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Tour de parole Parole Durée

Ikram Hola!
Anaise Hein? Qu’est-ce qu’il y a?
Ikram Ahh… enfin quelqu’un qui parle français! Je peux m’asseoir?
Anaise Oui, si tu veux.
Ikram Comment tu t’appelles?
A Loana
I Moi c’est Mayra
**SORTENT LEUR MOLESKINE EN MEME TEMPS**
A (surprise) Tu tiens un journal?
I Oui, j’y ai écrit toutes mes anecdotes depuis mon arrivée ici, et toi?
A Moi aussi, toutes mes pensées et mes aventures sont à l’intérieur.
I Qu’est-ce qui t’amène dans cet aéroport?
A Très longue histoire
I Je suis venue 2 heures en avance et mon vol est retardé de 4 heures, donc j’ai tout
mon temps.
A D’accord, enfaite, je viens chercher mon grand frère que je n’ai pas vu depuis 14 ans.
I Comment ça?
A Quand j’avais 3 ans, mes parents ont disparus subitement et j’ai vécu a l’orphelinat de
Lausanne jusqu’au jour où j’ai fugué pour venir ici retrouver ma famille. Il y a quelques
jours, j’ai retrouvé mon meilleur ami Mathias, qui m’a dit que mon frère était ici. donc,
me voilà. Et toi?
I Eh ben, on a presque la même histoire. Enfaite, moi, ma mère m’a abandonné à l’âge
de trois mois et j’ai vécu dans un orphelinat avant d’être placée dans des familles
d’accueil au CAN et USA jusqu’à ce que je reçoive une lettre de ma mère qui m’a fait
découvrir mes origines argentines. Heureusement, il y a quelques jours, j’ai retrouvé
ma mère que j’avais rencontrée en faisant de l’autostop, mais à ce moment-là, je ne
savais pas qui c’était. Aujourd’hui, je retourne au Canada mettre de l’ordre dans mon
ancienne vie, mais je reviens ensuite m’installer définitivement à San Luis avec ma
mère.

A Wow, et comment as-tu récolté assez d’argent pour t’offrir ce voyage?


I J’ai travaillé dans une crèmerie pendant 4 mois à Montréal toi?
A J’ai chanté dans les rues de Lausanne dans mes temps libres et pour des associations
d’enfants démunis. Au fait, tu as quel âge?
I 17 ans
A Comme moi
I Bon, raconte-moi un peu ton séjour ici. Quels lieux as-tu visité?
A J’ai principalement passé mon temps dans le quartier San Telmo à explorer les ruelles,
les magasins. Mais surtout, j’ai visité le centre culturel de Torquato Tasso qui m’avait
émerveillé avec ses peintures murales, ses grandes salles de spectacle et les danseurs
qui dansent sur du tango. En plus, j’ai pu découvrir les célèbres mets argentins comme
les empaladas, l’asado et les cocktails.
I Moi, j’ai visité la Boc, ou on trouve des maisons colorées à chaque coin de rue. Il y a la
Bombonera, un stade de football assez connu où Maradona a déjà joué.
A Wow, tu connais! Justement, j’ai l’intention d’y aller avec mon meilleur ami,
puisque nous sommes de grands fans.
I Oh. Vous semblez très proches, raconte-moi votre rencontre ici.
A Je l’ai revu il y a seulement quelques jours dans la rue, par hasard. Au début, je
m’étais heurtée à u inconnu puis je me suis rendue compte qu’il avait un air
familier. Ensuite, quelques temps plus tard, je l’ai revu sur la place principale ou il
chantait une berceuse avec son ukulélé, et c’est a ce moment-là que j’ai eu un
flashback du temps où j’étais encore à l’orphelinat, j’ai vite compris que l’inconnu
était finalement mon ancien meilleur ami.
I Quelle histoire. Justement j’ai aussi une anecdote à te raconter. Comme je te
l’avais dit, j’ai retrouvé ma mère dans une situation des plus impensables. D’abord,
quand je voulais aller de Buenos Aires à San Luis, qui est ma ville d’origine, la seule
manière que j’ai trouvé qui ne me coutera rien est de faire de l’autostop. Donc, j’ai
attendue plusieurs heures au bord de l’autoroute sans que personne ne s’arrête et
quand j’étais prête à abandonner et à retourner à mon hôtel, une vieille voiture
s’arrêta près de moi et la dame qui la conduisait m’a fait signe d’entrer. Puisqu’elle
avait l’air sympathique et que j’étais pas mal désespérée, j’ai accepté. Durant le
trajet, on a commencé à discuter de tout et de rien et on s’est raconté nos
histoires respectives. Ensuite, on s’est arrêtés à une station de service et quand on
est entrées au dépanneur d’à côté, le vendeur nous a pris pour mère et fille à
cause de notre ressemblance, mais on n’y avait pas cru. Un peu plus tard, elle a
décidé de se confier à moi au sujet de sa fille qu’elle avait abandonné il y a de cela
17 ans. Au fur et à mesure qu’elle me racontait son histoire, je me rendais compte
qu’on avait peut-être un lien de parenté. Les jours passaient et je passais
beaucoup de temps avec elle. Un jour, elle m’a montré la moitié d’un pendentif
qui la liait avec sa fille. J’avais l’autre moitié. C’est comme a qu’on s’est retrouvés.
A T’en as de la chance! Ca fait des années que je cherche mes parents, mais aucune
trace d’eux. Profites bien de chaque moment avec ta mère, car elle deviendra la
personne la plus précieuse pour toi.
I Tu es très sensé pour ton âge. On dit que les personnes ayant beaucoup souffert
sont les plus sages, ton passé a dû être douloureux. C’était comment la vie à
l’orphelinat à Lausanne?
A Ah c’était horrible, la plupart du temps, c’était une grosse prison dorée. Malgré les
richesses, nous, les pensionnaires, on était traités comme des moins que rien.
Pendant 14 ans, j’ai souffert chaque jour dans la solitude, sauf quand je restais
avec Mathias. Les filles étaient méchantes, égoïstes et hypocrite, je ne parlais à
aucune d’elles. Dans l’autre bâtiment, il y avait des garçons, pire que des animaux,
très prétentieux. Bref, seulement Mathias était différent et on partageaient
ensemble notre misère dans ce climat instable avec les intervenants très sévères
qui ne montraient aucune pitié. La compassion était un sentiment inconnu pour
eux. C’était l’enfer, sauf quand on avait des droits de sortie.
I Eh bien, je ne m’attendais pas à ça!
A Ouais…, et ta famille d’accueil te traitait comment toi?
I Pour ma part, au Canada, mes parents adoptifs me traitaient comme s’ils étaient
mes vrais parents, alors que je ne les connaissais que depuis 2 ans. Ça m’énervait
énormément. Donc, pour éviter de les voir à longueur de journée, je passais
beaucoup de temps à l’école et je m’étais inscrite à plusieurs activités
parascolaires. J’ai fait du kickboxing, de la salsa, de la photographie et de la
musique. Le seul avantage dans cette famille était leur argent et le fait que je
pouvais en profiter. Bref, en venant en Argentine, j’ai enfin trouvé la liberté et j’ai
prouvé mon indépendance, tout comme toi.
A C’est bizarre, on a pratiquement la même histoire, comme quoi, le fait d’être
abandonné réunit les gens. Ce pays a vraiment tout changé, toutes les émotions
ont traversées mon esprit. J’ai même essayé de défier une de mes peurs; le
vertige. Il y a 2 semaines, je me suis inscrite au Tour Sud de Buenos Aires en vélo.
I C’est quoi ça?
A Enfaite, cela consiste à parcourir la capitale en vélo jusqu’à ses sentiers les plus
dangereux. Puisque je ne suis pas du tout sportive, je voulais me lancer un défi
personnel, mais je l’ai rapidement regretté, parce que seulement quelques
minutes après le départ, tout mon corps souffrait. En plus de la fatigue, lorsque je
suis arrivée aux sentiers plutôt escarpés, j’ai eu la merveilleuse idée de regarder
en bas, étant donné que les sentiers étaient très hauts. Puis là, grosse panique, le
vertige m’a paralysé. Ma vision se brouillait, mes pieds tremblaient et je ne
sentais plus mes mains. Bref, à ce moment-là, je sentais que c’était la fin du
monde. Heureusement, un instructeur est venu me sortir de ce pétrin, mais je
n’oublierais jamais ce jour-là.
I C’était un bel essai quand même. Hahahaa… (moment de silence pendant que
Mayra regarde dans son moleskine) Je ris de ton expérience alors que moi, je me
suis évanouie en faisant de l’escalade. Heureusement que le harnais me tenait
bien, sinon, je serais déjà toute décomposée. J’ai accepté le défi que m’avait
lancé ma mère et pendant la montée de la montagne, je me suis sentie étourdie
et sur le bord de mourir, et donc, j’ai perdu connaissance. C’était probablement le
fait que je savais qu’il y avait un risque que toute la protection que je portais me
lâche qui m’a fait vivre toutes ces émotions.
A On peut dire que cette aventure est mémorable. Ah purée(rire), l'avion de mon
frère a déjà atterri depuis quelques minutes, je n'ai pas vu le temps passé.
I Ah,c' est dommage, on aurait pu discuter un peu plus longtemps.
A Ne t'inquiètes pas, on se reparlera bientôt.
I Ah oui, j'allais oublier! Tiens donne moi tes coordonnées.**S'échangent leurs
coordonnées.
A En tout cas, merci de m'avoir écouté parler de ma misérable( ironie), ca fait un
peu bizarre de me confier à quelqu'un, étant donné que tu es la première! Ca a
été un plaisir de faire ta connaissance, à la prochaine j'espère! Au fait, quand tu
reviendra du Canada, tu pourras me rapporter une de leur fameuse poutine? Il
parait qu'elles sont délicieuses.
I Hahahhaa, oui, c'est d'accord, au revoir!
A A plus, prends soin de toi!

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