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Stiernon Daniel. Autour de Constantinople IV (869-870). In: Revue des études byzantines, tome 25, 1967. pp. 155-188.
doi : 10.3406/rebyz.1967.1392
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rebyz_0766-5598_1967_num_25_1_1392
AUTOUR DE CONSTANTINOPLE IV (869-870)
(1) Voir la bibliographie dans les Mélanges Venance Grumel I (RBB XXIV, 1966), n08 199,
247, 248, 279, 280, 299, 395, 408, 420, 423, 469, 486, 512, 523, 551, 622, et les notices Ignace
patriarche de Constantinople et Jean VIII, pape, dans Catholicisme, V, 1193-1195 ; VI, 477-480.
(2) P. P(eeters), in Analecta Bollandiana, LU (1934), 407.
(3) Nous possédons le manuscrit original d'Anastase. C'est le Vatic, lat. 4965; cf. G. Leo-
nardï, Anaslasio Bibliotecario e Voltavo concilia ecumenico, in Studi Medievali VIII (1967),
59-192. Je remercie cet aimable scriptor de la Bibliothèque valicane de m'avoir commun
iquéà ce propos plusieurs renseignements dont certains sont utilisés ici.
(4) Vatic, lat. 4965, f. 33vb-35™ = Mansi, XVI, 46-47.
(5) Mansi, XVI, 47 C.
(6) Epistolarum decretalium Summorum Pontificum tomus tertius, Rome 1591, p. 271-272.
L'édition a été achevée par Antoine d'Aquin.
156 REVUE DES ETUDES BYZANTINES
(7) Annales ecclesiastici, an. 867, t. X, Rome 1602, p. 381 A. Cette ambassade est évoquée
par Basile au début de sa lettre du onze décembre suivant. En la passant sous silence,
F. Dölger, Regesien, a été moins attentif que Baronius. Ce dernier ne précise pas la date
de cette première mission, pas plus que celle (23 novembre 867) du rétablissement d'Ignace.
(8) Ann. eccl., ibid. A la le lire de Basile Ignace avait joint la sienne (V. Grumei,, Re gestes
n° 499) que Baronius date du « onze novembre, deux jours avant la mort de Nicolas »
(Ibid., p. 384 A), lapsus corrigé par A. Pagi, Ann. eccl. auctore Caesare Baronio, éd. Lucques,
t. XV, 1744, n. cvni, p. 122.
(9) Ann. eccl. an. 868, t. X, Rome 1602, p. 407 E.
(10) Ibid., p. 410 C.
(11) Ibid., p. 409 B.
(12) Ibid., p. 409 D; éd. Pagi, XV, n. xxxix, p. 150.
(13) S. Bjnt, Concilia generalia et provincialia, Cologne 1606, t. II, p. 156; Των αγίων
οικουμενικών Συνόδων της Καθολικής 'Εκκλησίας απαντά, I. Ill, Rome 1612, ρ. 344;
Conciliorum omnium gcncraliu.m ei provincialium colleclio regia, t. V, Paris 1644, p. 732;
Ph. Labbk et G. Cossart, Sacrosancta concilia ad regiam editionem exacia, t. VIII, Paris
1671, p. 371 ; [J. Hardoii ι \"|, Ada conciliorum et Epislolae décrétâtes ac Conslilutiones Summo-
rum Pontificum, t. V, Paris 1714, p. 618; N. Coleti, Sacrosancta concilia ad regiam editionem
exacta, t. X, Venise 1730, col. 447-448 A; D. Mansi, Sacrorum conciliorum nova et amplissima
collectio, XV, Venise 1770, col. 861-862 B.
(14) J. F. Damberger, Synchronistische Geschichte der Kirche und der Welt im Mittelalter,
t. III, Ratisbonne 1851, p. 237.
1). STIERNON : AUTOUR DE CONSTANTINOPLE IV 157
De Hergenröther à Dvornik.
(15) G. J. Hefele, Concilien geschickte nach den Quellen bearbeitet, t. IV, Fribourg-en-
Br. 1860, p. 346-349, 357-359; Hefele-Delarc, Histoire des conciles, t. V, Paris 1870,
p. 579-581; 592-600; Hefei.e-Leclerq, Histoire des conciles, t. IV1, Paris 1911, p. 451-454,
465-474.
(16) F. Hergenröther, Photius Patriarch con Constantino pel. Sein Leben, seine Schriften
und das griechische Schism,a, t. II, Ratisbonne 1867, p, 21-32.
(17) E. Dümmler, Geschichte des ostfränkischen Reiches, 2e éd., Leipzig 1887, p. 210;
J. Gay, L'Italie méridionale et Vempire byzantin depuis l'avènement de Basile Ier jusqu'à
la prise de Bari par les Normands (Έ67-1071,/, Paris 1904, p. 82; A. P. Lebedev, Istorija
razdëlenija Cerkvej ν IX, X i XI vëkach, 2e éd. S. Pétersbourg 1905, p. 115; H. K. Mann,
The Lives of the Popes in the Early Middle Ages, t. Ill (858-891), Londres 1906, p. 192-197;
A. Vogt, Basile Ie1 empereur de Byzance f867-886j et la civilisation byzantine à la fin du
IXe siècle, Paris 1908, p. 213-214; K. Brandi, Der byzantinische Kaiserbrief aus St. Denis
und die Schrift der frühmittelalterlichen Kanzleien in Archiv für Urkundenforschung 1 (1908),
n° 70; F. Dölger, Regesten der Kaiserurkunden des oströmischen Reiches vom 565-1453,
t. I, Munich-Berlin, 1924, n° 474; E. Perels, Monum,enta Germaniae Historica. Epistolae
Karolini Aevi, t. IV (Epistolarum, t. VI), Berlin 1925, p. 758, n. 2 et 5; V. Grumel, Les
Regestes des Actes du patriarcat de Constantinople. 1 Les Actes des patriarches. 2 Les Regestes
de 715 à 1043, Kadiköy 1936, n° 499; E. Amann, L'époque carolingienne (A. Fliche-V. Mart
in, Histoire de VÉglise, t. VI), Paris 1937, p. 483-485; M. Jugie, Le schisme byzantin,
Paris 1941, p. 115-116.
158 REVUE DES ÉTUDES BYZANTINES
(18) F. Dvornik, Les Slaves, Byzance et Rome au IX1' siècle, Paris 192G, p. 174.
(19) C'est évidemment l'ambassade d'Euthyrne (moins solennelle que celle dirigée par
Basile Pinakas) qui parvint à Rome au plus tard à la date susdite.
(20) S. AristARCHÈS, Τοΰ έν άγίοις πατρός ημών Φωτίου πατριάρχου Κωνσταντίνου πόλεως Λόγοι
και όμιλίαι, t. I, Constantinople 1900, ρ. ξδ'.
(21) F. Dvornik, Le schisme de Photius. Histoire et légende, (= Unam Sanclam 19).
Paris 1951, p. 201.
(22) Ibid., p. 206.
(23) Mansi XVI, 46 AB.
D. STIERNON : AUTOUR DE CONSTANTINOPLE IV 159
VII(42)(1963),
F. Dvornik,
25-26; S. Sts
Sakac,
Cyril /and
Santi
Methodius
Cirillo ein Melodio
Rome, ina Roma,
St. Vladimir's
in Cirillo
Seminary
e Metodio,
Quarterly
Santi
Apostoli degli Slavi, Rome 1965, p. 85, reste dans le vague.
(43) A. L apôtre, Hadrien II, p. 413.
(44) E. Perels, Papst Nikolas I. und Anaslasius Bibliolherarius. Ein Beitrag zur Geschichte
des Papsttums im neunten Jahrhundert, Berlin 1920, p. 232, n. 2; cf. P. Meyvaert et
P. Devos, Trois énigmes cyrillo-méthodiennes de la « Légende italique » résolues grâce à un
document inédit, in Analecta Bollandiana, LXXIII (1955), 375 (376), n. 2 ; F. Grivec-
F. Tomsic, Constanlinus et Methodius Thessalonicenses. Fontes, Zagreb 1960, p. 209, n. 14;
F. Grivec, Konstantin und Method, Lehrer der Slave η, Wiesbaden 1960, p. 81-82; Dutiiil-
leul, V evangelisation, p. 126, η. 1 ; V. Vravrinek, in Byzanlinoslavica, XXIV (1963), 296.
(45) Hincmar, Annales Bertiniani, an. 868 (Annales de Saint- Berlin, éd. G. Grat, J. Viel-
liard; S. Gi.kmencet, Paris 1964, p. 144; cf. MGTT SS. I, 477; PL 125, 1238 B).
(46) De exemplis mortis Arsenn miserrimi episcopi, in Bibholhcca Casinensis, t. Ill,
Monlecassino 1877, p. 140; cf. A. Petrucci, Arsenio, in Dizionario biografico degli Ilaliani,
IV, 342.
(47) C'est ce qu'a bien vu M. Tadin, Les ordinations romaines des premiers disciples
slaves et la date de la consécration épiscopale de Méthode, frère de Constantin-Cyrille, in Akten
des XI. internationalen Byzantinisten-Kongresses München 195S, Munich 1960, p. 617, qui
pense pourtant que Formose était déjà de retour à Rome « au début de 868 » (p. 611).
(48) Epist. Nicolai ad Hincmarum (23 oct. 867); MGH Epist., XVI, 6037-9; Vita Nicolai
n Liber Pont., II, 16426-27.
D. STIERNON : AUTOUR DE CONSTANTINOPLE IV 163
De Constantinople à Γ Adriatique.
(49) Vita Ignatii; Mansi, XVI, 261. D. Pierre de Sardes s'en était choisi un tout neuf
(Anastase le Bibliothécaire, LeUre- préface à Hadrien, MGH Epist. VII, 40815). Selon Aristar-
chis, ce navire fut affrété par Photius désireux de contrer Ignace (Φωτίου λόγοι... ρ. ξς).
Cependant, Basile, dans sa lettre à Nicolas, laisse entendre que, par souci d'équité, il a pris
lui-même l'initiative de la double représentation ecclésiastique byzantine (Mansi, XVI,
47 A).
(49 bis) N. Kolev, Pèlerins et croisés d'Occident à travers la Bulgarie (XIe-XIIe siècles)
[Thèse], Paris 1950, p. 56.
(50) Hefele, Conciliengeschichte, t. 4, p. 358; trad. Delarc, t. 5, p. 592; trad. Leclercq,
t. 41, p. 465; Hergenröther, Photius, II, p. 29.
(51) Constantin Porphyrogénète, Vita Basilii in Théopiiane Cont., Chronogr., V,
53; éd. Bonn, p. 289; De thematibus, éd. Prrtusi (= Studi e Testi 160), Cité du Vatican
1952, p. 97 (1118-36); De administrando imperio, éd. Gy. Moravcsïk, trad. R. J. H. Jenkins,
Budapest 1949, p. 126-128 (2988-103).
164 REVUE DES ÉTUDES BYZANTINES
(64) Ilefele noie un peu le poisson quand il écrit qu'Euthyme était arrivé à Rome « zieml
ichrechtzeitig » (Conciliengeschichte, IV, p. 357), traduit par Delarc » avec une assez grande
célérité » (Hist, des conciles, Y , p. 592) et par Leclercq « assez rapidement » (Hist, des Conciles,
IV1, p. 4 65), sans proposer la moindre date.
(65) Hergenröttier n'en voit aucune (Photius, II, p. 28).
(66) Nicolas, Epist. ad Hinemarum (23 oct. 867); MGH Epist., VI, 60116.
(67) Hadrien n'ignorait pas qu'Ignace s'était fait tirer l'oreille par ses prédécesseurs à
l'occasion du procès de Grégoire Asbestas (Dvornik, Le schisme, p. 62-68) et avait prêté
le flanc aux calomnies répandues parles anti-ignaciens (MGH, Epist., VI, p. 43630-32, 75313-15).
(68) C'est l'hypothèse que nous proposons dans notre Constantinople IV, Paris 1967,
p. 70-71.
(69) Vita Ignatii, Mansi, XVI, 257 C.
D. STIERNON : AUTOUR DE CONSTANTINOPLE IV 167
De G Adriatique à Rome.
Le séjour à Rome.
Finalement arrivés à destination, au cur de l'automne (82), les
(76) Mansi, XVI, 6 E, 325 DE; PL 122, 1285 BC; 1290 A.
(77) PL 122, 1290 BC; Mansi, XVI, 7 A; Liber Pont., Il, 178; MGH Epist., VI, 75813-17.
Il n'est pas exclu que saint Lazare accompagna plutôt Euthyme. Le 17 novembre, jour de
sa fête, indiquerait peut-être son dies natalis et serait un argument en faveur du départ
d 'Euthyme à la fin de septembre 867.
(78) Hadrien II, Epist. ad Basilium, MGH Epist., VI, 75333-34.
(79) Vita Hadriani, in Lib. Pont., II, 1808. Mais alors le voyage ne durera que trois mois
environ.
(80) Les ambassades officielles se faisaient annoncer par des estafettes. Neuf ans plus
tard, l'ambassade byzantine chargée d'une mission analogue sera signalée à Jean VIII
dès son débarquement à Bari (Jean VIII, Epist. 176-177, 185; MGH Epist., VII, 141-142,
148).
(81) Hincmak, Annales Bertiniani, an. 868, Grat, Paris 1964, p. 144-146 (=- MGH SS.,
I, 94-96).
(82) Mgr Amann fait arriver à Rome les lettres de Basile Ier et d'Ignace au printemps
de 869, postérieurement aux légats d'Ignace et de Photius (L'époque carolingienne, Fliche-
Martin, Hist, de l'Église, VI, p. 484). Mais rien, dans les sources, ne permet de soupçonner
que Basile Pinakas n'est point parvenu à Rome en compagnie de Jean de Sylaion et de
Pierre de Troas.
D. STIERNON : AUTOUR DE CONSTANTINOPLE IV 169
(90) 11 serait étonnant qu'Anastase n'ait pas été invité à expertiser le « diabolique »
dossier photien. En conséquence sa dernière disgrâce aurait duré moins longtemps qu'on
ne l'a cru; cf. G. Arnaldî, Anastasio Bibliolecario, in Dizionario biografico degli Italiani,
III, Rome 1961, p. 31. Encore lui a-t-il fallu un certain temps, après l'éclatant procès d'oc
tobre 868, pour se refaire une virginité.
(91) De themalibus, éd. Pertusi, 1138-37, p. 98; De adminislrando imperio, éd. Moravcsik,
trad. Jenkins, 29103-108, p. 128; Vita Basilii, Theoph. Cont. V, 53; éd. Bonn, p. 290.
(92) Regesten n°8 480-481. Cet érudit a pensé à l'ambassade à laquelle répondit, pendant
l'hiver de 869-870, la mission dirigée par Anastase le bibliothécaire.
(93) Hergenroether, Photius, III, p. 169; Gay, Basile Ier, p. 89-90; L. M. Hartmann,
Geschichte Italiens im Mittelalter, III1, Gotha 1908, p. 283. C'est du reste à 868 que Jenkins
rapporte l'ambassade évoquée par Constantin Porphyrogénète (De adminislrando imperio,
II, Commentary, p. 104 [29/104]). Voir aussi G. Musca, L'emirato di Ban, 847-871, Bari
1964, p. 87-93.
(94) F. Doelger, Europas Gestaltung im Spiegel der fränkisch-byzantinischen Auseinanders
etzung des 9. Jahrhunderts, in Byzanz und die Europäische Staatenwelt, Ettal, p. 229; W. Ohn-
sorgh, Das Zweikaiserproblem im früheren, Mittelalter, Hildesheim 1947, p. 41.
(95) W. Oiinsorge, Die Entwicklung der Kaiseridee im 9. Jahrhundert und Süditalien,
in Abendland und Byzanz, Weimar 1958, p. 220; Jenkins, Constantine Porphyrog. De adm.
imp., Il, Commentary, p. 104 (29, 105-106).
(96) Lettre de Louis II à Basile, MGH Epist., VII, 39125-27.
(97) B. A. Mystakidis, Byzantinisch-deutsche Beziehungen zur Zeit der Ottonen, Stutt
gart 1891, p. 72-73.
D. STIERNON : AUTOUR DE CONSTANTINOPLE IV 171
Toutes les suppositions que l'on pourrait encore faire pour différer
jusqu'en 868 le courrier impérial et patriarcal qui nous occupe, comme
d'imaginer, par exemple, que Basile et Ignace ont feint d'ignorer
la mort de Nicolas pour éluder le reproche du Saint-Siège concernant
la curieuse réserve du rival de Photius, ne serviraient qu'à créer
des faux problèmes. Elles se heurteraient d'ailleurs à une dernière
considération qui milite en faveur de 867 : les démarches entreprises
par Constantinople auprès des autres patriarcats orientaux en vue
d'une représentation au VIIIe Concile.
A la cinquième session de ce Concile, Elie, syncelle du patriarche
Théodose de Jérusalem, déclara avoir été, lui et son collègue Thomas
de Tyr (représentant du patriarcat d'Antioche), convoqués par l'em
pereur Basile et avoir ensuite attendu « quasi deux ans » (99) à Cons
tantinople, les délégués du siège romain. Ceux-ci firent leur solen
nelle entrée dans la ville le 25 septembre 869 (100). Les vicaires orien
taux devaient donc y être depuis le printemps 868 au plus tard (101).
Comme leur voyage a été également très pénible (102), l'invitation
au concile leur a été adressée au plus tard vers décembre 867. Le
patriarcat romain, dont la présence était plus nécessaire encore que
celle des melchites pour régler synodalement la crise photienne,
a dû être contacté par Constantinople à la même époque. De la réponse
papale du 1er août 868 il résulte que cette convocation n'a pas été
transmise par le spathaire Euthyme. C'est donc uniquement
Basile Pinakas et ses compagnons de route qui ont été chargés d'une
(103) Mansi, XYll, 464 D, 465 A; cf. 472 B; 476 E-477 A; 492 B. De même, au Concile
de 869-870, les individus qui avaient représenté les patriarcats orientaux au synode pho
tien de 867 furent reconnus n'être que de simples marchands venus à Constantinople pour
affaires (Mansi, XVI, 137 C).
(104) Mansi, XVII, 432 AB, 436 E, 437 E-440 AB, 445 AB, 448 ??, 465 ?, 481 ?.
(105) Mansi, XVII, 477 D, 484 DE.
(106) Mansi, XVI, 145 C, 392 C.
(107) Dölger, Begesten, n. 473. Ce savant n'a pas pris en considération «t?? t?? desp?t????
?a? t?µ??t?t?? ??aµµ?t?? [ de Basile Ier] p??? a?t?? [= l'exousiastès de Palestine]
D. STIERNON : AUTOUR DE CONSTANTINOPLE IV 173
Jean VIII.
(111) Begistrum loannis VIII (Registra Vaticana, I), f. 82v (= M GII Epist., VII,
ép. 207, p. 17125-38). Ce manuscrit est une copie apographe datant du xie siècle (Ibid., p. xni).
(112) f. 82 , ligne 22. R = require; cf. MGH Epist., VII, p. 36 n**.
(113) Epislolarum decretclium, Summarum Pontificum lomus tertius, Rome 1591, p. 434 C.
Cette édition a été faite sur une copie (xvie s.) de l'apographe (MGH Epist., VII, p. xxvn).
(114) Annales eccl. (éd. Pagi) ; t. XV, Lucques 1744, ad an. 879, n. XII, p. 345.
(1.15) Conciliorum et epislolae décrétâtes, t. VI1, Paris 1714, col. 65 B.
(116) Saer. conc. nova, el ampl. coll., XYll A, col. 138 C; PL., 126, col. 855 B.
(117) MGH Epist. ,VII, 17120 et apparat critique (e); Acta Rom,a.norum, Pontificum a
S. Clémente I (an. c. 90) ad Coelestinum III (+ 1198), Cité du Vatican 1943, p. 724.
D. STIERNON : AUTOUR DE CONSTANTINOPLE IV 175
si on était sûr que le registre de Jean VIII n'a pas été mutilé à cet endroit. Selon nous
ce n'est pas le cas. Arguant du fait que l'auteur du registre s'est servi de la minute de la
lettre, E. Caspar (Studien zum Register Johans VIII, in Neues Archiv, XXXVI [1910],
p. 112, n. 1. 113) rejette à la fin, après annexas (MGH Epist. VU, 1862), la péricope Reliquo...
corrigant (Ibid., lignes 8-18) qui, dans le registre, se trouve après promulgatum (Ibid., 18515-16;
cf. 186, n. f.). Ce remaniement ne nous semble pas nécessaire. Le texte original a très bien
pu se terminer par le paragraphe sur la Bulgarie (Ibid., 18526-1862), omis dans la version
photienne de la lettre. Dans ce cas, s'il faut absolument exclure du texte original
la péricope sur l'annulation de Constantinople IV, nous paraît acceptable l'hypothèse
d'une allusion de Jean VIII à la miséricordieuse dérogation consentie par le Siège aposto
liqueaux décrets du vénérable concile de 869-870, également dans sa lettre à Photius,
entre le rappel du canon 5 de Constantinople IV et le renvoi aux dispositions du commoni-
lorium. Il faudrait alors supposer que cette allusion a été éliminée par l'enregistreur lui-
même.
(125) MGH Epist., VII, 18513-16. Carafa a noté, en marge de son édition : « Octava synodus
sub Iladriano II a p probata » (Epistolae, III, p. 439).
(126) Il s'agit en fait du canon 2 du Concile de Carlhage de 401 présenté comme le canon 68
dans la collection des canons de l'Église d'Afrique de Denys le Petit (PL, 67, col. 204).
Caspar ne voit pas « quid sibi velit numerus XXXV » (MGH, Epist., VII, 169, n. 6).
C'est pourtant la numérotation connue des anciens recueils canoniques (Mansi, III, 771 E;
PL, XI, 1.198 BC). Comparer aussi MGH, Epist., VII, 138« et Mansi, III, 828 B).
(127) Mansi, III, 771 E; PL, XI, 1198 CD.
(128) « ?a? s???d?? ??ata? s???d?? ????sa d?a t?? e??s?? ?a'? ?µ????a? t?? '?????s?a?
(MGH, Epist., VII, 1706-8; cf. l'ancienne traduction utilisée par Yves de Chartres, PL,
161, 57 B.
D. STIERNON : AUTOUR DE CONSTANTINOPLE IV 177
(132) Cf. les formules usque ad notiliam nostrum, usque ad audienliam, usque ad, praesen-
tiam eiusdem Apostolicae Sedis de Nicolas Ier (MGH., Epist., VI, 49112, 5143, 52729, 52810,
55434; cf. ibid., 436M-37, 44119-20, 4432i-28).
(133) MGH, Epist., VII, 76021-76124.
(134) Mansi, XVII, 401 B (= PL, 126, col. 860 D); 416 E; MGH, Epist., VII, 1866-8.
(135) Mansi, XVII, 401 B. L'ancienne version latine citée par le cardinal Deusdedit
et Yves de Chartres a laissé tomber le mot « injustes ».
(136) MGH, Epist., VII, 30713.
(137) Ibid., p. 294-295.
(138) Au lieu de faire dire à Jean VIII (revu et corrigé par Photius) que Nicolas et
Hadrien n'ont jamais accepté ce qui s'est fait contre Photius, l'antique rétroversion latine
de la lettre de ce pape aux chefs ignaciens affirme : « de ipso (Photio) subreptum est illis »
(Mansi, XVII, 530) que le P. Jugie a traduit, en sous-entendant sententiis : « Car on y a
dérogé » (aux décisions de Constantinople IV) (Le schisme byzantin, Paris 1941, p. 98).
Bien qu'il ne respecte pas à la perfection la traduction du savant assomptioniste (abroger
n'est pas synonyme de déroger), M. l'abbé Dvornik a raison de la critiquer. ? propose de
traduire : « Puisque ce qu'ils (Nicolas et Hadrien) disent de lui [Photius] a été obtenu d'eux
par surprise » (Le schisme de Photius, p. 265). Nous ajouterons une remarque. Il est possible
que l'ancien traducteur ait pensé au cas de Pholinus, évoqué d'ailleurs par Jean VIII dans
cette même lettre aux ignaciens (MGH, Epist., VII, 180). Mais, chose curieuse : en citant
le passage de l'épître d'Innocent I à l'épiscopat de Macédoine, où il est question du rétabli
ssement de l'hérétique Photinus, Jean VIII laisse tomber les mots subreptum huic Sedi
(P.L. 20, col. 536 A; 67, col. 262 A) qui indiquaient la raison principale invoquée en faveur
de l'absolution de l'hérésiarque (à son propos « quelque chose a échappé au siège romain »),
tandis qu'ils se trouvent cités, toutefois sans référence explicite à Innocent I, dans la lettre
?). STIERNON : AUTOUR DE CONSTANTINOPLE IV 179
de Nicolas à Michel III (28 sept. 865) pour signifier à l'empereur byzantin que la sentence
du pape, tout en n'étant pas rétractable, peut cependant être améliorée « cum sibi subreptum
aliquid fuerit » (MGH, Epist., VI, 4819). Cette remarque nous incline à croire que même
le subreptum est Ulis n'appartient pas à la rédaction originelle de la correspondance de
Jean VIII et n'exprime pas la conviction personnelle de ce pape.
Sur le sens de surripere (voler, ravir, dérober, s'emparer subrepticement) dans cette
correspondance (mot non relevé dans l'index des MGH), cf. MGH, Ep., VII, 479, 4732,
6024, 637, 27625, 32840; pour subripi cf. ibid., Ep. VI, 50825 (à l'empereur Michel III « subreptum
est, ut lalia [injures contre Rome] scribere mandaretur ») ; 5451 (Tristesse de Nicolas, en 861,
au retour de ses légats, car il constate que tout le monde s'est laissé berner : subreptum
est atque persuasum est omnibus) au sujet du consentement que le pape aurait donné à la
promotion de Photius); 5541 (Nicolas I informe les Orientaux au sujet de l'affaire photienne
ne... aliter quod egimus vobis subripiatur).
(139) MGH, Ep. VII, 637 (Ignace subripiens le diocèse bulgare illicita pervasione).
(140) En demandant avec insistance à Photius de réparer et de solliciter, devant le
synode, le pardon de l'Église (MGH, Ep. VII, 17021-23, 179«, 1842-5, 18441-42), il entendait
lui-même sauvegarder le bien-fondé des sentences portées en 869-970, à Rome et à Cons
tantinople contre le rival d'Ignace et n'était pas d'humeur à traiter d'injustes de tels synodes
(Mansi, XVII, 401 B).
(141) Gomme ses prédécesseurs, Jean VIII se désigne fréquemment par Apostolatus
nosler. Sur le titre d!Apostolicus donné substantivement au pape à cette époque cf.
M J. Wilks, The Apostolicus and the Bishops of Bome, dans The Journal of Theological Studies
NS, XIII (1962), 290-317; XIV (1963), 311-354.
(142) Surtout avec Sedes, audoritas, litterae, epistolae ; quelquefois avec benignitas,
mansuetudo, miseracio, moderatio, praesentia, potestas, tuitio, iussio, vocatio, etc.
(143) Avec animus (MGH, Ep. VII, p. 19216), intervenlus (p. 2757), mens (p. 22934), mos
(p.2279), os (p. 7230, 15229, 32842).
(144) Avec anathema (p. 9411), consortium (p. 21232), culrncn (p. 9617, 18414, 19230), decrelum
180 REVUE DES ÉTUDES BYZANTINES
(p. 22327-28), ftagellum (p. 2349), iudicium (p. 2035, 21628,34), magislerium (p. 21111-12), pectus
(p. 14917), praesidium (p. 1472, 2709), Privilegium (p. 3732), subsidiurn (p. 13829).
(145) Il y a d'autres passages rendus incompréhensibles en raison du texte lacuneux
(Cf. MGH, Ep. VII, 131, ép. 158). Sur la santé précaire du registre original transcrit
par lo copiste du xie siècle, cf. Lapotre, Jean VIII, p. 8. Si ce dernier avait, à l'endroit
contesté, laissé un espace en blanc, la lacune ne ferait plus de doute. Mais ce n'est pas le
cas.
(146) Les propositions Nec aliquis..., haec nostra apostolica monita... manere volentes de
la lettre de Jean VIII aux ignaciens (M.HG, Ep. VII, 18725-31) semblent comporter des
éléments de nature à reconstituer notre texte.
Mgr Amann rapproche, sans insister, cette partie de la lettre du pape du chapitre ?
du commonitoriurn (L'époque carolingienne, Fliche-Martin, t. IX, p. 493 et n 1).
(147) M.G.H., Epist. VII, 22815-1«, 2305-7.
(148) Les lettres de Jean VIII pour le rétablissement de Photius, in Echos d'Orient, XXXIX
(1940), 138-156.
D. STIERNON : AUTOUR DE CONSTANTINOPLE IV 181
Le Liber Pontificalis.
scâ VIII. unvesal ont été barrés par trois traits horizontaux. La
rature, dûment mentionnée par March, a égaré cet éditeur qui a cru
lire secundum universal synodus (160), devenu dans l'édition de Vogel,
où l'oblitération n'est pas indiquée, secundum universale synodus (161).
Spontanément, nous avons pensé que la suppression avait été
effectuée après le Concile de Florence (1439) qui marque un tournant
dans l'histoire, en Occident, de l'cuménicité du Concile anti-pho-
tien (162), car la plupart des copies (directes et indirectes) du manusc
rit de Pierre-Guillaume ont été exécutées après la mort de Martin V,
sous Eugène IV (1431-1444) (163). Toutes ont notre texte sans les
mots sancta VIII universalis (164), lesquels ont parfois été ajoutés
en marge par le copiste ou le réviseur (165).
L'explication ne vaut pas. Car si le manuscrit du bibliothécaire
de Saint-Gilles connut une longue période d'obscurité avant de faire
souche (166), son exhumation est cependant antérieure à 1439. C'est
(160) J. March, Liber Pontificalis prout exstat in manuscripio Dcrluscnsi, Barcelone 1925,
p. 126. Notons que cette phrase ne se trouve pas dans le manuscrit de Tortose.
(161) Duchesne, Le Lib. Pont., III, p. 126.
(162) V. Péri, Il numéro dei concili ecumenici nella tradizione callolica moderna, in Aevum
37 (1.963), 430-501 (472-501).
(163) Duchesne, Le Lib. Pont., II, p. xlv, xlviii.
(164) Vallicellian. C 79 (xv« s.; cf. Duchesne, Lib. Pont., Il, p. xxiv), f. C 67 (- 167)r;
Vat. lat. 1437 (début du ? Ve s.; cf. Duchesne, ibid., p. xxix), f. 200v; Vat. lat. 2039 (xve s.),
f. 90v; Vat. lat. 3763 (xv« s.), f. LXXXI'; Vat. lat. 4985 (xvi° s.), f. 133r; Val. lai. 5623 (fin
xvie s.), f. 60v; yaL iaL 6357 (xvi° s.), f. 215); Barber, lat. 584 [olim XII, 27] an. 1440-1444;
cf. Duchesne, Lib. Pont., II, p. xxvn), f. 74va; Barber, lat. 2374 [olim XXXII, 167, xve s.],
f. C" (= 100") ; Ambros. H. Ill sup. (xve s.) et Ambros. C. 204 inf. (xve s.) ; cf. éd. A. Mura-
tori, Rerum Italicarum Scriptores, III, Milan 1723, p. 263, n. 15; Paris, lat. 5144 (xvie s.),
f. 86v; éd. Ch. A. Fabrot, Anastasii Bibliothecarii historia ccclesiastica sive Chronographia
Tripartita, Paris 1649, p. 292; Id., Anastasii Bibliothecarii Historia de Vilis Romanorum
Pontificum a B. Petro Apost. ad Nicolaum I numquam haclenus lypis excusa. Deinde Vita
Hadriani II et Stephani VI, auclore Guillelmo Bibliolhecario... Accesscre variae lectiones
ex tribus codicibus MSS colleclae, Venise 1729 (= Corpus Historiae Byzantinae 6), p. 164
(note de p. 112), col. 2, ligne 46; Urbin. lat. 395 [olim 773], f. 11 6V : ce très beau manuscrit
enluminé est daté de la fin du xive siècle par C. Stornajolo, Codices Urbinales latini, t. I,
Rome 1902, p. 376. Ce scriptor a probablement voulu dire « saec. XV exeunte »; car il fait
remarquer lui-même que les manuscrits dans lesquels les armoiries des ducs d'Urbino portent
les clefs pontificales ne sont pas antérieurs à 1465 (Ibid., p. xvin). Or, au f. 2, les clefs y
figurent. Quant aux initiales G.D., G.G., G. F., elles peuvent signifier Guido Ducis Guido
Friderici et indiquer le duc Guidobaldo (1482-1508), fils de Frédéric de Montefeltro. Mais
il faut expliquer les initiales G.G.; elles désigneraient le mécène Guidobaldo II et Giulia, sa
femme qu'il avait épousée en 1534 et qu'il perdit en 1547 (J. Dennistoun, Memors of the
Dukes of Urbino, t. I, Londres 1851, p. 421; F. Ugouni, Storia dei conti c duchi d'Urbino,
Florence 1859, p. 251, 273 (sur le mécénat, cf. p. 353-355). Le codex en question serait
donc à dater des années 1534-1547.
(165) Vallicel. C. 25 (xvi° s.), f. 107v (olim lllv) : « viii synodus contra Photium »; id.
dans Val. lai. 4985 (xvi° s.), f. 133». A noter la note marginale « synodus apud CP. p(ro) r(e)
stitutione Ignatii ce (= contra) fociu(m); Vat. lat. 3763 (xve s.), f. LXXXIr : « Sinodus
Constantinopolitana adv(er)sus Photiu(m) et Ignatiu(m) » (!)
(166) Duchesne, Lib. Pont., Il, p. xxvn.
D. STIERNON : AUTOUR DE CONSTANTINOPLE IV 183
Magistri Gratiani, Leipzig 1879, p. 235 Pars I, Dist. lxiii, c. ii). La leçon Folini, Fotinum
se rencontre déjà dans le Clm 4505 (fin du xne s.), comme l'indique l'apparat critique de
Friedberg (p. 235, n. 24); elle est donc antérieure à Barthélémy de Brescia, n'en déplaise
à M. Dvornik (Le schisme, p. 467).
(175) Un correcteur postérieur aurait sans doute justifié sa suppression dans une note
marginale. Or celles qui émaillent (si peu!) le folio 131 du Val. lai. 3762 ne concernent
pas notre texte. Quant à l'encre utilisée par le scribe et par le cancellator l'identité apparente
attend, pour être confirmée, l'examen microscopique.
(176) Sur les citations des lettres et du commonitoriurn de Jean VIII selon la version
photienne, cf. G. Hofmann, Ivo von Chartres über Pholios, in Orienlalia ckristiana Periodica
XIV (1948), 105-137 (116-132).
(177) « Haberi enim synodum Constantinopoli passus est [Hadrianus], qua et pulsus
Photius vir seditiosus, et restitutus Ignatius iam antea iniuria pulsus » (Platynac kistorici
Liber de vita Christi ac omnium Pontificum, éd. G. Gai da; Rerum Italicarum Scriptores2,
t. III, Città di Castello 1913-1915, p. 15525-27).
(178) « Mentre il Liber Pontificalis, écrit Gaida, tratta con ampiezza lo scisma di Fotino
e l'VIII sinodo universale tenuto a Costantinopoli, il Platina invece accenna appena a
questi avvenimenti. A sua giustificazione perô vi è il fatto che la redazione del Liber Pontif
icalis da lui usata in questa parte aveva... notevoli tagli, eseguiti spesso con criteri grosso-
lani » (Platynae. hisiorici, p. xlvii). Ces remarques tombent en grande partie à faux. Tout
d'abord elles réintroduisent la leçon fautive de Photinus admise par Muratori dans son
édition de Platina (Rerum Italie. Script, t. III, p. 154). Ensuite, elles prétendent que le
Liber Pontificalis traitait en long et en large de Constantinople IV, alors que c'est surtout
l'affaire bulgare qui a retenu l'attention et Platina, à la suite de Pierre-Guillaume, s'y inté
resse de même, tout juste après le texte que nous venons de citer. Enfin, Gaida n'a pas vu
que la recension susdite du Liber Pontificalis, en ce qui concerne le VIIIe Concile, méri
tait quelques égards en raison des titres que, de prime abord, elle avait accordés à cette
assemblée.
D. STIERNON : AUTOUR DE CONSTANTINOPLE IV 185
Daniel Stiernon.