p..
133
Art. 99, CPCC
55
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

illustration dans le cadre de notre contribution. C’est le cas des constatations d’huissiers(A) et
les PV notariés(B) qui dispensent au titulaire, la charge de prouver.

A- Les constatations d’huissiers de justice

Le constat entendu comme la description d’une situation de fait dont un professionnel


a personnellement relevé l’existence et les circonstances. Il est destiné à fixer cette situation
pour en faciliter la preuve. Les constatations sont le plus souvent faites par un huissier de
justice. C’est le sens du Décret portant réglementation des professions et fixant le statut
d’huissier de justice au Cameroun qui indique justement que les huissiers de justice sont des
Officiers Ministériels qui ont qualité pour accomplir à la demande des parties ou sur
réquisition du Ministère Public, certains actes nécessaires à l’ouverture ou à l’instructions des
procédures, notamment les constats134. Les constatations d’huissier dans ce contexte
s’entendent comme des actes établis sous la forme d’un procès-verbal, à la demande d’une
partie ou sur ordonnance du juge. Ces constatations constituent un instrument de preuve
permettant d’établir la matérialité d’un fait. Dans des domaines très variés spécialement, les
sinistres de tous ordres, tels les dégâts des eaux, les catastrophes naturels et incendies, les
contrefaçons, les états d’avancement des travaux, les nuisances sonores, les troubles de
voisinage, les conflits familiaux notamment, abandon de famille, la non présentation
d’enfants et les inventaires des biens dans le cadre de la liquidation d’une succession, d’un
régime matrimonial ou de l’ouverture de procédure collective, la liste est loin d’être
exhaustive. Le recours aux constatations d’huissier de justice réside dans le caractère
authentique présenté par le PV qu’il dresse. Nonobstant les énonciations de son PV constat
constituent un formidable moyen pour inverser la charge de la preuve. Cela revient à dire que,
pour facilement gagner un procès, il vaut mieux se prémunir d’un constat d’huissier.

Cependant, le succès d’un tel constat requiert le respect de certaines conditions à


savoir d’abord les principes du contradictoire et de la loyauté puis l’objectivité et
l’impartialité, enfin l’inviolabilité du domicile. Le contradictoire dans ce cas n’est pas exigé
au cours de la réalisation du constat de l’huissier de justice. Mais plutôt, la jurisprudence
exige que le PV de constat soit soumis à la libre discussion des parties pendant la
procédure135. En ce qui concerne la loyauté, elle requiert que l’huissier agisse sans utiliser des
méthodes frauduleuses. Pour cela, il doit opérer à visage découvert. Il ne doit donc pas porter

134
Art. 1(a-c), Décret n°79/448 du 05 novembre 1979 modifié par le Décret n°85/238 du 22 février 1985 portant
réglementation des fonctions et fixant le statut des huissiers de justice
135
Cass. Civ. 3, 9 mai 2012, n° 10-21.041
56
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

un masque. Il doit ensuite, faire connaître sa qualité lors de la réalisation du constat et non pas
après son exécution136.

Egalement, l’huissier doit être objectif et impartial, c’est dire que son rôle se résume
aux simples constatations matérielles, donc, non seulement il ne doit point se livrer à une
enquête mais également Il ne doit non plus convoquer des tiers pour consigner leurs
déclarations. Il est seulement apte à recueillir un témoignage spontané, ne provenant d’aucune
initiative de sa part et lui permettant uniquement d’éclairer ses constatations matérielles.

Concernant à l’inviolabilité du domicile, elle constitue un principe fondamental


consacré par le préambule de la constitution du 18 janvier 1996137. A ce sujet, l’huissier de
justice peut réaliser un constat à l’intérieur d’un domicile ou entreprise privée qu’avec le
consentement du maitre des lieux. En revanche, il peut faire les constatations dans un lieu
public ou ouvert au public. Il peut également les faire dans une propriété privée à partir de
l’extérieur, sans y pénétrer.

B- Les procès-verbaux notariés moyens de renversement de la charge de la preuve

Le décret n°95/034 du 24 Février 1995, portant statut et organisation de la profession


notariale nous révèle que le notaire est un officier public institué pour recevoir tous les actes
et contrats auxquels les parties doivent ou veulent donner un caractère d’authenticité attaché
aux actes de l’autorité publique, et pour en assurer la date, en conserver le dépôt, et en
délivrer des grosses ou expéditions138. Sa compétence concerne plusieurs domaines du droit
tels que la familiale, le patrimoine, le commerce, la succession et l’immobilier. En clair, le
notaire constate officiellement la volonté exprimée par les personnes qui les signent et
s’engage personnellement sur le contenu et sur la date. A ce titre, le notaire est le magistrat de
l’amiable. Il importe d’indiquer qu’il dresse deux types de documents distincts notamment,
les brevets et les minutes139.

Les premiers sont les actes authentiques que le notaire reçoit et délivre aussitôt aux
parties en original, sans numéro. C’est dire que les brevets ne sont pas archivés. Par contre,
les seconds sont reçus par le notaire, numérotés et archivés en original au greffe du notaire.
Aux rangs des actes qu’il authentifie, se trouvent en bonne place les procès-verbaux. Les
notaires dressent plusieurs PV notamment, celui de difficulté d’ouverture d’une succession, à

136
Cass. Civ. 2 fév. 2011, n°10-13.894.
137
« Le domicile est inviolable. Nulle perquisition ne peut y avoir lieu qu’en vertu de la loi ».
138
Art. 2, Décret n°95/034 du 24 Février 1995, portant statut et organisation de la profession de notaire.
139
Art. 20,Décret n°95/034 du 24 Février 1995, portant statut et organisation de la profession de notaire.
57
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

l’occasion d’assemblées générales des associés ou ventes par adjudication volontaire


d’immeubles, et celui de l’ouverture de coffre-fort. Relativement au PV de difficulté, il revêt
tout son sens dans le cadre de liquidation de régimes matrimoniaux postérieurs au divorce.
Confectionné par un notaire, c’est un écrit qui porte sur la mésentente et est révélateur des
points de discordes entre ex- époux. Sa rédaction est d’une importance capitale pour la suite
de la procédure judicaire. Quant au PV d’assemblée générale, il est dressé par un notaire à la
demande des associés. Un tel acte, bien qu’ordinaire est authentique au regard de la qualité du
rédacteur. Dans tous les cas, ces PV sont généralement des actes instrumentaires, prédestinés
à être servis comme preuves. Ils jouissent d’une force probante supérieure et font foi en
justice à cause de leur authenticité, car le code civil fait savoir que l’acte authentique fait
pleine foi de la convention qu’il renferme entre les parties contractantes et leurs héritiers ou
ayant cause140.

Paragraphe II : Les procès-verbaux modes de déplacement de la charge de la preuve en


matière pénale

La présomption d’innocence, base du régime de la preuve en matière pénale attribue la


charge de la preuve à la partie poursuivante. En outre cette règle connaît des exceptions. Le
PV renverse donc la charge de la preuve en établissant une présomption de culpabilité141 aussi
bien dans le cadre des infractions de droit commun(A) que des infractions en dehors du
code(B).

A- Le déplacement de la charge de la preuve par les PV d’infractions du code pénal

Le déplacement de la charge de la preuve au pénal entraine la présomption de


culpabilité. Cette dernière requiert que ce soit au prévenu ou à l’accusé de démontrer qu’il
n’a pas commis l’infraction dont on l’accuse. C’est un mécanisme qui soulage l’accusation du
fardeau de la charge de la preuve. En réalité, il s’agit d’une présomption légale qui consiste à
tenir pour avérée l’existence de l’élément matériel et de son imputation à une personne
considérée comme auteur. Le code pénal camerounais a délibérément énuméré certains cas de
présomptions de culpabilité. Toutefois, le PV a la particularité de jouer le même rôle en
matière contraventionnelle et d’infractions spéciales.

Concernant les cas énumérés par le code, il s’agit des présomptions de culpabilité
relative à certaines infractions entre autres, le proxénétisme, le chantage, le non-paiement de

140
Art. 1319, C. civ
141
J. BUISSON, « Les présomptions de culpabilité », procédure, déc. 1999, Chr. n° 15.
58
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

pension alimentaire, le débiteur défaillant et l’auteur des préparatifs dangereux. S’agissant du


proxénétisme, le code pénal connaît également de telles présomptions. Il considère comme
établi l’élément matériel. C’est dire que les constatations par le PV de ces catégories
d’infractions présument la culpabilité et renversent par conséquence la charge de la preuve.
Ainsi, chaque fois qu’une personne ne peut justifier de ressources correspondant à son train de
vie tout en vivant avec une personne qui se livre habituellement à la prostitution ou en étant
en relations habituelles avec une ou plusieurs personnes se livrant à la prostitution, elle est
présumée coupable de proxénétisme. C’est le sens de l’article 294(2) du CP qui dispose : « est
présumé recevoir des subsides, celui qui, vivant avec une personne se livrant à la prostitution,
ne peut justifier de ressources suffisantes pour lui permettre de pourvoir seul à sa
subsistance ». pour ce qui du chantage, le code punit celui qui porte atteinte à l’honneur ou à
la considération d’une personne en lui imputant directement ou non des faits dont il ne peut
rapporter la preuve142. Le même raisonnement peut être tenu en ce qui concerne les
présomptions édictées aux articles 180(2) ; 248(2) et 331(2) qui traitent respectivement les
infractions du non versement de pension alimentaire du débiteur frauduleux et celle des
préparatifs dangereux ou celui. Pareillement, celui qui se prévaut d’un fait justificatif ou une
cause de non culpabilité à l’instar de la légitime défense, l’exécution de la loi aura la charge
de prouver. L’article 309 du CPP dit à propos que : « il appartient au prévenu qui invoque un
fait justificatif ou une cause de non responsabilité de le prouver »

Les contraventions, second cas désignent des infractions de moindre gravité, punies
d’une peine d’emprisonnement qui ne peut excéder 10 jours et d’une amende qui ne peut
excéder vingt-cinq mille francs.143 Elles sont purement matérielles et dites réglementaires.
Leur condamnation se traduit généralement par des peines pécuniaires. Ainsi, le PV
uniquement moyen de leur constatation précise le montant de cette amende. C’est le sens du
code de procédure pénal qui dispose : « le procès-verbal constatant une contravention
mentionne en outre le montant de l’amende fixée, son versement ou au contraire son non
versement et en cas de paiement de la quittance délivrée ».

B- Le déplacement de la charge de la preuve par les PV d’infractions en dehors du code

La quasi-totalité d’instruments normatifs relativement aux infractions spéciales,


exigent leur constatation par procès-verbal. Ce dernier généralement doté d’une force
probante légale, renverse automatiquement la charge de la preuve. En guise d'illustration,
142
Art. 305(1), cp
143
Art. 21(1), cp
59
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

nous évoquerons quatre législations pénales spéciales, à savoir, les domaines d’électricité,
sanitaire, de l’aviation civile et des forêts et de la faune.

Concernant le premier, la loi n° 98/022 du 24 décembre 1998, régissant le secteur de


l’électricité indique que les agents assermentés commis spécialement par l’agence sont
chargés de la recherche, de la constatation, et des poursuites en répression évidement par le
biais du PV, des infractions commises en matière d’électricité144.

Deuxièmement, la loi n° 2000/017 du 19 décembre 2000 portant réglementation de


l’inspection sanitaire vétérinaire dispose : « les agents assermentés de l’inspection sanitaire
vétérinaire sont habiletés, en cas d’infraction aux dispositions de la présente loi ou à celle des
textes pris pour son application à dresser procès-verbal qui fait foi jusqu’à inscription en
faux ».

Troisièmement, la loi n° 98/023 du 24 décembre 1998 portant régime de l’aviation


civile indique que les agents assermentés commis spécialement par l’autorité aéronautique
sont chargés de la recherche de la constatation et des poursuites en répression des commises
en matière d’aviation civile. Ils dressent procès-verbal qui fait foi jusqu’à inscription en
faux145.

Quatrièmement, la loi n° 94-01 du 20 janvier 1994, portant régime des Forêts, de la


Faune et de la pêche précise que les agents assermentés de l’Administration chargée des
forêts, de la Faune et des Pêches sont des OPJ à compétence spéciale. A ce titre, ces derniers
ont la légitimité de constater les infractions relevant de leur domaine, procéder à la saisi des
produits prohibés, dresser PV qui fait foi jusqu’à inscription en faux. Dans tous ces cas, il
apparaît clairement que les infractions se constatent uniquement par PV, ce dernier étant par
conséquent le seul moyen de preuve dans ces domaines. En plus, le législateur prend le soin
d’en conférer une force probante renforcée à ces PV qui établissent dès lors une présomption
de culpabilité, renversant par ricochet la charge de la preuve. La jurisprudence abonde dans le
même sens. En effet, la cour de cassation Française a précisé en matière douanière qu’il
revient au prévenu de rapporter la preuve de sa bonne foi relativement aux présomptions de
contrebande de marchandise146.

144
Art. 65(1),loi n° 98/022 du 24 décembre 1998 régissant le secteur de l’électricité
145
Art. 135(1-2), loi n° 98/023 du 24 décembre 1998 portant régime de l’aviation civile
146
Cass. Crim., 16 mars 1989 :D. 1989, 515.
60
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

CONCLUSION DU PREMIER CHAPITRE

En conclusion, les PV d’officiers publics en matière civile et ceux d’infractions


spéciales et contraventionnelles bénéficiant d’une force probante légale lient le juge et par
conséquence, constituent un contrepoids à son intime conviction. Ils alors absolument
recevable en l’absence de contestations. Cette recevabilité de principe conduit
inéluctablement à des conséquences sur l’administration de la preuve, par le renversement ou
le déplacement de la charge initiale de la preuve.

61
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

CHAPITRE II : LA FORCE PROBANTE DES


PROCES-VERBAUX

62
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

Degré de valeur donné à un mode de preuve, la force probante d’un PV désigne son
autorité, son aptitude à servir comme moyen de preuve. Le lexique des termes juridiques le
définit comme l’efficacité d’un moyen de preuve. Le lexique ajoute que l’acte sous signature
privée fait foi entre les parties, sauf en cas de vérification d’écriture qui peut aboutir à la
constatation judiciaire du fait que le défendeur n’a pas réellement signé le document. Quant’ à
l’acte authentique, il fait foi jusqu’à inscription en faut de sa réalité et des constatations de
l’officier public. Sa force probante est donc supérieure à celle qui est attachée à l’acte sous
seing privé. Mais cette supériorité ne s’attache qu’aux énonciations correspondant aux
constatations personnelles de l’officier public ; celle qui ne relate que les dires des parties ne
valent que jusqu’à preuve contraire147. Cependant. Ainsi, un écrit authentique ou sous seing
privé fait foi entre les parties, même de ce qui n’y est exprimé qu’en terme énonciatifs,
pourvu que les énonciations aient un rapport direct à la disposition. Les énonciations
étrangères à la disposition ne peuvent servir que d’un commencement de preuve par écrit148. Il
se dégage donc clairement que le PV selon le cas peut être un acte authentique, un écrit sous
seing privé ou un commencement de preuve par écrit. De toutes les façons, les juge a un
pouvoir énorme dans la détermination de la force probante. Car non seulement, il peut décider
du rejet des PV de force probante légale à l’issue d’une contestation (SECTION II) mais
dispose également la liberté d’appréciation de la force probante des autres PV (SECTION I).

SECTION I : la force probante des procès-verbaux laissée à libre appréciation du


juge.
Le système de preuve libre est renommé dans le monde entier depuis la révolution
française. C’est un système de preuve qui s’oppose à la preuve légale149. Cependant, une
question mérite d’être posée ici, celle de savoir, est-ce que le système de preuve libre est’ il
équivaut à l’intime conviction ? La réponse est évidemment négative, car, la notion système
de preuve libre est plus large que celle de l’intime conviction. Il est constitué de trois
éléments : la liberté de la recherche des preuves, la liberté de la production des preuves et la
liberté d’appréciation des preuves ou intime conviction. La liberté d’appréciation des preuves
signifie que le juge peut accorder aux éléments de preuve, la valeur et le poids qu’ils méritent
à ses yeux150. En réalité, lorsqu’il statue sur les circonstances de fait, sa décision échappe au

147
Lexique des termes juridiques, Paris, Dalloz, 25e éd., 2017- 2018.
148
Art. 1320, C. Civ.
149
C. WANG, Encadrement de la liberté de la preuve dans la procédure pénale : Etude comparée France-Chine,
Thèse, Université de Bordeaux, 497 p.
150
A-M. LAROSA, Juridiction pénale internationale, La procédure et preuve, Paris, PUF, 2003, 507p.
63
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

contrôle des juridictions de cassation, on parle alors d’un pouvoir d’appréciation souveraine.
Cette souveraineté comporte le pouvoir souverain d’appréciation dans la qualification des
faits ; le pouvoir d’appréciation dans la valeur de la preuve et le pouvoir d’appréciation de la
décision. Elle se manifeste distinctement en matière pénale et civile. Dans ce dernier cas, le
juge est lié à la loi dans l’appréciation des actes juridiques et même de certains faits juridiques
à l’instar des naissances, du mariage, et des décès. Par contre, dans le premier, où il s’agit de
prouver les faits matériels et psychologiques, le juge apprécie librement le PV avant de lui
attribuer une force. C’est dans ce sens que le CPP précise que les PV dressés par les OPJ, sauf
disposition contraire de la loi ont valeur de simple renseignement151. Cette liberté
d’appréciation du juge est encadrée par plusieurs principes, en l’occurrence le principe
dispositif et le contradictoire (paragraphe I), qui sont préalables à l’intime conviction
(paragraphe II).

Paragraphe I : Le principe dispositif et le contradictoire préalables

L’article 310(2) du CPP précise que la décision du juge ne doit être influencée ni par
la rumeur publique, ni par la connaissance personnelle qu’il aurait des faits objet de la
poursuite, mais plutôt sur les preuves administrées au cours des débats152. Dans le même ordre
d’idées, l’article 94 du CPCC ajute que la liste des pièces dont l’une des parties entendra faire
usage sera mentionnée dans ses conclusions ou mémoires. La partie adverse pourra même par
lettre, demander communication des dites pièces. Celles-ci seront déposées et communiquées
sans déplacement au greffe de la juridiction saisie153. Ces deux dispositions soulèvent
indéniablement les règles liées aux principes du dispositif(A) et à celui du contradictoire(B)

A- Le respect du principe dispositif

D’après le lexique des termes juridiques, c’est un principe selon lequel les parties à un
procès civil ont la pleine maîtrise de la matière litigieuse. Il a pour corollaire le principe
d’indisponibilité de la matière litigieuse pour le juge. Dans la conception originaire, il résulte
que les parties ont la maîtrise des faits dans le procès et le juge, le droit. C’est le sens de la
maxime « Da mihi factum, tibi dabo jus », qui signifie, donne-moi le fait, je te donnerai le
droit. Au sens large, il exprime aussi l’idée que l’instance est à la disposition des plaideurs qui
sont souverains quant’ à son déclenchement, son déroulement et son extinction. Relativement
à ce dernier point, il se dégage clairement que dans un procès civil, lorsque les parties

151
Art. 91, CPP.
152
Art. 310(2), CPP.
153
Art. 94, CPCC.
64
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

trouvent un consensus à leurs différends, la conviction du juge ne jouera plus. Ce principe


directeur du procès civil définit également le rôle des parties et celui du juge au cours du
procès. Il concerne le pouvoir qu’ont les parties de déterminer devant le juge la cause et
l’objet de l’action qui les opposent. Concernant la cause de la demande, elle correspond aux
faits à l’origine du litige, aux circonstances de fait invoquées en vue d’établir le droit subjectif
par laquelle se traduit juridiquement la prétention soumise au juge154.

Quant à l’objet, il peut se définir comme la réclamation d’un résultat social ou


économique155. Indépendamment de toute coloration juridique. Le doyen Cornu était clair sur
ce point : « la matière du procès est aussi la chose des parties, puisqu’il leur appartient de
déterminer l’objet du litige par leur prétentions et d’alléguer les faits propres à les fonder156.
Le principe dispositif a aussi pour corollaire le principe d’immutabilité du litige. Principe qui
interdirait aux parties de modifier les éléments de fait dans le cadre du procès157. Ainsi
circonscrit, le principe dispositif commande tout d’abord que le juge reste dans le cadre des
faits tracés par les parties, ce qui veut dire qu’il ne peut d’office en évoquer d’autres. Ensuite
qu’une requalification juridique de la cause à laquelle il peut et même doit le cas échéant doit
nécessairement se faire dans le respect dit principe, creuset du droit de la défense158, donc le
juge en matière civile doit se soumettre aux déclarations que les parties consignent dans le
PV. Il ne peut donner au PV un autre sens que celui voulu par les parties. En d’autres termes,
la faculté reconnue au juge de donner l’exacte qualification aux faits et actes litigieux a pour
limite la possibilité reconnue aux parties de renoncer au droit dont elles ont la libre
disposition.

B- Les débats contradictoires préalables pour prouver le contenu du procès-verbal.

Les preuves administrées au cours des débats doivent satisfaire au principe du


contradictoire. Ce dernier selon le lexique des termes juridique désigne un principe naturel de
l’instance en vertu duquel toute personne doit être informée de l’instance d’un procès engagé
contre elle et doit être en mesure de discuter librement les prétentions, les arguments et les

154
H. MOTULSKY, « La cause de la demande dans la délimitation de l’office du juge », in Ecrits et notes de
procédure civile, op. cit., p. 101.
155
E. GLASSON et A. TISSIER, Traité théorique et pratique de l’organisation judiciaire, de compétence et de
procédure civile, Paris, Librairie du Rec. Sirey, t.2., 3 eme éd., 1926 p. 656.
156
G. CORNU, « Les principes directeur du procès civil par eux-mêmes, in Etude offertes à Pierre Bellet, Litec,
1991, P. 83.
157
F. BRUS, Le principe dispositif et le procès civil, Thèse, Université de PAU et des PAYS DE l’AMOUR,
2014, 423p.
158
G. CLOSSET-MARCHAL, « Les pouvoirs respectifs du juge et les parties dans la détermination de l’objet et
de la cause de la demande ». RGDL, 2002, p. 447.
65
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

preuves de son adversaire. Le respect de celui-ci est la condition indispensable de la liberté de


la défense. Le juge doit en toutes circonstances observer et faire observer ce principe. Il ne
peut dans ce cas retenir sa décision que les explications qu’ils a recueillies contradictoirement
et ne peut fonder sa décision sur les moyens de droit qu’il a relevés d’office sans avoir au
préalable invité les parties à présenter leurs observations. Le respect du contradictoire est un
principe qui s’impose à tous les stades de la procédure159. L’alinéa 2 l’article 310 du CPP,
relève deux choses : une interdiction et une prescription.

S’agissant de la première, il ressort que, la décision du juge ne doit pas être influencée
par la rumeur publique ou connaissances personnelle qu’il a des faits. L’influence vient du
mot latin « influere » qui signifie pénétrer, se glisser. Autrement dit c’est le fait d’agir sur
quelque chose ou quelqu’un en suscitant des modifications d’ordre matériel ou physique. Le
juge doit donc éviter d’être pénétré par la rumeur publique, c’est-à-dire par l’opinion du grand
nombre, par des nouvelles rependues dans le public. Il ne doit non plus être pénétré par ses
idées ou ses propres connaissances sur l’affaire.

En revanche, la deuxième exige plutôt au juge de ne considérer que des preuves


administrées au cours des débats. En d’autres termes, il doit respecter le principe dispositif et
la contradiction. Par rapport au dispositif, il interdit au juge de statuer « infra petita »
ou « ultra petita », autrement dit, il ne doit pas aller en dessous ou au-delà des faits objet du
litige. En clair, le juge doit laisser les déterminer librement le contenu du litige car, c’est les
parties qui disposent le procès, elles doivent prouver les faits évoqués pour soutenir leurs
prétentions. Son rôle du juge est de rechercher la règle de droit applicable, la loi lui impose de
statuer sur le litige qui lui est soumis. Le principe du contradictoire, garantit à chaque partie le
droit de prendre connaissance des arguments de fait, de droit et des preuves à partir desquelles
elle sera jugée. Ce principe est institué au procès pénal camerounais par la prise en compte de
trois éléments au cours des débats : « l’éxamination in chief », la « cross-examination » et la
« ré-examination ». En effet, l’article 331(1) du CPP indique l’interrogatoire d’un témoin par
la partie qui l’a fait citer qui est appelée « examination in chief ». L’alinéa 2 quant’ à lui
ajoute que l’interrogatoire d’un témoin par une partie autre que celui qui l’a fait citer est dit
« cross-examination ».

159
E. DREYER et O. MOUYSSET, Procédure pénale, collection Cours, LMD., 2e éd., 2016, P. 438.
66
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

Enfin, l’alinéa 3 précise que l’interrogatoire après la « cross-examination », d’un


témoin par une partie qui l’a fait citer, est appelé « ré-examination »160. Ce jeu
d’interrogations contraint les parties à communiquer et à discuter les unes aux autres les
éléments contenus dans le PV. Grace à la technique de l’examination in chief, les OPJ
devraient être présents à l’audience pour justicier et soutenir le contenu de leurs PV parce
qu’ils sont les premiers témoins du Ministère Public. Une partie à l’infraction a le droit
d’exiger la présence du rédacteur du PV à l’audience pour donc élucider ses constatations.
C’est la principale exigence du principe du contradictoire. Dès lors, le juge pourra apprécier
librement les preuves produites et décider selon la loi et son intime conviction.

Paragraphe II : L’intime conviction comme la liberté d’appréciation des PV par le juge

Les PV en matière criminelle et délictuelle ont une valeur de simple renseignement.


Cette valeur diminuée participe de la préservation de la présomption d’innocence et la
garantie de la liberté du juge. Cette liberté d’appréciation du juge a pour corollaire l’intime
conviction. Consacrée à l’article 310(1), du CPP qui dispose que : « le juge décide d’après la
loi et son intime conviction »161. Le recours à l’intime conviction est aussi une conséquence
du choix législatif d’une preuve libre. Bien que l’intime conviction soit associée à la matière
pénale, elle est consubstantielle à la liberté d’appréciation du juge et se déploie donc dans la
matière civile. La compréhension de ce principe nous exige de donner des précisions sur la
signification de l’intime conviction(A), avant de se pencher sur son domaine(B).

A- De la signification de l’intime conviction

L’intime conviction est constituée de deux mots : intime et conviction. Le premier,


superlatif du mot latin « interior » qui signifie le plus en dedans de nous-mêmes, le plus
secret. Le second vient de convaincre. C’est le sentiment intérieur, la certitude de la
culpabilité ou de la non culpabilité. Ceci étant, l’intime conviction ne se résume pas à une
impression, mais demande de passer au crible de la raison toutes les composante du dossier,
chaque élément de preuve chaque moyen de défense162. A vrai dire, la notion d’intime
conviction n’est pas définie dans les textes. Elle est héritée dans sa conception moderne de la
révolution française et de la création du jury populaire163.Il porte ainsi en lui de nombreuses

160
Art. 331, CPP.
161
Art. 310(1), CPP.
162
J.M FAYOL-NOIRETERRE, «L’intime conviction fondement de l’acte de juger », in Information sociale,
2005/7.
163
C. TOURNIER, L’intime conviction du juge, éd. PUAM, collection Laboratoire de théorie juridique,2003, p.
37 et S.
67
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

contradictions. Gorphe écrit que le système de l’intime conviction vise, au moment de la


révolution à mettre un terme au système de preuves légales, pour se fier au verdict du sens
commun, en émanation de la raison individuelle en même temps que de la souveraineté
populaire164. Il cite Tarde qui en évoquant l’avènement du jury en Europe, parle de la
« foi optimiste à l’infaillibilité de la raison individuelle » et de la révélation présumée du vrai
par la conscience non éclairée et non raisonnable165. La conception contemporaine de l’intime
conviction est différente de l’idée révolutionnaire. Ici, il s’agit d’une conviction raisonnée,
celle d’un juge professionnel, qui tranche sans passion. Par ailleurs, deux thèses s’affrontent
actuellement à savoir, celle liée au critère de la certitude et celle relative à la vraisemblance.

Concernant la certitude, il participe de l’interdiction au juge de fond, de fonder sa


décision sur des motifs dubitatifs ou hypothétiques relativement à un PV. En droit pénal
camerounais, le doute peut résulter de plusieurs situations entres autres, la fiabilité de
l’interprète. Ce dernier peut dénaturer les dires d’un plaignant ou du suspect qui ne sait ni lire
ni écrire ni s’exprimer dans l’une des langues officielles ou d’un prévenu sourd-muet, car la
loi dispose que lorsqu’un témoin ne s’exprime pas dans l’une des langues officielles comprise
du greffier ou du juge d’instruction, ce dernier peut faire appel à un interprète 166. Dans le
même ordre d’idées, si le prévenu est sourd-muet et ne sait pas écrire, le Président de la
juridiction désigne d’office un interprète qui peut converser avec lui167.

Cependant, ces interprètes peuvent dénaturer les faits, installant le doute ou une
incertitude dans l’esprit du juge. Dans ces cas, le juge du fond doit considérer les éléments de
preuve du PV comme insuffisants et rejeter les prétentions qui prennent appui sur ce dernier.
Mais la doctrine majoritaire n’adhère pas à la thèse de l’assimilation entre intime conviction
et certitude. Selon de nombreux auteurs, le critère qui emporte la conviction du juge est celui
de la vraisemblance168.C’est ainsi que dans sa thèse, Jean Devèse écrit que : « la charge de la
conviction a un critère unique : la vraisemblance »169. Cette thèse s’appuie sur l’opinion selon
laquelle la charge de la preuve n’impose pas au plaideur la preuve complète de sa prétention,
mais simplement de mettre de son côté la vraisemblance. En prenant l’exemple en matière
pénale du PV de transport constatation d’un OPJ ou d’un juge d’instruction, il faudrait que les

164
F. GORPHE, L’appréciation des preuves en justice, essaie d’une méthode technique, Paris, Sirey, 1947, p. 17.
165
G. TARDE, Philosophie pénale, Paris, éd. Hachette, Bnf, 5e éd., 1900, p. 435.
166
Art. 183(1-a), CPP.
167
Art. 357, CPP.
168
E. VERGES, G. VIAL et O. LECLERC, Droit de la preuve,Paris, PUF, « Thémis Droit », 2015, p. 437.
169
J. DEVESE, Contribution à l’étude de la charge de la preuve en matière civile, Thèse, Université de
Toulouse, 1980, 454 p.
68
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

constatations consignées dans le PV soit vraisemblables. Pareillement en matière civile, les


constatations d’un huissier de justice doivent être vraisemblables au sinistre constaté pour
pouvoir emporter la conviction du juge. Finalement, certains auteurs ont pensé à une
conciliation entre certitude et vraisemblance. Ils évoquent l’idée d’une certitude morale. Cette
notion s’étend du degré de certitude suffisant pour les besoins de vie pratique qui ne laissent
précisément plus place au doute raisonnable170.

B- Des domaines d’appréciation souveraine des procès-verbaux

Le domaine de la libre appréciation des PV n’est pas relatif aux faits ou aux actes
juridiques. Il n’est non plus relatif à la nature du contentieux. La liberté d’appréciation des PV
s’applique devant toutes les juridictions. Ainsi, se pose une question à savoirs, la liberté
d’appréciation ou intime conviction du juge s’applique t’elle aux PV dans tous les domaines ?
La réponse à cette question est nuancée. De fait, il s’agit principiellement en matière pénale
de la libre appréciation des PV d’infractions criminelles et délictuelles du code pénal, des PV
non authentiques et ceux qui sont authentiques, mais contestés en justice. Cette liberté est
exceptionnellement dominée par le régime de la preuve légale.

Relativement à la libre appréciation, elle est consacrée au pénal, mais étant


consubstantielle au pouvoir du juge, elle s’applique également en matière civile. A cet effet, la
loi pénale dispose que les PV de la police judiciaire n’ont qu’une simple valeur de
renseignement. Il s’agit non seulement des PV des OPJ à compétence générale et spéciale,
mais également des PV des officiers publics à l’instar de l’huissier de justice ou du notaire qui
font pourtant foi en matière civile. Pareillement, en matière civile, les PV non authentiques et
les PV authentiques, faisant l’objet des contestations, sont également laissés à l’appréciation
souveraine du juge. La jurisprudence française abonde dans ce sens. La chambre criminelle
de la Cour de cassation vise expressément le principe de liberté et son équivalent, l’intime
conviction. Elle affirme ainsi que « les juges apprécient librement la valeur des éléments de
preuve qui leur sont soumis et se décident d’après leur intime conviction »171.

Quant à l’exception, elle concerne les PV des officiers publics dans les affaires civiles,
les infractions spéciales et contraventions pénales qui font toujours foi des constatations
matérielles. C’est dans ce sens que l’article 36(1) du Décret n° 95 / 034 du 24 février 1995
portant statut et organisation de la profession de notaire indique que les actes notariés font

170
P. KINSCH, « Entre certitude et vraisemblance, le critère de la preuve en matière civile », in Mélanges
Wiederkehr, Paris, Dalloz, 2009, p.455.
171
Cass. Crim., 3 févr. 1992, n° 91-81.426
69
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

pleine foi, en justice de la convention qu’ils renferment entre les parties contractantes et leurs
héritiers ou ayant cause. Dans la même logique, l’article 142(2) la loi n° 94-01 du 20 janvier
1994, portant régime des Forets, de la Faune et de la Pêche précise que le PV rédigé et signé
par l’agent assermenté fait foi des constatations matérielles qu’il relate jusqu’à inscription en
faux. De la même façon, les PV des contraventions font foi des constatations matérielles. Le
PV en matière contraventionnelle est très souvent l’unique base dans la décision judiciaire.
C’est le cas lorsqu’une contravention est commise au cours d’une audience, le Tribunal dresse
sur le champ le PV des faits, entend le Ministère Public, puis172 statue. Dans tous les cas, ces
PV lient le juge et constituent un véritable obstacle à son intime conviction. Par ailleurs, il
existe des cas où dans un même contentieux et pour un même objet de preuve, le juge peut
être alternativement lié par une preuve et libre d’en apprécier une autre. Par exemple, si une
partie produit un écrit sous seing privé au soutient d’une demande en exécution d’un contrat,
le juge est lié.

A l’inverse, si la même partie ne produit qu’un commencement de preuve par écrit


corroboré par un témoignage ou des présomptions, le juge est libre d’apprécier ces preuves.
Conséquence, même dans un domaine où l’admissibilité des preuves est légale, l’appréciation
qu’en fait le juge est déterminée par la nature des preuves produites173.

SECTION II- La force probante des procès-verbaux anéantie par le succès des
contestations
Dérivé du Latin « contestari » qui signifie prendre à témoin, la contestation désigne
l’action de contester, de nier une chose comme étant réelle ou juste, de mettre en discussion
ce que quelqu’un revendique. Dans la terminologie juridique, il s’agit de mettre quelque chose
en cause, de discuter quelque chose. Dès lors, la contestation de la preuve par procès-verbal
est la remise en cause du contenu, de la véracité, de l’exactitude des éléments du PV. Elle
peut se manifester de deux manières, à savoir, la contestation a prioriou à postéori. La
contestation a priori se manifeste avant le début de la rédaction du PV ou sa clôture. Dans ce
cas, la partie contestante refuse de déclarer ou de signer. Par contre, la contestation dite à
postéori, soulève une dualité d’alternative. Soit, les parties consentent et participent
normalement à la rédaction d’un PV qu’elles signent en toute confiance, mais par après se
rendent compte de certaines incohérences. Soit, un PV régulièrement rédigé par un auxiliaire
de justice contre une partie est soupçonné d’être vicié par un faux matériel ou intellectuel. On

172
Art. 624(a), CPP.
173
E. VERGES, G. VIAL et O. LECLERC, Droit de la preuve,Paris, PUF, « Thémis Droit », 2015, p. 435.
70
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

dit qu’il est matériel lorsque le faux affecte matériellement la pièce incriminée. Il s’agit
notamment de la contrefaçon, de la fabrication, d’altération d’écriture ou de signature, de
ratures, surcharges, changements, suppression ou addition, de grattage de mots, de lettres et
de chiffres. Et par faux intellectuel, on entend le faux commis sur le contenu ou la teneur de
l’acte en l’occurrence, la constatation des faits faux, la falsification de la pensée, du
consentement ou de la volonté des parties. Dans tous les cas, le droit positif a prévu deux
mécanismes de contestations dont le succès entraine le rejet du PV : l’inscription en faux pour
les écrits authentiques (paragraphe I) et la vérification d’écriture pour les actes non
authentiques (paragraphe II).

Paragraphe I : L’anéantissement de la force probante du procès-verbal authentique par


le succès de la procédure d’inscription en faux

L’article 1319 du code civil indique que l’acte authentique fait pleine foi de la
convention qu’il renferme entre les parties contractantes et leurs héritiers ou ayant cause.174
L’alinéa 2 du même article ajoute que : « néanmoins, en cas de plainte en faux principal,
l’exécution de l’acte argué de faux sera suspendue par la mise en accusation, et en cas
d’inscription en faux faite incidemment, les tribunaux pourront, suivant les circonstances,
suspendre provisoirement l’exécution de l’acte ».il se dégage clairement dès lors que la
contestation d’un acte authentique faisant foi jusqu’à inscription en faux à l’instar des pv
étudiés dans le cadre de cette contribution se fait par la procédure d’inscription en faux
principal(A) ou incident(B).

A- L’inscription de faux principal

L’inscription de faux est qualifiée de principal lorsqu’elle est sollicitée en dehors de


toute instance. C’est en fait une procédure particulière qui permet d’établir qu’un acte
authentique est faux. Elle est pénale et permet de remettre en cause l’acte authentique par la
suspicion de la personne du rédacteur. Pour ce faire, la fausseté de l’acte dans ce cas étant liée
aux vices intentionnels de l’officier public instrumentaire. Concrètement c’est ce dernier qui
est visé dans le cadre de cette procédure. Cette dernière comporte trois phases essentielles
dont son déclenchement, son dénouement et son issue. En ce qui concerne son
déclenchement, il est formé par un acte déposé au greffe de la juridiction compétente par la
partie ou son mandataire. L’acte établi en double exemplaire, doit à peine d’irrecevabilité
articuler avec précisions les moyens que la partie invoque pour établir le faux. L’un des

174
Art. 1319(1) cc
71
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

exemplaires est versé au dossier de l’affaire et l’autre, daté et visé par le greffier, est restitué à
la partie en vue de la dénonciation de l’inscription au défendeur. Cette dénonciation doit être
notifiée par voie d’huissier. Quant à La seconde phase, elle s’intéresse d’une part à la charge
de la preuve. Dans ce cas, le code de procédure civile indique qu’il incombe à la partie qui
soutient la fausseté d’un acte authentique, de prouver que la pièce est fausse ou falsifiée.175

D’autre part, elle est censée sur la vérification de l’authenticité du document. Ici, on se
sert le plus souvent d’un écrit authentique similaire pour faire une comparaison. C’est dans
cette logique que l’article 320 du CPP énonce qu’ : « en cas de contestation sur l’authenticité
d’un document, le tribunal peut le comparer avec un autre dont l’authenticité n’est pas
contesté.176 » enfin, la troisième est liée aux aléas de l’issue de cette procédure. De facto, son
issue est un avantage pour l’une des parties et un inconvenant pour l’autre. En cas de succès
de l’inscription en faux, le rédacteur des mentions mensongères encourt des poursuites
pénales pour faux dans un acte. C’est le sens que l’article 144 du code pénal camerounais
dispose que : « est puni d’un emprisonnement de dix (10) à vingt (20) ans et d’une amende de
trois cent mille (300 000) à trois millions (3 000 000) de francs, le fonctionnaire ou agent
public qui contrefait ou altère, soit dans sa substance, soit dans les signature, date et
attestation, un acte ou écrit qu’il a le devoir d’établir, de recevoir, de constater ou de notifier
». Les mêmes peines sont applicables à celui qui fait usage à un PV ainsi contrefait ou altéré.
En plus, un tel écrit sera frappé de nullité. Lorsque les poursuites pénales sont engagées contre
les auteurs ou complices du faux, il est sursis au jugement civil jusqu’à ce qu’il ait été statué
au pénal, à moins que le principal puisse être jugé sans tenir compte de la pièce arguée de
faux ou qu’il y ait eu, sur le faux, réconciliation ou transaction.

En revanche, cette procédure est périlleuse car, son échec est susceptible de donner
lieu aux sanctions contre le demandeur fantaisiste. Cette dernière peut se voir assigné au
paiement des dommages et intérêt. Pire encore sa responsabilité peut être engagée pour
dénonciation calomnieuse. C’est le sens de l’article 304(1) du code pénal qui indique
que : « est puni d’une peine de six(06) mois à cinq(05) ans et d’une amende de dix milles(10
000) à un million(1 000 000) de francs, celui qui fait à une autorité publique ou privée une
dénonciation fausse et susceptible d’entraîner des sanctions soit pénales, soit disciplinaires, à
moins qu’il ne prouve qu’il avait de bonnes raisons de croire aux faits dénoncés». Cependant,
si à la suite de la dénonciation pour altération frauduleuse d’un PV authentique, une poursuite

175
Art. 99, CPCC
176
Art. 320(1), CPP
72
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

pénale est engagée devant une juridiction de jugement, il est sursis à la poursuite du chef de
dénonciation jusqu’à décision définitive.177

B- L’inscription de faux incident

L’inscription de faux est dite incidente lorsqu’elle est soulevée à l’occasion d’une
instance déjà engagée, au cours de laquelle un écrit authentique, produit à titre de preuve est
argué de faux. Cette procédure relève de la compétence du juge judiciaire saisi du litige au
fond des juridictions de droit commun178. Les juridictions d’exception ne peuvent connaître de
l’inscription de faux, il leur appartient de surseoir à statuer jusqu’au jugement sur le faux, sauf
si elles sont en mesure de trancher le litige sans tenir compte du PV contesté.

Cependant, s’il s’agit des PV administratifs et législatifs, la censure s’effectue


respectivement par le moyen du recours pour excès de pouvoir, par le contrôle de légalité et
de constitutionalité. C’est une procédure civile qui se distingue de la plainte pénale de faux
civil déjà examinée au paragraphe précédent. Elle a pour unique but d’établir la fausseté de
l’acte sans égard à la personne qui l’a établi. C’est dans ce sens que la jurisprudence
française a jugé que l’exactitude des mentions des PV des huissiers de justice devrait
s’apprécier en considération de son contenu et non de ses conséquences.179 Cette haute cour
a ensuite posé le principe selon lequel la qualification de faux invoquée à l’égard d’un acte
authentique ne suppose pas la conscience par l’huissier de justice instrumentaire du caractère
inexact des constatations arguées de faux.

Par ailleurs, il convient de distinguer le faux de l’erreur matérielle. Cette dernière en


réalité peut résulter des omissions soit du rédacteur ou même son secrétaire. Tandis que le
faux pour être constitué nécessite non seulement une altération frauduleuse de la vérité de
nature à causer un préjudice, mais également une discordance entre les énonciations de l’acte
et la réalité. On distingue dès lors deux types de faux à savoir, le faux peut être matériel ou
intellectuel. Dans le premier cas, il s’agit de la falsification d’une mention, alors que dans le
second, c’est la contrariété d’une mention à la vérité. La fausseté d’un PV doit s’apprécier
beaucoup plus en considération de la véracité des énonciations. La jurisprudence indique
justement dans ce sens que la fausseté d’un acte dressé par un huissier de justice ne doit pas

177
Art. 304(3) CP
178
Art. 100, CPCC
179
Cass.2e Civ, 25 fév. 2016, n°14-23.363
73
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

s’apprécier à l’aune de la validité de l’acte ou de son efficacité sur le plan juridique, mais
uniquement au regard de la véracité des énonciations qu’il contient.180

Paragraphe II : L’anéantissement du procès-verbal sous-seing privé fondé sur le succès


de la vérification de la vérification d’écritures

Un PV sous signature privé ou sous seing privé est un PV rédigé par les parties
concernées ou par un tiers n’agissant pas en tant qu’officier public. Il n’est soumis à aucune
formalité en dehors de la signature. Sa valeur concerne particulièrement les personnes l’ayant
rédigé. Cela revient alors à dire qu’en cas de contestation, il incombe à la partie qui veut en
faire usage d’un tel écrit de prouver. C’est dans ce sens que la loi précise que si l’une des
parties allègue la fausseté d’un acte sous seing privé, il appartient à celui qui entend en faire
usage d’en prouver.181 La contestation désigne l’examen d’un acte sous seing privé ordonnée
par un juge afin de déterminer si l’écrit en cause a été rédigé par la personne à laquelle il est
attribué. Elle donne lieu à une procédure de vérification d’écriture. L’allégation d’une
fausseté peut dès lors donner lieu à la procédure de vérification d’écriture(A) ou celle de
faux(B)

A- La vérification de l’écriture d’un procès-verbal

Aux termes de l’article 1324 du Code Civil, lorsqu’une partie à laquelle le PV sous
signature privé est opposé, ne reconnais pas son écriture ou sa signature, le juge doit ordonner
une vérification d’écriture.182 Cette procédure est réglementée par l’article 320(2) du Cpp.
Cette vérification d’écriture envisagée par le code civil, peut être demandée de deux manières,
dont à l’occasion d’une instance engagée ou en dehors de toute instance.

Dans le premier cas, on parle très souvent de vérification d’écriture à titre incident.
Cette procédure relève de la compétence du juge saisi du principal. Elle peut également être
ordonnée par le juge des référés, « dès lors que la contestation n’est pas sérieuse »183.
L’ouverture de cette procédure résulte de la simple dénégation de l’écriture par l’une des
parties. Cette vérification est obligatoire pour le juge, à moins qu’il ne puisse statuer sans tenir
compte de l’écrit dont l’origine est contestée, ou déterminer lui-même la sincérité de l’écrit.
Afin de procéder à cette vérification, le tribunal peut demander à toute personne présente à
l’audience, lorsqu’elle a été mise en cause par l’une des parties, d’écrire quelques mots ou

180
Cour Appel de versailles, 20 nov. 2003, n°02/04993
181
Art. 98, CPCC
182
D. CHOLET, « Vérification d’écriture », Répertoire procédure civile, V°, Dalloz, 2013.
183
Cass. Civ. 1, 27 juin 2000, n° 98-19.726.
74
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

quelques chiffres, ou d’apposer ses empreintes digitales, en vue d’une comparaison avec les
mots, chiffres ou empreintes digitales qui lui sont attribués. La juridiction peut également
ordonner une expertise graphologique. Le juge peut en cas de nécessité, décider de la
comparution des parties, de l’audition des témoins, ainsi que de toute autre mesure
d’instruction qu’il estime utile à la manifestation de la vérité. S’il s’agit d’un PV sur support
électronique, la dénégation de l’écriture ou de signature par les parties impose aussi au juge
de mettre en œuvre la procédure de vérification184.

Dans le second cas, la vérification d’écriture peut résulter d’une demande formée à
titre principal, c’est-à-dire en l’absence de toute instance judiciaire. Ici, l’une des parties veut
voir reconnaitre par prévention, la sincérité de son écrit.

B- Le faux

Un PV sous signature privée est qualifié de faux lorsqu’il a été rédigé ou modifié de
manière frauduleuse. Le faux est alors dit matériel, seul celui-ci est concerné par cette
procédure. Le faux est par ailleurs, dit intellectuel lorsque l’écrit contient des fausses
déclarations, il est alors combattu par une action en nullité pour dol. De cette définition de
faux, se dégage deux hypothèses de faux : celui du rédacteur et quiconque s’engagerait à
falsifier le PV. Relativement à la première, le rédacteur agit en réalité sciemment,
volontairement avec l’intention que ses agissements produisent un effet qui lui sera profitable.

Par ailleurs, pour la deuxième hypothèse, il peut s’agir du rédacteur ou toute autre
personne qui s’engage à apporter des modifications fallacieuses au PV, ou changer son
contenu. Cette contestation peut être réalisée à l’occasion d’une instance déjà engagée, dans
laquelle l’écrit est produit à titre de preuve, on parle d’incident de faux. Celui-ci obéit aux
mêmes règles que la vérification d’écriture, car le juge a l’obligation de procéder à l’examen
de l’écrit litigieux185, sauf s’il peut statuer sans en tenir compte. En plus, il peut demander à la
partie concerner la production de tout document dont la comparaison avec le document
litigieux lui semble utile186.

En revanche, le faux en écriture privée peut également donner lieu à une instance
spécifique. Dans ce cas, il est demandé à titre principal. La procédure qui est purement civile,
elle débute par l’assignation de la personne susceptible d’utiliser l’écrit argué de faux cette

184
Cass. Civ. 1, 30 sept. 2010, n° 09-68.555.
185
Cass. Civ. 2, 30 juin 2011, n° 10-14.600
186
Cass. Civ. 2, 15 mars 1995, n° 93-16.333.
75
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

assignation doit en principe comporter les moyens de faux et faire sommation au défendeur de
déclarer qu’il entend ou non faire usage de l’écrit supposé faux. De toutes les façons, en cas
de succès de ces contestations, le PV sera frappé de nullité et rejeté. En plus les auteurs de ce
faux sont susceptibles des poursuites judiciaires pour faux en écriture privée ou de commerce.
Par conséquent, le droit pénal camerounais dispose dans ce sens que : est puni d’un
emprisonnement de trois (3) à huit(8) ans et d’une amende de cinquante mille(50 000) à un
million(1 000 000) de franc, celui qui contrefait ou falsifie une écriture privée portant
obligation, disposition ou décharge soit dans la substance, soit dans la signature, date ou
attestation. Les mêmes peines sont applicables à celui qui fait usage d’un tel document187.

CONCLUSION DU DEUXIEME CHAPITRE :

Pour conclure, on dira que le PV est l’un des rares modes de preuve qui s’inscrit aussi
bien dans le système de preuve légale et de preuve libre. Mais dans les deux cas, le juge reste
titulaire du pouvoir d’appréciation sa force probante. De fait, il a la liberté d’appréciation de
la force probante de tous le PV dépourvus de force légale. Quand même l’écrit bénéficie
d’une telle force, le juge a toujours la légitimité en présence de contestations d’anéantir la
force initiale du PV et le cas échéant le rejeter.

187
Art. 314(1-3), CP.
76
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

CONCLUSION DE LA DUEXIEME PARTIE :

Pour terminer, on constate l’ambivalence du régime de la preuve par PV est liée à sa


force probante qui oscille entre preuve légale et preuve libre. Cette opposition de force
probante conduit à deux conséquences. Premièrement, les PV authentiques et ceux
d’infractions des domaines spécialisés et des contraventions titulaires d’une force probante
légale sont de principe recevables en justice en l’absence de contestations. Par contre en
deuxième lieu, les PV non authentiques ainsi que ceux des crimes et délits de droit commun
sont laissés à la libre appréciation du juge. Dans tous les cas, ce dernier peut décider du rejet
d’un PV dont la contestation est avérée.

77
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

CONCLUSION GENERALE

78
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

L’objet de l’analyse était clair : la preuve par procès-verbal. On s’est proposé de mener
une réflexion sur cette thématique aussi bien en matière civile que pénale.

A l’entame de ce travail, une question relative au statut probatoire a été posée. Sa


réponse a conduit à l’examen de la pluralité des qualifications et de l’ambivalence du régime.

Concernant la pluralité des qualifications, le constat est clair, elle est faite suivant des
critères distincts en matière civile ou pénale. Dans le premier cas, la qualification est relative à
la qualité du rédacteur. Ainsi, le PV authentique est rédigé par un officier public ayant agi
dans le strict respect de la loi. Par contre lorsque la rédaction est faite par un particulier ou par
un officier public en violation la réglementation, L’écrit devient un acte sous seing privé ou
un commencement de preuve par écrit.

Dans le second cas, on constate une évolution. De fait, avant l’actuel code de
procédure pénale, la qualification était relative à la nature de la personne au procès. Ceci
étant, le PV prenait la dénomination de témoignage ou d’aveu Solon qu’il s’agissait d’un tiers
ou d’une partie au procès. Mais depuis le CPP de 2005, la qualification a plutôt trait à la
nature du document. Le PV est une preuve primaire ou de preuve secondaire selon qu’il est
l’original ou la copie. C’est le sens de l’article 313(2a-b) du CPP qui précise justement que
par preuve primaire, on entend l’original d’un document et par preuve secondaire on entend la
copie conforme à l’original et certifiée par une autorité compétente.

Cette pluralité de qualifications conduit forcement à un régime ambivalent. Car, le PV


est l’un des rares modes de preuve qui s’inscrit aussi bien dans le système de preuve libre et
de preuve légale. En d’autres termes sa recevabilité est tantôt laissé à la libre appréciation du
juge, tantôt absolue lorsque la force probante est légale et en l’absence de contestations. Dans
ce dernier cas, il constitue un véritable obstacle à l’intime conviction du juge et devient un
moyen de renversement de la charge de la preuve.

Quant à la liberté d’appréciation, elle a pour corollaire l’intime conviction. Un système


institué pour la preuve des faits juridiques, notamment les crimes et délits de droit commun,
où le juge apprécie et admet le PV selon la loi et son intime conviction, à l’issue des débats
contradictoires.

Cette liberté participe de la démocratisation de la preuve, c’est n’est plus un mode de


preuve qui établit la certitude au contraire, c’est le procès lui-même qui devient le mode
79
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

d’établissement de la certitude.188 C’est dans la même logique que s’inscrit les procédures
particulières contemporaines à l’instar du « Plaider Coupable », une procédure où le juge
s’affranchit des modes de preuve pour s’intéresser uniquement au « oui » du justiciable. Dès
lors, se pose la problématique du statut probatoire du PV. Ainsi, Le Procès-verbal servira t’il
toujours comme instrument de preuve ?

188
C. ROYNIER et M. UNGER, Preuve, droit de la preuve et démocratie, collection Les fondement du droit,
Dalloz-Sirey, 2020,251p.
80
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

ANNEXES

81
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

ANNEXE I : Jugement N° 003/COR du 07/01/2020

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85
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ANNEXE II : Jugement N° 20/SP du 08/09/2020

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BIBLIOGRAPHE

92
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

I- OUVRAGES GENERAUX

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- AURELIEN(L), Les procédures pénales accusatoires, collection colloques, PUF., Paris,
2011, 192p.
- BENTHAM (J), Traité des preuves judiciaires, par Et. Dumont, éd. Bossange Frère, Paris,
2 éd., 1825, t.1, 464p.
-CARBONNIER (J),Droit civil, t.2, la famille, l’enfant, le couple, éd. Jean Carbonnier,
Collection Themis Droit Privé, 21e éd., Paris, PFU,756p.
-COVER(R-M), Le droit dans tous ses états, l’Harmattan, collection Logique Juridique,
2021, 378p.
-DREYER (E)et MOUYSSET (O), Procédure pénale, collection Cours, LMD., 2e éd., 2016,
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- GARSONNET(E), Traité théorique et pratique de procédure, éd., L. Lorose et L. Tenin,
Paris, t. 2, 1898.
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-KEUBOU(P), Précis de procédure pénale camerounaise, presse universitaire d’Afrique,
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-MARTY (G) et RAYNAUD (P), Introduction générale au droit, 2e éd., Paris, Sirey, 1980,
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- MOUYSSET (O) et DREYER (E), Procédure pénale, collection cours LMD et TD, 2e éd.,
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93
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

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- TOURNIER (C), L’intime conviction du juge, éd. PUAM, collection Laboratoire de théorie
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- CORNU (G) Vocabulaire juridique, Association Henri capitant, Paris, P.U.F ,10eed, 2014.
- GUINCHARD (S), DEBARD (T), Lexique des termes juridiques, Paris, Dalloz, 25e éd.,
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- GUILLIEN (R), VINCENT(J), Lexique des termes juridiques, Paris, ed LexisNexis,
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II- OUVRAGES SPECIALISES

-AYNES(A) et VUITTON(X), Droit de la preuve, principe de mise en œuvre processuelle,


éd. LexisNexis 141, rue de Javel 75015 Paris, 2e éd., 2017.
- GORPHE (F), L’Appréciation des preuves en justice, essaie d’une méthode technique,
Paris, Sirey, 1947, 488p.
-GORPHE (F), La critique du témoignage, Paris, Librairie Dalloz, 11e Rue Soufflot, 1924,
218p.
-HELIE(F), Traité des procès-verbaux en matière de délits et contraventions, Paris, Nève,
libraire de la cour de cassation, Palais de justice 19e, 1839, 553p.
-LEVY(J.P), L’apport de l’antiquité au droit de la preuve, Paris, Vol. 23, éd. 1996.
-ROYNIER(C) et UNGER(M), Preuve, droit de la preuve et démocratie, collection Les
fondement du droit, Dalloz-Sirey, 2020,251p.
-VERGES (E), VIAL (G) et LECLERC (O), Droit de la preuve, Paris, PUF, « Thémis Droit »,
2015, 729p.

94
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

III- THESES ET MEMOIRES

- BRUS (F), Le principe dispositif et le procès civil, Thèse, Université de PAU et des
PAYS DE l’AMOUR, 2014, 423p.
- DEVESE(J), Contribution à l’étude de la charge de la preuve en matière civile, Thèse,
Université de Toulouse, 1980, 454 p.
- WANG (C), Encadrement de la liberté de la preuve dans la procédure pénale : Etude
comparée France-Chine, Thèse, Université de Bordeaux, 497 p.
-MICHTA (C), L’Administration de la preuve en droit pénal français, exemple et
pratique de la gendarmerie nationale, Thèse, Université de Strasbourg, 2017, Français, 908 p.
-NZIMA(J.E), L’Officier de police judiciaire dans le code de procédure pénale
camerounais, Mémoire DEA 2006, Université de Douala.
-POUIT(M), Les atteintes à la présomption d’innocence en droit pénal de fond, Mémoire,
université de Paris II Panthéon-Assas, 2013, 120 p.

IV- ARTICLES

- AKAM AKAM(A), « Libre propos sur l’adage nul n’est censé ignorer la loi », R.A.S.J,
Yaoundé 2, vol 4, n°1, 2007, p 51.

- BADINTER (R), « La présomption d’innocence », histoire et modernité, in le droit privé


français à la fin du XXe siècle, Pierre Catala, Paris, Litec, 2001, p. 133-149.
- BONNIER (E), « De la preuve légale devant les tribunaux criminels » Revue de législation
et de jurisprudence, t. 2 janv-juin 1843, p. 330-354.

- BUISSON (J), « Les présomptions de culpabilité », Procédure, déc. 1999, Chr. n° 15.

- CHOLET (D), « Vérification d’écriture », Répertoire procédure civile, V°, Dalloz, 2013.

- CLOSSET-MARCHAL (G), « Les pouvoirs respectifs du juge et les parties dans la


détermination de l’objet et de la cause de la demande ». RGDL, 2002, p. 447.

- CORNU (G), « Les principes directeur du procès civil par eux-mêmes », in Etude offertes à
Pierre Bellet, Litec, 1991, P. 83.

- COSSETTE (L), « Des actes authentiques », revue les cahiers du droit, Vol. 3, n°1, avril
1957, pp. 5-106.

95
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

- DUCHARME(L), « La règle de la meilleure preuve », in Les cahiers de droit, vol. 5, n° 1,


mars 1962, P. 25

- FAYOL-NOIRETERRE (J.M), « L’intime conviction fondement de l’acte de juger », in


Information sociale, 2005/7.

- KINSCH (P), « Entre certitude et vraisemblance, le critère de la preuve en matière civile »,


in Mélanges Wiederkehr, Paris, Paris, Dalloz, 2009, p.455.

- LOMBOIS (C), « La présomption d’innocence », pouvoirs n° 55-droit pénal, 1990, in revue


française d’études constitutionnelles et politiques P. 81 et s.

- MARCHISIO (G), « La règle de la meilleure preuve dans le procès civil », revue de droit
de l’université de Sherbrooke P. 10.

-MOTULSKY (H), « La cause de la demande dans la délimitation de l’office du juge », in


Ecrits et notes de procédure civile, op. cit., p. 101.

96
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

TABLE DES MATIERES

AVERTISSEMENT .....................................................................................................................

DEDICACE ................................................................................................................................. i

REMERCIEMENTS .................................................................................................................. ii

ABREVIATIONS, ACRONYMES ET SIGLES ...................................................................... iii

SOMMAIRE .............................................................................................................................. v

RESUME .................................................................................................................................... v

ABSTRACT ............................................................................. Error! Bookmark not defined.

INTRODUCTION GENERALE................................................................................................ 1

PREMIERE PARTIE : LA PLURALITE DE QUALIFICATIONS DE LA PREUVE PAR


PROCES-VERBAL ................................................................................................................... 9

CHAPITRE I : UNE VERSALITE DE QUALIFICATIONS DU PROCES-VERBAL EN


MATIERE CIVILE .................................................................................................................. 11

SECTION I : La qualification principale : le procès-verbal, un acte authentique ............... 12

PARAGRAPHE I : Les conditions relatives à la forme d’un procès-verbal authentique 13

A- Les conditions communes aux procès-verbaux authentiques ..................................... 13

B- les conditions propres aux procès-verbaux authentiques de certaines administrations


.......................................................................................................................................... 15

PARAGRAPHE II : Les conditions de l’authenticité liées à l’auteur du procès-verbal .. 16

La compétence territoriale de l’officier public ................................................................. 17

A- La compétence matérielle de l’officier public instrumentaire .................................... 18

SECTION II : La qualification subsidiaire : le procès-verbal, un acte non authentique ...... 20

Paragraphe I : La nature sous seing privé du procès-verbal ............................................. 20

A- Les conditions générales applicables à tous les PV sous seing privé ......................... 20

B- Les conditions particulières applicables à certains PV sous seing privé ..................... 22

Paragraphe II : Le procès-verbal, un commencement de preuve par écrite ..................... 23

97
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

A- Les conditions légales d’un commencement de preuve par écrit ................................ 23

B- L’extension jurisprudentielle des personnes visées à l’article 1347(2) ....................... 25

CHAPITRE II : LA DIVERSITE DE QUALIFICATIONS DU PROCES-VERBAL EN


MATIERE PENALE ................................................................................................................ 28

SECTION I : La qualification relative avant l’actuel code de procédure pénale ................. 29

Paragraphe I : Le témoignage, une qualification discutable du procès-verbal avant


l’actuel code de procédure pénale .................................................................................... 30

A- Les règles générales à la preuve testimoniale ............................................................. 30

B- Les règles spéciales à la preuve par attestation ........................................................... 32

Paragraphe II : L’aveu, qualification idéale d’un procès-verbal dans l’ancienne procédure


.......................................................................................................................................... 33

A- Les règles communes à tout type d’aveu .................................................................... 34

B- les règles spécifiques à l’aveu judiciaire et extra judiciaire ........................................ 35

SECTION II : De la distinction désormais faite entre preuve primaire et preuve secondaire


.............................................................................................................................................. 36

Paragraphe I : Distinction faite relativement à leurs natures............................................ 37

A- La nature originelle de la preuve primaire .................................................................. 37

B- Nature dérivée de la preuve secondaire ....................................................................... 39

Paragraphe II : Distinction quant ‘aux critères d’authenticité.......................................... 40

A- L’authenticité d’office de l’original d’un procès-verbal ............................................. 40

B- L’authenticité d’une copie de procès-verbal conditionnée par la certification .......... 42

DEUXIEME PARTIE : L’AMBIVALENCE DU REGIME DE LA PREUVE PAR PROCES-


VERBAL .................................................................................................................................. 45

CHAPITRE I : LA RECEVABILITE DES PROCES-VERBAUX EN JUSTICE .................. 47

SECTION I : La recevabilité de principe de certains procès-verbaux en justice ................. 48

Paragraphe I: La recevabilité quasi-absolue des procès-verbaux authentiques et sous


seing privé ........................................................................................................................ 48

A- Recevabilité absolue des procès-verbaux des huissiers et notaires ............................ 49

98
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

B- Les procès-verbaux des juges comme des décisions judiciaires ................................. 50

Paragraphe II : Recevabilité quasi-absolue des PV en matière répressive ....................... 52

A-recevabilité absolue des procès-verbaux de contraventions et d’infractions spéciales 52

B- Le PV prenant corps avec la décision judiciaire ......................................................... 53

SECTION II : Les conséquences de la recevabilité de la preuve par procès-verbal ............ 54

Paragraphe I : Les PV authentiques, outils de renversement de la charge de la preuve .. 55

A- les constatations d’huissiers de justice ....................................................................... 56

B- les procès-verbaux notariés moyens de renversement de la charge de la preuve........ 57

Paragraphe II : les procès-verbaux modes de déplacement de la charge de la preuve en


matière pénale .................................................................................................................. 58

A- Le déplacement de la charge de la preuve par les PV d’infractions du code pénal .... 58

B- Le déplacement de la charge de la preuve par les PV d’infractions en dehors du code


.......................................................................................................................................... 59

CHAPITRE II : LA FORCE PROBANTE DES PROCES-VERBAUX ................................. 62

SECTION I : la force probante des procès-verbaux laissée à libre appréciation du juge. ... 63

Paragraphe I : le principe dispositif et le contradictoire préalables ................................. 64

A- Le respect du principe dispositif ................................................................................. 64

B- Les débats contradictoires préalables pour prouver le contenu du procès-verbal. ...... 65

Paragraphe II : l’intime conviction comme la liberté d’appréciation des PV par le juge 67

A- De la signification de l’intime conviction ................................................................... 67

B- Des domaines d’appréciation souveraine des procès-verbaux .................................... 69

SECTION II- La force probante des procès-verbaux anéantie par le succès des
contestations ......................................................................................................................... 70

Paragraphe I : L’anéantissement de la force probante du procès-verbal authentique par le


succès de la procédure d’inscription en faux ................................................................... 71

A- L’inscription de faux principal .................................................................................... 71

B- L’inscription de faux incident ..................................................................................... 73

99
LA PREUVE PAR PROCES-VERBAL

Paragraphe II : L’anéantissement du procès-verbal sous-seing privé fondé sur le succès


de la vérification de la vérification d’écritures ................................................................. 74

A- La vérification de l’écriture d’un procès-verbal.......................................................... 74

B- Le faux ......................................................................................................................... 75

CONCLUSION GENERALE .................................................................................................. 78

ANNEXES………………………………………………………………………...………….79

BIBLIOGRAPHE..................................................................................................................... 92

TABLE DES MATIERES ....................................................................................................... 97

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