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Tangente Hors-série n° 53

les angles
sous tous les angles

ËDITIONS.
POLE

© Éditions POLE - Paris - Mars 2015


Toute représentation , traduction, adaptation ou reproduction, même partielle, par tout procédé, sur
quelque support que ce soit, en tout pays, faites sans autorisation préalable, est illicite et ex poserait le
contrevenant à des poursuites judiciaires (loi du 11 mars l 957).
ISBN : 9782848841854 ISSN : 2263-4908 Commission paritaire : 1016K80883
Prochainentent
dans la Bibliothèq ue Tangente

EDITIONS.
POLE
les angles
Angles corniculaires et de demi-cercle chez Euclide
D'Euclide à Hilbert
Les multiples personnalités de l'angle
L'angle, un concept ambivalent
Quelques inégalités angulaires
Dans le triangle
Les angles opposés par le sommet

l •X•f}1 ia,1 les angles en géométrie classique


Chacun de nous les a rencontrés à l'école et pense tout
savoir d'eux, qu'ils soient exprimés en grades, degrés
ou radians. Les outils qui permettent de les construire
sont connus de tous : règle, compas, rapporteur ...
Pourtant, la notion d'angle n'est pas si simple, à
commencer par sa définition !

Le théorème de l'angle inscrit


Les rotations et symétries,
des transformations qui tournent bien
Tous les triangles sont-ils équilatéraux ?
Le billard, une affaire à rebondissements
Sous l'angle des symétries
Angles et lunules quarrables
L'exponentielle complexe
Courbes orthoptiques et friandises géométriques
Les transformations conformes

DOSSIER la tri onométrle


La trigonométrie n'a pas toujours bonne presse. Elle
est pourtant d ' une importance capitale pour se
repérer, tant en mer que dans l'espace. L'approche
géométrique des nombres complexes lui a donné ses
lettres de noblesse.

Du théorème de Pythagore
à une formule de trigonométrie
Le théorème des sinus
Angles, fonctions hyperboliques et génie électrique
Angles, produit scalaire et orthogonalité
L'astronomie, grande consommatrice de trigonométrie

(suite du sommaire au verso)


Hors-série n° 53. Le
l •X•t}i i4,1 mesurer les an les
Le plus simple pour mesurer un angle est de prendre
son rapporteur. Très bien, mais comment mesurer des
angles sur le terrain, entre des éléments de paysage ?
Ou en mécanique de précision ? Ces questions
nécessitent de revenir au sens physique de l'angle.

D'où nous viennent les degrés


La mesure des angles
L'arc de sinus, d 'al-Khawarizmi à Apian
Le dos de l'astrolabe, alidade et carré des ombres
L'astrolabe planisphérique
Faisons le point...
Des angles dans tous nos outils
Des phases qui nous font tourner la tête !

.l.•..X
..•.1:..}.:1..11111.4._;..l._____~L~a~g~é~o~métrie dans l'espace
Dans l'espace, la notion d 'angle solide s'inspire de celle
d'angle du plan. A la différence près que si les rotations
du plan sont aisées à comprendre, leurs homologues en
trois dimensions ne se laissent pas appréhender de la
même manière ...

L'angle solide
Les systèmes élémentaires de coordonnées
Des géométries sous un nouvel angle
Les coordonnées géographiques
Toutes latitudes
Les rotations, si simples avec les quaternions !
Quand les atomes s 'organisent
Une notion d'angle
même dans des espaces très abstraits

En bref

Le dictionnaire des angles

Note de lecture
Références
Problèmes
Solutions

Tangente Hors-série n• 53. Les angles


par B. Hauchecorne et H. Lehning EN BREF

le Petit Rilpporteur /dus ab angulo


Rapporteur : outil de mesure d'angles connu
pour son côté délateur ...

Nous dédions notre définiti on à la mémoire


de Pierre Desproges ( 1939- 1988), qui aurait
pu en être l' auteur, et dont le nom reste atta-
ché au Petit Rapporteur, une émi ssion culte
des années 1970 . Cette émi ss ion traita it de
l'actualité sous l' angle pervers du petit bout Les Romain utilisèrent angulus, mot signifiant coin pour
de la lorgnette. Malgré ce po int , son rap- traduire le grec gonia de même sen mai utilisé en
port avec les angles et les mathématiques peut mathématique pour désigner un angle. Le Vatican a
sembler anecdotique. récemment repris ce en premier en dénommant ictus
ab angulo le coup provenant du coin , oit le coup de
pied de coin en football , plus connu sous son nom
anglais de corner.
Ce mot angulus se rattache à une racine indoeuro-
péenne « ang », qui signifie serré, étroit. On la retrouve
dan les mots « angine » et« angoi se», faisant allu-
sion à la sen ation de gorge serrée. Devenu « angle »
en français médiéval, il conserve son ens latin de coin
et l'on pouvait parler par exemple d'un « angle de
mer » ; l'expression « à l' angle de la rue » en e tune
survivance. Au XIII 0 siècle, Johannes Campanus de
La devise du Petit Rapporteur fait Novare (il écrivait bien sûr en latin) s'intéresse à l'angle
référence à celle du Figaro : d ' une courbe avec sa tangente, preuve d'un sens plus
« Sans la liberté de blâmer, il n'est point général que de nos jours. Il remarque d'ailleurs que
d'éloge flatteur. » celui-ci est toujours inférieur à l'angle de deux droites
écantes. « Angle », en français , ne retrouve on sen
Cependant, l' humour du Petit Rapporteur mathématique qu'à l'époque de Descartes alors que renaît
évoque bien celui des mathé matic iens, qui l' intérêt pour la géométrie. Le nom « triangle » est
frôle toujo urs l'absurde. On s'en convain- repris sur le latin triangulus, lui-même traduction du
cra au tra vers de que lques pi èces d 'an- grec trigonos. « Rectangle » est calqué sur le latin
th o log ie access ibl es s ur Inte rn e t , e n médiéval rectangulus ; c 'est d ' abord un adjectif, qua-
pa rti c uli e r de la fa me use inte rv iew de lifiant toute figure ayant un angle droit. Au XVIIe
Françoise Sagan par Desproges et de la siècle, le parallélogramme rectangle devient un
bataille de boudin bl anc entre Desproges rectangle mais l ' adjectif se conserve dans l'expres-
et Danie l Prévost , sans parle r de la visite sion « triangle rectangle ».
à Montcuq du même Prévost. ..

Hors-série n• 53. Les angles Tangente


HISTOIRES par J. Bair et V. Henry

Hngles corniculaires
et de demi-cercle
chez Euclide
On a tous une idée de ce qu'est un angle formé par deux demi-
droites. On connaît moins les angles mixtilignes, en
particulier les angles corniculaires ou les angles de demi-
cercle. Et pourtant, ces concepts datent del'Antiquité : ils sont
par exemple présents chez Euclide.
les angles mlxtlllgnes
L
e concept d 'angle est sans aucun
doute fond a me nta l e n géo mé-
Eudide trie, ma is il est des plus com - Examinons comme nt Euclide pré e nte
Les pl exes. D 'a ill e urs, il est a bse nt des la no tion d 'ang le, e n nous restre ignant
Éléments
pre miers écrits mathé matiques connus, au cas du plan , pui s à ce qu ' il expose à
...............
VOLU M 1

1.Jm,WV
1

à savoir des textes mésopotamie ns et propos d ' angles quali fiés de mi xtilignes.
égyptie ns datant des de uxiè me et troi - Co mme les Éléments o nt fa it l'objet de
siè me millé na ires ava nt notre è re. E n multiples traduc tions (en arabe, latin ,
fa it , il est apparu sous l' impuls ion de a ng la is, fr an çais ... ), avec éventue lle-
g rands mathématic ie ns et philosophes ment l'ajout de Commentaires donnés par
de l ' Antiquité grecque, spéc ia le me nt , des hi storie ns, do nt Proclus, il fa ut pré-
comme c'est souvent le cas e n géomé- c iser de que lle version on parle . IJ s'agira
trie de base, da ns les Éléments d 'Eu- ic i des Éléments d 'Euclide, volume 1,
clid e (v oit l 'e n ca dré). C e li v res Int ro d uc tion générale p a r M a uri ce
rasse mbl e nt toutes les conn a issa nces Caveing, Li vres 1- IV : Géométrie plane
géomé triques et numé riques connues à (traduc tion et comme nta ires par Be r-
l'époque de le ur rédacti o n ; il s présen- na rd Vitrac , Presses uni vers ita ires de
tent les bases de la géométrie de maniè re France, 1990).
déducti ve, e n partant de définition s e t Attardo ns-nous e n pre mie r lie u sur le
d 'ax iomes. C e m o dè le a e ns uite é té tout début de la géométrie plane. Panant
ado pté par to us les mathé matic ie ns et de rie n , E uc lide comme nce, dans son
sera à la base de l'ense igne me nt mathé- Livre 1, par définir plusieurs concepts fon-
matique pe ndant plus de vingt s iècles. dam e ntaux. Voic i, dans leur version ori -
gina le (y compri s e n ce qui concerne la
numérotation), les premières définitions:

Tangente Hors-série n°53. Les angles


...,. ...
ll'CLl'D I - AIGAIEA ~

Euclide et ses lléments,


Proclus et son Commentaire
Il est rapide de réaliser une biographie d'Euclide ...
car on ne connaît presque rien sur ce mathématicien
de la Grèce antique, si ce n'est peut-être qu'il se situe
aux alentours de 300 avant notre ère. Certains histo-
riens émettent même l'hypothèse que ses écrits n'au-
raient peut-être pas été rédigés par un seul auteur
mais par un collectif (un peu comme les ouvrages
contemporains dus à Bourbaki). Toujours est-il que
1. Un point est ce do nt il n'y a aucune l'œuvre majeure qui lui est attribuée s'intitule les Élé-
partie. ments et se compose de treize livres : les quatre pre-
2 . Une ligne est une longueur sans lar- miers sont consacrés à la géométrie plane, les six
geur. suivants aux proportions, et les trois derniers à la géo-
3. Les limites d'une ligne sont des points. métrie dans l'espace. Ces écrits ont influencé de façon
décisive les mathématiques, notamment grâce à leur
Euclide paraît peut-être assez « vague » présentation axiomatico-déductive.
au niveau de ces premières défi nitio ns, Par exemple, le premier livre se compose essentielle-
ma i o n peut suppose r q u 'i l vo ul a it ment de vingt-trois définitions, de cinq demandes qui
prendre ce point de départ avec un mini- sont en fait les cinq postulats bien connus de la géo-
mum de connaissances, et notamment en métrie, de neuf notions communes, c'est-à-dire des
ne se référant pas expli citement à des axiomes, et de quarante-huit propositions.
objets issus du mo nde sensibl e . Pour Ce livre I des Éléments a été com-
lu i, une ligne dé igne une droi te ou une menté par divers auteurs. Le com-
courbe , ou bien encore une portion de mentaire le plus connu et aussi
ce ll es-c i . Ma is il co nsidè re da ns son peut-être le plus riche, notamment
œuvre princ ipa le me nt de ux ty pes de en informations historiques, est dû
lignes, à savo ir la ligne droite et la c ir- au philosophe grec Proclus. Ce der-
conférence ; en effet, il se préoccupera nier est né à Constantinople aux
surtout de problèmes qui peuvent être réso- environs de 412 et mort à Athènes
Ius , comme on le di t aujourd ' hu i, « à la vers 485. Son Commentaire est
règ le et au compa ». Voici comment il abondamment exploité dans la traduction française à
défi nit ces notions : laquelle l'article se réfère.

14. Une ligne droite est celle qu i est pla-


cée de manjère égale par rapport aux 16 . Et le point est appelé centre du cercle.
po ints qui sont sur e lle . 17 . Et un diamètre du cerc le est n' im -
15 . Un cercle est une figure plane conte- po rte que ll e d ro ite me née par le
nue par une ligne unique [appe lée centre, limitée de chaque côté par
circonférence] par rapport à laquelle la c irco nfé re nce du cercle , laque lle
toutes les droites menées à sa rencontre coupe le cercle en deux parties.
à partir d' un unique point parmi ceux 18. Un demi-cercle est la fig ure conte-
qui so nt pl acés à l' inté rieur de la nue par le diamètre et la circonférence
figure , sont uusqu' à la circonférence découpée par lui ; le centre du demi-
du cercle] égales entre elles. cercle est le même que celui du cercle.

Hors-série n• 53. Les angles Tangente


HISTOIRES Angles corniculaires ...

grand qu ' un droit.


la propriété d'Archimède 12. Un angle aigu est celui qui est plus
petit qu ' un droit.
Selon le principe archimédien, quels que soient les La définition principale, numérotée 8, ne
nombres réels strictement positifs a et b, on peut tou- précise pas ce qui est entendu exactement
jours trouver un entier n tel que na > b. Dans le par le mot « inclinaison » ni par l' ex-
contexte de l'article, toute division d'un angle rectiligne pression « se touchent l'une l' autre». De
fournit un nouvel angle rectiligne et reste, de ce fait, plus, e lle ne mentionne qu ' implic ite-
« supérieure » à tout angle comiculaire. Ainsi, tout me nt la présence d ' un so mmet (sans
« nombre » associé à un angle corniculaire est stric- d 'a ill e urs c ite r ce mot) ; e ll e exc lut
tement positif et inférieur à tout réel strictement posi- encore l' idée d ' un angle plat. Les défi-
tif: c'est un hyperrél infiniment petit. nitions sui vantes, de la 9 à la 12, se réfè-
re nt à des angles do nt les li gnes, que
no us appelo ns aujo urd ' hui des côtés,
Observons le souci de préci sion et du sont en ligne droite: de tels angles sont
détail chez l'auteur, mais auss i la diffi - no mmés dès lor rectilignes (définiti on
culté de définir « rigoureusement » des 9). Ce sont ces dernier qui sont essen-
concepts de manière abstraite, san faire tiellement étudié dans la uite des Élé-
référence à une stylisation d'objets réels. ments (angles alternes-internes, angles
D 'a ill eurs, une li g ne droite est pour d' un tri angle .. . ) et les eul s qui géné-
Euclide ce que l' on appe lle mainte nant ralement sont mentionnés lors d'un ensei-
un segment de droite (l' auteur con si- gne ment de base en géométrie.
dère par la suite la poss ibilité de pro- To utefo is, la définition 8 donne la pos-
longer celui-ci indéfiniment de part et ibilité de con sidérer des angles dont
d' autre), ain si que la di stinction entre l'un des deux côtés n'est pas en ligne droite
cercle et circonférence (cette dernière mais est courbe, plu s préc isément est
étant ce que l' on appe lle de nos jours circulaire, conformément à la tradition
la« fronti ère» de celui-là). euclidienne de pri vilégier le cercles.
Entre les définition s 4 et 15 , les Élé- À deux reprises seulement , dans les Pro-
ments introduisent l' angle plan en géné- pos itions 16 et 3 1 du Li vre Ill des Élé-
ral , pui s donnent que lques exemple de ments, Euclide fa it explicitement appel
cas particuliers. à des angles mixtilignes, c'est-à-dire à
8. Un angle plan e t l'inclinaison , l' une des angles dont un côté est rectiligne et
sur l' autre, da ns un pl an , de de ux l'autre est une circonférence ou une por-
lignes qui se touchent l' une l'autre et tion de circonfé rence . Voici la première
ne sont pas pl acées en ligne droite . mention par l'auteur d 'angles plans non
9 . Et quand les lignes contenant l'angle rectiligne (Proposition 16 du Livre ill) :
sont droites, l'angle est appe lé recti- La droite menée à angles droits avec le
ligne. diamètre du cercle à part ir d ' une extré-
10. Et quand une droite, ayant été éle- mité tombera à l'ex térieur du cercle, et
vée ur une droite, fa it les angles dans le lieu compris entre la droite et la
adjacents égaux entre eux, chacun de circonfé rence, une autre droite ne sera
ces angles égaux est droit, et la droite pas inte rca lée ; e n o utre, d ' une part
qui a été élevée est appe lée perpen- l'angle du de mi -cercle est plu s grand
diculaire à celle sur laque lle e lle a que tout angle rectiligne aigu, et d'autre
été élevée . part l'angle re tant est plus petit que
11. Un angle obtus est celui qui est plu s tout angle rectiligne aigu.

Tangente Hors-série n°53. Les angles


La preuve est donnée dans les Éléments, tilignes (aigus) aux angles mi xtilignes
de faço n assez détaiJlée et essentiellement introduits : un ang le de de mi -cerc le
par l'absurde (voir en page 11 ). Ma is est supéri eur à tout angle rectilig ne
! 'é no ncé lui - mê m e s uggè re troi s aigu, tandis que, par complémentation ,
remarques. un angle cornicul a ire est in fé rieur à
• D' une faço n contempora ine, on pe ut n' importe que l angle rectiligne aig u
constater que le début de la proposition (non nul).
tra ite de la tangente au cercle en un
po int : la première partie établit son Les angles corni cul a ires et de de mi -
ex istence, et la deuxième montre son cerc le ont été au centre de polémique
unic ité. Toutefois, Euclide ne nomme depui s I' Antiquité, car il s peuvent géné-
pas cette tangente, ni dans l'énoncé ni rer des paradoxes dans certaine situa-
da ns la dé monstration , bien qu ' il ait tions abordées de faço n u uelle. De la
antérieurement introduit cette notion dans sorte, ils ont été prog ressivement aban-
la Dé finiti on 2 du Li vre III (à savoir : donnés dès le Moyen Âge, ava nt d 'être
Une droite qui, rencontrant un cercle remi s à l' honneur avec l'avènement de
et prolongée, ne le coupe pas, est dite l'analyse non standard à la fin du sièc le
tangente au cercle). Dans son tex te, dernier. Ainsi, ils peuvent être explo ités
l'auteur se borne à signale r qu ' il est pour introduire l' ensemble des nombres
poss ibl e de la construire : il fa it e n hyperréels, qui constitue une extension
effet sui vre sa preuve d ' un porisme, de l'ensemble des réels.
c'est-à-dire un énoncé qui pro uve la
possibilité de trou ver une certai ne chose Des polémiques aux hyperréels
possédant une certaine propriété, mais
sans la construire. Proclus rejette l' idée selon laquelJe un angle
• La fi n de l'énoncé concerne deux types est une« qualité», parce qu ' il peut être
d'ang les mi xtili gnes. On tro uve to ut bissecté. li ne perçoit pas no n plus un
d 'abord le cas d ' un angle dont le côté angle comme une« quantité» parce que,
rectiligne est un di amètre de cerc le et par exemple, aucun angle rectiligne ne
le côté ci rculaire est la demi -c ircon- di vise un angle corniculaire. Enfin , il ne
fé rence déterminée par ce diamètre ; conço it pas non plus un angle comme
cet angle est dit de dem i-cercle. Puis, étant une« re lation », car une inclinai-
Euc lide co nsi dè re ce qu ' il qu a li fie on entre deux droites produit plusieurs
d'angle restant , c'est-à-dire le com- ang les (ce qui est incompatibl e avec
plémentaire correspondant à un angle l' idée de re lation).
de demi -cerc le. Il s'ag it do nc d ' un
angle mixtiligne dont le côté rectiligne Un exemple de chacun des cinq types
est tangent à la circonférence qui fo rme d 'angles qu'Euclide a introduits,
le côté courbe ; ce nouvel ang le est jusqu'à ce passage du Livre III :
appelé corniculaire, parce qu ' il a un peu trois types d 'angles rectilignes
la fo rme d ' une corne (on parle auss i (droit d, aigu a ou obtus o)
d'angle de contingence ; les Ang lo- et deux types de mixtilignes
Saxo ns parle nt de horn angle) . Ces (de demi-cercle~ ou corniculaire y) .
angles mi xtili gnes sont illustrés sur la
fig ure c i-contre.
• La seconde moitié de l'énoncé permet
en réalité de comparer les angles rec-

Hors-série n • 53. Les angles Tangente


HISTOIRES Angles corniculaires ...

ric k va n de r Blij (né e n 1923) et son


la courbure d'une courbe é lève Abraha m Ge rrit van Ash (né en
Soient C une courbe régulière (ou« lisse») du plan et Mo un 1947), on peut affinne r que des nombres
point de C. La courbure de C en M0 est la limite du rapport hyperréels (qui inclue nt des infiniment
M / ru lor que M tend vers M0 en restant sur C, où M est le pe tits) pe nnette nt de mesurer des angles
plus petit des angles ~les tangentes à C en M et M0 , et ru plans dont au moins un côté est courbe.
la longueur de l'arc M 0 M. Voyons succ incte me nt comme nt.
La courbure d'une courbe Trava illo ns dans le pl an et cons idérons
caractérise en quelque sorte sa des angles dont les côtés sont de courbes
« déviation par rapport à la o u des droites. On peut alors dé finir un
tangente». La courbure d'une angle orienté comme un couple (<1> 1, <1> 2)
droite est nulle en tout point, de deux courbes issues d'un mê me po int
celle d'un cercle de rayon R S appelé le sommet de l'angle.
vaut 1 /R en tout point.

<P l / <l>,
C e tte qu es tion s ur la na ture
mê me d ' un angle de me ure une
/
source de polé miques au cours
du Moye n Âge ... et bie n après.
Ain s i, Ni col e Ores me pe n e cr
De ux angles orientés (<I> I, <1>2) et I' f 2)
qu ' un ang le est un « genre », sont qualifiés de congruents (c'est-à-dire
une sorte d 'acc ide nt. Au XVII° considérés comme égaux, intuitivement)
siècle, John Wallis avance l' idée lorsqu ' il ex iste une isométrie du plan qui
qu ' un angle de contact (c'est-à- fait correspondre le sommet du premier
Nicole Oresme dire l' an g le e ntre une courbe au sommet du second et qui transforme
(vers 1320, 1382). lisse e t sa tan gente en un point) ne pe ut <1> 1 et <1> 2 localement (dans un voisinage
être mesuré et constitue e n fa it une sorte du somme t) e n f 1 et f 2 respecti vement .
de « comme nceme nt » d'un ang le (rec- On se restre int ici aux angles rectilignes
tilig ne), un pe u de la mê me manière que et aux angles cornic ul aires. Ainsi. nos
les points n 'ont pas de long ue ur ma is a ng les ori e ntés se ront d e la fo rm e
sont à la base d ' un segme nt mesurable. (<I> , f) où <I> dés igne une de mi-droite,
Malgré de telles prises de position, Euclide tandi s que r représente soit une de mi-
m aîtri se à son é poque la théo rie des dro ite, soit un de mi-cerc le . En se pl a-
angles rectilignes, à tel point que le savoir ça nt d a n s un re pè re o rtho go na l
qui est e ncore e nseig né de nos jours sur convenable me nt cho isi, o n peut suppo-
la question fi g ure dans les Élém ents. Au ser que l'orig ine O du re père est le som-
Moyen Âge, le connais a nces sur les met de l' ang le (<I> , f ) con sidé ré, que <I>
ang les no n rectilig nes reste nt fragiles : est le de mi -axe hori zontal { (x, y) E IR 2 ,
toute te ntative de qu a ntifica tion des r
y = 0 et x ~ 0 }, ta ndi que est défini
ang les se he urte au caractè re non archi- anal ytique ment par {(x, y) E IR 2, x ~ 0
médien d ' une mesure (voir e n e ncadré). et x2 + (y - R)2 = R 2 } dans le cas d ' un
Il faut atte ndre l'avène me nt de l' analyse ang le cornic ulaire dé fini par un cercle
non standard pour connaître une ava n- de rayo n R , et par {(x , y) E IR 2 ,x ~ 0 et
cée maje ure sur ce suje t. En effet , e n y = mx avec m ~ O} da ns le cas d ' un
exploitant des travaux récents menés par ang le rectili gne (a igu lo rsque m > 0 ou
les mathé maticie ns néerl andais Frede- nul lorsque m =0).

Ta.n9ente Hors-série n°53. Les angles


Angle entre un cercle et une droite
Considérons un demi-cercle f de centre P et tangent au point
M à une demi-droite Cl>. Raisonnons par l' absurde et suppo-
L'ensemble composé de tels angles orien- sons l'existence d' une demi-droite Cl> ' passant par Met stric-
tés peut être muni d ' une relation d 'ordre tement compr ise entre f et Cl>.
(notée traditionnelle me nt< ). On écrira Depuis P, abaissons la droite
(<P , f ) < (<P, f ') !or que r est locale- perpendiculaire à Cl> '. Elle
ment (autour de 0 ) située « en dessous » rencontre Cl>' en un point Q'
de f '. Cette définition est cohérente avec et le demi-cercle f en un
la comparaison classique de deux angles point Q. En vertu de notre
aigus rectilignes et permet de traiter les hypothèse, PQ < PQ' . Or,
angles mixti lignes quelconques. PQ = PM puisque Pest le
Soie nt deux ang les cornic ulaires centre du cercle. Dès lors,
- --
y= (<P, f ) et y'= (<P , f ') associés cha- PM< PQ', ce qu i es t
cun à un cercle de rayon R et de rayon impossible puisque la droite
R ' respectivement. (PQ') est, au contraire de la
droite (PM), perpendicu-
r
r laire à Cl>'. Il n'existe donc
pas de telle demi-droite.

re l d'associer à to ut angle cornic ulaire


(<P , f) un « nombre » y re présentant une
Alors y< y ' s i, e t seule me nt s i, R > R '. « mesure » de cet angle. La « mesure »
Ou , de faço n équi vale nte, y < y' s i, et ai nsi définie devant respecter l'ordre mjs
seule me nt si, 1 / R < 1 / R '. En d 'autres sur les angles, o n aura, que ls que so ie nt
termes, l'angle cornicul aire y est « infé- y(« mesure » d ' un angle corniculaire)
rieur » à y' lo rsque la courbure de r est et µ (no mbre réel stri cte me nt pos iti f) ,
inférieure à celle de f '. Par aille urs, to ut 0 < y < µ. Ainsi, to ut « nombre » y asso-
angle comic ul aire y = (<P , f) est supé- c ié à un ang le cornic ulaire est tricte-
rieur à l'ang le nul (<P , <P ) pui sque la me nt positif, et stricte me nt in fé rie ur à
co urbe r e t s ituée « a u-dessus » de tout réel pos itif no n nu l ; il ne pe ut do nc
l' axe <P . Enfin , tout ang le corniculaire pas ê tre un réel ! C 'e t e n réa lité un
y = (<P , f ) est infé rie ur à tout ang le rec- nombre hyperrél infiniment petit. Oui , les
tili g neµ= (<P , f ') non nul , pui sque, nombres infiniment petits ex istent bien !
d 'aprè la Propos itio n 16 des Éléments,
au vo isi nage de l' o ri gine 0 , le de mi - J. B.&V. H.
cercle r est situé locale ment « au-des-
sus » de la demi-droite f ' d 'équ ation Références
y = mx (avec m > 0) . • l 'analyse 110 11 standard. théorie des ordres de grandeur. André Deledicq,
Confonné ment à l' intuition , si l'on asso- lïnfini , Bibliothèque Tangente 13. 2006.
cie à l'ang le rectili g ne nu l le nombre • Math ématique. de /' esthétique à /'éthique. Dossier « Éclect ique Jacques
réel 0, et à un angle rectiligne aigu (no n Bair », Bibliothèque Tan gente 5 1. 20 14 .
nul ) le réel stricte me nt pos itif µ égal à • le principe de transfert en analyse infinitésimale. Jacques Bair el Va lérie
sa mesure en radians, alors il paraît natu- Henry, Tangente SVP 70- 7 1. 20 13.

Hors-série n° 53. Les angles TC:Lngente


par Élisabeth Busser

D'Euclide à Hilbert
De la notion plutôt floue d'inclinaison de deux lignes, l'angle,
d'Euclide à Hilbert, est passé d'objet géométrique à élément
d'une axiomatique. Ce long cheminement atteste que l'angle
est loin d'être un concept géométrique aussi accessible qu'il
en a l'air.

i, pour Euclide , un angle n'était qui associaient à chaq ue valeur de l'an-

S pas claire me nt une « figure »,


puisque pour lui ce mot dé ignait
« ce qui est compris par une ou plu-
gle au centre la longueur de la corde
correspondante, le cercle étant divisé en
trois cent soixante parties égales .
sieurs limites », Je statut de l'angle,cette Transposées aujourd ' hui , ces tables nous
figure non close, a évolué avec les donnent le diamètre du cercle multiplié
mathématiques. par le sinus de l'angle moitié, et sont
Aristarq ue de Samos en quelque sorte nos premières tables
(-310 , -230). une affaire d'astron mes de sinus. Plus tard , les mathématiciens
et d'arpenteurs indiens comme Aryabhata (476-550),
à qui l'on doit des table de calculs des
La « géométrie de figures » pratiquée constantes astronomiques et de inus,
par Euclide établis ait ses démonstra- ou Brahmagupta (598-668), par ail-
tions sur des objets géométriques idéal- leurs astronome, ont été le premiers à
isés, laissant aux arpenteurs et aux avoir utili é l'algèbre pour résoudre des
astronomes le soin de s'occuper de la problème astronomiques. Les mathé-
« vraie » nature de l'angle et de tous les maticiens arabes du Moyen Âge comme
problèmes de mesure. C'est par exemple al-Kashi (vers 1380, 1429) ont accéléré
à Aristarque de Samos que l'on doit le développement de la trigonométrie,
Hipparque de Nicée d'ingénieux calculs de la mesure de es entiellement dans l'objectif de son
(vers -190, vers -120). l'angle sous lequel, de la Terre.on voit la utilisation en astronomie.
Lune,ou à Hipparque de Nicée que l' on C'est encore plus tard que la notion
attribue l' invention de la trigonométrie. d'angle, en ortant de son utilisation
Il nous a laissé, transmises jusqu 'à pratique, est devenue un peu plus
nous par Claude Ptolémée (vers 90, théorique . Suite à de nombreuse cri-
168), autre astronome célèbre, dans son tiques formulées sur la conception
Almageste publié vers l'année 150, les de l' angle des astronomes , difficile à
premières tables trigonométriques. Ce inscrire dans des démonstrations, ce
sont en réal ité des « tables de cordes », sont Antoine Arnauld et Pierre Nicole,

lfl Ta.ngente Hors-série n°53. Les angles


des amis de Blaise Pascal (1623-1662), Alexis Claude Clairaut
qui ont les premiers revu et corrigé (1713-1765)
la définition de l'angle . Ils inscrivent , peint par Clarmontelle.
dan leur traité de 1674 la Logique ou
l'art de penser, l'angle dans une con-
figuration « angle-cercle », définjs ant
« l'angle rectiligne » comme « une sur-
face comprise entre deux lignes droites
qui se joignent en un point du côté où
elles s'approchent le plus, indéfinie et
indéterminée selon l'une de ses dimen-
sions,[. . .} déterminée selon l'autre par
la partie proportionne/le d'une circon-
f érence dont le centre est au point où
ces lignes se joignent » . Le résultat fon- d' un transport de distances. Cette tech-
dan1ental , pour Arnauld , est que les arcs nique étant toutefois soumise aux aléas
de toutes les circonférences centrées au du tran port, Clairaut dira alors sim-
sommet de l'angle , ayant tous la même plement que « un angle a pour mesure
proportion à leur circonférence, déter- l'arc de cercle qu 'interceptent ses
minent tous le même angle. côtés». Son ouvrage constitue une ten-
Antoine Arnauld défi nit ainsi quatre tative pour conceptualiser la géométrie
façons de mesurer un angle : par l'arc, et la remettre en ordre de marche , c' est-
par la corde, par le sinus, ou par la à-dire apte à construire des démonstra-
« ba e », celle d ' un triangle isocèle tions. rI affirmera en effet considérer
ayant pour sommet celui de l'angle. que la mesure des terrains ne lui sert
Avec Pierre Nicole , ils essayent ainsi que « d'occasion pour faire découvrir
de clarifier les choses pour éclairer le les principales vérités géométriques »,
lecteur plus que pour le convaincre mais on reste néanmoins pour ce qui
ou l'éblouir. On retrouve davantage est des angles dans une géométrie de la
encore cette volonté d 'éclairer dans mesure et de la figure. 11 faudra attendre
les Éléments de géométrie d ' Alexi s Hilbert pour passer à l'étape suivante,
Clairaut (en 1765 , année de sa mort) , celle de la théori ation.
où les concepts sont introduits au fur et
à mesure de leur nécessité. Celle de la Hllben ou l'angle axiomatisé
définition de l'angle e fera sentir à pro-
pos de la me ure de distance inacce - Chez Euclide déjà intervenait abon-
sibles, lor qu ' il « se trouvera quelque damment la notion d 'égalité - on
obstacle, une élévation par exemple, dira par la suite congruence - entre
un bois, un étang , etc., qui empêche deux figures, dites égales si un sim-
qu 'on ne mène les lignes dont on aura ple déplacement peut permettre de
besoin ». On pourra alors recourir à des passer de l'une à l'autre . Majs, nous
« triangles égaux ou semblables », où dira David Hilbert (1862- 1943)
la ressource est de « faire pencher » les dans ses Grundlagen der Geometrie
segments tous de la même manière sur (Fondements de la géométrie), on uti -
les droites, défi nissant alors naturelle- lise pour ce « transport » une règle
ment l'égalité de deux angles à l'aide rigide, qui ne l'est vraiment que si

Hors-série n°53. Les angles Tcingent:e ID


D'Euclide à Hilbert

qui sont égales à une même grandeur


sont égales entre elles » , Hilbert parlera
de la tra nsitivité de la congruence : ce
sera son de uxième ax iome. Le premier,
celui du report poss ible des longueurs,
et le troisième, celui de l' additi vité
des segments, complèteront la pano-
plie qui lui permettra de donner sa
définiti on de l' angle comme « ensem-
ble de deux demi-droites différentes,
issues d' un point O et appartenant à
des droites différentes » , introdui sant
,. ......,., même la notation L (h , k) ou L (k, h).
'"'" ...... ,.., ,,. .... ......... 1, - AJCJ,. 1l)1pett... tn
pNGHI AN91 . . Ma . . t,ll11,.l1 fl l'a91: rtd1 M M. . . . 1 ttl 111f'N•
,t f I p11lt, 1111 p,ol1t 9, IINillo,u l l t IM IIIHI HU'tt c61h 1111 Clfll
Vont alors de soi les définitions de
l' intérieur et de l'extérieur d ' un angle
pui squ ' un segment peut ou non être à
l' intérieur d ' un angle, toutes notions
topologiques que l' on ne trouve nulle-
~-•*',kt pwpndit•"irn IC tt ID: eafla •• ,olat A . ..,...
la ptrptadlc..J1ft AB • CD. ment chez ses prédécesseurs. Il énonce
t:.lr. l*f, le. HSltt < AC8 t1 < .4.01 tt1a1 droht , let • ••IN
poillUÀ , l, C, D . . . II IÎ .... HtHtoiNMl'ifiMN If, ,-rMie.,la
. . 1111s'n < ACOel,ctilOl..orib iH1 n...-•1•11HW1p,1r
ensuite , en re li ant congruence des seg-
tl .... eoNI Al>Nrtt1l tNJrutfll. °'·
,«. ACDtl s(t..\le rtr. ..t
l'ltlnlW. H 1npl droit ttll n Niiie . . . . d,<{.410 tt de<(IAD : ments et congruence d 'angles, les cas
iiu 11111, ln ••11" < CAi 11 < IA.D Nit e111p,at•ü. e'na~h,
~ ... d'égalité (on ne parle pas encore de
<D,'1••· « cas d ' isométrie ») des triang les,
l>t là f'b1ftut laeMtfill.... l IN CIHtNfflfl ......,t,INI
,...... .,.,c autrefo is théorè mes chez Euc lide,
4-••IAD)•.lL Ja••i\(AC)•.t.l
ce q1l iltta1e&N l'aHilitMI .. t.co.,...1e1 il•t II Mlil 1oetUon.
ax iomes chez Hilbert aujourd ' hui .
-....0.1 ..t.1e...1 • i.tp,.. i11W.,+M•• Pu ul ,t ....,Oftl
pu O Il ,-1111 41nlOrMdlu Ml M111. 4.-ltet 11 .&hipotw ,_ ..,.. Sui vra la définiti on des angles sup-
IMDII OA, OI.OC1 OA',Or, OC': <2', IC' 1C.l', AC 1L\', Âl'(h. 19)
rttp«frHllfltl ,. , a, 6, •1 If, .-, .,,l, f 1 a,•':•, 11'. D, !*nt o, plémentaires - aya nt même o mmet,
~ - 11"111111111\ttllot perpuikllalffl •/, M, a. 1..1 ,.,....dillllfliN . ,
r..tn 1,w ln "41111. IIIN.1\tll OA. CU' Il• u1tn .ipt . ....., d..._
pllN• ,.,,.u .....u par l.', l., 41 .... I• ,-,..&.i.t,- • •
un côté commun et les côtés di s-
tinct portés par une même droite - et,
Les angles chez Hilbert. du coup , celle de l' angle droit , « un
angle congruent à l 'un de ses supplé-
les di stances entre ses repères ne ments ». Hilbert en déduira l' ex istence
varie nt pas au cours du dépl acement , même de l'angle droit et le fait que
mai comment le vérifier si ce n'est à tous les angles droits soient congruents
l'aide d ' un autre corps rigide que l'on entre eux, ce qu 'Euc lide, lui , prenait
déplace aussi ? Il est donc nécessaire pour ax iome, le tout dans un ouvrage
d 'après lui d ' introduire e n que lque d' où les dess ins sont presque absents.
orte un nouveau règlement. Le mathé- Une nouvelle ère vient de s'ouvrir
matic ien allemand va al o rs proposer pour la géométrie : Hilbert a vrai ment
de nouveaux ax iomes, qui traduiront fo ndé une sc ience, celle qui permet
exactement les propriétés implicites de déduire en toute logique, à partir
des fi gures congruentes. d'ax iomes et non de dess ins ou d 'év i-
Tout va mieux en le disant ! Ainsi, pour dences , toute re lations entre les objets
définir l'angle, Hilbert commence par de cette sc ience.
définir la congruence de deux segments : É.B.
là où Euclide disait « les grandeurs

l9 T4n9ente Hors-série n°53. Les angles


par Alain Zalmanski EN BREF

le dictionnaire
des angles 1

Sous tous les angles


Le substantif « angle », is u du latin angulus, qui à
l'ori gine signifie « coin », est sans doute apparenté au Ils sont partout !
grec ankulos, « recourbé », ou ankon, « coude », et se
rattache ainsi aux dérivés de ank, qui exprime l'idée Saviez-vous qu'un peuple germanique
de courbure, comme dans ancre, angora , ou ankylose. issu du Schleswig , le Angles , aux traits
En français , le mot est d ' abord concret, dés ignant an doute marqués, est à l' origine du
un co in de rue ou de construction . Il dev ient abstra it nom « Angleterre » ?
ve rs 1370 avec des valeurs extensives (espace étroit , Pour continuer dans le champ de la
recoin) et donne lieu, au fil des siècles, à un grand géographie, Angles désigne une com-
nombre de syntag mes s'étendant de la géométrie mune de 2 500 habitants (appelé les
(angle droit en 1377, angle acut chez Rabelais) Anglais) en Vendée. On trouve une com-
à la plupart des vocabulaires techniques ou liés à mune dénommée Les Angles (peuplée
la construction . Le cinéma et la photographie ont de 8 300 habitants également appelés le
vu les derniers enrichi sements, avec grand-angle Anglais) dans le Gard . Dans la Vienne,
et angle de champ ( 1948). Le mot est entré dans le on trouve la commune de Angles-sur-
langage courant au milieu du siècle dernier, dans des i ' Anglin (moin de 400 habitants, eux
expressions courantes comme voir sous un certain au si appelés le Angloi ). Notez que
angle, sous l'angle de (au point de vue de), adoucir l' Anglin est une rivière. De même,
ou arrondir les angles (rendre les choses plus faciles). Angle est le nom d ' une rivière des
La pierre d'angle ou pierre angulaire est éga le- Alpe -de-Haute-Provence.
ment une expression courante : au sens propre , il Enfin, une autre commune portant le nom
s'ag it de la pierre de base d'une construction qui lui Les Angle se trouve dans les Pyrénées-
ass ure un soutènement. Par métaphore , e lle désigne Orientales. Ses 555 habitants sont appelés
une personne essentielle dans le fondement d ' une Angle in , Angloi ou parloi Angle encs.
doctrine , et peut même être étendue à des entités ou Ces quatre commune françai e tirent
personnes jouant un rôle incontournable. Par exemple: évidemment leur nom de la forme en coin
Tangente est la pie rre d ' angle de l'édition de pointu qu'elles avaient à l' origine.
vulgari sation mathé matique francophone.

Hors-série n°53. Les angles la


SAVOIRS par Gilles Cohen

Les multiples personnalités


de l'angle
La notion d'angle dans le plan euclidien a été, tout au long de
l'histoire des mathématiques, l'une des plus difficiles à définir
rigoureusement. Une des raisons, et non la moindre, est que
plusieurs personnalités se cachent derrière le m ême nom.

uand nous étion s sur les bancs Questions pour un champion

Q
d
de l'école, nous avo ns tou s
commencé à entendre parler
les à propos d ' un triang le .
La défi nition était souvent impréc ise,
mais était associée à une notation tou-
(de l'angle)

Question 1 : Que dites-vous des


ang les ABC et A13C' ? Qu'il s sont
égaux ? qu ' il s ont même mesure ?
jours très utilisée, de la forme ABC ou autre chose ?
même simplement B. Mai s cette nota- Question 2: L'ang le ABC est-il égal à
tion sous-entend à e lle seule un choix l'angle éBÀ ?
dans les multiples défi nitions que l'on Question 3 : L'ang le des droites (D)
peut faire d ' un angle. Pour preuve, et (~) e t-il éga l à l' angle ABC ? Est-
les réponses que vous apporterez aux il représenté en jaune ? en orange ?
questions suivantes, après avoir exami - autrement?
né la fi gure en regard. Chacune des répon es que vous ferez
induit une signifi cation profonde
quant à la nature de ce qu 'on appelle
« angle » . Et si on ne s'est pas posé la
question , on va culti ver une ambi guïté
qui peut prêter à conséquence dès lors
que l' interlocuteur n'est pas sur la
même longueur d 'ondes.

La première question peut s'exprimer


autrement : faites-vous une différence
e ntre un angle et sa mesure ? Et
d 'abord , à quel ensemble sa mesure
appartient-elle ?
c Soyons clair : la question n'est pa

Tangente Hors-série n°53. Les angles


de avoir si on utilise comme unité le Les choses sont différentes lorsque
degré, le grade ou le radi an (voir dans l'on travaille sur des droites. Ainsi,
le troisième do sier). Mais plutôt de pa ser de la droite (0 ) de la fi gure à
dire si la mesure varie dans l'ensemble la droite (L'i) nécess ite une rotation
IR des réels, dans un intervalle comme de l'angle jaune, tandis que passer de
[-1t; +1t [, ou si la mesure de l'angle (L'i) à (0 ) correspond à l' angle « com-
est une « classe d'équi valence » de plémentaire » représenté en orange.
tous les nombre qui ont même reste On rejoint ici la problématique de
dans une certaine division (par 1t ou la troisième question . Les angles de
21t, par exemple, i on prend le radian droite n'ont vraiment de sens que s' il s
pour unité). Mais une fo is ce choix ont orientés. La direction d ' une droite
fa it, reste la question de l' identification étant invariante dans une rotation de
d' un angle et de sa mesure. Cette iden- 180°, la mesure d ' un angle de droites
ti fication n'a pas beaucoup de sens si la pourra être représentée dans un inter-
mesure est prise dans IR (encore que ce valle de 180° (ou 1t radians).
oit acceptable i le valeur décrivent On note d 'ailleur parfois l' angle des
un intervalle convenable ment choisi). deux droites sous la forme (0 , L'i)
On verra qu 'elle dev ient très pertinente opposé, bien sûr, à 180 degrés près, à
si on lu i donne pour valeurs des cl asses l'angle (L'i, 0 ). Cette notation permet
d'équ ivalence, en particulier quand on de mettre en valeur une relation sur
travaille sur des angles orientés (voir les angles qui n'est pas sans rappeler
plus loin). la relation de Chasles sur les vecteurs :
Dè lor que l'on écrit que deux angles (0 , D') + (D', D") = (0 , D").
qui ne coïncident pas « géométrique-
ment » ont « égaux », on a pris Justement, dans le cas de la prise
l'option d ' identi fie r un angle et sa en compte de l'orientation des angles
mesure. L'es entiel est de s'en rendre dans un tri angle, on est dans un autre
compte . .. registre, celui de l' angle de vecteurs.
En effet, parler de l'angle orienté
Hngles de droites ou de uecteurs, ABC correspond à étudier l' angle que
orientés ou pas fo nt le vecteurs BA et OC. On note
d ' ailleurs souvent un tel angle orienté
La deuxième question porte sur le fait de vecteurs sous la forme (BA, OC).
d' orienter ou non un angle. Dans les Cette fo is, la mesure des angles est
problèmes liés aux triangles, I'orien- défini e à 360° près, ce qui amène
tation (ou non) des angles ne prête à identi fie r l' angle de vecteurs à un
en général pas à conséquence ur les nombre « modulo 360° » (en degrés)
rés ultats à établir. On constate simple- ou « modulo 2Jt » (en radians).
ment que la rotation qui permet de pas- Cette identification permet de dispo-
ser d' un côté à l'autre n'a pas le mê me ser d ' une structure algébrique simple
sen , ce qui , pour la mesure, implique lorsque l'on munit l'ensemble de la loi
un angle de valeur « opposée». Ne pas d 'addition : par exemple, la somme de
orienter les angles correspond donc à deux angles dont les valeurs sont les
en prendre la valeur absolue, ce qui cl asses de 235° et 145° (modulo 360°)
limite le va leurs à un interval le d 'am- est égale à la classe de 380°, c'est-à-
plitude 180° (ou 1t radi ans). dire celle de 20°.

Hors-série n°53. Les angles Tangent:e


SAVOIRS Les multiples personnalités ...

(voir dan s le do sier suivant) sont une


con éque nce de cette affi rmation. On
comprend vite a lor qu 'additio nner des
ang les, c'e t compo er le rotations
vecto rie lles assoc iées. L'artic le des
pages 40 e t sui vantes permet d 'entrer
dan le déta il. Mais o n pe ut tout de
uite comprendre qu ' il ex iste entre les
angles et les rotatio ns vec to rie lles d u
plan no n seule me nt une application
bijecti ve, ma is ce qu 'on appe lle e n
mathé matiques un « isomo rphisme »,
pui que l'opé ratio n somme est conser-
vée (en l'occurre nce e n c hangeant de
no m po ur devenir composition).
Les « jusqu ' au-bo uti te » pe uvent
mê me, s' il s le dés ire nt , ide ntifier
l' angle a à la rotatio n vecto rielle d ite
« d 'angle a » . Le mathé matic ie ns ne
s'en sont pas pri vés au xx< iècle (voi r
les artic les hi to rique dans to ut ce
numéro). Cette ide nti ficatio n s'appuie
e n partic ulie r sur une approc he trigo-
no mé trique : par la rotation d 'angle a ,
le vecteur de coordonnées ( 1 ; 0) dans
une base orth ono rmée se transforme en
vecteur de coordonnées (cos a, si n a).
Il ex iste d 'ai lle urs une faço n simple
de re présente r ce de rnie r vec te ur
da ns ce que l' o n appe lle le plan com-
plexe : c ' est le no mbre complexe
(de module 1) è 0 = cosa + i sin a
, EycMark · Fo1olia .com (voir le do s ier sui vant ). Multipl ier
Rotations du plan : un complexe x + i y par ei«, c ' est
le complexe de l'angle fa ire subir a u vecte ur de composantes
(x ; y) ... une rotatio n d 'angle a ! Via
Comme o n l'a constaté, la notio n l'applicatio n qui a ocie à l'angle a le
d 'ang le o rie nté de vec teurs amè ne très complexe ei«, l'additio n est transfor-
vite à fa ire réfé re nce aux rotatio ns. En mée e n multiplicatio n.
réalité, ce ne sont pas les rotatio ns du D ' où un no uvel isomorphisme : e nt re
plan qui sont e n cause, ma is les rota- les angles et les no mbre complexes
tio ns vecto rie lle , car ce qui compte, de module 1...
ce n 'est pa la pos itio n géograph ique
préc ise des points, ma is l'angle que G.C.
font e ntre e ux les vecteur as oc iés.
To us les théorè mes lié au parallé li me

Tangente Hors-série n°53. Les angles


par Bertrand Hauchecorne EN BREF

le dictionnaire
des angles 2
Les premiers didionnaires Les premières
en langue fran,aise définitions d'un angle
Fondée en 1635 par Ri chelieu, l' Académie La notion d'angle est difficile à définir. Lors
française est chargée d'élaborer un dictionnaire de l' apparition des premiers dictionnaires,
dont l'objectif est « d'établir des règles certaines à la toute fin du xvn• siècle, l' usage hésite
de la langue fra nçaise, de la rendre [ ...] non pour avoir si un angle est l'espace compris
seulement élégante, mais capable de traiter tous entre deux demi-droites, les deux demi-droite
les arts et toutes les sciences ». Il fa ut attendre elles-mêmes ou, pour certains, s' il ne jaillit
1694 pour voir aboutir ce projet. L'académicien pas ex-nihilo lorsque enfin ces deux droites se
Antoine Furetière, lassé de la lenteur de cette rencontrent. Pour La Furetière en 1690, « c'est
élaboration et mécontent de voir le peu d' intérêt l'inclination de deux lignes l'une vers l'autre,
de l' Académie pour le vocabulaire sc ientifique qui enfin se coupent &font l'angle au point de
et technique, déc ide de publier son propre dic- leur intersection ». Jacques Ozanam en 1691
tionnai re. Il est alors démi s par ses pairs et est plus préci (dictionnaire mathématique
doit le fa ire imprimer à l'étranger ; la parution oblige !), en définissant trois types d' angles.
n'aboutira qu 'en 1690 , deux ans après sa mort . « L'angle Plan est un espace indéfini terminé
L'année sui vante, Jacques Ozanam publie le par la rencontre de deux lignes qui se coupent
premier dictionnaire des tennes mathématiques sur un plan . Il peut être Rectiligne, Mixtiligne
en précisant : « Je me suis souvent étonné qu 'en & Curviligne. » Il ajoute : « L'angle rectiligne
un siècle aussi éclairé que celui-cy, ou les Arts & est celuy qui se f ait par l'intersection de deux
les Sciences semblent avoir receu leur dernière lignes droites . L'angle mixtiligne est celuy qui
perfection, on n 'aît point encore tenté de don- se fait par l'intersection d 'une ligne droite
ner un Dictionnaire, qui expliquât éxactement et d 'une ligne courbe. L'angle curviligne est
tous les Termes de Mathématiques, dont l'usage celuy qui se f ait par l'intersection de deux
est deven u si commun . » En réaction à Antoine lignes courbes. La pointe d 'un angle est le
Furetière, dont les di videndes profitent aux exilés point où se coupent les deux lignes qui le
protestants en Holl ande, les jésuites font paraître forment. » Pour le premier dictionnaire de
entre 1702 et 1771 le dictionnaire de Trévoux, l'Académie française en 1694, la définition
sans cesse remi s à jour, qui synthéti se les connais- se ré urne à : « Inclination de deux lignes qui
sances de l'époque. L'Encyclopédie de Diderot et aboutissent à un même point. » Puis , dans une
d' Alembert , dont la publication s'étale de 1751 édition ultérieure , l'angle e t la « rencontre de
à 1772, a pour but de recenser toutes les con- deux lignes qui se coupent ».
naissances. Sous l' impulsion de d' Alembert , elle Ce flou dans les définitions, ce hésita-
réserve une large pl ace aux sc iences et aux tech- tions et l'absence d' un consensus montrent
niques. Enfi n, Aimé-Henri Paulian est un jésuite à l'évidence que l'angle est loin d'être un
qui enseigne la phys ique à Aix et à Avignon . La concept géométrique qui se laisse ai ément
première édition de son dictionnaire de physique appréhender. La route sera encore longue
(dans une acception très large) voit le jour en pour clarifier le concept d'angle.
1758 ; elle connaîtra un grand succès.

Hors-série n°53. Les angles Tangente la


, EN BREF par Bertrand Hauchecorne

le dictionnaire
des angles 3
L'angle à la naissance Une question
des enc,clopédies d'ouverture d'esprit
Dans la seconde moitié du XVIII• siècle apparais- La dernière édition du dictionnaire de Trévoux ,
sent des ouvrages conséquents, qui s' inspirent de en 1771, propose la définition suivante :
leurs prédéces eurs mais affi nent les définitions de « ANGLE. . m. Terme de Géométrie. C 'e t
l' angle . On fai t appel à un terme nouveau pour l'inclinai on de deux ligne l'une vers l' autre ,
les introduire : ouverture. Le plus célèbre en est qui enfin se coupent en e rencontrant, et font
)'Encyclopédie de Diderot et d ' Alembert ; on doit l'angle au point de leur inter ection ; l' ouver-
à ce dernier (qui était mathématicien), en 1755 , ture que forment deux ligne ou deux plans
cette défi nition : « ANGLE , s. m. (Géom.) C'est qui se rencontrent. »
l' ouverture que forment deux lignes, ou deux
plans, ou troi plans qui se rencontrent : tel est Que dé igne dan l' e prit de auteur le
l'angle BAC (table de Géom. fig. 91) fo rmé par terme ouverture ? Définit-il la urface entre
les lignes AB , AC, qui se rencontrent au point A. les deux droites ? Il emble plutôt uggérer la
Les lignes AB , AC, sont appelées le jambes ou le notion de mesure. On voit déja en filigrane
côtés de l'angle ; et le point d ' intersection A en la notion d'angles égaux s' ils ont la même
est le sommet. » Dans le dictionnaire de physique ouverture. La distinction subtile entre l' angle
de Paulian, en 1766 , on lit : « On nomme Angle et sa mesure ne sera mathématiquement bien
)'ouverture de deux lignes qui se touchent en un différenciée qu ' au X.X• siècle.
point, et qui ne fo rment pas une même ligne. Les
deux lignes sont-elles droites ? l'angle sera
rectiligne ; les deux lignes sont-elles courbes ?
l'angle sera curviligne ; l'une des deux lignes est-
elle droite et )' autre courbe ? l'angle sera mixte. »

Et de nos jours 1
Dans les années 1960, on hésitait, si l' on en croît Gu tave Choquet
(voir Tangente 162) dans l'Enseignement de la géométrie , à définir
l'angle comme « un élément du groupe quotient des isométries posi-
tives du plan euclidien par le sous-groupe distingué des translations »
ou bien comme « la rotation autour de O qui amène A 1 sur A2 ».
Aprè la période des « math moderne », on définissait encore l'angle
à l'époque comme une orbite sous l'action du groupe des rotations vec-
torielles du plan euclidien sur l'ensemble des couples de demi-droites
vectorielles ! C'est plus rigoureux, certes, mais est-ce plus clair?

E!J Ta:ngente Hors-série n°53. Les angles


par Alain Zalmanski 1
EN BREF

Dans le triangle
Pendant très longtemps, le mot « angle » a La sœur in éparable de la géométrie est
désigné auss i bien ce que l'on appelle aujourd ' hui l'astronomie, comme on le verra largement
le secteur angulaire que sa mesure même. Les dans ce numéro. Aussi n'est-il pas éton-
définitions données actuellement réd uisent les ri s- nant que la science des astres consacre une
ques de confusion (la preuve dans ce numéro !). grande importance à la notion d ' angle (en
À tout seigneur tout honneur, commençon par la trois dimensions, l'angle sphérique est formé
géométrie, et notamment celle du . .. triangle (qui , par la rencontre des plans de deux grands
comme son nom l'indique, possède trois ang les) . cercles de la sphère). En particulier, l'angle
L'angle nul est éga l à 0°. L'angle droit vaut 90°. d'anomalie est utilisé pour repérer l'orbite
L'ang le plat quant à lui mesure 180°. L'angle d ' un objet céleste. Plus généralement, l' angle
obtus est compri e ntre 90° et 180° . li peut d ' anomalie est synonyme d ' anomalie excen-
être défi ni comme un angle dont le cos inus est trique : un point M quelconque sur une elJipse
strictement négatif. À l' inverse, l'angle aigu est d'équation cartésienne x2!a2 + y2/b2 - 1 0 =
inférieur à 90° et peut être dé fini comme un angle peut être parfaitement défini à l'aide d'une
dont le co inus e t strictement po itif. Un triangle représentation paramétrique faisant intervenir
dont tou les ang les sont aigus est acutangle. Un un angle unique</), appelé angle d'anomalie.
triangle dont un ang le e t obtus est. .. obtusangle. On procède ainsi , avec x et y les coordonnées
Un triangle obtusangle peut toujours être découpé =
de M : x a sin</) , y = b cos</).
en huit triangles acutangles isocèle . Saurez-vous
le démontrer ?

En géométrie plane évidemment


Angles alternes internes et alternes externes sont les appel-
lations usuelles des secteurs angulaires engendrés par deux
droites coupées par une sécante . Sur la figure, a et a'
(respectivement b et b') sont alternes internes. Les angles
c et c ' (respecti veme nt d et d') sont alternes externes.
Des angles dont la somme est de 90° sont complémentaires .
Des angles dont la somme est de 180° sont supplémentaires .
Des angles dont la différence est égale à 180° sont antisupplé-
rnentaires. Des angles opposés par le sommet ont le même som-
met et leurs côtés sont des demi-droites opposées deux à deux . ..__ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ ___.
En fa it , ce sont les ecteurs angulaires qui sont opposés par le sommet (a et d d ' une part , cet b d 'autre
part). On rencontre encore des express ions où figure le mot « angle » dans le sens de « secteur angu-
laire ». C'e t le cas pour angle saillant (compris entre 0° et 180°) et angle entrant (compris entre 180°
et 360°). Par convention, le plan e t orienté dan le ens trigonométrique (anti -horaire) et un angle peut
alors être de mesure positive ou négative selon le sen par lequel on passe du premier au econd vecteur
du repère. On parle alors d'angle orienté . Un angle curviligne dés igne un angle formé de lignes courbes.
Dans un cercle de centre 0 , on appelle angle au centre l'angle (Ox, Oy) formé par deux demi-droites
issues de O . Par ailleurs, l'angle (Ax, Ay) d ' un couple de demi-droites issues de A e t inscrit dans un
cercle de centre O si A appartient au cercle et si chaque demi -droite coupe le cercle en un point distinct
de A (ou est tangente en A au cerc le).

Hors-série n°53. Les angles Tangente El


HISTOIRES par Jean-Paul Guichard

l'angle,
un concept ambiualent
Qu'est-ce qu'un angle ? Une ouverture, une inclinaison, ou
bien l'intersection de deux demi-plans, la réunion de deux
demi-droites ? Veut-on y voir une grandeur ou un objet
géométrique? Au-delà de la diversité des définitions , statiques
ou dynamiques, c'est cette ambivalence grandeur/ objet qui
est la plus problématique.

L
'Encyc lopédie de Diderot et amène naturellement à quantifier cette
d ' Alembert est un bon endroit ouverture au moyen d ' un arc de cercle
pour revenir aux sources d'une ayant pour centre le sommet de l'angle et
notion telle que l'angle : cela fai sait reliant les deux côtés de l'angle, cet arc
partie du projet des auteurs. donnant à la fo is le moyen de comparer
La lecture de l' article « Angle » (voir les angles et d 'en trouver une mesure .
en encadré) présente la définition d ' une On peut en effet comparer les angles
grandeur, « l'ouverture » , et non d ' un par le rapport de leurs arcs à la circon-
objet géométrique, même si celui-c i férence du cercle tout entier. L'article uti-
est sous-jacent pui sque « l'angle est lise d 'ailleurs le même mot pour l'objet
l'ouverture que f orment deux lignes qui «arc » et pour sa longueur: ambi valence
se rencontrent » . Mais la suite de l'ar- grandeur / objet pour le vocable « arc »,
ticle définit ces deux ligne comme les comme pour « angle » , mais dont le con-
« côtés de l'angle » et leur point d ' inter- texte lève l' ambiguïté (ce qui est l'usage
section comme on « sommet » . Donc le dans les textes anciens et classiques pour
terme « angle » désigne à la fois un objet les grandeurs géométriques). La mesure
et une grandeur qui lui e t associée, son des arcs sert alors à la mesure des angles.
ouverture. Cette définition cinématique La lecture attenti ve de l'article montre
aussi que le terme « mesure » y est
utili sé à la place de « grandeur », con-
« La notion d'angle est fu sio n très fréquente aujourd ' hui où la
sans doute celle qui soulève notion de grandeur a quasiment di sparu
du paysage mathématique (même si
le plus de discussions et de difficultés
elle a été réhabi litée récemment dans
dans l'enseignement de la géométrie. » les programmes du collège). Or c'est
Gustave Choquet, 1964 la dé finition de l'angle en tant que

lfD TClngente Hors-série n°53. Les angles


grande ur qui pe rmet d 'opérer sur les
angles (de les compare r, de les ajo uter, En consultant
de les partager, et e nsuite de le mesurer
en choisissant un angle po ur unité). l'Encvclopédie
C'était autrefois la faço n classique de
parler des ang les et de leur mesure. Encyclopédie méthodique (1789), début de l'article
ANGLE : s. m. (Géom.). On appelle angle l'ouverture
que forment deux lignes qui se rencontrent : tel est
(Géom. Fig . 2, 3, 4) l' angle BAC, formé par les lignes
La défini tion de l'angle comme ouver- (BA), (CA), qui se rencontrent au point A.
ture, plus ou moins grande, permet d 'en On désigne ordinairement un angle par la simple lettre
faire d'emblée une grandeur, mais le placée à sa pointe ou sommet A, ou par trois lettres, et
chemin pour y parvenir n'est pas toujours alors celle du milieu répond au sommet.
aussi immédiat. La démarche d ' Alexis Un angle est appelé rectiligne lorsque ses côtés
Clai raut (voir le dossier qui lui est ou jambes BA , CA sont des lignes droites (fig . 2) ;
consacré dans Tangente 154, 201 3) dans
curviligne, lorsque ses jambes sont des ligne courbes
ses Éléments de Géométrie (174 1) est
(fig. 3) ; mixtiligne , lorsqu'une jambe est droite , et l'autre
intéressante pour éclairer le rôle de la
défi nition et des concepts en mathéma- courbe (fig. 4) .
tique . La notion d ' angle apparaît dans
son traité pour lever un obstacle à un M
problème d 'arpentage : comment repro-
~ // D
duire un triangle dont n'est accessible sur
le terrain que la mesure de deux côtés ?
La solution est de faire pencher [OF] A ~ --~ --- . Fig. 3.
Fig. 4.
c
sur [DE], côtés du triangle sur le dessin, E

comme penche [AB] sur [BC] , côtés cor-


respondants sur le terrain (voir la fig ure) .

un chapitre II Anales II
classique
Extrait du sommaire de Mathématiques,
classe de sixième (Hachette, 1958):
Chapitre 2. Angles.
l. Notion d'angle.
Il. Opérations sur les angles.
m. Mesure des angles.
IV. Opérations sur les mesures d'angles en degrés.

Élé111e11ts de Géométrie de Clairaut.

Hors-série n°53. Les angles Tangente lf!I


HISTOIRES L'angle, un concept ambivalent

Et Clairaut d 'ajouter :« Ou , pour s'ex- la longueur de cette corde qui va être


primer comme les Géomètres, on donne reportée au compas ou avec une corde
à l'angle FDE la même ouverture qu'à par le tracé d'un cercle. Pui , ce n'est
l'angle ABC. » Figure alors en marge, en que vingt pages plus tard que Clairaut
guise de définition: « Un angle est /'in- passe de la g randeur angle à sa mesure
clinaison d'une ligne sur une autre. » en montrant que le report direct d ' un
C'e t la définition 8 des Éléments angle sur un autre peut avoir des incon-
d'Euclide . Donc I' « inclinaison » est vénients. Il va donc falloir créer un
immédiatement ramenée à une « o uver- autre instrument , auquel il assigne un
ture », et rendue opérationnelle, pour cahier des charges précis : permettre
réaliser le dessin par l'utilisation d ' une de connaître la grandeur absolue des
fa usse équerre, « instrument tel que angles et Jeurs rapports. C'est J'analyse
abc, composé de deux règles qui puis- mathématique de la s ituation à partir
sent tourner autour de b ». C'est un de la notion d 'ouverture et la mise en
instrument qui existe toujours dans les relation avec Je problème analogue
magasins de bricolage et dont les pro- et déjà résolu pour les longueurs qui
fessionne ls se servent, en particulier va lui permettre de définir la mesure
menuisiers et charpentiers. L' utilisation des angles, et donc le principe des
d'une fausse équerre permet le report des deux instruments qu ' il décrira un peu
angles et donc la reproduction de figures. plus loin : le demi-cercle (d'un gra-
phomètre) sur le terrain d 'arpentage
pour mesurer les angles et le rappor-
teur pour tracer sur le papier les angles
dont les mesures ont été données par
le demi-cercle. Le nom même de rap-
porteur s'éclaire. On comprend mieux
a lors la ge nèse des notions mathéma-
tiques et de leurs propriétés dans cette
interaction entre problèmes de la vie à
résoudre et moyens effectifs pour les
Une fausse équerre permet de reporter des angles résoudre.
(blocage par écrou à ailettes).

Cet instrument montre clairement que


c'est la grandeur de l'ouverture entre
deux demi-droites de même sommet
que l'on prend et reporte , donc une
grandeur et pas un objet. Clairaut
donne, à la suite, une autre façon clas-
sique de reproduire un angle à J'aide
de cercles, donc réalisable avec une
corde sur Je terrain, o u à la règle et au
compas sur une fe uille. L'ouverture est L'instrument
matérialisée par un arc de cercle, et sa du géomètre :
grandeur par la corde de l'arc : c'est ~ - - - - - - - ~ le graphomètre.

El Tangente Hors-série n°53. Les angles


le paradoxe des anales
miXIIHanes
Les angles mixtilignes EBA et FBC sont égaux comme
uperposables. Si on leur ajoute l' angle mixtiligne ABF,
on devrait obtenir deux angles égaux : EBF angle curvi-
ligne et ABC angle rectiligne . Or ces deux angles ne sont
pas superposables !
Graphomètre à pinnules,
début du XIX• siècle.
A
Revenons à la défi nition euclidienne de
l'angle donnée par Clairaut en termes
d ' inclinaison. Si dans son traité elle F
est donnée dans un contexte où elle E
prend sens, et peut donc s' interpréter
fac ilement, dans les Éléments d 'Euclide
elle est posée a priori , ce qui a amené B c
mathématiciens et commentate urs de
l' Antiquité à se demander quelle était
la nature de l' angle . La référence étant
alors les catégories ari stoté liciennes de euclidien , les angles vont être com-
relation, de qualité et de quantité, le parés, partagés, ajoutés : il s sont donc
terme « inclinaiso n d ' une ligne sur une considérés comme des grande urs et
autre » définit l'angle plutôt comme re lèvent de la quantité. Tous ces ang les
une relation entre deux li gnes . Mais si sont en fa it rectilignes (leurs côtés sont
pour la définiti on 8 l' ang le relève de la des droites), même si Euclide ne le
relation, pour la dé finiti on 9 de l' angle précise pas toujours. Or dans la dé fi -
rectiligne il re lève plutôt de la qualité ; nition 8, les côtés de l' angle sont des
et pour les troi s définiti ons sui vantes lignes qui pe uvent être des courbes ,
c 'est mani fes tement de la quantité, pui sque la définition 9 préc ise la notio n
puisqu 'elles défini ssent l' angle droit d 'ang le rectiligne . De fait Euclide con-
à parti r de l'égalité de de ux angles sidère dans le li vre Ill des Éléments
adjacents (l' ang le obtus comme plus des ang les mi xti lignes entre un cercle
grand que l'angle droit , et l' angle aigu et une corde, ou ceux entre un cercle
comme plus petit que l' angle droit). et une tangente (les angles de con-
C'est pourquoi Proclus pense que l' an- tingence ou corniculaires). Mai s ces
gle chez Euclide participe des trois angles sont problématiques car co mme
catégorie (relation, quaJité et quantité). le prou ve Euclide dan s la proposition
En fait la nature de l'ang le va dé pen- 16 il s sont plu s grands ou plus petits
dre de ce que l'on en fait, et donc que tout angle rectiligne aigu, et on
cette tri valence e t pour lui recevable. ne pe ut donc plu comparer les ang les
Par la suite, dans les postulats 4 et entre eux , contrevenant ainsi à l' idée
5 , et dans les propositions du texte même de grande ur. Ce qui explique

Hors-série n°53. Les angles Tg.ngente ED


L'angle, un concept ambivalent

l' abandon par les géomètres grecs eux- d ' un angle, ou d'angles opposés par le
mêmes de la notion d 'angle mixtiligne , sommet ou d 'angles alternes internes .
qui se maintiendra cependant au fil des Donc tout le vocabulaire classique con-
sièc les, mais redéfi nie comme angle cernant les angles serait à modi fie r !
des tangentes aux courbes au sommet D' autre part l' angle de secteur a pour
de l'angle (voir encadré en page 23) . limite l'angle plein (mesurant 360°), ce
Pour un même objet, un cy lindre par qui interdit de parler de la somme des
exemple, on peut parler de sa hauteur, angle des polygones ayant plu de qua-
de son aire ou de son volume, et on tre côtés, alor que la notion cinéma-
distingue naturellement l'objet de la tique d'ouverture permet d 'envisager
grandeur de l'objet que l' on considère. des angles dépas ant le tour complet, et
Pour un angle géométrique les objets aus i de le orienter ; la même paire de
associés sont usuellement des paires de demi-droites peut alors représenter une
demi-droites de même origine à propos infi nité d' angles . On voit ici l' impor-
desque lles on veut parler uniquement tance que peuvent avoir les défi nitions
de leur ouverture (ou incl inaison ou et l' usage que l'on en fai t . ..
écartement) que l' on peut visualiser
par un petit arc de cercle. Et de fai t,
appeler angle la figure fo rmée par ces
deux demi-droi tes n'est pas un réel
problème dans la mesure où cette fig ure
représente bien cette ouverture, et n'est
destinée qu ' à cela : c'est donc une
représentation de l'angle que l'on pour-
rait aussi appeler un représentant de Une infinité d'angles pour une paire de
l' angle dans le langage des classes deux demi-droites.
d'équi valence. C 'est sur cette fi gure que
se réalise tout le travail géométrique
qui va faire de l' angle une grandeur, En ce qui concerne l'angle-grandeur,
et il est alors diffic ile de distinguer il est intéressant de remarquer que les
sans arrêt l' angle de sa représentation. appellations angle de demi-droites, angle
Néanmoin , dans un souci de clarifi- de droites, angle de vecteurs, angle de
cation, les années 1970- 1980 ont mis secteurs portent en elles l' angle-figure
en avant le terme de secteur angu- de la grandeur dont on parle. Mais com-
laire, défi ni comme une portion de ment se construisent les allers-retours
pl an , réservant celui d'angle à sa gran- figure- grandeur qui vont faire de l' angle
deur, évitant ai nsi la confusion entre une grandeur mesurable ?
angle-figure et angle-grandeur. Les arti-
cles « Angle » et « Secteur angulaire » La comparaison des anales
du Dictionnaire de mathématiques élé-
mentaires de Ste lla Baruk (Seuil , 1992) Dans ses Leçons de géométrie élémen-
prônent cette dé marche, aujourd ' hui taire (! . Géométrie plane, première édi-
abandonnée mais do nt on trouve tion, Armand Colin , 1898), ouvrage de
encore des traces dans des manuels référence pendant la première moitié
scolaire . En effet, on ne peut plus du XX< siècle, Jacques Hadamard , au
alors parler par exemple de bissectrice début du chapitre premier consacré aux

El Tangente Hors-série n°53. Les angles


angles, définit l'angle comme la figure d ' Euclide, l'égalité de angles n'est
formée par deux demi-droites issues du pas défi nie . Mais pour Euclide l'an-
même point , comme le fait d ' ailleurs gle est manifestement une grandeur :
David Hilbert dans les Principes fon- le postulat 4 demande que « tous les
damentaux de la géométrie (Gauthier- angles droits soient égaux », et le 5 que
Villars, 1900). Hadamard dit ensuite « si une droite coupant deux droites
que des angles sont égaux si en les fait des angles intérieurs et du même
« transportant » l'un sur l' autre on côté plus petits que deux droits, les
peut les faire « coïncider », ce qui est droites , indéfiniment prolongées, se
sa défi nition des figures égales. L' outil rencontrent du côté où sont les angles
adapté pour réali ser matérie llement plus petits que deux droits » . Si donc
cette superposition, sur le papier ou l' angle est une grandeur, il relève des
dans la vie professionne lle, est la fausse notions communes qui régissent les
équerre . Puis il défi nit deux angles opérations sur les grandeurs. Et la
adjacents et leur somme . Pour passer septième définit justement l'égalité :
de l'angle-figure à l' angle-grandeur, « Les choses qui s'ajustent les unes
il va falloi r comparer les angles pour aux autres sont égales entre elles »
dire qui est le plus grand ou le plus (traductions de Bernard Vitrac). C 'est
petit . Voici comment il décrit la tech- l' utilisation répétée de cette propriété
nique : pour comparer deux angles, on qui permet à Euclide de démontrer que
les « transporte» de façon qu ' ils aient si deux triangles ont leurs côtés respec-
même sommet 0 , un côté commun , et tive me nt égaux alors leurs angles
qu ' ils soient du même côté par rapport respectifs seront aussi égaux .
au côté commun. Pui on « tourne » Égalité et inégalité ont été défi nies sur
autour du point O à partir du côté les angles-fi gures, modulo des trans-
commun . Le premier côté rencontré ports d 'ouverture , permettant alors de
est celui de l' angle qui est dit plus comparer les angles-grandeurs.
petit que l'autre car il faut lui ajouter
un angle pour arriver au côté de l'autre Reprenons le texte d ' Hadamard : on
qui est dit plus grand que le premier. dit que deux angles sont adjacents
La manipul ation des deux angles qui lorsqu'ils ont même ommet, un côté
est décrite vise à comparer leur ouver- commun , et sont situés de part et d ' au-
ture : en tournant, on a balayé moins tre de ce côté commun. Lorsque deux
d'espace pour le pre mier angle que angles ÂOB et BOC sont adjacent ,
pour le second . Le transport conserve l'angle ÂOB est dit la somme des deux
l'ouverture des deux demi-droites ; la angles. Et il est affirmé que la omme
rotation d ' une des demi-droites, l' autre de plusieurs angles est indépendante
restant fixe, augmente ou diminue cette de l'ordre des parties . Hadamard ne
ouverture . dit rien lorsque les angles ne sont
pas adj acents, mais il doit considérer
Si pour la plupart des auteurs l' égalité comme év ident que dans ce cas-là on
des angles est défi nie par la super- les « transporte » de façon à ce qu ' il s
position de figures, les modalités de le soient. Ce qui défi nit la somme de
l'ex plication de l' inéga lité sont variées deux angles-grandeurs. C'est par cette
et parfo is peu cl aires du point de vue technique de la mise en adjacence de
de la grandeur. Si l'on regarde le texte trois angles égaux à ceux d ' un tri angle

Hors-série n°53. Les angles Tangente El


HISTOIRES L'angle, un concept ambivalent

qu 'a été dé mo ntré de plusie urs façons égales ; o n l'appe lle la « bissectrice »
(po ur celle d ' Euc lide, voir sa proposi- de l'ang le . C'est do nc de l'angle-figure
tio n 32 du li vre 1) le théorè me sur la do nt o n parle qua nd o n parle de bissec-
somme des ang les du tri angle que la trice d ' un ang le. Dans les a nnées 1970-
traditio n attribue aux pythagoric ie ns. 1980 , o n ne po uvait plus parle r de
Se lo n Eudè me de Rhodes (l 'v" sièc le bi ssectrice d ' un ang le : o n parla it
avant notre ère), le ur démo nstratio n unique me nt de bi ssectrice d ' un secteur.
éta it celle que no us fai sons le plu E n revenant aux Éléments d 'Euclide,
souvent aujourd ' hui e n traçant par un la constructio n effecti ve de la bissec-
sommet du triang le une parallè le au trice est do nnée par la pro pos itio n 9
côté o pposé. Et cette mi se en adj a- du li vre 1 (« Co upe r un ang le rectiligne
cence pe ut o utre passe r l'angle ple in , do nné e n de ux pa rtie égales ») . Et
comme le mo ntre la constructio n de la c'e t cette constructio n q ui pe rmet de
spirale d ' Arc himède . Ce qui pe rme t de parle r de la mo itié d ' un angle po ur
po uvoir parle r de la somme des ang les l'ang le-grande ur, et uniqueme nt po ur
de polygo nes ayant plus de quatre un ang le rectili gne comme le précise
côtés et de fa ire de l' an gle une vraie l'éno ncé, la constructio n de cette dro ite
gra nde ur mesurable. é ta nt imposs ible po ur les ang les
cornic ulaires (ce qui est dé montré dans
la propos itio n 16 du li vre III). Dans les
dé bats de I' Antiquité grecque sur la
nature des ang les , cette possibilité de
partager l' angle e n deux ang les égaux
a été un arg ume nt po ur les te nants de
l' an gle-quantité contre les parti sans de
l'ang le-qua lité.
Ce partage e n de ux ang les égau x peut
être ré ité ré autant de fo is que l' o n veut ,
do nnant a insi na i sance à un outil de
mesure de ang les fac ile à construire
et utili sé par le nav igateurs : la rose
des vents. Cette poss ibilité du partage à
La spirale d 'Archimède. l' infini , e n partic ulie r sous la fo rme de
la dic ho to mie, est l' une des caractéris-
tiques des grande urs géométriques .
E n ajo utant des angles égaux, o n
dé finit a ins i les multiples d ' un ang le, Si la bissectio n est fac ile à réaliser,
d 'où l'on déduit celle de sous-multiple. le partage de l' ang le e n tro is angles
Ma is comme nt partager un angle ? égaux nous confro nte à l' un des grands
problè mes de I' Antiquité, qui a traversé
Le panaue des angles to ute l'histo ire des mathématiques :
la Trisection de l 'ang le. L' impossibilité
Co ntinuo ns à lire le texte d ' Hadamard : d 'en trou ver une constructio n à la
à l' inté rie ur de to ut an g le, il ex iste une règle et au compas, en un no mbre fi ni
de mi -droite issue du somme t de l'angle d 'étapes, a conduit les mathé matic iens
qui « divise » cet ang le e n de ux parties g recs à in ve nte r une plura lité de

~ Tangente Hors-série n°53. Les angles


l'anale,
un oblat lndls1ensable
C'est en fait dans la Grèce antique, à l'époque de Thalès
(VI• siècle avant notre ère), qu 'apparaît dans la science
ionienne le terme d'angle (gônios) , emprunté au langage
courant où il désigne le coin formé par deux murs. La
tradition grecque attribue d'ailleurs à Thalès les premiers
énoncés mathématiques connus concernant des angles ,
À partir de l'angle de 60°, en le coupant énoncés que l'on ne retrouve dans aucune autre tradition :
en deux, puis l'angle de 30° derechef en égalité des angles à la base du triangle isocèle, égalité des
deux, et enfin l'angle de 15° en trois, on angles opposés par le sommet formés par l'intersection
peut graduer un quart de cercle. de deux droites, et le troisième cas d'égalité des triangles
(ceux ayant deux angles égaux et un côté égal).
Qu 'a permis cette désignation explicite d' un nouvel objet
mathématique ? Dans un premier temps, de comparer des
angles, et d'établir des propriétés, comme en témoignent
les énoncés attribués à Thalès, ce qui va permettre de
modéliser l'univers et en retour d'avoir une action sur lui .
C'est grâce au corpus mathématique construit à partir des
angles que les astronomes grecs vont pouvoir déterminer
les équinoxes et l' inclinaison de l'écliptique, ou encore la
circonférence de la Terre. Un certain nombre de propo-
sitions des Éléments d' Euclide concernant les angles y
sont à l' intention des astronomes. Petit à petit, l'angle va
devenir un objet indispensable dans la vie des homme .
L'article « Angle » de l' Encyclopédie se termine par un
nombre impressionnant de dénominations d'angles qui
Une rose des vents montrent l'usage de cette notion dans une pluralité de
(Traité de 11avigatio11 , disciplines : optique, fortification, navigation , astrono-
Jean-Baptiste Denoville, 1760). mie . .. et aussi en mathématiques !

techniques. Par exemple la spirale l'angle d' un triangle équilatéral. Mais il


d' Archimède , qui permet de partager reste encore à partager ce tiers d' angle
tout angle dans un rapport donné. La droit en deux , trois et cinq parties
trisection de l'angle n'est pas seulement égales, et là le problème se repose sans
un problème théorique, c'est aussi un détours possible .
problème pratique important dans la Avec ces problèmes de partage d'angles,
fa brication d' instruments de mesure des nous voici menés tout naturellement au
angles où il faut graduer en degrés un problème de leur mesure, ce qui est une
quart de cercle, un demi-cercle ou un tout autre histoire, qui sera contée dans le
cercle . Partager l'angle droit en trois dossier « Mesurer les angles » ...
angles égaux est fac ile en bissectant J.-P.G.

Hors-série n°53. Les angles Tangente EJ


EN BREF par Hervé Lehning

Quelques inégalités angulaires


Dans le plan o u l'espace usue l, si u et v sont deux vecteurs non nul s, l'ang le a= O(u, v) se ca lcule à
partir du produit scalaire < u , v >de uet vetde leurs normes Il u Il et Il v Il (c'est-à-dire que Il u 11 2 = < u , u> ).

Dans le plan usuel , le produit scalaire de deux vecteurs


V
u et v se définit à partir de la projection de l'un sur
l'autre: (u,v) = OMxOH
OM et OH étant comptés ' en mesure algébriqu e,
0 c'est-à-dire que le produit est négatif si ces vecteurs sont
en sens opposés.

De la re lation < u , v >=Il u 1111 v Il cos a, on déduit un calcul de l'angle a= e(u, v) utili sant la fo nction
arc cos inus : a= Arccos Il~;: ll~II. De faço n nature lle, d ans un espace vecto rie l muni d ' un prod uit

sca laire, on utili se cette égalité comme définition de l' angle entre deux vecteurs non nul s (voir l'article
sur une générali ation de la notion d 'angle en fin de numéro).
Considérons alors u, v et w troi vecteurs non nul s d ' un te l espace et a, fJ et y les angles entre respec-
ti vement u et v, v et w, w et u . Dans un artic le à paraître, Diego Castano, Vehbi Paksoy et Fuzhen Z hang
se sont intéressés aux inégalités entre un angle et la somme des deux autres, a insi que entre les sinu et
les cosinus de ces mêmes angles. Il s trou vent que a s. fJ + y , sin a s. sin fJ + sin y et cos a "2::. cos (fJ + y).
D ' une manière qui peut sembler étrange, ces résultats sont liés à des propriétés de la matrice de Gram
2

l
ll u ll ( u ,v) (u , w)]
2
G= (v, u) llvll (v,w) desvecteurs u,vet w.
(w, u) (w,v) llwll2

En notant Pla matrice du systè me (u , v, w) dans une base


orthonormale, G est égale au produit matriciel 1P P où 1P
est la transposée de P. On en déduit que son déterminant
est égal au carré de celui de P, donc est positif, ce qui , d'après
la définition des angles, équi vaut à l' inégalité sui va nte:

1 + 2cos a co fJ cos y "2::. cos 2 a + cos 2fJ + cos 2y.

Un petit calcul algébrique donne :


( 1 - co 2{3)( 1 - cos 2y) "2::. (cos a - co fJcos y)2, d 'où :

cosa "2::. co fJco y - JJ -cos 2 13J1 -cos 2 y


et donc cos a "2::. cos(fJ + y).

La déc roi ssa nce de la fon cti o n arc cos inu s impli q ue
a s. fJ + y. En appliquant la fo nction sinus, qui est crois-
sante, sin a :s; sin fJ + sin y.

Tcingente Hors-série n°53. Les angles


le théorème de l'angle Inscrit
les rotations et symétries,
des transformations qui tourn
Tous les tria
le b
EN BREF par Élisabeth Busser

Les angles alternes


internes sont égaux
Si le dro ites d 1 et d2 sont parallè les, les
deux angles marqués, A 1 et 8 1, du nom
évocateur d'alternes internes, o nt même
mesure (nous di rons « sont égaux »). Il
suffit, pour s'en convaincre, de remar-
quer que le milieu du segment [AB] est
centre de sy métrie de la fig ure. Cette
transformation permet d 'affi rmer que la
réciproque est également vraie : si les
« alternes internes » sont égaux, alors
les dro ites d 1 et d2 sont paral lèles . Pour
l' anecdote , on parle aussi, à pro pos des
opposés par le sommet aux angles A, et
8 1, d' angles alternes externes ; eux aussi
sont égaux si, et seule ment si, d 1 et d2
sont parallè les .

d,

Angles correspondants
et angles intérieurs
Si les droi tes d 1 et d2 sont paral lè les,
alors les ang les A 1 et 8 2 , dit correspon-
dants, sont égaux, et réciproquement.
Cela résulte de l' égalité des alternes
interne A 1 et 8 1 et de celle de 8 1 et 8 2 ,
opposés par le sommet. Si les dro ites d 1
et d 2 sont parallèles, les angles A2 et 8 1,
dits intérieurs , sont supplémentaires, et
réciproquement. En effet , d' après ce qui
précède : i\= 180°- }\ = 180°- ~ .

l:fl Tangente Hors-série n°53. Les angles


par Élisabeth Busser EN BREF

Les angles du triangle On retrouve ainsi, de


Quoi de plus simple, comme fi gure géométrique , sommet C , les trois
qu ' un triangle ? Euclide le savait déjà , lui qui l'a angles du triangle , dont
abondamment utilisé dans ses Éléments. C'est au la somme est égale à
Livre Ide son grand œuvre qu ' il énonce sa fameuse celle des angles adjacents
proposition XXXU : « les trois angles intérieurs BCA, ACE et ECO, soit
d 'un triangle sont égaux à deux droits. » Pour l'angle BCD, lui-même
démontrer ce résultat , il introduit dans la figure du égal à deux droits puis- Adrien-Marie Legendre
triangle la parallèle (CE) au côté [AB] du triangle , que les points B, C , D (1752- 1833).
ce qui permet en quelque sorte « d'aplatir » les sont alignés.
trois angle du triangle le long de la droite (BC). Cette démonstration utilise de manière évidente
E l'axiome des parallèles, autrement dit le cinquième
A
postulat : « Par un point passe une seule droite
parallèle à une droite donnée. » Mais, nous dit
Adrien-Marie Legendre, ôtons cet axiome et il
vient le théorème suivant : « S'il existe un seul
B C D triangle dont la somme des angles est égale à deux
Somme des angles d' un triangle. droits, alors cette somme est la même pour tous
Les angles ABC et ECO, correspondants car les triangles, et le cinquième postulat devient ...
déterminés par les parallèles (AB) et (CE) et la un théorème. » Dans le monde des géométries non
sécante (BC) , sont égaux. euclidiennes, d'où le cinquième postulat est absent, la
De même , les angles BAC et ACE, alternes internes somme de angle d'un triangle est tantôt inférieure
car défi nis par les parallè les précédente et la à deux droits (en géométrie hyperbolique), tantôt
sécante (AC), ont même valeur. supérieure à deux droits (en géométrie sphérique).

A
E La relation angulaire dans le
triangle (voir ci-dessus) a des
répercussions sur les angles
Le pavage impossible.

C
z]D
Somme des angles
d'un polygone convexe,
c'est-à-dire itués tout entiers
du même côté de l'un quel-
Le résultat précédent donne de manière
évidente l'angle au sommet des polygones
d' un polygone conque de leurs côtés. On peut réguliers : pour un polygone régulier à n
convexe. en effet faire de ce polygone côtés, l'angle au sommet est, en degrés, de
une « dissection » en triangles ayant deux à deux (n - 2) x 180° / n, soit (1 - 2/n) x 180°. Pour un
comme côté commun les diagonales du polygone, pentagone par exemple, l'angle au sommet est
comme sur la figure. Si le polygone possède n de 108°, qui n'est pas diviseur de 360°. Cette
côtés, ce découpage fabrique n - 2 triangles et la remarque signifie que l'on ne pourra jamais
somme de leurs angles est exactement celle des paver le plan, sans trou et sans chevauchement,
angles du polygone. C'est dire que les angles des en n' utilisant que des pentagones. D'ailleurs,
polygones à n côtés ont tous la même somme, n - 2 les seuls pavages réguliers possible , c'est-à-
fois deux droits, soit en degrés, (n - 2) x 180" : dire avec des polygones du même type, ont
pour chaque côté supplémentaire, on ajoute deux faits de triangles équilatéraux, de carrés ou
droits. C'est simple, non ? d'hexagones.

Hors-série n°53. Les angles Ta.ngente EJ


SAVOIRS par François Lavallou

le théorème
de l'angle inscrit
Droites et cercles sont les objets les plus courants rencontrés
en géométrie euclidienne. Si la notion d'angle inscrit est l'ou-
til fondamental pour résoudre les problèmes non linéaires
liés au cercle, c'est qu'elle permet, avec les notions associées
d'angle au centre et d'arc capable, de caractériser des points
cocycliques.
étant égale à un angle pl at, l'angle

C
ertaines propriétés de la géo-
métrie plane euclidienne sont extérieur BOÈ du triangle OAB , sup-
invariantes par similitudes, plémentaire de l'angle BO A, est tel
c'est-à-dire par translation, rotation, que BOÈ = 2 BAE. En considérant les
homothétie et symétrie. On notera triangles OBD et OED, on obtient de
ABC l'angle non orienté de som- même ÉÔè = 2 BDC et ÊOè = 2 EOC,
met A et on utilisera la notation allé- e~ess io~ont la différence donne
gée (AB, AC) = - (AC, AB) pour un BOE = 2 BDE. D'aprè ce qui précède,
angle orienté. On écrira ainsi, pour on vient de démontrer le théorème de
signifier que la somme de angle l'angle inscri~ BDÈ = BAE.
d ' un triangle quelconque ABC est Pour un arc BE donné, l'angle inscrit
égale à 1t, ABC + l3CÀ + OO = 1t BOE est indépendant du point D cou-
ou (AB, AC) + <Bê, BA) + rant sur le cercle ; .i.!_ est entièrement
(CA, CB ) =1t mod 2 1t. déterminé par l'arc BE. Pour un angle
A
a donné, Je lieu des points du plan qu i
les angles inscrits « voient » la corde [BE] so~'angle
a e t l' arc complémentaire BA E, avec
Soient un cercle (C) de ME = a . On parle alors d'arc capable
centre 0 , de rayon R et d 'angle a du couple de points (8 , E).
A un point courant de ce On appelle angle au centre l'angle
cercle. Pour tout point B défini par un arc de cercle et le centre
de ce cercle, le triangle O du cercle. De tout ce qui précède,
AOB est isocèle, et donc on déduit que l'angle au centre défi ni
BW = ÔBÀ. La somme par un arc de cercle est égal au double
des angles d'un triangle de l'angle inscrit défini par ce même

Tangente Hors-sene n°53. Les angles


EN GÉOMÉTRIE CLASSIQUE

arc. Comme deux po ints diamétra- Arc capable.


lement opposés défini ssent un angle
plat, l' ang le inscrit associé est donc un
angle droit. On retrou ve là un résultat
classique : un triangle est rectangle si, D
et eulement si, un de ses côtés est le
diamètre de son cercle circonscrit. li
est alors clair que deux que lconques
des triangles rectang les de la fi gure
sui va nte dé fini ssent quatre po ints cocy-
cliques (s itué sur un même cercle). D ' une façon plu général e, si
Pour être précis, les quatre po ints di s- ACB = ADB = a, alors les points (A, B,
tincts A, B, C, D ont cocycliques ou C, D) sont cocycliques puisqu ' il s appar-
ali gnés (dans certai nes confi gurati ons tiennent à l' arc capable d 'angle a des
particulières) si, et seulement si, (AD, po ints A et B. De même, si ACB = a
AC:)= (BD, BC) mod n. et ADB = n - a, les points C et D
appartiennent alors à des arcs capables
supplémentaires, et sont cocycliques
avec A et B. Ces configurations de base
apparaissent souvent et il faut savoir les
repérer. Une application en est montrée
en encadré avec la droite de Simson.
Cette fi gure illustre également une règle
souvent utilisée. Deux angles ayant
Jeurs côtés respectifs_12:rpend~ aires
sont égaux, comme CAO et CBD, ou
Configurations de base. supplémentai re, comme CAÈ et CBE.
En reprenant la première fi gure, on en
Dans Je plan complexe, où on note déduit que T EC = EAC, où TEC est
.:M.___. l'af~ du po int M , l' ang le ]'angle entre la tangente au cercle en E
(AC, A D) es t l'arg ume nt du et la corde [EC]. Ainsi, l' angle entre la
tangente et la corde est égal à l' angle
z -z
nombre complexe ~ , et donc inscrit défi ni par cette corde.
Zc- zA
Arg['o-ZA Zc-Ze ]=(Ac, AD) -(sc,Bo).
X On sait maintenant qu ' un arc, ou une
Zc -zA Z
o-Z 8
corde, détermine la valeur de l' ang le
Dire que quatre po ints (A, B, C, D) sont inscrit assoc ié. Peu importe la loca-
cocycl iques est donc équi va lent à dire lisation de cet arc, seule compte sa
longueur qui a pour express ion R x 8
que Arg [ Zo - ZA x Zc -Z 8 ]=0modn, pour un angle au centre de valeur 8.
Zc - ZA Zo - zs Un arc de longueur L définit donc
c ' es t-à-dire que la quantité un angle inscrit de valeur L / D, où
D = 2R est le diamètre du cercle. Pour
Zo - ZA Zc - Za .
- - - x - - - est en fa it un no mbre d 'év identes rai ons de sy métrie, la
Zc - ZA Zo -Zs
médi atri ce d ' une corde coupe l'arc
réel. assoc ié en son milieu.

Hors-5ene n 53. Les angles Tangente


SAVOIRS Le théoreme de l'angle inscrit

Sur la fi gure précédente est tracé le


ladrohe cerc le circonscrit d ' un triang le ABC.
deSlmson Les médiatrices des côtés de ce tri angle
Soient un triangle s' interceptent bien sûr au centre O du
ABC, un point M ~c l~c irco~crit et coupent les arcs
extérieur à ce BC, C A et AB en leur milieu, respec-
triang le, et P, Q , ti vement les points A', B' et C' . On
R les projetés en déduit l' égalité des angles MA' et

o r t ho go n a u x
A:AC, puisque ces angles inscrits dans
le cerc le circonscrit interceptent des
respectifs de M
arcs de même longueur. Autrement
sur les côtés du dit, la droite (AA ' ) est la bissectrice de
triangle. l' ang le au sommet A du tri angle ABC.
En repérant les configura- Il en est de même pour les droites
tions de base à J' aide des triangles rectang les de la ( 88 ') et (CC'), dont l' inter ecti on
figure, on en conclut que les points P, Q, M , C d ' une détermine le centre I du cercle inscrit
part et P, M, R, B d 'autre part ont cocycliques. On en du triang le ABC.
déduit les deux égal ités angulaires (PM, PQ) = (CM, CA)
La symétrie est une isométrie, c ' est-à-
et <PM, PR) = (BM, BA). dire une transformation qui conserve
Pour étudier les conditions d ' alignement de pro- les longueurs. Les angles non orientés
jetés P, Q et R, calculons (PR, PQ). On trouve sont conservés, mais les angles orien-
(PR, PQ) = (PM, PQ) - (PM, PR), c'est-à-dire : tés sont inversés, car une sy métrie
<PR. PQ) = (CM, CA) - (BM, BA). inverse l'orientation.
Puisque (CM, CA) = (BM, BA) est la condition de cocy-
cl icité des point (A, B, C , M), une condition nécessai re Considérons, avec la fig ure page
ci-contre, l'orthocentre d ' un triangle
et suffisan te pour que les points (P, Q, R) soient aJjgnés
ABC, po int d ' intersection des hau-
est que le pojnt M appartienne au cercle c ircon crit du
teurs. Qui dit hauteur, dit perpendi-
triangle ABC.
cul arité, situation propice pour une
Cette droite est la droite de Simson du point M relative- configuration de base. Le po ints (P,
ment au triangle ABC. Q , A, H) sont cocycliques et on a
PAQ + PHQ = n. Par oppo ition,
o n a PHQ= BHC et par symétri e
BWC = BOC, donc PHQ = BWC, où
H ' est le symétrique de l'orthocentre
par rapport au côté [BC] . Pui sque
PAQ = BAC, on a BAè + BWC = n,
ce qui nous permet de concl ure à la
cocyclic ité des po ints (A, B, C, H ' ).
Le ymétr ique de l' orthocentre d ' un
triangle ABC par rapport à un des
côtés appartient au cercle circonscrit.
A' Cec i signi fie que les sy métries du cercle
circonscrit par rapport aux côtés de
Centre du cercle inscrit. so n triangle générateur s' interceptent

Tangente Hors-serie n°53 Les angles


EN GÉOMÉTRIE CLASSIQUE

lltrlllllll . . . .
On con idère un triangle ABC non rectangle d'orthocentre H,
et on note A', B' et C' le pieds de hauteurs i sues respec-
tivement de sommets A, B et C du triangle. On appelle
triangle orthique le triangle A'B'C'.
Le symétrique de l'orthocentre par rapport à un côté
du triangle appartient au cercle circonscrit du triangle.
L'orthocentre e t donc le point d'intersection des sy-
métriques du cercle circonscrit par rapport à chacun
des côté .
En considérant les configuration de base (BC'HA'),
(A'HB'C) et (BC'B'C), on obtient re pectivement les égali-
tés angulaire C'BÎI = C'A'Ïî; IÎA'8'° = HCB' et C'ÏIB'" = C'CB'.
Puisque C'BH = C'ÏIB'"et HCB' = C'CB', on a C'A'Ïi" = IÎA'B'°: la hauteur (AA') est la bissectrice
de l'angle C'A'B'. Le hauteurs du triangle ABC sont donc les bi sectrice de son triangle orthique.
L'orthocentre d'un triangle e t le centre du cercle inscrit de son triangle orthique !

en l'orthocentre. De la défi ni tion de cocyclicité la notion d 'ang le in crit e t


l'orthocentre, on déduit que lques pro- incontournable.
priétés du triangle orthique (voi r en
encadré). Pour fi nir, utili sons cet outil fo ndamen-
tal pour la résolution de problè mes liés
Un quadrilatère i\ trois diagonales au cerc le en con trui ant un autre outil
indi spe n able: la puissance d ' un po int
Si on considère quatre droites dis- par ra pport à un cercle, intimement lié
ti nctes du plan, e lles se coupent en à l' inversion. D' un po int M extérieur
( ~ )· 6 po ints, certa in s po uvant e à un cercle de rayon R, traço ns le
promener à l'infi ni i des côtés sont cordes [AB] et [CD]. Les ang les ABè
parallèles. Il est alors nature l, pour et AOC sont égaux comme ang les
un adepte de la symétrie, d 'ajouter in crits interceptant le même arc, et
à un quadrilatère les deux sommets par conséquence les tri angles
qu i lui manquent, à savoir les po ints MBC et MAD, ayant l'ang le
Orthocentre.
d ' intersection des côté opposés. On AMC en commun , o nt
parle alor de quadrilatère complet, emblable . De la pro-
qui possède troi diagonale (!). Cette po rti o nn alité de le urs
structure élémentai re pré ente de nom- côtés..?.....2_n t~ la relation
breuses propriétés. On en donne un MA.MB = MC .MD ,
exemple en encadré avec le po int de indé pe nda nte de
Mi quel. dont on a établi une démons- la corde c ho isie,
tra tion économique en utilisant les et e ncore valide
résultats de la dro ite de Simson. Ce pour un po int inté-
ty pe de problème illustre parfaitement rieur E. Cette quantité
le fa it que dès qu ' il est question de a lgébrique est la puis- H'

Hors-sene n 53. les angles Tangente


SAVOIRS Le théoreme de l'angle inscrit

ln 111nt encerclé
Soit le quadrilatère complet ABCDEF. Cette structure dé-
tennine quatre triangles, que nous noterons 8 1 = ABC,
8 2 =BDE. 8 3 =AEF et 8 4 =CDF. On no-
tera logiquement (C 1), (C 2), (C 3) et (C4 ) le
cercle circonscrits de triangles respectif
8 1, 8 2, 8 3 et 8 4 •
Considérons le cercle (C 1) et (C 2). On
montre que puisque (DF) et (CA) ne
ont pas parallèle , par construction, ces
cercles ne ont pas tangents. Ils ont donc
en commun le point B et un econd point,
qui est dé igné par M. Soient M 1, M 2, M 3 et M4 les
projeté du point M sur les côtés du quadrilatère complet.
On va utili er ystématiquement le théorème de Simson démontré en encadré. Pui que M appartient
à (C.), les points M 2, M 3 et M 4 sont alignés. De même, en considérant le cercle (C 2), les points M 1,
M3 et M4 ont alignés. On en déduit que le point M 1, M 1 , M 3 et M4 sont aligné , et en particulier
le triplets (M 1, M1• M4) et (M 1, M 2, M3), ce qui ignifie, par réciproque du théorème de Sim on,
que le point M appartient au i aux cercles (C 3) et (C4). Le cercle circon crits de triangle d'un
quadrilatère complet concourent en un point M, appelé point de Miquel.

sance P(M) du point M par rapport l'extéri eur du cercle, nulle sur le
au cercle. Pour la corde particulière cercle, et négati ve à l'intérieur.
qui passe par le centre O du cercle, Muni s de l'outil angle inscrit et de
on a P{M)=MP.MQ=OM 2 -R 2 . En ses puissants coroll aires, plus aucun
notant T un point de contact de la problème de géométrie du cerc le ne
tangente issu de M, on obtient le cas pourra vous résister.
limite P(M) =OT2. La pui ance carac-
térise la pos ition d' un point par rapport F.L.
à un cercle.
Elle est
Puissance p os i - RÉFÉRENCES :
du point M. tive • Le triangle. Bibliothèque
à Tangente 24, POLE, 2005 .
• Le cercle. Bibliothèque
Tangente 36, POLE, 2009.
• Les invariants. Bibliothèque
Tangente 47, POLE, 2013.
• « Les systèmes de coordonnées».
Dossier dans Tangente 157,
2014.

Tangente Hors-serie n 53 Les angles


par Karine Brodsky EN BREF

les angles opposés par le sommet


Deux angles opposés par le sommet sont deux
angles qui ont le même sommet et dont les côtés
de l' un sont les prolongements des côtés de
l'autre. On obtient de tels angles dès que l'on a
deux droites sécantes.

Les angles en jaune sont


opposés par le sommet.
Avec les notations de la fi gure ci-dessus, la somme
des mesures des angles adjacents BOÀ et AOC est
égale à 180° (angle plat) puisque les points B, 0 ,
C, appartenant à la même droite, sont alignés ;
ces angles sont dits supplémentaires. De manière
analogue, AOC et éoD ont supplémentaires. Par
Une propriété essentielle concernant des angles différence, (BOA + AOC) - (AOC + éoD) = 0,
opposés par le sommet est qu ' ils ont même d'où BOA = éoD. Cette démonstration utili se
mesure. Pour démontrer cette propriété, on peut elle aussi une propriété non démontrée (si deux
fa ire appel à des arguments de sy métrie: l' un des angles qui ont un côté en commun ont leurs autres
deux angle est en effet le symétrique de l'autre côtés dans le prolongement l'un de l'a utre, ils
dans la sy métrie de centre le sommet commun ; forment ensemble un angle plat), mais qu ' il est
or toute symétrie centrale conserve le mesures intuitivement beaucoup plus facile d'admettre que
d'angles. Cette façon de procéder, qui s'appuie la conservation des mesures des angles dans une
en fait sur les invariants des isométries, peut isométrie.
donner l'impression de renvoyer la preuve vers
des principes plus abstraits,
et difficiles à justifier en
collège (on peut cependant
les admettre). Peut-
on démontrer plus
« intuitivement » la
propriété?
SAVOIRS par D. Justens et G. Cohen

les rotations et symétries


Des transformations qui tournent bien
Entre angle orienté et rotation du plan euclidien, il n 'y a qu'un
pas que cet article s'empresse de franchir. Les rotations y sont
examinées ... sous tous les angles, y compris à l'aide d'autres
transformations du plan, comme les symétries, qui ont avec
elles des relations ... intimes.

e plan affine euclidien est un ti sé comme plus haut par le retourne-

L ensemble de points muni de la


métrique classique. Il peut être
vu naïvement comme une feuille de
ment physique de la feuille de papier.
Parmi ces transformations, les symé-
tries axiales (ou symétries orthogo-
papier. nales) ont particulièrement intéres-
Une transformation du plan est une sante : elles permettent, comme on le
bijection du plan dan lui-mê me : verra, de reconstruire toutes le isomé-
tout point du plan possède une image tries et de découvrir leurs propriétés.
unique, et c'est lui-même l' image d ' un
seul point. Il est intéressant de classer Quand on déplace la feuille de papier...
ces transformation . On s' intéres era
ici aux isométries qui , par définition , Pour classer le déplacement du plan,
conservent à la fois le distances et les on peut étudier leurs po ints fixes.
angles, mais pa forcément l'orienta- Certains n'en ont aucun. C'est le cas
tion. des translations, qui se concrétisent
Parmi elles, les déplacements, au sens par un glissement de la feuille selon
mathématique du terme, conservent une direction et une certaine distance,
les distances et les angles orientés. On caractérisées par un vecteur. Dans un
peut les concrétiser par le déplacement repère cartésien, une translation selon
phy ique de la feuille de papier sur le vecteur orienté U de composantes
laquelle sont représentés les objets (u,, u2 ) transforme tout point P, du pl an
mathématiques sur lesquels on rai - de coordonnées (x ,, y 1) en un point P',
sonne, ans torsion ni déformation . de coordonnées (x + u,, y+ u2) . Cela
Les antidéplacements, qui consistent exprime que le vecteur est égal à U.
en manœuvres de retournements Mais si on considère un deu xième
du plan, sont aussi des isométrie . point P2 et son image P' 2, un calcul
Là encore, on peut donner au terme simple montre que le vecteur Pl, se
retournement son sens usuel , concré- transforme en un vecteur P' l '2 ég~I à

Tangente Hors-série n°53. Les angles


rn:r:r::1;
Les relations entre les composantes (x, y) d'un vecteur V et celles, (x', y'), de son image V' par la

r~fixn n&mci eUe:

La matrice de rotation M8 ainsi obtenue a la propriété d'être orthogonale : elle est inversible (ce qui
correspond à une rotation d'angle - 9) et son inverse est égale à sa transposée, ce qui se vérifie en
sachant que cos(-9) = cos9 et que in(-9) =- sin 9. On peut procéder à deux rotations successives
de même centre et d'angles 91 et 92 et constater que leur composée respecte exactement la règle de
multiplication matricielle :
cose, -sine,)( cose 2 -sine 2 ]·( cose,cos0 2 -sin0,sin0 2 -cos0 1 sin0 2 -sine 1 cos0 2 l·
( sine 1 cose, sin0 2 cos0 2 sin6,cose 2 +cose 1 sin0 2 cos0 1 cos0 2 -sine 1 sine 2

On recoMaît dans la matrice de droite les cosinus et sinus de l'angle somme 9 1 + 92•
On a donc M81M82 • M8,+e2 •

Pl 2• Ainsi, une translation induit sur Si on fixe l'origine du ystème de


l'ensemble des vecteur du plan un coordonnée s au centre C de la rotation,
endomorphisme associé qui n'est autre l' image de P, de coordonnée s (x, y) par
que l' identité ! la rotation de centre C et d 'angle 8 sera
Réci proq uement, il est assez simple de le po int P', de coordonnée s (x', y'), où
montrer que si une transforma tio n est le relations qui re lient les coordo n-
associée à l'applicatio n identique sur nées sont :
l'ensemble des vecteurs du plan, alors
c'est une translatio n. x' =X COS 8 - y Sin 8,
y' =X Sin 8 + y COS 8.
D'autres dépl acements ont exactement
un po int fixe: c 'est le cas des rotations. Ma is ce qui est beaucoup plus inté-
Pour aller à la découverte des objets ressant, car cela ne dépend pas de
« rotation », il convient de défi nir l'origine, est ce que devient un vec-
(arbi traire ment) un sens positif de rota- teur V = P 1P2 ap~ès cette rotation. En
tion, qu i est, par simple convention , posant V '= P\ P '2, où P' 1 est l'image
celui de la trigonométrie et qui cor- de P 1, P' 2 l' image de P2 , on remarque
respond au sens inverse des aiguilles que les coordonnée s (v' 1, v' 2) de V '
d ' une montre (caractérisa nt un sys- s'ex priment en fo nctio n de (v 1, v2),
tème tournant « à gauche » ). Se lon coordonnée s de V, à l'aide de mêmes
le dictionnaire , une rotation dans le re lations.
plan consi te en une transforma tion Matric ie llement ( voir encadré), cela
qui fai t « tourner » les figures autour s'écrit : V ' = M 0 V. On dira que l'en-
d 'un point selon un certain angle. domorphisme assoc ié à une rotation
Diffici le d'être plu s auto-référe nt.. . du plan d 'angle 8 est la rotati on vecto-
He ureuseme nt, les mathé matique rielle d 'angle e.
apportent plus de rigueur !

Hors-série n°53. Les angles Tcingen te


SAVOIRS Les rotations et symétries ...

Réc iproquement, si un déplacement d ' une rotation d ' ang le 8 et d ' une tra n -
admet un po int fixe C, c ' est une rota- lation de vecteur Y. L' endomorphi sme
tion de centre C. En effet, considérons de l'e pace vectorie l associé sera donc
alors l' image A ' d ' un point A autre le composé d ' une rotation vectorie lle
que C. d 'angle 8 et de l' identité. La composée
So it a = ACA '. Alors, pour tout po int est donc une rotation d ' ang le 8.
P, la conservation de l'angle orienté
ACQ et la conservation de la distance On peut construire géométriquement
CQ permettent de pos itionner le po int le centre de n' importe quelle rotation.
Q ' comme image de Q par la rotation Il suffi t par exemple de connaître la
de centre C et d 'ang le a. position initiale et l' image de deux
On peut enfi n vérifier que si une trans- po ints distincts. So ient A, B et A', B'
fo rmation du plan affi ne est associée les deux points et leurs images respec-
à la rotatio n du plan vectorie l d 'angle ti ves. On sait que la rotation conserve
a (di ffé rent de 0), c'e t une rotation les di stances : la di stance AB est égale,
d 'angle a, dont on peut sans diffic ulté par hypothè e, à la distance A' B '. Le
déterminer le centre (voir plus lo in), centre de la rotation se trouve à l'in-
qui est le seul po int invariant de la ter ection C des médiatrices des seg-
transformatio n. ments [AA'] et [BB '], et l' amplitude
On en déduit qu ' il n'ex iste que deux de la rotation est donnée par l'angle
types de déplacements dans le plan : ACA' , identique à l'angle BCB '.
les translations et les rotations. En A'
effet, un déplacement qui a plus d ' un
point fi xe laisse in variants tous les
po ints du pl an (c ' e t la con équence
de la conservation des distances et des
angles orientés). C ' est l' identité, seul
déplaceme nt à être à la fo is une tra ns-
A
latio n (de vecteur nul) et une rotation
(d 'ang le nul).

Composée de déplacements

li est év ident que la composée d ' un Voyons comment se comportent les


nombre que lconque de déplacements composées de rotations de centres di f-
do it être un dépl aceme nt, les lo n- fé rents. La composée de la rotation de
gueurs et ang les étant systématique- centre A et d ' ang le a et de la rotation
ment conservés. Pour examiner les de centre B et d 'ang le p est, d 'après ce
di ffé rents cas, o n va s'appuyer sur les que l' on a vu précédemment, a_ssociée
endomorphi smes associés aux dépla- à la composée des rotations vecto-
cements que l'on compose. rielles d 'angles a et d ' angle p, soit à
La composée de deux translati ons de la rotation vectorielle d 'angle a + p. Si
vecteurs V et V' est la translati on de a+ p =0 (ou 2n), on a affa ire à l'iden-
vecteur V + V ', cela ne pose pas de tité, et la composée des deux rotations
problè me. est donc une translation. Dans tous les
Examino ns ma intenant la composée autres cas, c'est une rotation d 'angle

Tcingent:e Hors-série n°53. Les angles


a + p, do nt il suffira de c he rcher le
po int invariant pour trou ver le centre.
Retournemem d'image
On peut évide mme nt généraliser ce Dans le plan, la composée de deux symétries d'axes
résultat e n actant que la composée de perpendiculaires est la « symétrie point » par rap-
n rotations e t une rotatio n, sauf dans port à leur intersection, c'est-à-dire tout simple-
le cas o ù la o mme des ang les est un ment la rotation de 180°.
multiple de 21t. Dans l'espace, c'est la même chose si vous considé-
rez la composée de deux symétries-plans dont les
Quand on retourne la feuille de papier plans sont perpendiculaires ; vous trouverez une ro-
tation de 180° par rapport à leur droite d'intersec-
Les antidéplaceme nts, quant à e ux, tion. Si cette droite d'intersection est horizontale, la
consiste nt à reto urne r la fe uille de composition des transformations inverse le haut et
papie r initiale, sans rie n c hanger des le bas.
di stances entre les po ints. Le sens de En voici l'application issue d'une récente exposition
angles, o n l'aura compris, s' inverse. du Mathematikum de Giesse : le miroir qui inverse
Le plu s connu des antidéplaceme nts du le haut et le bas !
pl an est la symétrie o rthogonale . E lle
est entièreme nt défini e par une droite
0 , e nsemble des po ints in varia nts, qui
jo uera le rô le d 'axe de symétrie e ntre
tout po int et son transform é, ce qui
explique qu ' une te lle tran formatio n
e t aussi appe lée symétrie axiale.

Compte tenu de la condition d ' inver-


sio n des ang les qui , appliquée deux
fo is, se ramè ne à la conservation de
l' orientatio n, o n voit que la compo-
sition de deux antidéplace me nt est
un dé place me nt. On e n déduit que la
composée de deux symétries ax iales sée de deu x symé tries o rthogona les
est une rotatio n ou une translatio n. d 'axes parallè les pe rpe ndic ulaires à la
directio n de la trans latio n.
Il e xi te une présentatio n pure me nt
..P'
·~
géométrique de cette ana lyse, qui .. ··
mo ntre que l'on pe ut ex prime r to ute
rotation par la composée de de ux symé-

.. ······
tries ax ia les dont les axes concourent
au centre de la rotatio n et do nt ('ang le
est égal à la mo itié de l' angle de rota-
tion. Cette propriété est illustrée sur la \ P"
·········- ~
fig ure c i-contre : la compo ée de deux 2a
a ....
sy métries o rthogona le d 'axes fo rmant
un angle a se traduit par une rotatio n
d ' ang le 2a. On peut éga le me nt repré- .... ··P
senter to ute trans latio n par la compo-

Hors-série n°53. Les angles Tcin9ent:e


1

SAVOIRS Les rotations et symétries ...

Ce qui apparaît, c'e t que ces décom- symétrie ax iale d 'axe D est trè fac ile
pos itions ne sont pas uniques : dans le à définir : tout vecteur s 'écrit ous
cas d ' une rotation, toute pa ire d 'axes fo rme d ' une somme de deux com-
concourant en C et d 'ang le Cl fait l'af- posantes, l' une parallèle à D, l'autre
faire. Cette remarque permet de retrou- orthogonale. La première composante
ver le résultat ex primé plus haut : est invariante par u, la deuxième se
la composée de deux rotations est transforme en son opposée.
une rotation. Lorsque l'on considère De plus, une étude portant sur les
deux rotations uccess ives de centres matrices orthogonales montre que les
di ffé rents, il suffit alors de cho isir antidépl acements sont fo rcément asso-
l'axe pa sant par le deu x centres pour c iés à un endomorphisme qui a les
chacune des rotations successives pour mêmes propriétés que u : il laisse
arri ver à la conclusion : les deux symé- invariants les vecteurs d ' une direction
trie orthogonales ide ntiques se com- et transforme en son opposé un vecteur
pensent, et il ne reste que deux symé- de la direction orthogonale.
tries à composer, ce qui donne une On en déduit que tout antidéplacement
rotation. Ceci est illustré par la fi gure est la composée d ' une symétrie ax iale
ci-dessous représentant une rotation d 'axe D et d ' une translation de vecteur
de centre C 1 d 'angle 2cx sui vie d ' une V. On peut être plus précis : la com-
rotation de centre C 2 d 'ang le 2 ~. La posée d ' une sy métrie d 'axe D et d ' une
compo ée est une rotation de centre C 3 tran slation de vecteur V orthogonal à
et d 'ang le 2cx + 2~. La réponse semble D est une symétrie d 'axe parallè le à O.
donc évidente : la composée de deux
rotations d 'angles respectifs 0 1 et 02 est Ainsi, en décomposant V selon ses
une rotation d ' ang le 0 1 + 02 , dont il faut composantes parallè le et orthogonale
maintenant déterminer le centre. à D, on montre qu ' un antidéplacement
peut être de deux fo rmes :
• s' il pos ède un point invariant , il
possède alors toute une droite D
invariante, et l'antidéplacement e t la
symétrie orthogonale d ' axe D ;
• sinon, ce sera la composée d ' une
symétrie selon une droite D et d ' une
translation de vecteur parallèle à D ;
P'=P'" on dit que c'est une symétrie glissée,
D étant l' unique droite « globalement
invariante » (chaque point de D est
envoyé sur un autre point de D) par
la transformation.

D.J. & G.C.

Si on rev ient à l' espace vectoriel asso-


cié, on peut compléter la cl ass ification
des antidéplacements. Tout d 'abord ,
l'endo morphi sme u assoc ié à une

TC1n9ent:e Hors-série n°53. Les angles


par Alain Zalmanski EN BREF

le dictionnaire
des angles 4 En construction mécanique, l'angle arrondi
désigne un raccordement progressif entre deux

En géométrie surfaces, avec une section en arc de cercle ; au


contraire, l'angle vif marque l' arête au point de la
dans l'espa,e rendre tranchante ou agressive. Les angles d'Euler
désignent des angles utilisés en mécanique quan-
La générali sation de la notion d' angle dans tique pour étudier en particulier le mouvement
le plan à celle dans l' espace porte le nom d ' un solide dont un point, 0, est fixe. On définit
d'angle solide. Étant donnés un point O et une ainsi les angles de nutation (0), de précession ('\jl)
sphère de centre 0 , on appelle angle solide et de rotation propre ( QJ ).
de sommet O le volume engendré par deux
demi-droites d' origine O qui rencontrent un z
z
domaine S de la sphère .
y

X
X

Dans le domaine de l'aérodynamique, l'angle d 'at-


taque ou angle d'incidence désigne l'angle décrit
par l'aile du planeur en fonction du vent relatif.
Plus généralement, c'est l'angle formé par la corde
de référence du profil d'une surface (typiquement
une aile) et le vecteur vitesse ; son examen est
particulièrement important dans les études des
éoliennes car il est en relation avec la portance et les
phénomènes de décrochage. L'angle de plané est
l'angle entre l'horizontale et la trajectoire dans l'air
d'un planeur. C'est un indicateur de perfonnance
du planeur : plus cet angle est faible, plus le planeur
La face jaune et la face bleue (dont l'intersection est capable de voler loin pour une perte d'altitude
est une arête du polyèdre) forment un angle donnée. L'angle de Mach est quant à lui utilisé
dièdre. La face jaune, la face rouge et la face en complément du cône de Mach dans l'étude
bleue (dont l'intersection est un sommet du du comportement d'un fluide autour d' un mobile
polyèdre) forment un angle trièdre. supersonique. En optique, l'angle d'incidence est
l' angle d'un rayon incident avec la nonnale à une
surface ; en mécanique ondulatoire, c'est l'angle
Un angle polyèdre est alors un angle solide entre la direction de propagation de l'onde inci-
dont une ection plane est un polygone. Un dente et la nonnale de l'interface considérée (angle
angle polyèdre à deux faces est un angle dièdre, d'incidence des rayons de soleil sur la Terre par
un angle polyèdre à trois faces est appelé angle exemple). L'angle de réfraction, en optique, acous-
trièdre. Dans un polyèdre régulier, le angles tique, et sismologie, est l'angle de déviation de
dièdres sont égaux entre eux (et de même, les l'onde lorsque sa vitesse change entre deux milieux
angles trièdre ont égaux entre eux). de densités ou impédances différentes.

Hors-série n°53. Les angles Ta.ngente ll!EI


JEUX ET PROBLÈMES par M. Brilleaud et G. Cohen

Tous les triangles


sont-ils équilatéraus 7
Un triangle quelconque peut-il toujours se projeter en un
triangle équilatéral? La réponse risque de surprendre! Évi-
demment, elle sera différente selon les contraintes que l'on
associe à la notion de projection ...

out part d ' une manipulation Tout d'abord, il fa ut indiquer par quoi

T proposée aux visiteurs du


Mathematikum de Giessen, ce
lieu quas i unique au monde qui per-
une projection (au sens le plus classique
du tenne) est défi nie dans l'espace. La
réponse fait intervenir deux éléments :
met depui s 2002 à se cent cinquante le plan P sur lequel on projette et la
mille visiteurs annuels de e confronter direction D de la projection (qui , bien
à des centaines d'ex périences mathé- sûr, ne doit pas être parallèle à P).
matiques, le plus sou vent originales.
Reprise dans Mathemanip, une expo- Dans un premier temps, on se limitera
sition itinérante qui fut récemment vi- à ce dernier cas. Pour répondre au pro-
sible au « Vaisseau » de Strasbourg, la blème, on peut alors admettre que le plan
manœuvre fait intervenir un mur pavé P est fi xé et que le po itionnement du
de triangles équilatéraux . Des tri angles triangle (et de son plan) dans l'espace est
métalliques de fo rmes diverses sont laissé à notre initiative. Le triangle métal-
mi s à la disposition des visiteurs, qui lique étant entre nos mai ns, les latitudes
doivent, en les positionnant convena- dont on dispose sont alors :
blement sous le fe u des projecteurs, 1) le choix de la direction D,
faire coïncider leur ombre avec l' un 2) le fait que le maillage (essentielle-
des triangles du maill age mural. ment sa taille) soit ou non imposé.

Mais est-il toujours poss ible de pro- Quand la taille du triangle équilatéral
jeter un triangle ABC quelconque sur n'est pas imposée
un plan de sorte que l' image soit un
triangle équilatéral ? Autrement dit, Lorsque les deux degrés de liberté
une même projection peut-elle trans- sont réuni , la réponse au problème
fo rmer les troi angles du triangle, est toujour « oui » ! On peut même
quelconques au départ, en trois angles construire très simplement l'une des
de 60°? faço ns de procéder.

Tangente Hors-série n°53. Les angles


EN GÉOMÉTRIE CLASSIQUE

Étape 1 : on « pose » le triangle ABC gueur du côté [BC] , 8 et C sont sur le


sur le plan P ; cerc le (f ) de centre A ' et de rayo n a.
Étape 2 : on construit A ' sur le pl an P Pour c hacune des pos ition s poss ibl es
te l que le triang le A ' BC soit du seg me nt [BC] , le po int A est situé
équilatéral ; sur le cercle, et plu s préc iséme nt
Étape 3 : on opère une rotation que l- dans le pl an perpe ndi cul aire à (BC),
conque (no n identique) de A de centre la proj ecti o n H de A sur
autour de la droite (BC) ; (BC) et de ra yo n h (l o ng ue ur AH de
Étape 4 : on joint A à A ', la droite la hauteur). Lorsque [BC] vari e s ur
(AA ' ) donnant la direction le cerc le ( f) , H déc rit un cerc le de
o. centre A ' et A appartie nt do nc à un
On peut alor translater le triang le to re ( no n droit, e n général ).
ABC dans la directi on D sans que la
projection change : ce sera toujours le
triang le équilatéral A ' BC.

Passo ns à un exerc ice plus contrai -


gnant : on va s' intéresser au cas où
la direction D de la projection est
imposée, sans que la tai lle du tri angle
équilatéral le soit.

On part cette fo is du po int A ' , que


l'on fi xe sur P. On cherche à pl acer On trace alors la droite parallè le à D
8 et C sur P de sorte que le tri ang le passant par A '. Si elle coupe le tore ,
A ' BC o it équil atéral. Si a e t la Io n- chac un des po ints d ' intersection per-

Le cas d'une protecuon onhoaonale


Dans le cas d ' une projection orthogonale, on part du triangle pro-
jeté A 8 'C ' de côté d. On trace alors le prisme droit passant par ses
ommet et on e saie de placer A, B et C ur les arêtes du pri me.
Quitte à opérer une tran lation , on uppo e A= A' .
On place 8 ur l' arête de B ' (à une cote b' par rapport au plan
P) de sorte que la distance AB soit égale à c. On a donc :
c2 = d2 + b'2.
On place C ur l' arête de C ' (deux position : à une cote
c' ou - c') de orte que la distance AC oit égale à b. On
a donc : b2 =d2 + c' 2 •
Il re te à écrire que la di tance BC e t a , oit : a2 =d2 + (b' ± c ' )2.

En éliminant b' et c' dans ces trois équation , on trouve la relation que doivent vérifier les longueurs
des côtés du triangle pour que ce dernier se rojette orthogonalement sur un triangle équilatéral de
2 2
côté d : b + c
2
- a - d2 = ± 2
(b - d 2 )( c 2 - d 2 ) .

Hors-série n°53. Les angles Ta.ngente


JEUX ET PROBLÈMES Tous les triangles ...

met de dé finir une position de A qui dont les arêtes sont para llè les à D et à
ré pond à la question. chercher à place r les tro is sommets A,
On pe ut ensuite, si on le souhaite, 8 et C du triangle initial sur les arêtes
tran slate r le triang le ABC dans la correspondantes.
direction D sans que la projection
change : ce sera toujours le triang le Une première remarque s' impo e :
équilatéral A ' BC. le tri angle ABC est « trop petit »,
ce ne sera pas poss ible. En effet, en
Si , quitte à échanger les noms des coupant le pri sme par un pl an perpen-
points, le tore s'avère être une surface dicul aire, on obtient la plus petite taille
fe rmée (appelée tore croise') empri - du tri angle que l'on pe ut ai nsi inscrire
sonnant le point A ', alors la dro ite dans le pri sme. Soient a·, b' et c' es
parallè le à D passa nt par A ' coupera dimensions. Si l' une des longue urs
fo rcément cette surface, que lle que soit a, b, c des côtés est plus grande que
la direction O. Le problè me admettra a ' , une autre plus grande que b' et la
donc to ujours une solution, que lle que tro isième plus grande que c', on peut
soit la projection cho isie. espérer. Sino n, ce sera imposs ible.

C 'est en particulier le cas des triang les Mais l'espo ir n 'est pas considérable :
ac utang les, et mê me de to us les en effet, une fo is pl acé par exemple le
tri angles dont aucun ang le ne dépasse po int A du tri an gle initial sur une arête
120°. Il suffit de prendre pour [BC] du pri sme, les longueurs b et c de ses
le plus petit côté : la hauteur issue de côtés adj acents imposent un nombre
A sera supérie ure à ce lle issue de A ', fin i de pos itions pour 8 et C (deux
ce qui permet au tore d 'être croisé. pour chaque po int si l'arête est choi-
Ces triangles pourront donc avo ir pour sie) et par sy métrie seulement deux
image un tri an gle équilatéral que lle va le urs pour la longue ur BC, longueur
que soit la projection fi xée. qui , dans le ca général, a bien pe u de
Po ur les autres tri angles, tout dépendra chances de coïnc ider avec a.
de la directio n O. En encadré, le calcul fait dans le ca
d ' une projection orthogonale donne la
Quand la taille du triangle équilatéral re lation que do ivent vérifier a, b, cet d
est imposée po ur que ce soit poss ible.

Passons au problème de la manipul a- Élarg issons le dé bat. Peut-on, pour


tion du Mathematikum. Cette foi s, on n' importe que l triangle donné ABC et
souhaite que le tri angle projeté A ' B'C' une taille fi xée d ' image équil atérale
du plan P, no n seulement soit équil até- A ' B'C' de côté a, toujours assoc ierune
ral, mai s ait une taille do nnée. Soit d la direction de projection ?
longueur de ses côtés. Une remarque simple permet de ré-
pondre par la négati ve. Supposons en
Supposons d 'abord que l'on fi xe la effet que le triangle ABC soit plat. Il
projection, c'est-à-dire no n seulement est cl air que son image sera également
le plan P, mais auss i la directio n O. un triangle plat, quelle que o it la di-
Géométrique ment , ce la rev ient à rection D de la projection. Par conti -
construire le pri sme de base A ' 8 'C ' nuité de la projection sur P elon D,

Tangente Hors-série n°53. Les angles


EN GÉOMÉTRIE CLASSIQUE

tous les triangles ABC « suffi samment ramide et d ' un pl an sécant ? Même si
proc hes » du triangle pl at ne pourront la panoplie de tels tri angles semble re-
avoir une image équil atérale de côté a. lati vement large, elle est nature llement
Ce sera par exemple le cas de triangles limitée par le cho ix de la pyramide.
dont une des médianes aura une Ion- • Mais en laissant libre le cho ix du
sommet, on peut trou ver, pour n' im-
gueur infé rieure à m/J . porte que l triang le non aplati , un centre
2 de projection qui réponde à la question.
Cas d'une projection centrale On procède pour ce la comme pour la
projection affi ne dans le ca où ni la di-
Le problème peut être au i élarg i à rection de la projection, ni la dimension
une projection centrale : dans ce type du triangle équilatéral n'est imposée.
de tran fo rmation, les faisceaux de Étape 1 : on « pose » le tri angle ABC
lumière, au lieu d 'être défi ni s par la sur un pl an P' parallèle à P ;
direction D, sont alors tous issus d ' un Étape 2: on construit A ' sur ce plan te l
point O (hors de P, natu rellement), ap- que le triangle A ' BC soit équil atéral ;
pe lé centre de la projection. Étape 3 : on opère une rotation quel-
Le triang le métallique étant entre nos conque (non identique) de A autour de
main s, les latitudes dont on di spose la droite (BC) ;
semblent, comme précédemment, au Étape 4 : on joint A à A', en cho isissant
nombre de deux : le cho ix du centre un po int O ' sur la droite (AA ') ;
O de la projection centrale, et le fa it Étape 5 : une certaine homothétie de
que la taille du maill age so it ou no n centre O ' transforme A ' BC en un
imposée. triang le équilatéral de la taille de man-
Mais en fait, pour une projection cen- dée qui appartient à un plan P'' paral-
trale, la taille de l' image importe peu lè le à P.
puisqu'en utilisant un pl an de pro-
jection parallè le plu s proche ou plus Si l' on part du pl an P sur leque l ont
lo intain on peut toujours retrouver une dess iné les triangles, il reste à trans-
tai lle qui convient (dès lor que l'on later ! 'ensemble de la fig ure de faço n
accepte une image qui ne so it pas du à faire coïnc ider P " avec P (et si be-
même côté que le tri angle initial). Si- soin ce triangle équil atéral avec l' un de
non, on doit écarter, naturellement, ceux tracés sur P). L ' image de 0 ' par
les triangles de taille plus grande que cette translation est le centre O cherché
l' image. li ne reste donc qu 'à étudier de la projectio n.
le problème lié à la première latitude.
M.B.&G.C.
• Dans le cas où le centre de projection
est fixé, le problème se ra mène à la for-
mulation suivante : on considère une Note aux lecteurs
pyramide (pas fo rcément dro ite) à base Cet article met en év idence un certai n no mbre de cas
tri angulaire équilatérale. Quels sont les imposs ibles sans les caractéri ser préc isé ment.
tri angles que l'on peut y inscrire (un Si certain s lecteurs sont en mesure de décrire préc isément
sommet appartenant à chaq ue arête) ? la frontière entre les cas poss ibles et les cas impossibles,
Ou encore, que ls sont les triangles ils peuvent le fa ire en écri vant à la rédaction de Tangente
décri ts par l' intersection de cette py- (redactionpo le@yahoo. fr).

Hors-série n°53. Les angles Tcingent:e


SAVOIRS par Élisabeth Busser

le billard,
une affaire à rebondissements
Scruter la trajectoire d'une boule sur un billard, c'est comme
observer les rayons lumineux dans un jeu de miroirs. Du
coup, les angles y jouent un rôle prépondérant, surtout si l'on
s 'intéresse aux trajectoires périodiques. On n'a pas fini de
jouer au billard !
n billard ? C'est une table sur le triangle de lumière
U laquelle roule une boule, qui se
dépl ace à vitesse (s upposée)
constante, en ligne dro ite, et rebond it
En 1775, le comte Giulio Cesare Fagnano
dei Tosc hi posa it le pro bl è me, étant
sur les bords de la table selon les lois ... donné un triangle acutangle ABC, de
de l'o ptique géo métrique. Le billard choisir sur ses côtés les point P, Q et R
rêvé de tout mathémati cien sera donc tels que le périmètre du triangle PQR
un ensemble plan, qui peut être de forme soit minimum . Ce n'est rien d'autre que
variée, et un point matériel, qui fig urera rechercher le trajet d' un rayon lumineux
la boule et se déplacera en ligne droite qui , parti de P, se réfl échirait successi-
entre deux rebonds. La pos iti on de la vement sur les côtés [AC] puis [AB].
boule à un instant donné dépend de deux
facteurs: l'endroit où elle se trouve au
départ et la direction dans laquelle on l'en-
vo ie. Ce sont ces impacts ur les bords
,,~ ··
du bi llard qui intéressent le géomètre,
constituant un système dynamique. On
s' intéressera ic i particulièrement aux
~
B P
.
C

trajectoires péri odiques, c'est-à-dire Pour un point P pris au hasard sur le


celles qui repassent par le point de départ côté [BC], ses sy métriques par rapport
avec la même direction. aux côté [AC] et [AB] étant respect i-
vement P 1 et P2 , le péri mètre du triangle
Existe-t-il dans tout triangle une PQR e t minimum lorsque les points
P 1, Q , R et P2 sont alignés. Dans ce cas ,
trajectoire périodique ? le périmètre du triangle PQR est éga l à
Anatole Katok a mis en jeu 10 000 € 2 x AP x sin a si a est la mes ure de
pour la réponse à cette question ! l'angle en A. Il e t minimum si AP l'est,

Tangente Hors-série n°53. Les angles


EN GÉOMÉTRIE CLASSIQUE

c 'est-à-dire si P est le pied de la hau-


teur issue de A du triang le ABC. On les lois de la réflexion
co nstruit e n co nséque nce le tria ng le
P0Q0 R0 correspondant. Or, si o n ima- Héron d ' Alexandrie
gine reprendre la démonstration avec le wr siècle).
po int Q pui s le po int R au lieu du po int
P, les po ints Q0 et R0 sont les pieds des Willebrord Snell
hauteurs issues de B et de C. Le triangle (1580-1626).
de lumière est donc celui des pieds de
hauteurs du tri angle ABC : c ' est le tri- René Descartes (1596-1650)
ang le orthique . peint par Frans Hals.

Pierre de
Fermat (vers 1601-1665).

B
p Déjà conjecturées dans !'Antiquité par Héron d'Alexan-
drie, énoncées dans la loi de Snell- Descartes en 1637,
Ain si, da ns un bill ard tri angul a ire, il justifiées par le principe de Fermat (selon lequel « la
ex iste au mo in s une trajecto ire pério- nature agit toujours par les voies les plus courtes et
dique , c'est celle du triangle orthique . On les plus simples »), les lois de la réflexion s'énoncent
peut généraliser cette particularité : pour simplement :
obteni r par exemple une trajecto ire à
six impacts, il suffit de partir dans la • le rayon réfléchi est dans le plan d'incidence, formé
direction de l' un des côtés du tri ang le par la normale au miroir et le rayon incident ;
orthique. • les angles d'incidence et de réflexion sont égaux en
valeur absolue.

N~ D'après le raisonnement
6
de Fermat, le trajet effec-
B tué par la lumière pour se
rendre d'un point A à un
point B après s'être réflé-
chi en P sur un miroir est
4 celui pour lequel AP + PB
est minimum. C'est là que
On peut également montrer que lor que le point B', symétrique de
les angles (en radians) du triangle sont p B par rapport au plan du
des multiples rationnels de rc, il ex iste miroir, joue son rôle : ce
toujours une trajectoire rationne lle . Une trajet est minimum lorsque
question de meure cependant , et c ' est le les points A, Pet B' sont ali-
professeur Anatole Boris Kato k (s pé- ... . gnés, et alors APN = NPB.
cialiste de systèmes dynamiques à )' uni- -.: B '
0
ve rs ité d ' État de Pe nn sy lva ni e , a ux

Hors-série n• 53. Les angles Tangente


SAVOIRS Le billard ...

États- Uni ) qui la pose : ex i te-t-il da n Billard rectangulaire : dépliez-le !


tout tri a ng le a u moin une trajectoire
périodique ? Katok a mi en jeu 10 000 € c
pour la ré ponse à cette que tion . .. av is
B'
a ux a mate ur ! D'

Billard circulaire : un modèle simple


A
Dans le cas d ' un billard c irculaire, l'angle
d ' inc idence () de chaque portion de la tra-
j ectoire e ntre d e u x re bond s reste le
mê me : c 'e t une proprié té du ce rc le.
Par a ille urs, pour une vale ur() pouva nt L a qu es ti o n d ' An a tol e K a to k pe ut
s'écrire .!!... x n, où p et q sont des e ntie rs s'étendre aux billards polygonaux. Le cas
q le plu impie e t celui du rectangle . La
- on dit a lors que() e t commensurable boul e part , par e xe mple, d ' un po int ini-
à n - , toutes le trajectoires ont pé rio- tial I situé sur le bord inférieur du billard ,
diques. Si q est un multiple de 4 , la tra- ve r la droite, da n la direc tion d ' un
jectoire comporte q egme nt , s i c'e t un vec te ur ( 1) fa i a nt un ang le a (radi an )
multiple de 4 auque l on ajoute 2, e lle avec ce bord , he urte le bord droit pui
comporte q /2 segme nt . Si par contre q re part , da ns la directi o n d ' un vec te ur
e t impair, la trajectoire comporte 2 x q (2) fa i a nt avec ce bo rd un a ng le de
. s1. () = -l X n , Ia bou Ie
. 1,
egme nts. Am n/2 - a . Elle anive au bord gauche t repart
5 da ns la direction ( 1), fa isant avec ce
rev ie nt à son point d e dé pa rt en dix bord un ang le rr/2 - a , he urte e nsuite le
re bonds. bord upérieur et rebondit dans une di rec-
tion (3) oppo ée à (2), fa i a nt avec lui
un a ng le a, pour a lle r he urte r le bo rd
droit , re partant dan une direction (4)
o pposée à ( 1), e t he urte le bo rd gauche
po ur e n re pa rtir dan la directio n (3),
ve rs son po int de dé pa rt , ur le bo rd
infé ri e ur, d ' où e ll e re pa rt fin a le me nt
dan la direction ( 1), fa isant avec celui -
c i .. . un ang le a. Ains i, par le je u des
a ng les d ' inc ide nce et de ré fl ex ion , la
boule n'a que quatre directio n possibles
pour e dé place r.
M a inte nant , po ur étudie r la trajecto ire,
une mé thode s imple e t de « dé plie r »
la ta ble de billa rd par de ymé tries par
rapport à es côté , repré e ntant un véri-
table pavage du plan avec de pavé rec-
tang ula ires jointif !

Avec un a ngle d ' incidence égal à ;r,/5. Sur la trajectoire « dépliée » , les images
des points d ' impact ur le bord , images

Tcingent:e Hors-série n°53. Les angles


EN GÉOMÉTRIE CLASSIQUE

Un billard rectangulaire déplié.

par les composées des sy mé tries suc-


ces ives, sont alignées , se lon le prin-
La nature agit toujours selon les voies les
cipe du chemin minimum des loi s de la plus courtes et les plus simples.
réflex ion . Alor , les trajectoires pério-
diques correspondront à un point d ' ar-
rivée J si tué exacte me nt à l' image du re bonds dev ient très g rand , vers une
point I par ces composées de symé trie , vale ur proportionne lle à l'aire de cette
le nombre de rebonds de la boul e étant rég ion .
celui des intersect ions avec les joints
du pavage, ici 6. À que lle condition les Les systè mes dyna miques ne manquent
points I et J se correspondent- ils ainsi ? pas dans la nature, et les billards en sont
Il suffit , pour le savo ir, de calcule r la un bel exempl e. Deux des médaill és
« pente » de la trajectoire re~gne, so it Fields du cru 2014 n'ont-ils pas d 'ai lleurs
la tangente de l' angle a = AIH . tra va illé sur ce thè me? Les travaux de
. JK 3 I , M a ryam Mirzakhani , premiè re femme
0 n obti e nt tan a= - = - x - , ou L à avo ir obtenu cette di stinction (voir
rK 6 L
désigne la longueur de la table de billard Tangente 162), porte nt entre autres sur
et l sa largeur. Cette égal ité signifie qu 'au les billard s rationne ls - en forme de
bout de six rebonds la boule est revenue polygone dont les ang les sont tous des
à son point de départ. multiples rationnels den - et Artur Avila
(voir Tangente 161) cherche lui aussi à
Plus généra leme nt , si la pe nte de la tra- mettre un peu d 'ordre dans le chaos des
jectoire est comme nsurable à l / L , alors billards non rectangulaires. Les billards
la trajectoire est fermée e t se répète de sont loin d 'avoir livré tous leurs secrets !
manière périodique. Si ce n'est pas le cas ,
la trajectoire non seule ment ne se ferme É.B.
pas mais e lle re mplit tout l'espace du
billard - on dit qu 'elle est dense-, c'est-
à-d ire qu 'elle passe auss i près que l'on
veut den 'importe que l point du billard ,
tout e n étant équirépartie : la propor-
tion des trajectoires passant par une cer-
taine rég ion te nd , lorsque le nombre de

Hors-série n° 53. Les angles Tangente


SAVOIRS par Karine Brodsky

Sous l'angle
des symétries
La syinétrie n'est pas qu'une notion descriptive assoc1ee à
une certaine forme d'harmonie ou de régularité. Certaines
syinétries de la nature conduisent à des angles remarquables
dont l'étude a des ramifications tant en cristallographie que
dans les travaux sur les pavages ou les formes fractales.

L
a co nnaissa nce de certa ines plus il ex iste de tra nsformations qu i le
« régularités» permet en général, laissent in variant.
dans l'étude d ' un problème, de
grandes simplificatio ns. Une fo nction Du pareil au même
numé rique périodique, par exemple,
n'a besoin d 'être étudiée que sur un La notion de répétition ou de redondance
intervalle de valeurs très restreint , la est fac ilement perceptible en ce qui
généralisatio n se fai ant ensuite fac ile- concerne les symétries géométriques ,
ment par répétitio n du « moti f é lé men- qui correspondent peu ou prou à la
taire». Une te lle opération de re triction notion commune que nous en avons.
à un ensemble non redondant se voit Observons les deux images ci-dessous.
auss i à l'œuvre dans les algorithmes
de compress io n des données, qui
ag issent en que lque sorte en traquant
le superflu , par analyse de certaines
régul arités du codage et repérage de
motifs élémentaires . De même, plus
il y a de param ètres de description
redondants dans un système physique,
plus il admet de symétries, c'est-à-dire

Leur symétrie nous saute aux yeux : dans


celle de dro ite, l' une quelconque des
ailes du papi llon se voit aussitôt comme
l' image de l' autre dans un miroir :
dans celle de gauche, on perçoit d'em-
blée que la carte est inchangée si l'on
inverse haut et bas. Dans les deux cas ,
Répétition du motif élémentaire on comprend que l'on peut reconstruire
d ' une fon ction périodique. l'obj et co mp let , ca rte o u papi li o n,

EJ Ta.ngent:e Hors-série n°53. Les angles


à partir d ' une seule moitié, l'autre s'ob- ce sont des ymétries du carré.
tenant par une certaine transformation . L'ensemble de toutes les symétries du
En ce qui concerne le papillon , il s'agit carré forment le groupe de symétrie du
d ' une symétrie axiale (ou réflexion) : carré (le terme de « groupe » référant
l'ensemble des points fixes est en effet à la structure algébrique sous-jacente).
une droite , l'axe par rapport auquel
s'effectue la ymétrie. Pour ce qui est Pour le carré, il existe donc quatre
de la carte, iJ s'agit d ' une symétrie cen- angles par lesquels on peut le faire
trale (il y a un unique point fixe) ; cette tourner autour de son centre en le lais-
symétrie est équivalente à une rotation sant invariant : ces angles ont pour
d' angle 180°. Outre les symétries par
2
rapport à des points ou des droite , mesure k x :n: , où k prend les valeurs
on peut aussi avoir, dans l'espace, des 4
symétries par rapport à des plans. 1, 2, 3 ou 4 (la rotation d 'angle 360°
r---------------- --------- correspondant à l'identité). On parle
1',
1 alors de symétrie d'ordre 4. Chaque
1
' ordre de symétrie supérieur ou égal à 3
'
peut, de manière générale , être associé à
' un polygone régulier : le triangle équi-
'
latéral à l'ordre 3 (rotation élémentaire
d 'angle 120°), le pentagone à l'ordre
5 (angle 72°), l'hexagone à l'ordre 6
/

/
/
(angle 60°) , etc. Dans l'espace, il existe
/
/
une correspondance analogue pour les
/
/
rotations axiales .
/
/
Ces sy métries sont fréquemment
/
/ présentes dans la nature, que ce soit
au niveau macroscopique , comme pour
Le carré est obtenu par rotations l'étoile de mer (symétrie d 'ordre 5), ou
successives d 'un même motif triangulaire. microscopique , comme dans les cristaux.

Précison alors la notion d'invariance :


le tran sformations qui, à partir d'un
motif élémentaire , permettent de
reconstituer un objet, sont également
celles qui le lai ssent globalement
invariant. Prenons l'exemple du carré
ci-dessu : considérons le motif trian-
gulaire jaune et tournons-le d'un angle
de 90° autour du ommet où l'angle est
droit. Répétons l'opération deux foi à
partir des nouvelles positions du motif:
on obtient le carré complet. Un carré
étant donné, on peut aussi bien dire que Figure de diffraction d'un cristal de chlorure de sodium.
les rotations d 'angles 90°, 180° et 270° Les points lumineux correspondent aux directions privilégiées
laissent le carré globalement invariant : dans lesquelles repart la lumière qui tombe sur le cristal.

Hors-série n°53. Les angles Tangente ED


SAVOIRS Sous l'angle des symétries

Pour ces derniers, il a été montré à la fi n


du XIX< siècle qu ' une symétrie d 'ordre
5, correspondant donc à un angle de
72°, reste rait ino bservable, alors que
des cristaux à symétrie d ' ordre 2, 3, 4 et
6 ont bie n été découverts. E n effet, une
structure c ristal line étant un assemblage
périodique de motifs é lémentaires, il
faudrait po uvoir la construire par répéti-
tio n d ' un motif possédant une te lle ~
~
symétrie, ce qui est géométriquement
impossible (de même qu 'on ne peut
.
..,~
@

paver le plan avec des pentagones). Figure de diffraction d ' un quasi-cristal


possédant une symétrie d 'ordre S. S'y
Angles remarquables superpo e une projection orthographique
et angle Impossible d 'un hypercube à cinq dimensions.

Cette vale ur imposs ible de 72° est Il se trouve que l'ang le de mesure
remarquable en ce qu 'elle lie certai nes 72° est étro ite me nt lié au no mbre d 'or
con sidé rations mathé matiques avec qi = (1+Js)/ 2 ; il véri fie e n effet :
que lques découve rtes expé rime ntales
qi- 1
récentes. En 1974, le mathé matic ie n et cos 72° = - - . CJ! est le rapport de la
physic ie n Roger Pe nrose découvre e n
2
effet un pavage non périodique réali sant diagonale au côté du pentagone régulier,
une symétrie d 'ordre c inq constitué dont il ex iste une constructio n à partir
de seule me nt deux motifs di ffé rents. de « triangles d 'or » (triang les isocèles
Or, une di zaine d 'années plus tard , le dont les lo ngueurs de deux côtés no n
phys ic ien Dan Shechtman observe avec égaux sont dans un rappo rt qJ ). Des
on équipe une fi gure de diffraction travaux plus récents (voir la première
possédant une ymétrie d 'ordre 5 , qu ' il référe nce) ont mo ntré qu ' un pavage
ne peut do nc attribue r à une structure associé au frac tal de Rauzy, fracta l
périodique, mais qui era interprétée construit à partir d ' une ub titution de
comme la sig nature d ' un type très par- Tribo nacci, une généraljsation de celle
ticulier d 'objets, dénommés par la suite de Fibo nacc i (le taux de croissance des
quasi-cristaux . nombres de Fibonacci converge vers qJ ),
s'avère être un bo n modè le de quasi-
crista l.
K.B.

Références
Dynamique du nombre d'or.
Cours de Pierre Arnoux et Anne Siege l
"'Q
= (di sponib le en ligne), 2004.
Math ématiques et chimie.
Bibliothèque Tangente 43 , 2012.
Pavage de Penrose Mathéma tiques et biologie.
possédant une symétrie d 'ordre S. Bibl iothèque Tangente 42 , 20 11.

El Tcingente Hors-série n°53. Les angles


par É. Thomas et J. Gavin EN BREF

Relations angulaires
dans le quadrilatère
Un q uadrilatère convexe est inscriptible dans un
cercle si la somme de deux de ses angles opposés
vaut 180°. Par ailleurs, les élèves apprennent
toujours le mag nifique théorème sui va nt, dû au
géomètre alexandrin C laude Pto lémée (vers 90 ,
vers 168) et dont la démonstration utilise les notions
d 'angles : dans un quadrilatère convexe insc riptible
dans un cercle, le produit des di agonales est égal à
la somme des produits des côtés opposés.
En combinant ces deux ré ultats, on obtient : si la
somme de deux angles opposés d ' un quadrilatère
vaut 180°, alors le produit des ses diagonales est
égal à la somme des produits des côtés opposés.
Joli , no n ?
Parmi les quadrilatères remarquables, le carré et le
rectang le possèdent to ujours de ux ang les opposés
do nt la somme vaut 180°. On applique notre
concl usion au carré de côté c et de di ago nale cl :
c 2 + c 2 =cP, donc 2c2 =d2.
On applique notre conclusion au rectang le de côtés
a et b et de diagonale d, et alors : a2 + b2 = d2 . On
vient de démontrer le théorè me de Pythago re !

Hors-série n°53. Les angles Tangente


SAVOIRS par Jean-Pierre Friedelmeyer

Hngles et
lunules quarrables
Quelles sont les lunules qui peuvent être quarrées ? Pour
résoudre cette belle question de géométrie pure, on
comprend que des considérations d'angle doivent intervenir.
Il est plus surprenant de découvrir que l'algèbre et la théorie
de Galois font également partie du voyage.
uiconque observe le cie l la nuit

Q o
par temps clair peut voir la lune
plus ou moins écl airée, plu s ou
ronquée , sui va nt ce que l'o n
appelle les phases de la lune . M

Ce lles-c i, correspondant à la parti e de


notre sate llite éclairée par le so le il , se
présente nt sous la forme de lunul es.
Une lunule te lle que AMBmA sur le
fi gures ci-co ntre peut se déc rire géo-
métriquement par l' inter ection de deux
cercl es, (0 ) et (o). La fo rme et la gran-
deur de la lunule peuvent être caracté-
ri sées par les rayo ns R =OA et r =oA
des deux ce~, ainsi que ~ les angles Le premier exemple de lunule a été étu-
au centre AOB = 2x et AoB = 2y. La dié par Hippocrate de Chio , qui en réa-
lunul e peut être concave-con~ ou I isa la quadrature (c ' e s t-à- dire la
~exe se lon qu e les arcs AMB e t construction à la règ le et au compas,
AmB sont du même côté ou de part et en un nombre fini d 'étapes, d'un carré
d 'autre de la corde commune [AB] . BCD E de mê me aire que la lunule).

Tangente Hors-série n°53. Les angles


EN GÉOMÉTRIE CLASSIQUE

Pourquoi le résu11a1 d'Arlus


de lionne esl correct
Pour se convaincre que les aires orangées sont égales, il
suffit d'appliquer deux résultats élémentaires, rappelés sur
les schémas suivants.

Pour un même rayon


et des angles distincts,
Aire du secteur DAB OO
Quadrature de la lunule AMBmA, Aire du secteur DAC DAC ·
définie par l' intersection du demi-cercle
OO (avec 2x = 180°) avec le quart
de cercle W (avec 2y = 90°) .

Point de quadrature du cercle... Pour un même angle


et des rayons distincts,
2
La quadrature des lunul es laissa it espé- Aire du secteur AOB = ( OA )
rer une voie d 'accès à la fa meuse qua- Aire du secteur COD OC
drature du cercle , problè me qui a hanté
les géomètres durant vingt-cinq siècles , La démonstration de la propriété mise en évidence par
jusqu'à sa solution par la négative au Artus de Lionne se fait alors en trois étapes. On montre
XIX 0 siècle (vo ir les Mathématiques de déjà que l'aire du secteur OAM est égale à l'aire du secteur
l'impossible, Bibliothèque Tangente 49). UAD . Ensuite, on établit que l'aire du triangle MCO est
En mo ntrant que l 'ai re de ce rta in es égale à celle du triangle XCU (car UMO et OXU, qui ont même
lunules pouvait être démontrée égale à base OM et même hauteur (OX), ont également même aire).
l' aire d ' un certain po lygone , sa qu a- On en déduit que l'aire de la lunule AMD est égale à celle
drature en découle pui sque l'on sait réa- du triangle AUX.
li ser la quadrature de n ' importe quel
polygone .
L'égalité des aires de la lunule AMBmA ADMA (aire orangée sur la
(dés ignée par lunul e I dans la suite) et figure ci-contre) . Son aire est
du carré BCDE e t très simple à démon- égale, pour tout point X du seg-
trer. Il suffit de se rappeler que les aires ment [AB], à ce lle du tri angle
des cercles sont proportionnelles aux AUX où U est le centre du quart
carrés de leurs rayons. Le carré du rayon de cercle UADBU.
DB vaut deux fois le carré du rayon EB. Ainsi, toute propriété ou ques-
Donc le quart de cercle ADBmA est égal tion sur le tri a ng le AUX e t
(en aire) au demi -cercle ABMA. Enle- concernant des aires e répercute
vons à chacun la même portion AEBmA e n une propri été ou question
et on obti ent l' éga lité (e n aire) de la imilaire sur la surface curviligne AMD.
lunule I avec le triangle rectangle ADB, Par exemple , si l' on de mande de parta-
lui -mê me de mê me aire qu e le carré ger la lunule AMBEA en n parties égaJes,
BCDE. il suffit de partager le triangle UAB en
L' abbé Artus de Lionne ( 1665- 171 3) a le même nombre n de tri angles égaux ,
général isé ce ré ultat à la lunule tronquée ce qui peut se faire simplement à la règle

Hors-série n° 53. Les angles Tcingente


SAVOIRS Angles et lunules quarrables

et au compas , et de reporter les subdi- que la lunule a mê me aire que le tra-


visions sur la lunule, comme (' illustre la pèze, en enlevant au segment ABCDA
figure ci-contre . so it les troi s petits seg me nts , so it le
grand segment sur la base. On a en fait,
Pour étudier les lunules de façon plus géné- pour cette lunule Il :

u
rale, on peut penser que Hippocrate s'est
basé sur un principe de similitude concer-
- =-
AOB AoD = a. = Arc cos (FJ-I)=
- -
2
68°53.

na nt les secteurs e t les seg me nt de


cercle : deux secteurs ACB et acb pris

-
sur deux cercles distincts sont semblables
si, et seulement si, les angles AOB et aob
qui les sous-tendent sont égaux. Alors
les aires des secteurs sont proportion-
nelles aux carrés des cordes qui les ous-
La lunule II
te nde n t. Il e n es t de mê me pour les
segments de cercle correspondants.
Avec ce principe, Hippocrate po ède
un moyen efficace de comparer des aires
de lunules à des aires de polygones, et
donc de montrer qu 'elles sont quarrables.
Déjà, pour la lunule 1, les segments s 1 La lunule m est construite de façon sem-
construits sur AC , s 2 sur CB et S sur AB blable, mais avec un econd arc tangent
sont emblables (car les segments sont aux côtés adjacents du trapèze et des
sous-tendus par un angle de 90°). On a ecteurs, vérifiant 2 AE 2 = 3 AB 2 . Dans
par ai lleurs, grâce au théorème de Pytha- ce cas, le second arc passera par l' in-
gore générali sé aux figures sembl ables tersection E des diagonales AC et BD et
A construites sur les côtés : S = s 1 + s 2 • l'aire de la lunule est alors éga le à ce lle
On en déduit l'égal ité en aire de la lunule du pentagone concave ABCDEA. On
ACBDA avec l'a ire du triangle ABC dé montrera de même pour les angles
(en enlevant au demi-cercle so it s I et s 2 , intervenant que
c soit S).
En cherchant à étendre cette idée au cas
- =-
AoE AOB =a. = Arc cos - (,/33-1)=
-
2
53°62.

de trois segments égaux, Hippocrate met


en évidence deux autres lunules quarrables
à partir d ' un trapèze isocèle ABCD tel
B que AB= BC =CD.Un te l trapèze est
inscriptible dans un cercl e qui donnera
l'arc de centre O. Dans le premier exemple
(lunule li) le second arc, de centre o, J-,
sera tangent aux diago nales AC et BD OO
du trapèze ABCD et tel que sa base véri- La lunule Ill
fie AD 2 = 3AB2 . De orte que l'on a
alors troi s petits segments égaux sur les Tout cela reste un peu parcellaire et pose
côtés du trapèze, et semblables au seg- la question de l'existence d'autres lunule
ment sur la base, l'a ire de celui -c i étant quarrables. De no mbre ux auteurs s'y
égale à la somme des trois aires des seg- sont attaqués lorsq ue l'outil algébrique
ments ur les petits côté . On en déduit fut assez développé, à commencer par

Tangente Hors-série n°53. Les angles


EN GÉOMÉTRIE CLASSIQUE

l' as tro no me da no is Tho mas Cl a usen radicaux carrés. Cl a usen re trou ve a in i


(180 1- 1885) da ns un artic le du Jour- les tro is lunules d ' Hippocrate.
nal de Crelle (to me 2 1, 1840) . Il ne s' oc- En posant a = 2u, il o btie nt :
cupe que des lunules convex~caves. • la lunule I avec 111 = 2, n = 1,
Dan la fi~ c i-dessous , AOM = x, in 2u ,,; a ,,; ,r
- - = v 2, 2cos - = v2 , a=-.
O A = R, Ao M =y, oA = r, l'aire de la sin u 2 2
lunule AMB111A est égale à la différence • la lunule II avec 111 = 3 , n = 1,
des aires des secteurs AOBMA et AoBmA,
sin )u = FJ, cos a= FJ- 1, a= 68°5.
aug me ntée de l'a ire du tri a ng le AoB . ~nu 2
Pour q ue do nc la lunule so it quarrable, • la lunule III avec 111 = 3, n. = 2,
il suffi t que la di ffé re nce des a ires des
sin )u = Œ, cosa= 5J- J, a = 56°6.
secte ur so it nulle (puisque alo rs o n est sin 2u ~2 2
ramené à l'a ire d ' un tri angle, to ujo urs M a is e n plu s, il e n découvre de ux no u-
q uarrabl e). Cette conditi o n se traduit ve lles , avec (111, n) = (5 , 1) e t avec (m ,
par x R 2 = y r 2. n) = (5, 3). Po ur la pre miè re (en haut) ,
De plus, les de ux secte urs o nt une corde
commune [A B], ce qui e traduit pa r
cos a= Js + 44.Js - 1 e t a"" 46°8 .
AH = R si nx = r in y. Lor que les angles En me tta nt e n év ide nce les c inq a rcs
x e t y o nt des multiples e ntie rs d ' un égaux défini s par A , B , C , D , E et F, o n
même angle u, (avec x =mu et y= nu),

mo ntre que (AE) est pe rpe ndic ul a ire à
(oA) e t que AF2 = 5 AB 2 . L'aire de la
on a bout1.t a, I''equat1o
. n - sin. -
mu-= - .
sm n.u n lunule ABCDEFA est égale à l'aire de
Or, pour p e ntier, l' hexagone ABCDEF. Po ur la seconde
sin (pu)= (s in u) Tp- l (cos u), o ù T ,.,... 1 est
un po lynô me à coefficients e ntiers, dit
(e n bas), cos a=
JI- 1+ ~ 20
3 3
+{f 3
polynôme de Tchebychev. A ins i , par 4
exemple, on pe ut écrire e t a "" 33°6. De mê me, (AC) est pe r-
sin 2u = 2 (s in u)(cos u) , pe ndiculaire à (oA) et 5 AD 2 = 3 AF 2 . Et
sin 3u=( in u)(4co 2 u - l )
=(s in u)(2cos2 u+ 1),
si n 5u = (sin u)( l 6cos 4 u - 12cos 2u + 1)
donc l'aire de la lunule est éga le à l' a ire
de l'octogone concave ABC D EFGH A.
Avec ces exe mpl es, o n e ntrevo it les
,,: 'Alt,,
~ .
:, :
= (sin u) (4cos 22u - 4cos2u - 2). mécani smes e n jeu au niveau des équa- "·;ix/
·-~
M tions o btenues. Le problè me se dépl ace :o
vers une étude a lgébrique nécess itant
des o util s plus é labo rés. La découverte
de C lausen susc itera ai nsi des recherches
~ o plu s gé néra les e t systé m atiques po ur
dé te rminer d ' autres lunules quarrables
éventue lles. En vain ! Le problè me sera
résolu dé finiti ve me nt au xxe s iècle par
de ux a lgé bri stes russes, Niko laï C he-
botaryov et son é lève Anatoly Dorodnov,
a u moyen de la théorie de G a lo is : il
O n se ramène do nc à une équatio n po ly- dé mo ntre nt qu ' il n 'ex iste a ucune autre
nom iale en cos 2u, et la lunule sera quar- lunule qua rra bl e e n de ho rs de ce ll e
rab le chaque fo is que cette équation aura mi ses e n év ide nce par Cl ausen .
des rac ines 'ex prima nt a u moyen de J.-P. F.

Hors-série n• 53. Les angles Tangente


SAVOIRS par David Delaunay

l' eMponentielle compleMe


La fonction exponentielle, définie sur IR, et les fonctions tri-
gonométriques sinus et cosinus sont étroitement liées à tra-
vers la notion d'exponentielle complexe. Contrairement à ce
que son nom indique, ce n 'est pas compliqué de préciser ce
lien, lorsque l'on a les bonnes définitions!

les formules d'Euler


A
vant de défi nir l'ex po nentie lle
d ' un nombre complexe, il est et la formule de molure
plus fac ile (paradoxale ment ?)
de commencer par introduire l'expo-
nentie lle d ' un nombre .. . imag inaire.
Po ur un rée l 8, on considère le nombre
complexe é 0 , défi ni par :

é 0 = cos8 + i sin 8.

Ce nombre fi gure sur le cercle des


nombres complexes de module 1.
0 2 2
Représentation En effet : Je' J = cos 8+ sin 8 = 1. Le no mbre cos 8 corres po nd
du plan complexe. Tl y est repéré par l' argument angu- à la part ie réelle du complexe em.
Les nombres réels la ire 8. Pui sque la partie réelle d ' un com-
sont localisés sur
l'axe horizontal. Par ailleurs, grâce à la parité de la plexe z se calcule par la fo rmule
Les nombres fo nction cos inus et au caractère impair
imaginaires purs, tel de la fo nction sinus, on peut vérifier la Re ( z) = z + z , on obtient :
2 iO - iO
i(O, 1), sont situés re lation de conjugaison sui vante : cos8 = e +e
sur l'axe vertical. Le 2
nombre complexe e;e = cos 8 - i sin 8 = e-;e . De faço n analogue, on tro uve égale-
z = a + ib se trouve ment :
en M(a, b) ; 1 + i est
• i6 - iO
i+ I sin8 = e - e
représenté ici. 2i
Ce sont les célèbres fo rmules d'Euler.
Par ailleurs, en vertu des formules
-2 - 1 2
d 'addition sui vantes :

l
cos (8+8 ') = cos 8 cos 8 '- sin8 sin 8',
-i sin(8+ 8 ') = sin8 cos 8 '+ sin8 'cos 8 ,

TA:ngente Hors-série n°53. Les angles


EN GÉOMÉTRIE CLASSIQUE

un simple calcul sur les nombres com- Il est également possible de définir directement
plexes permet de vérifier cette identité les fonctions co inus et sinus par des sommes in-
fo ndamentale :
e;o x e;o· = é(O+O'J . finies en considérant les parties réelle et imagi-
En raiso nnant par réc urre nce , on
· de e •
nall'e
18
. . . e· •
..t.J
~' -
r
obtient que, pour tout entier nature l n,
( e;e = eine, ce qui correspond à une
expression conc ise de la formu le de
n-0 n!
Sachant que ;2p = (- lY' et ; z,,+ i = (- lY'i, on obtient ai é-
Moivre: ment:
(cos8 + i si n 8)" = cos(n8) + i sin (n8) .
... (-l)p ... (-l)p
COS0 • }:- - 0 2 P et SiD0•}: 0 2 p+ 1 ,
À parti r de la fo nction exponentielle ,,.o (2p)! ,,.o (2p+l)!
réelle et de l'exponentielle imaginai re
introduite c i-dessus, on peut défi nir
une fonction exponentie lle opérant sur comme un po lynô me de degré in fi ni . ..
les nombre complexes. Pour un com- On montre alors que l'exponentie lle
plexe z que l'on écri t sous la forme ainsi défi nie pro longe l' exponentie lle
algébrique a + ib (avec a et b réels), réelle connue tout en vérifi ant les trois
on pose : identité précédemment décrites.
On peut alors explo iter cette ex po-
nentielle complexe pour pro poser une
La fo nction expo nentie lle complexe défi nition pure ment anal ytique, et non
ainsi défi nie véri fie le trois identités plus géométrique, des fo nctions sinus
sui vantes : et cos inus. Il suffit pour ce la de poser
e0 = 1, e' x e'' = e'"' et e' = e; cos 8 = Re(e;0 ) , la partie réelle de e;0 , et
pour tous les complexes z et z'. sin 8 = lm(é9), la partie imaginai re de
Bien qu 'ayant produit des identités é 0 • À rebours des calculs précédents, les
commodes, on pourrait être tenté de identités trigonométriques class iques
croire purement arti fic ielle cette intro- découlent alors de calcul s sur l' ex-
duction de l'exponentie lle complexe. ponentie lle comr lexe. Par exempl e,
En fai t, il n' en est rien : il ex iste ( 'éga lité : l/ 1
0 0 0 0
= e;o x / = /( - > = 1
une faço n plus intrinsèque d ' introduire fo urnit cos 8 + sin 2 8
2
=l.
la fo nction ex pone ntie lle basée sur
la notion de série numérique. Cela La parité de la fo nction cosinus prov ient
consiste à poser : de la conjugaison (et de mê me pour le
caractère impair de la fo nction sinus),
, ~ J n ta ndi s que les fo rmules d ' addition des
e= LJ - Z ·
n•O n! fo nctio ns tri gonométriques sont issues
Cette « somme in fi nie » se comprend de l'identité e;o x é 0' = é(O+-O'> .
comme limite d ' une success ion de
somme fi nies. Plus préc isément : l'angle 1t
• · N J n
À partir de ce qui précède, on retrouve
e· = N-+oo
hm " - z .
L.J n In•O ' l' intégralité de la trigono métrie clas-
et cette descripti on no us amène à sique, sauf ce qui à trait au nombre
percevoir l'expone ntie lle complexe :rc. Pour faire intervenir le nombre :rc

Hors-série n°53. Les angles Ta.ngente


SAVOIRS L'exponentielle complexe

Mldlll 81 ll'IIIIDIII
Si z =x + iy est un nombre complexe non nul, la =
qui exprime simplement que - 1 (- 1, 0) s' ob-
=(
tient à partir de 1 1, 0) par une rotation directe
quantité lzl =~x 2 + y2 définit son module. On d ' angle n autour de l' origine.
peut écrire : L' écriture de z à l' aide de son module et de on
argument fournit une définition purement analy-
z -1,i( : +i ; )• 1zl(cos0+ isinB) • lzie•, tique et parfaitement claire de la notion d ' angle
11 11 entre le demi-axe des abscisses positives et la
demi-droite joignant l' origine à z. On peut dès
avec 0 • arccos( ; ) E [0,1t] qui est l'argu-
lors paraphraser une citation de Joseph-Louis
1 1
ment de z. Lagrange, dans l' introduction de sa célèbre
=
Cette écriture permet d'identifier z x + iy avec Mécanique analytique de 1788, en affirmant :
le point du plan IR2 de coordonnées cartésienne « Ceux qui aiment L'analyse verront avec plai-
(x, y) ou polaire (lzl, 0). En conséquence, sir la trigonométrie en devenir une nouvelle
= =
z,; lz11l; lei61 ei°' lz11l; lei<0,~ 1>. Dans la multi- branche. » Avec un bénéfice évident dans la
plication complexe, les modules se multiplient simplicité des formules et la clarté des concepts,
et le argument s ' additionnent. que les électriciens n' ont pas mis longtemps à
En écrivant, pour simplifier, x = (x, 0) et comprendre dans la théorie des circuits.
=
iy (0, y), on obtient : Jean Mawhin
= = =
- 1 (-1, 0) (COSl't, sinn) COSl't + i sinl't ei",=

dans le cadre théorique précédent, il consiste à définir n comme la pre-


convient de proposer une définitio n mière solution positi ve de l' équation
anal ytique de ce no mbre, et non plus =
é' + 1 0, où x est un réel pos iti f.
géométrique comme celle du rapport Ainsi, par définiti on, e;" + 1 = O.
de la circonférence sur le diamètre. Les fo rmul es de tri gono métrie
Une défi nitio n analytique poss ibl e du type cos (x + n) = - cos(x) ou
cos(n/2 - x) = sin(x) dev iennent alors
access ibles, et l'on peut auss i démon-
trer que ce nombre l't corre pond bien
R ÉFÉ R ENCES
à celui propo é en géométrie.
• L 'exponentielle. Tangente S UP 69, 20 13.
• Leonhard Euler, un génie des Lumières. Bibliothèque
Finale me nt , grâce à l' introduction
Tangente 29, 2007.
de l' exponentie lle complexe comme
• Nombres complexes : quand la réalité se cache dans
somme infinie, on parvient à proposer
l 'imaginaire. Jean Mawhin, Losanges 26, 20 14.
une définiti o n analytique des fo nc-
• Les grands courants de la pensée mathématique.
tions trigonométriques usuelles ce qui
Franço is Le Lionnais, Hermann , 1998.
permet, à terme, de propo er aussi
• Le cours de physique de Feynmann, Mécanique /.
des définiti ons analytiques des notions
Ri chard Feynmann , Ralph Le ighto n et Matthew
angul aires.
Sands, Interéditions (traduction française), 1979.
• Mathematics and the imagination . Edward Kas ner et
D.D.
James Newman, Payot, 1950.

Tc:1:n9ente Hors-série n°53. Les angles


par Hervé Lehning EN BREF

Spielberg, Columbia Pictures Corporation, 1977),


cette escadrille est enlevée par des extraterrestres ...
« Je vais noyer ma solitude Les faits sont plus prosaiques comme le montrent les
Dans le triangle des Bermudes. » communications radio, que chacun pourra trouver sur
Allo Papa Tango Charlie, Mort Shuman Internet. De façon étrange, le lieutenant instructeur,
qui commandait l'escadrille, n'avait pas sa montre,
Avant que Mort Shuman en fasse une chanson, le instrument pourtant indispensable pour mesurer les
triangle de Bermudes e t né en février 1964 sous la distances à cette époque. Le plan de vol corres-
plume d'un journaliste amâicain, Vincent Gaddis. pondait à un triangle défini par trois angles et trois
Comme tous les triangles, il pos*le trois sommets : longueurs.
l'archipel des Bermudes et les villes de Miami en
Plan de vol de l'escadrille perdue.
Floride et San Juan à Porto Rico. Sa superficie est
En l'ahlience de montre, les
donc de l'ordre du million de kilomètres carr6s.
distances ne pouvaient
Selon la légende, cet endroit serait particulim- 193km Nord
être respectffl. Le
ment dangereux : de nombreux bateaux et avions y
retour à la base
auraient disparu. Bien entendu, il s'agit d'un mythe
n'était alors plus
popularisé par la disparition d'une escadrille de cinq
garanti 198km
avions torpilleurs américains Grumman Avenger
en entraînement sur le secteur le S décembre 1945. Ces demià'es étant fausses, il se trouva au-dessus
Dans Rencontre du troisième type (film de Steven des Bahamas en se croyant au sud de la Floride et
Un Grumman Avenger prit une mauvaise décision, ce qui perdit l'escadrille
d'un modèle comparable en mer. Les seuls mystùes sont la cause de l'oubli
aux avions disparus le de la montre et le fait qu'aucun des él~ves pilotes
5 décembre 1945. Cet de l'escadrille n'ait corrigé les erreurs du lieutenant
avion torpilleur 'est instructeur... à moins qu'ils aient tous oublié leurs
partk:uliènment distingué montres, ce qui resterait extlêmement curieux I Faut-
pendant la guerre du il pour autant faire intervenir des extraterrestres pour
Paclflque. expliquer ces bizarreries 'l

La trisection de l'anale
Soit à triséquer l'angle dédui sons que A ' O = A ' B' = B 'C'. L 'axe de pliage et
des droites (0 ) et (0 ) par donc de symétrie (~ ) est perpendicul a ire à AA ', ce qui
pliage. La premi ère étape induit que le po int H est l'orthoce ntre du triangle AA' E.
co nsiste à plier hori zontale- Par suite, l' axe (0 2) , image du pli (P) par le pliage d ' axe
ment la feuill e selon un pli (~ ), passe par le po int H et est la troisième hauteur de ce
(P) passa nt par un point B tri angle. On en déduit que les trois trian gles rectangles
de l'axe ve rtical. Ce pliage D (O) AOA', AA' B' et AB 'C ' , sont sembl ables deux par
défi nit le point C, sy métrique de A par rapport à (P). deux, comme ayant deux côtés identiques. lis ont donc
li fa ut maintenant effectuer un pliage sui vant un axe le mê me ang le en leur so mmet co mmun , A. On peut re-
(~ ) de sorte que l' image C' du po int C apparti enne à marquer que l' angle ti ers cherché correspond à l'angle
la dro ite (0 ), et ! ' image A' du po int A à la dro ite (P). que fa it l'axe de pliage (ô) avec l'axe des ordonnées.
Alors, les dro ites (0 1). défini e par les po ints A et A ' , et Le pliage parti culier consistant à positionner deux
(0 2) , passa nt par A et B', sont les tri sectri ces cherchées. po ints sur deux droites différentes co rres po nd à ré-
Par construction, nou avons A ' O = AB = BC. Le pli age so udre une équ ati on cubique, ce qui est impossible à
défi nissant une ymétrie, donc une iso métrie, nous en effec tuer avec la règle et le co mpas.

Hors-série n°53. Les angles Tangente


SAVOIRS par Hervé Lehning

Courbes orthoptiques
et friandises géométriques
Quels sont les points desquels on voit une courbe sous un angle
droit? La réponse tient en un mot : tous ceux de l'orthoptique ! Ce
thème autrefois classique, que l'on n'enseigne plus aujourd'hui,
est source de jolis problèmes et d'émerveillements géométriques.

•u ''- C étant donnée , l'or- C donnée. La première est de nature

U
1,
thoptique de C est par définition expérimentale, mais débouche sur une
l'ensemble des points desquels deuxième, qui est une première étude
on peut mener deux tangentes à la courbe analytique, adaptée au cas où l'on connaît
fai ant un ang le droit entre e lles. En un paramétrage de la courbe C. La troi-
géné ral , il 'agit d ' une autre courbe, siè me méthode utili se directe ment la
mais cet ensemble peut éga lement être définition ; elle est adaptée au ca où
vide . De même, si un angle a est donné, l' on connaît une équation cartés ienne
l' isoptique sous l' angle a est l'ensemble de la courbe C , et donc particulièrement
des points desquels on peut mener deux à celui des coniques .
tangentes à la courbe fa isant l'angle a
entre elles. Là encore , il s' ag it en géné- méthodes expérimentale
ral d ' une courbe . Par exemple , orthop- et paramétrique
tique et isoptiques d ' un cercle sont des
cercles concentriques. Prenons l'exemple de la deltoïde (voir
les équations plus loin). Pour l' instant ,
contentons-nous de considérer a repré-
L'isoptique d' un sentation :
cercle donné (en
bleu) sous l'angle
de 60° est un cercle
concentrique de
rayon double.

En dehors de ce cas fac ile, on peut comp-


ter troi s méthodes pour attaquer le pro- Une deltoïde et deux
blème de détermination de l'orthoptique tangentes orthogonales
et des isoptiques associées à une courbe entre elles.

TC1.n9ente Hors-série n°53. Les angles


EN GÉOMÉTRIE CLASSIQUE

Partons d ' une tangente T e t che rc hons 2


point P(1)1x=- c.os r . qui décrit le cercle
à tracer une tangente pe rpe ndic ul aire . y= a sm 2r
Po ur cela , pre nons une pe rpe ndic ul aire de centre O et de rayo n a, qui est donc
quelconque à Tet dé pl aço ns- la parallè- l'orthoptique che rchée.
lement à elle- mê me jusqu'à tangente r
la courbe C. Le point de concours de L'orthoptique de la deltoïde
ces de ux droites est un point de l'or- est un cercle tangent en trois
thoptique, et on peut ain si la tracer point points à la deltoïde.
par point. Dans le cas de la deltoïde , o n
obtient une espèce d 'ovale incluse dans La position re lati ve de ce cerc le
l'espace intérieur à la de ltoïde . par rapport à la deltoïde est inté-
Cette méthode s' adapte très bien au cas res ante à préciser. Pour cela, il suf-
où la tangente T est repérée par le para- fit de calculer la distance du point
mètre du point de tangence. La deltoide M (1) au centre O du cercle. Plu s préc i-
C est décrite par le mou vement du point séme nt :
2
mobile M (t) de coordonnées (OM(l )) - a' =
M(I )
x = a(2 cost + cos 21 )
. a' [(2cos r +cos 21)' + (2 sin t - sin 21) 2 - 1],
ly = a (2 sin r - sin 21)
Si T est la tangente e n M (1) , on che rche ce qui se simplifie e n
donc le paramètre 1' où la tangente T' est 4a 2 ( 1 + cost cos 2t -sint s in 2t), soit
perpendiculaire à T. La tangente e n M (1) 4a 2 ( l+cos3 t) qui est pos itif. Do nc C
a po ur vec te ur directe ur est à l' extérieur du cercle tout e n aya nt
dM (l)lx' = - 2a(sin t + sin 21 ) . troi s points de contact avec lui , comme
dt y'= -2a(-cos t + cos2r) indiqué sur la figure .
Des calcul s trigonométriques pennettent La même étude peut être faite sur d 'autres
de simplifier l'expression de ce vecteur: co urbes, co mme par exe mpl e ce ll e
d M(t )
- - =4a sm. -31
dt 2
-T ( ) ,
t , ou
-T ( )1-cos(1 / 2)
t
sin(t / 2)
. d ' équa tion s para mé triques 1xy==2t31: (en

rouge). L' orthoptique est alors la para-


À partir de là , il est poss ible d 'écrire bole d ' équation y2 = x - 1.
l'équation de la tangente T e n M (t). Elle
se si mplifie e n De mê me, on dé montre que l'or-
sin (t / 2)x + cos(t / 2) y = asin(3t / 2) . thoptique d ' une parabole (en bleu)
De ux ta ngentes , de paramè tres t e t 1' , est sa directrice (en rouge).
sont perpe ndi c ula ires s i le produit sca-
laire de leurs vecteurs directe urs est nul ,
soit ic i si
sin (t / 2)sin(t ' / 2) + cos (1 / 2) cos(t' / 2) =0 ,
ce qui se simplifie e n cos((! - 1') / 2) = 0 ,
soit t ' = t + n. Les coordo nnéesxet y du
point de concours P des deux tangentes
so nt solutio ns du systè me constitué par
les équatio ns des deux ta ngentes, soit :
sin(1 / 2)x +cos(/ / 2)y = a sin(3t / 2) . L'orthoptique d ' une parabole
{ cos(t 12)x - sin(t / 2)y = - a cos(31 / 2) est sa directrice.
Ce systè me est très fac ile à résoudre car
sa matrice est orthogonale ; on trou ve le

Hors-série n° 53. Les angles Tcingente


SAVOIRS Courbes orthoptiques

Une méthode directe sui vante sur a et f3 :

Dans le cas des coniques ou , plus géné- ( :~ + 1)2-( ::+ !:)( ;:+ ; : -1)= O.
ralement , des courbes données par une Cette condition s'écrit
équation cartés ienne, on peut appliquer (b 2 -y2)a 2 +2af3xy + (a 2 - x2 ){32 =O.
une méthode directe . Un point M étant Pour chaque f3 no n nul , il s ' ag it d ' une
donné, on c he rc he les équ ati o ns des équation en a, qui possède deux rac ines
droites tangentes à la courbe et on écrit a 1 et ~ à la condition que son discriminant
la condition pour que deux d'entre elles so it positi f. Un ca lcul simpl e montre
soient orthogonales. Prenons l'exemple que ce la correspo nd au cas où M est
de l'ellipse . Dans un repère adapté,elle extérieur à l' e llipse. On o btie nt ain si
a pour équation (x / a)2 + (y/ b )2 = J, où deux vecteurs tangents, de coordonnées
a et b sont ses deux demi-axes. Consi- (a" {3) et ( a 2 , {3). Il s sont orthogonaux
dérons alors un point M de coordonnées si, et seulement si, a 1a 2 + {32 = O. Il n'est
x et y. Une droite D passant par M est pas beso in de ca lcule r a 1 et a 2 po ur
caractéri sée par son vecteur directeur exprimer cette condition : le produit des
v de coordonnées a et f3. De façon géné- rac ines de l'équation en a ci-dessus est
rale, e ll e coupe l' ellipse e n 0 , 1 ou 2 a 2 -X 2 .,
-b·,-- -
y
, f3· . Les deux vecte urs tangents
~
points. Elle est tangente si, et seulement
si, e ll e la coupe en un seul point . sont donc orthogonaux si, et seulement
si, a: -X: + l = O, qui ses implifieen
b -y·
x + y2 = a 2 + b2 . Le po int M appartient
2

donc au cercle de centre O et de rayo n


Ja 2+b2 .
La réciproque est aisée à établir, l' or-
thoptique d' une ellipse e t donc un cercle.
De même, l'orthoptique de l' hyperbo le
d 'équ ati on (xla) 2 - (ylb )2 = 1 est le
Une droite est tangente à l'ellipse si , cerc le de centre O et de rayo n Ja 2- b 2
et seulement si, ses deux points s i a > b , et l'ensembl e vide dans les
d'intersection avec l'ellipse autres cas.
se confondent. H.L.

Un point P appartient à la droite si, et seu-


lement si, il ex iste un para mètre t te l
que P=M + t\l ,c'est-à-dire a pour coor-
données X =x + ta et Y= y + t{3. Ce point
appartient à l'e llipse si, et seuleme nt si,
(x + ta/ (y+ t {3 )2
--2-+ 2 = ).
a b
li s'agit d' une équation du second degré,
qui a e ffecti vement 0 , 1 ou 2 rac ines Références
réelles . • Encyclopédie des formes 111a1héma1iq11es
Le cas où D est tangente à !'ellipse cor- remarquables (www.mathcurve.com) .
respond au cas où le di scriminant de • Partager 1111 g/! reau emre gourmands .
l'équ ation est nul , soit à la condition Tangeme SUP77- 78.20 14.

Tc:&ngente Hors-série n"53. Les angles


par Édouard Thomas EN BREF

les instruments tout en un


Une règle, une équerre, un rapporteur et un compas. Tels sont les outils premiers nécessaires
à l'apprentissage de la géométrie. Évidemment, la question se pose depuis longtemps de les
combiner pour alléger le poids et l'encombrement du sac de l'élève (et également pour le plai-
sir de trouver une solution simple et ingénieuse à ce problème). Les réponses mécaniques ap-
portées au cours des siècles sont nombreuses, mais souvent trop complexes pour être utilisées
dans un contexte scolaire (mode d'emploi délicat, matériau encombrant ou contendant ... ).

Récemment,
des solutions
élégantes ont
été apportées. La
règle roulante Rol-
lertec, commercialisée
depuis 1999 par Eurodem
(www.laregleroulante.com),
est issue d'un translateur.
Elle permet, grâce à une Le principe d'une règle roulante de type Rollertec.
molette, de tracer très ai-
sément droites parallèles,
droites perpendiculaires, quadrillages et cercles concentriques en un tour ... de main. D'un
coût de 16 ou 21 euros selon le modèle (plus 7 euros de frais de port), elle est idéale pour les
professionnels du dessin technique. D'ailleurs, cette invention a été primée par la médaille
d'or au concours Lépine 1999.

Le Thamographe, commercialisé par thaM


thaM (www.thamtham.fr) depuis 11111p1111111111111 p11q11 111111r1m111111JllT1jlllljlIDf11
,
1
2013, année où il a lui aussi rempor- ou ,., JJ io 1,. " .. 6S J .,. 1S 6.
4J Ml
,.. C ,.. ,: ":'~ r ., "' ..
té la médaille d'or au concours Lé-
pine, apporte une solution plus
compacte. D'un coût dérisoire
(5 euros, frais de port offerts!), il
est idéal pour les élèves : simple
d'utilisation et ne comportant
aucune partie contendante, il 0
..... .....
" "
se range dans la trousse et est ac-
compagné de nombreux compléments Le Thamographe est un outil simple,
didactiques sur Internet (vidéos, démonstra- compact et économique.
tions, activités pédagogiques ciblées selon le
niveau de l'élève).
Tous ces outils nécessitent des crayons très
bien taillés et trouvent leur limite de maniabilité avec le tracé de cercles de rayon inférieur à
2 cm ou supérieur à 11 cm.

Hors-série n°53. Les angles Tcin9ente


SAVOIRS par François Lavallou

les transformations
conformes
Les transformations qu'on forme fort mal déforment, rendant
les images difformes. Mais, pour que les formes servent, les
transformations conformes conservent l'information angulaire.
Étudions formellement ces formidables transformations,
uniformément utilisées en physique.

ne démarche mathématique clas- ang le . De te ll es tra nsform ati o ns , qui

U sique est de considérer comme


équivalents des éléments égaux
à une transformation près. Deux figures
préservent les relations entre éléments
de l'objet , donc la forme globale, sont
dites conformes. Mais comment peut-
du plan euclidie n sont dites semblables on conserver les angles d'un dessin sans
si l' une est image de l'autre par une le reproduire à l' identique?
combinaison de translations, de dil ata-
tions et de rotations. La forme généra le ltastlques et fonctions holomorphes
n'est pas modifiée par ces transforma-
tion (le similitudes) . Le fond l'em- Un dess in sur une to ile é las tique que
porte s ur la forme : les propri é tés l'on éti re sans la déchirer subit une défor-
géométriques de deux figures ne dépen- mation correspondant à une fonc ti on
dent pas de leur ta ille ni de leur orien- continue. Le dess in est souvent difficile
tation. C'est d'ailleurs là une caractérisation à reconnaître, mais de in variants sub-
de la géométrie euclidienne d 'être inva- s iste nt. La co mpara iso n d ' un dessin
ri ante par les imilitudes . Parmi l' infi- déformé à son original est source d'in-
nité de transformations du plan , regardons for mation s sur la fo nction de la tra ns-
les tran sformations qui déforment les formation . Et un outil fo ndamental de
images, mais conservent les ang les. À l'étude de ces tra nsformations du plan
deux droites sécantes correspondront est )'ana lyse com plexe : les nombres
deux courbes se coupant avec le même complexes sont particulièrement bien
adaptés à la géométrie du pl an euc li -
En cartographie, dien (voir e n encadré).
Considérons le moduler et l'argument
les projections stéréographiques
() , coordonnées polaires du nombre com-
et de Mercator conservent les angles plexe z = r/ 0 = r(cos () + i sin ()) . La mul-
et sont conformes. tiplicati on du nombre complexe d'affixe

70 Tangente Hors-série n°53. Les angles


EN GÉOMÉTRIE CLASSIQUE

= peia par z donne


w
u = wz = (rp)ei<O+ a) _ la double écriture
Le modu le est mu ltiplié par r, ce qui
correspond à une homothétie de centre
des nombres complexes
O et de rapport r, et les arguments s'ajou- La grande force des nombres complexes (voir l'article
tent , correspondant à une rotatio n de en page 62) tient en leur double écriture, qui traduit leur
e
centre O et d'angle (à 2n: radians près). double nature. L'écriture cartésienne z =x + iy, pra-
La mu ltiplication par z correspond ainsi tique pour les combinaisons linéaires, correspond à une
à un changement d'échelle (une contrac- interprétation vectorielle du nombre complexe. Quant
tion si O < r < 1, une dilatation sir> l ) à la notation polaire z =r (cos8 + i sin8) = ri6 , adaptée
et à une rotati on . L' allure générale de pour les multiplications et divisions, elle identifie la mul-
la figure est donc inchangée . L'ensemble tiplication par un nombre complexe à une sioùlitude, com-
des compos itions d ' homothéties et de posée d ' une homothétie de rapport r et d ' une rotation
rotations, auxquelles on peut ajouter le d ' angle 8. Multiplier par r < 0 correspond donc à une
translation , est l' ensemb le des simi li- homothétie de centre Ode rapport Iri , et une rotation
tudes, qui correspondent aux transfor- de centre O et d'angle :n: (un demi-tour) puisque -1 =em.
mati ons z - az + b du pl an complexe. La connaissance des coordonnées polaires (p, 8) per-
Par constructi on , ce transform atio n met de déterminer les coordonnées cartésiennes
conservent les angles et sont donc bien (pcos 8 + psin8), et inversement le point M de coor-
co nfor mes. Ma is ex i te-t- il d ' autres données (x,y) en cartésien a pour coordonnées
applications confo rmes?
( ~ x 2 + y2 ,arctan(y / x)) en polaires.
La traducti o n confo rme du mot latin z(M)
« confo rme » est le mot grec « ho lo-
morphe » . Une fo nction ho lomorphe f
est auss i appe lée fo ncti on analytique
(voir encadré) , c'est-à-dire qu 'elle admet
un développement de Taylor en tout point
Zo de son domaine de défi nition et peut
donc s'écrire
f( z ) = L, / "> (Zo )(z - z.o )" ·
n;e() n!
Localement , c'est une similitude pui s- 0 X
qu 'elle s'écrit
J(z) =J(z.o) + f (z.o) (z - z.o) + o(z - z.o)
où o(z - z.o) est une quantité qui tend vers f( z ) = e'z 2
zéro plus vite que z - z.o qu and z tend
vers z.o. Le module If '(z.o) 1 de la déri vée
en z.o est le rapport de l'homothétie. Si
cette déri vée est non nu lle, c ' est donc
une transformation conforme. Il en ex i te
une in fi nité dans le plan complexe. La
fig ure sui vante illustre une te lle tran -
fo rmation avec la fo nction! définie par
f( z) = z2 é . Les carrés sont déformés,
mais l'ang le d ' intersecti on des côtés,
n: / 2, est con ervé. Une transformation confo rme.

Hors-série n° 53. Les angles Tangente


SAVOIRS Les transformations conformes

Fonctions analvtiaues Le théorè me de Ri e mann , éno ncé e n


185 1 et optimi é en 1922 par les Hon-
et fonctions holomorphes gro is Leopold Fejér et Fri gyes Riesz ,
stipule que pour tout do ma ine ouvert
Une fonction est analytique si elle est développable en simp lement connexe (c'est-à-dire d' un
série entière au voisinage de chacun des points x0 de seul tenant et non troué) il existe une
son domaine de définition. Elle s'écrit alors transformation confo rme bijecti ve qu i

-
J (x ) = l:a,, (x - x 0 )", où les coefficients n!an =fnl(xo)
..=11
assoc ie, po int par po int , ce domaine du
plan et le disque un ité (constitué de tous
les nombres complexes de modu le stric-
dépendent bien sûr du point de développement. tement in fé rieur à un ). Pui sque la com-
On parle de développement en série de Taylor. positi on de fo nctions holomorphes est
Les Grecs nous ont appris qu'il faut manier avec pré- ho lomorphe, cette correspondance est
caution la notion d'infini dans les raisonnements mathé- trans it ive, et do nc tous ces domaines

-
matiques. Depuis Cauchy, l'analyse associe à chaque

série S(z ) = l:a. z• un domaine de convergence.Ainsi,


k=1l
sont équi valents à une tra nsformation
conforme près: ils sont conformes. Deux
dess ins peuvent donc être image l' un
de l'autre par une transformation ho lo-
si toute fonction holomorphe est analytique car indéfi- morphe ! Malhe ureusement, c'est un
niment dérivable, toute série n'est holomorphe que pour extraordinaire théorème d'exis tence et
un domaine de convergence donné du plan complexe. non de construction: il n'ex iste pas de
Considérons la transformation du plan fo rm ule ex plic ite pour une telle trans-
=
f(x,y) (P(x,y), Q(x, y)) qui au point de coordonnées fo rmation .
(x,y) fait correspondre le point de coordonnées
(P(x,y), Q(x,y)). Dans le plan complexe, le point d'af- Vous connaissez la plupart des fo nctions
fixe z a pour image dans cette transformation le point ho lo mo rphes. Ce so nt les fo nc ti o ns
d'aftixe/(z) =P(x,y) + iQ(x,y). Le calcul des dérivées rée lles comme les polynômes, les fo nc-
partielles, par rapport aux variables x et y, nous donne tions trigonométriques, l' exponentie lle,
d/(z) = f'(z) àz = f '(z) et dj(z) = f'(z) àz = if'(z), les logarithmes, qu i admettent un pro-
ar ar dJ dJ longement dans le plan complexe. Mais
d'où df (z) - · df (z) dans ce pl an, les règles du jeu sont un
dJ _ , ar . peu di ffé rentes de ce lles du plan réel.
On en déduit Une fo nctio n ho lomorphe, en généra l,
=
P~(x,y) + iQ~(x,y) i(P:(x,y) + iQ~(x,y)), n'est pas injecti ve, c'est-à-dire que deux
c'est-à-dire, en identifiant partie réelles et imaginaires : points différents peuvent avoir une même
=
P~(x, y)= - Q~(x, y) et P: (x, y) Q ~(x, y). Apparaît image . La transformation
alors la condition d'holomorphie AP = AQ = O, f(z) = z" = r' 1é 18 est la composée d' une
où AP = ~~ + ~~ est le laplacien de la fonction P.
homothétie de rapport r'' et d' une rota-
tion d 'angle n(), défini à 2n près. Elle est
Les fonctions P et Q sont alors dites fonctions harmo- donc non injecti ve puisque tous les points
niques conjuguées. Cauchy a montré que ces conditions zk =re;<2rrx111 l sont te ls que z~ =r'' . Ainsi,
de dérivabilité, bien plus fortes que la dérivabilité des en parcoura nt le périmètre d ' un carré
fonctions réelles, impliquent que les notions de fonc- contenant l'ori g ine, on effectue un tour
tions holomorphes et de fonctions analytiques complexes co mp let. Le mê me parco urs sur on
coïncident, d'où l'importance des fonctions holomorphes image par la tran fo rmationf( z) =z2é,
en analyse complexe. localement équi valente à g (z) = z2, nous
fera tourner de deux tours.

TC1.n9ent:e Hors-série n°53. Les angles


EN GÉOMÉTRIE CLASSIQUE
1

y z les transtormations
de Mëbius
=az +b
Toute transformation de Miibiu s f( z) cz + d peut
X
a ad - be 1
s'écrire f (z) = -c - c
2 X
z+
d/
c
On suppose que A= ad - be~ 0, sinon f (z) = al c (fonction
constante), ce quj a peu d'intérêt. Alors la transformation
En fait , la démarche souvent utilisée pour homographlque est conforme comme composée de fonctions
l' étude de fo nction s holomorphes est conforme . En notant T u<z) = z + u une translation, 1 (z) = 1 / z
de partir de l' image et de chercher l' image l'inversion et H 0 ,u(z) = a (z- u) l'homothétie de centre U (d' af-
réc iproque, qui ren e igne ur la trans- fixe u) et de rapport a , qui sont toutes des transformations
formation conforme. Pui sque le rapport conformes, on peut écrire/(z) = Talc o H_,vc>, o o I o Td/c(z) ou
d' homothétie de la fonction réc iproque /(z) = Talc o I o H- <'it\,-d/c(z) .
est lié à la déri vée L'ensemble des cercles et droites est globalement invariant
(r' )' (z) = ( I ) , cec i ex plique par ces transformations. En particulier, l'image des droites paral-
f' r'<z) lèles aux axes des coordonnées sont des cercles passant par l'ori·
que les endroits où la déri vée s'annule gine.
donnent des rapports infini dans l' image Considérons un pavage régulier du plan avec pour motif le Sto-
réc iproque. L'argument de cette déri vée machlon d' Archlmède. L'image réciproque de ce pavage pour
donne l' angle de rotation de l ' objet , soit la transformation/(z) = (1- z/(1 + z) est bien constituée de
un demi -tour pour une dérivée rée ll e cercles et de droites et présente un point d 'accumulation au
négati ve. Un point d ' inflex ion corre - pôle z =-1 de l'application.
pond à un extrémum de la dérivée (donc
une déri vée seconde nulle), et sur l' image,
aux valeurs extrêmes du rapport d ' ho-
mothétie. Et en approchant des pô les de
la dérivée, valeurs qui annulent son déno-
minateur, le rapport de grandissement
de l' image tend vers l'infini .

Toutes les transformations de Mobius


. az + b
(vo ir encadré) J( z) = - - sont des
cz+ d
transformations conformes, mais la réci-
proque n'est pas vraie (les transforma-
ti o ns à pô les multipl es s ont d es
contre-exemples). La fi gure sui vante est
l'antécédent , ou image réciproque , d ' un
pavage régulier du pl an avec le logo des
Éditi o ns POL E pour ( 'a ppli ca tion
f( z) = (z2 - 1) / (z2 + 1). Le deux points
PlayMaths
de concentration du pavage correspon-
dent bi en aux pô les z = i et z = - i de Le Stomachion d 'Archimède.
l'application .

Hors-série n• 53. Les angles Tcingente


SAVOIRS Les transformations conformes

Les transformations conformes trouvent cas e n é lectrostatique , pour déterminer


naturellement une application dans les nom- des surfaces équipotentie lles et optimi-
breux domaines de la physique dont les ser le dessin des cathodes, ou en méca-
équations sont régies par des lapl ac iens, niqu e des fluides pour le ca lc ul de
comme l' équation de Poi sson. C'est le l'écoulement d'un fluide autour d ' un
profil. La transformation due au père de
l'aéro nautique moderne , le Hongrois
Theodore von Karman , permet ai nsi de
transformer un cercle en un profil d ' aile .

,"'
...... -- ...... ...... ,
, \
I \
I \
I \

C{
~
~
~~.--~~~-~
- 1
\ I
\ I
\ I
\
' ...... ___ ... ,, , '

La transformation de von Karman.

On rencontre encore les tran fo nnations


conformes en géométrie différentielle
et en cartographie (où une loxodromie
est une courbe qui coupe les méridiens
du globe sous un angle constant). Ainsi,
les projections stéréographiques, pour
Antécédent pour f(z) = (1 - z) I (1 + z) . les astrol abes, et de Gerardus Mercator
( 1569) , pour les cartes , conservent les
angles . Les lignes droites sur une carte
de Mercator (obtenue par projection sur
un cylindre tangent à l'équateur) coupent
donc les droites des long itudes à angle
constant. Ces loxodromies permettent
une nav igation à cap constant fac il e ,
mê me si ce n' est pas le chemin le plus
court (qui lui est une géodésique) .
Les transformations conformes sont tou-
jours d'actualité, comme outil fo nda-
mental pour la co mpré he nsio n des
phénomènes critiques bidimensionnels .
De récentes médai lles Fields , Wende-
lin Werner (2006) et Stanislas Smirnov
(20 10), confirment la modernité de telles
étude .
F.L.

Référence
Antécédent du logo des Éditions POLE pour • La magie des in variants mathé111atiq11es .
f( z) = (i- l)t(i + 1) . Bibliothèque Ta ngente 47, 20 13.

Tangente Hors-série n°53. Les angles


SAVOIRS par Jacques Bair

Du théorème de Pythagore
à une formule de trigonométrie
Le théorème de Pythagore a été généralisé par al-Kashi.
Cette reformulation est équivalente à la relation donnant le
cosinus de la somme de deux angles. Désormais, diverses
démonstrations originales et instructives peuvent être données
de cette formule fondamentale de la trigonométrie.

ans un triangle rectangle , le


~4i
~~ D carré de la longueur de l'hy-
poténuse est égal à la om-

...
me de carrés des longueurs des côtés

a'
•••
••• A
I de l' angle droit. C'est bien entendu
le théorème de Pythagore . Comme
~ tous le résultats fo ndamentaux de la
géométrie plane cla ique, cet énoncé
fi gure dans le célèbre ouvrage les
Éléments d 'Euclide (voir le premier
article de ce numéro , consacré aux
ang les corni c ulaires et de demi -
cercle chez Euclide). Plu précisément,
il s' agit de la Proposition 47 du Livre 1,
sa réciproque fai ant d' ailleurs l' objet
de la propo ilion uivante , la 48, qui
est la dernière du Li vre 1. Mais , dans
le Livre II de ses Éléments , Euclide
énonce et démontre deux résultats qui
concernent des triangles non rectangles
et qui préfi gurent une généralisation du
théorème de Pythagore . Il s'agit de la
Proposition 12 , qui concerne les tri -
angles dont un angle est obtus, et de
la Proposition 13, qui se réfère aux
triangles dont les angles sont aigus.
Voici l'énoncé (sou sa forme initiale)
du premier de ce résultats, sachant
que , pour Euclide, le mot « droite »
dé ignait un egment de droite :
Dans les triangles obtusangles, le carré

&il Tangente Hors-série n°53. Les angles


sur le côté sous-tendant l'angle obtus
est plus grand que les carrés sur les
côtés contenant l'angle obtus de deux
fois le rectangle contenu par celui de
côtés de l'angle obtus sur lequel laper-
pendiculaire est tracée et par la droite
découpée à l'extérieur par la perpen-
diculaire au-delà de l'angle obtus .
Soient ABC un triangle dont l'angle en
A est obtus, et H le pied de la perpen-
diculaire abaissée du sommet B sur le
prolongement du côté [AC]. L'énoncé
ci-dessus se traduit ainsi :
IBCl2 = IACl 2 + IABl 2 + 2 IACI IAHI
ou encore, en notant a, b et c les lon-
gueurs respecti ves des côtés BC , AC et
AB : a 2 = b2 + c2 + 2 b IAHI. Le mathématicien.
Ferdinand Bol, 1658, Musée du Louvre.
,, ''
'
,, '
'' des côtés de l'angle aigu ur lequel
,
,, ''
tombe la perpendiculaire et par la droi -
',x,. .H
< , ',,',, te découpée à l' intérieur par la perpen-
B diculaire en-deçà de l'angle aigu.

c Le théorème d'al-Kasbl

Le raisonnement fourni par Euclide Depuis l 'Antiquité, le théorème de


pour démontrer ce résultat repo e Pythagore a été justifié par plusieurs
sur la considération d'ai res de carré centaine de démonstrations différentes.
et de rectangles (voir en encadré). Il a également fait l'objet de multiples
Remarquons que si (AC) est perpen- extensions. Une générali sation des
diculaire à (A B), c'est-à-d ire si le plus immédiates concerne tout triangle
triangle ABC e t rectangle en A, alor quelconque, et englobe de ce fait les
IAHI s'annule et la fo rmule ci-de sus deux propositions d'Euclide rappelées
redonne bien celle livrée par le théorème ci-dessus. Elle est connue ous diverses
de Pythagore. appellations, notamment le théorème de
Contentons- nous de citer (sous sa Pythagore généralisé ou le théorème
forme originelle) le second résultat d 'al-Kashi, du nom d'un mathématicien
d'Euclide. perse.
Il peut être interprété comme le cas Le théorème d'al-Kashi concerne un
précédent : Dans les triangles acutan- triangle quelconque. Dans la version
gles, le carré sur le côté sous-tendant que l'on en connaît aujourd ' hui , il
l'angle aigu est plus petit que les carrés relie la longueur d' un côté à celle des
sur les côtés contenant l'angle aigu de deux autres et au cosinus de l'angle
deux fo is le rectangle contenu par celui fo rmé par ces deux derniers . Précisons

Hors-série n°53. Les angles Tangente ID


SAVOIRS Du théorème de Pythagore ...

Ce résultat avait été prouvé par al-Kashi


Preuve en considérant des aires de carrés et de
rectangles, un peu de la même manière
de la Proposition 11-12 qu 'Euclide avai t procédé pour démon-

d'Euclide trer le propositions 12 et 13 du Li vre li


de ses Éléments . De puis lors o nt été
construites d 'autres pre uves, par exem-
(,rÙL'L' ù une double appliL·:1tio11 du th..:ori.·111e ple en fa isant simplement appel au
de l';-tha~ore.011 tnn1,L' ,uL·CL·,,i,L'lllL'lll: théorè me de Pythagore, ou encore en
IBC I = IC III + IBII I recourant au calc ul vectorie l.

= 11:\CI + 1:\11 11 + IBII I


la tonnule d'addmon
= 1.-\( ï' + 1,\11 1 + 2 l,\CI 1.\11 1 + IB II I
= l:\CI + 11 :\11 1 + IB II I 1+21 .- \Cl l.\ 11 1 Si , dans la dernière égalité, on fai t appel
= l,\CI + l:\B I + 2 I. \C l l.- \11 1. non pas à l'angle a mais à son supplé-
B
mentaire + y, alors on est conduit à la
formule sui vante, qui est équi valente à
celle du théorème d 'al-Kashi :
a 2 = b2 + c2 + 2 be cos (B + y).
cet éno ncé et considérons un trian- On peut démontrer que ce résul tat est
gle arbitraire ABC. Les longueurs des équi valent à la formule donnant le
côtés sont notées, comme ci-dessous , cosinus de cet angle B + y, à savoir :
IBCI = a, IACI = b et IABI = c, tandis cos (B+ y)= co B B
cos y - sin sin y.
que les mesures (ex primées ic i e n Cette dernière égalité, et dès lors celle
degrés) des ang le ont dés ignées par fournie par le théorème d 'al-Kashi , peut
a pour l'angle BAC, B
pour et CBA être utilisée pour construire la plupart
y pour ACB : des fo rmule de la trigonométrie : par
A exemple, celle donnant le cosinus (ou
le sinus, ou encore la tangente ... ) de la
différence de deux angles, ou du double
c d ' un angle ...
De nombreux mathématiciens postérieurs
b à al-Kashi ont démontré le théorème
de Pythagore généralisé ou un énoncé
B
équi valent. À cet effet, ils ont introduit
puis exploité di vers concepts abstrai ts .
c Donnons-en un aperçu en exhibant trois
démonstrations, devenues as ez clas-
siques , qui prouvent la fo rmule livrant le
Le théorème de Pythagore généralisé cosinus d ' une di ffé rence de deux
s' expime par cette formule : angles (dont celle donnant le cosinus
a 2 = b2 + c2 - 2bc cos a. d ' une somme peut évidemment être
Bien entendu, on retombe sur le théorème déduite) . Carl Friedrich Gauss ( 1777-
de Pythagore lorsque a est égal à 90 1855) a mis au point une preuve qui
degrés. repose sur un changement de sys-
tèmes de coordonnées dan le plan.

~ Ta.ngent:e Hors-série n°53. Les angles


Considérons des points A et B situés sur
le cercle trigonométrique de centre O et
de rayon unitaire : en notant respective-
Ghivath al-Kashi
ment a et Bles angles POA etPÔB, où P
Ghiyath al-Din Jarnshid Mas'ud al-Kashi est né dans la
désigne le point du cercle situé « à droi-
ville iranienne de Kashan (d'où son nom!) aux alentours
te » sur l' axe horizontal , le coordonnées
de A et de B dans le repère (.xOy) sont de 1380 et mort à Samarcande en 1429. Ce mathémati-
respectivement (cos a , sin a) et (cos B, cien est l'auteur de divers ouvrages, dont les plus connus
sin B). sont probablement :
)' • Traité de la circonférence (en 1424) : l'auteur y donne
y' une fort bonne approximation du nombre n avec dix-
sept chiffres après la virgule décimale, dont seul le
dernier est faux ;
• Clef de l'arithmétique (en 1427) : c'e t une sorte
d' « ouvrage de vulgarisation », dans lequel figure ce
que l'on appelle désormais le théorème d'al-Kashi ;
0 / p • Traité sur la corde et le sinus : une œuvre inachevée
I
\ I à la mort de l'auteur, où figure notamment un calcul
\ /
'' /
du inus de l O avec une précision semblable à celle
' /
trouvée pour n.
' ----- /

La di stance IABI entre ces deux point ,


c'est-à-dire la longueur du segment
représenté en gras sur la fi gure ci-
dessus, est donc telle que
IABl 2 =(cos a - cos B)2 + (sin a - sin B)2.
Effectuons une rotation d' un angle Bdes
deux axes (l'horizontal et le vertical), de
manière à travailler désonnais dans le
repère (x'Oy '), en couleur magenta sur
la fi gure ci-dessu . Le point B est alors
caractérisé par les nouvelJes coordonnées
(1 ; 0), tandis que celles de A ont
données par (cos (a - B), sin (a - B)).
On a donc également :
IABl 2 = (1 - cos (a - B)) 2 + sin 2(a - B).
En égalant les deux expressions don-
nant IABl2, et après quelques calcul s
élémentaire , on obtient bien ce qui
était souhaité, à savoir :
cos (a - B) =(cos a) (cos B) + (sin a) (sin B). Carl Friedrich Gauss,
On peut également travailler dans le peint par Gottlieb Biermann.
cadre vectoriel en effectuant le produit
scalaire des vecteurs OA et OB , où A

Hors-série n°53. Les angles Tc:a.ngente GJ


SAVOIRS Du théorème de Pythagore ...

et B dés igne nt comme précédemment


de ux po ints du cerc le trigono métrique.
On sa it ~ue ce produit est égal à
OA·OB= iPAIH rij lx cos AOB .
D 'autre part , ce produit scalaire vaut
encore la somme des produits des
composantes des vecteurs multiplié ,
celles-c i coïncidant avec le coordon-
nées, dans le re père (xOy ), de A et
de B respecti ve ment. On en déduit :
OA ·OB= ( cosa )( cos ~)+ (sin a )(sin ~) -
La conclusion s'obtient en égalant les
deux expressions donnant ce produit
scalaire , en observant que les vecteurs
considérés sont de norme unitaire et que
l' angle qu ' ils forment est la différence Leonhard Euler.
a- ~ .
Voici enfin une tout autre démonstration. de manières diffé rentes , en util isant
Elle est due au Suisse Leonhard Euler des concepts inédits, po uvant devenir
( 1707- 1783, voir Bibliothèque Tangente abstraits ... mais souve nt généraux et
29, 2007) et est basée sur l'identité d ' Eu- très efficaces . Ainsi s'élabore le savoir
ler : eix =COS X + Î Sin X. mathé matique : prog ress iveme nt , par
On sa it que l'ex po nenti e lle d ' une acc umul ati o n d ' éno ncés de plu s en
somme est le produit des exponentielles plu s gé né raux, et par introdu cti on
correspondantes, à savoir é(~ + Yl = é~ e;Y_ de concepts no uvea ux rend ant les
Dès lors, en appliquant l' identité d ' Euler, démonstrations efficaces et esthétiques .
on obtient directement : J.B.
cos (a - ~ ) + i s in (a - ~) =
(cos a + i sin a) (cos ~ - i sin ~). Références
Le résultat souhai té s'obtient aisément Autour du théorème d"a/-Kashi .
Jacques Bair et Jacques Goldsteinas.
en prenant respecti vement les parties
Losanges 19, 20 12 .
réelle et imaginai re des deux membres Leonhard Euler, 1111 génie des Lumières.
de cette dernière égalité (après avoir Bi bliothèque Tangente 29, 2007.
év idemment effectué le produit fig urant L 'expo11e111iel/e.
Ta11ge111e SVP 69 , 20 13.
dans le second membre).
Cette petite promenade dans le passé
montre que, contraire me nt à une
opinion trop souvent e ntendue, les
mathé matiques se construisent pas à
pas et constituent une science bien
vi vante e n perpétue lle évo lutio n .
D' une part , un énoncé nouveau s' ap-
puie généralement sur des résultats
anc iens. D'autre part , un théorè me
démontré est certes acqui s défi niti ve-
ment , mais sa pre uve peut être abordée

(D Tc:ingent:e Hors-série n°53. Les angles


par Hervé Lehning EN BREF

Le théorème des sinus


Considérons un triangle quelco nque ABC, do nt O est le centre et R le rayo n du cerc le circonscrit.
So it S o n aire. T raditio nnelle me nt, on note égale me nt A, B et C les angles aux sommets du triang le
ai ns i que a, b et c le lo ng ueur de côté o pposés.
Le théorème des sinus établit un lie n e ntre ces di verses do nnées :
_ a_ = _ b_ = _ c_ =abc= 2 R.
sin A sinB sinC 2S
La démo nstrati on la plus impie cons iste à fa ire intervenir la haute ur h de l' un des côtés .
Elle 'ex prime e n fo nctio n du sinus de C : h = b sin C , d 'où une fo rmu le
po ur l'aire du triangle :
A
S = ah = ab sinC = abc sinC .
2 2 2 c
On e n déduit : A

c abc . .,
-- = - qui est 11e au
sinC 2S '

rayon R. La sy métrie de b
la fo rmule pe rmet de h
a c
conc lure.

B a c

6
Les similitudes A'

Une similitude est une tran sformatio n o ù les lo ngue urs


sont multipl iées par une mê me constante k > 0 , qui est
appelée le rapport de la s imilitude. Ain si, un
A
[> c
B'
triang le est transformé e n un tri angle sem-
blable. Bie n e nte ndu , ce terme n' a pas été
8
chois i au hasard. Il s'assoc ie nature lle me nt c
au te rme « s imilitude ».

Les angle - des tri a ng le sont do nc conservés, mais pas fo rcéme nt le urs o rie ntatio ns. Si elle l'est, o n
parle de similitude directe, s ino n de s imilitude indirecte, de mê me que po ur les isométries, qui sont
d' aill eurs les similitudes de ra ppo rt 1. par défi nitio n.

S i O est un po int d u pla n, o n défi nit l' ho mothétie de centre O et de rapport k > 0 comme la transfor-
matio n h qui , à un po int M, assoc ie M ' = h (M ) te l que OM ' = kOM. Il s ' agit do nc des s imilitudes les
plu s simples qu i so ie nt. Ce sont des bijectio ns, l' inverse /z- 1 de h est l' ho mothétie de mê me centre que
h et de ra ppo rt I I k.

Considéro ns une similitude f de rappo rt k eth une ho mo thé tie de mê me rappo rt. La tra nsfom1atio n
composée g =f o /,- 1 est une similitude de rappo rt l , do nc une isométrie . Ainsi, to ute simi litude est la
composée d ' une isomé trie e t d ' une ho mo thétie. La réc iproque est vraie.

Hors-série n°53. Les angles Tc:in9ente


SAVOIRS par Jean-Pierre Friedelmeyer

Hngles, fonctions hyperboliques


et génie électrique
Les angles donnent naissance aux fonctions circulaires
classiques telles que le sinus ou le cosinus. Dès lors, à quoi
correspondent les fonctions hyperboliques telles que le sinus
hyperbolique ? Motivé par des questions pratiques, un ingénieur
en électricité apporte une réponse.
n l' a vu dans les précédents de contenu sémantique , ce qui rompt le

O art ic les, la notion d 'ang le,


d 'abord limitée à ses propriétés
géométriques, a connu une évolution
lien avec la géométrie et les applica-
tions pratiques. Sous le nombre qui
mesure un ang le, il est souhaitable
marquée par un enrichissement de son qu ' il y ait un objet, géométrique ou
contenu et de ses applications. Les physique. On peut récupérer le conten u
be oins de l'astronomie ont introduit sémantique du terme « angle circulaire »
les rapports trigonométriques : s inu s, de deux manières : soit par le rap port
cos inu s, tangente. Avec la géométrie entre la longueur s de l'arc AM au
analytique et l'émergence de l'analyse, rayon r du cercle (si le cercle est de
ces rapports deviennent des fonctions, rayo n 1, l' angle ex est mesur~ n
dont le qualificatif de circulaires renvoie radians par la longueur de l' arc AM) ,
à l'idée de repérer un po int du cercle soit par le double de l'aire du secteur AOM .
unité (C), d 'équation x 2 + y2 = 1, par E

ses coordonnées (x = cos ex , y = sin a) .


Leonhard Euler scellera la rupture défi-
nitive de l'ancrage de ces fonctions dans
les fi gures géométriques en les rame-
nant par le simple jeu du calcul analy-
tique aux fameuses formules d 'Euler. A
X

Du cercle à l'hyperbole

Connaissant le cosinus, le sinu s ou la


tangente d ' un angle ex , on peut e n En 1757 , cherchant à calculer J'aire
déduire ex au moyen des fonctions sous l' hyperbole équilatère d 'équation
circulaires réciproques. Le problème est x 2 - y2 = ? , le mathématicien italien
que, e n procédant a in si, le mot Vincenzo Riccati introduit les fon ctions
« angle » n'a plu s de signification , plu s hyp erboliques par analogie avec les

TC1.n9ent:e Hors-série n°53. Les angles


LA TRIGONOMÉTRIE
fonctions circulaires. La démarche est la En généra l, on aura po ur la long ue ur s
sui vante . Il s'agit de définir un objet qui d ' un arc de cercle M 1M 2 et l'ang le cir-
joue pour l'hyperbo le le même rôle que cula ire o. (ex primé en radians circu-
l'angle o. pour les fonction circulaires. laires): ds= (d.x)2 +(dy)2 ,
Comme pour le cercle, para métrons les ds
r = x 2 + y2, da et
= -
coordonnées d ' un point M de l' hy per- r
bole équilatère (H) d 'équation x 2 - y2 1 = .., ds ..., ds
a= r - = r - =s 2 -s,.
par (x =ch o. , y = sh o.), avec ch l'abré- Js, r Js. 1
viation de cosinus hyperbolique e t sh En développant l'ana log ie avec le Vincenzo
celle de sinus hyperbolique . Mais que l cercle, on pe ut dé finir l'arc d 'hyperbo-
Riccati
(1707-1775).
sens donner à l'argument o.? Peut-on le le M 1M 2 et l'ang le hyperbolique 8 œ
considérer comme un angle, et lequel ? la mê me maniè re, par
e = r"ds_
) s. r
Sauf que dans la re lation entre l'arc et
l'angle , contraire ment à ce qui se passe
po ur le cercl e, r est ma inte na nt
variable ! Ainsi, pour la mesure de
l'angle hyperboli ue au moyen de l'arc
d ' hype rbole M 1M 2 , il faut divi ser cette
lo ngue ur par le rayon moyen r ' entre
M 1 e t M 2 , et donc:

Poursui vons l'analogie avec le cercle.


S =J:'s,2 dsr =s 2 - S1 •
r
1

Pour le cercle, l'aire du secte ur AOM


=
est mesurée par s o. / 2. Comparaison des radians
Dans le cas de l' hyperbo le, l'aire S du
secteur AOM, po ur un point M d 'abs- Arthur Edwin Ke nne ll y (1861 - 1939),
c isse x (avec x ~ 1) et d 'ordonnée ingénie ur e n é lectricité am éricain , a
y = x i - J , est me urée par : illustré la comparaison entre fonctions
c irculaires et hyperboliques en parta-
geant e n c inq un ang le de I rad c ircu-
laire et un angle de I rad hyperbolique.
En posant , par ana logie aux fonctions Dans le cas du cercle, les ang les sont
circulaires, cette a ire égale à S = o./ 2, to us égaux (de 0 ,2 e n 0 ,2 radian circu-
on obtient , e n remarquant que la ire) et les rayons vecteurs sont tous
~+ xi - 1X x - x i - 1} 1 , égaux à 1. Dans le cas de l' hype rbo le,
les diffé re nts angles mesure nt égale-
x + x '- - 1=e" et x-'-lx-
~ - It =e -a . me nt chacun 0 ,2 radian hype rbolique,
On en déduit les formules classiques ma is les longueurs des arcs correspon-
eu + e-n ea - e -0 dants ne sont pas égales, et leurs distances
x=c ha = - - - y- sha - - - - au centre O varient.
2 ' 2
Dans la premiè re fi gure de la page 84
e" - e-a
et tha = _ où o. mesure (partage d ' un radian c irculaire), ~cun
0
e0 +e des arcs circula ires AB, BC , CD ,
le double de l'aire S du secteur hype r- DE et EF a une long ueur de 0,2 et
bolique AOM . c hacun des ang les circulaires mesure

Hors-série n° 53. Les angles Ta.ngent:e


SAVOIRS Angles, fonctions ...

longueur (AB) ce qui représente 0,20 radian hyperbo-


---'-----'- =-0 '-20 =0 , 20 lique. L' angle hyperbolique total du sec-
rayon moyen 1
teur AOF mesure un radian hyperbo-
radian circulaire, si le lique, alors que l'arc ABCDEF a une
.....() rayon [OA] du longueur totale de 1,3 167 (environ) si
~ cercle est pris OA est pri pour unité de longueur.
pour unité Kennelly a montré que l'on pouvait
de lon- générali ser les lois d' Ohm établies
gueur. d 'abord pour les courants continus aux
courants alte rnati fs au moyen des
nombres complexe . Beaucoup de phé-
nomènes électriques, particulièrement
ceux concernant le ligne télépho-
niques et les réseaux combinant rés is-
tances, inductances et capacités (les cir-
cuits RLC), conduisent à des équations
différentielles du second ordre, à coeffi-
cients constants, de la fo rme sui vante :
ax"(t ) + bx'(t ) + cx(t ) = f(t).
-- - 0
~
Selon le signe du di scriminant /1 de
·O
0 ar 2 + b r+ c =0 (équation dite caracté-
) A
Fla. 3.-A Cin:ular Âl>gl• or 1 c:!=lar l'ldla11, in e,, sectlou, or 0'2 iaJian
ristique), l' ensemble des solutions de
...~. npruaed u I • / ~. , l'équation sans second membre asso-
ciée ax"(t ) + b x '(t ) + c x(t) = 0 sera
Dans la figure ci-dessous (partage d ' un constitué des fo nctions sui vantes (dans
radian hyperboljque), chacun des sec- lesquelles A, B et K sont des réels quel-
teurs hyperboliques AOB , BOC , COD , conques):
DOE et EOF contient un angle hyper- • x(t) =A ch(at) + B sh(ar) dans le cas
bolique de 0 ,2 radjan hyperbolique : o ù/1>0 ,
• x(t) = (A t + B) e01 dans le cas où
longueur(AB) _ 0 . 20267 = ... = longueur(EF) = 0.35266
rayon moyen 1,01335 rayon moyen 1.7633 /1 = 0 ,
• x(t ) = e01 (Acos wt + Bsin wt )
=e01Kcos (wt + cp)
dans le cas où /1 < 0 (avec w et cp des
réels convenables).
En fa it , les cas où /1 > 0 et où /1 < 0,
apparemment di stincts, peuvent se trai-
ter ous une même rubrique en généra-
lisant la notion d 'angle dans deux direc-
tio ns : déjà en introduisant les angles
hyperboliques, ensuite en défi ni ssant
les angles complexes.
De cette manière, les fo nctions défi nies
par le cosinus et le sinu s d' un angle
générique u sont obtenues par les ex po-
f'10. ,.-A Hyporùolio Angle of I hyperùolle radian, in fin secliou1 or 0'2 rodl&,i nentie lles i" et e- ill, caractérisées par
each, expr..110d u, ~.f~ l'angle circul aire u. Celles défi nies par

TQ.ngente Hors-série n°53. Les angles


LA TRIGONOMÉTRIE
le cos inus hype rbolique et le sinus
hyperbo lique d ' un angle générique 8
sont obtenues par les exponentielles e0
et e- 0 et caractérisées par l'angle hyper-
bo lique 8. Aux fonctions défi nies par
e8cos u e t e8 sin u, qui sont e n fa it
obtenues par les exponentie lles e< 0+it1)
et /IJ-i"l, on associera par conve ntion
les angles complexes conjug ués 8 + iu
et 8 - iu, a insi que le urs cos inu s et
si nu , aux choi x hype rbo liques o u c ir-
cul aires car le ur distinctio n n'a plus de
rai o n d 'être, les propriétés de
l'exponentielle pe rmettant de passer de
l' une de fo rmes à l'autre:
ch u= cosiu, s hu = - i s iniu,
shi u = i s inu , c hiu = cosu, traçons le cerc1!Lbcdef et dé limitons sur
si n u = - i sh iu , cos u = c h iu. ce cercle l'arc bd , qui mesure 2 radians Référence s
Kenne ll y a ca lculé et ta bulé à 10- 5 prè c ircula ires . Enfin de puis d abaissons la Th e application
les fo nction circula ires et hype rbo- perpendiculaire (dM ) sur l' axe (OX) et of hyperbolic
liques de no mbre complexes x + iq faisons l' affi nité de rapport th(l ) - ~~, func tions to
par intervalles de O,05 . Il a auss i ce qui transforme den P et le cercle e n electrical
constitué un atlas de trente-deux gra- une e llipse (E). engineering
phiques fac ilitant les interpo lations. Alors OP est l' image~torie lle com- problems .
À titre d 'exemple, le sc hé ma plexe de ch( !+ 2i) =OM+ iMP , qui Arthur Edw in
c i-contre présente une construc tio n est égal (à 10- 2 près) à -0,64 + l ,07i , Ke nn e ll y,
graphique de ch( 1 + 2i) et plus généra- so it (1 ,24 ; 12 1° O' 09") . Cette derniè- Uni versi ty of
lement de ch( 1 + iw) pour to ut w réel. re expression est l'écriture pol aire du Lond on Press,
Les axes de coordonnée (OX) et (OY) nombre complexe. 19 12.
sont les axes d' une hyperbole équilatère Les valeurs de ch( ! + iw) sont alo rs
HABH ' do nt (OS ) est une asy mptote. immédiate ment accessibles à partir de Tables of complex
La distance OA sur l' axe (OX) étant l'ellipse. P~exemple, ch(! + i) sera hyperbolic and
prise pour unité, les po ints 0 ,2, 0,4, do nné par OQ , et c h(l + 1,Si) sera circular func tions.
0,6 etc. sur l'hyperbo le indique nt les fourni parOg. Arthur Edwin
arc correspondant aux angles hyperbo- Les ouvrages de Kenne lly expliquent Ke nn e ll y,
liques de 0 ,2, 0,4 , 0 ,6 etc. radian hyper- comme nt ces an gles généralisés sont Harvard
bolique respectivement. appliqués à l' ingénierie é lectrique. Leur Uni vers it y Press,
Pour avo ir la vale ur de c h( 1 + 2i), utili sation a aug me nté à l'extrê me la 192 1 pour la
utili sons la fo rmule d 'additio n e t les puissance du calcul. Inverseme nt , le seco nd e édition.
relations précédentes : génie é lectrique a fécondé en profondeur
ch( 1 + 2i) = ch( 1) ch(2i) + sh( 1) sh(2i) deux do maines des mathé matiques
= ch( 1) cos(2) + i sh( 1) sin (2). pures, les no mbres complexe e t la tri-
Menons la perpe ndicula ire (b B) à (OX), gono métrie gé néralisée des fonctions
où B correspond à un ang le hyperbo- hype rbolique et circula ires.
lique de I radian. Do nc bB mesure sh( 1)
et Ob mesure ch( 1). De O comme J.-P. F.
centre et Ob co mme rayon ,

Hors-série n° 53. Les angles Tangente


SAVOIRS par Bertrand Hauchecorne

Hngles, produit scalaire


et orthogonalité
Le produit scalaire est un outil essentiel pour l'étude de la
géométrie plane métrique. À deux vecteurs du plan, il associe
un scalaire, qui dépend de leurs longueurs et de leurs orien-
tations respectives. Il est ainsi sous-jacent à la notion de me-
sures des angles et donc lié à la trigonométrie.

e produit sca laire peut s'appré- OA .OB =OA x OB x cos 8. On pe ut e n

L he nde r de de ux maniè res diffé-


re nte . La pre mière fa it appel
à la pe rception géométrique que no us
déduire certaines pro priétés :
• On ne modifie pas le produit scalaire
e n inte rverti ssant A et B. Certes,
avons d u pla n ; la seconde se place l'ang le 8 est tra nsformé e n - 8, mais
dans le cadre des structures algé briques l'on sa it que cos8 = cos(- 8).
en assoc iant à deux vec teurs un scala ire • Si l'on se do nne un no mbre
vérifia nt certains ax iomes. rée l a et que l'o n cons idè re le
Produit scalaire po int A' te l que OA' = aOA.
positif la uision géométrique alo rs OA' .OB = OA' OB cos 8
= a OA OB cos8 = a OA.. OB.
A,li.
· - -.. Plaçons-nous dan s le pla n et inté- • So ie nt mainte na nt des po ints 0 ,
ressons-nous à la pre miè re approc he, A, A' et 8 . Dé fini sson C tel que
te lle me nt plus intuiti ve. Pre no n deux 6ë =OA + OA' (atte ntio n, les vecte urs
B vecte urs OA e t OB de mê me o ri - s ' ajo ute nt selo n la règ le du parallé lo-
g ine O . Proje to ns le point 8 sur la gramme !). A lors : (OA + OA' ).OB =
droite (OA) et noto ns H OC.OB = OA .OB + OA' .OB .
fi A
cette projectio n. On défi - • E nfin , on re ma rqu e qu e
nit le produit scalaire OA .OA = ON ~ 0 e t que s i
OA.OB comme le produit OA.OA = 0 alo rs O =A.
Produit scalaire des valeurs algébriques des vecteurs Ces quatre propri étés caractérisent
négatif OA et OH, c'est-à-di re le produit de le produit scalaire et sont désormais
leurs lo ng ue urs si H se situe du mê me uti lisées po ur le défi nir ax iomatique-
côté que A sur la dro ite (OA), et l' o p- me nt. Les deux autres propriétés sui-
posé de ce produit sino n. Ainsi, s i vantes o nt fo nda me ntales auss i mais
o n note 8 la mesure de découlent e n fa it directe me nt des pré-
fi O A
l' a ng le AOB , o n o btie nt céde ntes.

Ta.n.gente Hors-série n°53. Les angles


LA TRIGONOMÉTRIE

Notre langue possède trois mots pour désigner deux vecteurs (ou deux droites) faisant entre eux un
angle droit. Pour les Romains, perpendiculum désignait le fil à plomb. On y reconnait une racine
commune avec le verbe pendre. Au Moyen Âge, perpendicle avait le même sens que son ancêtre
latin mais désignait aussi la verticale. Perpendiculaire a été formé à la Renaissance sur la racine
latine alors que l'intérêt pour les sciences reprenait.
Bien qu'entièrement construit sur des racines grecques, orthogonal date de l'époque moderne. Le
préfixe, ortho, qui avait le sen de droit et, par extension, co"ect, se retrouve dans orthographe et
orthocentre, point de concours des hauteurs d'un triangle. Le second terme est issu du terme gonia,
qui signifiait coin ou angle ; on le retrouve dans polygone ou dans trigone, si cher aux astrologues.
On s'étonne parfois d'entendre nommé vecteur normal celui qui fait un angle droit avec la tangente
à une courbe ou avec le plan tangent à une surface. Qu'a-t-il de plus normal qu'un autre? C'est
oublier que l'équerre se nommait nonna en latin. C'est un retour à l'étymologie latine, vers 1750,
qui explique son utilisation en géométrie. Mais comment est-on parvenu de nonna, l'équerre, à la
nonne, celle qui hante certains de nos espaces vectoriels comme celles qui s'accumulent dans notre
quotidien?
Dans l' Antiquité classique déjà le même mot (en grec gnomon et en latin directus) désignait à la fois
la ligne droite et 1'angle droit. Par une extension naturelle est apparu alors le sens figuré de ce qui res-
pecte la règle. Le double sens de ce dernier vocable en est une illustration. Par une dérive analogue, le
latin norma, associé comme nous l'avons vu à l'angle droit, s'est mis à signifier la loi, la règle.
Le français norme, apparu à la fin du XIII° siècle, n'a conservé que le sens abstrait de son ancêtre
latin. Au xlX" siècle, il se met à désigner aussi ce qui est conforme à la majorité des cas, ou ce qui
est communément admis, de règle, qu'il convient de suivre.
En mathématiques, la norme (qui généralise la valeur absolue dans les espaces vectoriels) apparait
dans les années 1920 et provient de l'acception dérivée. On oppose donc normal, dans le sens de
perpendiculaire, à normé, qui signifie de norme 1. Il vaut donc mieux parler de base orthonormée
que orthonormale. Dans le deuxième terme, on retrouve deux fois la notion d'orthogonalité alors
que dans le premier elle s'associe à l'idée que ses éléments sont de norme 1.

• Le produit scalaire est, en valeur abso- Le produit scalaire est, au signe près, le
lue, inférieurau produit des longueurs : produit de deux longueurs. Ne peut-on
I OA.08 1 s OA x OB . Cette iné- pas le concevoir comme 1' aire d ' un rec-
galité est connue sous le nom d ' iné- tangle ? C ' est bien le cas, et la construc-
galité de Cauchy (ou de Cauchy- tion est toute simple. Considérons le
Schwarz) ; on nom lui vient du point A' image de A par la rotation de
mathématicie n françai s Augustin centre O et d' angle +90°. Le produit
Louis Cauchy ( 1789- 1857). scalaire OA.08 est alors, au signe
• Si 6A et OB sont orthogonaux (c 'est- prés, l' aire du rectangle dont trois des
à-dire perpendiculaires), alors Je pro- sommets sont 0 , H et A' ; son signe est
duit scalaire est nul. En effet, H se pos iti f si ce rectangle se situe du même
trouve alors confo ndu avec O. côté que A par rapport à la droite (OA'),

Hors-série n°53. Les angles Ta.ngente


SAVOIRS Angles, produit scalaire ...

et négatif sinon. Toutes les propriétés En 1888, Giu eppe Peano donne une
énoncées plus haut se retrouvent défi nition ax iomatique de espaces vec-
dans cette interprétation. toriels utili ée encore de no jour . Un
espace vectoriel est alors un ensemble
(- 1.0) (1, 0) Le produit scalaire est lié à la d 'é léments no mmés vecteurs, doté
:,: métrique ; pour l' exprimer sim- d ' une addition et reprenant les proprié-
plement en fo nction des coor- tés é lémentaires des vecteurs en géo-
données, il est donc préférable métrie. De plus, on munit cet ensemble
d ' utiliser une base orthonormée, d ' une multiplication par les scalaires
c'est-à-dire une ba e composée de (c'est-à-dire les nombres réels).
deux vecteurs unitaires (de longueur Il nous fa ut alor munir cet espace vec-
l ) et orthogonaux. Parmi ce bases, il torie l d ' un produit scalaire. On consi-
Valeurs ex iste deux classes : celles de la fo rme dère alors une application/ qui associe,
remarquables (;, 0 où ; est obtenu par rotation à tout couple de vecteurs (;, 0.
un
dans le cercle de ïi de + 90° (on les appe lle bases nombre réel ; cette application doit
trigonométrique. directes), et celles où ; est obtenu véri fier les quatre propriétés vues plus
par rotation de Ï: de -90° (les bases haut. Par exemple, pour tous vecteurs
indirectes). On choisit généralement ;, ; et ;:;;, on a!(;, 0 = !(V: 0,
les premières. Ainsi, si 6A = xïi + y;;" j(Ï: + V:;:;;)=!(;, ;:;;) +!(V: ;:;;) ...
et OB = x';; + y'V: alors leur produ it Que l intérêt? On s'aperço it d ' une part
scalai re OA.08 est égal à xx' + yy'. que de no mbreux espaces peuvent être
muni s d ' un produit scalaire (comme
Une uision algébrique des e nsembles de po lynô mes o u de
fo nctio n ) ; les propriétés démontrées
Dans les années 1840, plusieur mathé- po ur le produit scalaire traditio nnel
maticiens introduisent les espaces vec- 'étendent alo rs aux é léments de ces
torie ls de manière algébrique. Un vec- ensembles ! D 'autre part , ceci permet
teur est vu par Arthur Cay ley comme d' utili ser notre intuition géométrique
un n- uplet de nombres réels (où n po ur de problè mes a priori purement
désigne la dimension de l' espace). Pour analytiques.
la première fo is, on ne s' impose pas
une dimension 2 ou 3 : la dimension Un exemple d'utilisation en physique
peut prendre n' importe que lle valeur.
De plus, le vecteur n'est plus attaché à Le travail d' une force est l'énergie
deux points, mai est con idéré comme qu 'elle fo urnit lorsque le point d 'appli-
un élé ment en lui-même. On le dés igne cation de cette fo rce se déplace. Lorsque
désormais par une seule lettre, souvent la force est constante, c'est-à-dire que
surmontée d ' une fl èche pour ne pas le sa valeur, son sens et sa direction sont
confo ndre avec un nombre. invariants, et qu 'elle 'applique à un
mobile parcourant une trajectoire rec-
tiligne, le travail sur le parcours du
RÉFÉ RENCES point A au point B est, par défi nition,
• Les matrices. Bib liothèque Tangente 44, 2012. e
w = F AB cos = ËAB, où F désigne
• Doss ier « Les vecteurs » . Tangente 144, 20 12. le vecteur fo rce. On retrouve le produit
• Doss ier « Le para llé logramme ». Tan gente 150, 20 13. scalaire de F et du vecteur AB. Ainsi,
si la fo rce est perpendiculai re à la tra-

Tangente Hors-série n°53. Les angles


LA TRIGONOMÉTRIE

jectoire, le travail est nul. Selon que le


travai l est positif ou négatif, la force
Représentation
est dite motrice ou résistante. Dans le des fonctions circulaires

~\z
premier cas, elle augmente l'énergie
cinétique et le mobile accélère, dans le I

second, elle le ralentit. On aime considé-


rer les deux composantes de la fo rce : la
I
composante perpendiculaire ne modifie
pas l'énergie cinétique ; seule la com-
posante colinéaire à la trajecto ire a un
effet sur elle. .!.·-·-·-·-·

l'angle droit

De tout temps, on a réservé à l' angle


droit un statut particulier ; il est carac-
téri sé par la nullité du produit scalaire.
On le rencontre déjà avec le célèbre
Les fonctions trigonométriques de l'angle O
théorème de Pythagore, et plusie urs
peuvent être construites géométriquement dans
résultats énoncés par Euclide y font
un cercle unité de centre O : le sinus sin, le cosi-
référence. Pourquoi cet intérêt ? Sans
nus cos, la tangente tan, la cotangente cotan, la
doute parce qu ' il lie les deux directions
sécante sec = 1 / cos, la cosécante cosec = 1 / sin,
pri vilégiées que sont la ve rticalité ,
le sinus-verse sinv = 1 - cos, le cosinus-verse
déterminée par la trajecto ire d ' un objet
cosv = 1 - sin, l'exsécante exsec = sec - 1 et J'ex-
qui tombe, et l' hori zontalité, dessinée
cosécante excosec = cosec - 1. Les fonctions haver-
par la mer à l' infini . L'étymo logie
sinus (haversin = si1w / 2) et havercosinus (haver-
du mot perpendiculaire le rappe lle.
cos = cosv / 2), totalement tombées en désuétude,
Ainsi, parmi les triang les, celui qui
étaient naguère utilisées en trigonométrie et en
possède un angle droit joue un rôle
analyse harmonique, mais aussi pour la géodésie ou
spéc ifique. Les re lations entre les lon-
les calculs astronomiques.
gueurs des côtés sont fac iles à calculer
et con tituent la base de la tri gonomé-
trie (trigone est d ' aille urs le no m grec AB 2 + AC 2
du triangle.) Même dans celui qui ne = BC2 - 2 AB.AC
l'est pas, on s' intéresse à ses hauteurs, = BC2 - 2 AB AC cos 8.
dess inant ainsi des triangles rectangles Inversement, cette formul e nous per-
en son sein . met d 'obtenir le produit scalaire !
Dan un tri angle ABC, rectang le en En écri vant :
A, on a AB 2 + AC 2 = BC 2• Mais AB.AC = \.'Î (AB 2 + AC2 - BC2), 011
qu 'advient-il si ce triang le n 'est plus retrouve le fait que le produit sca-
rectangle ? Cela nous est donné par laire est positif si BC 2 est plus petit
la fo rmule d 'al-Kas hi , du nom d ' un que AB 2 + AC2, c'est-à-dire si l' angle
mathématicien qui vivait au xv< siècle BAC est aigu, et négatif dans le cas
à la cour de Samarkand. On lui do it la contraire.
relation sui va nte (vo ir par aille urs dans
ce doss ier) : B.H.

Hors-série n°53. Les angles T~ngente


HISTOIRES par Jean-Jacques Dupas

l'astronomie
grande consommatrice de trigonométrie
Petite sœur des mathématiques, l'astronomie lui a fourni bien
des problèmes qui ont favorisé son développement. C'est en
particulier une grande consommatrice d'angles et de trigono-
métrie. Le degré, par exemple, ne trouve-t-il pas son origine
dans l'astronomie ?

L
es Babyloniens, qui utilisaient pour les Babyloniens, au mouvement
le système sexagés imal (c'est- apparent du oleil sur l'écliptique d' une
à-dire en base 60), remarquaient journée. En fai t, en astronomie, on
que l'année comptait environ troi cent utili se plusieurs repères et plusieurs
soixante jour . Cette mesure étant assez unités . Faisons-en un tour rapide, pour
délicate, il a fa llu un certain temps pour se rendre compte que de si mplement
se rendre compte que l'année durait repérer un objet dans le ciel n'est pas
plutôt trois cent soixante-cinq jours, si simpl e . ..
voire un peu plus. Notre calendrier
actuel utili se une année de 365 ,2422 Des angles tous azimuts
j ours. Donc un degré correspond ,
Du point de vue de l'observateur, les
astres (étoile , oleil , lune, planète ... )
Hauteur et azimut d'un astre. Zénilh =90° semblent se situer sur une sphère de
Astre très grand rayon : la sphère céleste. La
+
_ ._w _n1 - - ~-·
. ,_hori o· manière la plus commode pour repérer
hauteur un objet sur cette sphère est donc d' uti-
liser des angles .

Nadir= -90° Le repère le plus naturel, pour l' ob-
Dffln.ldoo dl! • h..luttur dAM le plafl
7.bilth, adir, MCNI
Nord servateur situé en 0 , est celui qui est
donné par la verticale. Celle-ci peut-
être matérialisée par un fi l à plomb. La
verticale du lieu coupe la sphère céleste
au zénith au dessus de l' observateur et
au nadir ous l' ob ervateur. Le plan
horizantal est plan perpendicul aire à la
verticale passant par O.

l9 Tangente Hors-série n°53. Les angles


Dans le plan passant par le zénith , le Les coordonnées équatoriales.
P =90'
nadir et l'astre étudié, la hauteur est • Astre
l'angle entre le plan hori zontal et l'as- Zénith ,6 +
tre. Cet angle est compris entre - 90° • équateur ' • oo
et +90°. La hauteur de l'astre est nulle
si l'astre et sur l'horizon, positive si •
P' = -90'
Of.Onlllon de l• dtt:llnalson dartJ le plan
l'astre est au-dessus de l'horizon, et Nord P&le nord et.leste. Aslrt, Pôle sud cEltste

négati ve s' il est en dessous de l' hori-


zon. La hauteur de l' astre mesure 90° si
l'astre est au zénith , et de - 90° si l'astre
180' J • o•
est au nadir. L'azimut est l'angle, dans Nadir
jl'. H +
le plan horizontal , du plan de l'astre,
compté par rapport au Sud , positif vers

Ouest = 90'
Of.OnJtloo de l'angle hora ire H daM le plan
l'Ouest de O à 180° et négatif ver l' Est de l'fquateur ttleste

de O à 180°. Les marin et les avia-


teurs ont , eux, comme origine le Nord
et comptent les azimuts dans le sens Coordonnées équatoriales, ascension droite,
horai re. angle horaire et temps sidéral. P=90'
• A stre
Si le plan hori zontal est le plus naturel,
il est décorrélé de la géographie. L' axe
Zénith ,6 +
• équateur ' • oo
des pôles coupe la sphère céleste au
pôle Nord céleste P et au pô le Sud •
p• = -90'
céleste P'. L' inclinaison de cet axe par OlflnlUon de la dkllnalson dan lt plan
PMt nord cfJote, Astre, Pôle .sud d:k!ste
rapport à l'horizon est la latitude du
lieu, notée cj> . Le plan perpendiculaire
à l'axe des pôles est le plan de l'équa-
teur céleste. L'équateur céleste coupe 180'
)' horizon sui vant la droite passant par Nadir
y
• •
l'Ouest, l' Est et le centre de la sphère Ouest =90'
Of.On ltl<m de l'angle horaire H dans le plan
céleste . de l'Equateur d~te
Par rapport à notre nouveau plan (l'équa-
teur céleste), on définit la déclinaison de
l'astre : c'e t l'angle ô, mesuré sur un
cercle horaire, entre l' astre de la sphère
céleste et l'équateur céleste. Les étoiles
po èdent une déclinaison pratiquement
constante (contrairement au soleil , à la
lune et aux planètes) ; elles décrivent
Le triangle
des parallèles à eau e de la rotation de la de position.
Terre sur elle-même autour de l' axe des
pôles. C'est justement l'angle horaire H
qui mesure cette rotation . L' angle horaire
va de Oà 360°.
On peut définir une autre coordonnée
équatoriale : l'ascension droite a. On
compte les ascensions droites à partir du

Hors-série n°53. Les angles Tangente EJII


L'astronomie ...

L'équateur et l'horizon. Un peu de trigonométrie la Terre. On a la relation sui vante


sphérique.
H = T - a. Pour connaitre la pos i-
Zénith tion d' un astre, il est donc nécessa ire
' de connaître son ascension droite, sa
déclinaison et le temp sidéral.
horizon - Sud
Év idemment , le jeu va être de passer
d ' un sy tème de coordonnées à l'au-
tre ! Avec un peu de trigonométrie

Nadir
sinB sina =sinA sinb
cosB sina =c sine - sinb cosc cosA
sphérique (voir le schéma et les fo r-
cosa =co cosc + sinb inc cosA mules ci-contre), o n obtient (passage
des coordonnées hori zontales (a, h)
aux coordonnées horaires (H , Ô)) :
P =90° sinH cosô = sina cosh ,

Zénith
Astre
+
=
cosH cosô sinh coscj> + cosh sincj> cosa,
sinô = sinh sincj> - cosh coscj> cosa.
~6
• équateur ' • oo
Et, dans l'autre sens (passage des coor-
• données horaires (H, ô) aux coordon-
P' = -90°
OlQnldon de la dk lln• lson dans le pllln nées horizontales (a, h)):
sina cosh = sinH cosô,
Pôlt: nord ttl te.A.si~, Pôle sud tt:lt:slr

cosa cosh = - sinô coscj> + cosô sincj>


cosH,
sinh = sinô sincj> + cosô coscj> cos H.
Comme on le constate, le passage
y
• • d ' un repère à l'autre n'est pas simple!
Ouest= 90°
OEnnllion dt l'angle horaire H dans le plan D'où le succès de l' astrolabe plani-
dt l'Equateur ttltste
sphérique , qui , pour une latitude cj>
donnée, permet sans aucun calcul , le
Références point gamma. Le point gamma (ou point passage d ' un repère à l'autre, c'est-
Cosmographie, vernal) y est l' une des deux intersections à-dire de trouver un des paramètre
comprendre de l'équateur céleste avec l' écliptique (le connaissant les autres. Le simple posi-
les mouvements grand cercle de la sphère où semble se tionnement d ' un astre dans le cie l a
du Soleil, de la Lune déplacer le soleil au cours de l' année ; ainsi introduit bien des angles, cha-
et des planètes . le soleil est au point gamma y le jour de cun avec son unité et sa plage de
Den is Savoie. Belin , l'équinoxe de printemps ; l' autre point défi nition ! D'autres repères sera ient
2006. est noté y'). On a l'habitude de donner également à considérer, comme ce lui
Confére11ce sur le l'ascension droite en heures, minutes et lié à l'écliptique, et l'article sur l'as-
thème « L'astrolabe » . secondes (24h corresponde nt à 360°) trolabe pl anisphérique dans le dos-
Roland Lehoucq , co mptées pos iti vement d ' Ouest en sier sui vant montrera comment un te l
festi val d ' astronomie Est. L'ascensio n droite, comme la repère résout é légamment le problème
de Fleurance, 20 11. déclinaison, d ' une étoile est pratique- du passage d ' un repère à l' autre.
L'astronomie . ment constante.
Bib liothèque Tangente L'angle horaire du point gamma, noté J..J.D.
2 1,2004. T, est appe lé temps sidéral . C ' est bien
Prévoir pour décider. un angle et on l'exprime aussi en heures,
Tangente SVP 63- 64, minutes et secondes. Il est également
20 12. variable à cause de la rotation de

III Tangente Hors-série n°53. Les angles


HISTOIRES par Hervé Lehning

D'où nous uiennent


les degrés
Les Babyloniens les ont inventés à l'aube de l'humanité. Par
amour de la décimalité, les révolutionnaires ont voulu les rem-
placer par les grades puis, pour des questions analytiques, les
mathématiciens ont introduit les radians. Pourtant, les degrés
restent l'unité d'angle la plus utilisée.

ourquoi un tour complet du part , la lune a douze cycles dans une

P cercle fait-il exactement trois


cent oixante degrés ? Pour ré-
pondre à cette question, on n' a qu ' une
année. Un compromis entre la base 10 ,
naturelle du fa it de nos dix doigts, et
la base 12 correspondant aux cyc les de
certitude : cet héritage nou vient des la June mène naturellement à un mul-
a tronomes babyloniens, quelque 4 000 tiple commun aux deux. Le plus petit
ans avant notre ère . Aucun document est 60 , ce qui justifierait )' utili sation
de l'époque n'explique l'origine de de la base 60, indissociable des degrés.
ce choix mais il ex iste des hypothèses
vraisemblables . Tout d 'abord , l'année L'angle total de 360° a également
avec son retour des sai on a un carac- un sens dans les mathématiques de
L'ingénieur tère cyclique. Elle peut être vue comme l' époque où l' on s' intéressait par-
James Thomson un cercle . Comme l' année comporte ticulière ment aux polygones régu-
(1822-1892) est un peu plus de trois cent soixante liers simples : triangle équilaté-
le premier à avoir jours, cela peut expliquer la division ral, carré, pentagone et hexagone .
introduit le terme du cercle en autant de degrés . D'autre
«radian».

Le triangle équilatéral implique des angles de 60°, le


carré, de 90° et le pentagone, de 108° dans le système
où la circonférence entière fait 360° soit le sixième, le
quart et les trois dixièmes de la circonférence totale.

Tangente Hors-série n°53. Les angles


MESURER

Si on dés ire que les angles impliqués


par ces polygo nes aient des vale urs
l'écrnure babvlonlenne des nombres
entières , on do it attribuer à la circon-
Le système utilisé à Babylone était mixte car les
fére nce totale un multiple de 6 , 4 et
chiffres de 1 à 59 étaient écrits dans un système
10, donc un multiple de 60 . Cela pe ut
additif de base 10, le système général étant posi-
expliquer le cho ix de la base 60 pour
tionne} de base 60 . Un clou valait une unité et un
mesurer les angles. Si on veut de plus
chevron, une dizaine, ce qui donne les nombres de
que tous les angles obtenu s dans ces fi-
1 à 9 suivants :
gure aient des valeurs e ntiè res , la me-
sure de 360 pour la circonfé rence en-
tière s' impose. On retrouve également TTTTTTT"iîfflTWffl
les déco mptes en heure , minutes et
Nombres de 1 à 9 dans le système babylonien. Les arrange-
secondes, qui se fait en base soixante ,
ments par groupe de trois aident la lecture.
vie il héritage des Baby loniens .

On ajoute alors les chevrons devant pour obtenir


le système GPS et les Babyloniens
les nombres de 10 à 59 :
Dans le système GPS , les angles sont
ain si toujours comptés en degrés ,
mais pas fo rcément en minutes et
secondes. Les coordonnées sont sou-
Les dizaines de JO à 50.
vent ex primées en degrés décimaux,
généralement avec quatre déc imales.
Dans ce système, les nombres 1 637 et 5 002
Ain i, pour obtenir les minutes et les
s'écrivent respectivement 27 x 60 + 17
seconde de l' angle 48,8427 en de-
et 1 X 60 2 + 23 X 60 + 22 :
grés déc imaux, on multiplie 0,8427
par 60, ce qui donne 50 ,5620, donc
50 minutes plus 0 ,5620, c'est-à-dire
0,5620 x 60 = 33 ,7200 secondes.
T{TTT{TT
L'angle vaut donc 48°50 ' 33,72", soit
48 degrés 50 minutes et 33,72 se- ron quarante mille kilomètres, un grade
condes. Si on arrondit à 48° 50 ' 34", les correspond donc à 100 km , et un cen-
Babyloniens auraient écrit ce no mbre tième de grade à I km .
ainsi : Si o n rai onne e n degrés, c' est plus
compliqué : il faut divi ser 40000
par 360 (et non 400) , on trou ve donc
J 11 ,11 km . Pour une minute, o n trouve
1,852, c'est-à-dire un mille nautique,
Le 26 mars 179 1, l' Académie des ce qui n ' est év idemment pas un ha-
sc iences défi nit le mètre comme la sard ! De nos jour , ! ' utili sation du
di x- millionième partie d ' un quart de grade se limite au monde de la topo-
grand cercle terrestre, passa nt par les graphie et de la géodés ie . .. en France.
pôles . Pour des raisons géodés iques, il En mathématiques, son gros défaut est
était intéressant de di viser ce quart de de ne pas proposer de vale urs entières
cercle en cent. Le grade naquit ainsi. aux ang les des po lygones réguliers
La circonférence terrestre valant envi- simples (triang le équilatéral , carré et

Hors-série n°53. Les angles Tangente


D'où nous viennent ...
pentago ne) . Ce défaut est lié au fa it que Pour obtenir une fo rmule de déri vation
360 a plus de di viseurs que 400 (v ingt- simple des fo nctions trigo nométriques,
quatre contre quinze). il vaut mjeux compter en radians car
les fo rmules de déri vation fo nt interve-
Les raisons du radian nir la limite du rapport sin x quand x
X
tend vers O. Celle-c i vaut I si on prend
Le terme « radian », qui vient du latin
pour x la longue ur de l'arc de cercle
0 cosx H A
r adius (rayon), est très posté rie ur à
AM (voir la fig ure c i-contre). Si on
son utili ation. En effet , si Leonhard
------
L'angle AOM étant Euler ( 1707- 1783) ne parle nulle part
compte e n degrés, cette limite vaut -1!_,
180
donné, sa mesure x en de radian , il en utilise le concept mais ce qui introduit ce coefficient dans tous
radians est la longueur en parlant simple ment d'arc. Le terme les calcul s de déri vées. En revanche,
,,--.__ '
de l'arc AM , comptee « radian » date de Jarne Tho mson le ra pport entre degrés et radians est
le long du cercle, (frère de Lord Ke lvin), à la fi n du XI X 0 compliqué puisque 2n radi ans corres-
l'unité étant OA. Ainsi, sièc le, ma is ne rentre dans le Système pondent à 360°, 1 radi an vaut do nc
l'angle total de 360° international d ' unités (SI ) qu 'en 1961. 32~ = 57 ,2958°.
vaut 2:rt radians. Les
lignes trigonométriques
sont définies sur cette H.L.
figure: cos x = OH,
sin x= HM et
tan x= AP.
16111111111
En comparant les longueurs HM, AM et AP (voir la figure ci-dessus),
on obtient la double inégalité sin x :s x :s tan x.
En divisant par x (pour x > o ), on trouve : cos x :s sin x:s 1.
X

Comme cos x tend vers 1 quand x tend vers o, on en déduit que le


rapport s~ x tend vers 1. On montre de même que le rapport 1- ~ x
tend verso.

La dérivée du sinus en x correspond à la limite quand h tend vers o


du rapport sin(x + h) sin x, ce qui conduit à utiliser la formule
suivante: h

sin(x + h) =sin x cos h + sin h cos x.

On en déduit que sin(x + h) sin x =(sin x) cos h - 1 + (cos x) sin h


h h h
tend vers cos x, c'est-à-dire que la fonction sinus est dérivable en x
et que sa dérivée vaut cos x.

1 Z~ 1 5 Une légende urbaine sans aucun fondement historique ni scientifique veut


que la forme des chiffres arabes tels que nous les connaissons ait été dictée

518 90 par le nombre d'angles que comporte chacun des chiffres.

Tg,n9ent:e Hors-série n°53. Les angles


par Alain Zalmanski

le dictionnaire
des angles 5
Pour la cartographie céleste
J,"uny/e horuirc l'St J"u11l' dl's dl'll'> l'<><>nlon -
lll't's dans k s,·stL'llll' dit c/cs ('Oorclo1111< ;('S hu -
1·uin·s. C'l'st Lmglt· compris l'llt n· Il' lll l'ridil'n
local sud l'i Il' l'l'ITll' horairl' qui passl' par
J"ast rl' ohsl'r\'l'. 11 l'St l'<>lll pt<· dl' 1.fro ù doU / l'
hl'Url's. positin·ml·nt wrs l'Oul'st. lll'gatiw -
mrn t \'l' rs r Est.
J,"astro110111il' l'i la cartographil' ct'.·il'sll' ont
introduit dl' nomhrl'USl'S notions angulairl's .
J,"uzimul est L111gk par rapport ù l'aw '.'\onl-
Sud sur un plan conll'nant cl'l a , l· l'l un point
\'ist'.· dl'puis IL• l'l'ntrl' dl• la l'l'ITL'. co111ptl' par
rapport au Sud. Ll' clic1111(~/r<' UJJJ>W'<'lll l'St
l'angle sous IL·qul'l on , ·oit un ohjl'l ou un
En audiovisuel astrl'. La clistunc<' Z<;nithulc l'St L111gk l'ntrl'
En musique, le cor anglais n'est ni un la \'l'rticall' l'l un point \'is<·. La lwutrnr d<·-
cui vre, ni britannique : il fait partie de sigm· J"angle l'lltrl' J"horiwntall' l'i un point
la fa mille des bo is et son embouchure ,is<·. l'i lï11cli11uisu11 l'angll' l'ntrl' k p lan dl'
à anche fa it un ang le avec le corps de l'orhill' d 'un rnrps l'l•ll'sll' l'i Il' plan dl' rL·fl·-
l' instrument. En fait , on devrait écrire rL'lll'l'. Ll' ll(l(/ir l'St Lmgll' droit \l'!"s Il' has
« cor anglé » (!), mais cela n'explique pas n ·rticall'nwnt par rapport au tour dl' lïwri -
le cho ix du mot « cor » pour dés igner cet 1m1 dl' l'ohsl' n,ltl'ur. Il l'St situ<· ù J"opposc'.• du
instrument. .. i'.(;llilh. qui dL•sig1w l'angll' droit \l'rs Il' haut
Dans la photographie et le c inéma, un n·rt icail'ml'nt par rapport au tour dl' lï10ri -
objectif grand angle est à courte focale. wn dl' J"ohsl'n,,tl'ur. La mlutituclc l'St L111gll'
Il permet un cadrage large de panoramas l'o111pkml'ntairl' dl' latitudl' L'n un lil'u dmmt'.·.
ra pprochés dont on ne peut pas s'éloigner. par rapport au pok. La (kclinuisun l'St L1ngll'
Les foca les inférieures à 24 mm , dites nll'sllrl' sur un cl'rdl' horairl' l'ntrl' un point dl'
super grand-angle, ont un ang le de vision la splll'l"L' l'l•ll'sll' l'l l"l·quall'ur L'L'll'stL· . Elll' l'St
qui produit des images déformées par lù 1ui\'all'llt (k la latitudL· ll'rrl'strl' projl'll'l'
rapport à la réalité. sur la sphL'rL' ct'.·ksll'. En astronomil' chinoisl'.
Enfin , Angles d'attaque (Vantage Point Il' c/11 l'st Hill' unit<· dl' ml·sun· <Lmgll' uti lisfr
dans la version originale) est un thriller pour d<·terminl'r la position dl·s astrl's dans Il'
américain réali sé par Pete Travis en 2008 cil'!. L111gk </Îqju clu rnrrl'spond ù la distaIH'l'
(Columbia Pictures et Original Film) ; angulairl' L'ntrl' Il' pc"ik '.'\on! l'l•ll'stl' l'i J"astre.
Angle mort (ou Blind Side) est lui auss i c'est-ù -dire J"angk l'ompknwntairl' ù la dt'.·-
un thriller américa in réalisé par Geoff dinaison . Enfin. L'll astrologÎL'. ks w1c1lcs dc'.- -
Murphy en 1993 (produit par Jeffrey signl'n t l'l'rt ai nl's maisons d ·u m· figurl' l'l'ksll'.
Lurie, John Bard Manuli s, John Marsh, ,\insi. l'horoscopl' dl' la J)("L'llliL'l'l' maison l'St
Jay Roewe et So lomon Weingarten). appel<· l'unyl<' clc /'UrÎ<'lll.

Hors-série n°53. Les angles Tangente


HISTOIRES par Jean-Paul Guichard

la mesure
des angles
Le partage des angles, en particulier la bissection, introduit
une première façon de mesurer les angles. Deux autres voies
peuvent également être explorées : à partir des arcs de cercle et
à partir de segments. Être en mesure de mesurer un angle n 'est
pas une mince affaire !

L
a dé marche c lass ique et ances- angles, il fa ut introduire une notation
tral e pour défi nir la mesure du type mes(Â) et écrire mes(Â) =60° .
d ' une g ra ndeur s'applique La notation utilisée dans les an nées
aux angles-grandeurs : pui sque l'on 1970- 1980 étai t E(Â) et même E 180(Â)
sait comparer des angles, en prendre pour préciser l'unité; elle se li sait écart
des multiples et les divi ser (vo ir e n de l'angle géométrique Â, ou écart
Sur un rapporteur, pages 22 à 29), pour dire la grande ur angulaire du couple de demi-droites
la ligne 0°-180° d ' un angle il suffit de le comparer représentant l 'angle Â. Voic i comment
est appelée à un angle choi si pour unité et de s'énonça it le théorème de la somme
la ligne de foi dire « combien de fois » ( ' unité est des ang les du triangle dans un man uel
(planche de contenue dans cet angle. Ce nombre de 1974 pour la c lasse de troisième :
I' Encyclopédie). est la mesure de l'ang le dans l'unité « La somme des écarts angulaires
choisie. Alor est réali é l'objectif des angles géométriques d 'un triangle
de Clairaut de connaître la grandeur est égale à l'écart angulaire k d'un
absolue des angles et leurs rapports : angle plat. » Par contre, le degré étant
« Il était donc nécessaire de chercher un angle (le trois cent soixantième
une mesure fixe pour les angles, de l'ang le plei n), 60° devra it se lire
comme on en avait déjà une pour les « soixante fois le degré » , et alor
longueurs .» l'ang le  est égal à soixante degrés :
cela justifie le calcul avec les unités
Mesurer à partir de la grandeur angle et l'écriture  = 60° (ce calcul est un
calcul sur les ang les, un ca lcul dans un
Pour un angle  de 60°, par exemple, espace vectoriel de dimension I puis-
on devrait dire « un angle dont la que l'on a défi ni pour les angles une
mesure est 60 si l'unité est le degré ». addition et une multiplication par un
Si l'on veut calculer sur la mesure des scalaire ayant les propriétés attendues).

~ Tc:ingent:e Hors-série n°53. Les angles


MESURER

Ce calcul fac ilite les c ha ngeme nts


d ' unités. li est préconi sé dans les pro- Calcul sur las 111111 :
grammes ac tue ls de co llège.
ch111111111 d'unnés
Tant d'unhés_
D dé igne l'angle droit. Les unités sont le tour tr, le
QueUe unité cho isir ? Dans les Éléments degré O , le radian rad et le grade gon (anciennement gr).
d'Euclide, l'étalo n de comparaison des 0 1 4 4 400
angles est l'angle droit D . Tous les 40 -40x-D--D--x100gon•-gon.
90 9 9 9
angles partic uliers s'expriment e n mul-
1 83 83 83
tiples ou fractions de D . Les angles 83° • 83 X - -tr • tr • X 2,uad • :rt rad.
360 360 360 180
supplémentaires valent 20 , la somme
des angles du triangle aussi. L' angle
5:rc 5:rc 1 5 5 0 1800°
-rad•--tr--tr--x360 - - - .
du triang le équilatéral est (2/3) D , et 7 7 2:rc 14 14 14
('ang le du pentagone régulier vaut
( 1 + 1/5) D. Dans le manue l de la classe
de sixième de Hachette datant de 1958, il
est dit que l' unité princ ipale d 'angle est des Mésopotamie ns et dans les tables de
l'ang le dro it D, et que D étant trop grand cordes d ' Hipparque et de Ptolé mée. So it

.:~~
pour les mesures usue lles d 'angles on la mesure des arcs, comme fractio ns
utilise deux systèmes de sous-multiples : de la c irconférence d ' un cercle, a été
,•
le grade, centiè me de D, et le degré,
quatre-vingt-di xième de D. Si le grade
dé finie en pre mier, et alo rs pour la
mesure des angles o n renvoie directe-
°:~~~
,1' -,~ •.. .
a bien été défini ai nsi à l' époque révo- ment à la mesure des arcs, e n liant
~ ....... ... _.:{ ;m:m.
lutionnai re où la France a systématisé ouverture de l'angle et arc de cercle :
l'emplo i du système décimal pour toutes c'est la démarche à l' œ uvre dans )' article
les mesures, par contre le degré vient « Angle » de l'E ncyclopédie. So it l' on
"
de la mesure des arcs de cercle et d ' une définit la mesure des ang les directe me nt
époque bien plus lointaine . Enfi n l'angle e n di visant la c irconfére nce du cercle en Le limbe
plein fai t aussi office d ' unité d ' angle parties égales: c'est ce que fait Clairaut. du graphomètre
usitée sous l' appellation de tour (tr). Quant au degré, cho isi comme unité, ce est gradué
Dans la Grèce antique e n lie n avec l'as- sera l' arc correspo ndant à la trois cent de la même façon
trono mie et la trajecto ire c irculaire du soixantiè me partie de la c irconférence que celui
sole il à travers le zodiaque, la mesure du cercle, o u l'ang le au centre intercep- du rapporteur,
des ang les est exprimée e n fon ctio n tant cet arc. Et sa construction effec- en cent quatre-vingt
de celle des arcs de cercle, e lle-même ti ve, pour fa brique r des instrume nts de parties appelées
ex primée en fractio ns de la c ircon- mesure gradués en degrés, de mandera degrés
fé rence du cercle : la plus petite con- aux hommes des trésors d ' imagination (planche de l'ouvrage
sidérée est la 720< partie du cercle, mathé matique et pratique. de Clai raut).
attestée chez Aristarque de Samos . Deux
sous- multiples connus o nt utili sé Mesurer à partir des arcs
comme unités : le quadrant o u quart
de cercle (on retrouve l'angle dro it), et En associant la mesure de l' angle à celle
le ::,ôdion, do uzième partie du cercle, d ' un arc intercepté, la longueur étant une
lié au zodiaque. Quant au degré, o n le grandeur connue , on pourrait pen er à
trouve dans les re levés astro no miques dé finir la mesure de l'angle directement

Hors-série n°53. Les angles Tcingente ~


HISTOIRES La mesure des angles

les calcul s de déri vati on pour les


fo nctio ns trigonométriques. En effet.
R
si l' on veut défin ir une fo nction sin
R qui , à un nomb re, assoc ie le sinus d' un
I radi an ang le, sin dépend du choix de l' un ité
d'angle u choisie. Or le radian est la
R seule unité d 'angle pour laquelle la
déri vée de sin., est égale à cos., , alors
que si u est le degré la déri vée de sin 11 est
égale à ~ cos 11 • D'où l'adoption en
180
analyse de l'écriture simpli fiée cos x au
lieu de cos~ x ou cos (x rad).

par la longueur de l' arc intercepté ; mais Mesurer à art.Ir de segments


cette longueur varie en fo nction de celle
du rayon du cercle ! L' idée est alors Un autre moyen de mesurer l'angle par
d' utiliser celle-ci comme unité de lon- une longueur est de mesurer l'écarte-
gueur : le radian rad (de radius, ment des deux demi-droites de l'angle-
« rayon » en latin et anglais) est un arc fig ure par la longueur d' un segment
ayant pour longueur celle du rayon du joignant une demi-droite à l'autre. La
cercle ; c'est aussi l' angle au centre faço n la plus nature lle de le faire est de
unité qui intercepte cet arc unité. Si a pl acer les deux ex trémités du egment
est le nombre qui exprime « combien de à la même distance du sommet, et de
fo is » la longueur R du rayon du cercle conserver cette distance au sommet
est contenue dans la longueur L d' un comme référence commune pour toutes
arc de ce cercle, on peut écrire L = a R. les mesure . Pour compare r les angles,
Pour l' angle au centre  qui intercepte il suffit alors de comparer la longueur
cet arc, Â = a radians. Le radian est très de ces sorte d 'entretoises qui conser-
utili sé e n analyse car il s impli fie vent l'écartement. C'est cette technique
que Clairaut explo ite pour reprodui re
un angle à la règle et au compas. Et
si l'on utilise, comme lui , un arc de
cercle pour placer les extrémüés du seg-
ment , ce segment est alors la corde de
Arbalétrier l' arc . On peut établir ainsi une table de
correspondance entre la mesure des arcs
en degrés et celle des cordes en unités de
longueur. La plus ancienne conservée
est celle de l'Almageste de Ptolémée
(II< siècle de notre ère}, qui prend pour
unité de longueur p la cent-vingtième
partie du diamètre du cercle utilisé, et
donne la mesure des cordes des arcs
croissant par demi-degré j usqu 'à 180°.
On pourrait penser aussi à prendre un

IIm] Tangente Hors-série n°53. Les angles


MESURER

segment perpendiculai re à l' une des Mesurer 1111111111,- • • •


demi-droites, telle une contrefi che de
charpente : c'est la définition ancienne Les astronomes mésopotamiens et égyptiens mesuraient
du sinus de l'angle, appelé sinus droit , la hauteur des astres et des étoiles sur l'horizon. Et c'est
héritée des Indiens, et qui est auss i la toujours ainsi que s'expriment astronomes ou naviga-
demi-corde de l'angle double. Si l'on teurs. Les architectes égyptiens parlaient de la pente des
veut regarder ain si notre sinu s actue l, pyramides (le sekhed), les architectes mésopotamiens de
pour un angle mesuré en degrés, la celle de leurs murailles (le fruit). Et c'est toujours ainsi
valeur donnée par une table tri go- que s'expriment couvreurs, maçons ou panneaux de
nométrique est alors la longueur de la signalisation routière. Mais point de mot pour désigner
contrefi che, (' unité de lo ngueur étant le un objet dont on mesurerait l'ouverture : seulement des
rayon du cercle ; ou bien elle exprime termes, spécifiques à la profession, pour dire le rapport
la longueur de la contre fi che comme de longueurs mesurant cette ouverture (hauteur, pente,
fraction du rayo n du cerc le. fruit ... ) Même dans la mathématique indienne, à laquelle
on doit l'utilisation du sinus, il n'est jamais question
Anto ine Arnauld dans ses Nouveaux d'angles mais d'arcs. Et les mesures en degrés des rele-
Éléments de géométrie ( l 667), après vés astronomiques mésopotamiens ou égyptiens, comme
l'arc, la corde, le sinus, va même celles des tables des cordes de Ptolémée ou des Indiens,
jusqu 'à proposer une quatrième mesure sont celles d'arcs de cercles et non d'angles.
de l' angle par ce qu ' iI appelle la base
(un segment reliant le deux côtés de
l' angle en position que lconque) ! Mais henrymètre, récipiangle, radio latino,
il observe qu ' il n'y a que l' arc qui mesureurs d' angles et équerres pro-
soit « la mesure parfa ite & naturelle fes ionne ls, goniomètre, clinomètre,
de l'angle ». En effet, la mesure des inclinomètre, éclimètre . . . Adaptés à la
angles à partir des différents segment nature des ang les à mesurer, et donc
mentionnés permet la comparaison des aux différents métiers qui en ont besoin ,
angles, mais ne possède pas la pro- l'étude de leur conception et de leurs Un mesureur
priété d'additivité que l'on exige d' une graduations ne manque pas d ' intérêt d 'angle
mesure en mathématique. pour le mathématicien . professionnel.

Les instruments de mesure J .-P. G.

La mesure effecti ve des angles passe


par la conceptio n et la réali sation
d' instruments. Ont déjà été évoqués
le rapporteur, le graphomètre, le quart
de cercle de marine, la rose des vents .
En fa it leur nombre et leur variété
sont impress ionnants, auss i bien à tra-
vers l' histo ire qu 'actuellement : astro-
labe, anneau astronomique, triquetrum,
bâton de Jacob ou arbalestrille, quartier
anglais, extant , octant , compas de
navigation, quadrant , carré géométrique,
co mpas géo mé triqu e, tri gom è tre,

Hors-série n°53. Les angles Tangente ll!IJ


HISTOIRES par Jean-Jacques Dupas

l'arc de sinus
D'al-Khawarizmi à Hpian
Comment évaluer les sinus sans aucun calcul ? Aujourd'hui,
on a recours à l'outil informatique. Mais avant ? Comment
fonctionnaient les quadrants à sinus ? Petit tour d'horizon
d'un instrument plus riche qu'il n 'y paraît.

l
'évaluation des sinus était , avant Son utilisation est simplissime : on part de
l'invention des calculettes, une l'angle dont on veut connaître le sinus ;
opération assez dé li cate. Auss i sur le quart de cercle, on suit une hori zon-
les con somm ate urs de trigo no mé tri e tale issue de ce point ; on lit directement
o nt-il essayé de se s implifi e r la tâc he e n la valeur du sinus sur l'échelle bleue .
utili sant des instrume nts. E n vo ic i Par exemple, e n vert, on lit que sin 15°
que lques-un s. L' instrume nt le plu s est « proche de » 0 ,26 (pour une valeur
s imple est le quadrant à sinus . Il plus précise de 0,2588 19). Sur les quarts
matérialise directement la définition du de cercle, oit les lignes sont e pacées
sinus. Cet instrument fut inventé par régulièrement sui vant les sinus (comme
al-Khawarizmi (vers 783, 850) . Les sur la fi gure précédente), soit elles sont
angles sont repérés sur le quart de cercle espacées régulièrement sui vant les angles
et les sinus sur la droite des ordonnées . (comme sur la figu re suivante) .

1.

0.9 0.9

0.8 0.8

0.7 0.7

0.6 0.6

0.5 0.5

0.4 0.4

0.3 0.3

0.2 10 0.2 10
0.1 0.1

Le quadrant à sinus Le quadrant à sinus


gradué en sinus constants. gradué en angles constants.

(m Ta.ngente Hors-série n°53. Les angles


MESURER

Un raffi ne me nt supplé me nta ire est de Peter von Bennewitz,


disposer égale me nt d ' une série de traits dit Petrus Apianus
verticaux et d ' une échelle pour lire (ou Peter Apian),
directe me nt le cosinus. avec un quadrant
à sinus au dos
d ' un astrolabe
quadrant.
0.9

0.8

0.7

0.6 . : ' : l ·1
0.5 i :: ' : . j
~J.._L •. ·•
0.4

0.3
t: .. :1.J.
i. • • . •
O.l 1:~··f=: :î
+. • . • • . • t •
0.1

0 0. 1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1.

Le quadrant à sinus permettant de lire


les sinus et les cosinus.

Le problè me de cet instrume nt rudi-


me ntaire est le sui va nt . Si R est le
rayon du quart de cercle, l'éche lle des
angles se dé plo ie sur une lo ng ue ur
éga le à ~R .
Do nc l'éc he ll e
2
sur laquelle o n lit les sinus ne fa it
qu ' une lo ngue ur R , soit e nviron une
fo is et de mie mo ins ! Ce la n 'opti -
Sinus E
mi se pas la lecture des s inu .. .
Ce problème est résolu par l'arc de
sinus, un instrume nt inve nté par Apian
(première moitié du XVIe iècle). Par
rapport au quart à sinus, on ajoute de ux
cercles de rayon R/2, le cercle rouge
et le cercle ble u ur la fi g ure c i-contre.
Cette fo is-ci, on lit le sinus de l'angle
a sur le cercle rouge : sin a OS . La =
preuve en est immédiate. Dans le trian-
gle rectangle OSA , le sinus de (' angle est
égal à la lo ngueur du côté opposé OS sur
la longueur de l' hypoténuse, ici R , c'est- 0 Cosinus B
à-dire 1. De mê me , on lit les cosinus
sur le cercle bleu . Les graduatio ns du
sinus se déploie nt mainte nant sur un Schéma de principe de l'arc de sinus.

Hors-série n°53. Les angles Tangente l'.I!EJ


1

HISTOIRES L'arc de sinus ...

courbes dépasse 0 ,005, ce qui est une


bonne estimatio n de la résolution de
notre arc de sinus.
On a égale ment tracé l' approx imation
sui vante des sinus : sin(x) :::: x - x3!6
(en vert). Cette fo is-ci, il fa ut attendre
x = 0,48 radian pour avoir une erreur
de plus de 0,002 et x =0 ,67 radian pour
une erreur de plus de 0 ,005.
Les arcs de sinus sont donc des in tru -
ments simples d 'emploi. Il s ne revêtent
aujourd ' hui év idemment plus qu' une
valeur pédagogique pui sque les cal-
culettes sont passées par là, mais
celles-ci ne vous di sent pas comment
elles condui sent les calculs ...

J.-J.D.
Un arc de sinus moderne.
Références
demi-cercle de rayon R/2, donc sur /11stru111enrs scienrijiques à travers l'histoire.
la même longueur que le angles. De Élisabeth Hébert. Ellipses. 2004.
plu , ces graduation ont fac iles à Instrument Buch .
construire puisqu ' il uffit de rabattre Petrus Apian us, 1533 .
l' éche lle des sinus sur le demi-cercle Cordic: les suites cachées des calc11/e11es.
rouge et l'éche lle des cos inus sur le Jean-Jacques Dupas , Bibliothèque Tangente 41
de mi -cercle bleu (arcs j aune ). On (Suites et Séries) , 20 11 .
rencontrait ce type d 'arc au dos des
astrol abes cadrans (voir l' article sur ce
sujet dans ce même dossier).

Il est do nc aisé de reconstruire un


arc de sinus moderne. On peut même
ajouter une petite subtilité pour les
petits angles . En effet, pour les petits
angles (exprimés en radi ans), on peut
fa ire l' approximation sin(x) :::: x . Mais
qu 'est-ce que cela veut dire, un « petit
angle»? On a tracé en bleu (c i-dessus)
la courbe d'équation sin(x) = x et on
constate que, pour un angle inférieur à
0 ,23 radian (soit 13°), les deux courbes
semblent confo ndues. On observe un
écart de moin de 0 ,002 pour ces
valeurs du sinus de x. Pour x = 0,3 1 Apian (à gauche)
radian (soit 18°), l'écart entre les deux avec son arc de sinus à la main .

lm:J Tc:ingente Hors-série n°53. Les angles


par Alain Zalmanski EN BREF

le dictionnaire
des angles 6
Les ,onstrudions militaires
et l'art de la guerre
Le vocabulaire des fo rti fica tions est des plus riches
en matière d ' angles. En voici quelques exemples.
Angle mort:
angle rentrant dans des fo rti fica tio ns, qui ne
pouva it donc être défendu et étai t mort en cas
d 'attaque. C'est un angle rentrant restant invisible ,
qui n'est point fl anqué ou défendu . Par extension,
zone non couverte par des caméras de surveillance
et, en conduite automobile, zone non couverte par
Dent de la fraise
le rétrovi eur central et les rétroviseurs latéraux.
Angle flanqu é :
angle saill ant formé par les deux faces du ba tion,
lesquelles fo rment par leur concours la po inte du
bastion. Cet angle ne doi t jam ai être inférieur à a : angle de co upe
60 degrés. b : angle de taillant
Angle flanq uant : d: angle de dépouille
angle fo rmé vi -à-v is de la courtine par le con-
cours des deux li gnes de défense ; on l' appe lle
éga lement angle de tenaille.

En aérodynamique
L'angle d' incidence est l'ang le entre l' aile (do nc
sa corde) et le flu x d 'air (donc la direction du vol ).
L'angle d 'attaque est l'ang le entre l'av ion (do nc
son axe) et le flu x d 'air (la direction du vol).
La di ffé rence entre le deux est l'angle de calage,
qui est l'ang le e ntre la corde de l'a ile et l'axe
de l'avio n . Enfi n, l'a ngle de dérapage est
l'ang le fo rmé entre l' axe longitudinal du fu se lage
et le vent re latif. Lorsqu ' un av ion vole avec un
angle d ' incidence important , il peut décrocher
soudainement si, par exemple, une bourra que de
ve nt change la direction du vent re latif. C'est ce
qui a pu se passe r lors de la récente catas trophe du
vol Ouagadougou- Al ger.

Hors-série n°53. Les angles Tcingente 11:!m


SAVOIRS par Jean-Jacques Dupas

le dos de l'astrolabe
Hlidade et carré des ombres
Tout un chacun a entendu parler de
l'astrolabe. Mais à quoi servait-il
exactement ? En astronomie, c'était
un outil de calcul très pratique,
surtout lorsqu'il était couplé avec une
alidade et un carré des ombres.

l'alldade il plnnules

L
'astrolabe est l' objet scienti fi que
par excellence. En fa it , ce n'e t
pas un instrume nt , mais une La pre mière, réa li ée par l'alidade
somme d ' instruments : d ' un côté, on à pinnu les, permettait de mesurer la
y tro uve un calcul ateur analog ique haute urd ' un as tre ( vo irpar a illeurs dans
pe rmettant de résoudre de no mbreux ce doss ier), dans le cas où l' as tro labe
pro blè mes d 'astro nomie . En de ux était suspe ndu . L'alidade, de l'arabe
mots, sur l' astrol abe plani sphérique a /-idada (pi èce fo rgée), est un e
(il ex iste de nombreux autres types règ le pi votante autour de l'axe de
d 'astro labe : de marine, uni verse l, de l' instrument. Les pinnules sont des
la Hire ... ), cette face est une pro- pl aques muni es d 'œ ill eto ns pos i-
jection stéréographique du c ie l. On ti o nnées pe rpe ndi c ul a ire me nt aux
attribue généralement l' invention de de ux ex tré mités de l'alidade per-
cette transformation à Apo llonios de mettant d 'effectue r une visée sur
Perge ou à Hipparque au de uxième siè- l'objet do nt o n vo ul a it mesure r
cle ava nt notre ère . Claude Pto lémée, la hauteur dans le c iel. Le bord de
au deuxième siècle, lui consac re un l'astro labe, le limbe, est gradué pour
traité, mais les pre mière traces avé rées pe rmettre la lecture des ang les.
de ! ' utilisation de la projection stéréo- L'a lidade permet do nc de mesurer de
graphique pour construire un as trolabe angles. Le no m , même, d 'astrol abe,
sont plus récente : e lles datent du litté rale me nt « pre neur d 'astres »
traité de Jean Philopon , qui vécut à e n g rec, provie nt ce rta ine ment de
Alexandrie d 'environ 490 à 570 . l' utili sation de l'a lidade.
De l'autre côté, c'est-à-dire au dos de Au dos de nombreux a trolabes fig ure
Schéma l'astrolabe , plutôt que de laisser cette un bien étrange dessin : deux gradua-
du dos face libre, on profitait de l'espace offert tions verticales, l'ombre verse (umbra
de l' astrolabe. pour regrouper di verses autres fo nctions. versa) enserrant une double graduation

[m Tangent:e Hors-série n°53. Les angles


MESURER

hori zontale, et l'ombre droite (umb ra


recta) . Chaque graduation est di vi ée
généralement en douze parties (il ex iste
des a trolabes où chaque branche du
carré des ombres est di visé en 60, voire
en 100 , pour augmenter la précision de
l' instrument).
Le carré des ombres est tout simple-
ment un instrument trigonométrique.
On entre un angle grâce à l' alidade
et au limbe gradué (a sur la figure). Le carré des ombres.
Commençons par la tangente. ,--------------------------,
La tangente de a est donnée par
lA lA
tana = - = - .
01 12
Da ns l 'exe mpl e de la fi gure,
lA 6
tana = - = -= 0 ,5
OI 12
c
De même, on peut évaluer les sinus et """ 3 'is-~
3" ~V
les cosinus :
" 1;."'-~-,.,,--~-+---<.
. lA OI 12
sma = - e t cosa=- =-- .
OA OA OA
li fa ut bien év idemment que l'alidade
soit auss i grad uée. Le carré des ombres comme ombres d' un gnomon.

On peut se demander d 'où viennent ces


noms d' « ombre droite » et d ' « ombre
verse » . Si l'astrolabe est uspendue applications en topométrie. À chaque
et que l'alidade pointe le soleil , alors visée, on obtenait sur le carré des
sur le carré de ombres on lit les ombres un tri angle sembl able au
mêmes valeurs que l' ombre d ' un gno- tri angle de la visée. Par l' application Références
mon (bâton pl anté verticalement dans du théorème de T halès, on pouvait
le sol), HB ou HB '. par la mesure sur le carré des ombres • L'astrolabe: histoire,
Dans le cas d' une ombre droite , la recon tituer l'objet mesuré. Évidemment, théorie et pratique.
haute ur h du soleil e t supérieure étant donnés la taille de l' astrolabe et Ray mond d ' Ho llander.
à 45 °. La cotangente est lue sur les graduations du carré des ombres, Édit ions de l' In stitut
l'échelle des ombres droite cette mesure était approximati ve ... océanographique , 1999 .
lA lA • Maths et Géographie.
cotan (h) = - = - . Pour une hauteur
OI 12 L'astrolabe était ainsi l'instrument uni - Bibliothèque Tangente 40 ,
in férie ure à 45°, la tangente est lue versel du sc ienti fi que d 'antan : sorte de 20 10 .
sur l'échelle des ombres verses : couteau suisse, il l' assistait dans toutes • Dossier « Les mathéma-
ses tâches au quotidien, qu 'elles fu s- tiques arabes ».
J'A' I'A'
tan (h) = - = - . sent trigonométriques, topographiques Tangente 139 . 201 1.
01 ' 12 ou horaires.
Le carré des ombres avait surtout des J.-J .D.

Hors-série n°53. Les angles Tangente IIîÏJ


SAVOIRS par Jean-Jacques Dupas

l'astrolabe planisphérique
On pourrait les comparer aux travaux d'Hercule : les douze
problèmes que pose l'astronomie de position sont ardus à
résoudre de manière exacte. Aussi est venue l'idée de
construire un instrument qui permette de les résoudre tous
par simple lecture: l'astrolabe planisphérique.
L' idée que l' on pourrait avo ir pour trai-
ter ce problème de faço n analog ique est
de construire une sphère sur laque lle on
re portera it les é lé me nts, et do nc par
s impl e lec ture o n po urra it fa ire nos
con ve rsio ns. Ce tte idée, les Anc ie ns
Grecs l' avaient eue, cet instrument s'ap-
pelle la sphère armillaire . Cependant ,
l' instrument obtenu , même s' il est très
beau, est encomb ra nt , frag ile , di fficile
à manipuler et surtout difficile à construire.
La proj ection C 'est po ur ce la que l'on a essayé de
stér éogra phique « compac ter » la sphère.

L
utilisée par e problème de base de l'astro- Le secret de l'astrol abe pl ani sphérique
l'astrolabe no mie de position (voir le der- (à ne pas confo ndre avec les astrolabes
planisphérique. nier article du précédent doss ier) nautique, uni versel, catholique, de Rojas,
est de passer des coordonnées hori zon- de la Hire . . . ) est la projection stéréo-
ta les (a, h ) aux coordonnées hora ires graphique . Ce lle-c i est en général attri-
(H , Ô) ou réc iproquement. C 'est-à-dire, buée à Appolonius de Perge au me siècle
conn aissant troi s para mètres de l'en- avant notre ère, ou à Hipparque. Cepen-
semb le {H , ô, a, h, 4>}, déterminer les dant le premier traité connu est l 'œuvre
deux autres. Pour une latitude donnée 'P , de Pto lémée, au ne siècle de notre ère.
ce la donne douze prob lèmes de base.
Les équation olutions de ce problèmes la projection stéréographique
ne sont pas tri viales à résoudre et sont
par conséquent di ffic iles à utili ser (sur- À tout point de la phère céleste (l'étoile
tout si, comme c'était le cas jadi s , on sur le schéma), sauf le pôle Sud , on asso-
ne di spose pas de calcu latrice). Heu- c ie le po int du pl an de l 'équateur (petite
reusement , une solution simple a pu être éto ile) , inter ection du plan de l'équa-
utili sée pendant pl us de mille ans grâce teur et de la droi te passant par le point
à l'astrolabe planisphérique . Par simple source et le pôle Sud . La particularité de
lecture de ce calcul ateur analogique, ce la projectio n stéréographique uti lisée
douze problèmes se résolvent sans aucun dans l' hémisphère nord pour la concep-
calcul. tio n des as tro labes plani sphériques est

Tangente Hors-série n°53. Les angles


1

MESURER

que le pôle de projection est le pôle Sud :


si on avait utili sé le pô le Nord , ('Étoile
Utiliser un astrolabe
polaire eût été rejetée à l' infini .
La projection téréographique offre un
ava ntage certain : c'e tune projection
conforme (les angles sur la sphère céle te 0
entre les grands cerc les vont se retrou -
ver sur leurs projections). Par aill eur ,
la projection d ' un cercle sur la sphère
céleste e t un cercle ou une droite sur l'as- s
trolabe. Cette propriété est trè impor-
tante car e ll e re nd la construction de La projection stéréographique en coupe.
l'astrolabe relativement aisée: l' im age
des ce rc les de haute ur, d 'az imut , de Lors de la construction d'un astrolabe, la première
l'équateur, des tropiques,de l'écliptique opération est de choisir le rayon R =OA afin que l'as-
( ... )sont des cercles. trolabe fasse la taille désirée (voir le schéma).
Un astro labe est constitué de plusieurs Puis la connaissance de la formule OSA' = !!_ _ ~
parties : la mère ou matrice reçoit les 4 2
différents tympans, un par latitude. C'e t
le principal in convé nie nt de I ' instru-
permet d'écrire OA' = R tan(~ -1} ce qui déter-

ment : un tympan est tracé pour une lati- mine pratiquement tout l'astrolabe. En pratique, la
tude donn ée. L'as tron o me voyage ur formule est inutile : il suffit de faire les tracés de pro-
devait se munir d 'autant de tympans que jections. Pour les plus familiers des calculs, voici
de li eus de résidence. On co mpre nd quelques formules ('P désigne la latitude du lieu) :
pourquoi cet outil n'était pas utilisé en • Rayon du cercle de hauteur (h désigne la hauteur) :
nav igation ! Pour gagner de la place sur Rcosh
chaq ue face du tympan, on grava it une sinq, + sinh
latitude. Un pion permettait d 'év iter la • Coordonnées du centre du cercle de hauteur :
rotation du tympan dans la mère.
Le tympan est la projection stéréogra- ( O, sin:c:ss:h).
phique des coordonnées hori zontales.
On y trouve donc les cercles de hauteur, • Rayon du cercle d'azimut (a désigne l'azimut) :
l' hori zon (qui est le cercle de hauteur R
0°) et les cerc les d 'azimut. De façon cosq,sina
im agée, le tympan est la projection de • Coordonnées du centre du cercle d'azimut:
la Terre. Souvent on grava it la latitude
pour laque ll e était destiné le tympan, R Rcosq, R )
( cosq,tana 'sinq, + 1 - cosq, ·
bien qu ' il soit fac ile de la déterminer (il
suffit de lire quel cercle de hauteur coupe Pour le tracé de l'écliptique, la trigonométrie fournit
l'axe de l' instrument). un cercle de rayon R/cos(23,433°} et de centre
Puis vient une partie mobile, l'araignée. (R tan (23,433°), 0). Pour le tracé des étoiles de décli-
C'est la projection stéréographique de naison b et d'ascension droite a, la position sur l'arai-
la sphère céleste en coordonnées équa- gnée doit être

(- R tan (-90°-ô) sin a, R tan (90°-ô) cos a ).


toriales. La proj ec tion de l'équate ur
céleste est lui-même (pui sque ce cercle -- - --
est da ns le pl an de projection ), le pro- 2 2
jections des tropiques sont des cercles.

Hors-série n° 53. Les angles Tangente


SAVOIRS L'astrolabe planisphérique
'

Le tympan.

Généralement , la zone utile de l'astrolabe Enfi n, une règ le mobile (I' ostenseur)
se trouve à l' intérieur de la projection permet de fac iliter les lectures. Elle peut
du tropique du capri corne. La projec- être graduée en déclinaisons.
tion de l'écliptique est un cercle qui peut
être gradué. En général, on trou ve au Comment résoudre les problèmes
dos de l'astrolabe des graduations qui
permettent de connaître la position du La première opérati on à réa li ser avec
Références soleil sur l'écliptique en fo nction de la l'astrolabe est de fa ire le point so laire,
• L 'astrolabe: histoire . date (et parfois, le bord de l'araignée e t c'est-à-dire déterminer la pos ition du
théorie et pratiq11e. gradué en jour ). Enfin , l' araignée com- soleil sur l'écliptique pour un jour donné.
Raymond D' Holl ander, porte des crochets qui permettent de Cela se fa it so it par lecture directe si
In stit ut océanographiq ue, régler finement la pos ition des princi- ('araignée est graduée en jours, so it par
1999. pales étoile du ciel. C'est la présence de lecture des graduations (au dos de l'as-
• L'astrolabe, un joya11 ces nombreux petits crochets qui ont trolabe) d' un angle qui sera reporté sur
mathé111atiq11e . Tan gente 139, donné son nom à cette pièce. l' écliptique. Voici une petite li ste de pro-
20 11. L'araignée tourne sur elle-même, ce qui blèmes que l'on peut résoudre avec un
• Atelier « l'astrolabe » simul e le mouvement diurne de vingt- astro labe : à quelle heure, solaire, e
animé par Roland Lehoucq. qu atre heures en un tour. Le bord de lève le so leil le 16 octobre ? à quelle
xxefe sti val d 'astronomie l'araignée peut recevoir des graduation , heure le oleil a-t-il une hauteur de 10°
de Fleurance, 20 1O. permettant de lire les ascension droites. le 12 novembre ? à quell e heure Altaïr

Tangente Hors-série n•s3. Les angles


MESURER

Araignée et ostenseur.

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se lève-t-elle dans la nuit du 25 au 26 soleil est quant à elle matériali sée par le
avril ? à quelle heure l'azimut du soleil parcours du soleil sur l'écliptique.
vaut-il 290° le 25 avril ? quels sont les J.-J. D.
jours où la hauteur du so le il à 9 h du
matin vaut 40 ? quel est l'azimut d' Arc-
turus dans la nuit du 25 au 26 avril à Procurez-vous un astrolabe !
2 h ? Tous les problèmes de position ou Les collectionneurs s'arrachent les astrolabes d'époque à prix d'or.
de visibilité des étoiles se résolvent ainsi Or, il n'y a pratiquement aucune chance pour qu'ils aient été conçus
par simple lecture. De plus, au dos de l'as- pour la latitude des acheteurs. De plus, à cause de la précession des
trol abe se trouva ient d 'autres outil s, ce équinoxes, ces objets de collection donnent des indications sou-
qui faisait de cet objet un compagnon uni- vent erronées. Alors comment se procurer l'astrolabe de ses rêves?
versel permettant, sans calculs, de résoudre Une constructrice d'astrolabes, Brigitte Alix (www.astrolabes.fr),
bien d'autres problèmes grâce à 1' ap- fabrique encore de façon artisanale et pour des sommes très rai-
pli cati on de mathématiqu es simpl es. sonnables des instruments de bonne qualité, faits main et prati-
Aujourd ' hui , l'astrol abe reste un fo r- quement sur mesure.
midable outil pédagog ique montrant que Maintenant, il faut apprendre à vous en servir. Là encore, c'est
l' évolution de notre ciel s'explique par possible : de nombreux clubs d'astronomie organisent des stages.
la rotation de la Terre sur ell e-même, Le nec plus ultra en la matière étant les stages organisés par le
matéri ali sée par la rotation de l' ara i- Palais de la découverte.
gnée . La rotation de la Terre autour du

Hors-série n• 53. Les angles Tangente


ACTIONS par Jean-Jacques Dupas

faisons
le point...
Pendant des siècles s 'est posée cette question, *
d'apparence anodine: comment se repérer en mer? C'est loin
d'être une opération facile, d'autant plus que les instruments
utilisés sur la terre ferme par les astronomes ( comme
l'astrolabe) ne conviennent généralement pas aux marins.

aire le point » signi- mener à bien cette opération. D' ai lleu rs,
((
F fie déterminer la longi-
tude et la latitude du lieu.
Déterminer la long itude est une opéra-
on s' imagine souvent à tort que l' as-
trolabe était uti lisé pour la nav igation.
li n'en est rien , car l' astrolabe plani -
tion complexe, qui ne sera pas abordée sphérique est constru it pour une latitude
ici . Déterminer la lat itude est en théorie donnée et est beaucoup trop complexe
plu s si mple. La nuit dans l' hémisphère à utiliser pour les marins ! L' astrolabe
nord il suffit de mesurer la hauteur de de marine était une version simpli -
l' Éto ile polaire. Il faut quand mê me fiée , alourdie pour plus de stabilité, et
faire attention , ('Étoile polaire n'est ajourée afin de réduire la pri e au vent.
.,._-<,,,,.,_ pas tout à fait au pô le Nord céleste . Cet instrument ne servait qu ' à mesurer
Dès le XV< sièc le et l'avè ne me nt la hauteur d ' un astre . En conclusion.
des grandes épopées maritimes, des l'astrolabe de mari ne n' ava it pas de
tables astronomiques fournissaient la fonction calculato ire.
correction à introduire en fonction de Cela dit , viser le sole il n'étai t pas une
la position de la Grande Ourse. On opération simple, et les nav igateurs
peut également mesurer la hauteur du n'obtenaient pas mieux que 5° d'erreur
soleil à sa culmination au méridien et , (soit environ 550 km). En outre, le
grâce à des tables astronomiques, en marin se détruisait les yeux : il ne fa ut
déduire la latitude. Sur la terre ferme, jamais faire une visée sur le solei l sans
cette opération est relativement aisée. protection ! On e brûle les yeux de
Mai s en mer, les opérations se compli - faço n irréversible. Ce type d'astrolabe
quent car le bateau bouge ! de marine a été cependant utilisé dès la
fin du XV' siècle, et il s'en fabriquera
l'astnlabe et la biton de Jacab jusqu ' au XIX< siècle . Mais d' autres
nav igateurs préféraient utiliser le bâton
L' article sur le dos de l'astrolabe (voir de Jacob.
en page 106) a permis de se convai n- Cet instrument est on ne peut plus
cre que l' alidade de l' astrolabe pouvait simple : il s ' agit d' un bâton gradué,

[lfl Tangente Hors-série n°53. Les angles


MESURER

Flèche (bâton)

marteau

Le principe du bâton de Jacob.


On lit la valeur de l'angle a car tan (
1) = ·r
Observation à A lexandrie (gravure ti- de cet instrument est qu ' il n'est pas très
rée d ' un ouvrage de Camille Flamma- adapté aux angles supérieurs à 60°. En
rion, fin du XIX' siècle). L' observateur effet, plus on approche le marteau de
se sert d ' un bâton de Jacob avec trois l'œil , plus l' erreur de lecture devient
marteaux. C'est évidemment un anachro- grossière (les graduations sur le bâton
nisme, de même que pour l'astrolabe sont non linéaires).
de marine posé en bas à gauche (qui en
outre n'était pas utilisé par les astro- les quadrants
nomes mais par les marins ... ).
De l'astrolabe nautique, on passera au
quadrant : puisque l' on mesure des
appelé la flèche , généralement de hauteurs comprises entre O et 90°,
section carrée, ur lequel couli se un il est inutile de disposer de toute la
marteau. Avec une extrémité du mar- circonférence, un quart de cercle suf-
teau, on vise l' horizon ; avec l' autre, fit ! La symétrie des astrolabes pla-
on vise le soleil. Il suffi t de lire la nisphériques avait aussi inspiré les
valeur de l'angle sur les graduations du astrolabes quadrants, où l' astrolabe est
bâton . replié sur lui-même. Avantage de ces
Év idemment , on s'abime autant les yeux quadrants, ils sont moins chers et , pour
qu'avec l'astro labe! Le bâton de Jacob, le même encombrement , l'instrument
aussi appelé arbalète ou arbalestrille, est plus précis .
fut inventé par l 'astro- Ensuite , on introduira des miroirs, et
nome juif catalan Lev i donc on passera du quadrant à l'octant
Ben Gerson (1288-1344), (qui permet de réali er des mesures
aussi connu sou le nom de d ' angle compris entre 0° et 45°).
Gersonide. Cette invention Pour atteindre une grande précision de
sera améliorée en ajoutant de marteaux mesure, le sextant sera proposé. n est le
et des échelles. Le princ ipal problème symbole de la navigation.

Hors-série n°53. Les angles Tc:ingente [l'.E


ACTIONS Faisons le point ...

En voici le principe sur ce schéma.

.....~·~ s la mllla marin


~,~
~
oumllla
nautique
Cette unité utilisée en navigation,
qu'elle soit maritime ou aérienne,
est la longueur à la surface de la
Terre d'un angle d'une minute
d'arc. Comme la Terre n'est pas
A B
une sphère parfaite, cela donne
1852 mètres. Cette unité est
commode étant donnée la rela-
tion simple qu 'elle entretient
avec les angle , puisque l O fait
Références Avec la lunette, on vi e sur l' horizon, 60 milles nautique . Attention,
• lnstrumellls ce qui garantit l' horizontal ité de l' ap- le mile terrestre américain ou
sciemijiques pareil. Le bra [OC] tourne autour de
britannique n'a évidemment pas la
à travers l 'histoire. O et porte un miroir ; on tourne ce
même valeur !
Sous la direction bras jusqu 'à ce que le rayon solaire
d'Élisabeth Hébert. qui frappe le miroir en O soit réfléchi
Ellipses, 2004. en M et que son image se superpose
• Les instruments à l'horizon dans la lunette. Pour l'ob-
de l'astronomie servation du soleil , on ajoute un verre
ancienne, ombré sur le miroir en O . Si le rayon
de /"Amiquité [SO] se réfléchit en [OMJ , la normale
à la Renaissance. au miroir partage l' angle SOM en deux
Ph ilippe Dutartre, (en vertu d' une célèbre loi de l'optique
Vuibert , 2006. géométrique : l' angle incident est égal
• Ma thématiques à l'angle réfl échi ). Cet angle vaut
et géographie. 60° + h, par construction du sextant.
Bibl iothèque Donc l'angle entre la normale et (OM)
Tangente 40 . 20 10 . vaut 30° + h/2, d'où l'on déduit que
l'angle COB vaut h / 2. En général, on
gradue l'arc AB en cent vingt parties pour
lire directe ment la valeur de la hauteur. Souvenons-nous qu 'i l n'y a pas si
Un vernier permet de faire des mesures longtemps (avant les progrès des gyro-
à la minute d'arc près. scopes), même da ns les avions les
Les instruments de marine ont été au pilotes faisaie nt le point avec un sextant
départ inspiré par le instruments pour véri fie r leurs trajectoires sur les
utilisés en astronomie. Ils ont ensuite été vols longs courriers !
adaptés aux contraintes de la navigation. J.-J.D.

Il!] Tcingente Hors-série n°53. Les angles


par Édouard Thomas EN BREF

Références complémentaires sur les angles


Dictionnaires et • / ,11 l11giq11e 1111 l '<1r1 cle 1wmer. Transformations visuelles
encvclopédies Antoine Arnauld et Pierre Nicole. • Lli 11,·r.,pec1h·,, c11ric11.11' . 111<1gie
• /)ic1i11111win • cl<'., Gallimard. 1992. lll'li/ÏciC'lle cle., "./.le'{.\ /11('/'\ '(' Îllen\'
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2000. • I.e., ll11gln gà1111é1ric111e., . .lcan - • t\ll/lll/'Î I ÎIIII.\ lllllgÎl/lll'.1.
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ouvrages illustres océanographique. 1999. '/è111gc111,, 15 1. 2013.
• Les tf,:111e111.11f'l:"11cliclc. • Les i11.,1r11111e111s cle f'll .1lr111111111ie • « Calculs astucicu, de
Traduction et commentaires l111cie1111e. cle I "A111ic111i1é ci la p.5rim0tres. d"aircs et de
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• Les c111111111·11wires .111r le fll'Clllier En astronomie 201--1 .
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Proclus de Lycit·. tradtll·tion par f'mlll .\ célesle le (1111.1 culmirahle. Dans la Bibliothèque
Paul ver Eecke. 1959. Andreas Cellarius. Tasd1en. Tangente
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Ingolstadt. 1533. Nicolas l lalma. Hermann . 1927. • ,'vl<11'1é111<11ic111e, clc f'e.11ftélict11<'
ci l'é1'1iq11c. n°S 1.201--1.

Hors-série n°53. Les angles Tangente


ACTIONS par Jean-Jacques Dupas

Des angles
dans tous nos outils
La fabrication, l'usinage, l'affûtage et l'utilisation de ma-
chines-outils nécessitent d'introduire des plans et une grande
variété d'angles. D'innombrables problèmes de géométrie
nous attendent dans un atelier !

es technjques classiques de fa- tout si le surfaces en question sont

L çonnage de pièces opèrent


par enlèvement de matière : en
phase d'usinage, des outils enlèvent
des hélices ou autres développantes de
cercles .. . ). Prenons un exemple de la
vie quotidienne. Si vous voulez peler
de la matière d ' un bloc de métal paral- une pomme, avoir un couteau dans une
lélépipédjque, cylindrique. .. jusqu'à main et une pomme dans l'autre ne suf-
l'obtention de la forme désirée. Cer- fit pas : il faut que 1'arête tranchante
truns outils peuvent être tenus à la mrun du couteau rencontre la pomme. Ici ,
(comme les limes) mrus en général, le mouvement de coupe va être donné
pour des questions de productivité ou à la pomme en lui imprimant une ro-
parce que la force humrune est lirrutée, tation. Mru s s' il n 'y avait pas en plus
les outils sont fixés dans des porte- de mouvement d 'avance, vous pèleriez
outils de « macrunes-outils » : frru - éternellement la même calotte de la
seuses, tours, raboteuses, perceuses, pomme. Pour peler toute la pomme, il
rectifieuses ... Comme il existe une mul- faut dé placer le couteau : c'est le mou-
titude de machjnes-outils, il existe une vement d'avance. Sur un tour, le mou-
(encore plus grande) multitude d'outils. vement de coupe est donné à la pièce
qui tourne et ('avance est donnée au
mouuements de coupe et d'auance chariot porte-outil ; ur une fraiseuse , le
mouvement de coupe est fourni par la
L 'objectif de la machine-outil est de rotation de l'outil (la frai e) et la table
donner à la pièce ou à l' outil les mou- qui porte la pièce imprime le mou ve-
vements de coupe et d 'avance afin de ment d 'avance. Pour une perceu se, le
générer sur la pièce la surface désirée mouvement de coupe e t donné à l'ou-
(quand le résultat est indépendant de til , le foret, grâce à sa rotation ; le mou-
la forme de l'outil , on parle de tra- vement d 'avance e t donné également
vail d'enveloppe ; cela fournü de très au foret, qui descend dans le trou qu ' i I
beaux problèmes de géométrie, sur- est en trrun de creu er.

Ta.ngente Hors-série n°53. Les angles


Pour fa ire mieux connaissance du pre- En coupant l'outil par un plan P per- Deux vues d'un
mier outi l, util isons un étau-limeur, pendicul aire au pl an de référence P, étau-limeur.
machi ne-outil essentie llement util i- et au plan d 'arête P,, on construit par
sée pour ses vertus pédagogiques. Le défi nition :
mouvement de coupe est a suré par la • l'ang le de dépouille a, qui est l'angle
translation de l'outi l ; le mouvement aigu dans le pl an P entre la trace de la
d'avance est obtenu par tra nslatio n de face en dépouille et la trace du plan
la pièce. Dans l'exemple de la fig ure d 'arête P, . Cet ang le est toujours po-
ci-dessous, avec l'outil pe lle, le mou- siti f;
vement d ' ava nce est inutile. • l'angle de taillant ~. qui est l'angle
aigu dans le plan P entre les traces de
Pour un outil , on pe ut défi nir : la face de dépo ui lle et la trace de la
• la face de coupe, face sur laquelle face de coupe. Cet angle est toujours
s'appuie et glisse le copeau ; pos itif;
• laface en dépouille , face en regard de • l'angle de coupe y, qui est l' ang le
la surface qui vient d 'être travai llée; aigu dans le plan P entre la trace de
• le plan de base, qui est la surface la face de dépouille et la trace du plan
d' appui de l'outil , perpendiculaire au de référence P1. Cet angle peut être
mouvement de coupe ; négati f.
• le plan de référence P,, pl an parallè le Voutil pelle.
au pl an de base passa nt par un poi nt
de l'arête ;
• le plan d'arête P,, plan perpendicu- Outil

laire au pl an de référence, contenant Mouvement


l'arête; de coupe
Talon
• le plan de travail conventionnel P1,
plan perpendicul aire au plan de base, Face en dépouille

passant par un point de l'arête et pa-


rallèle au mouvement d'avance.

Hors-série n°53. Les angles Tangente


ACTIONS Des angles dans tous nos outils

Génémtrice
du corps
Outi l

M ouvement
de coupe Outi l Pl Mouvement
de Talon +-- d' avance
ba •

P, plan de référence
P, plan d' arête
P,
L' outil pelle, ses plans Définition de l'angle
et ses angles. de direction d'arête.

L ' outil pelle est re lati vement simple : L'angle de direction d'arête X est
l' arête de coupe est para llèle au pl an l' angle aigu dans le plan de référence
de base et on n'a pas de mouvement P, entre le pl an conventionnel de travai l
d ' ava nce. Considérons maintenant des P1 et le pl an d ' arête P, . L'angle d 'incli-
outils un peu plus générau x .. . naison d 'arête À est l' angle aigu mesu-

De IIUllÛà'e analytique, awc


n • N.xx+ N.,y + N.z,
on obtient les relations suivantes :

n
:~
..
n
c..a
s11n a -
<ma

c.,.,. .....
. '
n • [cos(yJ sin(l.) cos(x) - sin(yJ sin(x)] X
. + [cos(yJ sin(l.) sinCx) + sin(yJ cos(x)] y
+ cos(yJ cos(1) &
n • cos(yJ [eosO,) • + sin.(l.) xJ
+ sin(yJ 1/1, Ces relations permettent de calculer 3r et..,,,
grlce à leurs ]jpes trigonométriques :

tan(3r)
cos(yJ • (1) sin(x) + sin(yJ cos(x)
• cos(yJ sii(i) ëôs(x) - sin(yJ sin@

n • coe(iyJ coe(l.) •
=l
ettan(y,,) = JN!+?t,.
+ cos(yJ SÙl (l.) [cos(x) X+ sin (x) y]
+ sin(yJ [-sin(x} X+ coe{x) 1J], •
Une vraie partie de plaisir !

Tangente Hors-série n°53. Les angles


MESURER

f r>Or r 1.,.,œa,
ré dans le plan d 'arête P, entre l'arête
tra nchante et le pl an de référence ; par
conve ntion, À e t po itif si la po inte de
l' arête est au-des us du plan de réfé- plan de référence
rence, et négati f dans le cas contraire. Dans P,
plan d' arête Définition de l'angle
Avec l' introduction de ces nouveaux d'inclinaison d'arête.
angles, il dev ient possible de décliner les angles précédents, en tournant le
la défi nition des angles Cl, pet y sui vant porte-outil des angles qui vont être dé-
le plan dans lequel ils sont mesurés : fi nis dans les paragraphes sui vants pour
• dans le plan P0 perpendiculaire au la face de coupe et la face en dépouille.
plan de référence P, et au plan d 'arête
P, se tro uvent les angles orthogonaux Encore des angles !
Clo, Po et Yo ;
• da ns le plan perpendiculaire à l' arête, Quand l' ang le de coupe y est di ffére nt
on a les angles normaux n,,, p,, et y,, ; de 0, considérons le plan de la face de
• dans le plan de travail conventi onne l coupe P,. So it P8 un plan perpendicu-
P1 habitent les angles latéraux n1, P1 lai re à P, et à cette intersection. L' in-
et y1 ; tersection de P8 et de la face de coupe
• da ns le pl an PP perpendiculaire au P, est la ligne de plus grande pente de
plan de référence P, et au plan de tra- la face de coupe. Ce nouveau plan per-
vail conventio nne l P1, on peut lire les met de défi nir deux nouveau x angle ,
angles vers l'arrière Clp, PPet Î p· qui serviro nt à positionner la face de
coupe P, :
En général, l' outil est défi ni par les • l'ang le de coupe direct d'affûtage Ys
angles que ! 'on vient de con idérer. Ils est l' angle mesuré dans P8 entre le
possèdent des valeurs qui optimisent plan de la face de coupe et le pl an de
la coupe en fo nction du matériau usi- référence P, ;
né et du matéri au de l' outil. Cepe ndant o,
• l' angle de position de P8 est l' ang le
il fa ut affûter l'outi l. Une fo is l'outil entre P8 et le plan de travail conve n-
monté sur un porte-outil d 'affûteuse, il tionne l P1 mesuré dans le plan de ré- Les angles de la
fa ut régler ce porte-outil pour générer fé rence P,. face de dépouille.

Trace du plan de la
face de coupe dans P,

Dans le plan
de référence P,

Les angles de la
face de coupe.

Hors-série n°53. Les angles Tcingente


ACTIONS Des angles dans tous nos outils

P,.

Toute la difficulté
consiste à passer
d 'un système à l'autre!
y

De même, pour la face en dépouille, on Pour déterminer ces deux angles (voi r
introduit le plan Pb perpendiculai re à les détai ls en encadré), on peut d 'abord
l' intersectio n de la face en dépouille et pa ser du repère (0 , x, y, z) au repère
du plan de référence P,. Ceci permet de (0 , x 1, y 1, z) en tournant de x autour de
défin ir deux nouveaux ang les : l' angle l'axe z, puis dans le plan P., passer au
de dépouille direct d'affû tage ab mesu- repère (x 2, y,, z2 ) en tournant de À au-
ré dans Pb avec la face en dépouille, et tour de l'axe y 1, enfi n tourner dans le
e,
l'angle de position entre les plans Pb plan P,, de y,. autour de l' axe x 2 •
et PJ-
Dans tout ce qui précède, on a ren-
Si l'on introduit la normale n (en rouge) contré des outils « en mai n » : on se
à la face de coupe, on constate que n est place par rapport à la vitesse de coupe
défini e par ses deux angles : dans leo, théorique et à la vitesse d ' avance. li se-
plan de référence P, entre le pl an P8 et rai t plu s réali ste de se placer dans un
le plan conventionnel de travai l P1, et repère construit sur la vitesse de coupe
y8 dans le plan P8 entre le pl an de réfé- réelle résultant des vitesses de coupe
rence P, et la face de coupe. et d 'avance. Ce repère est dit outil au
travail ; il conduit aux mêmes types de
calcul s et optimise les outil .
R ~:F l~R ENCES Ainsi, une immense variété d'a ngles et
• Tl'Cl/1/ologi<' pro/i·.1.1io1111cl/e g/11àafr - 1m(/i•s.1io11.1 de de non moins nombreux problème de
la 111/n111ic111c (pn:micr livre) . André Dupont et Abdon géométrie nous attendent à l' atelier. La
Castell. Dcsforgcs. 1%0. dev ise « nul n' entre ici s' il n'est géo-
• Tccl/1/ologi<' 11ro/i·.uio1111ell<' g/11àal<'. 1wo/i•.uio11.1 de la mètre » chère à Platon devrait plutôt
111l;ca11i<111c. fl,11,111.r r/alisl;.I .111r 11wchi11e.1 011tils. André être gravée à l'entrée de ateliers que
Dupolll et Abdon Castell. Dcsforgcs. [ l)75 . dans les écoles de ph ilosophie !

J.-J.D.

Tangente Hors-série n°53. Les angles


par H. Lehning et J.-P. Guichard EN BREF

Angles de déviation,
miroirs et billards
Avant de toucher un miroir, un
rayon lumineux est dit incident ;
le point où il rencontre la surface
du mfroir e t le point d 'incidence.
li e t alor tran formé en un rayon,
dit réfléchi, pa ant par le point
d ' incidence et symétrique du rayon Une statuette et sa réflexion sur une boule.
réfléchi par rapport à la normale à
la surface au point d ' incidence.
Chapeau, les angles !
rayon normale rayon En gL'OlllL'trie L·IL·nwntain·. il n'y a pas. co11111w l'II al -
incident ré néchi
gi·hrl'. Ulll' lll'l't'Ssitt'• impL·rit•usl' d'utilisl'r dl's s~111hoil's
pour a111t'·liorl'r l'l'fficacitt'· dl's pron\lurl's. l'l' sont l'll
fait il's progn:-s dl· l'algi·hrl' qui ont anll'llt' l'utilisation
dl' s~·111 ho les dans la part il' caku latoi rl' dl' la gt'·o111t'·t ril'.
On troun· ainsi parfois Ulll' ahrL·Yiatio11 co111111l' " .\ngl.
.\Bl' " (cht•1. Lt•gt'Illlrl' l'll 1794) ou « \\'kl [)()() .. (cht•1.
.\. \Oil Frank t'll 18t):.!." angll' .. Sl' dit ll'inkc/ t'll ,illt•-
Les deux angles, rouge et bleu sur mand). mais la plupart dl's 111atht'·111aticil'11s jusqu'au
la figure , ont égaux. Cette relation 0

111ilil'U du \\ sit•dl' ( lllallUl'ls l'i sujl'ls d l'\allll'IIS l'Olll -


re te vraie que le miroir soit plan pris) n'utilisl'nt aUl'Ull srn1holl' partil'ulil'r.
ou courbe. Ainsi, la réflexion sur .lal'l(Ul's 1!adamard. dans Sl'S /,<\'tJIIS clc <J<;omc;tric d<; _
une boule engendre de curieuse 111C·11/uirc(.\r111and Colin . l():.!:.!). t•lTit: " 011 ch;sic111<· 1111
anamorphoses, qu ' il est possible c111ylc /)(11' la le/ln' clc son so111111d. f1lwù· entre clcu.r
011//'('S lettres C/1/Ï c/(;SÙ/11('11/ S('S ('(Î/(;S. ('/ Sl/1'111011/(;(,
d 'étudier mathématiquement (voir
so111•c •11/ c/'1111 siy11c Sf'< ;ciu/. " Sou\t•nl. pas toujours .. .
les Transformations, Bibliothèque
Le dassiqut· /.('/Jossl; S.: l/c;111('/'_IJ S!'cunclc· (dl' l'amilil'
Tangente 35, 2009).
Ll'IHisst'· l'i l'orl'ntin [ ll·111l'I'\. '.\:athan . 19(10) utilisl'.
Cet angle de déviation se retrouve lui . dl's l'hap1·au\ quand il s'agit d't'·galit(·s d 'angles .
dans le billard où, en l' absence .\ujounlïllli l'Ol'\istl'nt trois notations: cl'lll' ;1n·t· un
d'effet, le boule rebondissent l'hapt·au. introduill' par il' Frall{,:ais L11.an· Carnot
sur le bord elon la même règle, l'll 180:{ dans sa (,'t;u111C;ll'Ï<' clc f'Osition : la notation
créant ainsi de trajectoire que .\BC l'll usagt• dw1. ll's .\11 glo-Sa\011s l'i introduite
l' on peut étudier. Bien entendu, par \\'illia111 Oughtrl'd dans 'friyu11u111dria ( 16,S7) :
la notation : .\BC utilist'·e en .\llemagne l'i all\ 1::tats-
elles changent uivant la forme du
l ' nis. introduitl' par Spit1. l'll 18(1:.! l'i n·prisl' par l lil -
billard. Dans ce cadre, il s' agit d ' un
hl'rt en 1899.
y tème dynamique. La littérature l'l' son t toutl's dl's \,lriantl's du pil'logra111111l' <.\lW.
fourmille d'étude sur le ujet, que l'l'L'L' l'n 16:{4 par l'il'rrl' l lt'·rigo nt• l'i qui sl'ra t·onl·ur-
l'on trouvera sans peine à travers n·m·t'· par Il' llll'llll' s~111hoil' (introduit par Thomas
un moteur de recherche. llarriot l'll 16:11) signifiant " stril'tl'llll'llt inll·riem "·

Hors-série n°53. Les angles Ta.ngente


SAVOIRS par Karine Brodsky

Des phases
qui nous font tourner la tête
Un système physique qui évolue de manière cyclique ne
retourne pas forcément à son état initial ! Il en est ainsi s'il
parcourt une trajectoire fermée dans un espace de courbure
non nulle, comme pour le pendule de Foucault. Petit tour de
la question.
de bons exemples : émi ss io n d' un son
par un instrument de mu sique (onde de
press io n), lumière produite par un laser
(onde électromagnétique), vague créée
par un ca ill ou jeté dans l'eau (onde de
grav ité de surface) ... Dans le cas des
ondes, du fa it de la propagation, il
ex iste alors une double périodicité, à la
fois tempore lle et spati ale.

Quand la boucle n'est pas bouclée

Considéron une onde et supposons


que le phénomène est périodique et
peut être décrit par une fo nction sinu-
soïdale. L'angle assoc ié, c'est-à-dire
Pendule de Foucault D e nombreux phéno mè ne o nt l'argument du sinu , est alors appe-
accroché à la voûte la particularité d 'être pério- lé la phase de l'onde. Il décrit tout
du Panthéon de diques, c'est-à-dire qu ' ils se état poss ible du phénomène. Prenons
Paris, reproduisant le répètent à l'identique après un certai n l'exemple d' une onde pl ane inusoï-
dispo itif expérimental intervalle de temps. On peut penser dale se propageant sui vant l'axe (Ox) .
tel qu'il fut montré aux marées, à la révolution des pl a- Une telle onde est décrite par une fo nc-
pour la première foi nètes autour du Soleil , aux battements tion de l'espace (x) et du temps (t) pro-
au public en 1851. du cœur . .. Le ondes, qui sont des os- portionne lle à sin (w (t - x / v) + <p), où
Le fil a une longueur cillations correspondant à la propaga- w est la fréq uence angulaire de l' onde
de 67 mètres. tion d ' une perturbation, en sont au si (en rad s- 1), v est sa vitesse de phase (en

Tangente Hors-série n°53. Les angles


MESURER

m s- 1), et cp sa phase à l'origine. Pour et d 'autre de la verticale. Ce di spos itif


ce genre d 'onde, toute variation spa- expérimental a été imaginé par Léon
tio-temporelle résultan t en une phase Foucault pour mettre en év idence la
supplémentaire valant 2Jt la ramène rotation propre de la Terre autour de
dans ! 'état où e lle se trouvait. Vu sur l'axe des pô les, par mesure de la dé-
le cercle trigonométrique, cela rev ient viation au sol du plan d 'oscillation du
à dire que la pha e a fait un tour et se pendule.
retrouve au point initial. Cependant, qu 'en est-il du pl an d ' os-
cillation de ce pendule au terme d ' une
rotation complète de la Terre sur son
360° (e) axe ? Effectue+il lui aus i un tour
complet ? Tout dépend de la latitude
du lieu de l'expérience ! Aux pô les,
un observate ur verra le pl an d 'oscil-
270° (d) lation du pendule tourner exacteme nt
180° à le même vitesse que la Terre, et se
(c)
retrou ver donc dans le même état au
90° (b) bout d ' un jour exactement (une période
de rotation te rrestre). À l'équate ur, un
observateur verra ce plan immobile. Et
que lque part à la latitude À., la préces-
oo (a) ion du plan d 'osc illatio n du pendule
era plus lente qu 'aux pô les d ' un fac-
Onde déphasée de 90° (b), te ur sin À.. Ainsi, à une latitude de 30°,
de 180° (c), de 270° (d ) et de 360° (e). le plan d ' oscillation du pendule effec-
Da ns ce dernier cas, on retrouve tue un tour complet en deux jours.
l' onde initiale (a).
Transport parallèle et
De manière plus générale, lorsqu ' un phases géométriques
système dépend de paramètre qui
évoluent cycl iquement, reprenant par Considérant que, pour des osc illatio ns
exemple leur vale ur initiale au bout de faible amplitude, le mouvement de
d ' un laps de temps T, il peut sembler la masse se fait dan un plan quas i ho-
naturel de penser que le système se re- ri zontal (donc tangent à la surface de
trouvera lui aussi dans l' état initial au la Terre), on peut le caracté ri ser par un
bout de ce temps T. Il n' en e t pourtant vecteur défi ni ssant la direction le long
pas toujours ainsi ! Un cas bien connu de laque lle le pendule oscille dans ce
est donné par le pendu le de Foucault. pl an hori zonta l. Regardons alors le pro-
Ce pendule est constitué d ' une masse, blème « de l'extérieur », c'est-à-dire
que l' on peut assimiler à un point ma- comme si on voyait évoluer ce vecte ur
térie l, suspendue au bout d ' un très long le long du cercle qu ' il parcourt à lati-
fil inextensible (dont on pe ut négli- tude À.. D' après le principe d ' inertie,
ger la masse). Écartée de sa position ce vecteur devrait conserver une direc-
d 'équil ibre puis lâchée sans vitesse tio n constante par rapport aux « éto iles
in itiale, la ma se va, sous l' effet de la fixes ». C'est cependant une contrai nte
pesanteur, osc iller dans un pl an de part incompatible avec le fa it qu ' il doive

Hors-série n°53. Les angles Tangente


SAVOIRS Des phases qui nous font tourner la tête

Jean Bernard
Léon Foucault
(1819-1868).

reste r ta ngent à to ut instant à la sphè re 2rc ( 1 - sin À) (le en de rotation dépen-


terrestre ; ce qui est une faço n de dire dant de l' hé misphè re dans leque l o n e
que le réfé re ntie l te rrestre n 'est pa tro uve). Cette valeur est celle de l'angle
inertie l (le princ ipe d ' ine rtie n 'y est solide sous lequel o n voit la calotte
pas vérifié). Néanmoin , il ex iste une sphé rique s'appuyant sur le parallèle
ma nière de dé pl acer ce vec te ur le lo ng considéré. Localeme nt (et non plus« de
du cerc le qu ' il parcourt e n con e rvant l'extérieur »), po ur qui observe le pen-
autant que possible son o rie ntatio n dule de Fo ucault, on voit do nc, compte
initia le (son « para llé lisme ») tout e n tenu de la rotation terrestre, le plan d 'o -
le gardant tangent à la surface de la c illatio n tourner d ' un ang le 2rc sin À.
Te rre : c'est un transport parallèle sur Cet angle de précess io n correspond à
la sphè re. une phase géométrique, par o ppositio n
à la phase dynamique introduite pré-
Transport parallèle d'un vecteur céde mme nt po ur l'onde sinusoïda le.
sur la sphère : le vecteur La phase géométrique no us rense ig ne
est déplacé en conservant sur le che min sui vi puisqu 'elle e n dé-
autant que possible pe nd (par l' inte rmédia ire de la latitude
son orientation (son dan s le cas du pendule de Foucault).
« parallélisme ») tout en Plus générale me nt, la phase géomé-
gardant constant l'angle trique dépe nd de la trajectoire sui vie
qu'il fait localement par le systè me dan s l '« espace des pa-
avec la surface de la ramètres », qui peut être l' espace réel
sphère. En parcourant ou un espace plus abstrait, comme
ainsi la boucle fermée ANBA, l' espace des vecteurs d 'onde. De te lles
le vecteur a finalement tourné sI phases o nt été po ur la premiè re fo i
d'un angle a, ici égal à l'angle mises e n évide nce expérime nta le me nt
en N du triangle sphérique ANB. e n o ptique e n 1956 par Si varamakri-
shnan Panc haratnam ( 1934- 1969),
On montre alors qu 'après parcours puis é tudiées de manière approfondie
complet du cercle à latitude À, ce vec- e n phys ique quantique dan le années
teur se retro uve dans le même plan 1980 par Mic hael Be rry (né e n 194 1).
tangent mais pas dans sa direction ini-
tiale : il a to urné d ' un ang le de mesure K.B.

Tangente Hors-série n°53. Les angles


SAVOIRS par Jean-Jacques Dupas

l'angle solide
Pour définir un angle dans l'espace, on procède comme dans
le plan. Il faut alors utiliser des outils mathématiques quelque
peu sophistiqués ( calcul intégral et géométrie différentielle)
pour faire rigoureusement des calculs avec l'angle solide

an, k plan , on l'a abondam- cercle dev ient une sphère, la portion du

D ment vu dans ce numéro , une


définition poss ible de l' angle
entre deux droites sécantes peut être la
plan de vie nt une portion de l'espace
(un e s urface), la lo ng ue ur mes urée
dev ient une surface mesurée, et! ' unité
longueur de l'arc intercepté par un cercle dev ient le stéradian . On peut dès lors
centré sur l' intersection de deux droites. donner une première définition de l'angle
Il convient de diviser cette longueur par solide Q e n stéradi ans d ' une surface
Je rayon du cercle , ou bien d ' uti li er un depuis un point O : c'est la surface S sur
cerc le de rayon égal à 1, pour des ques- une sphère interceptée par un cône de
tions d ' homogénéité . sommet O divi sé par le carré du rayon
R de la sphère. En d 'autres termes,
Q = S/ R2 .
Pour être plus général , il est possible de
R
Définition définir un angle olide élémentaire dQ
de l'angle. à partir d ' une surface élémentaire
dS = dS n où n est le vecteur normal à
R la surface situé à la distance r du point
d 'observation , et de ë un vecteur uni-
taire dans la direction de dS.
La valeur de l'angle en radi ans est A dSn. ë A . _ _
Al ors d H = - - - . ttent1on , n , e et
a = L/R . r2
Le radian est donc une unité homogène r varient e n fo nction de dS ! L'angle
d ' un nombre sans dimen sion . solide de la surface S est la somme ur
Dans l'espace , pour définir l'angle solide, toute la surface de ces angles solides
on procède ex acte me nt de la mê me éléme ntaires dS :
manière, mais en augmentant la dimen- n =IIs dSn·ë
,2 .
sion de tous les objets d ' une unité. Le

Ta.ngente Hors-série n°53. Les angles


GÉOMÉTRIE DANS L'ESPACE

Q: -s le diamètre apparent
R2
La notion de diamètre apparent apparaît en astrono-
mie (on parle souvent du « diamètre apparent du soleil
et de la lune »). Contrairement à ce qu'indique son nom,
le diamètre apparent est un angle! C'est l'angle sous lequel
on voit un objet depuis un point. Pour un objet quipos-
sède une symétrie sphérique (comme le soleil), le dia-
mètre apparent est le même quel que soit le plan dans
ë lequel on regarde l'objet. Et comme l'objet regardé est
souvent éloigné, le diamètre apparent est (en radians)
le diamètre de l'objet que divise la distance au point
d'observation. Pour fixer les idées, le diamètre appa-
0 rent du soleil est de l'ordre de 32 minutes d'arc, ce qui
Définition de l'angle solide. est du même ordre de grandeur que celui de la lune (ce
qui explique qu'il existe des éclipses totales ou annu-
Uue de l'Intérieur ou de l'extérieur laires). Ce diamètre apparent est plus faible qu'il n'y
paraît : vous pouvez masquer la lune ou le soleil avec votre
Calculons l'angle solide d ' une sphère pouce à bout de bras !
vu depuis son centre. D'après la pre-
mière définiti on, c'est la surface de la () = ~
D
sphère (soit 4rr?) di visée par?, soit 4:rt.
Vérifi ons- le par la seconde fo rmul e.
Dans ce cas, r est constant (on pourra le
sortir du signe omrne) et le vecteur nor-
mal ii à une surface sphérique élémen-
taire est le vecteur ë (donc le produit Le diamètre
calaire ii · ë est égal à 1). On obtient : apparent.
n = ffs dSiir i . ë =ff s dS
ri
= _.!... ff dS
,.2 s

= 2r1 4:rtr 2 = 4 : Ainsi, sur la fi gure ci-dessous, dS A et


dS8 ont même valeur IdQ I mais sont de
(la somme sur la surface de la sphère signe opposé (dS A = - dS 8 ) , et comme
des surfaces élémentaires est la surface cela est vrai pour toutes les droites cou-
de la sphère 4:rtr2 , ce qui se traduit par pant la surface , la somme totale sera
ffs ds = 4:rtr\ De même, on montre que null e. Donc l'angle solide d' une sur-
face ex téri eure vue d ' un point e xté-
l'angle solide d' une surface fermée quel- rieur est nul.
conque vue d' un point intérieur est 4:rt.
Maintenant , ca lcul ons l'angle so lide
d ' une surface fermée vue d ' un point
extérieur. Pour ce fa ire, si l'on prend la
convention que la normale pointe vers
! 'extérieur de la surface , alors tout angle
solide élémentaire est nul puisque toute
dro ite coupe un nombre pair de foi s
une surface fermée ! Angle solide d ' une surface fermée.

Hors-série n• 53. Les angles Tangente


SAVOIRS L'angle solide

L'appli cati o n c lass ique de ce rés ultat mê me di stance sur chaque arête abou-
est le théorème de Gauss . So it à calcu- ti ssant à ce somme t, pui s o n re lie ces
le r le flu x sur une surface fe rmée du no uveaux po ints po ur fo rme r un po ly-
c hamp é lectrique c réé par des c harges gone da ns l'ordre des face constituant
ponctuelles q; placées aux points A;. Par le so mmet. Le po lygone obte nu est la
définiti o n : f igure de somm et du po lyèdre. Ce tte
J{ E ·ds=-I_ LJ{ q;e( A ;)·dS _ définition est particulièrement pertinente
'H's 4:rr.t:o ; 'H's r(A ;)2 puisque qu 'e lle transforme les sommets
En sortant la c harge q; du s ig ne somme, e n po lygo nes, l'équi va le nt des faces .
Ji E· ds=-1- "' Ji e( A ;) ·dS _ Elle pe rmet do nc de tra ite r uni fo rmé-
'ffs 4:rr.t: ~ q, 'ffs r(A } me nt les somme ts e t les faces. De plus,
0
On reconn ait l'ang le solide cette notio n pe rmet de s implifie r cer-
Q . = Ji e( A ;)· dS . taines définitio ns, comme celle des poly-
' 'ffs r( A } èdres régulie rs. La dé finiti on classique
1 des po lyèdres réguli ers contie nt tro is
Ains i, g=j> E· ds=-- L q;Q;·
s 4:rr.t:o ; cond itio ns : avoir des faces rég ulières,
Or s i la c harge est exté rie ure, Q ; =0 et avoir des faces égales, avoir des angles
s i la c harge est inté rie ure, n; =4n , do nc solides de même va leur. Avec les fi gures
# E· ds=-4 1- L
5
nêo churgcs int.
q;4n= L~-
êo
de sommet, on n'a plus besoin que de deux
conditio ns : avo ir des faces régulières,
C' est le théorè me de Ga uss : avoir des fi gures de somme t réguliè res.
g=j> E· ds= I ~ - La fi g ure de sommet des somme ts d ' un
s êo tétraèdre régulie r, d ' un cube, d ' un dodé-
La notio n d 'ang le so lide est beaucoup caèdre régulier est un tri ang le équilaté-
utili sée e n ph ys ique: ca lcul de flu x, ral ; ce ll e des somme ts d ' un octaèdre
o ptique ... est un carré ; celle des so mmets d ' un
icosaèdre est un pe ntagone régulier. Les
Figure de sommet dé finiti o ns do nnées s'a pplique nt pa r
aille urs a ux éto iles de Keple r- Po insot.
Pour les po lyèdres, manipule r les angles
solides est malcommode. Calculer l' angle J.-J. D.
sous leque l o n voit une face d ' un solide
de Pl ato n est tri v ia l, pui sque l'ang le
sous lequel o n voit l'ensemble du poly-
èdre convexe est 4n (un po lyèdre est
une surface fe rmée). Par ai lleurs, chaque
face é ta nt équi va le nte, l'a ng le so lide Sommet •
va ut Q = 4n/F o ù Fest le no mbre de
faces du solide, soit un angle solide égal
res pec ti ve me nt à n, 2n/3, n/2, n/3,
n/ 5 , po ur le té traèdre, le c ube, l'oc-
taèdre, le dodécaèdre e t l' icosaèdre.
On pré fè re e n géné ral utili ser la no tio n La figure de sommet d'un sommet.
de« fi gure de sommet » (ou vertex f igure
e n a ng lais, c hez H .S .M . Coxeter) po ur
caractériser les sommets. De quoi s'agit- Référence
il ? On part du sommet et o n parcourt la • Reg11/ar Polytopes . H.S.M Coxeter. Dover. 1973.

Tangente Hors-série n°53. Les angles


par Philippe Boulanger EN BREF

Istvan Orosz, vinuose de l'anamorphose


Istvan Orosz a réalisé des faits d'arme. C'est un virtuose de l'ana-
morphose cachée où l'on montre au spectateur une image qui en
recèle une autre, laquelle n'apparaît que sur le miroir de la trans-
formation. Il travaille à la main, sans aide de l'informatique. Par-
fois , dans ses peintures, un portrait apparaît si l'on pose un mi-
roir cylindrique à un endroit stratégique de l'œuvre.
Les peintures de Istvan Orosz sont souvent plaisantes à regarder
avant anamorphose, contrairement à nombre d'anamorphoses
qui ne se révèlent qu 'après transformation de dessins chaotiques
et sans intérêt. Souvenons-nous des vers de Boileau, que nous
pouvons transposer aujourd'hui en hommage à Orosz :
« D'un pinceau délicat, l'artifice agréable,
Du plus affreux objet fait un objet aimable ... »
On peut également utiliser des anamorphoses coniques pour
transformer des photographies en panorama à 360 degrés (une
étude géométrique détaillée de l'anamorphose peut être trouvée
en ligne: l'Image retrouvée, de l'anamorphose à la transforma-
tion conforme, Synoptique 2 (2) , 2013).
Enfin, cacher des images évoque l'art de la stéganographie, où
l'on dissimule une information dans une image. Imaginez que
quelqu'un vous envoie un message codé par une image conique
ou cylindrique. Il se pourrait que les procédés informatiques soient utiles pour le décodage,
mais on peut en douter! En effet, comme l'affirme le spécialiste du sujet Joël Martin, faute de
connaître la nature du miroir et sa forme, nul n'est jamais assez fort pour ce calcul...

Hors-série n°53. Les angles Tangente


SAVOIRS par Alain Zalmanski

Systèmes élémentaires
de coordonnées
À l'heure où la géolocalisation bat son plein, il paraît opportun
de rappeler les méthodes les plus élémentaires permettant de
repérer la position d'un point dans le plan ou dans l'espace. Ce
n'est pas un hasard si le plan et la sphère jouent un rôle
primordial dans les premiers procédés de repérage.
e voca ble « coordonnées » est Dans le cas où M appartient à un pl an

L attesté dès 1754 comme le terme


de géom étri e qui dés ig ne des
éléments permettant de situer précisé-
ou une surface , le principe est de déter-
miner deux fa milles de courbes tracées
s ur la surface te lles que to ute courbe
ment quelque chose ou que/qu 'un. Par d ' une fa mille ait un po int unique d ' in-
analog ie, on l' a très vite utilisé en astro- tersecti on avec l'autre fa mille et te lles
nomie, e n géogra phi e ... Il es t passé que pour tout point M de la surface il existe
aujourd ' hui d a ns le la ngage co ura nt une courbe de chaque fa mill e qui passe
pour désigner les informations permet- par M . Dans le cas de l'espace , on défi-
tant de retrou ve r o u de jo indre que l- nit cette fo is trois fa milles de surfaces.
qu ' un : té lépho ne , adresse, e-mail .. . C haque po int sera re pé ré par l' inter-
Dans leur sens mathé matique, les coor- sectio n de tro is surfaces , une pour cha-
do nnées d ' un po int M s itué d ans un cune des fa milles.
espace E (ou dans une partie de E) sont
des scalaires qui permettent de repérer les coordonnées cartésiennes
sans ambiguïté ce po int dans ('ensemble
auque l il appartient. Le repérage le plu s simple d' un point
est le systè me de coordo nnées carté-
Cote
iennes . Comme son nom l' indique,
c'est René Descartes qui a mi en év i-
dence ce type de repérage valable da ns
le pl an affine ou l'espace affi ne de
dimension 3 , et qui se générali se à un
espace de d imension n.
k
./ Ordonnée Dans un te l espace, on défi nit un repè-
re constitué d' une ori gine O et d ' une
« base » de l'espace vectorie l associé

X ••••• •• ••••• •• • • • • • •• ••• .':-:i.····' IR". Cette base est constituée de deux
vecteurs « unités » pour un pl an, de
tro is vecteurs pour l' espace ou de n

Tc:ingente Hors-série n"53. Les angles


1
GÉOMÉTRIE DANS L'ESPACE

vecte urs e n dime ns ion n. Avec l' origi-


ne , cette base permet de dé finir dans
Représentation paramétrique
l' espace des axes de coordonnées, d'une courbe
droites orientées passant par l'ori g ine.
Ainsi, un po int M de l' espace de Une représentation paramétrique d 'une courbe (C) du
dime ns io n 3 era défini de maniè re plan est un système d'équations où les coordonnées
unique par l'égalité vectorie lle des points de la courbe sont exprimées en fonction
d'un paramètre (souvent noté t car désignant souvent
OM =xi+ y] +zk où i , j, k forment
le temps en cinématique, en électricité, en électronique
la base de IR 3 et (x, y, z) sont appe lées ou dans l'étude des mouvements oscillatoires).
les coordonnées de M : x est I 'abscis- (C) X= fl.t)
se , y l'ordonnée e t z la cote . y= g(t)
Le pl an o u l' espace de dime ns ion n Les deux fonctions f et g doivent être définies sur le
peut être muni d ' une métrique, per- même sous-ensemble D c IR. Le point M (t) de coor-
mettant de défi nir e n plus la di stance données (f(t} ; g(t)) décrit un sous-ensemble (C) du
e ntre de ux points. Parmi les métrique plan lorsque t varie dans D.
poss ibles , les plus utili sées e n mathé- La représentation d'une courbe en coordonnées
matiques é lé me nta ires sont les di - =
polaires à l'aide d'une équation de la forme p /(0)
tances « e uclidie nnes » . De te lles dis- est un paramétrage particulier.
tances sont assoc iées à la notion de Un exemple classique de paramétrage est la définition
produit scalaire de de ux vecteurs, la des courbes de Lissajoux à l'aide des équations :
di stance de de ux points M et N éta nt =
x acos(kt)
alors la racine carrée du carré sca la ire y= bcos(ht + 0)
du vec te ur MN . = =
Avec a= b 1, k 3 eth= 4,
On pe ut a lors : h~is~r un re pè re on obtient la courbe ci-dessous.
« orthonormé » i, j , k de vecteurs Même si on est tenté d'éliminer t
o rthogonaux de ux à deux (leur produit entre les deux coordonnées pour
scalai re est nul ) e t de norme 1 (le ur obtenir une équation de la courbe
carré scala ire vaut 1). Dans un te l du type f(x, y) =0 ou y =/(x}, on
repère , le produit sca la ire de de ux vec- sera toujours étonné de la simpli-
te urs est très fac ile à calcule r : cité qu' apportent les coordonnées
(xi+ y]+ zk) • (x'i +y']+ z'k) = paramétriques dans le tracé et
l'étude d'une courbe.
xx' + yy' + zz',
donc a uss i la di stance e ntre de ux ax + by + c =0 ,
points. • les coniques à des équations de
Une fois c hac un des points ide ntifié à degré 2 de la forme :
l' a ide de ses coordonnées carté- ax2 + bxy + cy2 + dx + ey + f = 0 ,
sie nnes, d 'autres problè mes e posent. • les c ubiques à des équation s de degré
L' un des plus cl ass iques cons iste à 3 et a ins i de suite ...
trouver « l' équatio n » d ' un e nsemble On pe ut auss i re présente r les fonctions
de po ints, re lation vérifiée par les f par le ur graphe, e nsemble des points
coordo nnées de tou ses points . M du plan muni d ' un repè re cartés ie n
Ainsi, dans le plan muni d ' un re pè re de coordonnées (x , y) te ll es que
cartés ie n , y =J(x).
• les droites obéissent à des équatio ns Dans l'espace de dime nsion 3 , une
de degré I de la forme : unique équation sera e n généra l véri-

Hors-série n• 53. Les angles Tcingente


SAVOIRS Systèmes élémentaires ...

fi ée par l'ensemble des points d ' une Un cerc le de centre O aura une équa-
surface. C'est le cas par exemple d ' un =
tion impi e (p R), mais une droite ou
pl an , qui vérifie une équation du pre- un cercle de centre différent de O
mier degré. Une courbe sera définie , seront représenté par des équations
quant à elle, par deu x équations dans plus compliquées.
la mesure où e lle correspond à l' inter- Ainsi , p = h cos(O - 0 0 ) est l'équation
section de deux surfaces. de la droite située à une di stance h de
l'origine dans la direction 00 + n / 2 et
Coordonnées polaires, cylindriques r = h /cos( O - 0 0 ) est l'équation d ' un
et sphériques cerc le dont le centre est situé sur la
droite fa isant avec l'axe (Ox) un angle
C'est dans le pl an euc lidien qu ' on uti - eo·
li sera couramment les coordonnées
« pol a ires ». Elles consiste nt à partir À partir des coordonnée polaires du
encore d ' une origine O et d ' un vec- plan, on peut défi nir simplement dans
teur « unita ire ». Cela définit , tout l'espace IR 3 les coordonnées cylin -
comme l'axe des abscisses en coor- driques . Il suffit d'ajouter aux coor-
do nnées cartés iennes, une demi-droite données pol aires une troisième dimen-
(D) [Ox), appe lée axe polaire. Un poi nt M sion, souvent notée z comme la cote,
du pl an est parfa iteme nt défini par la qui mesure la hauteur d ' un point par
di stance OM , notée p (ou r) et l'ang le rapport au pl an repéré par les coordon-
e qui ex prime la mesure, dans le sens nées po laires.
trigonométrique, de l'ang le « orien- À partir des coordonnées cartés iennes
té» e ntre [Ox) et la de mi -droite [OM) . (x, y, z), o n peut obtenir les coordon-
On passe aisément des coordonnées nées cy lindriques (p, e,z) grâce aux
cartésiennes aux coordonnées pol aires formules sui va ntes :
par les re lations
p = Jx + l
2
x =p cose avec p=Jx2+y2.
y = psine e = arctan (y/ x)
z =z
Une courbe du pl an pourra ainsi être
défi nie par une équati on « pol ai re », Inversement , on peut convertir les
re lation entre p et e. coordonnées cy lindriques (p, e,
z) en
coordo nnées ca rtés ie nnes (x, y, z)
grâce aux formules sui vantes :
X= pCOS0

y = psine
z =z
Une autre générali sation des coordon-
nées po laires du pl an à l'espace permet
y
de définir le coordonnées sphériques.
Un point de l'espace y est repéré par la
distance p à l'orig ine O (le pô le) et par
deux angles.
Dans un repère orthonormé
(0 , i, ], k) de IR 3 , so it m la projection
orthogonale de M sur le plan { z = O}.

Tangente Hors-série n°53. Les angles


GÉOMÉTRIE DANS L'ESPACE

Changement de repère
Comment passer des coordonnées cartésiennes (x, y, z) d ' un
point M de l'espace dans le repère R d'origine O et de base B
(vecteurs T,] , k) à ses coordonnées (x' , y', z') dans le repère
R'd'origineO'etde base B'(vecteurs i' ,]' ,k' ) ? Ce problème
se décompose en deux sous-problèmes de difficultés ditférentes.
• Le changement d'origine, qui correspond à une transla-
tion de repère dans une base commune i,] , k , se résout
sans mal. Il suffit de connaître les coordonnées (a, b, c) de
0' dans le repère R pour trouver les relations : x' =x - a,
y' =y-b, z' =z-c.
• Le changement de base (à origine O commune) exige une
approche moins élémentaire. En effet, si on connaît la
On appe lle coordonnées sphériques de décomposition de la base B du repère R dans la base B' du
e,
M le triplet (p , <p) o ù p est la distan- repère R', on peut écrire :
ce OM où O (compri s e ntre O et 2n) est i' = a.T + hi) + C1 k
I~ mes ure e n radi a ns de ( ' a ng le ] '=a 2 i +b2 ] +c2 k
(i , OM ) e t où <p (compri s e ntre - n / 2 k'=a 3 i +b3 ] +c3 k
et n / 2) est la me ure e n radia ns de
l' ang le (Om , OM ) .
Pour un po int ur la sphère terre tre , p On dit que P =[: :: :: ] est la matrice de passage de B
serait le rayon de la Te rre aug me nté de à B'. a3 b3 c3
e
l'altitude , correspond à la longitude
et <p à la latitude. Cette information permet d'écrire simplement les anciennes
Pour des ra isons liées à le urs normes, coordonnées (x, y, z) de Men fonction des nouvelles (x' , y',
e
les phys ic ie ns intervertissent et <pet , z' ). Dans l'autre sens, c' est un peu plus compliqué.
pour certains , <p est désigné comme On peut s'en sortir de plusieurs façons :
mesure e n radians de l'an gle (k , OM ) . • résoudre le système de trois équations à trois inconnues
<p est alors appe lé co-latitude. Un te l correspondant ;
systè me est très utili sé e n astronomie . • inverser la matrice de passage P, c'est-à-dire trouver les
Po ur le repé rage géographique, on a coordonnées des vecteurs de B dans la base B'.
vu qu ' on retrou vai t l'altitude , la latitu- Ce dernier problème se résout de manière spectaculaire-
de, et la longitude dans les coordon- ment facile dans le cas euclidien si les deux bases sont ortho-
nées. Il doit cepe ndant être adapté , e n normées. En effet, il suffit alors de transposer la matrice de
fo nctio n de la précis ion souhaitée pour passage P de B à B' (échanger ses lignes et ses colonnes) pour
re ndre compte du fai t que la Te rre =
trouver la matrice de passage P ' P- 1 de B' à B.
n'est pas une sphè re. On se pl ace a lors
a,
sur un systè me géodés ique du ty pe
e llipsoïde qui modé lise la fo rme de la P' =p-• ='P = [ b,
Terre . c,
Ce sont ces é léments que no us restituent
les GPS qui captent, quant à eux , des
signaux permettant par « trilatération » Références
de situer n ' impo rte que l objet entrant • Dictionnaire des mathématiques . Presses uni versitaires de France , 1979 .
dans le champ de leurs sate llites . • CRC Encyclopedia of Ma thematics, Eri c Weisste in ,
A. Z. CRC Press. 1999 .

Hors-série n • 53. Les angles Tcin9ente


SAVOIRS par François Lavallou

Des géométries
sous un nouuel angle
En rejetant un seul de ses postulats, la géométrie euclidienne a
donné naissance à d'autres géométries. De nombreux résultats
concernant les angles, notion au cœur de la définition des
géométries, sont alors modifiés.

L
a géométrie euclidienne, qui fo r-
ma li se notre intuiti o n géomé-
trique, repose sur six postul ats,
vérité de bon sens a priori indémon-
trables. Si la suffisa nce de ces postulats
semble cl aire pour la géométrie de tou s
les jours , la question se pose de leur
nécess ité. L' hi stoire des nombreuses et
vaines tentati ves de dé monstration du
« postulat des parallèles » va déboucher
sur l'émergence de géométries nature l-
lement qualifiées de non euclidiennes.
Toutes ces études sur le parallé li sme
da ns les géométries sphé rique, e llip-
tique ou hyperbo lique utilisent la notion
de perpe ndi cularité et la omme des
angles d ' un triangle.

Euclide élucide John Playfair (1748-1819),


peint par Sir Henry Raeburn .
Le cinquième postulat est souvent appelé
postulat d'Euclide, sa célébrité occultant longées indéfiniment se rencontrent du
l'exi stence des c inq autres. Sa fo rme côté où la somme est inférieure à deux
première est : « Si une droite rencon- droits.»
trant deux droites situées dans un même Po ur « prouver » ce postul at , Procl us
plan fa it d 'u n même côté des angles utili se tacitement le fa it que la distance
intérieurs dont la somme soit moindre entre deux paral lèles est constante, ce qui
que deux droits, les de ux droites pro- est fa ux en géométrie hyperbolique. Il

Tangente Hors-série n°53. Les angles


GÉOMÉTRIE DANS L'ESPACE

n' obtient donc en fait qu ' une reformu-


lation équiva lente de ce postulat d 'Eu-
la formule de Girard
clide: « Pour toute droite D du plan et Deux demi-grands cercles terrestres, dont le diamètre est
tout point du plan extérieur à D, il existe sur l'axe des pôles, déterminent un fuseau horaire. En géné-
une et une seule droite passant par ce ral, on appelle angle du fuseau l'angle entre les plans des
point et parallèle à D. » Cet énoncé sco- demi-cercles. Par continuité, c'est aussi l'angle en un pôle
laire de l'ax iome sera repri par John des tangentes aux demi-cercles. L'angle de deux géodé-
Playfair. siques en un de leurs points d'intersection est donc l'angle
Comme avec Proclu , les nombreuses ten- du fuseau qu'elles définissent. Pour d'évidentes raisons de
tatives de démon tration qui sui vront symétrie, la surface d'un fuseau est proportionnelle à son
n'aboutiront souvent qu'à une défi ni - angle d'ouverture. Un fuseau d'angle () correspond donc à
tion équi valente. Ai nsi, le Hongroi Far- la proportion de () / 2n: de la surface de la sphère, soit une
kas B6lyai, qui pour Gauss fut « le seul surface de 2fJR2 pour une sphère de rayon R.
qui ait jamais su entrer dans [ses] idées
métaphysiques relatives aux mathéma-
tiques », travailla activement sur les fo n-
deme nt s d e la géo mé trie et
particulièrement sur le fameux axiome
des parallèles, qui est pour lui l'ax iome Géométrie
XI. li montre ainsi que si cet axiome est sphérique.
vrai, alors trois points suffisent à défi-
nir un cercle. Découragé de ne pas abou-
tir, il mettra en garde son fils de poursuivre
ses recherches sur la théorie des paral-
lèles: « J 'ai tra versé cette nuit noire, et Un triangle sphérique ABC est défini par trois arcs de grand-
j'y ai enseveli toutes les joies de ma vie. cercles joignant ces points, et se trouve ainsi à l'intersec-
Pour l 'amour de Dieu. Je t'en supplie, tion des trois fuseaux de sommets A, B et C. La somme de
abandonne ce thème, crains-le autant ces trois fuseaux représente donc la moitié de la sphère,
que les passions, car il peut te dérober plus deux fois la surface S du triangle.
tout ton temps, ta santé, ta tranquillité, On obtient alors 2(a + fJ + y)R2 = 2n:R2 + 2S,
tout le bonheur de ta vie. » d'où laformule de Girard: S = (a+ fJ + y - n:)R2 •
Ce dernier, Janos B6lyai, meilleur sabreur
de l' armée austro-hongro ise et violo-
niste virtuose, prend le contre-pied de son fausseté de /'Axiome XI d'Euclide (que
père en cherchant les conséquences de l'on ne pourra jamais établir a priori)
la fausseté de l'axiome XI . Le 3 novembre suivie de la quadrature géométrique du
1823, il écrit à son père: « J'ai décou- cercle, dans le cas de la fauss eté de
vert des choses si belles que j'en ai été ['Axiome XI, énonce un résultat souvent
ébloui. { .. .] En attendant je ne puis ici oublié : si l'on construit une géométrie
dire autre chose que ceci: de rien.j'ai sans cet axiome, alors la quadrature du
créé un nouveau monde. » Il développe cercle devient poss ible. C'est effecti-
une géométrie sans l'ax iome des paral- vement le cas en géométrie hyperbo-
lèles, qu ' il publie, à sa demande, dans lique (voir Tangente Sup 68-69, consacré
l'œuvre mathématique de son père qui à Henri Poincaré).
paraît en 1831 . Le lon g titre de so n Indépendamment de Janos B61yai, le
append ice, la Science absolue de l'es- Russe Nikolaï Lobatchevski établit les
pace indépendante de la vérité ou de la form ules relatives à l'aire d' un triangle

Hors-série n° 53. Les angles Tangente


SAVOIRS Sous un nouvel angle

Calcul d'un angle hvnerboliaue modes et modèles

Une géodésique, du disque de Klein ou de Poincaré, Pour être li sible, un modè le do it , da ns


est entièrement définie par ses points idéaux, points la mesure du poss ible , être représenté
limites du cercle horizon. Pour ces deux modèles, l'angle sur un pl an , ou à défa ut une surface ,
de deux droites dépend donc de la même façon de leurs avoir une structure métrique te lle que
quatre points idéaux. Pour la figure ci-dessous, la for- le « droites » en so ient les géodés iques
mule originale proposée ici est fonction des angles au (l ignes de plus court chemin), conserver
centre définis par les points idéaux A, B, C et D. L'angle les règ les u ue lles d ' incidence et avoir
hyperbolique des « droites » (AB) et (CD) est égal à une représentation isométrique (conser-
l'angle euclidien O des tangentes aux géodésiques de vati o n de lo ng ue urs) o u conforme s
(Dp) en leur point d ' intersection N: (co nse rvati o n d es ang les), avec de s
cerc les qui res emblent à des cercles.
icos OI= lsin{Jsin(a+ fJ + r ) - sina sin r i· Sur la sphère de centre O et de rayon R,
sin(a + /J)sin(/J + r )
le géodésiques sont le grands cercles ,
intersections de la sphère par des plans
di amétraux. Sur notre planète , les méri -
diens et une seule paral lèle, l'équateur, en
fo nt part ie. Pour deux po ints di stincts
non antipodaux de la sphère , il ex iste un
unique grand cercle qui porte la géodé-
sique entre ces deux points. Tous les plans
passant par O sont associés bijective-
ment à un grand cerc le. Pui sque de ux
plans passant par un point fixe ne peuvent
être parallèles ( an point d ' interception),
il en e t obligatoirement de même pour
deux grand cercle . La géométrie sphé-
rique est une géométrie sans notion de paral-
lélisme ! Une des conséquences est que
en fo nction des ang les dans so n article ses triangles sont joujj7.us (ou gras) : la
Géométrie imaginaire publié en 1829. somme de leurs angles est strictement
Les trava ux essentie ls de ces préc ur- supérieure à 1t. Pour cette géométrie , la
seurs n' ont toutefois pas trouvé d ' écho fo rmule de Girard S =(a + f3 + y - 1t)R 2
parmi leurs contemporains , ce que pres- donne l' aire S d ' un triang le sphérique
senta it Gaus , qui ava it déj à établi la d ' angles a , f3 et y (voir en encadré). Un
plupart de ces résultats : « Sur ces matières, triangle donné possède une aire fi nie. Si
la plupart des hommes sont dans une le rayon de la sphère tend vers l' infi ni , la
obscurité complète . » surface du triangle « se rapproche » du
En fait , pour « croire » en l'ex istence de plan tangent à la sphère en l' un de ses
géo mé tri es no n nature ll es, il fa udra points, et la fo rmule de G irard devient
atte ndre de po uvo ir les « vo ir » dans le théorème des triangles e uc lidiens :
« notre » géométrie euclidienne. Bien sûr, a + f3 + y= 1t. Mais, outre le postulat des
un modèle parfa it est un G raal inacces- paral lèles , le premier postulat d ' Eucl ide
sible et une représentation euclidienne n'est pas véri fié par cette géométrie , car
de ce qui ne l'est pas , euc lidien, ne peut par deux points an tipodaux passent une
se faire qu ' en faisa nt des sacrifices . infi nité de « droites », les grands cercles .

Tcingente Hors-série n°53. Les angles


GÉOMÉTRIE DANS L'ESPACE

Limitons-nous alors à l' hémisphère nord , ..\


que l' o n projette sur le plan équatorial , \
p
e n identifiant les points antipodaux de
l' équ ate ur. On obtient une géo métrie
\
elliptique, qui vérifie les premiers axiomes
d'Euclide , et pour laquelle les « droites »
sont des arcs de cercles qui joi g nent
deux points opposés du disque . La défi-
nition des angles y est plu s dé licate , car
ic i de ux seg ments relient deux points
donnés (les projections des deux arcs
d ' un grand cercle) . On choisit en géné-
ral le« plus court » des deux . Les triangles
s
y sont toujours joufflus. Correspondance entre les modèles de Klein et de Poincaré.
La géométrie hyperbolique, pour laquelle
la somme des angles d ' un triang le est soit la corde [AB] P!ê._ ant par le point
stricte ment infé rieure à ri; (il s sont dits M, l'arc de cercle AB correspondant
maigres) , respecte auss i le postulat fon- passera par le point N associé.
damental d 'Euclide , mai s autorise par Pour construire une perpendiculaire dans
contre une infinité de parallèles. Voyons- (OK), on utilise la notion de symétrie
e n deux modè les, le disque de Klein axiale, présente dans toutes les géomé-
(OK) et le disque de Poincaré (Op) , qui tries. La perpendiculaire en M à la droite
ont pour upport un disque dont le bord , (AB) est l' unique droite passant par M
exclus, représente l' infini (l' horizon) . Le invariante par la symétrie qui laisse inva-
premier a des droites pour géodés iques ; riante la droite (AB). Le cercle horizon
le second conserve les angles. Le modè le étant lui aussi globalement invariant, il
de Kle in est au di sq ue de Poincaré ce en sera de même pour le point P à l' in-
que, pour la sphère terrestre, la projec- tersection des tangentes aux points idéaux
tion gnomonique est à la projection sté- A et B (voir la figure suivante). Ce point
réographique. La figure suivante illustre P détermine donc , avec le point M , laper-
la correspondance sphé rique entre ces
de ux modè les.

Dans le plan équatorial , la corde [AB],


qui est une droite de (OK), est le dia-
mètre d'un cercle pe rpendiculaire à ce
pl an. La projection stéréographique de
la moitié eptentrionale APB de ce cercle
depuis~ pôle Sud S produit 1'arc de
cercle AB , géodés ique de (Dp) et ortho-
gonal au bord du disque, puisque le plan Janos B61yai
(OAS ) est perpendiculaire au cercle (1802-1860),
é quato~I. À un point N de l'a rc de dessin posthume
cercle AB , géodés ique de (Dp) , corres- d 'Attila Zsigmond.
pond da~e di sque (OK) le point M de
la corde AB sur la droite (ON). Cette cor-
respondance est bijective . Quelle que

Hors-série n• 53. Les angles Ta.ngente


SAVOIRS Sous un nouvel angle
p
les différentes courbures
\
D'après la forme de la bouche lors d'un baiser, le latin uti-
\
lise le mot osculum, diminutif de os Oa bouche), pour le mot
« baiser » . Un cercle osculateur est donc celui qui « embrasse »
le mieux une courbe en un point donné. L'inverse du rayon
de ce cercle, nul pour une droite, est la courbure de la courbe
en ce point. En un point d'une surface, il existe deux direc- A
tions principales perpendiculaires selon lesquelles les cour-
bures sont extrêmales. Le produit de ces courbures est la
courbure de Gauss, positive si les deux centres de courbure
sont situés du même côté de la surface, négative autrement.
Une sphère de rayon R présente une courbure positive Perpendiculaires dans le disque
constante égale à 1 / R2 • La pseudo-sphère, ou tractrice de révo- de Klein.
lution, est une surface ayant une courbure négative constante.
Elle fut le premier modèle de la géométrie hyperbolique. On constate que le modèle (OK) est non
confo rme pui sque ces « perpendicu-
laires » ne le sont mani fes tement pas au
ens euclidien du terme . Le modèle du
di sque de Poincaré (Dp) corrige ce fa it
avec es « droites » orthogo nales au
cercle horizon. La notion d 'angle y est
identique à celle du plan euclidien (voir
en encadré).
On peut auss i envisager des modèles de
géométrie sur des surfaces non planes.
Il n'ex iste que troi s types de surfaces à
à courbure constante (voir en encadré).
~
j A in s i, le pl a n possède un e co urbure
u.;
0 nulle, la sphère une courbure pos iti ve,
Pseudo-sphère devant le musée B6lyai, à Marosvasarhely e t la pse ud o-s ph ère de Be ltrami une
(Transylvanie). courbure négati ve . Toute surface à cour-
bure constante se ramène à !' une de ces
trois urface . La géométrie hyperbo-
pendicul aire cherchée. Lorsque le point Iique n'est rien d 'autre que la théorie
M tend ver l' infini (vers A ou B), la des géodésiques sur une surface à cour-
perpendicul aire te nd vers une des tan- bure négati ve. Toutes ce géo métries
gentes, qui est donc, par continuité, per- enrichi ssent la boîte à outils du mathé-
pendicul aire à la droite (AB ). Le point mati cien, lui offrant de nouvelles pers-
P est le pôle de la droite (AB ), e lle- pecti ves. Comme le déclarait Poincaré:
mê me la polaire du point P, et toute « Une géométrie ne peut être plus vraie
droite passant par P est orthogonale à qu 'une autre, elle peut simplement être
(AB ) . De ux droites pe rpendicul aires plus commode. »
dans ce modèle sont donc telles que cha- F. L.
c une passe par le pôle de l'autre. La Référence
construction de deux droites perpendi- • Marh émariq11e er géog raphie.
cul aires dans (Dp) s'en déduit. Bibli othèque Tangente 40 , 2010.

Ta.n9ent:e Hors-série n°53. Les angles


par Philippe Boulanger EN BREF

Des images méconnaissables


Les anamorphoses par étirement sont utili-
sées pour cacher une image dans une autre. Le
peintre hongrois Istvan Orosz est un maître du
genre ( im-possible.info/english/ait/orosz/ ).
Il reste étonnant que la loi simple d'égalité des
angles d'incidence et de réflexion puisse engen-
drer des transformations aussi inattendues! Les
anamorphoses ont été expliquées dans un ou-
vrage de 1646 du père Niceron, la Perspective
curieuse (Paris, 1638), qui contient un procédé Reconstitution, dans la tasse dont la paroi
par grille permettant de construire ou de recons- cylindrique est argentée, de l'image peinte sur
truire les images. la soucoupe (en haut). Dessin de l'anamorphose
Quittons le plan pour aborder l'espace. Les ana- sur la soucoupe (en bas).
morphoses cylindriques sont plus surprenantes
et sont utilisées pour rendre sur les parois ar-
gentées d'une tasse les images « déformées »
représentées sur la soucoupe. Pour les peindre,
on utilise soit un procédé informatique, soit le
procédé inverse en peignant directement sur la
soucoupe l'image de l'illustration collée sur la
tasse. La mise en œuvre n'est pas facile.
Le miroir conique est aussi utilisé dans des ana-
morphoses surprenantes. Michel Parré et Jean-
Jacques Gabriel ont adapté le pantographe de
Scheiner inventé en 1605 pour tracer des ana-
morphoses coniques.

Image (a) de parapluie dans un miroir conique et pantographe, (b) pour tracer les anamorphoses coniques.
Le pantographe utilise la propriété que le rapport RP'/RP est constant.
(a)

P R P'

RÉFÉRENCES
• Expérience d 'amateur. Jearl Walker, Pour La Science, octobre 1981.
• Logique et calcul. Jean-Paul Delahaye, Pour La Science, avril 2005.

Hors-série n°53. Les angles Tangente


HISTOIRES par François Lavallou

les coordonnées
géographiques
Bien avant la compréhension des géométries non-euclidiennes,
la géométrie sphérique fut utilisée pour cartographier la
surface terrestre. Parmi tous les mathématiciens aventuriers
qui triangulèrent les méridiens, suivons La Condamine, qui a
parcouru l'Amérique du Sud pendant près de dix ans.
n 1659, Christian Huygens prouve expéditions mesurer des longueurs d'arc

E que la période d' un pendu le ne


dépend que de sa longueur et de
la pesanteur locale. En 1672, Jean Richer
de méridi en à des lati tudes di ffé rentes
pour en déd uire la fo rme de la Terre.
Une des ex péditi ons, sous l' impul sion
fait une découverte fondamentale. Envoyé du suédoi Ander Celsius et dirigée par
en Guyane pour mesurer la parallaxe de Pierre Louis Moreau de Maupertuis, part
Mars, et en déduire la distance Terre- de Laponie en 1736 (pour moins de seize
So le il, il constate que le pendul e y bat mo is) ; qu ant à C harl es Mari e de La
la période plus lentement qu 'à Pari s, ce Condamine et Joseph de Jussieu, entre
qui incite à penser que la pesanteur varie autres académ iciens, ils s' embarquent
avec la latitude. Peu après Robert Hooke, pour le Pérou en 1735 (pour plus de neuf
Isaac Newton affirm e en 1687 que la ans !). Les mesures effectuées, donnant
Terre est ap latie aux pô les. En appli - un aplatissement de l / l 78C, confirment
quant sa théorie de la gravitation , il en a lors la supériorité de la loi de ('attrac-
ca lcul e un aplati sse me nt de 1 / 230e. tion uni verse ll e de Newton.
Huygens, pour sa part, trouve un apla-
ti ssement de 1/ 576e en considérant les Trigonométrie terrestre
forces centrifu ges. Pour trancher entre
ces deux théories, l'Académie des sciences Les méthodes as tronomiques permet-
de Pari s, avec l'ava l roya l, envo ie deux tent bien de déterminer la position exacte
d' un po int de notre planète, mais ell e
sont longues et nécess itent d 'être sur
Pour les calculs géodésiques, place. La tri angulation, encore utili sée
des tables de logarithmes à sept il y a trente ans pour mesurer les di s-
décimales sont nécessaires ! tances, est une méthode plus rapide pour

Tangente Hors-série n°53. Les angles


1
GÉOMÉTRIE DANS L'ESPACE

connaître longitude et latitude d ' un point.


Elle consiste à déterminer par des visées
Charles-Marie de la Condamine
optique les angles d ' un tri angle dont
les sommets sont des points hauts carac-
téri st iques du paysage ( c locher, tour,
phare, sommet, arbre . .. ) ou créés pour
la mesure, ce qui demande de contour-
ner les zones marécageuses ou de fo rêt
dense. On commence par mesurer au
so l, avec précision, une longueur entre
deux points (la base), qui sera le côté réfé-
rence d ' un premier triangle, et on relève
avec précision, par des méthode astro-
nomiques, sa latitude et son orientation
par rapport au méridien. On choisit alors
un point caractéristique é loigné, mais
en vue des extrémités de la base, pour
constituer un triangle, le premi er d ' une
longue série. Ce triangle, à l' orientation
incertaine, est proj eté sur le pl an tan-
gent de la surface terrestre à ('aide de la
trigonométri e sphérique. La détermina-
ti on par théodo lite de ('angle entre ces
deux li gnes de visée et la base permet
alors de ca lculer les longueurs des deux
autres côtés . On réitère le processus en
construi sant un nouveau tri ang le sur la Membre des plus importantes académies scienti-
base d ' un côté de ce triang le, et ainsi fiques d'Europe, et de l'Académie française en 1760,
de suite en poursui vant cette chaîne de La Condamine (1701-1774) est célèbre pour avoir
tri angles le long du méridien à mesu- dirigé une expédition géodésique qui mesura trois
rer. En mesurant une autre base sur le der- degrés de méridien sur l'équateur pour établir la
nier triangle, les erreurs sont réparties sur forme de la Terre. Parti le 16 mai 1735 de La Rochelle,
l'ensemble des triangles, et on peut éva- il dut surmonter de difficiles conditions climatiques,
luer précisément la longueur de l 'arc de des tremblements de terre, les tensions au sein de son
méridien entre les latitudes des points équipe, victime de maladies, d'accidents et même
ex trêmes. C ' est ain si qu ' ont procédé d'assassinats, avant de descendre l'Amazone pour
Jean-Baptiste Delambre et Pierre Méchain rejoindre Cayenne. Il arrivera à Amsterdam fin
de 1792 à 1798 pour mesurer le méri - novembre 1744 !
di en de Pari s de Dunkerque à Barce- De cette expédition, il rapporte une définition de
lone, avant d'établir la première définition longueur, la toise du Pérou, préfigurant celle du
o ffi cielle du mètre en 1799. mètre de la révolution, et des présentations à l'Aca-
La triangula tion d ' un te rrito ire , o u démie des sciences sur la quinine, le caoutchouc et
ma illage constitué de triangles éta lon- le curare. Pour l'ensemble de ses travaux, il est consi-
nés, permet auss i d ' établir une carto- déré, à juste titre, comme le précurseur du natura-
graphi e bien plus préc ise que les cartes liste, géographe et explorateur allemand Alexander
dess inées à ma in levée. La pre mi ère von Humboldt (1769-1859).
carte de Fra nce dessinée selon ce prin-

Hors-série n° 53. Les angles T4ngen'te


HISTOIRES Les coordonnées géographiques

cipe a été effectuée en 1745 à partir des sion S = ëR2 , où ë = Â + Ê + ê - 1t


re levés des frè res Cas ini . mesure en radi ans l' excès sphérique du
triangle. Les deux fo rmules es entielles
Troi s points A, B et C de la tri angula- qui relient ces données sont la loi des sinus,
tion défini ssent un pl an (A BC) dans sin a sin /3 sin y
leque l sont mesurés les angles du tri- B
sin  = sin = sin ê '
angle qu ' ils constituent. Ces trois points et la loi des cosinus,
n'étant pas nécessairement à la même alti- cosa = cos/3 cosy + sin/3 siny cos Â.
tude, le plan de leur tri angle n 'est en Pour un tri angle donné, les angles au
général pas parallèle au plan tangent à centre a = a / R, f3 = b / R et y = c / R ten-
la surface terrestre que l' on suppose dent vers zéro quand on fa it tendre le
localement sphérique. Il fa ut alors uti- rayon vers l'infini , c'est-à-dire la sphère
liser la géométrie sphérique pour effec- vers le plan. On vérifie alors, en effec-
tuer la proj ection du triangle me uré sur tuant la limite, que ces fo rmules devien-
la sphère terrestre. Il s'agit donc de cal- nent respecti vement
cul er les angles sphériques correspon- a
----= - -b-~ =-c-~
dants, les verticales étant censées passer sin A sin B sin C
toutes par le centre de la Terre O. L'angle et a 2 = b2 + c2 - 2bccos '
sphérique en A es t l 'a ngle des pl ans fo rmules classique de la géométri e du
(OAB) et (OAC), différent de l' angle tri angle pl an. Appliqué à la fo rmul e de
mesuré optiquement en A. Considérons la surface , ce ca limite implique e = 0,
un point fi ctif Z (pour zénith) de la ver- donc que la somme des angles d' un tri-
ticale en A, qui n 'est autre que la droite angle pl an est égale à deux droits.
d' intersection des plans (OAB) et (OAC)
dont on cherche l'angle. Soit mainte-
nant la sphère de centre A passant par Z
qui intercepte respectivement les rayons
zi
[AB] et [AC] en B' et C'. L' angle en Z
est, par construction, ! 'angle sphérique
en A. Il est alors entièrement déterminé,
grâce au x formul e de tri gonométri e
sphérique, par la connaissance de l' angle
en A du triangle ABC, qui est ce lui de
A? c
l' arc de grand cercle B'C', et des angles
ZAB ' et ZAC', qui sont les angles des
visées AB et AC avec la verticale en A.
Un triangle sphérique est entièrement
déterminé par la donnée de troi s é lé-
me nts, qui pe uve nt être des a ng les,
contrairement à la géom étri e pl ane.
Ço~ idéro~ un triangle sphérique d'angles
A , B et C sur une sphère de rayo n R.
Ses côtés sont des arcs de grand cercle
dont on note les longueurs
0
a = Ra, b = R/3 et c= Ry, où a, f3 et y
sont les angles au centre de chaque côté. N'o ubli o ns pa , bi en sûr, la loi des
La surface de ce triangle a pour expres- tangentes,

TC1.ngente Hors-série n°53. Les angles


GÉOMÉTRIE DANS L'ESPACE

tan ( (Â- B) 12) tan ( (a - .8) / 2 )


tan( (Â+ B)/2 ) = tan( (a + ,8)/2 ) '
qui est directement dédui te de la loi des
. E fti . sin a in .8
smus. n e et, 1a re 1at1on - - ~ = -- ~
sin A inB
est équi va lente à
sin a-sin,8 sina +sin,8
sin A-sinB sinA +sinB '

qui d o nn e r a pid e m e nt le r és ult a t


cherché en utili sant la fo rmul e trigono-
métrique usuell e sin x + sin y=
2sin((x +y) / 2)co ((x - y) / 2).

logorrhée calculatoire
Ces fo rmules étaient ca lculées manuel-
lement ! La technique calculato ire inci -
ta it a lo rs à utili er d es ex press io ns
multiplicatives pour ces fo rmules afin de
pouvoir utiliser la pui sance des tabl e
de logarithmes qui permettent, depui s John Napier (1550-1617).
le début du XV ll° siècle, de tra ns for-
mer les multiplications en addition, les Si ! ' invention des logarithmes revient
divisions en soustraction et les rac ines à !' Écossais John Napi er, c'est Henry
carré par une di vision par deux. Ainsi, Briggs qui les perfec tionnera et en éta-
la loi des cosinus, qui 'écrit bli ra en 1624 les premi ères tables qui
révolutionneront l'art du calcul. Puisque
~ cos a- cos ,8 cos y
cos A = -----'----'- la fo rmu le précédente s'écrit
sin ,8 sin y '
devient, en utilisant les fo rmules de tri-
gonométrie :
!
log[ ,;n [ Jl=
~ cos(,8 - y) - cos a .
1-cos A= , oit ![ log ( sin(O- ,8)) + log ( sin(O-y))
sin ,8 sin y 2
- log(sin /3) - log(sin y ) J,
sin
2
(~ )= sin( a+~ - r}in ( a-~+r ) il était naturel, pour les calculs géodé-
2 sin /3 sin r siques, d ' utiliser des tables qui donnent
e
En notant = (a + (3 + y) / 2 le demi-péri- directement les logarithmes des fonc-
mètre angul aire du tr iangle, on obtient tions trigonométriques. Pour obtenir une
la fo rmule bonne préc ision , des tables à sept déci-
males (frui ts d ' un travail colossal !) ont
. [Âl sin(8 - ,8)sin (8 -y)
sm - = nécessaires.
2 sin .8 sin y '
Une autre technique que celle présentée
ci-dessus consiste à substituer au tri-
qui détermine l'angle A du triangle sphé- ang le sphérique un triangle plat d 'après
rique en fo nction des ang les a, (3 et y . un théorème de Legendre : « On peut

Hors-série n° 53. Les angles Tangente


HISTOIRES Les coordonnées géographiques

M[ AIOIIN

1 ~ ~

A' = A - w, B'_:= B.. : : : w e_!_ C' = C - w


o•_ -· ---· - - -
PaMbt• lfCI (on a toujours A' + B ' + C' = n) a l' un
BAI! de Varou
de ses côtés égal à a, ses deux autres
côtés auront pour valeur b et c, au cin-
qui ème ordre en a = a / R. Pour un côté
2n x 30 .
de 30 km, on a a = , qui est de
40000
-,. l' ordre de cinq milliradi ans. Au vu des
erreurs de me ures, l'utili ation des fo r-
La chaîne des triangles mules de géométrie plane donne donc un
pour l'arc du Pérou. résultat plus préci s et un calcul bien plus
simpl e !
La feuille de calcul extraite du carnet de
note de La Condamine (vo ir en page
141 ) es t un e be ll e illu stra tion de la
ri g ue ur et de la persévérance néces-
saires pour obtenir, jour après jour, pen-
dant des année , un résultat précis. À côté
de ces héros de la sc ience qui , au cours
de leurs voyages, san retour pour cer-
ta ins, ont dû ajouter à leur tal ent sci en-
tifique un courage physique, n' oublions
résoudre de petits triangles sphériques pas ces calculateurs de l' ombre qui ont
comme des triangles plans , pourvu que souvent sacrifi é leur vie pour établir
l 'on diminu e chaque angle sph érique des tabl es de loga rithm es , indi spen-
du tiers de l 'excès sphérique. » Notons sables en géodés ie et astronomie, dont
~ nsi Jw 1:excès sphérique l' inform atique ne nou s a libérés que
A + B + Ç - !! d ~un triangle sphérique récemment.
d ' angles A , B , C et de côtés de lon- F. L.
g ueurs a, b et c. Alors, si un tri angle
plan d ' angles Référence
• Une page de calcul de La Condamine. Jean
Lefon , 20 14, disponibl e en ligne
(i rem.u-strasbg. fr/php/an ic les/ 108_lefon .pdf).

L'architecte Jean Renaudie


(1925-1981) n'a eu de cesse
de construire sur l'angle.

Ta.ngente Hors-série n°53. Les angles


par Hervé Lehning EN BREF

Toutes latitudes
Imaginons que la Terre soit une sphère. Elle a un l'angle 1jJ : tan 1jJ = tan~ tant. De même, M(t)
centre 0, un plan équatorial E, un pô le Nord Net b
un pôle Sud S. La latitude qJ (en rouge) d ' un point donne ce lle de l'angle (l): tan(l) = tan -b tant.
a
M est l'angle que fait (OM) avec l'équateur E.

r r
L'anglet est a lo rs faci le à éliminer ; on obtient la

relation tan 1jJ = (~ tan qJ. Le coeffic ient (~

vaut environ 1,007 donc 1jJ est to ujours légèrement


plus grand que qJ . On peut l'écrire 1jJ = qJ + ô ,
où l'angle ô peut être considéré comm e une
correction à apporter à la latitude .
2

On obtient ô = Arc tan [ ( ~) tan qJ ]- Arc tan ( tan qi)

en comptant en radians. La formule des accroisse-


Pour déterminer la latitude de M , on n ' utili se
pas la posi tion de 0 , qu ' il est impossible de
déterminer: on utili se la verticale en M, que l'on
ments fin i permet d'évaluer ô car(~ r est

peut déterminer avec un fil à plomb. La latitude « très proche » de 1. E n radians , ô peut être
en M est a lors mesurée comme l'ang le entre la
verticale en M et l'équateur ; on parle de Latitude approx imé par 0,007 tan~ = 0,0035 sin qJ.
1+ tan qJ
astronomique (notée 1jJ) s i l'on veut faire la dif-
férence avec la latitude mathématique qJ . Dans E n degrés, o n obtient 0,2 sin qJ, ce qui limite la
le plan contenant la vertica le en M et le deux correctio n à apporter à la latitude à deux dixièmes
pôles, comme la Terre a la forme d ' un e llipsoïde, de degré.
la différence entre ce deux latitudes est visib le : Même si e lle est in fime, cette différence explique
qu ' un degré de latitude au ni veau du pôle soit plus
gra nd qu ' un degré de latitude au niveau de l'équa-
teur, comme Maupertuis et La Condamine l'ont
montré expérimenta lement a u XVIII< s iècle (voir
Tangente 154 , pages 12 et 13). Cependant, comme
l'a fait remarquer notre lecteur Pierre Causeret,
même s i les arg uments de l'article cité sont
corrects, le dessin doit être remplacé par celui-ci :

Différence entre la latitude mathématique qJ (en


orange) et la latitude astronomique 1jJ (en vert).

Ici, a est le rayon équatorial (6 378 km) et b le


rayon polaire (6 356 km). Les coordonnées du poi nt
M dépendent d ' un angle t (qui importe peu ici) :

x= acost Mesure d ' un même arc de 10° de latitude


M (1) . ' En dérivant M(t) , on obtient la
astronomique sur un ellipsoïde. L'aplatissement
ly= bsmt. de la Terre aux pôles y est fortement exagéré.
tange nte à l'e llipse en M et donc la tangente de

Hors-série n°53. Les angles TC1.n9ente Œ:EJ


SAVOIRS par Jean-Jacques Dupas

les rotations,
si simples auec les quaternions !
D'aucuns pensent qu'un petit peu de géométrie basique ou
d'arithmétique élémentaire peut certes trouver son utilité.
Mais sinon, les mathématiciens ne fabriquent-ils pas des
concepts abstraits afin de s 'en délecter entre eux? Voyons ici
à quoi servent concrètement les quaternions.

' quoi pe uvent bien servir les donc à une rotation de 360°, et on re-

A no mbres négatifs ? On ne
peut avoir -7 bonbon(s?) dans
sa poche. Pourtant , les banques ne
vient au départ. Ainsi, (- 1) x (- 1) = 1,
soit moins par moins égal plus.

vo ient aucun inconvé nient à mettre les Pire que négatif


comptes de certains clients en négatif
dès le 15 du mois. Les no mbres néga- Pour les no mbres complexes, le saut
tifs ont mi s des siècles à être acceptés. conceptuel est encore plus grand et
li fa ut dire qu ' il y a quand même des il fa udra attendre le x1x< siècle pour
choses curieuses : pourq uoi moins par qu ' ils soient acceptés. Là encore, tout
mo ins fait-il pl us ? Pour éc lairer ce su- dépend de la présentation que l' on en
jet, faisons un peu de géométrie ! fait. Si l' on dit que l' imag inaire i est
x- 1 un nombre te l que i2 oit égal à - 1, ce la
peut être troub lant. Mais retournons à
notre schéma.
-2 -1 0 2

~ x- 1

Pour passer de I à - 1, on effectue une -2 -1 0 2


rotation de 180° autour de l' origine. Si
mu ltiplier par - 1 correspond à une ro- Plutôt que de présenter i comme un
tation de 180°, (- 1) x (- 1) corre pond carré, cherchons une rotation qui fasse
à deux rotations success ive de 180°, passer en deux fo is de I à - 1. Si une

Tcin9ente Hors-série n°53. Les angles


rotation de 180° fait passer de I à - 1,
une rotation de 90° fera passer en deux
Petite présentation des quaternions
fois de l à - 1, et donc i représente tout Un quaternion est un nombre de la forme
simplement une rotation de 90°. Les q = s + xi + yj + xk = s + v où s, x , y, x sont des
nombres complexes fournissent un nombres réels et où i,j et k sont des nombres imagi-
moyen élégant de faire des rotations naires vérifiant la table de multiplication sui\'ante :
dans le plan. Un nombre complexe de j k
module 1 est une rotation, et pour ef- -1 k -.,
fectuer une rotation il suffit de multi - j -k -1
plier par ce nombre.
k j -i -1

Comme les nombres complexes ré- \111lliplÎl'alio11 tll·, imagina in·, i.j l'i/... On romllll'lll'l'
solvent élégamment le problème des par la liglll': 011 lil par l'\l'lll(lk qm· i xj = li.
rotations dans le plan , Sir William
Rowan Hamilton ( 1805- J865) essaya Sur ces nombres, on peut définir une addition.
de générali ser les nombres complexes Si q = s +xi + yj + zk etc( = s· + xï + y) + z'k,
en ajoutant une troisième composante alors q + c( est égal à :
pour traiter le problème en troi s dimen- (s + s' ) + (x + x ' )i + (y + y ' )j + (z + x')k par défi-
sions. Ce fut en vain qu ' il chercha pen- nition. 1:addition est alors commutative et associa-
dant des années. Tous les matins, son tive.
fils lui demandait : « Peut-on multiplier La multiplication par un scalaire ). est définie par
les triplets ? » Il lui répondait : « Non, 1.q = (!_<;) + (!s)i + ().y)j + (ÀZ)k.
on peut seulement les additionner ou Le produit des quaternions q et q' est défini par
les soustraire. » Or, un jour qu ' il pas- qq' = (ss' - xx' - m/ - zz') + (sx' + s'x + y z' - J/z) i
sait sur le pont de Brougham , il trouva + (sy' + s'y + zx' - z'x)j + (sz' + s'z + xy' - x 'y)k.
la solution en ajoutant un quatrième Attention, ce produit n'est pas commutatif!
terme et déclara : « Je ne pus résister à
l 'impulsion - antiphilosophique s'il en Le module du quaternion <J est :
fut - de graver avec un couteau sur une l<J I = s ' + x" + y " + z' . Le q1wternio11 co1ü11y11é
pierre du pont de Brougham la formule de q est c( = s - xi - !lÎ - zk. On a la propriété
fondamentale avec les symboles i, j et qc( = l<J I". Le quaternion invl'rse de q est
k : i2 = j2 = k2 = ijk = - 1. » Les qua-
ternions sont ces nombre , de la forme q 1 = -
1 (J _ et
(j cf'·q - ICJ I" .
q = s + xi + yj + zk avec s, x, y, z réel s et
i, j, k des nouveaux nombre vérifiant
le équations d ' Hamilton . préface de ses Lectures on quaternions
Ce qui est troublant dans l'utilisation paru en 1853, dans une note de bas de
de quaternions, c'est que l'on utilise page, Hamilton écrit : « Il m'a semblé
un système à quatre dimension pour et il me semble naturel de connecter
repré enter des rotations d ' un espace cette dimension spatiale supplémen-
de dimension 3. En réalité, quand taire au temps. »
on travaille dans l'espace, on uti - Par ailleurs, le quaternions sont non
lise des quaternions purs, de la forme commutatifs: si q 1 et q 2 sont deux qua-
q = x i + y j + z k, sans partie réelle. ternions, en général le produit q 1q 2 est
Mais alors, quelle est la signification différent de q 2q 1• Les rotations dans
de ce quatrième terme réel ? Dan sa l'espace ne ont pas commutative non

Hors-série n°53. Les angles Tangente


SAVOIRS Les rotations, si simples ...

der les points de )'espace par des quater-


Des quaternions dans Lewis Carroll ? nions purs. Si l'on veut faire tourner dans
La jeune chercheuse Melanie Bayley soutient la l'espace un tel po int m = xi + yj + zk
thèse iconoclaste suivante : Alice au pays des mer- d ' un angle e autour du vecteur uni-
veilles ne serait pas une analyse freudienne de taire, de coordonnées (u, v, w), il suffi t
l'œuvre de Lewis Carroll, mais une charge du très de constituer le quaternion de rotation
conservateur Charles Dodgson (alias Lewis Carroll, q = cos(0/2) + sin(0/2) (ui + vj + wk),
mathématicien à Oxford) contre les nouvelles ma- pui d 'effectuer le produit qmq- 1• Notre
thématiques de son temps. On peut en particulier point à tourné ! En outre, comme q est
établir un parallèle entre les travaux d'Hamilton et unitaire (de norme J), son inverse est
la célèbre scène du thé. Alice est à table avec trois to ut simpleme nt son conjugué.
personnages : son hôte le Chapelier fou, le Lièvre
de mars et le Loir. Le Temps, qui est tombé avec le D ' un point de vue théorique, les calcul s
Chapelier fou, est absent et l'horloge reste bloquée avec les quate rnio ns sont équi vale nts à
sur 6 h (l'heure du thé). L'hôte proclame alors: « Si des calcul s matriciels. Da ns la pratique,
vous connaissiez le Temps aussi bien que moi, vous travailler a vec un quate rnion c'est gé-
ne pa,-leriez pas de le gaspiller. On ne gaspille pas rer quatre réels, contre ne uf po ur une
quelqu'un. » matrice de rotation : les calcul s seront
Sans le quatrième terme des « quaternions » , les mo ins lo urds. Les vecte urs de rotatio ns
trois termes restants sont immobilisés à la table sont e ux- mê mes issus de calc uls. Un
(dans le plan), tournant et cherchant des tasses et quate rnio n unitaire ne l'est plus : il suf-
des soucoupes propres. Serait-ce la tentative vaine fit alo rs de le re-no rmali ser po ur conti-
d'Hamilton ? Même Alice ne les arrête pas car nue r les calc ul s, alo rs que quand une
elle n'est pas de la même nature que le quatrième matrice de rotatio n n 'en est plus une il
terme. Le côté non commutatif des quaternions n'a est plu s délicat de la rétablir. On pe ut
pas échappé au Chapelier fou : « Ce n'est pas du égale me nt aisément inte rpo le r un qua-
tout la même chose, vous pourriez aloT"s dire tout te rnio n de rotatio n e ntre deux autres, ce
aussi bien que "je vois ce que je mange" est la même qui est utilisé par exemple pour re ndre
chose que "je mange ce que je vois". » À la fin, le les mou ve me nts plus fluides en info-
Chapelier fou et le Lièvre de mars se débarrassent graphie.
du Loir dans la théière, afin peut-être de redevenir Ainsi, no n seule me nt les quatern ions
des nombres complexes et d'essayer de se libérer de sont utiles, mais ils sont effecti ve me nt
la rotation sans fin autour de la table ... utilisés : po ur le g uidage, le pilotage
e t la navigation des astronefs , po ur
plus, donc il semble logique que les les dessins animés, pour les images de
no uveaux nombres qui les représente nt synthèses, po ur les je ux vidéo .. . Vo us
ne commutent pas non plus. les c roi sez to us les jo urs !

Comme nt réalise-t-on une rotation avec J.-J. D.


les quate rnions ? On commence par co-

R1t F (~ R E N CES
• Row1io11 Trw1.1/èm11.1.J,w Computer Graphic.1. John \'incc. Springcr.2011.
• I.<' li1-re dC'.11111111hre.1. John Con\\'ay et RidiarJ Guy. Eyrollc,. 1998.
• Alice\ adn·1111m•.1 in algc/Jrn : H'o11clerlwu/ .l()/l'ecl. i\klanic Baylay. NewScicn1i,1 2739. 2009.
• /.e.1 111atrices. Bibliothèque Tangente -14 . 2012.

Tangente Hors-série n°53. Les angles


par Hervé Lehning EN BREF

La torsion Définition
La courbure moyenne e ntre les de la courbure,
points O et M d ' une courbe C du centre de
(en bleu sur la fi gure) est le rap- courbure I
10 M
port entre l'angle L'la que font les \ et du ra)on
tangentes à C en O~ M e t la lo n- \
de courbure R
gueur L'lcr de l' arc OM . R '\ en un point O
La courbure e n O se définit a lo rs d'une courbe C.
comme la limite (s i e lle existe) de
0
cette courbure moyenne quand M te nd
vers O . Son inverse est le rayon de courbure
e n 0 , et le cercle tangent à C e n O et de rayo n R est le cercle osculateur (ou cercle de courbure) e n O
à C. Son centre I est le centre de courbure. Localement, il s'agit du cercle « approchant le mie ux » la
courbe L. So n pla n est appe lé le plan osculateur.
Cette é tude faite sur les ta nge ntes à la courbe pe ut être repri se sur les
plans osculate urs. On obtient alors une notion du mê me type, appe-
lée seconde courbure o u torsion. Plus précisément, la torsio n d ' une
courbe de l'espace e n l' un de ses po ints se défi nit comme la li -

mite du rapport L'lB e ntre l' angle L'l8 que fo nt les plans o c ulate urs
L'lcr
-
à C e n O et M et la longueur L'lcr de l'arc OM . Bie n e nte ndu , une
courbe plane est de torsion nulle.
La tors io n d ' une courbe peut être positi ve ou négati ve. On parle de
courbe dextre dans le premie r cas et de courbe senestre dans le second.
Le pre mier cas correspo nd à (' hé lice d ' un tire-bouc ho n usue l (po ur droitier).

Hors-série n°53. Les angles Tangente


SAVOIRS par Karine Brodsky

Quand les atomes


s'organisent
La cristallographie est la science des formes géométriques
en lesquelles s'organise spontanément la matière. Visibles à
l'œil nu ou constitutives de la structure intime des cristaux,
ces formes ont une histoire passionnante, peuplée d 'angles,
d'arêtes, de mailles et de réseaux.

- - - -aQ--1-0--- -~..·-"
- o- -
Q
0
[
t L' état cristallin est
un état courant de
nœuds du réseau . L' hypothèse d'une
structure réticulaire fut formulée par
la matière, dans Augu te Bravai s ( 1811 - 1863) ; elle lui
Q
lequel elle présente un ordre permit une approche géométrique tout
Q
et une régu larité à plu ieur à fait féconde puisqu ' il en déduisit
Q Q
niveaux . Tout d ' abord - ce un c lassement de tous les cristaux e n
Q

Q
qui fut ob ervé dè la fin quatorze type distincts, nommés de-
Q Q Q
du xv11• s iècle par le savant pui s réseaux de Bravais, et qui seront
danoi s Niels Stensen ( 1638- mis en évidence expérimentalement au
1686) -, deux faces déter- début du xx• iècle par diffraction des
Famille de vecteurs minées d ' un cristal forment to ujours le rayons X.
de base d'un réseau même angle entre e lles, quel que soit
tridimensionnel. l'échanti ll o n considéré. Ensuite, à un maillages et réseaux
niveau plus microscopique, tout cristal
est un as emblage périodique de paral- Dans l'espace à trois dimensions, si
lélépipèdes élémentaires. C'est ce que l' on souhaite définir un repè re, il faut
montra au siècle su ivant le minéralo- choisir une origine et trois vecteurs non
giste françai René Just Haüy ( 1743- coplanaires. Une fois le repère défini ,
1822). Enfin, d ' un point de vue plus chaque point de l'espace est associé de
abstrait, cet empi lement pé riodique manière unique à troi s nombres, qui
peut être décrit par un réseau, que l' on sont ses coordonnées dans le re père.
obtient e n re liant entre eux les points Si l'on a affaire à une distribution ré-
repé rant da ns l'espace les motifs élé- g ulière de points formant un maillage
mentaires ; ces points constituent les pé riodique, les troi s vecteurs de base

Tcingente Hors-série n°53. Les angles


peuvent être choisis comme ceux fo r- Syslème

mant la maille élémentaire ; les nœud


du réseau sont al ors repérés par trois
nombres entiers.
quadratique
Quelles sont les maille élémentai res (lo!lraoonal)

qu' il est possi ble de fo rmer ? Pour ré-


pondre à cette question, il fa ut envisa-
ger auss i bien les longueurs des troi
vecteurs de base que leur directions
relatives, soit tro is angles. Si ces six pa-
hexagonal
ramètres sont quelconques, on obtient
un parallélépipède quelconque, base du
système cri stallin triclinique. Si deux
des trois angles sont dro its, on a un
pris me droit à base parallé logramme :
c'est le système monoclinique. Si les
tro is angles sont droits, on a un paral-
lé lépi pède rectangle : c'est le système
orthorhombique. Dans ce dernier cas L'ex istence de quatorze réseaux de Les quatorze
(trois angles droits), si deux des tro is Brava is résulte du fait que les nœuds réseaux de Bravais.
vecteurs de base ont même lo ngueur, du réseau peuvent non seule me nt oc-
on obtient alors un prisme droit à base cuper les sommets de la maille, mais
carrée correspondant au système qua- au si les centres des faces ou encore
dratique ; et si ces tro is vecteurs o nt le centre de la maille. À partir du sys-
tous même lo ngueur, on a un cube tème cristallin cubique, on déri ve par
(système cubique). Lo rsque les trois exemple les systèmes cubique centré et
vecteurs de base ont même longueur cubique à faces centrées.
mais que leurs directions re lati ves sont
quelconques, on a affaire à un rho m- Comment, à part ir d ' un réseau, ob-
boèdre (système rhomboédrique). En- tient-on alors un cristal ? En atta-
fi n, reste le cas dans leque l deux des chant à chaque nœud un ato me ou un
trois vecteurs de ba e ont même lo n- groupe d 'atomes, c'est-à-dire un motif
gueur, deux des angles sont dro its et le qui va se répéter dans les trois direc-
tro isième vaut 120° : c'est le systè me tions de l'espace ! Mais au contraire
hexagonal, assoc ié à un pri sme dro it à de leurs modèles réticulaires, les di-
base losange. verses fo rmes cri stallines que l'on
rencontre dans la nature ne peuvent,
elles, résulter d ' une répétition in fi nie,

---
·--
et obé issent à un principe de tronca-
ture, où une surface peut re mplacer
soit un sommet, soit une arête. Un

-- -
cri stal, au cours d' une croi ssance libre,
peut ain i prendre la fo rme de l' un
~ r:.::;. ':'C'C: des sept polyèdres élémentaires défi -
"',,,.,..,.,,..,....,._ .......,,..,_..-... ni s précédemment, ou une fo rme plus

Hors-série n°53. Les angles Ta.ngente


SAVOIRS Quand les atomes s'organisent

complexe par déve loppement de faces


planes à l'emplacement d'arêtes ou de
sommets. Du système cubique peut par
exemple résulter, par troncature, un oc-
taèdre.

Une autre question est de savoir à


que lles di stances les uns des autres
vont se tro uver les ato mes ; autrement
dit, par quo i les longueurs de marne
du réseau sont-elles déterminées ?
Sous l' hypothèse que les atomes sont
comme des sphères dures, celles-c i
vont s'arranger de manière à minimi-
ser l'espace occupé. Ce principe de
compacité conduit à des résultats (et
à des problè mes !) très intéressant Thomas Hales en avril 2014 annonçant
d ' un point de vue mathématique. Ain- la fin imminente de son programme
si, à deux dimensions, le réseau le plu s de vérification formelle de sa preuve
compact que l'on puisse fo rmer avec de la conjecture de Kepler.
des disques est hexagonal, comme l'a
montré le mathématicien norvég ien
Axel Thue en 1890. À trois dimensions,
c'est plus compliqué. Johannes Kepler mettant une compacité max imale : le
ava it déjà, en 16 11 , conjecturé qu ' un réseau cubique à faces centrées et le ré-
empilement de sphères selon des plans, seau hexagonal compact. Par la même
les sphères d ' un plan reposant dans les occasion, le dix-huitième problème de
« creux » fo rmés par les sphères du Hilbert est désormais entièrement ré-
plan infé rieur (comme dans l'empile- olu !
ment des oranges chez le marchand de K.B.
fruit), pe rmet d ' atteindre la densité la
plus grande. Mais ce n'est qu 'en 1998
que le mathématicien Thomas Hales a Les deux empilements de sphères
fo rmulé la preuve, fo rme llement va li- les plus compacts : le réseau cubique
dée en août 201 4 (vo ir Tangente 160), à faces centrées et le réseau hexagonal
qu ' il ex iste deux confi gurations per- compact.

CO
,_
-.. [J -. @ -.0- Un cristal a
souvent une forme
polyédrique
CO _.. êID _.. ®
c.- y..........
complexe par
troncatures
apparentes
du volume
élémentaire.

Tangente Hors-série n°53. Les angles


François Lavallou EN BREF

aceinture du arçon de café


Les spineurs sont utilisés depuis plus d'un demi-siècle en
physique, mais leur contexte mathématique fait peur. Les
physiciens se contentent de manipuler les composantes et
les matrices représentatives des spineurs, perdant ainsi la
profonde connexion qu'ils créent entre géométrie et phy-
sique. En voici quelques exemples élémentaires.
Le jeu de Tangloïd, inventé par Piet Hein, peut être vu
comme un modèle du calcul spinoriel, et permet d'en illus-
trer quelques propriétés. Vous attachez trois cordes à un
barreau d'un côté, et à une chaise de l'autre. En tournant le
barreau entre les cordes, vous les entrelacez. Le jeu consiste
à les démêler en utilisant uniquement des translations ; au-
cune rotation ! On peut toujours y arriver pour un nombre
pair de rotations.
Vous connaissez tous le plateau du garçon de café, pour le-
quel il faut effectuer deux tours complets pour revenir à la
position initiale. Le« coup de la ceinture», ou belt trick, est
un autre exemple, dont vous trouverez des animations sur
Internet. Toutes ces propriétés sont directement liées à la
notion de spineur. C Paolo Piuimcn1i ~ Focolia.com

Spineurs nvt11a1or1c11ns
Élie Cartan a introduit, avant généralisation, la notion de spineur dans le cadre de l'es-
pace euclidien de dimension trois, et par voie analytique.
La géométrie spinorielle est une extension de la géométrie euclidienne, dont elle possède
la métrique et l'invariance par le groupe des similitudes. On peut dire que la géométrie
spinorielle, qui a son identité propre, est à la géométrie vectorielle ce que cette dernière
est à la géométrie euclidienne. Elle suppose l'existence d'un produit scalaire associé à une
forme quadratique. Soit un vecteur (x, y, z) isotrope, donc tel que x2 + y 2 + z2 = o. Si l'on
accepte les nombres complexes, on reconnait la relation de Pythagore reliant les mesures
des côtés d'un triangle rectangle. La solution générale d'un tel triplet pythagoricien est
connue:
X= 0 2 - p2,
y= i(a + W),2

{
z = -2ap.
Ces relations quadratiques impliquent que le vecteur (x, y, z) associé au spineur (a, P)
doit « tourner » de deux tours pour que le spineur revienne à sa position initiale. Ceci
explique les symétries de 720° associées aux spineurs. La représentation matricielle des
spineurs fait ensuite apparaître des matrices de base, dites matrices de spin, retrouvées
par Paul Dirac, puis Enrico Fermi, en bâtissant la théorie de l'électron.

Hors-série n°53. Les angles Tangente


SAVOIRS par Jean-Philippe Villeneuve

Une notion d'angle


même dans des espaces très abstraits
Extrêmement visuelle, la notion d'angle a mis du temps à être
convenablement cernée. Disposer d'une définition claire et
non ambiguë permet d'étendre l'idée même d'un angle à des
espaces abstraits, ce qui autorise le développement d'une
intuition géométrique très utile pour les étudier.

a géomé tri e c lass iqu e no us a de Oà 180 degrés. Sur la figure, les vec-

L apporté une défi nition de l'angle


(en degrés ou en radi ans), des
angles alternes-internes, alternes-externes
te urs Ü1 et ü2 fo rment un angle de 90
degrés, ü1 et ü 3 un angle de 180 degrés ,
et Ü1 et Ü4 un angle de 30 degrés.
ou complé mentaires. On démo ntre des y J
théorèmes (la somme des angles internes
d ' un tri angle vaut 180 degrés, le théo-
rème de l'angle inscrit. .. ). On parle des
ang les d ' une figure géométrique, de
leurs caractéri stiques. En trigonomé-
trie, certaines fonctions d'angle ont été
étudiées afin de calculer des di stances
ou de déte rmine r des rapports . Mais ·2

c'est l' introduction des espaces vecto- X


riels au XIXe s ièc le qui a pe rmi s de ·1

généra li ser la notion d 'angle aux vec- Deux vecteurs du plan sont
teurs (notamment ceux du plan euclidien perpendiculaires si l'angle est droit
et de l'espace euclidien). Qu 'en est-il alors (comme 11 1 et Ü2 ) et parallèles si l'angle
de l' ang le e ntre de ux vec te urs d ' un est de 0° ou de 180° (comme ül et 113) .
espace vectorie l quelconque , co mme
celui des matrices, des polynômes ou des Pour calculer l'angle entre deux vec-
fonctions intégrables ? teurs, les rapports trigonométrique peu-
vent ê tre utili sés. Ainsi , pour trouver
Déj~. dans le plan l'angle a entre ü, et Ü4 , on « fe rme » le
triangle et on utili se la tangente :
De ux vecte urs du plan e uc lidie n for- a= arctan ( ! /2) = 26,57° environ .
me nt , lorsqu ' ils so nt ramenés à une Lorsqu ' il n'est pas possible de « fermer »
même origine, un angle. Cet angle varie le triangle, comme pour deux vecteurs

Tangente Hors-série n°53. Les angles


GÉOMÉTRIE DANS L'ESPACE

qui ne sont pas paral lèles aux axes, l'angle e lles se coupent en un po int), ou gauches
se calcule avec ce produi t scala ire : (si e lles ne se coupent pas). Par exemple,
l 'a ng le e ntre d e u x d ro ites d o nt les
(ü,ii)) , 11-11 rp
- -)
a=arccos ( llüllllvll o u u = v , u ,u ;. vecteurs directeurs sont respecti veme nt
Ü1 = (-2, 3, 2) et Ü2 = (3,4,- 1) est e nvi-
Dans le pl an , le produ it scala ire utili sé ron 79,03°.
2
est (ü,ii)= L, U;V; = U1V1 + U2V2·
i=I

A ins i, l' ang le e ntre Ü1 e t Ü4 est égal à:


z

2x l + l x0 )
a= arc cos
( ~ ' 112+0 2

= arc cos( Js) = 26,57° e nviron .

Ce prod uit scala ire conserve la valeur de


l'ang le, ce qui n 'est pas le cas d 'autres
produits scala ires, comme celui dé fini
comme suit : y
2

(ü,ii)= L, U;V;W; = ulvlwl +U2V2W2


i= I

où w est un vecteur à composantes posi-


ti ves, appe lé un poids.
X

Dans l'espace e ucl idi e n iR3, il est pos-


s ib le de ca lc ul e r l'a ng le e ntre d e u x Ensuite, les plans sont détem1inés par un
dro ites, e ntre une dro ite e t un pl a n et po int e t de ux vec te urs directe urs (no n
e ntre deux pla ns. Po ur c hacun des cas, paral lè les), ou bien par un point et un vec-
il y a to ujours de ux ang les, a e t so n te ur, pe rpe ndi cul a ire a u pl an , dit vec-
complé me nta ire. Par conve ntio n , il est teur normal . L'ang le a e ntre une droite
possible de restre indre l'angle e ntre 0° et un plan rev ient à calculer l'ang le entre
et 90°. D 'abord , les d ro ites de l'espace le vecteur directe ur ü = (u 1, u 2 , u 3) de
sont déte rminées par un po int P(a, b, c) la d ro ite et le vecte ur no rma l
et un vecteur parallè le à la dro ite, appelé n = (n,, n2, n3) du plan :
vecteurdirecteur, ü =(ui,u 2,u3). Po ur
ca lcule r l'ang le e ntre de ux droites, o n a
(ü,ii))
a= arc cos ( llüllllnll
seule me nt beso in des vec te urs direc-
v
teurs ü = (u i, u 2, u 3) e t = (vi, v2, v3)
et du produit scala ire, e t a lo rs :

(ü,ii))
Les pos itio ns re lati ves e ntre la d ro ite et
a= arc cos ( llüllllvll
le plan sont parallè les confo ndus, paral-
lè les di stincts, ou sécants. Po ur les pre-
miers cas, l'ang le est nul o u pl at. Dans
le dernie r cas, il est stricte ment compris
Si l' ang le est nul ou plat, alors les dro ite entre 0° et 180°. Par exemple, l'angle entre
sont para ll è les (con fo ndues, o u di s- une dro ite aya nt comme vec te ur direc-
tinctes) . Sino n , e lles sont sécantes (s i te ur v = (2, -5, - 7) e t un pla n aya nt

Hors-série n° 53. Les angles Tangente 155


SAVOIRS Une notion d'angle ...

comme vecteur normal ii =(2, - 1, 8) est définissant l' angle est alors :
approximati vement 50, 16° (ci-dessous).
(ü ,ii))
Finale ment , ! 'angle entre deux pl ans se
a= arc cos ( llüllllïïll
ca lcul e e n utili sa nt les vec te urs nor-
maux. Les plans peuvent être parallèles
confo ndus, di stincts, ou écants en une
droite dite droite d'intersection . On parle alors d 'angle entre des droites
Par exempl e, l'ang le e ntre de pl ans et entre de hyperpl ans.
(sécants) aya nt comme vecteurs nor- On peut alle r plus lo in . Un espace vec-
maux ii 1 = (1, - 1, 10) et ïi 2 = (- 5, - 5, 2) toriel est un ensemble muni d ' une opé-
est 74 ,37° environ (ci-dessous, à droite). ratio n d 'addition et une opérat io n de
multiplication par un scalaire. Les matrices ,
Uers des espaces plus abstraits les polynômes et les fo ncti ons conti -
nues sont des vecteurs dans des espaces
Dans le cas de IR1 11 avec n supérie ur à 3, vectorie ls. Pour certai ns espaces vecto-
Je produit sca laire entre deux vecteurs riels, un produit scalaire peut être défin i.
à n composantes ü et ii se généra li se En vo ic i quelques-uns :
n

aisément : (ü ,ii)= I,u ;v;. La fo rmule


i= I Pour les matrices rée lles à m lignes et n
colonnes, un produit scalaire est
m n

(A, B) =°"'°"'
L..i .L..J a,..b . avec
.J t .J
i= I i= I

A= ( a i ,j )1siS111 et B = ( b;JI SiSm '


ISj S11 I Sj S11

Pour les po lynômes réels de degré n , un


produit sca lai re est

I
I
I

Tangente Hors-série n°53. Les angles


GÉOMÉTRIE DANS L'ESPACE

20 Dans un espace vectoriel,


z
il est souvent possible de développer
une géométrie et un langage visuel.

( P ,Q )= L,P(x;~(x;) avec x 1 , ••• , x,, • Si a; J = 0 , a lo rs les matrices sont pe r-


i=I pendicula ires.
des réel de ux à de ux di stincts . • Si a; J < 0 , a lors l' a ng le sera stri c te-
Po ur le fonctions continues à vale urs me nt compri s e ntre 90° e t 180°.
rée ll e défi ni e sur [0 , I], un produit • Si a; J > 0 , alors l'ang le sera stric te-
me nt compri s e ntre O e t 90°.
scala ire est (J,g)= r :~f(x)g(x)dx.
• Plus l' é lé me nt a;J est « important »
par rapport aux autres é lé ments de la
En se choisissant une base, il est possible matrice, plus l'angle sera« proche»
de calculer l' angle e ntre un vecteur que l- de 90° parce que le quotie nt sera (en
conque et un vecteur de la base. Pa r vale ur absolue)« proche» de 1. Donc
exemple, l'ang le a e ntre une matrice A « plus la matrice A sera perpendiculaire
et la matrice E;J (dont toutes les com- à E;J ».
po antes sont nulles, à l'exception de • De ux matrices sont parallè les si A= kB
celle si tuée à la lig ne i et à la colonne}, pour un certa in réel k ; l'ang le est nul
qui est égale à 1) de la base orthonormée s i k > 0 et pl at s i k < O.
est égal à: A ins i, mê me dans des espaces re lative-

(A,E,.1) )
a= arc cos [ IIAIIIIE;J = arc cos
(a'J)
ÏfAii .
me nt abstra its, il est possible de déve-
lo pper un e géo mé tri e e t un la ngage
visuel.
a .. J.-P. V.
Le rapport ll~I déterminera l'angle entre

les matri ces :

Hors-série n· 53. Les angles Tangente


par Hervé Lehning

les camemberts en statistiques


Une façon de représenter les statistiques
est d'utiliser une visualisation circulaire, Répartition de:,
dite camembert en France et pie-chart emploi, dans
dans les pays anglo-saxons. Chaque l«:'i troi, ,c:cll'ur,
pourcentage y est représenté par un de l'fronomic: :
secteur angulaire, 100 % correspond 5c,dam,le
à 360° (donc 10 % à 36°). Voici par secteur primaire:.
Tertiaire 20 ( ( dai1, le
exemple la propo1tion d'emplois dans
les trois secteurs de l'économie (pri- sc:condaire ('t
maire, secondaire et tertiaire) dans un 75 "i· dan, le
pays évolué comme la France. tc:rtiair('.

.............
La tradition est différente en matière po-
litique en France, à cause de la forme de
l'assemblée nationale ; 100 % est alors re-
présenté par 180°.
Les pierres angulaires 80llt situées aux angles
des bitiments et sont, de ce fait, particuliè-
la convergence angulaire rement nécessaires pour leurs solidit6s. Cette
En analyse existe une notion de conver- expression comme méta-
gence angulaire. Si I a,,x" e t une série phore pour signifier qu un homme ou un ob-
entière de rayon R convergeant en un jet est fondamental. On la retrouve souvent
point z du cercle de convergence, c' est- dans les textes anciens comme la Bible.
à-dire en un point z tel que I z 1 = R,
alors e lle converge uni fo rmément sur Les deux pierres~ de cette ruine
tout secteur angulaire D de sommet z ont évité I écroulement complet de ses murs.
inclus dans le cercle de convergence,
et de rayo n suffi samment petit. Cette
propriété est exploitée dans l' étude
des séries, en probabilités ou encore
en théorie des équations aux déri vées
partielles.

Tangente Hors-série n°53. Les angles


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par Michel Criton

Niveau de difficulté
,) très facile
V facile

Objectif vv
vvv
vvvv
1ms facile
difficile
très difficile

grand angle
HS5301 - les angles droits v HS5304 - Bon uent vv
Source Entre mjdi et 18 heures, combien de Une planche à vo ile a sui vi le trajet en
des problèmes : fois la petite aiguille et la grande ru- li gne bri sée de la fig ure ci-dessous .
• Trophée Lew is guille d ' une horloge forment-elles un
Carroll (HS530 1) angle droit ?
• Concours Kango u-
rou des mathé ma- HS5302 - mesure d'un angle v a
tiques (HS5302)
• Champi onn at des Dans la fi gure (imprécise) ci-dessous,
jeux math ématiqu es les droites a et b sont parallèles.
et logiques Quelle est la mesure de l' angle x? Que vaut l'angle a ?
(HS5303, HS5309,
HS53 10. HS53 II . a

HS53 12) HS5305 - Éualuez la médiane vvv


• Rall ye mathéma-
tique de Bourgogne b Dans un triangle ABC , soient [AD]
(HS5304) la hauteur relati ve au côté [BC] , [A E]
• Olympi ade mathé- la bissectrice issue de A, et [AF] la
matique chinoise HS5303 - le matin médiane relati ve à [BC] . On sait que
(HS5 305) des mathématiciens v v AD = 12 et AE = 13. Discutez de la
• Aventure Marh valeur de la longueur AF, selon que
Seconde, POLE . Ce matin de vacances, les coups son- l'angle en A est aigu, droit ou obtus.
2005 (HS5306) nés par mon horloge viennent de me A
• Re vue La réveiller. Je remarque qu ' une ligne
Recherche droite tracée entre le 4 et le 10 partage
(HS5307, HS5308) l'angle que font les aiguilles entre e lles
• Co upe en deux angle égaux. Je décide alors
Euro math des de rester au lit jusqu 'à midi .
rég ions (HS53 l 3) Combien d ' heures vais-je ainsi pou-
voir lire au lit ?

Ta.ngent:e Hors-série n°53. Les angles


par Michel Criton

HS5306 - Ualeur eKacte HS5308 - maKimisons


de sinus 22,5° v v les aigus v v v

Le tri angle ABC est un triangle rec- On trace un polygone convexe


tangle en C et isocè le, dont le côté de A 1 A2 A3 A4 ••• A11_ 1 A,, et on choisit un
l'angle droit est égal à l . D e t le point po int O à l'intérieur de ce polygone .

-
de [AB] tel que AD = 1, et (AE) est la
bissectrice de l'angle DAC. Que peut-
on dire du triangle BOE? Calculer EC .
On mesure ensuite tous les angles
saillants. Montrez qu'au moins n - 1
de ces angles ne sont pas des angles

- -
Calculer AE et en déduire la va-
leur exacte de sin 2(CAE), pui s de
sin (CAE) .
aigus.
A,

A,..1

HS5309 - le meilleur point


d'obseruation v v v
HS5307 - la structure d'Hstrid v v
Sur le di amètre [KN] d' un cercle de
Astrid e t plasticienne. Elle veut réali- rayon 10 cm, on a mi s une cloison
ser une structure en poutrelles d 'acier composée de deux segments [KL]
ayant la fo rme d ' un tétraèdre (une py- et [MN] tels que KL = 2 cm
ramide à base triangulaire). Elle a déjà et MN = 15 cm (voir la K
soudé la base de ce tétraèdre (voir la fig ure).
fig ure) et cherche à choisir un sommet À partir des point du
tel que les trois poutrelle issues de ce demi -cercle de droite
sommet soient deux à deux orthogo- (comme le point S par
nales . exemple), on observe les
arcs situés sur le demi -
cercle de gauche. Quelle
est la plus grande Ion- P
gueur d 'arc observable?
Si besoin est, on prendra
3,14 16 pour n: et on donnera
Astrid pourra-t-elle construire sa un résultat exprimé en centi - N
structure? mètres, éventuellement arrondi au
millième .

Hors-série n°53. Les angles Ta.ngente


par Michel Criton
-------
HS5310 - l'éuentail t/ t/ t/ po urvu que ! 'angle sous leque l il re-
garde le but en tirant ne soit pa trop
On appe lle cathète l'un fe rmé.
des deux côtés adjace nts Le vo ilà justement qui fo nce parallè-
à l'angle droit dans lement à la ligne de touche, sur une
un triangle rectang le. trajecto ire dont l' intersection S avec
Un éventail déplié a la la ligne de but est située à 16,50 m du
forme représentée c i- poteau droit du gardien. La largeur du
contre, qui ne respecte but est 7 ,32 m .
pas les proportions. La petite cathète de
chaque triangle rectang le mesure exac-
te ment I dm , et les longueurs des troi s
I
s - - - 1 6,SOm
Ligne de but

grandes cathètes sont des nombres en-


X
tiers de déc imètres tous différents. De
plus, l'angle fo rmé par les troi s parties
juxtaposées mesure 45°.
j
T
Quelles sont, dans l'ordre croissant,
les longueurs des trois grandes ca-
thètes?

HS5311 - la machine il charcuter Quelle est, au centimètre près , la dis-


les angles t/ t/ tance X de S au point de tir idéal T,
sous lequel l'angle est le plus ouvert ?
Avec de fine s tiges métalliques, Mon-
sieur Lanfranchi a construit la curieuse
mac hine sui vante (les mesures d 'ang le HS5313 - Triangles
ne sont pas à l'échelle) . acutangles t/ t/ t/

Un triang le ac utang le est un triangle


dont les trois angles sont tous aigus.
A Découpez chacune des figures sui-
vantes en un nombre minimal de
o articulation simple triangles acutangles.
o articulation coulissante

À part les deux grandes tiges, toutes les


tiges sont de même longueur. Si vous
trouvez ! ' utilité de cette machine, vous
n'aurez aucun mal à trouver la valeur
en degrés de l'angle en B lorsque
l'angle en D vaut 112°.

HS5312 - l'ailier de génie t/ t/ t/ t/


Solutions en page 164
Argenti est le me illeur ailier du monde .
So n tir à ras de terre ne pardonne pas,

Tcingente Hors-série n°53. Les angles


par Michel Criton

HS5301 - Cela e produit onze fois. po sède un angle de 45° en B, c'est un triangle
rectangle i ocèle, d'où BD=DEet BE= -V2 DE.
(9e)@ô@C9 On a donc BE = -V2 CE. Comme CE + BE = 1,
CE= - 1-
GŒ)QQ@ -V2 + 1
: ./2 - 1.

En appliquant le théorème de Pytha-


gore dan le triangle ACE rectangle en
HS5302- E, on obtient AE2 = AC2 + CE2, d'où

~
1so• AE2 = 1 + (-V2 - 1)2 = 4 - 2./2.

=
Onax=20°. 50'
130'
Ainsi , AE = 2 J1 - ~
2
.

HS5303 - Remarquons tout d'abord que si les


--
On en déduit le sinus de l'angle CAE :

coups de l'horloge viennent de sonner, c'e t sin2 (ÔIB) = CE2 = (1 - -V2)2 _ 3 - 2-V2
que l'heure à I' in tant présent est ~n nombre AE2 4 - 2-V2 4 - 2-V2
entier d'heures ; = 4 - 2-V2 = 2 - ./2
la grande aiguille est donc 8 4 B
sur le 12 de l' horloge,
et l'angle que fait cette et inÔIB=h-.J2 . ' ~ E
2
grande aiguille avec la
ligne droite tracée entre le
4 et le 10 vaut 60°. On en dé-
A/ ~ c 1

duit que la petite aiguille est ur le 8, et qu'il


est huit heures. Je vais donc pouvoir lire mon HS5307 - Astrid ne pourra pas réaliser son
magazine favori pendant quatre heures. projet. En effet, celui-ci n'est pas réalisable
avec une ba e obtusangle (c'est-à-dire possé-
HS5304- La somme des angles d'un polygone dant un angle obtu ).
à n côtés est égale à (n - 2) x 180°. Le polygone Pour le prouver, uppo on le problème résolu
formé par le trajet de la planche à voile et le et montrons que le olide obtenu ne peut possé-
rivage est un heptagone. On a donc: der un angle obtus ur une de ses faces.
40 + (360 - a)+ 30 + (360 - a) ~ - -~ B Le tétraèdre OABC de
+ 60 +a+ (180- 50) = (7 - 2) X 180. la figure peut être ins-
La résolution de cette équation conduit à crit dans un parallélépi-
a= 80°. pède rectangle.
Les côtés du triangle
HS5305 - Si l'angle  est aigu, on a de base sont tous issus
13 < AF < 2028 / 119. de sommets d'angles
Si  e t droit, AF = 2028 / 119. trièdres dont les côtés sont deux à deux ortho-
Si  est obtus, AF > 2028 / 119. gonaux. Or deux demi-droites issues du som-
met d'un tel angle trièdre et situées à l'intérieur
HS5306 - Les triangles ACE et ADE sont iso- de cet angle trièdre font entre elles un angle
métriques, d'où CE = DE. On en déduit que d'au plus 90°, ce qui contredit l'hypothèse de
BDE est un triangle rectangle en D. Comme il l'existence d'un angle de 120°.

Tcingente Hors-série n°53. Les angles


par Michel Criton

HS5308 - Raisonnons par récurrence. HS5309 - D'après K


A~ - - - - 7 8 le théorème de
Pour trois points ABC 1 'an g I e
et un point O intérieur au inscrit,
triangle ABC, on a au plus un ------
QOP______
angle aigu ; on a donc au moins = 2QSP.
deux angles obtus. En effet, il n'est On en
pas possible d'obtenir 360° avec deux déduit
angles aigus et un angle saillant. que l'arc
Supposons maintenant la propriété vraie à observé
l'ordre n (n > 3), à savoir que pour tout poly- aura une
gone convexe à n sommets, un point O intérieur longueur
à ce polygone détermine au moins n - 1 angles maximale si N
saillants qui ne sont pas aigus. ------ ------
1'angle QSP = LSM a
Montrons que la propriété est vraie à l'ordre lui-même une valeur maximale.
n + l, ce qui achèvera la récurrence. Si le point S se déplace sur un cercle de centre
Con idérons pour cela un polygone convexe à ------
0 ' passant par Let M, l'angle LSM garde une
valeur constante, mais cette valeur sera maxi-
male si le cercle de centre O' est tangent en S
A, A A,_, A, au cercle de centre O. Les points 0, O' et S sont
A A alors alignés.
' .. On a 0'02 - O'S 2 = OM X OL (relation ex-
A~, A,..
primant la puis ance du point O par rapport au
.!.
A. A~.i

• 0
0 !
cercle de centre 0') .
En désignant par r le rayon du cercle de centre
Si un point O est intérieur à ce polygone, O' et en remplaçant dans l'égalité précédente
alors il ne peut être intérieur à tous les par les valeurs de l'énoncé, on obtient :
triangles A 1A,A 3 , A2A3 A4 , A3 A4 A5 , A4 A5 A6 ... ( 10 - r)2 - r2 = 5 x 8, qui donne r = 3.
An-2An-1An, An_lAnAI, AnAIA2, car certains de
ces triangles ont leurs intérieurs disjoints. Il On a LSM
-
= LO'M, toujour
2
par le théorème
exi te donc au moins un triangle Ak_ 1AkAk+J
(avec k un entier) qui ne contient pa le point O. de l' angle inscrit.
Le polygone A 1A, ... Ak_ 1Ak+i· .. A,,+ 1 est un po- En considérant le triangle LOM, isocèle en M,
lygone à n sommets et il satisfait à la propriété, on peut écrire :
c'est-à-dire que le point O intérieur à ce poly-
gone détermine au moins n - 1 angles saillants
-
sin LO 'M = LM = l. = l__
qui ne sont pas aigus.
Traçons une droite (a) qui coupe le segment
[Ap] perpendiculairement. Il existe au moins
2 2r 6 2
-
On en déduit que les angles LO'M et OO'P
------
valent 60° et l'angle LSM 30°.
--
un sommet du polygone qui n'est pas situé du L'arc a donc pour longueur le sixième de la
même côté de (cf) que Ak. Ce sommet forme longueur du grand cercle, à savoir lûn: / 3, soit
avec O et Ak un énième angle saillant non aigu, environ 10 x 3,1416 / 3 = 10,472 cm .
ce qui achève la démonstration.

Hors-série n°53. Les angles Tc:1:n9ente


par Michel Criton

HS5310 - Supposons que l'on ait A < B < C, HS5311- Remarquons tout d ' abord que, les pe-
avec les longueurs des grands côtés de l' angle tites tiges étant toute de même longueur, les
droit correspondantes a> b > c. On a la relation quadrilatères AEBI, BFCJ et CGDK ont de
bien connue suivante : losanges. Leurs angles opposés ont donc même
1-+1- mesure.
tan( + B) = tan  + tan B = a b X
1 - tan  tan B 1-ab
-'

= a+b
ab - 1

c y

\B D' autre part, pour la même raison , les triangles


~ ~A EBF, FCG, GDH, IBJ , JCK et KDL sont tous
~ ..... \..' isocèles. Leurs angles à la base sont donc
é~x. Soit a la mesure en degrés de l'angle
Par ailleurs : ( X A y). ----- ----- ----- _.,.....__ _.,.....__
On a EBI = BEF = BFE = BIJ = BJI = a.
l = tan 45° = tan (Â + B + ê) ----- -----
On ~dédu~ue JBF = JCF = 3a et

= tan (Â + B) + tan ê
l - tan (Â + 13) tan ê
a+ b +.l
= ab - 1 c
1 _ a+b
---- ----------- ----
que BFC = BJC = 180 - 3a, et donc que
..:.--- = CJK = CGF = CKJ = 2a.
CFG
II s'ensuit que : FCG = JCK = 180 - 4a.
(ab - l)c
Or, la somme des angles ayant leur som-
= (a+ b)c + ab -
(ab - l) c- (a+b)
Il en résulte que :
l
--- ---
met en C vaut 360°. Ceci permet de
calculer ~GCK_.::,_ GDK = Sa d' où
~ t i r ~ D _::.__CK~ 180 - Sa puis
(a+ b)c + ab - l = (ab - l)c - (a + b), relation DGH = DHG = DKL = DLK = 3a.
de laquelle on tire :
(ab - l -a - b)(c- l)=2(a+b). ---..:.. ----
On peut déduire de ce dernier calcul que
GDH = KDL = 180 - 6a. En utilisant le fait que
Si c < 3, alors ab - 1 - a - b < a + b ou encore la somme des angles dont le s o ~ est situé
(a - 2)(b - 2) < 5.
Comme b > 4 et a> 5, (a - 2)(b - 2) > 6, d'où
une impossibilité.
----
en D vaut 360°, on obtient que HDL = ?a. Si
l' angle H~ vaut par ailleurs 112°, c' est que
l'angle (xAy ) vaut 112° / 7 = 16°, et l' angle
Le cas c = 1 étant exclu, il ne reste que la valeur vaut 3 x 16° = 48°.
c=2. On trouve le plan de cet appareil dans un ou-
On a donc ab - 1 = 3(a + b), d'où: vrage posthume de 1720 du marquis de L' Hô-
(a - 3)(b - 3) = 10. pital, intitulé Traité analytique des sections co-
Il existe deux possibilités : niques et de leur usage pour la résolution des
a - 3 = 10 et b - 3 = 1, soit a = 13 et b = 4, ou équations dans les problèmes tant déterminez
bien a - 3 = 5 et b - 3 = 2, soit a= 8 et b = 5. qu 'indétermine-;,.
Le problème possède donc deux solutions :
2 dm, 4 dm, 13 dm ou bien 2 dm, S dm, 8 dm.

Tangente Hors-série n°53. Les angles


par Michel Criton

HS5312 - Posons SA = a et SB = b. HS5313-


1. Pour un triangle dont l'angle obtu dépa se
chacun des deux angles aigus de moin d ' un
angle droit, le nombre minimal de triangles
acutangles est égal à 7.

2. Si l'angle obtus dépasse l' un au moins des


L' en e mble des point du plan d ' où l'on voit angles aigus de plus d ' un angle droit, il faut
les buts sous un angle t constant est un arc de une pre mière découpe du triangle avant de se
cercle passant par A et B. Plus l' angle t e t ramener au cas précédent pour découper le
grand , plus le rayo n de ce cercle e t petit. Il faut triangle obtu angle. Le nombre minimal de
donc trou ver le plus petit cercle possible pa - triangles acutangles sera alor égal à 8.
sant par A et B, mais rencontrant la droite (D),
trajectoire de l' ailier. Ce plus petit cercle est
tangent à la droite (D) en T. D'où la construc-
tion (voir la fig ure).
On obtient la valeur de x en exprimant la pui s-
sance de S par rapport au cercle : c'est ST2 = x2, 3. Pour un carré, le nombre minimal de triangles
mais aussi SA x SB = ab, d 'où x = 1982 cm. acutangles e t égal à 8.

Hors-série n°53. Les angles Tangente


Ta.ngente Hors-série n° 53
Les angles

Tangente
Publié par les Éditions POLE
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Élisabeth BUSSER, miche( CRITOn,
Dauld DELHUnnv, Jean-Jacques DUPHS,
Jean-Pierre fRIEDELmEYER, Jérôme GHUm,
Jean-Paul GUICHHRO, Bertrand HHUCHECOROE,
Daniel JUSTEns, François LHUHLLOU,
Herué LEHnmG, Jean mnwHm,
Jean-Philippe UILLEnEUUE, Hlaln znLmnnsm
maquette
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natacha LHUGIER, Claude LUCCHlnl

Ulsuel de couverture : Photograph courtesy of Chauuet


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Dessins : Julie Lambert (catoune.com)


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Achevé d'imprimer pour le compte des Éditions POLE


sur les presses de l'imprimerie Bialec à Nancy (54, France)
Dépôt légal - Mars 201 S
angles
L'angle est une des premières notions
de géométrie que l'on rencontre.
Pourtant, tout au long de la scolarité,
on ne le définit jamais vraiment. On se
contente le plus souvent de montrer le
secteur formé par deux droites.
Si cet objet géométrique très intuitif se
laisse apparemment appréhender au
premier coup d'œil, il n'est pas simple
de répondre aux questions: « Qui est-il,
à quoi sert-il?»
Ce n'est pas un hasard s'il a fallu des
siècles pour montrer que la trisection
de l'angle n'est pas réalisable à la règle
et au compas, ou pour maîtriser la pers-
pective. Quant à la définition donnée
par les « maths modernes » dans les
années 1970, elle a laissé pantois plus
d'un élève (et d'un enseignant).
Alors pour répondre enfin à ces ques-
tions profondes, Tangente a mobilisé
sa rédaction: vulgarisateurs, ensei-
gnants, chercheurs, géomètres, histo-
riens vont éclairer le lecteur sur ce
concept qui semble aller de soi.
Pour la première fois dans l'histoire du
livre, une équipe d'auteurs propose
d'examiner la notion d'angle ... sous
tous les angles !

i;DITIONS.
P rix : 19 ,80 € POLE

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