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J.J.

Rousseau (1712-1778)
J. J. Rousseau est un écrivain, philosophe et musicien genevois
francophone.

SES IDEES PRINCIPALES :


1. L'homme -il se demande ce que serait l'homme s'il était
débarrassé de tout ce qu'il a acquis
au cours de l'histoire
- possède deux sentiments spontanés : - l’amour de soi
: qui permet de se conserver
soi-même
- la pitié qui
permet de conserver l’espèce
2 La société- il condidère que l’homme est bon par nature et que
c'est la société qui le corrompt
et le rend mauvais. Alors qu'ils sont tous égaux dans
l'état de nature, dans la
société, les hommes dèveloppent leur amour propre
et chacun demande
pour son compte richesse, honneur et pouvoir.
3. La politique - l'homme perd son égalité et sa liberté. Il faut donc
instaurer un CONTRAT SOCIAL
- le peuple est à la fois SOUVERAIN et CITOYEN: il
décide de la loi et il obéit à la loi.
4. La conscience -est un "instinct divin" par lequel on juge la
moralité de nos actes.
- la morale ne repose pas sur la raison que la
conscience cherche des principes
moraux mais sur le sentiment.

Œuvres principales de Jean-Jacques Rousseau

1
Essais
Discours sur les sciences et les arts (1750)
Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les
hommes (1755)
Du Contrat social (1762)
Émile ou de l’Éducation (1762)
Romans
La Nouvelle Héloïse (1761)
Récits autobiographiques : Les Confessions (1765-1770)
Les Rêveries du promeneur solitaire (1776)

Du Contrat social
Contrat Social de Rousseau, dont le titre complet est Du contrat social
ou Principes du droit politique (1762) est une analyse de la relation
contractuelle pour tout gouvernement légitime, de telle sorte que
soient articulés les principes de justice et d’utilité, afin de concilier
l’aspiration au bonheur avec la soumission à l’intérêt général. Il s’agit
de l’ouvrage majeur de Jean-Jacques Rousseau, au coeur de sa
philosophie.Rousseau y exprime son idéal républicain en quatre
parties :
1. – renonciation à nos droits naturels au profit de l’Etat, qui, par sa
protection, conciliera l’égalité et la liberté
2 .– le peuple tout-puissant sauvegarde, par le truchement d’un
législateur, le bien-être général contre les groupements d’intérêts
3. – la démocratie doit maintenir sa pureté par des assemblées
législatives
4. – création d’une religion d’Etat, ou religion civile.
“Le souverain, n’ayant d’autre force que la puissance législative, n’agit
que par des lois; et les lois n’étant que des actes authentiques de la
volonté générale, le souverain ne saurait agir que quand le peuple est
assemblé. Le peuple assemblé, dira-t-on, quelle chimère! C’est une
chimère aujourd’hui; mais ce n’en était pas une il y a deux mille ans. Les
hommes ont-ils changé de nature?”

2
Julie ou La Nouvelle Héloïse
-Julie ou La Nouvelle Héloïse est un roman épistolaire, en six parties et
cent soixante trois lettres, qui connut un très grand succès aux XVIII° et
XIX° siècle.
-oeuvre exemplaire, précurseur d'un nouveau style, le romantisme, elle
aura des répercussions énormes sur son époque.
- les personnages de Rousseau sont des âmes exceptionnels.
Résumé
Ce roman relate la passion mouvementée entre un jeune précepteur
roturier Saint-Preux et son élève, une jeune noble Julie d'Etanges. La
différence sociale interdit tout espoir à Saint-Preux et Julie qui après la
mort de sa mère, accepte d'épouser M. de Wolmar, un homme bon et
plus âgé qu'elle à lequelle son père l'avait promise. Ce mariage
provoque une crise profonde entre eux et pousse Saint Preux à faire le
tour du monde. A son retour, désireux de revoir les cousines, il part à
Clarens, invité par M. de Wolmar qui - informé du passé - tentera de les
guérir en transformant cet amour en amitié. Saint Preux s'émerveille
alors du système mis en place à Clarens. Cependant, pendant l'absence
de Saint Preux, Julie se jette à l'eau pour sauver son fils cadet et tombe
gravement malade. Sa foi, sa sérénité et son courage réussiront à
convertir son mari. Elle meurt en confiant à Saint Preux l'éducation de
ses enfants ainsi qu'en lui réitérant son amour.

La structure du roman : le roman se divise en six parties :


-les trois premières montrent les phases d’un amour partagé :
passion, désir, remord, séparation - les trois dernières montrent
la régénération : - la conversion morale leur a donné la paix du coeur
-la vertu héroïque
purifie la passion
-Julie sacrifie sa passion et se range à son devoir ; aucune mutilation
n’est infligée au coeur, l’amour qui était en opposition avec la vertu
entre en harmonie avec elle : „ pour nous aimer toujours , il faut
renoncer l’un à l’autre. ”

3
Les Confessions
-Les Confessions furent publiées en 1782, quatre ans après la mort de
Rousseau.
-représentent une oeuvre autobiographique
Les thèmes
-le modèle du bonheur sous sa forme la plus pure est dans l’enfance,
l’époque de l’nnocence, une
sorte de l’Age d’or, le paradis perdu
-le refuge et particulièrement le refuge dans la nature
-la solitude - deviendra sa marque et sa originalité
- est un brevet de bonté, de sincérité et d’innocence
-il s’installe dans un rôle de marginal supérieur
-le mépris pour le monde extérieur
-l’égocentrisme
- la nature- le charme de la nature est liée aux sentiments et aux
rêveries
-la relation entre un paysage et un état d’âme
- est vue comme théâtre de la rêverie
-attitude spécifique du préromantisme dont J.J.Rousseau
est en France la figure majeure

Rousseau et l’autobiographie
-Les Confessions marque l’acte de naissance de l’autobiographie
moderne
- il est le premier à avoir introduit dans la littérature – la sincérité
-c’est Rousseau qui pose les principes de l’autobiographie moderne :
-l’autobiographie-est un récit rétrospectif de nature
psychologique et morale
- n’est pa un „curriculum vitae”
-est l’histoire d’une âme
- remonte dans le moi passé por comprendre
le moi présente
4
-est à la recherche du sens de la vie : „ que
suis-je moi-même? Voilà ce qui
me reste à chercher ? ”
-la singularit é d’un être possède une valeur
universelle et instructive

5
Victor Marie Hugo
Courant litteraire
- Le XIXe siècle est une époque très agitée, marqué par le mouvement
d’industrialisation et la restauration de Napoléon. Le courant littéraire
était le romantisme qui se caractérise par la devise de la révolution
française «liberté, égalité, fraternité »
- Le romantisme s’oppose au classicisme ainsi qu’au rationalisme des
philosophes des Lumières. Au contraire, la littérature romantique met
en exergue le moi, les sentiments, la liberté, la nature, l’amour etc.
Les écrivains romantiques tendent à s’affranchir des normes classiques
et explorent des modes d’écriture plus créatifs. Les thèmes récurrents
du romantisme littéraire sont : la mélancolie, les intrigues
amoureuses, la solitude, le voyage et le rêve, l’engagement en
politique, la liberté dans l’art et la spiritualité. Victor Hugo va marquer
l’histoire du courant littéraire romantique avec la préface de Cromwell
(1827), qui devient un manifeste du romantisme.
- Un des écrivains, dramaturge, poète, prosateur, romancier et
dessinateur romantique qui représente le plus ce courant littéraire est
Victor Hugo (né le 26 février 1802 à Besançon et mort le 22 mai 1885 à
Paris), monstre sacré de la littérature française, exceptionnel par son
implication dans les combats de son temps autant que par la fécondité
de son imagination; connaissant l’exil et les deuils, il veut tout dire, en
somme, pour tous, et de toutes les façons possibles ; Sa prose comme
sa poésie éclatent de son génie des contrastes ; l'inspiration hugolienne
est partout lyrique et épique.
- Sensible aux mystères du monde, Victor Hugo essaye d'accorder au fil
des ans sa vision spirituelle de l'univers à une conception rationaliste et
optimiste de l'histoire de l'humanité grâce à laquelle il écriera de
nombreux chefs d' œuvres de la poésie lyrique qui comptent encore
parmi les classiques encore à nos jours et le resteront
incontestablement encore longtemps. Plus tard, il deviendra
complètement anticlérical et dénoncera avec force l'obscurantisme.

6
- Victor Hugo est aussi une grande figure politique. La création littéraire
de Victor Hugo a toujours été liée à la politique. Il écrit d’ailleurs ses
premiers vers le lendemain de la bataille de Waterloo : « Le grand
Napoléon, combat comme un lion ». C’est donc bien naturellement
qu’il s’engage par la suite en politique.
- Victor Hugo est un autodidacte et utilise ainsi de nombreuses
méthodes pour dessiner et peindre. Il mélange par exemple l’encre au
café, utilise du charbon, de la suie de cheminée, des jus et autres
ingrédients… En général, ses oeuvres ont un petit format et illustrent
souvent ses écrits

Une œuvre monumentale


- L'ensemble des écrits de Victor Hugo (triés et organisés par ses
exécuteurs testamentaires Paul Meurice et Auguste Vacquerie132) a
été publié chez Jean-Jacques Pauvert et représente presque quarante
millions de caractères réunis en 53 volumes.
« L'ensemble de mon œuvre fera un jour un tout indivisible […] Un
livre multiple résumant un siècle, voilà ce que je laisserai derrière
moi» (René Journet, Guy Robert, Contribution aux études sur Victor
Hugo p. 163)
- Ses écrits témoignent de ses intérêts multiples qui allaient de la
science à la philosophie, de la Terre à l’univers entier ; ils illustrent sa
passion pour l’histoire tout autant que sa foi en l’avenir ; ils s’inspirent
de tout ce que Hugo voyait, entendait, vivait, de tout ce qu’il disait dans
sa vie quotidienne comme le confia Charles Hugo aux Goncourt : il « a
toujours un calepin dans sa poche et [...] dès qu’en causant avec vous,
il dit la moindre pensée, il profère la plus petite idée, […] il s’écarte un
peu, tire son calepin et écrit ce qu’il vient de dire »( Edmond et Jules de
Goncourt, Journal, 1851-1865, Paris, Robert Laffont, 1989, 1218 p.
(ISBN 978-2221055274), p. 802.)
- théâtre : De 1830 à 1843, Victor Hugo se consacre presque
exclusivement au théâtre, mais publie néanmoins des recueils de
poésies : Les Feuilles d'automne (1831), Les Chants du

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crépuscule (1835), Les Voix intérieures (1837), Les Rayons et les
Ombres (1840).
Hugo expose sa théorie du drame romantique dans les préfaces qui
introduisent Cromwell en 18275, puis Hernani en 1830 qui sont de
véritables manifestes, puis par ses autres œuvres dramatiques : Ruy
Blas en 1838, mais aussi Lucrèce Borgia et Le Roi s'amuse ;
-poésie : un poète lyrique avec des recueils comme Odes et Ballades
(1826), Les Feuilles d'automne (1831) ou Les Contemplations (1856),
mais il est aussi poète engagé contre Napoléon III dans Les Châtiments
(1853) ou encore poète épique avec La Légende des siècles (1859 et
1877) ;
- roman : un grand succès populaire, avec notamment Notre-Dame de
Paris (1831), et plus encore avec Les Misérables (1862) ; L'œuvre
romanesque a traversé tous les âges de l'écrivain, toutes les modes et
tous les courants littéraires de son temps, sans jamais se confondre
totalement avec aucun. Le roman hugolien n'est pas un «
divertissement » : pour lui l'art doit en même temps instruire et plaire
et le roman est presque toujours au service du débat d'idées.
- le roman Notre-Dame de Paris (1831-1832) est une plongée
saisissante dans un Paris médiéval grouillant et coloré, mais aussi une
intrigue au fatalisme puissant bien que mélodramatique ; Quasimodo,
monstre musicien, et Esmeralda, sorcière de la danse, symbolisent
l’espoir que Hugo place dans le peuple face à la ruine des hommes
d'Église (Claude Frollo) et aux triomphes provisoires de la raison d’État
militaire (Phœbus), littéraire (Gringoire) ou sociale (la cour des
Miracles) ; Dans un Paris moyenâgeux, la belle Esmeralda fait battre le
coeur de tous. Mais la jeune gitane est accusée de sorcellerie et doit
être pendue. Quasimodo, le bossu au grand coeur, est prêt à se battre,
envers et contre tous, pour la sauver. Ce roman de Victor Hugo est un
véritable chef d'oeuvre. Héros de Notre-Dame de Paris : C'est le
sonneur de cloches de la cathédrale. Au contraire de Phœbus, le beau
capitaine qui est en somme un rustre et un goujat, Quasimodo allie une
repoussante difformité à une sublime délicatesse de sentiments.

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- Les Misérables (1862) : offre le plaisir de la reconnaissance et du
recommencement. Toujours on sera emporté par la tension
romanesque du livre, ses figures inoubliables, ses langues multiples -
n'oublions pas que Victor Hugo est le premier à introduire l'argot et la
langue populaire dans le français écrit -, ses histoires et son temps.
Hugo y réalise une synthèse entre plusieurs formes romanesques : le
roman mélodramatique des bas-fonds, lancé par Eugène Sue, la fresque
balzacienne d’un milieu, d’une ville et d’une aventure singulière, la saga
populaire d’un héros mythique. Roman mythique autant que réaliste,
populaire et savant, national et humanitaire – mêle tous les genres et
leurs langues, argot, poème, chanson, prière, plaidoirie, réquisitoire,
essai. Le succès populaire fut et reste universel.

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HONORÉ DE BALZAC
1799-1850
I. L’ÉCRIVAIN
1. Origines modestes.
2. Romancier, journaliste, imprimeur, critique littéraire
3. Très prolifique - œuvre grandiose qui domine le roman français
4. Visionnaire - pose des questions fondamentales sur : la nature, la vocation,
la destinée du roman :
a) Les personnages balzaciens - l’impression de réalité et de légende.
b) La pensée balzacienne - conception générale su le monde, les lois, son
devenir.
c) Une œuvre de haute philosophie, œuvre d’analyse et de synthèse
= transformation fondamentale du roman, sa nature, sa structure.
Dans l’avant-propos à La Comédie humaine (1842), il s'était proclamé
=l'historien des mœurs, décrivant Paris et la province, la noblesse et la
bourgeoisie, l'armée et le clergé, la presse et l'édition.
II. L’ŒUVRE
1. La théorie du roman :
-complexité, modernité marqué par le contexte épistémique, esprit
scientifique, intérêt pour la socialité et l’historicité.
La poétique balzacienne - assumée par :
a) Le discours préfaciel
b) Le métadiscours
c) Le discours théorique des personnages - parlant de la littérature
= procédés d’autoréflexion intégrés dans la substance des romans
= phénomène sans analogie dans la littérature du XIXème siècle.
Le roman - le miroir du XIXe siècle.
2. Le caractère novateur
= textes à fonction programmatique, explicative, justificative, persuasive qui
visent à modeler l’horizon d’attente du public en vue de la réception
d’une formule romanesque sans équivalent dans le passé / le présent.
L’absence d’une poétique officielle du roman, de la médiatisation du genre,
fondamentale pour déterminer l’horizon d’attente des lecteurs pour la lisibilité
du texte romanesque, Balzac évoque à l’appui de sa poétique la garantie de
la Science et de l’Histoire.

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3. Le système romanesque
= modelé scientifique, analogique et causal (conception philosophique
constante)
= CONCATENATIO RERUM – le dynamisme universel :
a) « tout se déduit, tout s’enchaîne » ;
b) « La cause fait deviner un effet comme chaque effet permet de
remonter à une cause »
La « Comédie humaine »
= comparaison entre l’humanité et l’animalité.
= la société ressemble à la nature, il existe des espèces Sociales, tel qu’il
existe des espèces Zoologiques.
Balzac emprunte aux sciences naturelles le procédé de classification par
espèces en montrant la diversité des espèces sociales en dépendance
étroite avec les milieux sociaux qui les ont créés = détermination /
conditionnement réciproque.
4. Organisation de l’œuvre : Scènes et études
Système romanesque – unité de composition : séries organisés en
Scènes et Etudes :
a) Etudes de mœurs, philosophiques et analytiques
b) Scènes de la vie privée, de province, parisienne, politique, militaire, de
campagne
= fine observation de la vie réelle
5. Le modèle narratif = devenu l’archétype du roman réaliste classique :
- modification profonde de certains procédés narratifs
-vision du monde : déterministe, sociologique, historiste
-spécificité formelle du discours narratif balzacien- MIMESIS
a) TEMPO :
- rythme accéléré, précipité, progressif ; débuts in medias res (la compétence
épistémique du lecteur), analepses (préparation didactique) – l’insertion d’un
nouveau personnage; l’incipit annonce la diègese, la thématique et la
succession probable des évènements ;
b) TOPOS :
- des longs fragments descriptifs, interdépendance qui relie l’homme au milieu
où il vit,

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des informations sur, le logement, la physionomie, les vêtements = la
condition sociale ;
- les objets - en relation de contiguïté spatiale et temporelle avec l’homme ;
c) NARRATEUR OMNISCIENT ; focalisation zéro
- la fonction diégétique de la description - renforcer la domination du narratif
sur le descriptif ;
- scènes dramatiques à valeur mimétique ;
- récits sommaires assumés par le narrateur ;
- multiplication des plans de la narration = récit mosaïque ;
d) LES PERSONNAGES
- le retour des personnages = principe unificateur ;
- les séries des personnages : la série des banquiers, des commerçants, des
bourgeois enrichis, des duchesses et des marquises, des dandys, des
journalistes.
III. Citations :
« La société française, disait-il, allait être l'historien, je ne devais être que le
secrétaire. »
« Le bonheur est une bulle de savon qui change de couleur comme l'iris et
qui éclate quand on la touche. »
« La Société, plus marâtre que mère, adore les enfants qui flattent sa
vanité. »
IV. Difficultés d’acquisition :
Les élevés ne lisent pas les romans.
Une grande partie des élèves qui lisent les romans les trouvent démodés et
ne les apprécient pas.

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Stendhal (1783-1842)

Henri Beyle, plus connu sous le pseudonyme de Stendhal , né le 23


janvier 1783 à Grenoble et
mort d'apoplexie le 23 mars 1842 dans le 1er arrondissement de Paris2,
est un écrivain français, l’un
des maître du réalisme psychologique. Aux côtés de Balzac, Hugo,
Flaubert et Zola il est l'un des grands représentants du roman français du
XIXème siècle.
Stendhal et son époque
-il chevauche entre deux époques, le XVIII et le XIXe siécle
-il n’a pas vraiment été reconnu comme un grand écrivain, de son vivant
- les écrivains romantiques ne l’ont pas reconnu un des leurs et ils ne se
reconnaissent pas en lui
-son isolement littéraire et d’autant plus paradoxal qu’il a défendu dès le
début les nouvelles valeurs
romantiques
- il se trouve en divorce avec son époque
-il boycotte la France et fait d’Italie son pays de coeur
- le désamour entre Stendhal et ses contemporains et dû au fait qu’il
incarne un type de romantique
particulier
Le romantisme de Stendhal
-à bien des égards il est un romantique :
- le penchant pour l’autobiographie
- le goût pour : la passion, les passionnés, l’amour, la
gloire
- le dégoût pour la réalité bourgeoise ,médiocre
- l’attention portée au moi, àl’individu, c’est à dire, la
subjectivité
-son romantisme particulier :
- il n’aime pas l’effusion lyrique, étaler de manière
ostentatoire sa sensibilité
- il contrôle ses émotions
- il essaye de tenir en bride sa sensibilité naturelle
- il combine dans un alliage unique le XVIII et le XIXe
siécle
- il hérite quelques uns des traits spécifiques au XVIIIe
siécle : la clarté, le style
sobre concis, la limpidité, le naturel, la simplicité

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- Il rejette : le ton d éclamatoire, le sentiment religieux,
l’affectation
- il est plutôt préoccupé par : -l’analyse psychologique,
objective et froide
- la pr ecision
mathématique
- l’esprit
d’observation
Le Réalisme stendhalien
-peut être analysé du point de vu psychologique, moral, social
- il veut donner une image réaliste de son époque
- il néglige la bourgeoisie et les classes sociales moyennes
- la trame est fournie par les donnée de la réalité
- il y a une dimension réaliste, objective, sociale et une dimension
intérieure, subjective,
psychologique
-ce qui l’intéresse le plus c’est la peinture du coeur, les mouvements de
l’âme, l’existence intérieure
des personnages
-Il est maniaque de l’introspection et du détail précis
Les personnages stendhaliens
- pour le portret du personnage, il préfère l’annalyse minutieuse d’une
attitude, d’un geste comme
l’anatomie d’un geste
-Il pénètre dans l’esprit du personnage afin d’enregistrer fidèlement ses
pensées ,ses désirs
-il opère un choix pour rendre une image réelle mais sélective
-les héros stendhaliens sont passionnées, aiment vivre dangeureusement
et possèdent une
ambition et une énergie remarcables
La conception sur l’amour
-il précède ses romans par un essaie théorique sur l’amour (1822)
- il se propose d’élaborer une sorte de théorie scientifique de la passion
amoureuse
-il met l’amour sur une „table d’oppération ” et il le dissèque comme un
chirurgien en distinguant 4
espèces d’amour : amour goût,amour passion, amour physique et amour
de vanité
-il considère qu’il y a 7 étapes dans l’évolution du sentiment amoureux :
l’admiration, le désire,

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l’espérance, la naissance de l’amour, la première cristalisation et la
seconde cristalisation
La cristalisation
-c’est une oppération de l’esprit par laquelle l’être amoureux embellit de
mille perfections l’objet de
sa passion
-ainsi la réalité est transfigurée, embellie et modifiée à l’image de l’esprit
amoureux
- l’être amoureux est en quête d’idéalité et alors il recrée l’être aimé
- la cristalisation est opposée au coup de foudre
L’Egotisme (le beylisme) , mot invinté par Stendhal
-il désigne : -une forme spéciale de quête de soi
-une attitude devant la vie
-un art de vivre pas une philosophie
-l’étude analytique qu’un écrivain fait de sa propre
personnalité
-un culte sistématique du moi
-l’essentiel de l’art de vivre c’est „ la chasse au bonheur ”, de retrouver
l’instant exquis
„ pour un telle moment il vaut la peine d’avoir vécu ”
-le pays idéal pour un tel art de vivre c’est l’Italie : pays sans préjugés, de
l’énergie, de l’amour, de la passion, de l’âme, de la musique
Les œuvres les plus représentatives
Le Rouge et le Noir (1830)
Vie de Henry Brulard (1832-1836) : après son Journal (1801-181
Lucien Leuwen (1834)
La Chartreuse de Parme (1839)
Le Rouge et le Noir (1830) : le sous-titre de l’œuvre est « Chronique de
1830 », d’où la dimension sociale et historique de ce roman. Stendhal s’est
inspiré à un fait divers relaté par les journaux de son époque ( l’affaire
Berthet).Dans ce roman il décrit la « réalité » de la société sous la
Restauration et les débuts de la Monarchie de Juillet. Cette chronique
défend la diversité des milieux sociaux, l'échec d'une ascencion sociale,
une société bloquée, les pratiques religieuses, l'importance de l'argent,
l'hypocrisie. Cette œuvre est un grand roman d’apprentissage et d’analyse.
Résumé
Julien Sorel, intelligent, beau, ambitieux, le fils d’un charpentier à Verrières
, devient le précepteur des enfants de M. de Rênal, le maire de Verrières.
Le succès de Julien auprès de ses élèves, et auprès de Mme de Rênal
surtout, les soirées sous le tilleul, la stratégie amoureuse du jeune homme,

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finissent par éveiller des soupçons. Pour faire taire les rumeurs, Julien doit
quitter son amante et sa position. Grâce à ses talents brillants au
séminaire, Julien obtient une place de secrétaire à Paris auprès du marquis
de la Môle. Après des débuts maladroits, Julien réussit un peu mieux en
société, et surtout auprès de la fille du marquis, Mathilde. L’amour entre les
jeunes gens est un jeu d’orgueil et de mépris, et Julien finit par triompher
de Mathilde, qui se retrouve enceinte. La situation semble désespérée,
mais M. de la Mole, furieux, finit par obtenir pour Julien un titre de
noblesse, qui lui permette de prétendre à Mathilde. Le bonheur, pour
Julien, est total, mais une lettre de Mme de Rênal, qui l’accuse d’ambition,
ruine tous ses espoirs. Julien tente de la tuer. Malgré les tentatives
désespérées de Mathilde pour le sauver, malgré Mme de Rênal même,
seulement blessée, qui veut obtenir sa grâce du jury, Julien ne demande
que la mort, qu’il accueille avec courage. Il découvre en prison ses réels
sentiments pour Louise au détriment de Mathilde. Il découvre enfin la
passion. Mathilde enterre la tête de son amant décapité, Mme de Rênal
meurt trois jours après.
Le titre
- rouge égal amour, noir égal mort qui résume le parcours de Julien ; iI a
aimé et celà l'a conduit à la mort
-le rouge représente la guerre, le noir l'Eglise, deux carrières avec
lesquelles Julien croyait pouvoir conquérir le monde
Les deux parties du roman : - le parcours provincial de Julien, donc son
entrée chez les Rênal et son
ambition grandissante
- sa vie à Paris, une fois ses ambitions
réalisées ou en partie; sa vie
de secrétaire de Mr de La Mole et son
déchirement entre l'ambition
et les sentiments
Les personnages principaux
Julien Sorel, le héros du roman, est un personnage qui traverse plusieurs
milieux sociaux : le milieu éclésiastique, la bourgeoisie de province (maison
de Rênal) et la noblesse parisienne (maison de la Môle). L’ambition
sociale, l’ambition amoureuse, qui semblent ses principales passions, le
conduisent au meurtre qu’il tente froidement sur la personne de Mme de
Rênal. Les jurés voient en lui « un paysan qui s’est révolté contre la
bassesse de sa fortune », et ce n’est pas entièrement faux. Les femmes lui
semblent, comme la carrière militaire et la carrière ecclésiastique, un utile
moyen de parvenir. Il raisonne, il calcule, et en triomphe par stratégie et

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par orgueil. Mais le lecteur découvre au fil du texte un jeune homme
émouvant. Son orgueil et son talent le placent au-dessus de sa condition
première, mais son origine médiocre le rabaisse aux yeux de la haute
société et à ses propres yeux d’ailleurs. Julien est un homme passionné et
sincère, au fond, sa spontanéité et son naturel le en révelant à lui-même. Il
accuse fort justement l’ordre social, et réussit à trouver le bonheur au
terme de sa vie.
Face à Julien, Mathilde de la Mole et Mme de Rênal incarnent deux
formes opposées de l’amour, plus passionnel chez celle-ci, plus intellectuel
chez celle-là. Mme de Rênal, femme mariée, et mère de deux enfants,
aime avec passion et tendresse, là où Mathilde n’aime que par orgueil,
lorsqu’elle se sent dominée, mais alors, avec fougue et enthousiasme.
Mme de Rênal, qui écrit cette funeste lettre sous la dictée de son
confesseur, tente malgré tout de sauver son amant, et avec Mathilde,
déploie tous ses efforts en vain. Ces deux femmes très différentes
communient dans l’amour du même homme. Mais la fin pathétique de Mme
de Rênal, qui se laisse mourir, sans pour autant attenter à ses jours,
comme elle l’a promis, s’oppose au geste dramatique et spectaculaire de
Mathilde qui enterre la tête chère de l’homme aimé. Ces deux images
finales révèlent bien le caractère de l’une et de l’autre.
Un roman réaliste qui met en scène la diversité des milieux sociaux,
l’échec d’une ascension sociale, un parvenu rebelle, une société bloquée,
l’hypocrisie générale de la pratique religieuse, l’importance de l’argent.
Toute cette composition: les monologues intérieurs des personnages, les
intrusions du narrateur, ses commentaires fréquents et le travail
remarquable du style rendre le roman d’un réalisme subjectif
„Mais cette émotion était un plaisir et non une passion. En rentrant dans sa
chambre, il ne songea qu’à un bonheur, celui de reprendre son livre favori ;
à vingt ans, l’idée du monde et de l’effet à y produire l’emporte sur tout.”(Le
Rouge et le Noir)

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GUSTAVE FLAUBERT
1821-1880
I. L’ÉCRIVAIN
1. Père = médecin, chirurgien en chef. Le métier de son père influence son
écriture :
= coup d’œil médical sur la vie, la manie du détail, de la précision extrême,
pessimisme et tristesse
2. Jeunesse - l'exaltation romantique, lectures appartenant au courant
romantique (René).
- marqué par le romantisme, reconnaît être épris de lyrisme.
3. Goût prononcé pour la moquerie, pour l'ironie envers la bêtise et la stupidité.
5. Il écrit sans cesse, douloureusement : « Mais le talent n'est rien sans le travail.
Le Style, comme je vous l'écrit, nécessite une lutte acharnée contre la phrase.»1
6. Amis : Sainte-Beuve, George Sand, Guy de Maupassant.

II. L’ŒUVRE
Genres littéraires : le récit, pièce de théâtre vers la fin de sa vie = échec
1. PRINCIPALES ŒUVRES
a) Madame Bovary – 1856, inspiré par le cas Delamaire
Œuvre majeure de la littérature française et mondiale. L'épouse d'un médecin de
province, Emma Bovary, qui lie des relations adultères et vit au-dessus de ses
moyens, évite l’ennui, la banalité et la médiocrité de la vie provinciale.
« Outrage aux mœurs publiques et religieuses » = Un procès qui se termine par un
acquittement : il était accusé de faire l'apologie de l'adultère !
b) Salammbô – 1862
La guerre des Mercenaires, IIIe siècle av. J.-C., qui opposa la ville de Carthage aux
mercenaires barbares qu’elle avait employés pendant la première guerre
punique, et qui se révoltèrent, furieux de ne pas avoir reçu la solde convenue.
Polémique, éclatement des canons mimétiques traditionnels
Vérité rigoureusement scientifique
Le langage = le désir, la sensualité, l’imagination, la poésie.
c) L'Éducation sentimentale – 1845, version définitive -1869.
Roman de la désillusion.
Innovation : La dédramatisation de l’intrigue, l’expansion du récit descriptif, la
pulvérisation du statut héroïque des personnages
d) La Tentation de Saint-Antoine – 1873
La Tentation de saint Antoine est un poème en prose
1
http://www.dialogus2.org/FLA/abces.html, consulté le 2eme mai 2019

18
Alliance originale de l'évocation du monde gréco-latin du IVe siècle et de l'énoncé
des théories modernes, cette œuvre symbolique contient des tableaux d'une
grande beauté plastique
e) Bouvard et Pécuchet – 1880
L’ironie abrupte des œuvres en face des dogmes et des préjuges.

2. ÉCRITURE
a) Objectivité, impersonnalité, universalité
Il doit s'efforcer « de paraître absent de son œuvre »
Le sujet = banalité extrême
b) Observation pénétrante, exacte, complète
L'obsession du style «qui est une manière absolue de voir les choses ». Seul le
style peut rendre compte de la Beauté; quête héroïque de la forme = les affres du
style
Ecriture ambiguë; littérature qui se pense en s’écrivant
c) Analyse anatomique de la vie : description impartiale, analogue aux discours
des sciences
= vision déterministe - recherches biologiques L'observation, la documentation
rigoureuse - vastes enquêtes avant d'écrire.
d) L’époque = le malaise provoque par l’expansion agressive de l’argent /les
valeurs marchandes
3. STYLE
a) espace communicant entre la mimesis et la transposition
b) double mouvement de vaporisation et de concentration
c) synchronie -de l’absolu /du relatif
-du réel /de l’imaginaire
-de l’objectif / du subjectif
3. PERSONNAGES
a) milieu socio- historique déterminé : bourgeois normand ou parisien
b) inadhésion au réel, capacité de se concevoir autres qu’ils ne sont, désir de
mouler leur vie sur des cliches inadéquates et dévitalises, incapacité de choisir,
échec
c) monde aliénant, mystifié, qui promeut les marchands : l’apothicaire Homais, les
abbés : Bournisien, les hommes d’affaires et les politiciens douteux : Dambreuse =
les piliers du conformisme social
d) spiritualité appauvrie versus valeurs marchandes
4. NARATOLOGIE :
a) Vision avec- focalisation interne

19
b) Les personnages regardent et se regardent-confusion du discours du
personnage-narrateur
c) le narrateur = le régisseur du récit
d) discours transpose - style indirect libre
e) tempo : extension, concentration, silence /ellipse
= Distorsions d’ordre chronologique entre le récit et la diègese
-Analepse = rôle de mise en abime, rétrospective annonçant la continuelle
platitude existentielle des personnages
-Cercles interférents et tangentiels
-La description se résorbe dans la narration
-Ellipse
-L’itératif (raconter une fois ce qui s’est passe n fois, l’imparfait

20
GUSTAVE FLAUBERT (1821-1880)

Madame Bovary, le premier grand roman de Flaubert. C’est l’histoire d’une


petite-bourgeoise normande qui n’a pas dépassé Rouen, et à qui ses lectures
romanesques et romantiques ont rendu insupportable une vie sociale et
sentimentale étriquée, et qui se suicide.

Le ridicule est partout dans ce monde de province, dont le romancier


reproduit les propos stupides dans un style indirect qui conserve les termes,
l’accent et le rythme de la parole directe. Ridicule aussi l’héroïne, pour qui le
bonheur et les grands sentiments sont fonction du décor, des accessoires et des
chiffons.

Mme Bovary devait être pendant un siècle la patronne des provinciales


romanesques et inassouvies, et enrichir le dictionnaire et la psychologie du mot «
bovarysme ».

Le Nouveau Roman, partant d’une critique de Balzac, romancier «


omniscient » et créateur de héros, se recommande de Flaubert.

Flaubert inaugure la littérature désenchantée qui caractérise le penchant du


siècle.
Destruction du héros volontaire, énergique, lutteur, selon Stendhal et Balzac.

Les personnages de Flaubert ne sont plus que le reflet de ce qu’ils ont lu ou vu,
des «spectateurs» d’un monde réduit pour eux à n’être qu’une «représentation».
La passivité et la nullité intellectuelle du personnage déterminent la forme même
du roman: elles expliquent la priorité donnée à la description sur le récit, au
tableau sur la scène, aux impressions sur l’analyse.

Flaubert a innové dans la description: il emprunte à la peinture impressionniste


commençante ses notations fines de couleur, de luminosité, d’atmosphère.

Le souci majeur de Flaubert anti-romantique et antibalzacien, qui refuse les


ressources de l’intrigue et des grands caractères, est un souci de peintre. Il a
voulu faire des romans d’une certaine couleur : grise dans Madame Bovary,
pourpre dans Salammbô.
Flaubert est sans doute le premier romancier à donner au style une
place primordiale. Avec Flaubert, la littérature tend à se replier sur elle-même.

21
Non seulement à cause de ce souci tout formel, mais à cause de l’énorme
documentation livresque, de la boulimie encyclopédique qui préside à
l’élaboration de chaque œuvre.

L’effet pictural que recherche Flaubert s’obtient par des moyens grammaticaux
(Proust définit Flaubert « un génie grammatical »):
- monologue intérieur;
- style indirect;
- l’imparfait substitué au passé simple.

Le souci de la couleur se double chez Flaubert d’un désir de rendre la phrase


musicale.
« Une bonne phrase de prose doit être comme un bon vers, inchangeable, aussi
rythmée, aussi sonore.»(À Louise Colet, 22 juillet 1852)
La technique du récit cherche à créer une impression de fatalité (en
insistant, le plus souvent, sur les ascendants ou le milieu qui conditionnent les
personnages) ou de la logique interne. Quand on étudie, par exemple, l’ordre de
présentation des personnages, on voit que l’introduction préalable de Charles et
le récit de son évolution concourent à faire de lui l’agent du destin d’Emma. Mais
le retour en arrière sur l’éducation d’Emma rendra comme évidents son instabilité
et son échec.

Flaubert fait alterner les scènes (généralement à l’imparfait) qui tissent la trame
générale, le climat (mariage, bal, auberge, village, fiacre, église, veille funèbre
etc.) et les évènements proprement dits (au passe simple) qui donnent à la
narration son rythme. Ces deux registres peuvent se combiner dans un même
chapitre (par exemple, l’arrivée a Yonville ou la journée des comices).

Les détails sont toujours des éléments nécessaires à l’enchainement des faits. Par
exemple, Charles remarque dès le début l’intensité étrange du regard d’Emma,
signe prémonitoire de sa fragilité sentimentale : ou bien Homais parle dès son
apparition de son <<capharnaüm>> ou il range son arsenic. S’ajoutant aux
nombreux signes qui alimentent la mémoire (objets, comme le porte-cigares,
odeurs ou lieux qui réveillent à tout instant le souvenir), ces coïncidences
accentuent la division du héros entre ce qu’il vit et ce qu’il désire ou rencontre.

<<Madame Bovary, c’est moi >>

22
Ce mot de Flaubert a reçu toutes les exégèses possibles. Il rappelle en tout cas
que le grand romancier vit la vie de ses personnages et, par un mimétisme
réciproque, distille en eux ses diverses virtualités. Ce lien substantiel assure à
l’œuvre sa cohérence.

Quelques thèmes d’approches :

1. L’école de la société : Emma en pension.


2. L’amour vécu comme forme de l’échec : les relations d’Emma et de son
mari à partir du bal à la Vaubyessard ; l’idylle ébauchée avec Léon ;
l’aventure de l’adultère avec Rodolphe, qu’elle ennuie vite ; les ruineux
rendez-vous avec Léon ; la trahison des deux amants successifs.
3. L’heure du bilan : du point de vue d’Emma et du point de vue de
Charles, leur évolution aboutit à la même déchéance.
4. Flaubert au travail : la description occupe une place démesurée dans le
récit : les noces ; le bal ; Yonville-l’Abbaye ; les comices.
5. Pour la tentation (qui est le sujet du livre) et l’attirance-répulsion face à
la vie sensuelle.

23
André Gide
Gide est né à Paris le 22 novembre 1869. Il reçoit une éducation
puritaine. Il fait la connaissance de Paul Valéry en 1890, de Mallarmé en
1891 ; il est influencé par le symbolisme. En 1909, il fonde et dirige La
Nouvelle Revue Française qui joue un rôle prestigieux dans les lettres
françaises contemporaines. Son livre Les Caves du Vatican (1914)
impose A.G., aux côtés de Paul Valéry et de Marcel Proust, parmi les
écrivains de notoriété et originaux de l’époque ; il devient « le
contemporain capital ».
Il s’éteint à Paris, le 19 février 1951, après avoir reçu avec le Prix
Nobel (1947) la plus grande notoriété et la réparation des anciens
dénigrements.
Principales oeuvres : Les Cahiers d’AndréWalter, 1891 ; Paludes, 1895 ;
Les Nourritures Terrestres, 1897 ; L’Immoraliste, 1902 ; La Porte
étroite, 1909 ; Les Caves du Vatican, 1914 ; La Symphonie pastorale,
1919 ; Les Faux-Monnayeurs, 1925-1926 ; L’École des femmes, 1929 ;
Les Nouvelles Nourritures, 1935 ; Journal, 1932 et 1936 ; Thésée, 1936.
 Ses écrits => un caractère éminemment personnel
 Si le grain ne meurt - récit autobiographique qui s’étend de
l’enfance jusqu’aux fiançailles de l’auteur
 Les Nourritures terrestres – Chantent la libération que Gide a
connue pendant son premier séjour en Tunisie.
8 livres => des versets solannels ; des pages de journal passionnées ; de
véritables poèmes ; le long récit de Ménalque
 L’Immoraliste – oeuvre autobiographique ; la confession que
Michel fait à ses amis, une nuit devat le désert
 La Porte étroite – l’histoire du sacrifice d’ Alissa
-retracer le drame d’une âme protestante
 La Symphonie Pastorale – récit sérieux et pathétique
-le journal d’un Pasteur qui tombe amoureux
de Gertrude qui est aveugle
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 Les Caves du Vatican – fresque de l’époque
-„ sotie” dans laquelle se mêlent le saugrenu,
l’arbitraire et l’invraisemblable
-divisé en 5 livres : Anthime Armand-Dubois ; Julius de Baraglioul
; Amédée Fleurissoire ; Le Mille-Pattes ; Lafcadio.
-multitude de personnages
-intrigue compliquée
 Les Faux-Monnayeurs – l’image de son idéal de vie
-le roman d’un roman en train de s’écrire
( Édouard, qui est au coeur de l’action, pense une action identique
développée dans son cerveau par des personnages exactement
confondus avec ceux de Gide.
 Thésée – Gide y exprime l’ultime parole de sa sagesse
Gide est l’écrivain sur lequel on n’a cessé de parler avec les jugements
les plus contradictoires. Durant sa vie, il semblait vouloir déconcerter à
tout prix puisque chaque livre paraissait contredire le précedent.
Beaucoup ont cru voir dans ses oeuvres une doctrine de vie enseignant
l’affirmation de soi en allant jusqu’au défi de toute convention et de
toute décence et que l’on appelle „le gidisme”. Il a ouvert la voie en
France à un nouveau roman par rapport au roman balzacien ou
stendhalien, roman d’autoreprésentation, roman qui réfléchit sur sa
propre condition, ce que l’on va nommer „le roman du roman” ou le
métaroman.
Sa célèbre théorie de la „mise en abyme” (Journal, 1893) qu’il a mise
en pratique dès 1895 avec Paludes, puis avec Les Caves du Vatican et
surtout avec Les Faux-Monnayeurs, appelée aujourd’hui „ résumé
autotextuel”, a porté fruit surtout dans les années 60.
Paludes, cette „sotie” ( récit non-linéaire et parodique qui emprunte
son nom à un genre dramatique du Moyen Âge), contient au sens
littéral une invitation à une morale de l’inquiétude, à une recherche de
la vie intense, et, du pdv esthétique, une invitation de forme

25
symbolique à dépasser le symbolisme. Le texte contient le texte
déclaré de Gide : la préface ; celui du narrateur : l’agenda ; le journal du
narrateur comprenant en fait la narration ; le journal littéraire du
narrateur préparant son livre Paludes ; le livre du narrateur et le texte
possible du lecteur dans „la page blanche”.
Les Nourritures terrestres sont un cantique à la joie, cette joie pour
laquelle il fallait plus de courage pour l’obtenir que pour se laisser
sombrer dans la tristese après avoir trop cultivé les livres des poètes et
des philosophes. Loin de répudier la pensée, il voulait que la
connaissance se nourrisse de sensations.
Les Caves du Vatican sont à la foi sune sorte de roman policier, de
satire politique, de farce moyenâgeuse, de conte philosophique, de
théâtre de fantoche, un divertissement d’auteur et d’autrui, une
mystification dans le sene profondément baroque. C’est pour la
première fois que Gide abandonne la forme du récit autobiographique
à un seul personnage et crée une multiplicité de points de vue,
juxtaposés, de personnages les plus différents spirituellement et
socialement. Selon son habitude, Gide projette une partie de son moi
sur ses personnages, mais, cette fois-ci, il se manifeste aussi
personnellement. Le Je des Caves est bien le Je de l’auteur et non plus
d’un narrateur. Il est témoin, arbitre, meneur de jeu, guide du lecteur.
La composition de la mise en abîme, qu’il avait créée dans le récit
Paludes et qui triomphera dans Les Faux-Monnayeurs, s’y trouve en
germe. Gide place dans son roman un écrivain qui conçoit lui-même un
roman, dont le sujet est partiellement philosophique, donc une oeuvre
baroque. L’ironie première concerne surtout „l’acte gratuit”. Les
personnages „gratuits” et leurs théoriciens des Caves du Vatican
satirisent à rebours ou bien directement un excès de logique pouvant
être aussi exaspérant qu’un excès d’illogisme.
Les Faux-Monnayeurs - un roman d’idées par la quantité de questions
qu’on y pose. Gide veut que son roman soit „une somme” de lui-même.

26
Chaque protagoniste porte en lui cette synthèse de psychologie
gidienne et de problèmes sociaux ou intellectuels, religieux ou moraux
de problèmes actuels tel que le freudisme ou bien des théories
concernant la flore et la faune. Son souci de la vie réelle est plus grand
que jamais, mais il l’opposera ironiquement au reflet du réel en tant
que création artistique. Cette fois-ci le labyrinthe remplace la ligne
droite. Autant d’intrigues que chaque être humain en porte
virtuellement en lui. A la fin du roman rien n’est résolu. La création
artistique sera une activité entre autres, en cours , et qui restera
inachevée ou plutôt à achever au-delà du roman de Gide. C’est le
roman de l’écrivain Edouard, portatnt le même titre que le livre de
Gide, s’insérant dans celui de Gide par le procédé de la mise en abyme.
Mais ce miroir de soi est autoironique car Gide conserve une
indépendance ironique envers son double. Les théories d’Edouard ne
sont point appliquées au pied de la lettre par Gide puisque lui il
achèvera son roman et donnera au roman des personnages -le courant
le plus fort qui l’emportera sur celui du roman en roman.
Le titre a la densité du symbole et unifie toutes les actions du roman.
L’humanité qui y est présentée est peuplée de faux-monnayeurs
intellectuels, moraux, sentimentaux, portant le masque imposé par les
convenances sociales, familiales, professionnelles, etc. Ceux-ci sont
infinimentplus nombreux que les quelques frappeurs de fausses
monnaies.

Marcel Proust
Eléments bio-bibliographiques
1871 naissance

27
Dès 1881, se déclenche une maladie respiratoire qui hâtera sa fin. Il est
le contemporain de la construction de la Tour Eiffel et de l’affaire
Dreyfus (dont on pourra retrouver des échos dans son oeuvre).
Il débute en 1895, avec une nouvelle, puis traverse un moment délicat
lors d’un duel avec un journaliste qui l’accusait d’entretenir des
relations homosexuelles avec Lucien Daudet, fils de Léon Daudet.
Il se fait la réputation d’un écrivain superficiel et précieux, et ce qui
allait être le premier volet de A la recherche du temps perdu est rejeté
par André Gide, qui allait reconnaître plus tard sa faute. La rédaction du
cycle commence en 1907 et dure toute sa vie, qui s’achève en 1922.
Le cycle est composé de:
À l'ombre des jeunes filles en fleurs (1919, chez Gallimard ; reçoit le prix
Goncourt la même année)
Le Côté de Guermantes (en deux volumes, chez Gallimard, 1920-1921)
Sodome et Gomorrhe I et II (chez Gallimard, 1921-1922)
La Prisonnière (posth. 1923)
Albertine disparue (posth. 1925 ; titre original : La Fugitive)
Le Temps retrouvé (posth. 1927)
Modernité de Proust: nouvelle conception du temps
Proust est le plus important romancier moderne français, dont l’oeuvre
est, depuis, une source de réflexions et d’analyses pour critiques,
poètes, philosophes.
La modernité de Proust réside tout d’abord dans la conception de la
temporalité. Selon l’auteur, il y a un temps „rationnel”, conscient, et
une durée „ressentie”, affective, qui est retenue par la mémoire
involontaire. Cette mémoire, qui se manifeste lors d’un célèbre

28
épisode, celui „de la madeleine”, donne lieu à une esthétique nouvelle,
pour laquelle le détail devient de plus en plus important.
La mémoire involontaire, qui ressemble en cela au rêve, ne tient pas
compte de l’ordre que la vie quotidienne impose à nos actes. On parle
du „flux de la conscience”. Ainsi, la narration n’est pas linéaire, et les
descriptions n’épousent pas la durée ou la grandeur réelle de leurs
objets. Cette conception de l’importance d’une existence intérieure
aboutit à la création d’un monde fictionnel différent du monde réel
qu’il est censé „embellir” ou reprendre.
Réalisme et anti-réalisme
Toutefois, à part la profondeur psychologique de son oeuvre, sa
dimension sociologique ne peut pas être négligée: Marcel Proust écrit
avant et pendant la Première Guerre mondiale, dans un monde en train
de modernisation, „désenchanté”, et Proust, par l’intermédiaire de son
personnage Marcel, enfant, adolescent et puis adulte, exprime ce
désenchantement.
L’héritage de l’oeuvre de Proust ne peut pas être séparé de l’héritage
de toute une époque moderne pendant laquelle les arts ont connu de
transformations importantes, notamment par rapport à une idéologie
littéraire réaliste, adepte de l’ordre et de la conception de l’art comme
imitation raisonnée de la réalité.
Héritage
En France, la publication en 1952 d’un roman de jeunesse de Proust,
Jean Santeuil, et l’envergure de la nouvelle critique, au début des
années 1960, donne à l’oeuvre proustienne une nouvelle vie qui se
poursuit encore de nos jours.
Albert Camus
Albert Camus est à la fois un écrivain, un dramaturge, un essayiste, un
journaliste et un philosophe français. Il est connu pour ses idées

29
humanistes et la conscience de l’absurdité de la condition humaine et
ses prises de positions politiques. C’est également le 9e français à avoir
obtenu le Prix Nobel de littérature en 1957.
L’absurde dans l’oeuvre de Camus :
Le Cycle de l’absurde : ♦ Le Mythe de Sisyphe (un essai) ♦
L’Etranger (un roman) ♦ Le Malentendu et Caligula (deux pièces de
théâtre)
Le cycle de la Révolte : ♦ La Peste (un roman) ♦ Les Justes (une
pièce de théâtre) ♦ L’Homme révolté (un essai)
Lorsque Camus parle de l’absurde, il fait référence à l’absurdité de
la condition humaine.
Selon Camus, l’homme cherche toujours un sens au monde, un sens à
son existence sur terre, un sens à ses actions.
Or le monde dans lequel nous vivons n’a pas de sens. Camus nous
rappelle l’indifférence du monde à notre égard, le caractère insensé de
la monotonie de notre existence, notre mort inéluctable et l’inutilité de
la souffrance.
L’absurde est donc cette confrontation entre la quête de sens de
l’homme et le non-sens de la vie.
L’absurde est un sentiment que ressent l’homme confronté à l’absence
de sens de son existence.
Quelles sont les réactions possibles face à l’absurde ? Tout d’abord,
Albert Camus récuse deux réactions: ♦ Le refuge dans la religion ou
dans des croyances irrationnelles ♦ Le suicide
Camus propose trois réactions possibles. Il s’agit de :♦ La révolte ♦ La
liberté ♦ La passion
L’Étranger d’Albert Camus est un roman philosophique qui étudie
les deux idées philosophiques de cet écrivain, d’abord l’absurde qui est
un courant littéraire mais le mot absurde veut dire ce qui est
contradictoire ou qui n’a pas sens.
Ensuite, L’humanisme qui est un courant littéraire qui met l’homme
au-delà de tout. Dans le roman se résume en rébellion du personnage

30
principal contre le prêtre et tout simplement ne pas accepter les lois
naturelles de ce monde et agir comme il veut.
Le créateur a voulu que son personnage soit absurde, déraciné et
indifférent pour transmettre sa pensée philosophique.
Dans Le Mythe de Sisyphe le tragique est pleinement présent
dans l’intrigue. L’essai est construit à partir du sentiment de l’absurde,
de ce qui est ressenti comme doué de non-sens. Devant l’évidence du
malheur, la solution à adopter n’est pas le suicide ; on doit d’abord
accepter cette condition sans se décourager et tenter de lutter contre
l’absurde. Pour cela il faut refuser de se laisser trompé par les valeurs
établies par la morale traditionnelle. Du point de vue de l’évolution, le
sentiment de l’absurde est comme un déclic produit lorsque l’homme
réalise le caractère inévitable de sa fin. Face à cette situation sans issue,
l’homme absurde doit toujours se trouver dans un état de révolte, car
le combat mené contre les évidences de l’échec est cependant une
victoire. Finalement, cette attitude partie d’une existence absurde
affirme non pas une victoire définitive, mais un état de satisfaction,
d’accomplissement : „Il faut imaginer Sisyphe heureux !”
1956 est l’année de publication de La Chute.
Le titre « La Chute » a une dimension morale et sociale, physique,
religieuse, géographique et, bien sûr, littéraire.
La Chute est un dialogue, constituant une satire de l’intellectualité
française et, en général, occidentale, d’après la Seconde Guerre
Mondiale. Le narrateur est le seul protagoniste du texte; Clamence
s’adresse à un vous impersonnel qui peut être son double, toute une
autre personne, l’auteur ou le lecteur, et refait lentement son
existence, la racontant.
Clamence se rappelle d’abord sa vie insouciante, car il avait été avocat
comblé de succès à Paris, ensuite, il présente les événements qui ont
déclanché le processus de prise de conscience: d’abord un rire
moqueur dans la nuit, suivi par le suicide d’une femme qui s’est jetée à
l’eau devant lui, sans qu’il fît le moindre effort pour l’arrêter. C’est ainsi
que le protagoniste réalise la vanité de la comédie mondaine, se

31
mettant à juger son propre contentement borné, sa vie nette
d’apparence. Cette sincérité s’avère être une invitation, adressée à
l’interlocuteur, à l’autoanalyse. L’étalage des erreurs est destiné à créer
un sentiment général de mauvaise conscience , de sorte que Clamence
devient accusateur de tous. Sous le masque de la justice, il accable tous
les autres de sa faute à lui .
La Peste est considéré l’un des plus importants romans de la
Résistance française pendant l’occupation nazie. Le roman est d’abord
la chronique d’une épidémie de peste, éclatée à Oran, retracée par un
médecin, mais il est aussi le récit d’un psychologue et d’un moraliste
qui analysent les réactions individuelles ou collectives. Peu à peu, les
uns et les autres font, dans le malheur, l’apprentissage de la solidarité.
Ce roman allégorique souffre plusieurs interprétations. La peste
symbolise le fléau du malheur sous toutes ses formes, y compris celle
de la guerre. Lutter contre la peste, si périlleuse, si aléatoire, voire si
vaine que soit cette lutte, est la seule conduite humaine possible.
L’homme doit dépasser l’absurde de sa conduite et du mal, par un acte
de protestation qui lui permette de rejoindre les autres « dans les
seules certitudes qu’ils ont en commun et qui sont l’amour, la
souffrance, l’exil »
Camus distingue trois étapes possibles pour l’homme qui fait
l’expérience de l’absurde : l’homme quotidien vit l’absurde sans en
avoir une claire conscience, tel Meursault, le héros de L’Étranger, au
début du roman ; l’homme absurde a pleinement compris l’absurde et
l’assume, comme le même Meursault à la fin du roman ; l’homme
révolté est quant à lui capable de construire sa vie sur l’absurde.
Malgré l'attitude anti-métaphysique et anti-théologique de Camus on
peut conclure que toute action humaine profondément assumée
repose, pour lui, sur l’amour envers ses semblables et sur la solidarité.

Albert Camus

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(né le 7 novembre 1913 à Mondovi en Algérie et mort le 4 janvier 1960
à Villeblevin dans l'Yonne)
Albert Camus est l’auteur d’une trentaine d'ouvrages comprenant les
romans mondialement connus "L'Etranger" et "La Peste", mais aussi
des essais, des pièces de théâtre et des chroniques dans la presse
Écrivain, dramaturge, essayiste et philosophe français, il a été l’un des
principaux acteurs de la vie intellectuelle de l’après-guerre.Albert
Camus est l’auteur de pièces de théâtre, de romans et d’essais dans
lesquels il a développé une philosophie humaniste fondée sur la prise
de conscience de l'absurdité de la condition humaine.
Son roman La Peste publié en 1947 connaît un très grand succès. Son
œuvre, qui aborde les thèmes de l'absurde et de la révolte, est
indissociable de ses prises de position. Il s’engagea notamment contre
le franquisme en faveur d’une trêve pendant la guerre d’Algérie. Il
s’opposa également à la philosophie existentialiste de Jean-Paul Sartre.
Ce roman dévoileCamus comme « plus un écrivain de la réflexion
qu'un écrivain de la description. »
Le roman L'Etranger et l'essai Le Mythe de Sisyphe appartiennent au
"cycle de l'absurde" qui sera ensuite complété par les pièces de théâtre
Le Malentendu et Caligula.
Pour Camus, la vie n`a pas de sens, on est là, comme on pourrait ne pas
etre là.
Dans L'Etranger,Camus évoque la mort à plusieurs reprises, au début de
l`histoire, au milieu car Mersault tue l`arabe et à la fin de l`histoire , car
Mersault est condamné à mort.
L’étranger c’est le portrait d’un homme qui se dessine en creux, par
déduction, par interprétation de ses pensées, de ses
actes. Camus applique ici à merveille la fameuse règle d’écriture
américaine : « Show, don’t tell » (Montrer sans dire).
Avec son roman La Peste (1947), Camus inaugure "le cycle de la

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révolte" qui explore le thème de l’engagement. Dans ce cycle
s’inscrivent également L’Etat de siège (1948), les Justes (1949) et
l’Homme révolté (1951).
Les thèmes de la Peste : la maladie et la souffrance, la mort, la
séparation, l'exil et la solitude, la mise à l'épreuve
« Qu'est-ce qu'un homme révolté ? Un homme qui dit non. Mais s'il
refuse, il ne renonce pas : c'est aussi un homme qui dit oui, dès son
premier mouvement » La révolte est un droit. La révolte naît de la
perte de patience.
La Chute de Camus explore le thème de la culpabilité. Si la Peste était
concentrée sur l’action et sur les moyens de dépasser le sentiment
d’absurde, la Chute quant à elle analyse le thème de l’inaction et ses
conséquences. Le thème philosophique tient en une phrase : nous
sommes tous responsables de tout.
Au travers du personnage de Clamence, c’est l’humanité que
dépeint Camus : égoïste, voire autiste, vivant dans le pur
divertissement, l’homme moderne semble avoir perdu de vue les
notions de justice et de responsabilité.
Camus affirme qu’il faut se juger soi-même sans complaisance grâce à
une mise à distance entre le moi et le je. Car seul le moi peut
légitimement formuler un jugement lucide sur le je.
Camus, se définit lui-même, dans ses carnets comme « un artiste plutôt
que comme un philosophe» et également, il confirme ne pas être un
romancier au sens classique mais plutôt «Un artiste qui crée des
mythes à la mesure de sa passion et de son angoisse»
En 1957, il reçoit le prix Nobel de littérature et devient l’un des plus
jeunes lauréats de ce prix. Le 4 janvier 1960, à l’âge de 46 ans, il trouve
la mort dans un accident de voiture.
Citations

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« L’homme n’existe donc que par sa révolte qui peut prendre mille
formes : philosophiques...historiques... poétiques...Mais entre
l’esclavage consenti et la violence révolutionnaire.
La création est la vraie liberté, le plus humble et le plus fier effort
humain. »

" Plutôt mourir debout que de vivre à genoux "L'Homme révolté

« La vraie générosité envers l'avenir consiste à tout donner au


présent. » (Au-delà du Nihilisme)

35
Michel Tournier
Auteur de neuf romans, dont ses deux Vendredi, célèbres dans le
monde entier, Michel Tournier est mort le 18 janvier à Choisel, à
91 ans.
Dans Des clefs et des serrures (1979), Michel Tournier avait
malicieusement composé sa propre nécrologie, rédigée à la troisième
personne : « Après de longues études de philosophie, il est venu assez
tard au roman qu’il a toujours conçu comme une affabulation
d’apparence aussi conventionnelle que possible, recouvrant une
infrastructure métaphysique invisible, mais douée d’un rayonnement
actif. »
Dans ces années 1970 où les recherches formalistes étaient à la mode,
il s’est voulu, pour l’écriture, l’élève de Maupassant, et rappelait qu’il
était influencé par les Parnassiens et Valéry, laissant Joyce aux
« expérimentateurs du langage ». Né le 19 décembre 1924 dans une
famille de la bourgeoisie parisienne, il fait, très jeune, de nombreux
séjours en Allemagne, dans un foyer d’étudiants catholiques. Il devait
déclarer plus tard que, à 10 ans, devant les parades nazies à Berlin, il
avait « tout vu, tout compris, tout retenu ».
Très tôt, il éprouve une fascination pour le pouvoir de la littérature,
mais c’est vers des études de philosophie qu’il se dirige, conforté par le
rayonnement de ses professeurs de Sorbonne, surtout Bachelard dont
« l’imagination matérielle » aura une grande influence sur son œuvre.
Puis il passe quatre années à Tübingen ; à son retour, en 1950, un échec
à l’agrégation le fait renoncer à l’enseignement et revenir à la
littérature.
Il vit dans un hôtel de l’île Saint-Louis. Il assure le quotidien grâce à des
travaux d’édition et de traduction et des émissions à la radio jusqu’à la
parution de son premier roman, Vendredi ou les Limbes du
Pacifique (1967), qui obtient un grand succès public et le grand prix du
roman de l’Académie française. Dès cette première fiction, Tournier est

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en possession de ce qui nourrira et vivifiera les autres : l’insertion dans
la narration d’un des grands mythes fondateurs de la littérature
occidentale, celui du naufragé de Daniel Defoe et celui de Jules Verne
dans L’Île mystérieuse.
Le navire de Robinson fait naufrage en septembre 1759, mais ce que ce
navigateur trouve dans l’île, c’est un temps hors du temps, une terre
vierge, inconnue des cartes maritimes. Dans cette île, Robinson
accomplit une équipée initiatique, à travers les éléments, l’eau, puis la
terre au cours d’une descente dans une grotte, ensuite, grâce à
l’apparition de Vendredi, dans l’air, qui le purifie, le libère, et enfin dans
le feu du soleil.
-Dans cette première fiction, nourrie de Platon, on peut déjà repérer les
motifs mythiques qui reviendront dans les suivantes : le voyage, du
dénuement à la joie, la gémellité, la fascination pour l’androgyne.
Peu de femmes dans les fictions de Tournier. Un autre mythe, l’Ogre,
en l’occurrence le prédateur sexuel, est au centre du roman qui, trois
ans plus tard, est couronné par le Goncourt à l’unanimité : Le Roi des
Aulnes, retour aux sources germaniques, dégradation de la figure
romantique. Le roi des Aulnes goethéen qui enlevait les petits enfants
vers la mort s’appelle ici Abel Tiffauges. Garagiste parisien, fait
prisonnier dans l’Allemagne nazie de 1940, il se retrouve dans la
réserve de chasse de Goering et, pourvoyeur des bourreaux, pourra
donner libre cours à ses perversions le poussant du côté des enfants,
figure sinistre, peut-être rachetée à la fin par le sauvetage d’un petit
Juif. La Rédemption se retrouve en effet dans beaucoup de ses œuvres,
thème chrétien, bien que Tournier ait déclaré avoir « une culture
théologique tout à fait nulle ».
Après cette œuvre ambiguë à laquelle fut parfois reprochée, sans doute
à tort, une certaine fascination pour le nazisme, Tournier reprend,
dans Les Météores (1975), le thème de la profanation , de l’inversion
des valeurs, de la fascination pour le même, à travers les figures de ses
neveux, Jean et Paul. Les années suivantes, ces figures emblématiques
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reviendront dans des textes plus courts, comme Gilles et Jeanne (1983)
où, au visage salvateur de Jeanne d’Arc s’oppose celui, terrifiant, de
Gilles de Rais.
Depuis quelques années, après La Goutte d’or (1985), Michel Tournier
s’était consacré à l’écriture d’essais (Les Vertes Lectures, 2006), et de
romans et contes pour enfants, sans mener à bien son projet de grand
roman sur le Vampire, autre figure de son univers imaginaire.

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Alphonse de Lamartine
Alphonse de Lamartine est un écrivain français né en 1790 à Mâcon
(Bourgogne) et mort à Paris en 1869. Il naît dans une famille
appartenant à la petite noblesse provinciale, dite de robe, très attachée
à la royauté et au catholicisme. Son père, Pierre de Lamartine, est un
seigneur, chevalier de Pratz et capitaine au régiment Dauphin-cavalerie.
Sa mère, Alix des Roys, est l’une des filles du général de M. le duc
d’Orléans ; c’est une femme éduquée qui admire Fénelon et Racine et
qui participe à l’éducation de son fils.
Alphonse de Lamartine grandit dans un environnement où la nature et
la religion occupent une place prépondérante. Il fait des études à Lyon
puis à Belley, avant d’entreprendre un voyage en Italie qui durera près
d’une année (1811-1812) ;
-il y rencontre une belle Napolitaine qui inspirera son roman Graziella.
De retour en France, il occupe brièvement une fonction de garde du
corps de Louis XVIII ; lorsqu’éclatent les Cent-Jours, il démissionne et se
réfugie en Suisse. De retour à Milly, il mène une existence oisive de
séducteur.
Méditations poétiques (et religieuses)
En 1816, il vit un grand amour avec Julie Charles, une femme mariée,
de six ans son aînée, atteinte de tuberculose galopante. Leur relation
sentimentale durera jusqu’en décembre 1817, moment où Julie décède
de son mal. La douleur qu’il en ressent embaume son premier recueil
de poésie, Méditations poétiques (et religieuses), qui paraît en 1820 et
remporte immédiatement un immense succès. Pour beaucoup de
critiques littéraires, c’est dans ces premières œuvres que tout le talent
lyrique d’Alphonse de Lamartine s’exprime avec le plus de profondeur.
- Julie Charles y apparaît sous les traits d’Elvire, et le poète exprime
dans ce recueil la solitude après la disparition de l’être cher, et
l’apaisement que peut apporter la foi.
Lamartine s’était vanté d’avoir fait « descendre la poésie du Parnasse »,
et d’avoir donné à la Muse plutôt qu’une « lyre à sept cordes de

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convention, les fibres mêmes du cœur de l’homme, touchées et émues
par les innombrables frissons de l’âme et de la nature ».
-Le recueil repose donc sur une forte exaltation du moi, qui était propre
à faire écho au désir de recueillement d’une génération sortie des
violentes épopées napoléoniennes. C’est dans ce recueil qu'on trouve
un des plus célèbres poèmes de la littérature française, « Le Lac », ou
encore « L’Isolement », qui contient ce fameux vers : « Un seul être
vous manque, et tout est dépeuplé ! ».
La Mort de Socrate
Fort de sa popularité fraîchement acquise, Alphonse de Lamartine
épouse Marianne-Élise Birch, une Britannique. Ensemble, ils
entreprennent quelques voyages en Italie et en Angleterre. En 1822, le
couple donne naissance à Julia. Trois ans plus tard, Lamartine obtient
un poste de secrétaire auprès de l’ambassade de France à Florence en
Italie. En 1823, il avait publié La Mort de Socrate, long poème évoquant
les derniers entretiens de Socrate avec ses disciples avant sa mort, le
décor antique n’empêchant pas des accents chrétiens.
Méditations métaphysiques
Nouvelles Méditations métaphysiques
La même année était parue une suite aux Méditations métaphysiques,
les Nouvelles Méditations métaphysiques, qui prolongent le fonds
poétique du premier recueil sans susciter le même intérêt, comme si la
nouveauté du premier recueil avait assuré une part de son succès,
quand le deuxième n’avait plus le même pouvoir de surprendre.
Les Préludes et Le Crucifix
Parmi les pièces les plus connues, figurent « Les Préludes » et « Le
Crucifix ». Le poète se montre toujours d’une sentimentalité ardente,
et la spiritualité, la religion, la nature, pénétrée de l’âme du poète,
tiennent encore une grande place.
Sur la politique rationnelle
En 1829, Alphonse de Lamartine est élu à l’Académie française, soit un
an avant de démissionner de ses fonctions diplomatiques. Il rentre en
France et y entame une carrière politique en rejoignant la monarchie

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de Juillet. Candidat malheureux à la députation, il reprend son travail
d’écrivain et publie Sur la politique rationnelle. En 1832, il visite la
Grèce, le Liban et se rend à Jérusalem où il se recueille devant le Saint-
Sépulcre. À la suite de ce voyage, il devient – aux côtés de Victor Hugo –
l’un des plus ardents défenseurs de la cause serbe.
Harmonies poétiques et religieuses
En 1830 avait paru son troisième recueil de poésie, Harmonies
poétiques et religieuses. Cette fois, c'est le sentiment religieux qui
domine sur l’amour parmi les vers. Ce recueil inspirera à Franz Liszt des
pièces pour piano. Lamartine y adjoindra, plus tard, comme
aux Méditations, des commentaires fournissant un contexte aux
poèmes, où l’auteur ne se révèle pas toujours exact.
La Chute d’un ange
Jocelyn
En 1836 avait paru Jocelyn, deux ans plus tard La Chute d’un ange, des
romans en vers qui se voulaient des épisodes d’une épopée symbolico-
philosophique où il s’agissait pour Lamartine de donner des exemples
de souffrance librement consentie pour figurer l’ascension de l’âme
vers Dieu. Jocelyn en particulier est un hymne à l’espérance, à la beauté
et à la bonté qui illustre un optimisme sans faille chez l’auteur.
La Marseillaise de la Paix
En 1841, La Marseillaise de la Paix vient en réponse au Rhin
allemand (1840) de Nicolas Becker ; Lamartine y prône la fraternité
européenne et plus généralement l’internationalisme. Le Rhin, champ
de bataille chez Becker, se fait lieu de tourisme et de commerce
lorsqu’il coule dans l’humanitarisme tout romantique de Lamartine. Au-
delà des conflits, le poète sait voir les qualités de l’Allemagne comme
celles de la France : « Nations ! mot pompeux pour dire : barbarie ! [...]
L’égoïsme et la haine ont seuls une patrie ; / La Fraternité n’en a
pas ! ». De son côté, Musset répondra sur un ton plus proche de celui
de Becker.
Ses difficultés financières mènent Lamartine à envisager de quitter la
politique, mais il s’attelle plutôt à son Histoire des Girondins, un des

41
grands succès de librairie de l’époque, publié en 1847. L’ouvrage
commence à la mort de Mirabeau et se termine avec celle de
Robespierre. Lamartine voyait l’histoire comme « la poésie de la
réalité », « la plus haute tragédie ». Les faits rapportés relèvent souvent
de la légende, de celle qui reprend ou de celle qu’il crée, mais l’œuvre
demeure, de par ses qualités littéraires, un véritable poème de la
Révolution, propre à inspirer celle qui se préparait.
Son goût pour la belle vie politique et pour les grands domaines lui
amène des problèmes d’argent encore plus grands. Ayant accumulé
trop de dettes, l’homme de lettres décide d’orienter sa production
littéraire de façon à engranger un maximum de bénéfices, abandonnant
au passage son génie artistique.
Graziella
En 1852 était paru à part Graziella, un récit en partie autobiographique
d’abord inséré dans les Confidences, où le poète idéalisait ses amours
avec Julie Charles. Graziella est dans le récit la fille d’un pêcheur que le
poète rencontre après avoir frôlé la mort lors d’une ballade en barque.
Après des jours de bonheur à ses côtés, Lamartine doit abandonner la
jeune fille, qu’il est finalement allé chercher au couvent, sur un ordre
de sa mère de rentrer en France.
Contrairement à Flaubert qui parlait d’un « esprit eunuque », Alfred de
Vigny voyait dans l’œuvre de Lamartine « une verve de cœur, une
fécondité d’émotion qui le font toujours adorer, parce qu’il est en
rapport avec tous les cœurs ».

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Charles Baudelaire
Charles Baudelaire est un auteur majeur de la littérature
française considéré comme le précurseur de la modernité poétique.
Son œuvre est fascinante car elle se situe au carrefour de toutes
les influences du 19ème siècle : héritier du romantisme et
du Parnasse, la poésie de Baudelaire annonce déjà le symbolisme (avec
la théorie des correspondances notamment).
Son recueil le plus célèbre, Les Fleurs du Mal, montre un poète
tiraillé entre le spleen et l’idéal, le mal et le bien, la laideur et la
beauté.
Ce recueil a choqué la bourgeoisie bien-pensante de l’époque pour sa
volonté de mêler le beau et le sordide, le bien et le mal.
Autre apport majeur de Baudelaire à la littérature française : le
poète libère la poésie des contraintes du vers et de la rime en publiant
un recueil de poèmes en prose : Le spleen de Paris.
Cette nouvelle forme poétique au XIXème siècle prépare d’autres
formes poétiques à venir comme le vers libre.
Les œuvres majeures de Baudelaire
 Les Fleurs du Mal (1857)
Les Fleurs du Mal est un recueil de poèmes qui retrace le trajet de
l’âme de Baudelaire qui vit une descente aux enfers.
Le recueil est divisé en six sections : spleen et idéal, tableaux parisiens,
Fleurs du Mal, révolte, le vin, la mort.
La première section, « Spleen et Idéal », est de loin la plus longue du
recueil.
Elle développe l’idée du spleen, malaise existentiel qui accable le poète.
Au dégoût, à la laideur et au désespoir s’oppose l’Idéal, c’est à dire la
beauté, le sens, l’évasion.
Le poète est écartelé entre spleen et idéal, entre Dieu et Satan.
Paru en 1857, ce recueil connait un destin difficile. En effet, Baudelaire
est condamné en correctionnelle pour « outrage à la moralité
publique », et se voit contraint de supprimer six pièces des Fleurs du
Mal et de payer une amende de trois cents francs.

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Le « scandale » des Fleurs du Mal ne réside pas uniquement dans les six
poèmes érotiques que Baudelaire a été contraint de supprimer. Ce qui
a choqué les bonnes mœurs de l’époque, c’est la volonté de Baudelaire
de mêler le beau et le sordide, la sensualité et la mort (voir par
exemple les poèmes « Charogne » ou « Le Vampire » ).
Ce n’est qu’en 1949 que la Cour de cassation réhabilite Baudelaire et
autorise la publication des six pièces condamnées en 1857.
 Les paradis artificiels (1860)
Contrairement à une idée reçue, Les paradis artificiels n’est pas un
éloge de la drogue.
C’est un essai dans lequel Baudelaire réfléchit aux effets du haschich et
de l’opium sur l’artiste.
La conclusion de Baudelaire est que ces drogues sont néfastes pour la
création artistique.
 Le spleen de Paris (« Petits poèmes en prose » ) (1869)
Le Spleen de Paris est un recueil de 50 « petits poèmes en prose »
publié à titre posthume (c’est à dire après la mort de Baudelaire) en
1869. La plupart de ces poèmes avaient toutefois été publiés dans des
journaux entre 1855 et 1864.
Ce recueil est résolument moderne : Baudelaire s’est défait des
contraintes du vers et de la rime pour présenter une forme poétique
nouvelle. Son sujet est également moderne : la ville.
Quels sont les thèmes de prédilection de Baudelaire ?
 Les paradis perdus :
Baudelaire est constamment à la recherche des paradis perdus :
l’enfance, l’ailleurs exotique, le voyage, l’ivresse.
 Le spleen :
Le spleen est le mal-être baudelairien. Il s’agit d’un état dépressif et
morbide ressenti par le poète.
 La femme et l’amour :
La femme aimée est une inspiratrice pour Baudelaire, une muse. Il
sublime dans Les Fleurs du Mal les trois femmes de sa vie (Jeanne

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Duval, Marie Daubrun, Mme Sabatier). La femme offre un visage
multiple : mère, amante, déesse, diablesse.
 La ville :
Baudelaire est fasciné par la ville et l’expérience de la solitude dans la
multitude. La ville est le sujet de la section « Tableaux parisiens » des
Fleurs du Mal mais aussi du recueil Le Spleen de Paris.
A quel mouvement littéraire appartient Baudelaire ?
Baudelaire est un auteur qui se situe à la croisée de plusieurs
mouvements littéraires.
Aux romantiques, il emprunte le lyrisme et la figure du poète
incompris (voir « L’albatros » ).
Proche de Théophile Gautier, il est influencé par la rigueur de l’écriture
parnassienne.
Sa tension entre le visible et l’invisible, le spleen et l’Idéal et sa théorie
des correspondances préfigurent les poètes symbolistes.
Charles Baudelaire est le précurseur de la modernité en poésie.
D’un point de vue formel, il rompt avec la poésie traditionnelle
en jouant avec l’alexandrin (nombreux enjambements, rejets et
contre-rejets qui déstructurent les vers classiques) et en initiant
la poésie en prose.
Sur le fond, Baudelaire affirme une sensibilité moderne : il s’intéresse à
la ville, au bizarre, à la laideur, au mal.
Il met aussi en place la théorie des correspondances selon laquelle des
liens mystérieux existent entre le monde visible et invisible et entre
tous les sens (les synesthésies).
L’influence de Baudelaire est palpable chez de nombreux
auteurs : Verlaine, Rimbaud, Lautréamont, Desnos, Claudel, Gide.

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Charles Baudelaire
.
Courants littéraires
Symboliste avec des accents du romantisme et du
parnassianisme. La vision du monde : pessimiste ( l'art= salut )
Baudelaire, influencé par le romantisme, le chef de l'école
symboliste. Rimbaud „le vrai Dieu”
-la poésie- la fonction de symboliser,c'est à dire d'unifier, de
relier-la pratique des correspondances.
La condition du poète
Le poète doit déchiffrer le monde, le réel et le retranscrire aux
hommes:"Qu'est-ce qu'un poète si ce n'est un traducteur, un
déchiffreur?" et la poésie sert à retranscrire le réel, à montrer
sous un jour nouveau les choses qui nous environnent.
Baudelaire imagine le monde comme un forêt de symboles et la
mission du poète est de déchiffrer ces symboles.
L'albatros représente la propre condition du poète déchiré
entre son aspiration à l'élévation nommé spleen et sa condition
humaine réelle. Baudelaire faisait partie de la génération des
poètes maudits, c'est-à-dire incompris par les gens de son
époque.
• 'exile sur le sol'- le poète est inadapté monde des Hommes, il
ne trouve pas sa place ; mais il est destiné à celui du Ciel; Il est
la victime de la cruauté des Hommes ordinaires ; le poète est
incompris de la société et ses ailes, c'est-à-dire son génie, le
gêne. Sa grandeur fait sa misère.
• L'albatros et le poète ont la même souveraineté, la même
solitude, la même déchéance lorsqu'ils redescendent au niveau
de la société.

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L'albatros traduit chez Baudelaire la conscience d'être différent
des autres.
Dans notre univers déchu, en proie au spleen, où l'âme est
engluée dans le péché et soumise à l'attirance infernale, le
poète est celui dont l’esprit ne se plaît que dans les hautes
sphères de I'idéal, à qui ses intuitions permettent de
comprendre les secrets de la nature et d'atteindre à une
connaissance de l’au-delà divin (‘’Élévation’’). Il pénètre dans le
domaine mystérieux des correspondances entre le matériel et
le spirituel (‘’Correspondances’’) ; il a ainsi la révélation d'un
monde supérieur qui échappe à la prise du spleen. L’évasion
hors du réel guérit le poète de son spleen. Mais à ces élans vers
I'idéal viennent s'opposer les obstacles du réel : la maladie, la
pauvreté qui contraint le poète à avilir son art (, I'oisiveté qui
stérilise I'inspiration , le Temps, cet «ennemi» qui «mange la
vie» (‘’L'ennemi’’), le «guignon» qui étouffe les oeuvres dans
l'oubli.
La poésie de Baudelaire
Le vers alexandrin. Baudelaire reprend le sonnet de la
Renaissance (forme chère aux parnassiens également car forme
exigeante) et les figures rhétoriques sont classiques:
interrogations et exclamations oratoires,anaphores, antithèses
constantes.
Les images de Baudelaire qui sont modernes. Contraste donc
entre la forme très classique, "ancienne" et les images
modernes qui choquent. Ainsi Hugo écrit à Baudelaire "Vous
créez un frisson nouveau". La puisance"suggestive": concentrer
le plus d'émotion possible dans l'expression la plus resserée.

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La théorie des correspondances -il a formulé ses principes dans
Correspondances, en mettant l’accent sur l’aspect esthétique
du problème. Une infinité de correspondances peut s’établir
sur plusieurs plans: un plan sensible – ce sont les équivalences
synesthésiques , il y a les sensations visuelles, auditives,
olfactives, tactiles, et les rapports respectifs entre les arts. Il
existe un plan métaphorique, de correspondances verticales où
s’établissent des rapports entre le sensible, le charnel, entre la
terre et le ciel, entre la nature extérieure et le visible et les
choses invisibles, entre le microcosme et le macrocosme.
Thèmes litteraires
Le Spleen/l’ennui- un état mélancolique sans cause définie, un
état spécifique qui définit, à son avis, la condition humaine-( le
mal du siècle): souffrance physique (hallucinations, sueurs,
crises d'angoisses) et psychologique (angoisse, dépression). Le
constat, de la description d'un état intenable parce qu'instable.
C'est le constat du monde réel tel que le poète le perçoit ; il
décrit l’oscillation de son âme entre la dépression et
l’exaltation, son déchirement entre, d’une part, son aspiration à
s'élever vers un idéal multiforme (paradis perdu, beauté
surnaturelle ou intimité amoureuse), sa soif d'une idéalité et
d'une pureté perdues, et, d’autre part, son enlisement dans les
tourments du quotidien qu'il nomme «ennui», «guignon»,
«tristesse», en un mot, «spleen», puisque c'est à I'unicité de ce
vocable anglais qu'il donna la mission de traduire l’ensemble de
ses souffrances morales et physiques.
Au lecteur - solennel avertissement de la corruption de
l'humanité entière, constat de la présence du Mal dans la
conscience de l'être humain, le responsable étant aussitôt

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nommé et accusé formellement : Satan. Le poète insiste
l'universalité de ce Mal, et la multiplicité de ses manifestations,
dont il désigne la forme essentielle : «C’est L'Ennui ! - l'oeil
chargé d'un pleur involontaire /ll rêve d'échafauds en fumant
son houka. /Tu le connais, lecteur, ce monstre délicat /Hypocrite
lecteur, - mon semblable, - mon frère !»
La nature. Le dégoût du réel, le refus de copier la nature ne
permettent pas au poète d’accepter le naturel comme idéal
artistique. À l’esthétique d’une nature sauvage, essentielle,
Baudelaire oppose l’artifice d’une nature recréée par la
fantaisie et la volonté de l’homme („Là tout n’est qu’ordre et
beauté, luxe, calme et volupté”). Le type de paysage proposé
par Baudelaire est celui de la ville. Paris devient symbole de
tout le passé humain. Tableaux parisiens- des hôpitaux, des
palais, des tableaux, de vieux livres, des maisons de jeu, des
faubourgs, des mendiantes, des vieillards, de petites vieilles,
des aveugles ; tente de se noyer dans la foule anonyme pour y
dénicher une forme de beauté. Le symbolisme baudelairien est
la projection d’une lumière magique sur un objet banal en soi
mais qui est transfiguré. L’artiste devient le partisan d’une
conception relativiste du beau, il doit dégager le merveilleux du
quotidien. L’idée de beau appelle celle de laid qui devient
source du beau; c’est le laid qui devient objet poétique.
Le temps est l"obscur ennemi" qui nous fait vieillir et mourir
associé au remords, le passé qui ronge le présent (l’image de
l'horloge )
La femme : : ange et démon (l'union de la vie et de la mort
(femme oxymore). - importance du maquillage qui fascine
Baudelaire car ainsi la femme n'est plus naturelle donc plus

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abominable. La femme, s'y fait tour à tour être sensuel et
envoûtant, figure maternelle et aimante, mais aussi beauté
inaccessible, allégorie de l'absolu qui dispense ses parfums et
ses caresses.
La mort : Quand tout manque au poète, il ne lui reste plus que
cette porte de sortie, l’unique espoir de ceux que hante l'infini,
et qui ne sauraient s'accommoder de la médiocrité terrestre. La
perspective d'un autre monde où I'existence terrestre vouée à
l'échec devrait trouver son accomplissement final, une
réconciliation et un salut.
La mort des amants- les amants connaîtraient un amour épuré
de toute sensualité, fusion totale des esprits et des coeurs, La
mort des pauvres- les pauvres recevraient le prix de leurs
misères ; La mort des artistes- les artistes torturés par leur
idéal, toujours insatisfaits de leur œuvre, verraient «s'épanouir
les fleurs de leur cerveau».
Le voyage : évasion. Ce voyage vers l’azur et le ciel (Élévation)
ou vers un «là-bas» imprécis et lointain ( L’invitation au voyage)
qui parfois devient un paysage exotique. Deux symboles : celui
de l’oiseau ou de l’aile et celui de la mer ou de l’eau
qu’accompagnent toujours les images de ports et de navires,
ainsi que les sensations heureuses d’abandon à l’élément
liquide ou de bercement.
Le paradis artificiel : le poète cherche une évasion dans les
«paradis artificiels». Le vin des chiffonniers (Le vin des
chiffonniers) ou des assassins (Le vin de l’assassin), le nectar des
femmes galantes et des amants (Le vin des amants’), procure
une ivresse - tentative pour échapper aux «conditions de la
vie». L’être humain recherche dans le haschisch ou l'opium une

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sorte de «paradis artificiel», un «état exceptionnel de l’esprit et
des sens»,
La révolte : le poète écoeuré s'adonne aux protestations contre
l'ordre de la création, contre le monde d’ici-bas, contre la
société. Injures, blasphèmes, suppliques et litanies dédiées à
cette autre grande figure de la marginalité et de la déchéance,
Satan, «prince de l'exil» et «dieu trahi par le sort», auquel le
poète vaincu, toutes ces tentatives ayant été vaines, par une
réaction désespérée, s'abandonne : «Ô Satan, prends pitié de
ma longue misère !», s’alliant à lui contre Dieu.

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Arthur Rimbaud

-poète français, né le 20 oct 1854 à Charleville et mort le 10 nov 1891 à


Marseille. Bien que brève, la densité de son œuvre poétique fait
d'Arthur Rimbaud une des figures premières de la littérature française.
-il écrit ses premiers poèmes à 15 ans. Selon lui, le poète doit être «
voyant » et « il faut être absolument moderne ». Il entretient une
aventure amoureuse tumultueuse avec le poète Paul Verlaine. À l'âge
de vingt ans, il renonce subitement à l’écriture, sans avoir encore été
véritablement publié, pour se consacrer davantage à la lecture, ainsi
qu'à la poursuite de sa pratique des langues.
-ses idées marginales, anti-bourgeoises et libertaires le poussent à
choisir une vie aventureuse, dont les pérégrinations l’amènent jusqu’en
Abyssinie, où il devient négociant (quincaillerie, bazar, vêtements, café
etc.), quand ce n'est pas explorateur.
-sa tentative d'armer Menelik avec l'aval du Consul de France s'avéra
désastreuse pour lui. Son unique « trafic d'armes » n'eut
véritablement qu'une incidence politique symbolique, mais contribua à
sa légende. De cette seconde vie, exotique, les seuls écrits connus
consistent en près de 180 lettres (correspondance familiale et
professionnelle) et quelques descriptions géographiques.
Des vers comme ceux du Bateau ivre, du Dormeur du val ou de Voyelles
comptent parmi les plus célèbres de la poésie française. La précocité de
son génie et sa vie aventureuse contribuent à forger la légende du
poète.
Premières compositions (1865 à 1869)
-en 1865, à la rentrée de Pâques, Arthur Rimbaud quitte l'institution
Rossat à Charleville où il a passé le début de sa sixième, et entre au
collège municipal de Charleville, où il se montre excellent élève ;
collectionnant les prix d'excellence en littérature, version et thème
latins… Il rédige en latin avec aisance, des poèmes, des élégies, des
dialogues. En juillet 1869, il participe aux épreuves du Concours

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académique où il remporte facilement le premier prix de vers latins sur
le thème « Jugurtha ».
-en janvier 1870, alors en classe de rhétorique, Arthur Rimbaud se lie
d'amitié avec Georges Izambard, son professeur de rhétorique, qui
commence sa carrière à 22 ans. Ce dernier lui prête des livres, tel Les
Misérables de Victor Hugo qui font bondir sa mère — qu'il surnomme «
la Mère », « La bouche d’ombre » ou encore, « La Daromphe ». De
cette époque, subsistent les premiers vers : Les Étrennes des orphelins,
parus dans la Revue pour tous en janvier 1870. L’orientation poétique
est alors celle du Parnasse avec la revue collective, Le Parnasse
contemporain.
-le 24 mai 1870, Arthur Rimbaud, alors âgé de quinze ans et demi, écrit
au chef de file du Parnasse, Théodore de Banville. Dans cette lettre, il
transmet ses volontés de : « devenir Parnassien ou rien » et se faire
publier. Pour cela, il joint trois poèmes : Ophélie, Sensation et Credo in
unam. Banville lui répond, mais les poèmes en question ne paraîtront
pas dans la revue. Rimbaud songe alors à se rendre dans la capitale
pour goûter à l'esprit révolutionnaire du peuple parisien
Le Bateau ivre
-Arthur Rimbaud (1854-1891) est tout d'abord un adolescent prodige
fugueur et révolté, qui se rebelle contre le nationalisme ambiant, les
inégalités, et la guerre. Puis, à partir de 1871, Rimbaud décide de
changer le monde par la poésie et établit un projet poétique ambitieux.
Invité à Paris par Verlaine, le poète exalté écrit "Le Bateau ivre" qui lui
permettra de s'introduire dans les cercles littéraires parisiens.
-dans "Le Bateau ivre", une poésie "hallucinée", Rimbaud évoque à la
fois son adolescence révoltée, violente, mais aussi le voyage dans la
poésie qu'il va entamer.
-un poème caractéristique d'une révolte de Rimbaud, symbolisée par la
violence omniprésente, qui rappelle le dérèglement des sens chers au
poète (poésie "illuminée").

53
-marque la volonté et le besoin de purification, d'affranchissement d'un
monde oppressant. C'est à cette condition qu'on peut atteindre le
monde de la poésie.
-met en valeur un voyage initiatique qui conduit à la connaissance dans
la suite du poème ("J'ai vu...") mais aussi à la déception. On peut y voir
un aspect prémonitoire du destin de Baudelaire qui à cette époque
s'engage dans une nouvelle expérience poétique (la rencontre de
Verlaine), expérience qui se finira par un échec.
Une saison en enfer
-ce recueil présente la particularité d'être le seul dont Rimbaud ait lui-
même géré la publication, se mettant, pour cela, en relation avec un
éditeur de Bruxelles en août ou septembre 1873, pour une édition à
compte d'auteur, grâce à une avance de fonds de sa mère. Verlaine y
voit une « prodigieuse autobiographie spirituelle » de Rimbaud.
-c'est une succession de proses, en apparence différentes dans leurs
thèmes et leurs intentions. Dans Mauvais Sang, il évoque l'être primitif
qui l'habite, refusant les valeurs de la société. Il se dit marqué par son
hérédité qui l'écarte de la voie menant au bonheur. Dans Nuit de
l'enfer, il décrit les hallucinations et la tentation du mysticisme.
L'écriture chaotique est sans cesse traversée par une multiplicité de
voix intérieures. Délires est un point culminant du recueil. Traversé par
des cris de révolte contre la société du XIXe siècle qui enferme
l'individu, Rimbaud fait part au lecteur de ses échecs : échec amoureux,
et l'on peut penser à sa relation avec Verlaine, mais aussi au fait que
pour lui, « l'amour est à réinventer ». Échec aussi de sa démarche de
Voyant : c'est un être qui, seul, a voulu se damner pour retrouver le vrai
sens de la poésie, l'Alchimie du verbe.
Les Illuminations
-il reste des zones d'ombre sur ce que Verlaine a appelé « de superbes
fragments », édités sous le titre Illuminations, il n'y a pas de manuscrit
proprement dit, uniquement des feuillets détachés, sans pagination,
réunis à l'occasion de publication.
Apport poétique

54
-sur le plan de la forme, Arthur Rimbaud a pratiqué une versification de
plus en plus ambitieuse, avant de « déglinguer » littéralement la
mécanique ancienne du vers, autour de 1872, dans les trois quatrains
de Tête de faune puis dans un ensemble de compositions souvent
réunies sous le titre apocryphe de Derniers Vers, ou encore de Vers
nouveaux et chansons.
Avec un penchant à l'hermétisme qu’il partage avec d'autres poètes
contemporains, ou quasi-contemporains Rimbaud a le génie des images
saisissantes, et des associations surprenantes. Outre les propos des
deux lettres dites « du voyant », les poèmes souvent cités à cet égard
sont Le Bateau ivre et Voyelles, ainsi que les proses des Illuminations.
-il y a une grande hétérogénéité de forme dans son oeuvre et des
ruptures. Influencé initialement par les parnassiens, il n'hésite pas, par
la suite, à casser une forme lyrique trop littéraire à ses yeux, à recourir
à un langage technique ou populaire, voire grossier, à utiliser la
dérision. Puis, il invente le vers libre en France avec deux poèmes des
Illuminations : Marine et Mouvement.
-la poésie de Rimbaud a ouvert la voie à la poésie contemporaine du
XXe siècle. De nombreux auteurs s'en sont réclamés, tels Alfred Jarry,
Antonin Artaud, Roger Vitrac, René Char, et tous les surréalistes, sans
oublier les poètes de la revue Le Grand Jeu comme René Daumal et
Roger Gilbert-Lecomte, ou encore Henri Michaux. Dans la culture
populaire, des artistes-interprètes du rock, tels les auteurs américains
Jim Morrison, Bob Dylan, et Patti Smith, ainsi que des artistes d'autres
domaines, se sont déclarés influencés, à la fois, par sa poésie, et par
son parcours.

55
GUILLAUME APOLLINAIRE
Guillaume Apollinaire est un des auteurs français les plus
importants du début du XXème siècle. Très imprégné de la
littérature du XIXème siècle et en particulier de
l’esthétique romantique, il réinvente un lyrisme nouveau que
l’on retrouve dans de nombreux courants artistiques qui
émergeront au début du XXème siècle comme le cubisme ou
le surréalisme dont il invente le mot en 1917. Son œuvre
poétique est un mélange de tradition et de modernité.
Classique dans sa reprise de thèmes traditionnels comme
l’amour et la fuite du temps, il invente des formes
poétiques complètement nouvelles comme le vers libre,
l’absence de ponctuation ou encore le calligramme.
Affaibli par sa blessure à la tête, Guillaume Apollinaire meurt de
la grippe espagnole le 9 novembre 1918 deux jours avant la
signature de l’armistice.
Les œuvres majeures d’Apollinaire : L’alcool(1913), Poèmes à
Lou (publication posthume 1947), Calligrammes(1918)
L’œuvre majeure de Guillaume Apollinaire est
incontestablement Alcools publié en 1913, un recueil qui se
situe entre tradition et modernité. Apollinaire puise ses thèmes
dans la poésie lyrique traditionnelle (l’amour, la fuite du
temps, la nostalgie), utilise des sources bibliques et
mythologiques mais fait aussi preuve d’un « esprit nouveau »
en faisant entrer le monde contemporain dans la poésie (la

56
ville industrielle, le quotidien…), en créant des images
insolites et en supprimant toute ponctuation de son recueil.
Ainsi, le poème « Zone » qui ouvre le recueil est un hymne à la
modernité, une déclaration d’amour à la ville industrielle et
place d’emblée le recueil Alcools sous le signe de la modernité.
Les poèmes de ce recueil sont pourtant très diverses ce qui
rend une synthèse difficile. Pourtant, c’est peut-être là que
réside toute la cohérence du recueil. A l’image d’une peinture
cubiste, le recueil Alcools juxtapose des pièces a priori
disparates et pourtant liées entre elles par le lyrisme,
l’émotion et la fluidité qui découle de l’absence de
ponctuation.
Le recueil Poèmes à Lou est le fruit de la passion amoureuse
entre Guillaume Apollinaire et Louise de Coligny-Châtillon. Les
thèmes de l’amour et de la guerre sont intimement liés car ils
constituent l’essentiel de la vie d’Apollinaire lors de l’écriture :
amoureux de Lou, il part au front où il sera blessé à la tête en
1916. L’amour et la guerre sont sublimés comme en témoigne
la première strophe de « Si je mourais là-bas »
En 1918, Guillaume Apollinaire publie Calligrammes dont le
sous-titre est « Poèmes de la paix et de la guerre ».
Calligramme est un mot inventé par Apollinaire. Le
calligramme repose sur le lien entre poésie et dessin : le poète
dessine avec ses vers une image qui redouble le sens du
poème. On peut voir dans ces calligrammes la volonté de faire
la synthèse de la poésie et de la peinture. Guillaume Apollinaire
aurait d’ailleurs affirmé à Picasso : « Moi aussi je suis peintre ! »
Les thèmes de prédilection d’Apollinaire :
57
I La ville est un thème privilégié d’Apollinaire. Dans « Zone »
qui ouvre Alcools, Guillaume Apollinaire place d’emblée le
lecteur dans l’espace urbain, Paris, et entreprend un voyage
poétique dans la modernité. Il fait l’éloge de la ville
industrielle, de la Tour Eiffel, des avions et des automobiles. La
ville devient l’espace de tous les possibles qui démultiplie les
potentialités du lyrisme. La poésie de la ville remplace la poésie
pastorale, comme le suggère ce célèbre vers de « Zone » :
Bergère Ô Tour Eiffel le troupeau des ponts bêle ce matin.
D’ailleurs, dans « les Colchiques », les prés sont « vénéneux »,
l’automne est « malade » comme si la nature n’était plus un
élément d’inspiration poétique.
II Le temps : Le thème du temps est central chez Apollinaire. Le
poète superpose deux visions du temps : une vision linéaire et
une vision cyclique. Le temps est d’abord linéaire car il s’écoule
inéluctablement. Il devient alors source de tragique car le poète
ne peut le retenir. La fuite du tempsest omniprésente à travers
deux éléments : l’élément liquide qui s’écoule(comme dans
« Le pont Mirabeau ») et les saisons qui se succèdent(comme
dans « automne malade » ). Mais le temps est aussi cyclique.
Passé, présent et futur se confondent comme dans « Le Pont
Mirabeau » où le souvenir surgit dans le présent. Les mythes,
la religion et la tradition resurgissent dans le monde moderne,
d’où le premier vers de « Zone » – « A la fin tu es las de ce
monde ancien » – qui suggère l’omniprésence de l’ancien dans
la modernité. Le temps cyclique transparaît aussi dans l’écriture
parfois anaphoriqued’Apollinaire.

58
III La mythologie : Influencé par le symbolisme et l’ésotérisme,
Apollinaire utilise la mythologie pour faire de la poésie un
espace de convergence entre tradition séculaire et modernité.
Le mythe s’invite dans le monde moderne comme si le temps
était élastique (voir « Zone » ou « Rhénanes »)
IV L’amour : Apollinaire chante l’amour mais l’amour
perdu comme dans « Le Pont Mirabeau » ou dans « La Chanson
du mal-aimé » ou il évoque le « regard d’inhumaine » d’Annie
Playden. Cette amour semble plus heureux dans Poèmes à
Lou même s’il est vécu dans la distance et l’éloignement, ce qui
en fait un amour inachevé.
L’esthetique d’Apollinaire : L’écriture d’Apollinaire est
marquée par l’utilisation fréquente du vers libre et l’absence
de ponctuation qui permet une syntaxe nouvelle, riche de sens
différents. SI les calligrammes n’ont pas été inventés par
Apollinaire, il en a fait une marque de sa poésie qui souhaite
fusionner écriture et peinture.
A quel mouvement littéraire appartient Apollinaire ? Il est
influencé par le romantisme à qui il emprunte les thématiques
de l’automne et de la mélancolie, le romantisme allemand à qui
il emprunte l’univers germanique comme en
témoigne Rhénanes. Apollinaire est aussi influencé par la
poésie de Paul Verlaine. Certains poèmes comme « Les
Colchiques » reprennent la syntaxe verlainienne (répétition des
adverbes, langueur dans le rythme des phrases). Certains
poèmes difficiles d’accès dénotent une influence symboliste
comme « Merlin et la vieille femme ». Les noms communs
agrémentés d’une majuscule comme « Mémoire » ou
59
« Amour » reprennent la typographie symboliste qui cultive
l’écriture conceptuelle et symbolique. Enfin, Apollinaire est
influencé par des mouvements artistiques comme
le cubisme. Dans « Cortège » par exemple, le corps du poète se
diffracte comme un tableau cubiste.
Les écrivains influence par Apollinaire : Apollinaire a exercé une
influence très importante chez des auteurs du début du XXème
siècle. L’influence sur le surréalisme est considérable puisque
Apollinaire a lui-même inventé le terme « surréaliste » en 1917
en présentant sa pièce Mamelles de Tirésias comme un drame
surréaliste. Il a lui-même donné le nom d’orphisme à la
peinture de Robert et Sonia Delaunay Apollinaire a aussi
influencé des poètes ultérieurs qui adoptent la poésie
visuelle comme Pierre Garnier (1928-2014).

60
Jean Racine
Jean Racine est un maître de la tragédie classique, né en 1639 à la
Ferté-Milon, en Picardie. Avec ses contemporains, Molière et Corneille,
il domine la scène théâtrale du XVIIe siècle. Jean Racine meurt à Paris le
21 avril 1699, à près de 60 ans. Il est, selon sa volonté, enterré à
l'abbaye de Port-Royal. A la destruction de cette dernière, le corps du
dramaturge est transféré à Paris, dans l'église Saint-Étienne-du-Mont.
Racine a porté à son plus haut degré de perfection le genre très codifié
de la tragédie classique. Il en a utilisé les contraintes pour exacerber les
tensions et concentrer l’émotion. Les héros raciniens, écartelés entre
des passions irrépressibles et des obstacles moraux ou sociaux, sont
écrasés par la fatalité. Elève des jansénistes de Port-Royal, courtisan
adroit et ambitieux qui sut conserver la faveur royale, cet écrivain de
génie présente de multiples facettes.
Les Tragédies :
Andromaque (1667)
Racine a tiré cette pièce du tragique grec Euripide ; mais il s'est inspiré
également d'Homère et de Virgile. Il a modifié profondément la
situation de son héroïne. Dans la légende ancienne, Andromaque
tremble pour la vie du petit Molossus, enfant né de son mariage avec
Pyrrhus. Chez Racine, Andromaque est restée la veuve d'Hector et la
mère d'Astyanax. Aussi va-t-elle se trouver prise entre deux devoirs :
demeurer fidèle à la mémoire de son époux, et sauver son fils. La
jalousie et l'orgueil d'Hermione forment un contraste saisissant avec la
résignation et le calme courage d'Andromaque.
Britannicus (1669)

61
Racine avait remporté un éclatant succès avec Andromaque. Mais les
partisans du vieux Corneille déclaraient Racine incapable de réussir
dans la tragédie historique. Celui-ci accepta le défi et chercha dans
Tacite un sujet qui lui permît de développer des sentiments romains. Il
choisit l'histoire de Néron et de Britannicus, et la suivit fidèlement ;
mais il limita son action qui devait se passer en vingt-quatre heures. Il
ne voulut peindre en Néron que le monstre naissant, afin que le
personnage restât humain et pût exciter sinon la sympathie, du moins
l'intérêt des spectateurs.
Barjazet (1672)
Racine n'a pas toujours imité les anciens. Une anecdote racontée par
un ambassadeur à Constantinople lui a inspiré une tragédie dont le
sujet est contemporain. Il n'a pas cherché, dans cette tragédie, la
couleur locale extérieure, comme les romantiques. Mais il s'est
appliqué à donner aux passions et aux sentiments le degré d'intensité
et de fureur qui peut rendre vraisemblable le dénouement. Jamais la
jalousie féminine n'a été mieux analysée.
Iphigénie(1674)
Iphigénie est imitée du poète grec Euripide, mais Racine modifie sur
certains points l'action et le dénouement. C'est ainsi qu'il rend Achille
amoureux d'Iphigénie, tandis qu'Euripide nous dit seulement
qu'Agamemnon s'est servi du prétexte de ce mariage pour faire venir sa
fille à Aulis. Racine a supprimé le personnage de Ménélas et l'a
remplacé par Ulysse. Et surtout, il a changé le dénouement. Chez
Euripide, Iphigénie est étendue sur l'autel du sacrifice ; un nuage
l'enveloppe, elle disparaît, et l'on trouve à sa place une biche blanche.
C'est Diane qui l'a enlevée et transportée en Tauride. Racine suppose
au contraire que l'oracle a voulu désigner en réalité une autre
Iphigénie, Ériphile, qui, à la fin de la pièce, est contrainte de se sacrifier
elle-même. Iphigénie est une des pièces les mieux construites et les

62
mieux écrites de Racine : Voltaire la considérait comme le type parlé de
la tragédie classique.
Phèdre (1677)
Le personnage de Phèdre, tel que l’a créé Racine, est le plus beau, le
plus poétique, le plus complet qui soit au théâtre. Phèdre n’est point la
victime de cette fatalité aveugle et impitoyable du paganisme qui
chargeait souvent la plus rigide vertu d’un crime abominable dont elle
n’avait pas plus la conscience que la volonté. La fatalité qui pousse
Phèdre au crime en lui laissant la conscience da sa faute, et qui la punit
de la mollesse de sa résistance et de l’insuffisance de sa vertu, nous
parait renfermer un enseignement dont il n’est personne qui ne puisse
saisir le sens. Aussi, après la lecture de Phèdre, les solitaires de Port-
Royal, et entre autres le célèbre Arnauld, pardonnèrent à leur ancien
disciple la gloire qu’il s’était acquise par ses œuvres théâtrales ; leur
sévérité fut désarmée, ils ouvrirent les bras au pécheur.
Poétique de Racine
Tandis que Corneille paraît toujours ressentir un secret dépit contre
Aristote et ses commentateurs, Racine semble ne regarder les règles
de la tragédie que comme les conditions nécessaires du genre. Cela
tient à ce que la « crise morale » à laquelle Racine réduit toute sa pièce
acquiert par les trois unités, loin d'en être gênée comme les actions
historiques et implexes de Corneille, plus de concentration et de force.
Racine choisit ses sujets dans la légende grecque ou romaine : une fois,
dans Bajazet, il s'inspire d'un fait contemporain, mais lointain : deux
fois, il a recours à la Bible.
Tout son effort vise à rendre ce sujet vraisemblable : c'est-à-dire, étant
donné un certain dénouement tragique fourni par la tradition, à le
montrer, à le rendre nécessaire, par l'analyse approfondie des passions
humaines qui l'ont produit. Aussi l’action, en elle-même, est-elle très
simple. Entre l’exposition et le dénouement, aucun événement

63
nouveau : rien que le jeu des sentiments. C'est ce que Racine appelle :
« faire quelque chose de rien. »
L'amour est, de toutes les passions, celle qui tient le plus de place dans
les pièces de Racine. Mais, pour ne pas tomber dans la galanterie à la
mode, Racine ne manque jamais de peindre l’amour jaloux. La jalousie
est le grand ressort tragique de son théâtre, comme la volonté celui du
théâtre de Corneille. Cependant, Racine n'a pas moins réussi dans
l'analyse de l'ambition politique, de l'amour maternel, de l'amour
ingénu : mais, en général, c'est l'amour tragique et jaloux qui mène
l'action et qui provoque le dénouement.
De là, l'impression de vérité et de tristesse que laisse le théâtre de
Racine. Corneille, en exaltant l'énergie et la volonté, nous amène à
prendre confiance en nos propres forces ; Racine, en nous présentant
un Pyrrhus, un Oreste, une Hermione, une Roxane, un Mithridate, une
Ériphile, une Phèdre, jouets et victimes de passions violentes et
cependant vraisemblables, nous oblige à faire un retour sur notre
faiblesse. Seule la dignité des personnages et le recul de l'action
peuvent rassurer les spectateurs : à la lecture, nous sentons que cette
tragédie serait, en changeant les temps et les noms, le drame moderne
réaliste et bourgeois.
Racine prosateur
De Racine, nous avons des lettres de jeunesse, écrites d’Uzès ; (1661-
62), celles qu'il adresse à Boileau (1687-99), et enfin de nombreuses
lettres à son fils aîné. Elles sont toutes aussi attachantes par le fond que
par la forme.
Outre les lettres, nous avons de Racine un Abrégé de l'histoire de Port-
Royal, ouvrage qu'il composa vers la fin de sa vie, et qui ne fut publié
qu'au XVIIIe siècle : c'est un admirable mémoire d'avocat ; le style en
est simple, naturel, et d'une sincérité qui atteint souvent la grande
éloquence.
Style de Racine
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Le style de Racine, auteur tragique, donne en général une impression
d'harmonie, de justesse, de naturel. Mais c’est au théâtre qu’il faut le
juger. Là on s’aperçoit que le style de Racine est plus varié que celui de
Corneille : chaque personnage y parle le langage de son caractère et de
sa situation. Dans les passages d'exposition ou de galanterie, il y a
parfois trop d'élégance, ou du moins on la sent : dans les scènes où le
poète fait parler la passion toute pure, c'est la nature même que l'on
croit entendre, et jamais aucun poète n'a réalisé à ce point l’art de se
l'aire oublier lui-même.

65
Molière (Jean-Baptiste Poquelin)
- Le courant littéraire de Molière est le classicisme. Il est défini par un
ensemble de valeurs et de critères qui attirent une idéal incarné dans le
«honnête homme» et qui développent une esthétique fondée sur une
quête de la perfection.
- le théâtre classique fonctionne selon les trois célèbres unités: l’action
doit avoir lieu dans les vingt-quatre heures (unité de temps), en un seul
endroit (unité de lieu) et devrait se composer d’une seule parcelle
(unité d’action). Ces règles ont deux objectifs principaux. D’une part
elle est susceptible de rendre l’action dramatique que les jeux n’ont pas
besoin de changement et l’action se déroule dans un temps qui
pourrait être le moment de la performance. D’autre part l’action est
plus facile à suivre car les intrigues compliquées de nombreux
caractères combinés sont interdites en faveur des parcelles linéaires
centrée sur quelques personnages. Ces règles ont conduit à une forme
d’intériorisation de fait actions.
- Molière essaie de rétablir la crédibilité à une forme de comédie
inspirée et pourquoi les règles du théâtre classique. Si l’unité d’action
est rarement rencontré, l’unité de lieu et de temps est souvent
suffisant.
- Les comédies se moquent en raison de défauts chez les hommes. Et
les spectateurs doivent être en riant défauts représentés les
personnages ridicules. Lorsque Molière ridiculise l’hypocrisie des
hypocrites dans Tartuffe, il espère lutter contre cette hypocrisie.
- Acteur, chef de troupe, auteur et metteur en scène, Molière est
l'homme de théâtre complet par excellence. Il joue, en tant qu'auteur,

66
sur toute la gamme des effets comiques, de la farce la plus bouffonne
jusqu'à la psychologie la plus élaborée. Ses pièces où, s'attaquant à un
vice de l'esprit ou de la société, il campe des personnages qui forment
des types, sont de véritables chefs-d'œuvre.
- Avec le triomphe des Précieuses ridicules (1659), Molière devient un
auteur adulé, jalousé, redouté. En 1661, il crée avec le musicien Lully la
comédie-ballet. Le roi Louis XIV est enthousiaste. Mais l’École des
femmes (1664) est accusée d’être blasphématoire. En 1664, les dévots
font interdire Tartuffe, qui dénonce l’hypocrisie religieuse. Molière
obtient néanmoins la protection du roi.
- Son Dom Juan (1665) provoque un nouveau scandale. Le Misanthrope
(1666) reçoit un accueil mitigé. Entre 1668 et 1670, l'Avare, Tartuffe et
le Bourgeois gentilhomme sont des triomphes.
- En 1672, Madeleine Béjart meurt. Les Femmes savantes sont un
échec.
- Au cours d’une représentation du Malade imaginaire, sa dernière
comédie-ballet (1673), Molière est pris de malaise. Il meurt à son
domicile parisien. Il est enterré de nuit, sans inhumation chrétienne.
- À la différence de Corneille et de Racine, Molière écrit ses pièces en
praticien du théâtre. Il conçoit ses histoires et ses répliques pour lui-
même et pour des acteurs qu’il connaît et qu’il va diriger. Il a écrit
tantôt en vers, tantôt en prose
- plusieurs types de comédie dans le répertoire moliéresque, parfois
mis en œuvre dans une même pièce ; le Misanthrope, par exemple, est
à la fois une comédie de mœurs et une comédie de caractère, l’Avare
également.
- La comédie satirique. L’une des caractéristiques du comique, c’est de
se moquer des contemporains, des gens parmi lesquels on vit : le
Médecin malgré lui, Malade imaginaire
- La comédie-ballet a pour principe d’alterner des scènes
chorégraphiées et des scènes dialoguées. Les Fâcheux, les Plaisirs de
l’île enchantée, la Princesse d’Élide, les Amants magnifiques sont des
comédies-ballets dont les textes ne nous importent plus beaucoup

67
aujourd’hui, à l'inverse de Monsieur de Pourceaugnac, le Bourgeois
gentilhomme et Malade imaginaire.
- La comédie de mœurs vise à dépeindre la façon dont les hommes
vivent en société. Dans les Précieuses ridicules, c’est à la satire d’un
phénomène de mode que l’auteur s’attache avant tout. Dans l'École
des femmes, Tartuffe, Le Misanthrope, George Dandin, les Femmes
savantes le comique a toujours un caractère de moquerie relatif aux
travers de l’époque mais il s’élargit à l’examen du milieu social.
- Ce sont surtout la famille et la question du mariage qu’embrasse le
regard de Molière. Il représente aussi le décalage entre les classes
sociales : la tentative de passer dans la classe supérieure, de la
bourgeoisie à l’aristocratie se traduit le plus souvent par un
comportement ridicule et voué à l’échec.
- Le comique de mots se développe dans les répliques où l’auteur
recourt à certaines tournures verbales comme les jeux de mots, « Bélise
: Veux-tu toute ta vie offenser la grammaire ? Martine : Qui parle
d’offenser grand-père ni grand-mère ? »
Structure fondamentale de la comédie:
- La comédie, quelle que soit son origine ou son époque, présente une
structure persistante et des types de personnages qui se retrouvent à
peine changés à travers les siècles.
Deux types de société coexistent dans la comédie: Un premier groupe
de personnages qui représentent l'autorité, le pouvoir. Personnages
plus âgés. Les usurpateurs. Les personnages obstacles.
Un deuxième groupe de personnages qui représentent la jeunesse.
Situation de sujétion par rapport au premier groupe. Ces personnages
sont les héros et les héroïnes.
L'intrigue de la comédie est construite autour de l'opposition d'un
personnage du premier groupe à la satisfaction des désirs des héros du
deuxième groupe (en général opposition à un mariage). L'action de la
comédie est donc le mouvement qui se développe d'une société à une
autre.
- La Formule de Molière:

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La comédie peut se développer de deuxfaçons : l'accent sur les scènes
de découverte et de réconciliation (tendance des comédies
shakespeariennes et romantiques) ; l'accent sur le personnage-
obstacle. La comédie devient comédie-satire ou comédie de moeurs.
C'est la formule employée par Molière.
Caractères du personnage-obstacle chez Molière:
Un archétype: le père autoritaire, l'avare, l'hypocrite, le
misanthrope,etc ; Personnages de convention, types éternels.
Valeur satirique des personnages; réalisme de la peinture d'une société
définie: les précieuses ridicules, les faux dévots, les bourgeois enrichis,
les pédants, les médecins charlatans.
La force de ce personnage: il est vraiment au centre de la comédie.
C'est lui le héros véritable (titres des pièces). Sa monomanie à caractère
obsessionnel marqué rend la conversion finale du personnage difficile
sinon impossible. D'où le problème du dénouement chez Molière
(recours à un deus ex machina dans Tartuffe, retraite d'Alceste dans Le
Misanthrope, départ d'Arnolphe dans L'École des femmes).
Le "raisonneur." Personnage propre à la comédie moliéresque, il est le
pendant du personnage-obstacle dont il met en relief l'extravagance (et
c'est là sa principale fonction). Dans la plupart des cas il fait entendre la
voix du bon sens moyen et exprime le point de vue du public (Chrysalde
dans L'École des femmes, Philinte dans Le Misanthrope). Il n'appartient
à aucune des deux sociétés de la pièce mais établit un lien entre elles.
La dimension morale présente dans la tragédie se retrouve également
dans la comédie. Les comédies se moquent en effet des défauts des
hommes. Les spectateurs devraient ainsi pouvoir s'éloigner des défauts
représentés en riant du ridicule des personnages. Quand Molière
ridiculise l'hypocrisie des faux dévots dans Tartuffe, il espère lutter
contre cette hypocrisie.

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Jean-Paul Sartre
Jean-Paul Sartre (né Jean-Paul Charles Aymard Sartre le 21 juin 1905 à
Paris - mort le 15 avril 1980 à Paris) est un philosophe et écrivain
français (dramaturge, romancier et nouvelliste) mais aussi critique
du XXe siècle, dont l'œuvre a marqué le milieu du siècle et dont la vie
d'intellectuel engagé a suscité polémiques et réticences.
L'œuvre de Jean-Paul Sartre, à côté d'essais et de textes philosophiques
majeurs comme L'Être et le Néant(1943) ou L'existentialisme est un
humanisme (1945), est riche de textes littéraires avec son recueil de
nouvelles publié en 1939 Le Mur ou ses romans : La Nausée (1938)
- Les chemins de la liberté (1945). Son théâtre avec des pièces – par
exemple Les Mouches (1943), Huis-clos (1944) ou Les Mains
sales (1948) - est aussi une part importante de son activité littéraire
durant la période existentialiste. Dans une période plus tardive, il publie
aussi en 1964 un texte autobiographique remarqué Les Mots qui porte
sur les onze premières années de sa vie, ainsi qu'une vaste étude sur
Flaubert (L'idiot de la famille, 1970-1971).
Par ses romans, ses pièces de théâtre, son activité dans les revues et les
journaux, Jean-Paul Sartre incarne la figure de l'écrivain engagé.
Jean-Paul Sartre, dès 1945, devint l'exemple même de l'intellectuel
français. Ce fut par une conférence, L'Existentialisme est un
humanisme (1946) et par un roman inachevé, Les Chemins de la
liberté (1945-1949), qu'il exposa l'essentiel de sa théorie. La notion
d'engagement lui permit de donner une base éthique et sociale à la
fonction de l'intellectuel.

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En 1940 Sartre est fait prisonnier à Padoux dans les Vosges, et est
transféré dans un camp de détention en Allemagne de 25 000 détenus.
Son expérience de prisonnier le marque profondément : elle lui
enseigne la solidarité avec les hommes.
En mars 1941, Sartre est libéré grâce à un faux certificat médical. Sa
nouvelle volonté d'engagement l'amène, dès son retour à Paris, à agir
en fondant un mouvement résistant avec certains de ses amis, dont
Simone de Beauvoir : le mouvement «Socialisme et liberté»
Dans L'Être et le Néant, Sartre s'interroge sur les modalités de l'être. Il
en distingue trois : l'être en-soi, l'être pour-soi et l'être pour autrui.
On trouve le premier fondement original de l’existentialisme sartrien
dans la distinction entre l’être en-soi et l’être pour-soi. Ainsi, l’en-soi et
le pour-soi s’opposent. L’en-soi est la caractéristique de toute chose, de
toute réalité extérieure à la conscience. Le pour-soi désigne l’être de
l'homme. Pourvu d’une conscience qui fait de lui un être tout à fait
particulier, l’être humain se distingue de l’en-soi. Contrairement à l’en-
soi qui coïncide toujours avec lui-même, le pour-soi, c’est-à-dire l’être
humain, peut faire varier indéfiniment la conscience qu’il a de lui-
même.
L'homme, se distingue de l'objet, en ce qu'il a conscience d'être,
conscience de sa propre existence. Cette conscience crée une distance
entre l'homme qui est et l'homme qui prend conscience d'être.
L’existentialisme sartrien est athée. Cela signifie qu’au point de départ
on trouve la conviction que Dieu n’existe pas. En conséquence, nulle
divinité n'a pu créer l'humain. Aucune force suprême ne peut nous
sauver du mal, de la souffrance, de l’exploitation, de l’aliénation ou de
la destruction. Puisqu’il n’y a aucun dieu, notre existence se déroule en
une succession de libres choix qui ne sont jamais entièrement
justifiables.
Pour Sartre et les existentialistes, «l'existence précède l'essence».

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Selon Sartre, l'homme est ainsi libre de choisir son essence. Pour lui, au
contraire de Hegel, il n'y a pas d'essence déterminée, l'essence est
librement choisie par l'existant.
Selon Sartre, l'unique aliénation à cette liberté de l'homme est la
volonté d'autrui. Ainsi fait-il dire à Garcin dans Huis clos «L'Enfer c'est
les Autres».
Après avoir observé et analysé l'existence et la liberté de l'homme
comme individu, Sartre s'est interrogé sur l'existence d'une conscience
collective et son rapport avec la liberté individuelle. Politiquement, le
philosophe est proche des communistes et a fait la promotion des idées
marxistes
Dans sa Critique de la raison dialectique (1960) Sartre affirme que la
liberté de l'homme est aliénée par les sociétés féodales ou
capitalistes. Sartre présente le marxisme comme «horizon
philosophique indépassable de notre temps» (Question de méthode,
1957)
Il a toujours rejeté les honneurs, surtout le prix Nobel de littérature de
1964.

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Le théâtre de l’absurde ≠ au réalisme
- Style de théâtre apparu au XXᵉ siècle – apogée dans les années
’50, a duré jusque dans les années ‘70
- Rupture totale avec des genres plus classiques => un manque
totale de continuité dans les actions
- Traite l’absurdité de l’homme et de la vie
- Mouvement d’avant-garde / dramatique
- Les théories existentialistes d’Albert Camus et de J. P. Sartre
influencent le théâtre de l’absurde
Le théâtre de l’absurde tend à :
- Eliminer tout déterminisme logique
- Nier le pouvoir de communication du langage => une fonction
purement ludique
- Réduire les personnages à des archétypes => un monde anonyme
et incompréhensif
Style théâtral – mouvement dramatique → l’absurdité des situations et
la destruction du langage. Le théâtre de l’absurde n’est pas une école ;
les auteurs n’appartiennent pas à la bourgeoisie.
Ils ont en commun :
 La volonté de rejeter les règles de théâtre
 L’unité de temps, l’unité de lieu et l’unité d’action
Exemple : Dans « En attendant Godot », les deux personnages parlent,
mais on a l’impression que chacun d’eux a un discours différent → la
difficulté de la communication

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Ils introduisent l’absurde au sein du langage → la difficulté de l’homme
à communiquer, à clarifier (trouver) le sens des mots.
La conscience et l’inconscience – la logique et l’absurde – le langage
compris ou non
Nourris de Freud, ces auteurs (Ionesco et Beckett) créèrent des
personnages marqués par le traumatisme de la guerre → dominent mal
leurs fantasmes et névroses.

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Samuel Beckett (1906 Dublin – 1989 Paris)
C’est au théâtre que Beckett va connaitre la célébrité : 1953 « En
attendant Godot », mise en scène par Roger Blin : triomphe ! → Sa
carrière de dramaturge est lancée.
-l’abandon de sa langue maternelle pour élaborer une écriture nouvelle
Son œuvre théâtrale témoigne :
- De la misère
- Des solitudes inhérentes à la condition de l’homme
- De l’impossibilité radicale d’être ou d’agir
Dans son écriture, Beckett cherche à faire face et à résister au malheur,
au passage du temps, à l’aliénation et à la mal déchéance. Ainsi
l’humour est constamment présent dans cet univers désolé, peuplé de
marginaux (clochards et vagabonds, reclus, clowns, vieillards or
malades). Porté par un humour de situations (les mimiques), le rire
chez Beckett est surtout lié aux jeux sur le langage (onomatopées,
approximations lexicales, néologismes, répétitions, etc).
Le langage – élément central de sa dramaturgie
Les deux actes de la pièce se déroulent dans le même décor : une sorte
de terrain vague, cadre indécis et un arbre defeuillé. Marque de
l’écoulement du temps : au IIᵉ acte l’arbre a fait pousser trois feuilles.
Deux personnages bizarres : Vladimir et Estragon, espèce de clochards
ou plutôt de clowns, sont continuellement sur la scène. De temps en
temps ils décident de s’en aller. Mais ils y restent. Ils ne savent ni ou ils
sont, ni d’où ils viennent, ni pourquoi ils sont là, ni quand cela se passe,
75
ni même s’ils vivent pour le bon (réalité ou cauchemar ?) – ils sont
clôturés dans ce profond indéterminisme. Il leur reste à attendre →
l’action de la pièce se réduit à cette attente. Ils attendent un
personnage mystérieux avec lequel ils croient se rappeler avoir un
rendez-vous : un certain Godot. Godot = personnage mystérieux, sorte
d’archétype de Dieu. A la fin de chaque acte, un garçon annonce aux
deux protagonistes que Godot ne viendra pas ce jour-là : peut-être le
lendemain.
Avec le féroce humour noir qui caractérise son écriture, Beckett
souligne cette suprême cruauté du Créateur : il n’existe pas. L’attente
d’un impossible Godot est la métaphore d’un doute existentiel qui
fissure l’identité du moi profond : celui-ci est condamné à être toujours
là. Il ne s’agit pas d’y illustrer une thèse. C’est la pure projection,
rendue concrète par des moyens scéniques, de l’angoisse existentielle
de l’individu dans le monde contemporain occidental, liée au sentiment
du perpétuel échec. Le personnage beckettien reste irrémédiablement
suspendu entre l’espoir d’une impossible attribution de sens au réel.
Tout se passe comme si une divinité cruelle s’amusait à l’homme.

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Eugène Ionesco

Au XXe siècle, le plus populaire parmi les mouvements d’avant-


garde fut le théâtre de l’absurde. Héritiers spirituels des
dadaïstes et des surréalistes, influencés par les théories
existentialistes d’Albert Camus et de Jean-Paul Sartre, les
dramaturges de l’absurde voyaient, selon le mot d’Eugène
Ionesco, « l’homme comme perdu dans le monde, toutes ses
actions devenant insensées, absurdes, inutiles » L’oeuvre de
Ionesco, absurde, recèle une portée métaphysique et se
nourrit de grands mythes antiques. L’effondrement du langage
caractérise son style. La communication mécanisée perd tout
son sens et laisse entrevoir le vide et la solitude extrême qui
hantent des personnages réifiés. Satirique, son théâtre met à
mort les codes et stéréotypes de la bourgeoise. Si l’univers
créé est profondément tragique, le burlesque joue toujours un
rôle de contrepoint. Au fil du temps, l’angoisse et le thème de
la mort prolifèrent et envahissent son univers.
Le théâtre de l’absurde
 Rupture totale par rapport aux genres plus classiques, tels
que le drame ou la comédie. (bouleversement des
conventions du genre théâtral).Il crée un nouveau
genre.Certaines pièces vont jusqu'à un mélange des
genres : c'est le cas par exemple des Chaises dont le sous-

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titre est "farce tragique". Ici, le comique devient tragique,
et le tragique devient comique.
 Traite de la dimension absurde de l’homme et de la vie en
général, celle-ci menant à la mort.
 Il n'y a souvent qu'un seul acte : c'est le cas de la plupart
des pièces d'Ionesco.
 L'absurdité des situations et la destructuration du langage
 Des antihéros aux prises avec leur misère métaphysique
 Refus du réalisme, des personnages et de l’intrigue
 Le lieu où se déroule l’action n’est pas souvent cité avec
précision
 Le temps est lui-même tourné à l’absurde par certains
moyens (pendule sonnant un nombre improbable de fois ).
 La scène se déroule souvent dans un climat de catastrophe
mais le comique s’y mêle pour dépasser l’absurde.
(Rhinocéros )
 Le langage mis en scène n’est plus un moyen de
communication mais exprime le vide, l’incohérence et
représente la vie, laquelle est elle-même absurde.
 Volonté de dresser un tableau de la condition humaine
prise dans son absurdité. L’absurdité est que la vie mène à
la mort .
 L’absurde n’y est pas démontré, mais simplement mis en
scène ; c’est au spectateur qu’il revient de comprendre...
Ce type de théâtre montre une existence dénuée de
signification et met en scène la déraison du monde dans
laquelle l'humanité se perd. On rejette les règles du théâtre, à
savoir unité de temps, unité de lieu et unité d’action. C’est une
approche plus psychologique de la société et de l’homme

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( nature humaine ) qu’ils tentent de faire partager par le biais
d’une intrigue et d’une communication par un dialogue souvent
difficile
L’action Selon lui, la nature du théâtre n’est pas de raconter
une histoire. Ionesco conteste également la mise en scène
réaliste. Il désorganise le temps social ( les caprices de la
pendule dans La Cantatrice Chauve). Dans Rhinocéros, tout se
ferme grâce à l’occultation des fenêtres. Le décor traduit ainsi
la folie aliénante.
Un écrivain qui privilégie l’individu. Un esprit toujours
contrecourant.
La figure du rhinoceros – contre l’homme aux idées reçues,
contre la collectivisation, l’uniformisation. La combinaison de
ces deux éléments produit la métaphore visuelle du
totalitarisme à la fois extérieur (confiscation des libertés) et
intérieur (aliénation du libre-arbitre).
Le langage Ionesco propose une interrogation sur la nature, le
pouvoir et les dangers du langage. Dans La Cantatrice Chauve,
par exemple, le titre est sans rapport avec le contenu. Il n’est
pas référentiel : c’est un leurre, qui nous envoie sur une fausse
piste. Toute communication est donc une vaste méprise.
Ionesco répercute une triple interrogation de la conscience
contemporaine :
- la mise en évidence de la fragilité du langage
- la menace d’une non-communication : les personnages ne
donnent pas le même sens au mot.
le langage est trompeur, par sa tendance à la négation et au
travestissement du refoulé.

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Ce théâtre met en lumière la faillite des idéologies. Il part des
vérités premières, prises au source du comique dans La
Cantatrice Chauve, et passe par l’incarnation des angles
sociaux, avec La Leçon et Rhinocéros, pour aboutir à une
méditation sur l’impuissance de l’homme face à la mort dans Le
Roi se meurt.

Les thèmes de l’univers ionescien


La métamorphose Un théâtre de dénonciation sociale.
Bérenger, dans Tueur sans gages (1959) et surtout Rhinocéros.
Ionesco avait vécu, en 1937-1938, la montée du fascisme chez
un nombre croissant de ses amis roumains: un virus mystérieux
s’infiltrait en eux, ils changeaient, la communication devenait
impossible. Dans la pièce, cette maladie est la "rhinocérite" qui
gagne peu à peu toute la ville La rhinocérite, c’est d’abord,
historiquement, le nazisme; mais tous les totalitarismes sont
visés. Bérenger demeure, à la fin, seul humain, après des
flottements et le dit, dans un finale peu rhétorique, où
chancelle un humanisme mal assuré.
Le vide métaphysique. „Le thème de la pièce n’est pas le
message, ni les échecs dans la vie, ni le désastre moral des
vieux, mais bien les chaises, c’est-à-dire l’absence de
personnes, l’absence de l’Empereur, l’absence de Dieu,
l’absence de matière, l’irréalité du monde” La prolifération des
mots-objets, des objets eux-mêmes constitue l’une des hantises
les plus profondes de l’auteur. Dans Les Chaises (1952), un
couple de vieillards solitaires attend, avec l’espoir que cette
venue donnera un sens à sa vie, d’imaginaires invités. Seul le
nombre des chaises va croître de plus en plus vite; elles

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envahissent la scène, bloquent les vieux, qui bientôt meurent.
Cette prolifération matérielle cerne violemment la solitude
humaine, rappelle à l’homme qu’il va devenir objet à son tour.
Elle fait éclater "l’absence de Dieu, l’irréalité du monde, le vide
métaphysique. Le thème de la pièce, c’est le rien" (Ionesco)
La mort, l’angoisse Le roi se meurt , "un essai d’apprentissage
de la mort". Dans un royaume vaguement médiéval, tout va
mal, tout se lézarde; les frontières se rétrécissent... On annonce
au roi qu’il lui reste une heure et demie à vivre. Le roi refuse
d’abord cette vérité, mais peu à peu, il va accepter
l’inacceptable.
"Pourquoi est-il roi? Eh bien! dit Ionesco, parce que l’homme
est roi, le roi d’un univers. Chacun de nous est là comme au
cœur du monde, et chaque fois qu’un homme meurt, qu’un roi
meurt, il a le sentiment que le monde entier s’écroule, disparaît
avec lui. La mort de ce roi se présente comme une suite de
cérémonies à la fois dérisoires et fastueuses – fastueuses parce
que tragiques. En fait, ce sont les étapes d’une agonie ou, si l’on
préfère, celles de la renonciation: peur, désir de survivre,
tristesse, nostalgie, souvenirs et puis résignation. Enfin,
dépouillé de tout, et seulement à ce moment-là, il s’en va."
L’absurdité de l’existence L'absurde commence avec la prise de
conscience du caractère machinal de l'existence et de la
certitude de la mort à venir au bout d'une vie où le temps fait
succéder inexorablement chaque jour l'un à l'autre. La
Cantatrice chauve - idée de répétition, de boucle absurde,
puisque la pièce se termine par mêmes répliques que celles du
début de la pièce.

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Le personnage ionescien
Ionesco subvertit ou élimine les modes de caractérisation
traditionnel du personnage.
-la nomination : Ionesco ruine le rapport d’identification
onomastique. Par exemple, la saga des Bobby Watson dans La
Cantatrice Chauve. Tous les membres de la famille portent le
même nom. Les noms sont également stéréotypés : les Smith et
les Martin suggèrent un caractère collectif. La personne s’efface
dans cet univers dramatique.
-la visualisation : Ce sont les accessoires et le décor qui
supplantent le discours.
Ces phénomènes témoignent de la fossilisation de l’humanité
moyenne, du développement de l’indifférence, de l’anonymat
d’une société qui a perdu ses valeurs de solidarité et de
civisme. Un seul être échappe à ce processus : Bérenger. Il est
le symbole de l’homme de bonne volonté, irréductible à ce
processus d’uniformisation.

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