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Sarcoidose
Sarcoidose
Dossier thématique
Mise au point
Sarcoïdose médiastinopulmonaire
Correspondance :
Hilario Nunes, Service de pneumologie, Hôpital Avicenne, 125 rue de Stalingrad,
Disponible sur internet le : F-93000 Bobigny, France.
2 décembre 2009 hilario.nunes@avc.aphp.fr
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H Nunes, Y Uzunhan, O Freynet, J-M Naccache, D Bouvry, P-Y Brillet, D Valeyre
endobronchial stenosis and extrinsic bronchial compression by La corticothérapie générale reste le traitement de référence dans
adenopathies. l’atteinte médiastinopulmonaire de la sarcoïdose.
Systemic corticosteroid therapy remains the reference treat-
ment for thoracic involvement in sarcoidosis.
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Sarcoïdose médiastinopulmonaire
Pneumopathies infiltrantes diffuses
Mise au point
Circonstances de découverte
La radiographie thoracique étant de moins en moins demandée
en routine par la médecine du travail, plus de la moitié des
patients ayant une sarcoïdose sont symptomatiques au
moment du diagnostic. Les symptômes respiratoires, le plus
souvent une toux sèche persistante, sont les plus couramment
révélateurs. Des douleurs thoraciques, liées aux adénopathies,
sont relativement fréquentes, alors que la dyspnée, générale-
ment lentement progressive, est plus rare. Une symptomato-
logie pseudo-asthmatiforme est possible. Une hémoptysie est
exceptionelle. Il n’est pas inhabituel qu’une infection respi-
ratoire aiguë intercurrente conduise à la découverte de la
maladie.
L’atteinte médiastinopulmonaire peut également être mise en
évidence à l’occasion de diverses manifestations extrarespi-
ratoires de la sarcoïdose, de manifestations générales ou d’une
hypercalcémie. Par exemple, un érythème noueux révèle
environ 15 % des cas de sarcoïdose et s’intègre généralement
dans le cadre d’un syndrome de Löfgren. La fièvre est fréquente
au cours du syndrome de Löfgren. Bien que parfois au premier
Figure 1
plan, une asthénie intense, un amaigrissement et des sueurs
Stade I radiographique avec adénopathies hilaires bilatérales et
nocturnes doivent faire écarter un autre diagnostic.
latérotrachéale droite isolées
Examen clinique
L’examen clinique respiratoire est normal chez la quasi-totalité
des patients. Des râles crépitants des bases sont signalés chez
moins de 10 % des patients ayant une atteinte pulmonaire
radiographique et un freinage expiratoire ou des râles sibilants
chez 5 %. L’hippocratisme digital est très exceptionnel. L’ex-
amen clinique est en fait dominé par la présence dans la moitié
des cas de signes extrathoraciques évocateurs de sarcoïdose.
Radiographie thoracique
Malgré les progrès en imagerie thoracique, la simple radio-
graphie thoracique a toujours une grande valeur diagnostique,
pronostique et pour suivre l’évolution de la maladie. Elle
montre des adénopathies et/ou des opacités pulmonaires dans
environ 90 % des cas.
Classification radiographique
Il y a plus de 40 ans Scadding élaborait une classification
radiographique de la sarcoïdose qui a été par la suite adoptée
sous la forme de 5 stades [1]. Le stade 0 correspond à une
radiographie thoracique normale, le stade I à des adénopathies
intrathoraciques isolées (figure 1), le stade II à des adénopa-
thies intrathoraciques accompagnées d’une infiltration pulmo-
naire (figure 2), le stade III à une infiltration pulmonaire sans
adénopathies intrathoraciques (figure 3) et enfin le stade IV à Figure 2
une fibrose pulmonaire patente (figure 4). Dans la large étude Stade II radiographique avec adénopathies hilaires bilatérales
multicentrique prospective américaine A case control etiologic associées à une infiltration pulmonaire micronodulaire diffuse
study of sarcoidosis (ACCESS), la fréquence de chacun de ces prédominant dans le tiers moyen des champs pulmonaires
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Figure 4
Stade IV radiographique avec distorsion architecturale
pulmonaire et ascension des hiles
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Sarcoïdose médiastinopulmonaire
Pneumopathies infiltrantes diffuses
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l’épanchement est peu abondant, indolore et associé à une
atteinte pulmonaire floride. Il est uni- ou bilatéral, générale-
ment exsudatif et lymphocytaire. Un épaississement pleural, un
hémothorax ou un chylothorax peuvent également se voir.
Tomodensitométrie thoracique
Indications de la tomodensitométrie thoracique
Au cours de la sarcoïdose, la tomodensitométrie (TDM) tho-
racique n’est pas indispensable [1,12], d’autant plus que l’ir-
radiation induite n’est pas négligeable chez des sujets jeunes
qui vont subir des examens répétés. Si le tableau clinicoradio-
logique est typique, notamment en cas de stade I ou II, la TDM a
peu d’intérêt diagnostique [13]. En revanche, elle peut s’avérer
précieuse dans certaines situations [1,12] :
en présence d’un tableau clinique et/ou radiographique
clinique de sarcoı̈dose ;
pour détecter d’éventuelles complications ou comorbidités
Signes tomodensitométriques
La TDM thoracique est le plus souvent très évocatrice du
diagnostic de sarcoïdose, y compris lorsque la radiographie
ne l’est pas [13]. Même lorsqu’il existe des signes atypiques, s’y
adjoignent généralement d’autres signes plus suggestifs qui
permettent de redresser le diagnostic.
L’injection de produit de contraste iodé est utile pour l’explora- Figure 6
tion des adénopathies ou d’une HTP. Les anomalies paren- Aspect tomodensitométrique en fenêtre parenchymateuse d’une
chymateuses les plus typiques de sarcoïdose sont les atteinte micronodulaire confluente réalisant une image en
micronodules diffus à contours irréguliers avec une distribution « galaxie »
« lymphatique » (figure 5) c’est-à-dire qui prédominent dans
les zones péribronchovasculaires, sous-pleurales et au niveau
des septa périlobulaires [12]. La scissure, les interfaces bron-
chiques et les septa peuvent prendre un aspect perlé. Les une destruction bulleuse sont plus rares. Les lésions pulmo-
micronodules peuvent confluer et donner naissance à des naires prédominent dans les deux tiers supérieurs des pou-
nodules qui forment parfois l’image d’une « galaxie » mons.
(figure 6). La TDM peut aussi objectiver des condensations
alvéolaires ou un verre dépoli. Endoscopie bronchique
La fibrose pulmonaire se traduit par des masses de fibrose L’intérêt principal de l’endoscopie bronchique est avant tout
centrales rétractiles, des opacités linéaires diverses mais prin- diagnostique. Cet examen ne doit toutefois pas être systéma-
cipalement hilopériphériques, des distorsions architecturales tique par exemple lorsque la confirmation histologique a pu
notamment bronchovasculaires et un rayon de miel. Des être obtenue par un prélèvement périphérique. L’endoscopie
bronchectasies par traction, un emphysème paracicatriciel et bronchique permet de visualiser d’éventuelles lésions macro-
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scopiques nodulaires bronchiques avec parfois un aspect car- plus souvent normaux au repos en dehors des stades évolués.
actéristique en « fond d’oeil » et dans 1-2 % des lésions L’hypoxémie à l’exercice est fortement corrélée à la baisse de la
sténosantes localisées proximales uniques, multiples ou parfois capacité de transfert du CO et du facteur membranaire [17].
diffuses. Elle permet de confirmer la présence de lésions Dans l’étude ACCESS, la capacité vitale forcée (CVF) était la
granulomateuses par des biopsies de muqueuse bronchique suivante : CVF < 50% : 2,5% des cas, 50 % CVF < 80 %:
étagées et des biopsies pulmonaires transbronchiques. Les 28,7 % des cas et CVF80 % : 68,8 % des cas ; 14 % des
biopsies bronchiques montrent des granulomes dans environ patients avaient un TVO proximal défini par un rapport volume
60 % des cas et jusqu’à 80 % s’il existe un épaississement de la expiratoire maximal-seconde (VEMS) /CVF < 70 % [4]. Ce TVO
muqueuse bronchique. Elles peuvent être positives dans 40 % obéit à divers mécanismes que nous exposons plus bas.
des cas où la muqueuse est macroscopiquement normale. La
positivité des biopsies transbronchiques varie selon les études Autres examens
de 40 % à plus de 90 %, elle serait moins bien prédite par le Scintigraphie au gallium 67 (67Ga)
stade radiographique que par l’extension des lésions et leur
Le 67Ga est capté par les macrophages alvéolaires activés et les
nature à la TDM thoracique [14].
protéines de l’inflammation et va donc, au cours de la sarcoï-
Le profil cytologique du LBA montre une hypercellularité
dose, marquer les sites d’activité granulomateuse [12]. L’hy-
modérée (< 500 000 cellules/mL) avec une augmentation
perfixation dessine parfois un aspect de « lambda » (fixation
le plus souvent inférieure à 50 % du pourcentage des lympho-
bilatérale et symétrique des ganglions hilaires et latérotra-
cytes dans 80 % des cas. Cette lymphocytose peut exister
chéaux) qui peut être visible même si la radiographie thora-
même lorsque la radiographie thoracique est normale. Il s’agit
cique est normale, ou les traits d’un visage de « panda »
typiquement d’une lymphocytose CD4 avec un rapport CD4/
(fixation symétrique des parotides et des glandes lacrymales
CD8 augmenté. Ce rapport est moins élevé chez les fumeurs [8]
et salivaires respectant le nasopharynx). L’association d’un
et peut s’inverser en dehors même de tout tabagisme dans de
aspect de panda/lambda ou d’un aspect de panda avec des
rares cas de sarcoïdose sans impact sur l’expression clinique. En
adénopathies intrathoraciques ou une infiltration pulmonaire
cas de fibrose pulmonaire, une polynucléose neutrophile al-
radiographique sont très spécifiques de la sarcoïdose [12]. La
véolaire est fréquente. Le rapport CD4/CD8 a une grande valeur
scintigraphie au 67Ga pourrait aussi être l’un des meilleurs
diagnostique lorsqu’il dépasse 3,5-4 avec une sensibilité de
moyens d’apprécier le degré d’activité résiduelle de la maladie
seulement 52-59 %, mais une spécificité de 94-96 % [15].
au stade de fibrose pulmonaire. Néanmoins, cet examen a été
Cependant, d’autres granulomatoses pulmonaires comme la
largement délaissé en raison de son irradiation.
bérylliose pulmonaire chronique peuvent donner cette ano-
malie.
Tomographie par émission de positons au 18 fluoro-
La réalisation dans le même temps des biopsies bronchiques
déoxyglucose (18FDG TEP)
étagées, des biopsies transbronchiques et du LBA augmente la
performance diagnostique de l’endoscopie. Plus récemment, il Bien que la 18FDG TEP semble prometteuse au cours de la
a été montré qu’une cytoponction à l’aiguille par voie trans- sarcoïdose, sa place par rapport aux autres méthodes d’inves-
bronchique des adénopathies médiastinales ou hilaires est très tigation reste à évaluer dans l’atteinte médiastinopulmonaire.
rentable, surtout lorsqu’elle est échoguidée avec une sensibilité Sa sensibilité serait proche de la scintigraphie au 67Ga. La 18FDG
de 83,3 % et une spécificité de 100 % [16]. TEP pourrait être corrélée à l’activité de la maladie et à la
réponse au traitement [18,19]. À cet égard, elle pourrait être un
Explorations fonctionnelles respiratoires élément important pour décider d’instaurer un traitement en
cas de fibrose pulmonaire (figure 7).
Les explorations fonctionnelles respiratoires (EFR) ont une place
L’imagerie par résonance magnétique (IRM) thoracique pour-
centrale pour les décisions thérapeutiques et le suivi, notam-
rait représenter un moyen non irradiant élégant d’évaluer
ment pour apprécier la réponse au traitement ou confirmer une
l’activité de l’atteinte pulmonaire de la sarcoïdose selon une
rechute.
étude à confirmer.
Les anomalies des EFR sont en moyenne d’autant plus
fréquentes que le stade radiographique est avancé, mais il Formes thoraciques particulières
n’y a pas de corrélation étroite au niveau individuel entre le
rententissement respiratoire et le stade radiographique. L’al- Syndrome de Löfgren
tération fonctionnelle est corrélée à la dyspnée et à la qualité Dans la description princeps de Löfgren, ce syndrome combine
de vie. La capacité de transfert du CO est abaissée chez deux des adénopathies hilaires bilatérales, un érythème noueux et
tiers des patients et cette baisse résulte principalement de la une négativité des réactions cutanées tuberculiniques. Le début
diminution du facteur membranaire, le volume capillaire étant est aigu et la fièvre très fréquente. L’érythème noueux peut
préservé ou quasiment au repos [17]. Les gaz du sang sont le s’accompagner d’arthralgies ou arthrites des chevilles. Pour
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Pneumopathies infiltrantes diffuses
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au printemps en avril-mai [9,20,21]. L’évolution est courte et
spontanément favorable en moins de 24 mois dans la grande
majorité des cas [9,21]. Certains patients peuvent avoir une
évolution prolongée sous la forme d’une maladie active per-
sistante dans 8 % des cas ou de rechutes plus ou moins
répétées dans 6 % [21] et parfois nécessiter un traitement
[9,21].
Figure 7
Images de tomographie par émission de positons au
18 fluorodéoxyglucose montrant une hyperfixation intense des
masses de fibrose dans un cas de stade IV suggérant la
persistance d’une activité granulomateuse résiduelle
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épaississement de la paroi ;
distorsion bronchique majeure dans le cadre d’une fibrose
pulmonaire avancée ;
compression extrinsèque d’origine ganglionnaire ;
multiple.
Les deux premiers sont les plus fréquents. Outre l’endoscopie
bronchique, la TDM thoracique aide à mieux apprécier les
mécanismes responsables [24].
La réponse au traitement est variable en fonction du méca-
Figure 9
nisme en cause. Le TVO lié à l’atteinte endobronchique gran-
Aspect tomodensitométrique en fenêtre parenchymateuse d’une
ulomateuse répond le plus souvent favorablement alors qu’il
sarcoïdose de stade IV avec fibrose en rayon de miel
est grave et ne s’améliore habituellement pas en présence
d’une fibrose pulmonaire. Le TVO par compression ganglion-
naire est rare et sa reversibilité dépend de la nature granulo-
mateuse ou calcifiée des adénopathies. En cas de sténose
bronchique granulomateuse, la réponse est meilleure lorsque
le traitement est initié dans les 6 mois. La dilatation mécanique
d’une sténose fibreuse et/ou la mise en place d’une prothèse
endobronchique peut être nécessaire.
hypoxémie chronique ;
compression extrinsèque des artères pulmonaires proximales
infection aspergillaire ou mycobactérienne. La survie des par des adénopathies (figure 11) ;
patients, estimée à 78 % à 15 ans, est significativement vasculopathie spécifique pouvant prendre l’apparence d’une
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Pneumopathies infiltrantes diffuses
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Figure 11
Aspect tomodensitométrique en fenêtre médiastinale d’une
compression vasculaire et bronchique par de volumineuses
adénopathies hilaires et médiastinales
Figure 12
Aspect tomodensitométrique en fenêtre parenchymateuse d’une
greffe aspergillaire avec une image caractéristique de grelot
indispensables pour juger non seulement de leur efficience conférence de consensus American thoracic society (ATS)/
mais aussi de leur sécurité d’emploi. European respiratory society (ERS)/ World association of sar-
coidosis and other granulomatous disorders (WASOG) [1] :
Sarcoïdose avec greffe aspergillaire histoire clinique et radiologique compatible ;
L’aspergillome se greffe chez 3 à 31 % des patients ayant une mise en évidence de granulomes non caséeux ;
sarcoïdose pulmonaire, essentiellement en cas de stade IV, au exclusion des autres causes de granulomatose.
sein de lésions fibro-emphysémateuses. Il s’agit d’un facteur de Néanmoins, la sarcoïdose a une expression clinique et radio-
mauvais pronostic, le risque majeur étant celui d’hémoptysie logique polymorphe depuis l’aspect pathognomonique jusqu’à
massive, parfois mortelle. Le diagnostic repose sur l’image de l’aspect franchement atypique. De plus, pour diverses raisons,
grelot déclive à la TDM thoracique (figure 12), une sérologie la confirmation histologique est parfois impossible à obtenir.
aspergillaire positive et/ou la mise en évidence d’aspergillus Ainsi, l’approche diagnostique doit être ajustée d’un sujet à
dans un prélèvement respiratoire. En cas de cavitation pulmo- l’autre.
naire sans véritable grelot, l’épaississement de la paroi ou de la
plèvre adjacente est évocateur. Une résection chirurgicale n’est Tableau clinique et radiologique compatible
envisageable que chez une minorité des patients en raison de Dans cette situation, trois scénarios peuvent être envisagés en
la limitation fonctionnelle respiratoire secondaire à la fibrose pratique clinique :
pulmonaire. Les nouveaux traitements antifongiques pour- Confirmation histologique non nécessaire
raient être efficaces, mais ils restent à évaluer.
Plusieurs tableaux typiques peuvent être considérés comme
Granulomatose nécrosante sarcoïdosique pathognomoniques et dispensent d’une preuve histologique :
syndrome de Löfgren, documentation d’une séquence évolu-
Il s’agit d’une entité à la frontière nosologique de la sarcoïdose
tive stade I/stade II et enfin, stade I typique et latent à
définie histologiquement sur la confluence de nombreux gran-
condition que le patient soit asymptomatique et ait un examen
ulomes tuberculoïdes, une vascularite granulomateuse et la
physique normal ou une présentation aiguë avec une uvéite ou
présence de lésions de nécrose extensive non caséeuse. Elle a
une polyarthrite.
une expression radioclinique particulière avec des opacités
alvéolaires ou nodulaires et elle est associée fréquemment à Confirmation histologique nécessaire et possible
un syndrome inflammatoire. La confirmation s’impose d’autant plus qu’un traitement a été
décidé ou que la surveillance s’annonce difficile. La première
Diagnostic positif étape est alors de choisir le site à biopsier. Il faut privilégier les
Il n’existe aucun test spécifique de la sarcoïdose. Le diagnostic prélèvements de localisations superficielles facilement acces-
repose sur la conjonction de trois critères stricts définis par la sibles, telles que les lésions cutanées en dehors de l’érythème
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noueux, une adénopathie périphérique ou des nodules apparaître au cours de la surveillance d’un patient ayant une
conjonctivaux. La rentabilité des biopsies perendoscopie sarcoïdose préalablement connue. Il faut à ce titre souligner le
bronchique est très élevée mais dépend de la technique risque d’erreur diagnostique par excès lorsque survient une
employée et du stade radiographique, comme indiqué plus nouvelle manifestation prise à tort pour une atteinte spécifique.
haut. La biopsie des glandes labiales accessoires est peu La biopsie peut alors se justifier pour ne pas manquer une
invasive et peut apporter la preuve diagnostique de sarcoïdose comorbidité tumorale ou infectieuse.
dans un contexte clinique et radiologique approprié. La réalisa-
tion d’un prélèvement pulmonaire sous TDM peut être très utile Diagnostic différentiel
dans certaines formes (condensations ; nodules). Le recours à La liste des diagnostics différentiels de la sarcoïdose médias-
des procédures plus agressives, médiastinoscopie ou biopsie tinopulmonaire est vaste. Nous nous limitons aux maladies
pulmonaire chirurgicale, est devenu rare. L’étape suivante est granulomateuses.
d’éliminer les autres causes de granulomatose médiastinopul-
monaire qui sont discutées ci-dessous. Granulomatoses infectieuses
Confirmation histologique impossible De très nombreuses infections mycobactériennes, bac-
Pour diverses raisons la confirmation histologique peut s’avérer tériennes, fongiques, parasitaires ou virales peuvent s’accom-
impossible : par exemple, refus du geste biopsique par le pagner de réactions granulomateuses. Les diagnostics
patient ou encore biopsie dangereuse ou irréalisable du fait différentiels de l’atteinte médiastinopulmonaire concernent
d’un retentissement fonctionnel respiratoire trop sévère ou du surtout la tuberculose et l’histoplasmose.
type de la localisation thoracique (inaccessibilité de certaines La possibilité d’une tuberculose doit être systématiquement
adénopathies) ou extrathoracique (atteinte exclusive d’or- discutée et rend nécessaire la pratique de prélèvements bac-
ganes profonds comme le système nerveux central ou le coeur). tériologiques au moindre doute. La négativité des réactions
L’enjeu est alors d’établir le diagnostic de sarcoïdose avec un cutanées tuberculiniques réduit la probabilité de tuberculose,
haut niveau de confiance en rassemblant un faisceau d’argu- mais leur positivité n’élimine pas une sarcoïdose qui peut être
ments. La TDM thoracique est un élément clef, elle permet de seulement partiellement anergisante. Le quantiféron pourrait
détecter des anomalies infraradiographiques et de montrer le être intéressant pour distinguer les deux maladies, mais sa
plus souvent une image suggestive du diagnostic, voire qua- place n’a pas été évaluée.
sipathognomonique. Une lymphocytose CD4 dans le LBA avec La fréquence de l’histoplasmose a augmenté avec l’infection
un rapport CD4/CD8 > 3,5-4 a une spécificité autour de 95 % par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) mais aussi les
[15]. Bien que l’ECA puisse également être augmentée au cours traitements par anti-TNFa. Les tableaux respiratoires réalisés
des maladies hépatiques, du diabète, de l’hyperthyroïdie, de sont variés et le diagnostic d’adénopathies intrathoraciques
l’asbestose ou de la silicose, une mesure supérieure à deux fois isolées ou d’une médiastinite fibreuse est souvent difficile. Il
le seuil de la normale pourrait avoir une spécificité de près de est évoqué sur la notion de séjour en zone d’endémie (essen-
99 % pour la sarcoïdose. Une anomalie du métabolisme calci- tiellement vallée de l’Ohio et du Mississipi aux États-Unis,
que ou une négativation récente des réactions cutanées Caraïbes, Amérique Latine et Guyane, mais aussi Afrique
tuberculiniques peuvent aussi constituer des arguments diag- Équatoriale et du Sud, Asie du Sud-Est et Italie du Nord) et
nostiques supplémentaires. certifié par la mise en évidence directe ou indirecte d’Histo-
plasma capsulatum.
Tableau clinique ou radiologique atypique
Le tableau clinique ou radiologique peut être atypique d’em- Bérylliose pulmonaire chronique
blée, ce qui implique une rigueur accrue pour exclure les La bérylliose pulmonaire chronique (BPC) peut donner une
diagnostics différentiels. Il faut spécialement se méfier de granulomatose systémique avec une atteinte médiastinopul-
signes généraux trop marqués en dehors de formes particu- monaire et une atteinte hépatique fréquente. Le tableau cli-
lières de la maladie, d’une évolution anormalement aiguë de nique, radiologique et biologique de la BPC peut être
l’atteinte pulmonaire, d’une hémoptysie ou d’un hippocratisme indiscernable de celui de la sarcoïdose, mais plusieurs points
digital voire de crépitants, d’une atteinte pulmonaire ou gang- opposent les deux maladies. Dans la BPC, l’anamnèse retrouve
lionnaire unilatérale, d’adénopathies compressives, de siège une exposition professionnelle manifeste au béryllium (travail
atypique (adénopathie du médiastin antérieur sans adéno- dans l’électronique, le nucléaire, l’industrie aérospatiale, la
pathie hilaire, adénopathie mamaire interne ou péricardique) confection de prothèse dentaire etc.). Ce risque est malheu-
ou d’aspect très nécrotique, de cavitations pulmonaires, d’une reusement souvent négligé comme l’atteste une étude récente
distribution ‘‘hématogène’’ ou ‘‘bronchiolaire’’ des lésions pul- allemande [27]. De plus, une exposition de faible niveau
monaires ou d’une atteinte pleurale dominante. Une confirma- simplement environnementale pourrait également induire
tion histologique est alors impérative. L’atypie peut aussi une BPC [28]. L’atteinte pulmonaire de la BPC est souvent
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Sarcoïdose médiastinopulmonaire
Pneumopathies infiltrantes diffuses
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cliniquement sévère, la présence de râles crépitants (66-80 % ment du dosage des immunoglobulines sériques. Ce diagnostic
de cas) ou d’un hippocratisme digital (30 % des cas) est différentiel rend légitime la réalisation d’une électrophorèse
fréquente et les adénopathies intrathoraciques ne sont pas des protéines sériques sytématique en cas de sarcoïdose.
très volumineuses. La BPC n’est pas à discuter devant des
adénopathies intrathoraciques seules. Certains auteurs ont Autres granulomatoses
insisté sur la présence d’un verre dépoli à la TDM thoracique Une aspect clinique et radiologique atypique, comme par
correspondant histologiquement à des granulomes dans les exemple une altération de l’état général majeure, des adéno-
cloisons alvéolocapillaires. La prolifération des lymphocytes pathies situées dans des territoires inhabituels ou un épanche-
sanguins et alvéolaires en présence de béryllium traduit l’hy- ment pleural prépondérant, et surtout l’analyse soigneuse des
persensibilité au béryllium, élément diagnostique majeur. Sou- prélèvements histopathologiques permettent de reconnaitre
lignons enfin le caractère prédisposant quasi constant d’un un lymphome. Les réactions granulomateuses locorégionales
variant du gène HLA-DPb1 codant pour un glutamate en des tumeurs solides posent généralement peu de problèmes
position b69, ce variant favorisant la présentation antigénique diagnostiques.
du béryllium. Les pneumopathies induites par d’autres métaux La granulomatose de Wegener peut exceptionnellement sou-
(aluminium, titane ou zirconium) doivent être connues mais lever des difficultés diagnostiques avec la granulomatose
sont exceptionnelles tout comme les granulomatoses pulmo- nécrosante sarcoïdosique ou certaines formes de sarcoïdose
naires au talc. pulmonaire, notamment avec cavitation, mais le contexte
clinique et l’évolution sont très différents.
Granulomatoses sarcoid-like induites par les
médicaments Histoire naturelle, évolution et pronostic
Il s’agit des interférons de type I, principalement l’interféron-a La probabilité de résolution spontanée de la maladie décroît
prescrit isolément ou en association à la ribavirine (CopegusW, avec le stade radiographique, de 60-90 % (stade I), à 40-70 %
RebetolW) dans le traitement de l’hépatite C [29]. L’interféron-b (stade II), 30 % (stade III) et 0 % (stade IV) [1]. La question de
est plus rarement responsable. L’aspect de la granulomatose savoir si l’histoire naturelle se fait d’un stade au suivant n’est
induite est identique à celui de la sarcoïdose avec une atteinte pas complètement tranchée. La résolution survient pour 85 %
pulmonaire dans 76 % des cas et une atteinte cutanée des cas dans les 24 mois suivant le diagnostic et la probabilité
fréquente. Elle s’installe dans les 6 mois après l’initiation du de guérison est faible au-delà de ce délai quel que soit le stade.
traitement dans 66 % des cas. L’évolution est quasi constam- Le stade I se pérennise dans 7 % des cas pendant plus de 2 ans
ment favorable dans les mois suivant l’arrêt du traitement [29]. avec l’apparition de calcifications ganglionnaires après 5 ans. La
De façon intéressante, les interférons de type I n’entraînent pas sarcoïdose est une maladie lentement fibrosante si bien qu’il
forcément un rebond de la maladie chez des patients ayant eu est très rare d’observer un stade IV avant au moins 3 ans de
antérieurement une sarcoïdose et leur prescription peut être recul et une fibrose pulmonaire étendue avant, sauf exception,
envisagée en fonction de l’enjeu moyennant une surveillance 5 ans.
étroite. L’atteinte médiastinopulmonaire est habituellement inaugu-
Récemment, plusieurs cas de granulomatose pulmonaire rale, mais elle peut plus rarement succéder une atteinte ex-
sarcoid-like ont été colligés sous anti-TNFa. La BCG-thérapie trathoracique, d’où l’importance de contrôles radiographiques
intravésicale pour cancer de la vessie est une autre cause de périodiques. À l’inverse, la progression de la maladie peut se
granulomatose systémique avec atteinte pulmonaire très faire au niveau pulmonaire mais aussi concerner de nouvelles
ressemblante à la sarcoïdose. Une granulomatose pulmonaire localisations. Les critères pour affirmer la guérison de la sar-
peut aussi se développer chez les patients infectés par le VIH coïdose sont stricts. En l’absence de tout traitement, il faut
après restauration immunitaire sous traitement antirétroviral. exiger une disparition de tous les signes cliniques, radiogra-
Enfin, citons l’observation insolite d’une granulomatose sar- phiques et biologiques en rapport avec la maladie. Lorsqu’un
coid-like attribuée au conditionnement de certains médica- traitement a été nécessaire, un recul de 3 ans après son arrêt
ments contenant de la silice [30]. est requis sans signe de rebond.
De nombreux indicateurs pronostiques de la sarcoïdose ont été
Granulomatose secondaire à un déficit immunitaire identifiés (tableau I). Entre 0,5 et 7,6 % de l’ensemble des
commun variable patients meurent de leur maladie mais l’espérance de vie est
Le tableau de la granulomatose est là aussi très semblable à globalement conservée pour la plupart [23,31]. Soulignons
celui de la sarcoïdose avec une fréquence particulière de toutefois l’impact très péjoratif de la fibrose pulmonaire qui
l’atteinte splénique (80 % des cas). Le diagnostic est suspecté représente le principal facteur de risque de mortalité aux États-
aisément en présence d’infections bactériennes répétées et Unis et en Europe [1–3,5]. Les décès sont causés par une
d’une hypogammaglobulinémie et confirmé par l’effondre- insuffisance respiratoire, une insuffisance cardiaque droite
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H Nunes, Y Uzunhan, O Freynet, J-M Naccache, D Bouvry, P-Y Brillet, D Valeyre
Tableau II
Indications thérapeutiques en cas d’atteinte médiastinopulmonaire de la sarcoïdose
EFR : explorations fonctionnelles respiratoires, CPT : capacité pulmonaire totale, DLCO : capacité de diffusion du CO ; % th : pourcentage de la valeur théorique, TVO : trouble
ventilatoire obstructif.
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Sarcoïdose médiastinopulmonaire
Pneumopathies infiltrantes diffuses
Mise au point
pulmonaire modérée préalablement non traitée, mais leurs Des traitements symptomatiques peuvent être ajoutés : anti-
résultats sont inconstants. Le thalidomide est vraisemblable- inflammatoires non stéroïdiens ou colchicine pour les douleurs
ment inefficace sur l’atteinte pulmonaire. Le bénéfice des articulaires du syndrome de Löfgren, corticoïdes inhalés pour la
inhibiteurs spécifiques du TNF-a du type infliximab (Remica- toux, oxygénothérapie, dilatation mécanique et/ou prothèse
deW), s’il existe effectivement, est très modeste sur l’atteinte endobronchique en cas de sténose, traitements spécifiques de
pulmonaire comme l’a montré une étude récente [35]. Le l’HTP, traitements antifongiques pour l’aspergillome, emboli-
leflunomide (AravaW) pourrait avoir un effet sur la sarcoïdose sation artérielle bronchique en cas d’hémoptysie [3].
pulmonaire chronique avec l’avantage d’être mieux toléré que Une transplantation pulmonaire peut être proposée sous
le méthotrexate [36]. réserve d’avoir épuisé tout traitement médical et à condition
Une fois institué, le traitement est poursuivi au minimum que la maladie ne soit plus active. Les résultats sont compa-
pendant 12 mois, la durée devant être augmentée à 24 mois rables aux autres indications malgré la possibilité de récidive de
pour la fibrose pulmonaire. En cas d’abstention thérapeutique, la sarcoïdose sur greffon qui peut atteindre 35 % des cas. La
il convient de revoir les patients à 3 mois avec au minimum un présence de dilatation des bronches doit faire préférer une
examen clinique, une radiographie thoracique, une EFR et un greffe bipulmonaire. La greffe aspergillaire constitue une
bilan biologique (dosage de l’enzyme de conversion de l’an- contre-indication relative ou formelle à la transplantation
giotensine, calcémie et calciurie des 24 heures), puis de les pulmonaire selon les centres [3].
surveiller au rythme d’une visite tous les 3 à 6 mois jusqu’à la
Conflits d’intérêts : aucun.
guérison de la maladie.
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