Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Conception Des Ouvrages Maritimes
Conception Des Ouvrages Maritimes
de l'Eqlipe_ut,
des Trallports
.td. L.....at
RAPPORT D1ÉTUDES ET
DE RECHERCHES
RECOMMANDATIONS GÉNÉRALES
SUR LA CONCEPTION
DES OUVRAGES MARITIMES
JUILLET 1993
RECOMMANDATIONS GENERALES
SUR LA CONCEPTION
DES OUVRAGES MARITIMES
Auteur : C. ORGERON
-
.•. ... _-
P. MONADIER
J ~.~
~.
Diffusion N
La qualité de la conception d1un ouvrage requiert ~ la fois
Page
Avant-Propos .•.•••.•.•••••••.•••••••••.••.•••.•••••..••.•. 1
- 1 -
1ère Partie
GENERALITES
1 - LA DIVERSITE DES CONTRAINTES DE PROJET
- 2
1.2. PROJETS DANS LES PAYS EN DEVELOPPEMENT
- 3
g) L'insuffisance des mOYens de maintenance et de réparation.
Elle se manifeste sur les crédits, les équipements et les person
nels. Elle est d'autant plus ressentie que des modes de gestion
criticables, avec des personnels peu qualifiés, augmentent la
fréquence des accidents et dommages, y compris sur les structures
lourdes. Hors de toutes considérations techniques, cette si tua
tion quasi-générale dans les pays les moins avancés, plaide
pour les structures simples parce que faciles à construire,
robustes parce que largement calculées, réparables à moindre
frais parce qu'utilisant des équipements et des matériaux trouvés
sur place.
- 4
1.32. - LE RECOURS AUX DEFENSES DOUCES
***************
- 5 -
2 - LES OUVRAGES USUELS
- 6 -
2.13. - AUTRES STRUCTURES
- 7 -
grand que pour les grands ouvrages d'abri. En particulier, il
faut que la stabilité des défenses côtières s'accommode des
évolutions lentes ou rapides de la ligne du rivage, de son pro-
fil, de la bathymétrie des fonds voisins, que leur géométrie
puisse si nécessaire être modifiée en fonction de ces &volutions,
que leur prisence n'entrave pas les activités touristiques.
- 8 -
Cette double circonstance d'~tre idifiies en milieu
hostile et projeties sans rigles iprouvies explique la friquence
et le taux ilevis d'endommagement des àifenses côtiires. Leur
durie de vie est souvent infirieure à 1 5 - 20 ans, malgri des
riparations coûteuses.
2.3. - CONCLUSIONS
- 9 -
2ème Partie
LA CONNAISSANCE
DU MIL l E U P H Y S l QUE
3 - REMARQUES PRELIMINAIRES
- 10
personnelle des observateurs* et avec des moyens moins perfor
mants ;
l'interprétation des mesures a reflété les critères de l' épo
que, différents des nôtres ;
elles ne concernent pas touj ours la grandeur analysée (par
exemple les maximums de niveau) mais renseignent par un phéno
mine qui lui est lié (comme la submersion de digues).
-"
Nous en donnerons quelques exemples, sans cacher qu'il
s'agit de solutions approchées, non exemptes de risque, à un
problème que résoudrait seulement l'intensifica t ion, sur le
long terme, de mesures directes et pré cises.
- 12
4 - L'HYDROGRAPHIE
- 13
Par chance, la documentation cartographique et aéro
photographique* s'accroit constamment et l'on peut caractériser
le degri d'instabiliti d'un rivage dis les premiires itudes.
- 14
5 - MAREES ET FLUCTUATIONS DU NIVEAU DE LA MER
- '5
v
- 16
Aj outons qu'il est d'usage en FRANCE de caractériser
les marées en ATLANTIQUE et en t-1ANCHE par un coeff ic ient C,
le même sur tout ce li ttoral pour une marée donnée, et par une
unité de hauteur, déduite des observations en chaque port de
référence. Cette pratique repose sur l'hypothèse d'une marée
sinusoïdale semi-diurne lunaire*. Elle est d'autant moins véri
fiée qu'au site considéré la proportion des harmoniques supérieu
res de la marée est plus grande. Des ondes quart-diurnes notables
apparaissent dans l'analyse harmonique des marégrammes des eaux
peu profondes. Elles se traduisent par un relèvement du ni veau
de mi .... marée et par un allongement de plusieurs heures de la
"tenue" du niveau de pleine-mer (LE HAVRE et LA ROCHELLE par
exemple) .
Ce phénomène contribue à accentuer les écarts entre les marées
prédites par les annuaires aux points de référence et les marées
réelles en des sites parfois peu éloignés.
....
* Acceptable pour BREST ou, par définition, C = 100 caractérise
une marée de 6 m.
- 17
quelques dizaines i quelques centaines de secondes pour
divers types de seiches, le plus fréquent étant celui lié
à la succession plus ou moins régulière de vagues fortes
et faibles dans la houle* (Trains d'onde),
quelques dizaines de minutes pour l'oscillation de grandes
masses d'eau dans des baies (en FRANCE les conches de la
GIRONDE à ROY AN et st GEORGES DE DIDONNE), entre la côte
et le rebord du plateau continental (fréquent en ALGERIE :
ANNABA, JIJEL, BEJAIA en particulier), dans les détroits
allongés (détroi ts de MALACCA , de COREE, ... )
soit de grandes intumescences dites raz-de-marée et plutôt
"tsunamis" de nos jours, engendrés par les séismes et dont
la propagation, sans atténuation sensible d'énergie, couvre
des distances de dizaines de milliers de kilomètres en mai
1 960, le séisme du sud du CHILI dévasta HA\'1AI et des îles
japonaises et soviétiques jusqu'i plus de 12000 km**.
*** Un seul exemple, parce qu'il est a ttesté par des décennies
d'observations sur la côte NE des USA, où l'amplitude moyenne
des marées est de l'ordre de 1,00 m, des surcotes de 1 à 3 m
ont été mesurées à la pleine-mer.
- 18
Il n'est d'ailleurs pas de solution exacte i ce probl~
me. L'expérience -et le bon sens- conseillant de recenser les
causes des fluctuations, de auantifier leurs effets sur le niveau
soit par des formules empiriques ou des mithodes de calcul sim
plifiies*, enfin d'estimer les risques d'occurence simultanie
- 19
Seule, la confrontation du plus grand nombre d'informa
tions, recueillies aux sources les plus di verses, peut évi ter
de trop grosses erreurs.
- 20
6 - LE VENT
- 21
c) Actions simultanies du vent et des· vagues d'un m~me flux : par
exemple coup de vent de SW sur le golfe de GASCOGNE à proxirni ti
de nos côtes, ou de SE sur le golfe àu LION, l'ADRIATIQUE, la
MER ROUGE, etc ...
- 22
NOTA : Nous n'avons pas mentionné, dans ce qui précède, les
cyclones troeicaux*. Leur processus de formation, leur constitu
tion, leur evolution sont encore mal connus. Disons seulement
que :
Ils naissent à l'été et à l'automne (juin-octobre au N de
l'équateur et novembre-mai au S), sur des eaux de température
de 26°C et plus •
. Ils ne se forment pas à des latitudes plus proches de l'équa
teur que 6 à 8°, car un minimum de force de CORIOLIS est néces
saire pour amorcer le tourbillon.
Par définition, un cyclone tropical ,implique des vitesses
maximales moyennes au moins égale a 64 noeuds (environ
120 km/hl. Sous cette valeur, on parle de tempitetropicale.
. Bien que mal et peu mesurés, et pour cause, leurs effets des
points de vue qui nous intéressent sont monstrueux :
surélévations du niveau marin au passage de. l'oeil pouvant
atteindre 7 à 8 m, vagues de 20 à 30 m et plus, avec des pério
des de 15 à 25 s, dans le quadrant du tourbillon oa la vitesse
du vent et celle du déplacement du météore s'additionne.
Il Y a, à l'évidence, incompatibilité entre ces valeurs
et les caractéristiques habituelles beaucoup plus faibles du
vent et de l'agitation dans les régions subtropicales.
Notre sentiment est qu'en ce domaine l'impasse a été
faite sur ce problème et qu'il est i~plicitement admis que,
si une structure se trouvait exposée a la pleine force d'un
cyclone, elle serait détruite. C'est le risque encouru par des
ports comme TAMATAVE (côte E de MADAGASCAR) ou la POSSESSION
(côte N de la REUNION).
- 23
La première condi tion fai t donc appel à des documents
anciens, non-homogènes entre eux et de f iabili té incertaine*.
La seconde permet, au moins en théorie, de faire des observations
de bonne qualité avec un équipement conforme aux normes actuelles
mais elle ne renseigne que ponctuellement et sur une durée trop
courte pour dresser une statistique.
- 24
b) Installer une station locale, dans les meilleures condi tions
de dégagement permises par le site et comparer les observations
qu'elle fourni t avec celles des autres sources et avec les car
tes météo, particuliirement lors des mauvais temps.
6 • 4 •. - UN EXEMPLE : ANNABA
ANNABA : ~~~~~_~~_~~~~~~~_~~~!~_~~E§~~~~~~_~~_§2~~~_~_~~_~L~
Directions W NW N NE
% du temps total
a) Au large*
Année ..................... 2.40 0.78 o. , 8
dont semestre Nov. -Avr •.••••. , .80 0.72 O. , 8
b) Frange côtiire ( 200 km)
Année . . .. ... . ... ...... . . .
, .89 , .98 0.32 0.08
dont semestre Nov.-Avr •.••••• 1 .75 1 .50 0.32 0.08
(* Jusqu'à l'approche des côtes européennes)
- 25
Le projet du brise-lames devait donc tenir compte
. de la dominance des houles d'entre NW et N (fetch d'au moins
500 km) pour le calcul de la section de l'ouvrage,
de l' occurence pluri-annuelle de me.:s fortes de NE et W pour
son implanta tion et sa longueur (abr i à procurer à la rade
et aux bassins).
- 26
7 - L'AGITATION UNE PERCEPTION DIFFICILE
- 27
Dans le cas de l'agi tation, il s'agi t d'estimer du
mieux possible les caractéristiques des tempêtes auxquelles
l'ouvrage proj eté risquera d'être exposé pendant la durée de
son exploitation. Soit, en pratique, une prévision correcte
sur des durées de retour de l'ordre du siècle.
- 28
7.3 - DES REMISES EN CAUSE NECESSAIRES
- 29
Cela peut expliquer que des implications majeures
de la nouvelle situation (grande profondeur + forte exposition)
n'aient pas été correctement appréciées dès l'origine par les
spécialistes. .. dont nous étions censés faire partie C'est
ainsi que :
- 30
7.32- CONSEQUENCES
- 31
8 - L'AGITATION COMMENTAIRES SUR L'APPROCHE ACTUELLE
8.1. - LA TERMINOLOGIE
- 32
tis des travaux maritimes, tel l'Inginieur Giniral Jean LARRAS,
était plus rédigi à des fins d'usage par les Ingénieurs (calcul
de dimensionnement ou condui te d'essai sur modèles). Celui àe
, 986 est plus (trop ?) marqui de l'empreinte des chercheu~s
univèrsitaires de haut niveau qui animent l'AIRH.
- 33
b) De par sa conception, la réponse de la bouée n'est "plate"
que dans un intervalle de périodes qui, sauf ajustement particu
lier, couvre une gamme de 3 à 12 s environ. Aux périodes plus
longues, les hauteurs de vagues sont atténuées : environ 3%
à 15 s, 10% à 20 s, plus de 15% à 25 s et plus de 30% à 30s.
Une correction de cette distorsion, même approximative, peut
devoir être faite, au moins pour en apprécier l'incidence possi
ble. En effet, les enregistrements ont montré que les périodes
maximales des vagues étaient plus longues qu'il n'était générale
ment adrnis* et que ces vagues longues sont souvent aussi les
plus hautes.
c) Outre cette imperfection inhérente au principe de l'appareil,
différentes causes peuvent perturber le fonctionnement de la
bouée (compte non-tenu des pannes) :
sa réponse est mal connue lorsqu'un courant de marée ou une
dérive superficielle due au vent l'écarte de la verticale;
il en est de même sur une mer courte et hachée, notamment
lorsqu'elle se superpose à une agitation de fond plus longue,
ce qui est un cas fréquent.
- 34
on ne sait pas a priori si le signal imis, ou reçu*, est cor
rect.
le calcul automatique des piriodes donne souvent des valeurs
fortement minories, par la prise en compte de petites oscilla
tions non significatives autour du niveau moyen,
. absence complite d'information en cas de panne,
resti tutions difficiles et contesties, en cas de trai tement
diffiri d'un enregistrement difectueux.
Un ou plusieurs de ces incidents ont affecti toutes
les collections d'enregistrements des très grandes tempêtes
des 10 dernières annies dont le LCHF a eu i conna!tre.
- 35
Ces objectifs sont communs à trois catégories de spé
cialistes : les responsables des projets, les chargés d'essais
sur modèles, les chercheurs. Entre eux, la communica tion n'est
ni permanente, ni aisée, sauf dans les laboratoires où s'expri
ment les points de vue des uns et des autres. LeE échanges de
ce type qui ont eu pour cadre le LCHF incitent à formuler quel
ques commentaires et propositions d'ordre pratique pour que
la démarche -notamment en matière de traitement des enregistre
ments- des uns soient mieux mise à profit par les autres.
- 36
v \JI ,.~._-
- 37
8.32. - INCERTITUDES SUR LES HAUTEURS DES VAGUES
- 38
Le trai tement des enregistrements peut donc respecter
les recommandations officielles, à la condition que la possibili
té de tester l'autre méthode soi t préservée, au moins sur les
séquences de tempête.
- 39
Le cas particulier rappelé dans le renvoi précédent
illustre l'intérêt pour le projeteur de disposer des résultats
d'analyses spectrales caractéristiques des mauvais temps sur
le site, afin de bien "situer", les gammes de périodes où l'éner
giese concentre. Il est certain que cela eut été profitable
lors des études du projet de SINES.
b) Dans le même ordre d'idée, le concept de T 1 /3 (moyenne du
tiers supérieur des plus longues périodes quelle que soi t leur
hauteur) ou de tout autre paramitre T qui résulte d'une analyse
de la distribution des périodes indépendante de celle des hau
teurs, peut conduire à des interprétations erronées en matière
de stabili té d'ouvrages. Il est préférable de considérer des
valeurs comme TH1 / 3 , TH1 /t.O, ••• qui. caractérisent les pério~es
moyennes de tranélies ae la populat~on des vagues plus ou mo~ns
homogènes par leurs hauteurs* et non susceptibles de provenir
d'agitation de diverses origines.
c) Par sa définition, la valeur de TH comporte la même marge
dl incerti tude que celle de H , eL ~îx en raison de la durée
limitée des enregistrements. cWi~ étant, il reste que les risques
majeurs d'endommagements sont liés à l'action des plus hautes
vagues (soi t pour fixer les idées H supér ieur à H 1 /1 0) et que,
par ailleurs, il est fréquent d'observer une corrélation positive
entre la hauteur et la période associée dans ces lames.
Lors des tempêtes survenues en 1978 et 1979 sur les
côtes ouest de la péninsule ibérique (dommages à BILBAO, SAN
CIPRIANO,SINES et autres ports) l'analyse statistique de dizai
nes de séquences conduisit à la relation :
TH max ( s) = 1, 4 à ',6 Hmax ( m) •
Les hauteurs significatives
des tempêtes annuelle
à décenna le étant couramment de 6· à
m en sites exposés, les
9
plus hautes vagues qu'elles comportent s'étagent entre 10 et
18 m. Un~ relation du type ci-dessus implique alors que la gamme
des périodes associées comporte beaucoup de valeurs entre 15
et 30 s.
Pour ces périodes, pas évidentes pour la plupart des
proj eteurs jusqu'aux années· 70, la réfraction est notable sur
des fonds de 1 00 à 150 m. Les trains formés de séquences de
ces longues et hautes vagues peuvent donc être affectés par
des accidents de la topographie sous-marine (risques de gonfle
ments par focalisation des lames du train).
d) Malgré les recherches déj à réalisées, la question de l' in
fluence de la période sur la stabilité reste ouverte et suscite·
au moins trois interrogations :
De quelle (s) maniire (s) la période, pour une hauteur donnée
des vagues, modifie-t-elle le mécanisme de l'attaque des lames
sur un ouvrage ?
- 40
Ce, ou ces modifications conduisent-elles, dans une agitation
réelle, à des sallici tations plus accentuées et danJereuses
dans certaines zones de valeurs de paramètres tels le nombre
d'IRloARREN (ou d'autres à expliciter*) ?
S'il en est ainsi, correspond-il à ces zones cri tiques des
plages de période entrainant des risques maximaux ?
H
s = hauteur significative,à distance suffisante devant
l'ouvrage pour ne pas atre influencée par lui.
- 41
8.34. - DISTRIBUTION, STATISTIQUES ET SPECTRES
On a déj à évoqué les deux modes de trai tement des
enregistrements: l'analyse statistique (ou temporelle) et l'ana
lyse spectrale.
a) Si l'on dispose d'enregistrements analogiques, l'analyse
statistique vague par vague peut ~tre faite manuellement. La
méthode est longue mais facile et peu coûteuse. Elle permet
à celui qui la pratique, et qui a ainsi sous les yeux une image
de la succession des vagues en un point, d'en mieux comprendre
l'architecture générale, les singularités ... Elle donne, pour
chaque séquence traitée, des valeurs précises des paramètres
statistiques H et T.
b) Dans la mesure o~ la distribution des élévations* de la surfa
ce et celle des hauteurs des vagues sont assez bien représentées
par des lois de GAUSS et de POISSON respecti vement, ces paramè
tres sont liés entre eux par des rela tions qui permettent de
les calculer par des méthodes simplifiées, à partir de la con
naissance d'un seul, manuellement ou par traitement automatique
d'enregistrements numériques.
c) L'analyse spectrale n'est praticable qu'avec des moyens infor
matiques et le profi t qu 1 on peut en tirer est à la mesure des
performances de ces moyens.
Ce mode d'analyse est une application du théorème
de FOURIER, donc· de l' hypothèse que les vagues visibles à la
surface de la mer résultent de la composition d'ondes sinusoIda
bles de différentes périodes (ou fréquence). Chaque composante
véhicule un certain pourcentage de l'énergie totale des vagues,
a ses propres conditions de propagation (vitesse, direction,
dispersion, amortissement) et l'ensemble compose le spectre
de l'agitation. Sa traduction la plus élaborée est le spectre
directionnel qui caractérise énergie et directions en fonction
de la fréquence. Le spectre de l'agitation permet donc de repé
rer dans quelles bandes de fréquence l'énergie est concentrée
et, s'il est tridimensionnel, de quelles directions elle pro
vient.
d) La notion de spectre est une construction mathématique dont
les éléments -les composantes monochromatiques indépendantes
n'ont pas d'existence réelle. Cette notion aide à ne pas oublier
qu'il n'y a pas permanence dans le temps des formes des vagues.
Les crêtes et les creux apparaissent et disparaissent pour qui
peut les observer en se déplaçant avec eux. Seuls demeurent
les paramètres statistiques des échantillons trai tés dans les
enregistrements, paramètres qui sont d'ailleurs affectés d'une
variabilité d'autant plus grande qu'ils caractérisent une tranche
de la distribution plus étroite**.
- 42
On remarquera que l' hypothèse d'une distribution des
hauteurs du type POISSON-RAYLEIGH suppose un spectre de friquence
inf iniment itroi t et un spectre de GAUSS des iliva tions . Bien
que ces conditions ne soient pas respectées dans une agitation
réelle, les erreurs en dicoulant sur le calcul des paramètres
statistique des hauteurs semblent rester dans des limites accep
tables. D'ailleurs, les tempêtes potentiellement géniratrices
des gros dommages ont en général l'essentiel de leur inergie
concentré autour d'un "pic de fréquence" accentué (f p ' T p ).
e) Certains, surtout anglo-saxons et nordiques, ont proposé
des expr~ssions analytiques pour rendre compte des courbes spec
trales déduites de nombreux enregistrements in-situ. Les trois
plus connues sont celle de BREITSCHNEIDER, celle de PIERSON
MOSKOWITZ qui en est unca~ particulier et le spectre JONSWAP*.
Tous trois s'icrivent en f- .
- 43
a) Les séries de grandes vagues sont perçues et attestées depuis
des 'siècles* sur l'ATLANTIQUE. Elles sont souvent, mais pas
toujours au centre de "trains" qui comptent une dizaine de lames
au maximum. Les hauteurs de grandes vagues d'un train dépassent
Hs lors de séquences de 2, 3, 4 voire 5 lames successives. Leur
arrivée sur un ouvrage, par exemple le talus d'une digue, se
marque par une suite d'impacts déferlants puissants se succédant
à intervalles à peu près réguliers. La combinaison de cette
pseudo-période et des grandes hauteurs des vagues peut expliquer
des sollicitations dangereuses, qu'on a tenté d'exprimer par
le nombre d'IRIBARREN.
b) Les discontinuités de hauteur ("jump" dans la terminologie
anglo-saxonne) signifient en pratique l' occurence d'une peti te
<
vague sui vie d'une grande. H. F. BURCHARTH a proposé H CH v
pour la peti te (avec C (. 1) et H) H pour la grande. Dans mEe
cas, le risque évoqué est celui d'un "~ic"d'impact déstabilisant
pour la structure et la rendant vulnérable aux vagues moins
puissantes qui suivent.
c} Les "dissymétries" sont celles des vagues de grande hauteur
dont les élévations, à la crête et au creux, sont inégalement
réparties de part et d'autres du ni veau de repos. Ainsi, pour
une vague d'au moins 17 ~à SINES, on avait:
D crête = +7
C creux, -1 0 m (échelle du graphe dépassée).
On conçoit que. de telles vagues conduisent à des intensités
anormales de sollicitations en parties hautes d'une digue (cou
ronnement, berme de tête, talus intérieur, .•• ) dans les cas
de crêtes très hautes et en parties basses (bas de carapace,
butée de pied, terrain de fondation,... dans les cas de creux
très bas.
Cette terminologie répond au souci de systématiser
mais, dans la nature et dans des essais en houle aléatoire,
les distinctions sont malaisées. Les "images" de la succession
des vagues données par les enregistrements sont seulement vala
bles dans l'instant et au point considérés. Dans l'évolution
spatio-temporelle des ondes d'un train, les posi tions des plus
hautes et des plus dissymétriques évoluent progressivement.
On peut seulement conclure qu'en un point donné, tous les types
de configuration ont une certaine probabilité d'occurence, si
les déferlements interviennent peu. Les sollicitations propres
à chacune se combinent et il semble difficile, dans une agitation
réelle que les risques spécifiques liés aux particulari tés des
groupements de vagues puissent être prévus par l'application
de critères simples comme le nombre d'IRIBARREN.
- 44
Puisqu'on ne sait pas, ou mal, introduire ces singula
ri tés dans les calculs de dimensionnement, il faut être à même,
à partir du traitement des enregistrements, de les simuler lors
d'essais sur modèles. Et cela dans les di vers types de mauvais
temps observables sur le si te car il est vraisemblable que les
houles sont plus riches en séquences de grandes lames et en
vagues dissymétriques et les mers plus fournies en "j umps".
Les enregistrements analogiques facilitent une étude exploratoire
de la nature, des fréquences d'apparition et des "dimensions"
des divers groupements de vagues. Les enregistrements numériques
permettent une approche plus élaborie, sur laquelle nous revien
drons, à partir du calcul des variations du carré de l'élévation
instantanie.
- 45
9 - L'AGITATION: ESTIMATION DES SITUATIONS
DE FAIBLE PROBABILITE
- 46
Cette manière de caractériser la probabilité des agita
tions dangereuses pour les structures est liée aux condi tions
d'exécut Lon des études de stabilité dans l'après-guerre. En
effet, à cette époque :
· Les théories de la houle monochromatiques étaient bien diffu
sées. Les textes* et les notions plus élaborées ne touchaient
qu'un petit nombre.
L'équipement usuel des laboratoires d' hydraulique engendrai t,
sauf au LCHF**, des houles régulières, pour la recherche appli
quéecomme pour les recherches fondamentales (IRIBARREN,
LARRAS, BARRILLON, HUDSON ..• ).
- 47
dans les directions de propagation, avec des spectres direc
tionnels plus ou moins large ou dont la composante principale
(en terme d'inergie vihiculie) est plus ou moins affectie
par des variations dans les champs des vents ginirateurs*,
. dans la distribution des piriodes, ...
- 48
Comme la plupart de ceux qui ont eu à discuter ce
problème, le LCHF n'a pas trouvé de raison valable* d'écarter
la loi semi-logarithmique, simple et d'emploi facile, proposée
il y a un quart de siècle par l'Ingénieur Général Jean LARRAS
>
soi t .: P (H Hp) = H - a Log P
(p étant la probabi~ité de dépassement de la hauteur Hp).
- 49
Nous n'avons pas recueilli d'autres informations sur ce sujet,
qui mérite d'être approfondi.
d) Enfin, il faut rappeler que la "durée· de retour" caractérise
l'intervalle de temps moyen entre deux occurrences successi ves
du même phénomène. Les intervalles réels peuvent s' en écarter
àe beaucoup. En ordre de grandeur, et en valeurs arrondies,
on peut admettre que la probabilité d'observer la houle centen
nale 1 fois est de :
10% dans les 10 ans à venir,
20% dans les 20 ans à venir,
40% dans les 50 ans à venir,
60% dans les 100 ans à venir.
(La probabilité de l'observer 2 fois par siècle est de près
de 25%).
- 50
Dans le paroxysme d'une "tempête ennale", cette même hauteur
statistique est variable. Elle passe par un maximum qui peut
correspondre, en ordre de grandeur, à une houle de durée de
retour 10 n mais elle agit pendant moins de 24 h.
Tempête
Annuelle Décennale Centennale
Hauteur des plus hautes 24h 1,00 .l..L.il 1 ,82
vagues (valeur relative 12h 1, 13 1 ,64 2 i 14
pendant : 6h 1 , 19 1 , 71 2,22
3h 1 ,29 1 ,90 2,49
1h .!..Li! hl.! 2,82
- 51
· définir sur chaque tempête les valeurs du H atteintes ou
dépassées p~ndant 24, 12, 6, 3et lh,* max
ajuster des lois semi-Iogarithmiques permettant d'estimer
les hauteurs H 24' H 12' . •. H 1 en fonction de leur
probabilité (i ~ea:ccru rapmpacfrt nombre ~ex tempêtes où une valeur
est atteinte/nombre total de tempêtes).
- 52 -
Notre sentiment, quant aux approches de l'agitation
réelle faites par le LCHF et le LNH est le suivant :
Le LCHF a tenté cette approche sur un cas important, mais
particulier. Dans' l'esprit des recherches qu'avaient initiées
M. SCHMIDT et quelques autres spécialistes du Service des
Phare des Balises*, visant à caractériser la "signature" des
tempêtes, des développements sont possibles et seraient fruc-
tueux.
· La méthode LNH du renouvellement considire les valeurs effec-
tives d'une variable aléatoire H annuelle "qui s'attache aux
houles maximales annuelles ". Telle que décri te dans l'ouvrage
cité, elle ne fourni t pas d'éléments sur des durées d'action
effectivement observées.
- 53 -
10 - L'AGITATION: UN EXEMPLE D'EXPLOITATION DES DONNEES
SUR LA HOULE POUR SINES
- 54 -
10.2. - ESTIMATION DES CONDITIONS EXTREMALES
- 55 -
c) Les 6 tempêtes analysées par le LNEC ont précisé le "calage"
du HGAS par rapport aux paramètres statistiques classiques de
distr~fjution des vagues. En fait, HG S étai tproche du H ax
le plus probable dans un échantillon ~e 100 vagues distribu~es
selon une loi de POISSON-RAYLEIGH. Ce résultat est en accord
avec les périodes usuelles i SINES et la durée des séquences.
c) Le "croisement" des probabilités estimées i partir des enre-
gistrements in-situ et des statistiques dédui tes des atlas a
montré :
• un très bon accord entre les atlas,
• la cohérence de ces documents avec les probabilités de hauteur
ca~culées avec la distribution des H .
GAS
- 56 -
1979. L'intirit des risultats obtenusdipasse le cadre de SINES
car ces caractères sont valables pour une grande partie des
côtes atlantiques de l'EUROPE et de l'AFRIQUE DU NORD. On peut
les risumer ainsi :
Une "tempite maritime" naît d'une perturbation mitiorologique
où les vents soufflent à 50 nd au moins.
Leurs déroulements (croissance ~ paroxysme )dicroissance)
sont parall~les et les deux phénomènes ont une durée de l'ordre
de 5 jours. °
- 57 -
a) Cor=élations hauteurs-périodes :
Les spectres ci' énergie déterminés sur les enregistre-
ments, comme les résultats OSA relatifs aux points de la grille
de =alcul proches de SINE5, ont montré les croissances simul ta-
nies de T et H .
P . mo
Le dépouillement manuel des bandes des tempêtes de
l'hiver 78-79 -qui firent aussi des dommages importants en
FRANCE- fournit un résultat analogue entre périodes et hauteurs
àes plus fortes lames, avec l'expression TH (en s) = 1,5
à ',6 "max (en ml. Il en était de même pour Tmaxma€t Hmax
b) Valeurs extrêmes des périodes
Les distributions des périodes. ~uivantes :. T , T 1/3
et Tma~ ont été étudiées sur les séquencE::s d'un certairP nombre
de tempe tes : .
Les intervalles de variations trouvés pour ces tempê-
tes, qui comportaient toutes de grandes houles, sont représenta-
tifs de situations fréquentes sur les côtes atlantiques àe
l'EUROPE, à savoir :
T.
P
= 16 à 20 s T1 / 3 = 14 à 18 s T max =19
. à 25 s
L'ajustement, suivant une loi semi-lo~arithmique a
èonné, . pour les paroxysmes de 3 h, en valeurs arrondies et pour
des ternp~tes d'ordre décennal à centennal
T max = 26 à 31 s T 1 /3 = 20 à 25 s = 23 à 28 s.
Les temp~tes les plus dangereuses pour nos côtes impli-
quent donc l'existence de périodes statistiques, spectrales
ou a~parentes beaucoup plus longues que celles considérées d'or-
àinaire.
10.3. - CONCLUSIONS
Le résumé de l'étude -des conditions extrêmes d'agi ta-
tions devant SINES mO:1tre les possibilités offertes aux proje-
teurs par l'utilisation conjointe et l'exploitation croisée
àes trois grandes sources qui leur sont souvent accessibles : les
.enregistrements in-situ, les atlas de compilation, les modèles
de calcul des états de la mer.
- 58 -
3ème Partie
DZMERSZOIfREMERT
11 - GENERALITES
- 59
observe alors des zones d'impacts préférentiels, avec des fran
chissements dangereux pour les superstructures et les talus
intérieurs*. Lors des essais sur modèle tridimensionnel du brise
lames de MOHAMMEDIA (MAROC), souvent exposé à ce type de mauvais
temps, des effets de ce genre ont été détectés et des disposi
tions décidées pour y remédier.
b) Des tracés en plan concaves vers le large peuvent résulter
de diverses circonstances, comme la configuration des fonds
(ARZEW, ARICA, VALPARAISO, ... ) ou la nécessité d'enclore de
nouveaux bassins (ALGER, BEYROUTH, GENES, MARSEILLE, SAFI, ... ).
Dans ces parties en retrait, les. ouvrages peuvent ~tre atteints
par des ondes réfléchies sur les secteurs voisins. Le coefficient
de réflexion des structures usuelles étant élevé (au moins 30
à 40% pour les talus), la combinaison des vagues incidentes
et réfléchies entraîne un surcroît d'agitation souvent dange
reux.
c) Les approfondissements rapides, naturels ou artificiels,
provoquent la réfraction, voire la réf lexion totale, des ondes
qui les abordent. Il en résul te une plus grande sollici tatiort
des ouvrages vers lesquels elles sont déviées :
des canyons sous-marins proches des extrémités des jetées
sont causes de désordres, comme à' SAN-ANTONIO (CHILI) ou
BARRANQUILLA (COLOMBIE),
. des berges de chenaux, dragués dans des zones de faibles pro
fondeurs, ont des effets analogues, ressentis sur l'agitation
dans le port, comme à GHENNOUCH (TUNISIE), et la stabilité,
comme à DIKHEILA (EGYPTE) où le poids uni taire des cubes de
carapace dut être très augmenté.
- 60
Cela se vérifie d'autant .mieux que la transmission
d'énergie des vagues est plus forte dans les tranches d'eau
proches de la surface et qu'ell~ est facilitée par la réfraction
sur les cônes des talus. Dans plusieurs cas étudiés au LCHF,
des compromis ont été recherchés soit dans un allongement de
la jetée principale (port-ilôt de PORNICHET), soit dans l'adop
tion de types de musoir associant la section courante en talus
et un caisson d' extrémi té dégageant le plafond de naviga tion
sans élargissement nuisible en surface (port industriel de
CAGLIARI en ITALIE et proj et de nouvelle jetée accostable -non
réalisée- au port de LA CONDAMINE).
- 61
c) Les efforts exercés par lamer sur les structures ont des
causes très différentes (impact de vagues, retombées de franchis
semen·l:.s, écoul.èments dans les massifs, effets de "masse ajoutée"
ou cie "trainée") et mettent en jeu àes phénomènes très complexes
dont la théorie ne permet en général qu'une approche élémentaire,
insuffisante pour des calculs de dimensionnement. L'ouvrage
àéj àci té du LNH ("Le dimensionnement des digues à talus") rap
pelle qu'à la fin des années 30, un spécialiste comme M. BLOSSET
considérait qu' une digue à talus ne se calculait pas et qu'on
la concevait par rifirence â des ouvrages analogues, situis
dans des conditions comparables et ayant subi avec succès
l'épreuve du temps.
Dans le demi-siècle qui a suivi cette prise de posi
tion., de grands progrès ont été réalisés. Il reste que le dimen
sionnement des ouvrages mari times -même en supposant une très
bonne connaissance de leur environnement- ne relève que peu,
ou pas, d'une analyse rationnelle, contrairement aux construc
tions en si tes terrestres ou, sur un plan plus général, aux
"systèmes mécaniques"*.
- 62
Cela signifie que :
• maIgri les ricents perfectionnements des iquipements des labo
ratoires et l'instrumentation d'ouvrages existants*, on ne
dispose encore que de peu de risultats obtenus dans les condi
tions vraies ou simulies de l'agitation rielle.
• pour soustraire le phinomène itudii aux effets parasi tes ou
difficiles â interpriter, on choisit des conditions expirimen
tales parfois iloignies des conditions naturelles : rigulariti
des ondes dijâ signalie, mais aussi talus indifinis en partie
haute, pente de fonds nulle ou constante, niveau marin fixe
ou variant en dents de scie, remise en itat des ouvrages entre
les siquences d'essai, ensemble ou partie de structure isolis
du reste de l'ouvrage pour permettre les mesures d'effort,
etc •••
- 63
c) A l ' encontre des exemples précédents, l'impact des vagues
n'est plus le facteur principal de la stabili té des parties
d' ouvras ~s proches des fonds naturels, telles que les assises
des caissons, les bases des talus, les tapis de pied, les soubas
sements des noyaux. A ce ni veau, des actions hydrauliques de
diverses natures combinent leurs effets : turbulence et écoule
ments alternatifs liés aux vagues, sous-pressions et filtrations
internes, transports de masse par l'agitation, la marée, les
courants généraux. L'analyse et la modélisation de ces phénomènes
sont malaisées.
En outre, la nature et. les propriétés mécaniques des
sols de fondation impliquent, le cas échéant·, d'avoir à parer
aux risques de. poinçonnement (présence de vases), de boulance
(fonds de sable fin monogranulométrique) ou d'érosion des couches
superficielles (courants supérieurs aux vitesses d'entrainement).
- 64
11.41. - PRINCIPES GENERAUX
- 65
b) Leur dirnensionnement* est basé sur des cri tères de houles
sévères, i savoir:
. pour l'état-limite d'utilisation, la hauteur moyenne du dixième
supérieur des hauteurs de vagues, dépassé une seule fois dans
la durée de retour considérée,
. pour l'état-limite de rupture, la hauteur de lame maximale, ob
servée une seule fois en 1,5 i 2 fois la durée de retour.
- 66
Constatant la complexiti des micanismes en jeu, l'~n
suffisance de leur connaissance, l'impossibiliti de privoir
la hauteur de lame maximale avec la pricision et sur la durée
de retour requises, le caractère schématique des méthodes de
calcul proposies (en Annexe 2), le rapport conclut textuelle
ment :
"Le stade final des itudes en vue de l' itablissement d'un proj et
"de j etie mixte doit donc être, plus encore que pour tous les
"autres types de jeties, l'emploi systimatique du modèleriduit.
b) Avec le respect dû aux membres iminents de la Commission
des Lames~ on peut remarquer que la modélisation des phinomènes
les plus dangereux pour la stabiliti des jetées mixtes n'est
pas iVidente. Il en est ainsi pour la compression des poches
d'air, les vibrations et la risistance micanique de la muraille,
son coeff~cient de frottement sur l'assise, les réactions de
cette dernière aux sollicitations alternées et les couplages
iventuels en friquence de l'ensemble.
Il est i noter que parmi les centaines de jeties dont
la stabiliti a iti expirimentée au LCHF depuis 1948, une in~ime
minoriti concernait des ouvrages i murailles verticales pleines*.
Un nombre encore plus riduit a donni lieu à des mesures d'efforts
(ponctuels ou globaux) sur murs ou caissons et aucun à une analy
se de la similitude des actions dynamiques des lames diferlantes.
En un peu plus de 40 annies, l'auteur n'a eu que deux
expiriences personnelles concernant le phinomène des gifles,
expiriences relatives aux consiquences effectives de ces impacts
et non i leur privision :
. i l'entrie du golfe du MORBIHAN, un ouvrage vertical sur fonds
dicouvrants (ipaisseur d'environ 4 à 5 m) perci de part en
part selon une dicoupe à peu près circulaire,
i SINES, jaillissements de dicompression i 120 m d'altitude
aux plus forts impacts des lames déferlant sur le couronnement,
digarni sur une hauteur de 20 m et finalement basculi. .
De tels effets justifient l'avertissement de l'AIPCN
"de ne concevoir et de ne calculer les jetées mixtes qu'en vue
de leur risistance aux lames diferlant~s, avec de grandes marges
de sicuriti C••• )".
Cela implique de diceler les combinaisons les plus
dangereuses et les plus intenses de tous les modes d' act~on
des lames sur l'ouvrage poussées hydrostatiques et gifles
sur le parement vertical, pressions sous la base, diferlements
sur la berme et le talus d'assise.
- 67
D'où l'intérêt d'études approfondies et par étapes,
dès le stade d'avant-projet:
un prédimensionnement, selon différentes hypothèses (hauteurs
d'eau, hauteurs et longueurs de lames, ... ) correspondant aux
états de la mer en limite de rupture de la jetée ;
une expérimentation de la, ou des géométries retenues, avec
reproduction des conditions propres au site*, pour (1) vérifier
le prédimensionnement (stabilité, franchissement, ... ) et (2)
identifier les situations réelles les plus dangereuses ;
. un dimensionnement final corrigeant et/ou optimisant les cal
culs -avec la marge de sécurité conseillée par l'AIPCN- à
partir des situations dangereuses ci-dessus.
- 68
Les effets des lames sur les jetées à talus dépendent
des caractéristiques propres à l'ouvrage (poids des blocs, densi
tés, perméabilité, cote d'arase, pentes des talus) et des para
mètres àu milieu marin (hauteurs d'eau, hauteur période
direction - durée d'action des lames, .•. ). De très nombreuses
formules* "largement empiriques ou semi-empiriques" ont été
proposées pour dimensionner llélément principal de la jetée
à talus, à savoir le poids uni taire des blocs de la carapace
extér~eure. Les forces agissant sur ces talus étant d'ordre
essentiellement dynamique, il est surprenant que les formules
usuelles,en général établies en H3 , ne prennent pas en compte
le facteur temps (temps instantané ou accélération). De même
-et malgré les résultats de nombreux essais de laboratoire qui
en ont montré l'influence sur l'apparition et l'ampleur des
dommages- les formules les plus utilisées ne font pas interve
nir :
• la période des vagues,
• le type de déferlement (bouillonnant, basculant, moutonnant),
les vi tesses à la montée et la descente des lames dans le
talus,
• la coïncidence dans le temps (pour lequel le terme de "résonan
ce" a été retenu) entre l'arrivée d'une lame sur le talus
et la fin de II écoulement de la précédente vers le bas, la
pression hydrostatique provenant de l'intérieur du massif
étant alors maximale.
La comparaison des résultats obtenus avec les différen
tes formules révèle de grands écarts, ce qui a conduit la Commis
siori à les qualifier dlinadiquates et à souligner que :
• Cl un point de vue théorique on devrai t préférer les formules
ou figurent H et T (ou L),
• En pratique, c'est la formule de HUDSON (qui ne considère
que la hauteur des lames) pour laquelle on a le mieux détermi
né, par des essais de laboratoire, le domaine d' applica tion.
Toutes les formules ont été établies , et la plupart ont été
vérifiées, surIes concepts et la simulation des houles mono
chroma tiques, sans qu 1 on puisse garantir leur validi té pour
les agitations réelles. D'où l'importance, une fois encore
soulignée par la Commission, d'essais tridimentionnels en
houles irréguli~res.
- 69
Quelques recommandations tr.ès générales sont ensuite
faites. Elles sont basées sur l'existence de similitudes entre
ces structures* et les types usuels de jetée :
· utiliser les mêmes méthodes de conception,
· s'inspirer de l'expérience acquise par l'observation d'ouvrages
du· même genre,
· vérifi~r les projets par des essais de stabilité sur modèles,
compte-tenu des risques particuliers de destruction des têtes
à' épis (action des lames déferlantes, érosion des fonds par
les courants, sensibilité aux surélévations du niveau).
- 70
11.43. - LE CHOIX DU "MEILLEUR" OUVRAGE
- 71
b) Quand on riflichit i l'ivolution de l'architecture des ouvra
ges mari times dans les deux derniers siècles, on constate que
les pratiques ont éti modifiiesplus par les accidents ides
ouvrages construits et par les progrès des engins micaniques
que par l'avancement des connaissances.
- 72
11.433. ~ Domaines préférentiels des différents ouvrages
- 73
a) Ouvrages sur bons sols de fondation
(JV = jetée verticale, JM = jetée mixte, JT = jetée à talus)
Plutôt (JV ? ? ?
• --- ~
favorable (-~-----
à • ---
(-------- --- • ---
• --- ~ • --- --- --- --
(JT • ---
--- • ---
• ---
• --- • ---
• • ~ • --- • ---
• ---
~/"
•
* Par exemple des ouvrages sur pieux foncis jusqu'au bon sol
ou àes structures s'accommodant de portances médiocres comme
les caissons perforés.
- 74
Remarque 2 : Les qualités de sols satisfaisants pour la fondation
peuvent être altérées par des courants dont la vitesse est ren
forcée par la présence de l'ouvrage. La néces s i té d' év i ter ce
risque par des tapis d'enrochements extérieurs à l'ouvrage a
souvent été rencontrée dans des situations et des types de cons
truction très différents :
jetées à talus concentrant des courants de' marée, comme à
ZEEBRUGE et au port iranien de BANDAR ABBAS,
mouvements orbitaires tangentiels aux musoirs en talus ou
en caissons, en sites exposés et par profondeurs moyennes,
. jets d' hélices sur les fondations de structu:res verticales,
comme les sables cohésifs des portiques des ferries de TANGER.
- 75
12 - DlMENSIONNEMENT DES JETEES A TALUS
- 76
Compte~tenu de l'ensemble des acquis, HUDSON proposait
en 1 959 une formule modifiée, celle bien connue et touj ours
en usage
cot 0(
dans laquelle :
West le poids unitaire du bloc,
· üi r et we les poids spécifiques du matériau des blocs et de
l'eau respectivement,
• H la hauteur des vagues au droit·de la digue, celle-ci n'étant
pas .en place,
• ~ l'angle du talus avec l'horizontale,
• Kn le coefficient de stabilité, nombre sans dimension d'autant
pIus grand que le bloc considéré -naturel ou artificiel et
d'un poids unitaire donné- peut constituer une carapace suscep
tible de résister à une plus grande hauteur de vague, sans
que les dommages* dépassent une valeur prédéterminée.
Remarques : Le rappel du contexte dans lequel fut élaboré cette
formule appelle quelques remarques :
a) La grande maj orité des nombreuses recherches consacrées à
la stabilité des jetées à talus, et tout particulièrement de
celles qui ont abouti à la formule de HUDSON, furent constituées
par des essais sur modèles, en canaux de houle à fonds horizon
taux et fixes, dans lesquels étaient produites des ondes réguliè
res. Il est juste de remarquer qu'un certain nombre d' observa
tions sur des ouvrages réels exposés aux effets des tempêtes
furent aussi ·utilisées.
b) Pour chaque formule proposée, la part relativement minime
des analyses théoriques s'appuyait sur des hypothèses de départ
et des cheminements de pensée parfois bien différents. Malgré
cela, leurs auteurs ont été condui ts à des relations de forme
en général très voisines.
c) Comme l'a constaté la Commission des Lames de l' AIPCN, le
choix fait en faveur de la formule de HUDSON ne s'explique ni
par l'antériorité, ni par l'originalité de l'expression propo
sée, ni par un meilleur fondement théorique, mais par le fai t
qu'elle a été l'objet d'une expérimentation systématique en
de nombreux centres de recherches. L'" invention Il des nouvelles
formes de blocs artificiels explique pour une bonne part cette
circonstance, car leurs performances ont été jugées par comparai-.
son avec les résultats obtenus pour les enrochements et interpré
tés selon HUDSON.
- 77
12.12. - L'IMPACT D'UNE NOUVELLE GENERATION D'OUVRAGES
- 78
Pourtant, plus de 10 ans après cette prise de conscien
ce, on peut estimer que les objectifs n'ont iti que très partiel
lement atteints. Les incertitudes iconomiques, l'arr~t de la
course aux gros tonnages, la rarifaction des grands projets
portuaires n'ont ni entretenu l' intir~t ni permis de digager
àe gros moyens financiers pour les recherches. A cet igard et
pour notre pays~ l'histoire du projet de la grande cuve de ginie
ocianique est instructive*.
- 79
-
U,)r
Exemple
rtBgnitude relative
des blocs :
Poids Dimension
(t/m 3 )
2.80 Granit,
Béton d'agrégats lourds ............... 0.54 0.58
3.00 Diorite,
Béton alourdi .............. .........
"
0.42 0.52
- 80
Des conâi tions avantageuses en prix ont fai t choisir
ces dernières en bien des sites de la façade atlantique, sur
des rivages où les roches en place sont des calcaires presque
blancs et où les sables, coquilliers et calcaires, sont très
clairs. D'où un aspect peu esthitique et de nombreuses critiques,
encore qu'en ces rigions i fortes maries, les enrochements cal
caires sont souvent noircis en moins de 6 mois, sous le niveau
àes pleines-mer, par les algues et les hydrocarbures.
b) Le cas le plus friquent d'ajustement du poids spicifique
est celui du biton alourdi pour la fabrication des blocs de
carapace :
• soit sur la totaliti de l'ouvrage quand les agrigats disponi
bles sur place sont trop ligers,
. soit en des points singuliers ou sur des parties de digue
très exposies, où la conservation d'une densiti normale condui
rait à des poids unitaires excidant les capacitis des engins
dfamenie et de pose.
-
12.212 • .;;. Les risques de rupture
La formule de HUDSON ne prend pas en compte le bris
des iliments de la carapace et ses conséquences sur la stabiliti.
On verra au chapitre suivant que les essais sur modèle n'iclai
rent guère plus sur ce point.
- 81
à la pose des contraintes statiques fortes. Ces contraintes
augmentent lors du tassement, par la seule action des vagues
àehauteurs faibles à modérées, bien inférieures à celles prises
en compte pour le dimensionnement. Au port àe SAN-CIPRIANO
(ESPAGNE, côtes de GALICE) plus de la moi tié des dolosse de
50 t ont été cassés sans avoir subi l'effet de mauvais temps
de H supérieur à 3 m : des contraintes statiques d' extension*
avai€nt dépassé les 275 kg/cm 2 que supportait le médiocre béton
réalisé par l'entreprise. .
- 82
Ces blocs étaient placés un par un, en gradins étagés
(ALGER, MERS EL KEBIR), parfois avec contre-pente (MOSTAGANEM)
ou côte· à côte et formant pavage sur le flanc du talus. Leurs
poids unitaires ont atteint plusieurs centaines de tonnes (400t
à BIZERTE), l'amenée et la pose devant être faites par engiœ
flottants. Un tel dimensionnement s'explique par l'absence d'en
chevêtrement et le faible coefficient de frottement. Par ail
leurs, le mode de pose presque jointifs ne facilite pas l'évacua
tion des eaux du corps central de la digue. Malgré les poids
atteints, bien des dommages ont résulté de l'expulsion des blocs
hors de la carapace par l'effet des pressions internes*.
b) Aussitôt après la seconde guerre mondiale, 'un grand nombre
de ports ma'ri times, donc de digues, étaient à reconstruire ou
à créer. Parallèlement, le perfectionnement et la motorisa tion
des engins terrestres de pose et de manutention généralisaient
la construction à l'avancement depuis la terre. En contrepartie,
ils imposaient des limites de poids unitaires beaucoup plus
basses qu'avec les bigues et grues flottantes. D'oa la recherche
de formes de blocs assurant la stabilité de la carapace en combi
nant la gravi té, une géométrie naturellement stable à l'état
de repos et une faculté d'enchev~trement des blocs entre eux.
Il est donc logique que plusieurs des nouvelles formes
qui ont eu une diffusion notable s'inscrivaient dans un tétraè
dre, en général régulier. C'est le cas du premier et du dernier
d'entre ces blocs, le tétrapode et l'accropode, tous deux issus
de SOGREAH.. C'est également vrai pour le dolos, le quadripod,
l'akmon, le stabit. Le tétraèdre fut même utilisé tel qu'en
sa définition géométrique, au moins une fois et en défense de
côte, à MORONDAVA (MADAGASCAR).
- 83
c) Le cube fut assez peu utilisé, malgré 11 exception notable
àe la digue nord àe llADOUR et les versions américaines de cubes
éviciés (" mo dified cube"), et ce jusqu 1à 11 invention du cube
rainuré* lors àe la construction de la digue dIANTIFER, en 1973.
Depuis, le cube rainuré a eu une diffusion à l'échelle de la
planète et il est bien dommage pour l' Ingéniérie française que
les clauses du marché d'ANTIFER niaient pas permis de breveter
cette innovation. Elle se révéla aussi intéressante sur le plan
de la facilité de réalisation que sur ceux du coat et des perfor
mances.
Pour le
reste, l'imagination -surtout japonaise et
nor~-américaine- donna le j our à des dizaines de blocs àont
on ne trouve souvent le nom que dans les manuels spécialisés.
Qui a vu et qui sai t comment sont fai ts le Bipod, le Cob, le
Oom, le Gassho, l'Hexaleg, le Pelican, le Stalk, le Trigon,
etc ... ?
- 84
la pente du. talus K est m~ximal dans l~s pentes usu~lles
O
les plus ra~des (environ 3/2 a 4/3), ce qu~ peut s'expl~quer
par le fait qu'elles facilitent le tassement des blocs,
· le pourcentage 0 des dommages considérés comme admissibles :
K augmente avec D,
D
· le nombre de couches et la disposi tion des blocs : pêle-mêle
(ou vrac) ou placement sui vant certaines règles ou consignes
(par exemple, pour des pierres allongées, grand axe perpendicu
laire à l'axe de la digue).
","\.,.
- 85
b) I~fluence de la oente du talus
Cotg ~ . 3/2 2 3
Lames ~ non déf déf. non déf déf. non déf déf.
Coros of En~ineers :
1 966 K
D
conseillé · .... 8.5 7,5 6,5 5
1968 K
e expérimenté ... 9,4
Ke conseillé ·. . .. 8
1973 Ke conseillé ·.... 8,3 7,2 6,6 5,9
SOTRAMER
K expérimenté 16 15 10 9
e
K conseillé ••••• 10,5 8,5 7 5,5
e
- 86
bl Les f_ =~nseillis diffirent peu Dour le musoi= mais les ~carts
constati~ ~our la section co~ran~e, selon l'~poque et/c~ la
source, ccnd~:sent â des diff~rences de 20 â 30% dans le calcul
des poids unitaires selon que l'on cons~dire les vale~rs du
Corps cf E~glneerS ou celles admises par les laboratoires f=an
çais.
- 87
Or, l'édification d'une carapace n'est jamais uniforme
(surtout dans les parties mises en place sous l'eau). Dis l'ori
gine, et en raison des irrégulari tés de pose, il se trouve des
aires de moindre imbrica tion et des blocs soumis à de fortes
contraintes sta tiques. On a d ' ailleurs observé, en modèle et
en nature, que le tassement naturel n'a pas toujours pour effet
d'homogénéiser l'architecture de la carapace:
· les chutes de blocs mal imbriqués à la construction ne sont
pas rares,
· le remaniement de la carapace étant plus rapide et accentué
autour du niveau moyen, la liaison avec les blocs peu sollici
tés situés en tête de talus devient lâche. .
fraction,
• soit par une géométrie de l'ouvrage qui intensifie l'action
des lames sur la carapace en particulier les couronnements
verticaux faisant saillie sur la berme de tête.
- 88
c'est une des raisons pour lesquelles nous avons insis
té, dans la deuxième partie de cette note, sur l'intérêt d'une
meilleure connaissance des "pics" des tempêtes et de la distinc
tion entre houles et tempêtes "ennales" le paroxysme d'une
tempête, dont la fréquence d'apparition est -par exemple- de
l'ordre de 1 fois en 10 ans peut atteindre un niveau de hauteur
des lames correspondant à une houle de calcul d'une durée de
retour de 50 à 100 ans. Ce paroxysme peut provoquer le àésenche
vêtrement, sur une lame et des périodes exceptionnelles, et
durer ensuite les quelques heures suffisantes pour que le cumul
des dommages soit catastrophique.
- 89
A propos de ces jetées, on doi t cependant faire une
remarque et faire état d'une discussion entamée il Y a une dizai
ne d'années et qui reste ouverte.
a) La remarque a trait à leur pouvoir réfléchissant, assez élevé.
Il est de l'ordre de 30 à 35% en moyenne mais peut atteindre
et dépasser 40% pour les grandes lames de longues périodes (cam
brurefaible) et les revêtements compacts. Il peut en résulter
deux inconvénients :
. Le ressac est accru à proximi té de la jetée, par formation
d'une sorte de clapotis partiel, avec des noeuds verticaux
accentués. Outre l'incidence déjà mentionnée sur les franchis
sements . et la stabilité, ce phénomine est' gênant dans les
ports où le chenal d' accis longe la digue, ainsi que pour
les petites unités qui la contourne .
. Aux noeuds horizontaux du ressac, les vi tes ses sur le fond
et, par suite les risques d'érosion sont augmentés.
Le tableau ci-dessous, déduit des expériences, déjà
anciennes mais toujours profitables, de GRES LOU et MAHE* montre
qu' aux cambrures de lames usuelles par mauvais temps (C# 5%),
le coefficient de réflexion sur un talus rugueux ne décroît
de maniiresensible qu'aux pentes plus douces que 3/2.
Coefficient de réflexion (approx.) d'un talus rugueux (blocs
en vrac)
Pente Coef. en %
Verticale 43
1/2 40
1/1 37
3/2 34
2/1 20
3/1 10
NOTA :Si l'on considire qu'un plan lisse aun coefficient sensi
blement double, on comprend que les perrés maçonnés inclinés
à 1/1 ou 3/2 ne pouvaient pas avoir une influence plus favorable
que les murs verticaux sur la conservation des plages.
h) La discussion a été engagée, après. SINES et ARZEW EL JEDID,
par des ingénieurs et universitaires hollandais et belges, plus
habi tués aux jetées en faible profondeur, dans lesquelles un
talutage en pente douce n'entra!ne ni difficultés techniques
(du type portée excessive) ni surcoûts inadmissibles (le volume
du corps de digue auqmente comme le carré de la profondeur).
- 90
Sur la base d' hypothèses plausibles, mais non véri
fiées, ces spécialistes proposaient d'expliquer les dommages
par des ruptures d'équilibre des massifs : les pressions et
les écoulements induits dans les corps de digue auraient provo
. qué des glissements atteignant le noyau et emportant carapace,
sous-couches et butée. Dans les deux cas cités*, la démonstration
n'est pas convaincante car les butées furent retrouvées en·place,
sous les éboulis de la partie haute du talus. Par ailleurs,
bien que rapides, les destructions furent progressives, ce qui
s'accorde mal avec l' hypothèse d'un effondrement, c'est-à-dire
d'un quasi-instantané.
Cependant, même si la matérialisation du risque n'a
pas été prouvée, le problème reste posé. Il est de première
grandeur pour les jetées en eau profonde car il pourrait entraî
ner une révision du mode de réalisation des talus. A la limite,
cela pourrait signifier un regain d'intérêt pour les digues
verticales et mixtes.
- 91
12.24. - LA HOULE DE PROJET
- 92
Durée H estimé (m) Incidence
S ( %)
Région de
retour ancien révisé
(ans) H Poids
S
Unit.
) 1 3,8 3,9
Golfe du Lion ) 10 4,9 5,9 20 74
) 100 5,9 7,9 34 140
----------------------- ------- ------- ------- - - - - - - - -------
Algérie W 50
100 8,10
8 à 9 )", 2 3
)
IV 86
-
--------------------~-- ------- ------- ------- ------- ------
péninsule 1 6,5 8
Ibérique 30 9,5 11 , 75 24 89
100 11 ,0 13,00* 18 65
----------------------- ------- ------- ------- ------- -------
Maroc N 1 7 , 1 0 ( 7,55
(Atlantiqu~)
10
100
9,10 <,10,00
11 ,25 -'12,85
- 93
a) la profondeur d'implanta tion de l'ouvrage, exprl.mee par le
rapport de la hauteur d'eau sur le site â la hauteur des vagues
y parvenant*. Si, calculé pour H , ce rapport excède 2,5 à 3**,
il n'y a aucun écrêtement sensible des hauteurs par déferlement
au large de la jetie.
- 94
HrUl.ne
.
Enrochement 1 ,7 HS
Cube rainuré , ,5 H1 / 10
Tétrapode 1 ,4 H1 '10
Dolos 1 ,15 H, /20 à H,/50
.- 95
c) La simulation, sur des mod~les de jet~es i talus, de temp~tes
r~elles pr~sentant ce type de paroxysme a confirm~ que la dur~e
et l'intensit~ de ces derniers ~taient suffisantes pour engendrer
des dcmmages sup~rieurs i ceux observ~s avec la hauteur de houle
d'occurence équivalente et d~finie selon la m~thode usuelle.
Ce risque est plus i craindre pour les carapaces àe
faible tol~rance aux vagues exceptionnelles. Pour longtemps
sans doute, sa v~rification ressortira du domaine des essais
sur mod~les physiques. Dans l'infinie vari~t~ des situations
r~elles, on n'a pas encore discern~ les cri t~res de pr~vision
des taux d'endommagement correspondant i des couples "hauteur
durée d'action" diff~rents mais de probabilit~s comparables.
Lorsque l'on dispose d'infor~ations sur le d~roulement
des temp~tes r~elles*, il serait prudent d'~valuer, lors des
calculs de dimensionnement, les surcroîts de dommages auxquels
pourraiètconduire les paroxysmes.
- 96
1 an 1 0 ans 1 00 ans
- 97
12.31. - LA CONTRIBUTION DE LOSADA ET GIMENEZ-CURTO
pTnte hl1e
Quanà la profondeur et le type de bloc sont fixés, 'iJ ne
dépend plus que de 0<. et H/L pour le seuil d' appari tion des dom
mages. D'où l'intérêt de présenter les r~sul ta ts sous la forme
des 9 ra phes ~ = f (IR).
- 98
Nos collègues du LNH ~~t utilement fait figurer, sur le graphi
que en' question, l'horizontale r~prisentant la,valeur de ~ selon
la formule de HUDSON, soit 1/k cotg ~ et en deduisent que cette
D
formule "intègre la piriode en se plaçant du côté de la sicuri
té". Ce qui est vrai pour les enrochements, mais qui n'est pas
prouvi pour les blocs artificiels* et ne garantit pas un optimum
iconomique.
. .. . ..•. ~ ,-." ~, .
- 99
Le premier modile a permis d'analyser le processus
cumulatif d'endommagement global du talus, les hauteurs des
vagues croissant par paliers.
On retiendra que :
. Les essais d'endommagement progressifs ont confirmé l'existence
d'un intervalle de périodes dans lequel on observai t un taux
de dommages donné avec de plus faibles hauteurs de vagues.
Ainsi, un taux de 5% a été obtenu avec des hauteurs de
5,50 m a u x piriodes 10 et 12 s,
6,75 m aux périodes 8 et 14 s,
7 à 7,5 m aux périodes 16, 20 et 25 s.
Ce qui signif ie que le K effecti f chutai t, en ordre
de grandeur, de 12 à 6. L'intervalleD 10-12 s, signalé comme
dangereux par les auteurs *, correspond à des valeurs du. nombre
d'IRIBARREN voisines de 4 et à des destructions liées à l'action
de lames déferlant sur le talus.
A la période 20 s, "la ruine est intervenue par fluidi
sation de la carapace, sans relation avec les déferlements",
donc de la même manière que· lors des essais de SINES rappelés
ci-dessus. La hauteur des lames était de 9,5 m~
• L'enregistrement des efforts, sur des blocs d'altitude un
peu supérieure à celle du niveau de repos, a montré que "l'ins
tabilité résulte du retrait de la lame qui produit l'équivalent
d'une déviation apparente de la pesanteur ( ••• )". En d'autres
termes, la trainée hydrodynamique du bloc due aux écoulements
du retrait de la lame était orientée vers l'extérieur du talus,
selon des directions voisines de l'horizontale. L'angle de
la résultante du poids du bloc et de cette trainée a atteint
des maximums de 35 à 40 0 aux périodes dangereuses. Cela peut
être interprétée comme un raidissement fictif de la pente
du talus, jusqu'à atteindre des valeurs pour lesquelles le
massif n'est plus stable.
Par contre, à la montée de la lame et à l'alti tude
considérée, la résultante poids-trainée avait pour effet d'appu
yer les blocs sur le talus.
- 100
Rernargue 1 : Pour une cause non précisée, la seconde expérimenta
tion hl a pas reproduit les condi tions d' "envol" observées dans
la première et sur le modèle de SINES.
RerrLarque 2 : La transp.osition des résultats à l'échelle 1/50
étai t arbi traire. En fait, les modèles ont montré une moindre
stabilité ée cubes rainurés pesant 125 g, sous l'effet de vagues
Cie hauteur 0,2 m environ et de périodes 1,4 à 1, 7 s. Ce qui
con6uirait, à d'autres échelles usuelles, à Ges valeurs en nature
autres et tout aussi valables àans une similitude de FRaUDE.
Hauteur (m) •• 5 10 16
- 101
c) Il n'est pas possible de fixer des bornes absolues aux inter
valles de périodes dangereuses car d'autres paramètres que la
hauteur et la période des vagues interviennent : la profondeur,
la pente du talus, la perméabilité de la digue, la nature, l'ar
rangement et la masse des éléments de la carapace, ...
Si l'on se réfère aux essais de J. CARPENTIER, en les interpré
tant à différentes échelles, on constate un étalement des zones
dangereuses, avec la variation concomitante de la profondeur
et de la masse des blocs, sur toute la largeur de bande des
vagues de tempête :
Nature :
1/25 · ....... 2 t 15 m 7 à 8 s 14 s
1/50 · ....... 15,6 t 30 m 10 à 12 s 20 s
1/80 · ....... 64 t 48 m 12,5 à 15 s 25 s
- 102
Le problème central des jetées à talus, à sa voir la
stabilité de la carapace extérie~re, est un bon exemple de cette
"parcellisation" des recherches, qu'on voit d'ailleurs mal com
ment éviter. Les nombreuses formules élaborées pour le résoudre
ne tiennent pas compte, ou très peu, de ce qui se passe aux
limites c'est à dire aux extrémités hautes et basses de cette
carapace, à son appui inférieur et à son assise sur la pente
du talus.
~ 103
aux effets des plus hautes vagues. Cela est avide~t pour la
stabili té de certains couronnements et des désordres ~iés aux
franchissements.
- 104
Dans ce dernier cas de figure, il n'est pasindiffirent
pour l'iquilibre des blocs infirieurs de la carapace qu'ils
soient :
seulement posis sur une couche horizontale formant assise
simple, selon les schimas proposis dans le manuel du CERC,
· ou bien contrebutis par un cavalier en saillie franche sur
le talus supérieur, comme illustré en page 32 et 34 de l'ouvra
ge citi du LRH,
· ou encore ipaulis par un retournement à l' horizontale du bas
de la carapace.
Après avoir suivi les essais et/ou. le comportement
en nature de nombreuses jeties à talus, les deux dernières dispo
sitions nous semblent prifirables, en particulier en sites expo
sis, en eaux profondes et avec des revêtements à imbrication
faible ou moyenne (enrochements, titrapodes, cubes ••• ).
Cela suppose cependant que soient satisfaites un cer~
tain nombre de conditions
a) La vulnirabiliti du cavalier à l ' action des lames et son
incidence éventuelle sur l'attaque de la carapace par ces· der
nières doivent être examinies de très près lors des essais.
Une attention particulière est à porter aux grandes lames dissy
mitriques vers le bas et aux longues périodes.
b) Le dimensionnement auquel on aboutit par les essais de stabi
lité doit toujours permettre de loger, sans difficulti pour
l'entreprise, 2 ou 3 blocs sur la risherme du cavalier ou du
retournement de carapace. Cela n'itait pas le cas avec les titra
podes et leur butie d'enrochements dans le "design" d'ARZEW
EL JEDID et peut expliquer cet exemple, peu fréquent, d'une
butie de carapace qui ait contribué aux destructions.
c) Dans le même ordre d' idie, il faut se rappeler que le cava
lier, comme toute autre partie de la j etie, est plus aisi à
rialiser en modèle que suI;' le site. Si le mode de construction
est connu au moment des itudes il peut être conseilli d~expiri
menter :
· un cavalier mis en place avant la carapace si l'on dispose
au chantier .de moyens efficaces de positionnement par grues,
· un cavalier constitué après la carapace, en appui et renfort
du pied de celle-ci, si lion procède par clapage.
On notera enfin que, dans le ditail des dispositions
retenues, il règne une diversité qui difie l'analyse exhaustive.
Sur le seul point des consti tuants des buties et assises, bien
des solutions sont pratiquées. A côti de l'enrochement naturel,
qui est le matériau le plus utilisi (catigorie spiciale pour
le cavalier ou identique à celle àe la sous-couche de carapace)
on trouve :
· des blocs de même type que ceux de la carapace, avec des poids
identiques, ou plus faibles ou plus forts,
· des blocs d'un autre type,
· des enrochements artificiels en biton iclatp,
· des récupérations de blocs refusis pour la carapace.
- 105
Il reste que, dans la suite des tempêtes subies par
l'ouvrage réel, le cavalier trapézoidal ou la berme d'assise
proj etés et expérimentés avec le plus de soins se transforment
peu à peu et dans la plupart des cas en épaulements triangulai
res. Il est bon que, dès l'origine, le soubassement de l'ouvrage
ait eu une emprise suffisante pour accompagner cette évolution.
Pour illustrer la variété des situations rencontrées,
nous résumons dans le tableau ci-après, les caractéristiques
principales des pieds de talus des ouvrages de ce type présentés
dans le synthèse faite par SOG~EAH. Précisons que :
• Les. valeurs numériques (hauteurs de· houle, profondeurs,
poids, ••• etc) sont arrondies le cas échéant.
• Les hauteurs de houles sont celles correspondan~ à des dommages
faibles. Leurs durées de retour, selon les projets et les
projeteurs, s'étagent de 10 à 100 ans!
Les essais les plus récents ont en général comporté, sous
une forme ou une autre, la simulation de paroxysmes.
La date est celle des essais, mais les caractéristiques du
bas de carapace (le haut est parfois différent) et de la butée
de pied sont celles des plans d'exécution... quand ils ont
été communiqués.
Les lettres C, D, T désignent .respectivement les cubes rainu
rés, les dolosse, les tétrapodes • Les nombres associés préci
sent les volumes en m3 : T20 = tétrapodes de 20 m3 •
• Seuls les essais de SINES et MOHAMMEDIA ont été conàuits en
houle aléatoire ; les autres en trains d'ondes répétitifs
ou en houle régulière.
- 106
Projet Conditions Bas de Butée de pied
carapace
SAFI : Hs = 9 à 9,Sm T 10 Cavalier : enrochements 2-S t,
extension non T =17 à 18s d = 2,4 arase à -7, sur tapis en TV 1 , S t <.
réalisée d =14 à 17m p = 4/3 en débord de 6 m
69 - 71 Z. = + 0,5
m~n
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -1- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -.- - - - - --.- - - -- - - - - - - -
- 107
Il apparait que le calage en hauteur des butées n'est
pas trop éloigné de la règle évoquée en tête .de ce paragraphe.
Par contre, les tailles des consti tuants sont très di verses,
sans justification évidente : les D18 de SINES (44 t environ)
ont été butés par des enrochements naturels de 1 6-20 et 9 .... 20t
(d=2,9) et les T20 de JORF LASFAR (48t) par des blocs de béton
brisé de 2-5t (d=2,4) !
- 108
On peut cependant affiner un peu l'analyse en considé
rant 'quelques aspects particulie~s du rôle des sous-couches :
a) Assise des blocs de carapace : La diversiti dans les iliments
du revêtement extérieur et dans leurs arrangements pourrait
justifier des diffirences dans le dimensionnement des sous
couches, en taille moyenne comme en riparti tion entre tailles
mini et maxi.
Les poses "pavies", comme les talus de ZEEBRUGE ou
le talus côti port de MOHAMMEDIA (port pitrolier), sont facili
ties par une assise bien riglie. Il serait logique qu'une sous
couche de ce type fût de taille plus réduite, avec un éventail
granulomitrique ouvert, évitant les vides entre blocs.
Une situation analogue se prisente lorsqu'on veut
respecter un plan de pose assez pricis, dans une carapace en
blocs imbriquis. C'est le cas des dolosse (s'il s'en emploie
encore ••• ) et des tétrapodes placis selon les standards de
SOGREAH*.
A l'inverse, la pose en vrac des cubes rainuris est
facilitie par une sous-couche de taille moyenne assez forte
(1/10 en poids des cubes, soit un peu moins de 1/2 en dimension)
avec un fuseau granulométrique itroi t. Des pointes· des cubes,
entrant àans les vides entre enrochements, s'y coincent et con
tribuent A iviter le pavage**.
b) Permiabili té et circulation d'eau On doi t regretter que,
sur cette question, on dispose de trop peu de mesures en nature
fiables, pour asseoir les hypothèses thioriques dij à avancées
ou les modélisations physiques et mathématiques dijà faites
et dont les conclusions seraient inquiétantes si elles se confir
maient.
- 1 09
Il s'agi t de vérifier si la perméabili té de la sous
couche (et des autres composants du corps d~ la jetée) avec
les cir~ ulations d'eau qui s' y développent, sont des éléments
importants de la stabilité globale de la structure. Certa ins
spécialistes affirment que :
· Une sous-couche trop peu perméable met en péril la carapace
en y augmentant l'ampleur et l' intensi té de l'excursion des
lames (augmentation du coefficient de réflexion et réduction
de la pénétration de l'eau dans l'intérieur de l'ouvrage).
· Un corps de digue trop perméable, favorisant les circulations
jusqu'au noyau, peut itre le stige de ruptures internes selon
des surfaces de grands glissements.
Le premier point a été soutenu, expérimentation à
l'appui, par ZWAMBORN, pour tenter d'expliquer le comportement
des dolosse de SINES. Le second a motivé plusieurs communications
et quelques recherches en nature que nous avons déj à évoquées.
Il n'est pas aisi de donner un avis motivé car :
• Les expérimentations sur modil~s physiques sont d'une représen
tativité douteuse. La similitude de perméabilité n'est pas
réalisable aux échelles usuelles, sans artifices qui altèrent
d'autres aspects de la modélisation.
• On ne peut s'appuyer ni sur des cas réels indiscutables d'en
dommagement de ce type, ni sur des mesures in-situ suffisantes
pour étalonner des modiles ~athématiques.
Ces questions, a priori importantes restent sans répon
se. A moins qu'on ne considire que les rigles admises, et dont
l'expérience enseigne qu'elles s'accommodent de bien des aménage
ments (voir tableau in- fine de ce paragraphe J, réalisent un
compromis satisfaisant.
- 110
Cette constatation, qui étonne, trouve une explication
pla us ible dans le fait mis en évidence, pour la carapace, par
°
- 111
PRINCIPALES CARACTERISTIQUES COMPAREES
DE CARAPACES ET SOUS-COUCHES
C = cube rainuré D =·dolos T = tétrapode
Source: essais LCHF (synthise SOGREAH
4/3
T 16 39.2 " " .5 à 3
·2 à 1 .3 21 .3
1 .85 18
22.4
16
T 20 48 Il
" 1 à 5 .37 à
---- --- ---- ---- --------- ----- ---------~_. ----~-----
3/2 D 16 43 Enroch. 3 à 6 1 à 2 10.7 9.6
- 112
12.44. - TETES DE DIGUES ET FRANCHISSEMENTS
- 113
12.442. - Insuffisance des recherches expérimentales
- 114
d) Dans la presque totalité des études de run-up, les essais
ont été réalisés en houle monochromatique. Le problème de la
transpo~.tion aux agi tations réelles se pose donc, comme pour
le dimensionnement des talus selon la formule de HUDSON, mais
dans un contexte plus difficile i analyser.
Deux approches pour cette transposition sont proposées.
Nous y revenons dans la sui te de ce texte. Précisons seulement
ici que l'expérimentation par trains d'ondes répéti tifs de 1 a
lames, utilisée dans les essais de franchissements du LCHF de
1984, est plus ou moins satisfaisante (plut8t moins que plus ... )
en ce qui concerne la répartition des hauteurs des lames, mais
qu'elle ne respecte pas celle des périodes* q~i leur sont asso-
ciées.
Or, au moins depuis les années 50 (travaux d'IRIBARREN),
on sait l'importance de la cambrure des vagues -pour une hauteur
donnée- sur leur ascension du talus.
- 115 -
Il n'est au total que quelques règles très' générales
utilisables pour un "pré-design". de la tête de digue, les essais
sur modile y apportant souvent d'appréciables modifications.
On peut en retenir ce qui suit* :
- "0 -
· Soi t cons idérer que les lames sont" sans mémoire" et que le
run-up de chacune est le même que celui des vagues de la houle
régulière de même hauteur et de période égale à sa période
associée.
- 117 -
la fréquence de submersion de la berme et les réf lexions sur
le couronnement.
- "8 -
Sur les exemples silectionnis, les arases de berme
et de muraille à 1,1 ou 1,2 H JO ans sont plus friquentes.
S
Les variations d'ipaisseur des dalles, d'un projet
à un autre, n'obiissent pas à des rigles logiques, sauf à croitre
irrigulièrement avec l'exposition du site. Sur ce point, la
fré~uentation des projeteurs et des entreprises fait souvent
apparaître des choix plus liés à des condi tions de chantier
qu'à des calculs, par exemple de sous-pressions.
- 119 -
La réalité est très différente. Sauf cas très particu-
lier, une digue i talus est peu permiable en son corps central.
Même s'il survient des séries de vagues assez peu variables
en période, l'agitation transmise est nigligeable.
En fait, l'agitation de la mer, lors des gros mauvais
temps, présente un spectre en période très étendu : depuis
les vagues courtes levées par les vents locaux jusqu'auxqharmoni-
gues" supérieures des vagues d'origine lointaine (surf-beat,
fluctuation du niveau dynamiqu.e •.. ). Soit de moins de 10 s i
plus de 100 • L'ouvrage agit alors comme un filtre et transmet
d'autant mieux l'énergie d'une composante qu'elle est plus lon-
gue. En limite haute, les ondes d'excitation des seiches sont
peu atténuies.
- 120 -
13 - L'OPTIMISATION DES OUVRAGES MARITIMES
13.1. - LE CONTEXTE
- 121 -
c) Des avantages indéniables, découlant de la réalisa tion de
l'ouvrage, sont très difficiles à traduire dans les bilans en
termes financiers. On sait bien que, sur une longue durée, une
installation portuaire, une industrie àe bord de mer, un réseau
de défenses c8tières, .•• signifient presque toujours un accrois-
sement de population, des activités nouvelles, le développement
des infrastructures sociales, éducatives, culturelles, de santé,
avec, en fin de compte, une richesse accrue et un niveau de
vie supérieur. Mais comment chiffrer ces avantages ?
- 122 -
L'optimisation d'un projet de quelqu'im~ortance conduit
donc à :
. itablir plusieurs versions pouvant correspondre à des investis-
sements diffirents,
· estimer, pour chacune d'elles, les probabilitis de dépassement
des seuils de dommages admissibles et de ruine (= ita ts
limites de l'AIPCN),
· comparer ces probabilités aux critères "durées - stabiliti il
difinis pour le projet.
- 123 -
Enfin, dans 1~ Viè de l'ouvrage, les endommagements
graves exigent presque toujours tine reprise d'itudes sur modiles.
Cela concerne au minimum la compatibiliti des parties anciennes
et reconstrui tes mais peut aller jusqu'à la remise en cause
de la conception initiale, comme ce fut le cas pour SINES, ARZEW
EL JEDID, SETE, .••
- 124 -
l'approche et la manoeuvre des navires, en fonction de leurs
caractiristiques, des champs de courants, de l'itat de la
mer, du vent, des ordres de la passerelle (modèles de naviga-
tion, simulateurs),
les risques d'érosion ou de sidimentation des bassins, des
approches des ouvrages, des li ttoraux voisins, par transferts
de fond ou par apports en suspension (moàèles sidimentologi-
ques) .
Sur les trois premiers points ci-dessus, les meilleures
modélisations mathimatiques font aussi bie~, voire mieux et
à moindre coût, que les modèles physiques.
Cela est ivident pour le premier (transfert descondi-
tions de mer) car les étendues à considirer excluent en ginéral
les modèles physiques. C'est fréquemment le cas, selon les per-
formances des "outils" disponibles, pour les deux suivants (tran-
quillisation des plans d'eau - manoeuvre des navires).
Par contre, les problèmes sédimentologiques ne sont
encore traitis sur modèle~· mathématiques qu'au prix de schémati-
sations encore plus grandes que celles consenties sur les modèles
physiques.
b) A l'inverse, l'étude des structures et des sections -du point
de vue de leur stabilité- ressortit presqu'entièrement au domaine
des seuls modèles physiques : le nombre et la complexi té des
phinomènes mis en jeu n'ont pas plus permis, jusqu'i maintenant,
leur prise en compte en ordinateur qu'ils n'assurent d'un dimen-
sionnement fiable par le calcul, hormis un nombre limiti de
cas. .
- 1 2"5 -
Par contre, les sorties graphiques d'un modile mathima-
tique n'ont pas cet impact. Èlles exigent interpritations et
commentaires plus ou moins bien assimilis et compris*. L'hologra-
phie, comme l'espirait J. FISCHER, riduirait-elle ce handicap?
b) La seconde raison dicoule du fondement m~me de la similitude
physique : celle-ci consiste en effet -par le respect de certai-
nes conditions- à crier un "systimephysique-image" de celui
projeti et de son environnement.
Les phinomines dont l'analyse n'a pu ~tre fa! te, ou
dont le traitement mathimatiq~e n'est pas maîtrisi, ne sont
pas explicitis par le modèle physique. Mais leurs effets (endom-
magements de j eties, effort·s sur des structures, transports
de sidiments, ••• ) sont mis en ividence et souvent quantifiables
avec une très bonne approximation.
- 126 -
13.31. - COMMENTAIRES SUR LA SIMILITUDE HYDRODYNAMIQUE
- 127 -
· ni d'indiquer les remèdes* et/ou de calculer les corrections
à apporter aux résultats.
Vers 1965, J. VALEMBOIS avait adapté les travaux,
alors ricents, de S. YALIN : l'écoulement au travers d'un massif
de petitséléments** (plages de galets, noyaux de digue) et
sa stabilité pouvaient être reproduits aux échelles du reste
du modèle moyennant un grossissement des constituants du massif
et un allègement de leur densité.
Quelques études furent conduites selon cette technique.
La carapace était d'abord testée en similitude "de FROUDE. L'in-
fluence éventuelle des écoulements internes était déduite d'une
seconde série d'essais dans lesquels le noyau était en similitude
de YALIN.
- 128 -
· sur l'interprétation des résultats (pour a~ moins apprécier
le sens et l'importance de leur altération).
Diverses catégories d'ouvrages relivent de cette situa-
tion :
Jetées à talus étroites en tête et soumises à des lames de
longues périodes (projets· initiaux des extensions de SAFI
et AGADIR - voir synthèse SOGREAH),
Anciennes jetées édifiées pa~ superpos~t~on de blocs de tailles
croissantes (BEJAIA, SKIKDA, WA~AN)*,
Bases de couronnement ou de muraill~s de j~tées mixtes calées
près du niveau de repos de la mer et donc soumises à de forts
écoulements et ~luctuations de pressions,
Structures à effets de jets: caissons JARLAN (YAMBU), créneaux
anti-franchissements (GENES), grilles anti-clap8ts (LA TRINITE
SiMER), brise-lames flottants de type "persienne", ..•
c) Dans le même ordre d'idée, les essais de jetées à talus de
proportionset profils habituels -comme MOHAMMEDIA, AGADIR, JORF
LASFAR, SrDI IFNI (jetée intérieure),ZEEBRUGE (digue extérieure
ouest), SAINT GILDAS, pour s'en tenir à des exemples donnés
dans la synthèse SOGREAH- ont souvent mis en évidence une stabi-
lisation difficile des talus c8té port.
On peut voir en cela une des conséquences des interrac-
tions sur les têtes de digue (Cf. 12.441) et Si i.ntt:!rrogersur
la qualité de leur modélisation selon FROUDE. Aux plus fortes
lames, deux effets se conjuguent sur ce talus: celui des fran-
chissements et celui des écoulements dans la partie supérieure
du corps de digue (arase du noyau et assise de la dalle de cir-
culation). On peut admettre que les franchissements, qu'il
s'agisse de forts déversements ou de masses d'eau détachées
faisant directement impact sur le talus interne, sont bien repro-
dui ts ~ Il n'en est pas de même pour les écoulements sous la
dalle. Dans des profils comme celui de MOHAMMEDIA, oales diver-
ses parties du couronnement reposent sur une sous-couche en
enrochements de plusieurs tonnes, le modèle a pu minorer les
sous-pressions sur les blocs du talus. Cela justifie la marge
de sécurité prise dans le choix des dispositions finales (pavage
rnonocouche décrit en 12.444 - cl.
- 129 -
13.32. - NON-SIMILITUDE DES EFFETS MECANIQUES
- 130 -
Ni ces mithodes, ni leurs risultats, ne sont tris
convalncartts. Une pricaution minimale est de ~irifier que, pour
le taux de dommages corresponaant à l'itat-limite d'utilisation,
le nombre des blocs oscillants ou diplacis sur le modile -donc
susceptible d'être brisis en nature- est infime.
- 131 -
Un canal bien adapté aux essais de stabilité doit
surtout satisfaire trois condit{ons :
· concilier les exigences du coût et de la technique de réalisa-
tion du modèle,
· assurer une propagation satisfaisante de l'agitation entre
le générateur et l'ouvrage,
· faciliter l'observation de l'impact et des effets des lames.
a) La première condition est mieux sati~faite lorsque l'on dis-
pose d'une batterie de canaux de largeurs et profondeurs diffé-
rentes. On peut ainsi construire le modèle au moindre coût,
à une échelle satisfaisant la similitude de FROUDE et sur une
longueur telle que le comportement de la structure ne soit pas
influencé par les parois.
Il est évident que les largeurs de canal nécessaires
pour modéliser une défense de haute plage en enrochements de
quelques tonnes, une grande digue i talus en blocs de plusieurs
dizaines de tonnes ou une jetée en caissons sont très différen-
tes. Le LCHF disposait de 3 canaux larges de 0, 4 - 1et 4 m,
avec des profondeurs utiles d'approximativement 0,3 à 0,4 m,
0,6 i 0,7 m et 1 i 1,2 m (dans l'ordre). Le canal ~e plus utilisé
était celui de 1 m'et le plus large a souvent été compartimenté
en deux ou trois canaux parallèles.
b) De la deuxième condition dépend la longueur du tronçon libre
du canal, en avant de l'ouvrage, tronçon sur lequel les fonds
sont schématisés. On ne trouve pas de règles définies pour choi-
sir cette longueur mais il est bon qu'elle corresponde ~u moins
à 5 ou 10 longueurs des ondes reproduites.
Dans les trois canaux du LCHF, les ordres de grandeur
des distances de propagation étaient respectivement de 8,30
et 60 m.
c) La troisième condition implique que soit vitrée au moins
une face du canal, sur une longueur couvrant l'emprise du modèle,
le tronçon d'approche des lames et une partie en arrière du
modèle, affectée par les retombées et les franchissements.
On notera que, en raison de leur forme géométrique
simple, les canaux facilitent les balancements transversaux
ou longitudinaux de la masse liquide. Le plus fréquent et le
plus g~nant des balancements observés au LCHF était une résonance
en demi-onde du canal de 1 m lorsque les lames avaient une lon-
gueur de 2 m.
- 132 -
13.412. - Essais tridimensionnels en cuves
- 133 -
Les surprofondeurs localisies du type canyon sous-
marin -moins fréquentes sur nos· littoraux (CAP BRETON, VILLE-
FRANCHE) que sur les côtes américaines (CHILI, COLOMBIE,
CALIFORNIE*, FLORIDE) - mais aussi les détroits et chenaux flan-
quésd'eaux peu profondes (pertuis charentais, entries en GIRONDE,
LOIRE et SEINE) sont autant de causes dl al tirationssystéma ti-
ques de la propagation de l'agitation.
- 134 -
Repérer les combinaisons "provenances périodes niveau
de 'la mer" correspondant aux risques maximaux.
· oéf inir les correctifs aux conditions d'essais palliant l' in-
suffisante étendue du modèle.
13.42.- L'AGITATION
- 135 -
Sous ces réserves, que l'avenir pourrait lever par
l'accumulation et la diffusion systématique de nouvelles données,
le problème de la simulation de l'agitation en modèles de stabi-
lité est double :
• D'une part, il faut engendrer une suite de systèmes de vagues
définis par des paramètres statistiques ou spectraux de hau-
teurs, périodes et, pour les essais tridimensionnels, direc-
tions. Les systèmes retenus pour tester l'ouvrage sont censês
représenter, compte non-tenu des "vagues de tassement Il , des
tempêtes dont les niveaux d'inte~sité vont en croissant.
• D'autre part, il faut faire. agir chaque système de vagues
pendant une durée préalablement convenue, en observant ses
effets sur l'ouvrage et en vérifiant s'ils s'accordent avec
le taux d'endommagements acceptés par le projeteur.
Au total, la qualité de la simulation de l'agitation
suppose un mode de génération des vagues performant aux limites
de la cuve et, aux approches de la structure et sur celle-ci,
le contrôle des caractéristiques des lames et l'observation
quantitative de leur action.
- 136 -
Dans la pratique des essais de stabiliti, les profon-
deurs maximales des modèles ne sont jamais très grandes alors
que les bornes de l'intervalle des piriodes sont souvent dans
un . rapport supirieur à 2. Il en risulte des configurations des
mouvements orbitaires entre surface et fond très diffirentes
les unes des autres et il est hors de question d'y ajuster en
permanence la cinématique du générateur.
- 137 -
Ces pe"rfectionnements ont suivi les progrès réalisés
dans l'a pproche des phénomènes naturels. Au premier âge on se
borne à reproduire les houles des manuels. Au 'deuxième, sur la
base d'observations visuelles (dont ses nombreubes missions
au MAROC) le LCHF fait une approximation plutôt satisfaisante
des houles océaniques mais une représentation discutable des
mers de vent. Au dernier stade, avec l'acquis des analyses sta-
tistiques et spectrales des nombreux enregistrements recueillis,
grâce aussi à l'appoint des modèles de calcul des états de la
mer, la simulation des agitations naturelles s'est beaucoup
affinée. Sauf rarissimes exceptions~ elle reste cependant limitée
à la génération d'ondés cylindriques.
L'étape suivante devrait donc voir la mise au point
de systèmes producteurs de champs de vagues comportant un sp~c
tre en direction. L' éyuipe du LCHF en avait établi les plans
àans le proj et de cuve de génie océanique qu'elle ne put mener
à bien.
- 138 -
b) L'expérience des études de stabilité enseigne que :
· une part des écarts expérimentaux tient aux inévitables dif-
férences dans les modes de construction des modiles, les plans
de pose des carapaces, les procédures initiales de vieillis-
sement, les confortements intermédiaires, etc ••.
• toutes choses égales par ailleurs, l'endommagement d'une struc-
ture donnée est plus ou moins rapide et important et qu'il
se produit de diverses façons, d'autant plus nombreuses que
l'architecture de cette structure est plus complexe,
• à ces causes d'aléas auxquelles il .est difficile de pallier,
s 'aj oute le fai t que l'expérimentation en' houles complexes,
à juste titre de plus en plus utilisée, peut aussi être une
source de dispersion des résultats.
Cette technique introduit dans les essais les aspects
statistiques et probabilistiques de l'agitation de la mer. Deux
valeurs H, T définissent un syst~me d'ondes réguliires. Par
contre ,ces mêmes valeurs associées à un spectre de houle (par
exemple H = H et T = T. d'un spectre JONSWAP) ne garantissent
~
d es sequencess d e vague'S
DJ.C.~ d '
ent~ques, a.. par t J.r
. d e cesonnees,
d ~
- 139 -
Ce point de vue, corrobori par de nombreuses observa-
tions en nature. et sur modèles, n'est pas suffisamment pris
en compte lorsque le contrôle de l'agi tation dans le modèle
se limite i virifier la conformiti du spectre des vagues 6mises
par le ginirateur avec les consignes qui lui sont fournies.
C'est pourquoi nous avons trouvi profitable d'opirer comme
suit :
- 140 -
Ainsi, par rapport aux essais en canal, et à ti tre
d'exemples:
Les focalisations d'énergie sur certaines parties d'ouvrage,
signifient des sollicitations et des dommages accrus, pour
la même agitation au générateur,
Des lames très obliques sont .dangereuses pour les carapaces
qui, comme celles en tétrapodes, sont sensibles à ce type
d'attaque ~ il en résulte des dommages équivalents, voire
supérieurs, avec des hauteurs de vagues moindres qu'en impact
frontal.
L'analyse de ces phénomènes n'est faite dans de bonnes
conditions que si l'on peut disposer d'enregistrements des vagues
au droit et à proximité des· sections les plus menacées. Des
sondes mobiles et motorisées permettant d'estimer les hauteurs
incidentes et le coefficient de réflexion de l'ouvrage, par
exploration des noeuds et ventres d'amplitude, étaient utilisées
au ·LCHF.
En outre, pour l'optimisation de quelques grandes
digues à talus, des sondes de différents types posées sur, ou
dans la carapace, ont permis de bien corréler, à l'ouvrage même,
les vagues incidentes, leur transmission dans la carapace et
les dommages simultanément observés.
- 141 -
L'observation de ces phénomènes est le plus souvent
visuelle, malaisée et par conséquent pas très précise. La déter-
mination la plus sûre est le décompte, en fin d'expérience des
blocs tombés en pied de talus ou emportis par dessus le couronne-
ment.
- 142 -
13.43. - MAREES, COURANTS ET FONDS MOBILES
- 143 -
Une technique habi tuelle au LCHF, pour les modèles
d'ouvrages en sites à marées astronomiques appréciables, consis-
tait non pas à reproduire des marées réelles mais à répéter
des fluctuations de niveau en "dents de scie". Cette méthode
se justifie par le fait qU'il n 'y a pas corrélation -malgré
la croyance populaire- entre phases de la lune (donc marées)
et condi tionsmétéo. Tempêtes et dommages surviennent n'importe
quand dans le cycle des marées. Il est donc préférable, surtout
dans l'optique des critères de stabili té basés sur la notion
de "houle ennale" (Cf. 9.11) de respecter les durées d'atteinte
ou dépassement d'un ni veau donné de la mer sur une assez longue
période. Cela conduit, par intégration des courbes de marée
sur au moins plusieurs mois à une loi sensiblement linéaire.
D'où les "dents de scie", calées sur le niveau moyen,
bornées par les cotes de pleines et basses-mers de vives-eaux,
en général symétrique et de période correspondant à la composante
dominante, en général semi-diurne.
c) Cette méthode n'est plus adapt~e à la simulation d'un épisode
réel, par exemple, lorsqu'on analyse les causes et le mode d'en-
dommagement -à une date et dans des condi tions connues- d'un
ouvrage existant.
Elle n'est pas non plus valable pour les ouvrages
verticaux. Leur destruction n'est pas progressive mais survient
sur une séquence de quelques lames, voire une seule et sans
variation appréciable du niveau. D'où les recommandations dras-
tiques de l'AIPCN pour leur dimensionnement (Cf. 11.421).
Pour ce type de digue (ou pour la partie verticale
des digues mixtes) l~ stabilité est .donc moins à vérifier sur
l'intervalle total de fluctuation du niveau de la mer que sur
la frange supérieure de celui-ci. On peut admettre que, dans
la situation d'eau profonde impliquée par la définition de ces
ouvrages, le même H de dimensionnement est à considérer pour
tous les ni veaux hN!«ës. Pour cette même raison d'eau profonde
les surélévations dues aux seiches et aux déferlements sont
à écarter. Il reste les effets du vent, les dépressions baromé-
triques et , le cas échéant , les variations saisonnières du ni-
veau moyen. Soit au total une marge d'un mètre au plus, infé-
rieure ou du même ordre que l'incertitude sur Hmax •
Il paraît donc prudent d'associer cette hauteur de
vague aux niveaux les plus hauts observables sur la période
considérée, d'autant que l'occurence simultanée de vents forts,
de dépressions et de fortes vagues est fréquente.
- 144 -
13.432. -Courants et fonds mobiles
a) . La simulation des courants, lors des essais de stabilité,
n'est pas souvent réalisée, surtout en canal de houle : elle
suppose un appareillage compliqué et elle provoque une altéra-
tion de la propagation des vagues dont on ne peut s'accommoder
qu'en canal large ou en cuve i houle.
En fait, la prise en compte d'un courant -i l'évidence
parallèle à l'ouvrage étudié- est liée au risque d'affouillement
des fonds proches. Dans la très grande maj ori té des cas, la
question se posera pour des sols sableux, qu'il s'agisse du
sédiment en place ou d'une substitution à des vases, des sables
boulants, etc ••.
b) On sai t que la cause première d'érosion en pied de digue
est le pouvoir réfléchissant de l'ouvrage et l'accroissement
àes vitesses surIe fond qui en résulte, aux noeuds verticaux
du clapotis • L'exemple-type déj·à évoqué. est le basculement de
la jetée verticale d'ALGER (1934) da.ns la fosse creusée à son
pied par la houle.
Ce risque, auquel pallie d'ordinaire un tapis de pied
en large débord, est très amplifié en étendue, durée et fréquence
d 'appari tion lorsqu'un courant longe la jetée, même s'il n'est
pas très rapide*. Il n'est pas exceptionnel que :
• la marée, le vent, l' obliqui té des lames, les déferlements
sur des plages voisines engendrent une dérive générale des
eaux dans la frangecStière,
• l'avance en mer de l'ouvrage concentre et augmente le courant
sur la branche terminale, les coudes, le musoir.
C'est ce type de situation qui incite i modéliser,
dans les essais tridimensionnels, le courant et des fonds af-
fouillables devant l'ouvrage. Les essais du LCHF retenus pour
la synthèse SOGREAH en offrent deux exemples importants avec
les digues d'ANTIFER et de ZEEBRUGE. Il est certain que, pour
d'auires sites, des essais de ce type auraient été profitables.
c) Il est important de souligner qu'il s'agit li de schématisa-
tions qualitatives et ce, pour plusieurs raisons :
• les séquences d'essais de stabilité sont représentatives. des
seules périodes de mauvais temps, pas de l'ensemble du climat
d'agitation d'un site,
- 145 -
• 11 évolution des fonds et l'endommagement de la jetée se déve-
loppent, sur les modèles, à des échelles de temps différentes,
• un matériau répondant aux critères des modèles sédimentologi-
ques pour les fonds affouillables ne peut servir d'assise
au modèle de la digue.
13.44. - LE VENT
L'auteur n'a guire d'expérience sur les moyens à mettre
en oeuvre et le profit à retirer dans les essais de stabilité
avec représentation du vent.
On peut penser que ce fut une lacune du LCHF de n'avoir
développé aucune action en ce domaine, qU'il s'agisse de simuler
une agitation dans son aire de génération* ou d'analyser les
effets superposés des lames et du vent sur une structure.
Il est au moins un phénomine qui est malreprodui t
dans les essais de stabilité en l'absence de vent : c'est la
portée des franchissements et la manière dont ils retombent
sur l'arrière de l'ouvrage. La modélisation "sans vent" paraît
d'autant moins représentative sur ce point que les franchisse-
ments sont plus "jaillissants", tels ceux déviés vers le haut
par une paroi verticale, un parapet en saillie, un mur chasse-
mer (Cf. 13.312 c).
Lorsqu'il existe un risque de dommages aux voies de
roulement, aux postes de chargement, aux têtes de carapace côté
port, une simulation même approximative du vent semble conseil-
lée. Par exemple, pour àes essais en canal, en confinant une
veine d'air soufflée (ou aspirée) dans un tunnel amovible disposé
sur une certaine longueur de part et d'autre de l'ouvrage.
- 146 -
13.5. - REFLEXIONS SOR LA CONDUITE DES ETUDES
- 147 -
les "enseignements du comportement de celles-ci. Encore faut-
il vérifier, par une analyse exhaustive de l'environnement phy-
sique, qu'aucune circonstance particulière n'entraine de risques
spécifiques : convergence des lames après un haut-fond, irrégu-
larité du plateau contiriental (canyon), etc •••
Sur les littoraux où le LCHF et l'auteur eurent à
intervenir, des exemples de ces expositions comparables peuvent
être cités. Ainsi :
• les côtes centre et est d'ALGERIE, sous le vent
du Golfe du LION,
les rivages de la MEDITERRANEE orientale (LIBAN,
ISRAEL) ,
• le littoral français entre LOIRE et GIRONDE (i l'ex-
ception des pertuis des îles),
• . les faces ouest de la COREE et est de la MALAISIE
péninsulaire,
• côtes nord et centre du CHILI.
c) Certains projets d'ouvrages maritimes pourraient être quali-
fiés de "standard", dans la mesure où leurs principales spécifi-
cations avaient déjà été adoptées pour des ouvrages existants.
On peut alors, sans trop risquer, transposer les résultats
d'étude de ces réalisations antérieures sans engager d'essais
spécifiques, ou en en limitant l'importance.
C'est, semble-t-il, le parti adopté pour la jetée
du port de plaisance de ST DENIS D'OLERON qui a tiré profit
des essais d' accropodes conduits auparavant par SOGREAH ainsi
que d'une très bonne connaissance de l'environnement physique
acquise par le Service Maritime et le LCHF.
d) Il n'est pas rare que des ouvrages d'un coat limité et dont
on cerne bien le niveau de sollicitation soient construits sans
essais sur modèle, comme l'enclôture du bassin est de LA
COTINIERE (Ile d' OLERON) ou comme les défenses côtières dont
le prix peut être moindre que celui des essais et que l'évolu-
tion du littoral obligera peut-être à reconstruire à échéance
de l'ordre de la dizaine d'années, ou moins.
Au total, on constate par les exemples et les situa-
tions évoquées ci-dessus qu'il n'est pas impossible de faire
l'économie d'essais sur modèle. Trois cas de figure s'accommode
de ce choix :
• lorsqu'on s'assure à peu de frais d'une bonne réserve
de stabilité,
• lorsqu'on peut tirer profit de réalisations compara-
.bles et éprouvées,
• lorsque le risque technique est limité et les pertes
financières éventuelles acceptables.
- 148 -
Dans tous les autres cas, et en particulier quand
les pertes induites par l'endommagement de l'ouvrage sont éle-
vées, les essais de stabili té sont la règle. Et l'expérience
enseigne que ces "autres cas" sont, de très loin, les plus nom-
breux.
- 149 -
Le tableau ci-après illustre cette correspondance.
Il se veut seulement l'exemple d'une interdipendance souvent
vérifiée.
• Projet difinitif
• Jugement des • Le cas ichiant,vir~fication en canal des
offres variantes d'entreprises
• Adjudication • Essais en cuve i houle de la variante rete-
nue en substitution du projet mis au concours
(si tel est le cas)
· Construction • Essais spicifiques (canal, cuve) des problè-
mes de chantier : musoirs intermédiaires,
fronts d'avance, talus non recouverts, ..••
-------------------
• Dommages • Simulation de l'endommagement (plut8t en
ultirieurs cuve) et mise au point du confortement (ca-
nal et cuve)
- 150 -
tions d'itablissement des ipis et autres protections prisentent
souvent des points communs d'un si te à un autre (hauteur des
lames limi ties par les diferlements, implantations et assises
en terrains sidimentaires, attaque "en bout" sous incidences
rasantes, ••• ) il est certain qu'une expirimentation de caractire
global, dibouchant sur des rigles de mise en oeuvre adaptables
aux cas particuliers, présente un grand intirêt.
- 151 -
de travaux mari times, on simule r.vec le maximum de fidéli té
le déroulement en continu des mauvais temps subis ou probable,
sous tous leurs aspects (spectre d'énergie, direction, hauteur
d 1 eau, durée, ...).
...; 152 -
· Les responsables des itudes sur modiles qui -outre la cbnduite
des essais dans les "règles de l'art "- doivent apporter à
leurs interlocuteurs le conseil technique découlant de leur
expérience et élaborer la méthodologie d'expérimentation la
mieux adaptée aux inflexions, quelquefois notables et souvent
imprivus, dans l'élaboration du projet.
c'est, au total, la reconnaissance d'une certaine
co-responsabilité et un enrichissement mutuel qui ont imergé
de ces études menies en association d' iquipes*. Il n' est que
plus regrettable que, encore de. nos jours, cette confrontation
des points de vue ne soit rialisée ni par tous~ ni partout.
b) Cette évolution s'est engagée tris tôt au LCHF :
• Son action, internationale pour plus de deux tiers dis les
années 50, devait s'accommoder de trois mentalités biendiffé-
rentes: l'hispanique, l'anglo-saxonne et la française.
• Sa coopération avec les services des grands ports. et les bu-
reaux para-étatiques comme BCEOM, SCET-COOP, TECHNIP et plus
tard SOFREMER, facilitait la connaissance des pratiques extra-
hexagonales.
• La part croissante des études confiées au LCHF par de grandes
entreprises de travaux publics françaises et étrangires impli-
quait des relations étroites avec leurs propres bureaux d'étu-
des et une meilleure compréhension de leurs contraintes.
Selon notre expérience, cette confrontation de points
de vue différents, complémentaires et également justifiés est
plus fréquente et mieux rialisée dans les pays latins que dans
l'orbite anglo-saxonne ou scandinave.
Peut-~tre faut-il y voir la contrepartie de l'indépen-
dance ombrageuse -au moins en façade- et de la méfiance de l'en-
gineering de ces nations vis à vis des autres intervenants :
équipes de terrain, laboratoires, bureaux spécialisés, entrepre-
neurs. Un SINES ou un ARZEW EL JEDID, ont souffert de cette
conception .. cloisonnée", bien éloignée de la concertation qui
présidait à ANTIFER, JORF LASFAR, MOHAMMEDIA, ZEEBRUGE et bien
d'autres.
- 153 -
P 0 S T F ACE
- 154 -
Quant à la forme dece"s recommandations, nous avons
essayé -au risque de quelques redi tes- d'en rédiger les diffé-
rents chapitres sans nécessité de reports trop fréquents i dlau-
tres parties du texte.
- 155 -
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
- 156 -
l - OUVRAGES GENERAUX
II - ENVIRONNEMENT PHYSIQUE
II.3 - OCEANOGRAPHIE
a) Documents généraux
15 - Traité d'Océanographie Physique (J. ROUCH - Payot, 1948)
16 - Annuaires de marées, Tables des constantes harmoniques,
cartes de courants (horaires, saisonniires) dressés par le
SHOM en France et ses principaux homologues à l'étranger
- 157 -
b) L'aqitation de la mer (approche théorique)
17 - Mouvements ondulatoires de la mer en profondeur constante
ou décroissante (R. MICHE - Annales de P et C, janv.-aout 1944)
18 Propriétés des trains d'ondes océaniques et de laboratoire
(R. MICHE - Bulletin n0135 du COEC, 1954)
19 Physique de la houle et des lames (J. LARRAS - Eyrolles, 1979)
20 La houle réelle (P. ARISTAGHES - STCPMVN)
21 Rapport Final de la Commission Internationale pour l'étude
de l'effet des lames - 1ère Partie (Bulletin de l'AIPCN, 1973)
22 Paramètre des états de la mer (Publication conjointe AIPCN-
AIRH,1986)
d) Compilation de données
27 - Atlas NAVAIR 50 le 528
28 Ocean Wave Statistics (HOGBEN and LUMB, 1967)
29 Listings des observations des synopships (obtention, pour une
zone donnée, auprès du service météo compilateur de cette zone)
30 Tableaux d~s états de la mer observés par les sémaphores
31 Etudes statistiques des observations de vagues (R. MAYEN~ON -
Bulletin COEC nOS, mai 1969)
32·- Comparaison de statistiques de hauteur de vagues en Méditer-
ranée (R. MAYENÇON - Bulletin COEC nOS, mai 1970)
- 158 -
34 - Causes et effets des tempites de 1978 et 1979 sur la digue
de SINES au Portugal (C. ORGERON - Navires, Ports et Chantiers
n0371, 1981)
35 - West breakwater SINES : overview of rehabilitation and syn-
thesis of project (J.F. TOPPLER an othe - Coastal structure,
1983 )
36 - Connaissance des houles et conception des grandes digues à
talus (C. ORGERON - Chantier de France n0178, mars 1985)
37 - Statistical relationshipbetween individual heights and
period of storm waves (Procéeding.of BOSS -TRONDHEIM, 1976)
38 - Etat de la mer au large de la BRETAGNE dans la nuit du 15 au
16 octobre 1987 (Catherine ARISTAGHES - Revue Met-Mar, 1988)
- 1 S9 -
v - DIMEN5IONNEMENT
• •
•
- 160 -