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La folie Dartigaud 1st Edition Christian

Jouhaud
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Du même auteur
Mazarinades. La Fronde des mots
Aubier, « Collection historique », 1985 et 2009

« Révoltes et contestations d’Ancien Régime »


dans Histoire de la France. Les conflits
Le Seuil, 1990
« Points », 2000

La Main de Richelieu ou le pouvoir cardinal,


Gallimard, « L’un et l’autre », 1991

e
La France du premier XVII siècle
(1594-1661)
Belin Sup, 1996 (avec Robert Descimon)

Les Pouvoirs de la littérature. Histoire d’un paradoxe


Gallimard, « NRF Essais », 2000.

« L’écriture polémique »
dans Histoire de la France littéraire. Les classicismes
PUF, 2006.

Sauver le Grand-Siècle ?
Présence et transmission du passé
Le Seuil, 2007

Histoire Littérature Témoignage.


Écrire les malheurs du temps
Gallimard, « Folio histoire », 2009
(avec Dinah Ribard et Nicolas Schapira)

Richelieu et l’écriture du pouvoir.


Autour de la journée des Dupes
Gallimard, « L’esprit de la cité », 2015.
penser/rêver
COLLECTION DIRIGÉE PAR MICHEL GRIBINSKI

Pierre Bergounioux
Où est le passé
entretien avec Michel Gribinski

Theodor W. Adorno
La psychanalyse révisée
traduit de l’allemand par Jacques Le Rider
suivi de
Jacques Le Rider
L’allié incommode

Henri Normand
Les amours d’une mère

Nathalie Zaltzman
L’esprit du mal

Christian David
Le mélancolique sans mélancolie

Paul-Laurent Assoun
Le démon de midi
Adam Phillips
Winnicott ou le choix de la solitude

Jean-Michel Rey
Paul ou les ambiguïtés

Michel Neyraut
Alter Ego

Jeanne Favret-Saada
Désorceler

Adam Phillips
Trois capacités négatives

Michel Gribinski
Les scènes indésirables

François Gantheret
La nostalgie du présent, psychanalyse et écriture

Jeanne Favret-Saada
Jeux d’ombres sur la scène de l’ONU

Jean-Michel Rey
L’oubli dans les temps troublés

Adam Phillips
Promesses
de la littérature et de la psychanalyse

Daniel Oppenheim
L’enfant très malade
approché dans ses dessins

François Richard
L’actuel malaise dans la culture

Dominique Scarfone
Quartiers aux rues sans nom

J.-B. Pontalis
Le laboratoire central

Jean Imbeault
Remake

Adam Phillips
La meilleure des vies
Éloge de la vie non vécue

Jean-Michel Rey
Histoires d’escrocs
I. La vengeance par le crédit ou Monte-Cristo

Pierre Bergounioux
Le style comme expérience

Michel Gribinski
Qu’est-ce qu’une place ?

Max Dorra
Lutte des rêves et interprétation des classes
Jean-Michel Rey
Histoires d’escrocs
II. La banqueroute en famille ou Les Buddenbrook

Jacques Le Dem
Souvenirs d’un autre
préface de Pierre Bergounioux

Laurence Kahn
Le psychanalyste apathique et le patient postmoderne

Jean-Michel Rey
Histoires d’escrocs
III. L’escroquerie de l’homme par l’homme ou The
Confidence-Man
penser/rêver
revue de psychanalyse dirigée par Michel
Gribinski

Déjà parus
o
penser/rêver n 1 L’enfant dans l’homme (printemps 2002)
o
penser/rêver n 2 Douze remèdes à la douleur (automne 2002)
o
penser/rêver n 3 Quand la nuit remue (printemps 2003)
o
penser/rêver n 4 L’informe (automne 2003)
o
penser/rêver n 5 Des érotomanes (printemps 2004)
o
penser/rêver n 6 La haine des enfants (automne 2004)
o
penser/rêver n 7 Retours sur la question juive (printemps 2005)
o
penser/rêver n 8 Pourquoi le fanatisme ? (automne 2005)
o
penser/rêver n 9 La double vie des mères (printemps 2006)
o
penser/rêver n 10 Le conformisme parmi nous (automne 2006)
o
penser/rêver n 11 La maladie chrétienne (printemps 2007)
o
penser/rêver n 12 Que veut une femme ? (automne 2007)
o
penser/rêver n 13 La vengeance et le pardon, deux passions modernes
(printemps 2008)
o
penser/rêver n 14 L’inadaptation des enfants et de quelques autres (automne
2008)
o
penser/rêver n 15 Toute-puissance (printemps 2009)
o
penser/rêver n 16 « Un petit détail comme l’avidité » (automne 2009)
o
penser/rêver n 17 À quoi servent les enfants ? (printemps 2010)
o
penser/rêver n 18 La lettre à la mère (automne 2010)
o
penser/rêver n 19 C’était mieux avant… (printemps 2011)
o
penser/rêver n 20 Le temps du trouble (automne 2011)
o
penser/rêver n 21 Le genre totalitaire (printemps 2012)
o
penser/rêver n 22 Portraits d’un psychanalyste ordinaire (automne 2012)
o
penser/rêver n 23 Le corps (est un) étranger (printemps 2013)
o
penser/rêver n 24 Façons de tuer son père et d’épouser sa mère quand on est
l’enfant d’un couple homoparental (automne 2013)
o
penser/rêver n 25 L’intime et son spectacle (printemps 2014)
o
penser/rêver n 26 Les mauvais traitements (automne 2014)

À paraître
o
penser/rêver n 27 Mon genre et moi (printemps 2015)
ISBN 978-2-8236-0819-9

© Éditions de l’Olivier, 2015.

Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo.


TABLE DES MATIÈRES

Couverture

Du même auteur

penser/rêver - collection dirigée par Michel Gribinski

penser/rêver - revue de psychanalyse dirigée par Michel Gribinski

Copyright

1 - Un cas d’avidité historienne : les faits

2 - Délire

3 - Guérison

4 - Un point crucial

5 - Rédemption

6 - Verdelais

7 - Histoire de l’Aa

8 - Nappes, bribes, lambeaux

9 - Ite missa est


1

Un cas d’avidité historienne :


les faits

L’avidité que l’historien René Dartigaud a éprouvée à l’égard des


objets sur lesquels il travaillait est surtout apparue quand il a lui-
même considéré que sa passion pour le passé relevait d’une voracité
dont il a voulu se guérir. C’est ainsi que sa période avide aurait pu
passer à peu près inaperçue, s’il ne l’avait pas fait suivre d’excès
ascétiques qu’il tentait de faire partager à ses étudiants. Le paradoxe
est évidemment que cet ascétisme prosélyte a semblé trahir une
avidité de pouvoir peu commune parmi les érudits, et aussi les
dévots dont il faisait assurément partie.
L’acmé de sa période avide a coïncidé avec la mystérieuse
expérience d’immersion historiographique à laquelle il s’est soumis
en 1967. L’hospitalisation et la cure qui l’ont suivie sont mieux
connues, puisqu’il en a tiré un récit, certes resté manuscrit, mais
néanmoins diffusé largement dans les milieux concernés. J’ai pu, de
mon côté, avoir communication de deux documents conservés dans
les archives du Comité national du CNRS. L’un se présente comme
un contrat. L’autre comme le résumé du projet de recherche, rédigé
sur une seule page (dense) et accompagné de trois pages
d’annexes. Je pense que l’idée lui était venue de l’aventure de Michel
Siffre, laquelle avait eu, quelques années plus tôt, un retentissement
exceptionnel. Si le spéléologue avait pu vivre « hors du temps »
pendant deux mois au fond du gouffre de Scarasson, lui
s’immergerait « dans le temps » passé. Et cela pour une période
bien plus longue puisque le temps présent disparaîtrait moins
facilement que la lumière du jour dans le gouffre et qu’il se
contenterait de supprimer électricité, montre, réveil, radio, lectures
de la presse, etc. pour retrouver le rythme du temps scandé par les
cloches paroissiales et la lumière du jour.

Document I :

Je soussigné René Dartigaud accepte mon détachement


auprès du Groupe expérimental d’immersion
historiographique (GEIH) pour une durée de un an,
er
renouvelable une seule fois, à compter du 1 septembre 1967
et déclare aussi accepter tant les statuts du Groupe (pièce
o
jointe n 1) que l’autorité scientifique de son directeur (même
pièce, article 12, alinéa 3 : « René Dartigaud est nommé
directeur du GEIH… »).
Je m’engage à résider pendant cette durée et sans
interruption à Sainte-Croix-du-Mont, lieu choisi pour
l’expérience, le Groupe mettant à ma disposition un
logement, un bureau et une salle de travail qui servira de
cadre exclusif à mon activité au long de cette année.
Le logement est situé dans l’ancien presbytère de Sainte-
Croix-du-Mont, propriété de la commune.
Il comprend, en rez-de-chaussée, entrée, cuisine, cellier,
salon, salle à manger, bureau avec oratoire. Au premier
étage : deux chambres, une salle de bains, une lingerie et un
débarras, le tout sobrement mais entièrement accommodé de
meubles et ustensiles fabriqués avant 1750, l’ensemble à ma
disposition, ainsi que la cave et le jardin attenant, tel que le
curé de Sainte-Croix-du-Mont en avait l’usage en 1639 (pièce
o
jointe n 2, Archives départementales de la Gironde,
3E 24814).
Les dépenses de nourriture, chauffage, blanchissage seront
prises en charge par la commune de Sainte-Croix-du-Mont.
Par accord passé entre le Groupe, le CNRS, les Archives
nationales de France, les Archives départementales de la
Gironde, la Bibliothèque municipale de Bordeaux (pièce jointe
o
n 3), je disposerai, rendus à domicile, et par convention
exceptionnelle de prêt, de l’ensemble des pièces d’archives,
des livres et instruments de travail de toutes sortes,
nécessaires à ma recherche et, plus généralement, au bon
déroulement de l’expérience.
Je m’engage à ne rien publier de mes travaux (articles,
livres, etc.) effectués durant l’expérience d’immersion
historiographique sans avoir au préalable soumis le manuscrit
au directeur du Groupe.
Je m’engage en outre à ne quitter Sainte-Croix-du-Mont
qu’après en avoir reçu l’autorisation du même directeur. Je
m’engage de même à n’offrir l’hospitalité dans le logement
mis à ma disposition qu’à des personnes dont l’identité aura
été préalablement communiquée au directeur et pour une
durée n’excédant en aucun cas vingt-quatre heures.
Le non-respect d’une seule clause de ce contrat entraînera sa
nullité.
Dans ce cas et en tout état de cause, et quel que soit
l’avancement de mes travaux, toutes mes notes, mes
manuscrits et plus généralement toute feuille écrite de ma
main ou dactylographiée, qui se trouveraient présents dans le
logement mis à ma disposition, deviendraient immédiatement
et définitivement la propriété du Groupe.
Fait en deux exemplaires le…
Lu et approuvé,
Bon pour accord.
Le postulant : René Dartigaud
Le directeur du GEIH : René Dartigaud

Document II :

Résumé du projet de recherche soumis au CNRS pour avis


scientifique, au Conseil général de la Gironde pour
subvention, à différentes institutions :
L’expérience menée à Sainte-Croix-du-Mont sous l’autorité du
GEIH (directeur R. Dartigaud) aura un double objectif :
1 – Premier objectif :
Écrire l’histoire des activités et des comportements sociaux,
économiques, politiques, culturels, religieux de la
communauté des vivants de la paroisse de Sainte-Croix-du-
Mont entre 1580 et 1740.
Le chercheur désigné pour cette tâche disposera sur place de
tous documents, archives, textes imprimés, dont il pourrait
avoir besoin pour l’avancement de ce projet. Il choisira ses
sources et sa méthode de travail. Il est cependant évident
qu’il travaillera d’abord à partir des registres paroissiaux, des
archives notariales, des séries C, G, H, E des Archives
départementales de la Gironde (archives de l’Intendance, de
l’Archevêché, des différentes communautés religieuses,
minutier). Il aura aussi à utiliser d’emblée de nombreuses
pièces et registres tirés des Archives nationales, du
département des manuscrits de la Bibliothèque nationale, des
Archives du ministère des Affaires étrangères, etc.
La mise en séries statistiques de la population n’est pas
l’objectif à atteindre. On ne cherche nullement à s’inscrire
dans le courant à la mode de la démographie historique dont
on récuse les objectifs et les présupposés. Bien au contraire,
on s’attachera d’abord à repérer les personnages les plus
visibles à l’intérieur de la communauté (seigneurs, curés,
officiers, notables exerçant diverses charges, etc.). À partir de
ces positions de légitime autorité, on étendra
progressivement la recherche aux proches, au moins
proches, etc. Les conflits seront négligés au profit des faits et
facteurs d’unité et de concorde, croisés avec le repérage des
différents liens tissés à l’intérieur de la communauté des
vivants (mariages, remariages, parrainages, réseaux
d’affaires, confréries, etc.).
2 – Second objectif :
Observer et analyser l’impact de la situation d’immersion
historiographique sur la conduite de la recherche et surtout
sur l’écriture historique du chercheur. On émet l’hypothèse
que le fait d’être installé sur le lieu de vie même de cette
ancienne communauté de vivants et d’y disposer de toutes les
sources nécessaires influencera grandement le travail de
l’historien qui ne pourra éviter de faire une place, tant dans
sa recherche que dans son écriture, au sentiment de cette
présence qui l’aura investi.
N.B. : Sans évidemment négliger sa compétence
professionnelle, le choix du chercheur apte à recevoir l’offre
du GEIH se fera d’abord par l’évaluation de sa capacité à
subir cet investissement par une présence du passé qu’il
devra restituer. Il faudra cependant éviter à tout prix que la
subjectivité du chercheur ne s’interpose, se substituant ainsi à
l’intégrité de cette présence.

Dartigaud s’est installé dans l’ancien presbytère de Sainte-Croix


en septembre, comme prévu. La maison étant située dans une
impasse qui avait été interdite à la circulation automobile, il ne
devait percevoir que le plus petit nombre possible de bruits
anachroniques. La navette organisée pour le transfert des
documents a correctement fonctionné et une personne de service,
qu’il ne devait pas rencontrer (une clochette annonçait son arrivée),
s’occupait de la préparation de ses repas sommaires. C’est elle qui l’a
découvert le 18 mai 1968 inanimé dans son bureau (elle avait
constaté qu’il n’avait pas touché à son repas de la veille). Après une
semaine passée en réanimation, Dartigaud a été hospitalisé en
psychiatrie à la suite d’un épisode délirant.
2

Délire

Il semblait avoir complètement oublié son expérience


d’immersion historiographique. Tout au plus a-t-il compulsivement
répété pendant près de trois semaines ces vers de la Satire X de
Boileau :

Chez lui sirops exquis, ratafias vantés,


Confitures surtout, volent de tous côtés :
Car de tous mets sucrés, secs, en pâte, ou
liquides,
Les estomacs dévots furent toujours avides.

Cette verbalisation compulsive était probablement à rapporter au


régime extrêmement frugal dans lequel il s’était installé depuis plus
d’un an, à l’imitation des règles de vie des ermites camaldules de
Grosbois, et au diabète pour lequel il était soigné presque depuis
l’enfance. Après la disparition de ce symptôme, il avait commencé à
développer le thème de l’avidité punie et à s’accuser d’« insatiable
profanation du temps », sombrant alors dans une semi-prostration.
Il en fut tiré grâce à la mise en place d’un protocole original
d’ergothérapie centré sur la restauration d’un objet du passé. Mais,
de temps à autre, il divaguait.
Il parlait et il écrivait ; il instaurait un dialogue entre la parole
presque inaudible qui lui venait et ce que la main écrivait. Dartigaud
scripteur répondait au Dartigaud parlant, et vice-versa. De ces
échanges demeurent quelques fragments de la partie écrite, dérobés
par un soignant qui voulait en faire sans doute une archive de sa
pratique.
Deux feuilles datées du 9 décembre 1968 :

… Je ressens soudain des élancements au creux profond de


moi. Je les sais amplifiés par un rayonnement maléfique ; ils
troublent mon attention ; la voix du conférencier ronronne
comme un moteur, ou grince stridemment, comme si un
produit corrosif décapait. Décape. Et ronge les liens entre
mes pensées érudites, et finalement détruit la substance
unifiante qui les relie les unes aux autres. Elles s’écartent,
s’échappent, se désagrègent, me fuient. Je cherche à croiser
des regards. Tous se dérobent. Je ferme les yeux pour me
reprendre. Je dois aussitôt les rouvrir avec la conviction que
quelque chose de grave est en train de s’accomplir.
Un instant encore et, terrible, l’évidence s’impose : notre
président de séance a grandi. Il grandit et grandit. Impossible
de détourner mon regard du fauteuil présidentiel qui m’attire
comme le serpent sa proie. Le temps est aboli, atteint par
l’universelle corrosion. En réalité, le président ne grandit pas,
il s’élève. Au moment où son crâne chauve, rendu brillant par
le reflet de la lumière électrique, dépasse le haut du dossier
qui jusqu’alors, comme le trône du roi Salomon sur le tableau
de Poussin que j’aime tant, et dont une reproduction ornait le
mur de ma chambre d’enfant à La Garonnelle (et je croyais
que c’était le bon Dieu), lui servait de conque et de reposoir,
chacun peut voir qu’il a décollé du cuir tendrement mordoré
du siège patiné par plus d’un siècle de présidences effectives
de la Société des bibliophiles de Guyenne. Chacun peut le voir
mais un seul le voit. Les autres, tels des cires sèches, sont
figés dans une immobilité mortelle de bêtes naturalisées.
Personne même ne bouge quand les pieds du président
dépassent le niveau de la table. Il continue de s’élever
irrésistiblement et flotte, le visage rejeté en arrière, extatique,
voluptueusement abandonné à la victoire d’une force
surhumaine. Je suis trempé d’une sueur froide et abondante.
Enfin, il disparaît, sans un mot, sans un cri, sans un geste.
Il fallait faire quelque chose. Mais que faire ? Je me suis levé,
ma chaise s’est renversée, on sursaute enfin ; je m’avance
vers la place laissée vide. Que s’est-il passé ensuite ? J’ai
oublié. Je crois qu’on a voulu m’empêcher d’approcher. On
m’agrippe. Quelle violence ! Quelle douleur ! On m’étrangle !
Chose curieuse, après une nuit de profond sommeil traversé
de furtives et confuses songeries, je ne gardai plus qu’un
souvenir imprécis de l’apothéose de notre président, car c’est
bien son apothéose que j’ai la gloire d’avoir vue. Je n’éprouvai
pourtant nul besoin de m’interroger, de déchirer le voile léger
et changeant qui enveloppait avec mollesse le sanctuaire de
ma mémoire, le dérobant à la crudité de ma propre
imagination. La journée s’annonçait magnifique. Je traversai
le marché couvert, grisé par la légèreté de l’air printanier
auquel se mêlaient les parfums confondus des aloses grasses
dont la saison commençait, éventrées sur les étals des
poissonniers, et ceux des frêles jonquilles ou des gros lys
blancs, dont l’un, faute d’anciennes fiançailles à magnifier,
continuait de symboliser pureté et fidélité malgré l’étonnante
promiscuité d’un poulet mal plumé et d’une botte de
poireaux, sur le rebord qui l’étranglait du noir cabas d’une
vieille clabaudante. Clabauder, clabauder, toujours clabauder :
c’est cela qui nous sépare du Verbe. Mystère des fidélités,
mystères des trahisons.
C’était par de semblables matinées qu’autrefois mon pauvre
papa ouvrait grand les fenêtres et, après un instant de
silence, disait, regardant le ciel comme s’il priait : « Il fait
richement bon. »
Le lendemain, au moment même où je pose le pied sur la
pierre usée du seuil de la Bibliothèque, je revois avec une
fulgurante précision la scène miraculeuse de la veille. Aussitôt
je suis transi et immobilisé comme par le charme de quelque
invisible fontaine pétrifiante, empêtré dans les mille fils
gluants d’une toile d’araignée. On m’interdit l’entrée. Je dois
faire demi-tour, malgré la volonté si forte d’aller travailler à
mon livre. Les lieux me refusent. Je ne suis plus rien qu’une
pierre froide, un rocher roulé à l’entrée de la grotte funeste
où naissent les enfers. Je suis damné.

Trois feuilles du 14 janvier 1969, parfaitement écrites, sans


aucune rature :

Cette nuit la voix m’a dicté une lettre et commandé de la


porter à Vichy avant le 6 juin 1944, à la place de mon pauvre
papa :
Bordeaux, le 28 décembre 1943
Monsieur le Maréchal,
e
Avoir servi sous vos ordres (144 R.I., deux citations) ne
saurait me distinguer dans la foule des anciens combattants
dont vous éprouvez chaque jour la reconnaissance et la
dévotion. Je vous supplie pourtant, au nom de nos morts et
de cette France à qui vous avez fait don de votre Personne,
de prendre quelques instants dérobés à vos lourdes et
angoissantes occupations pour lire ou vous faire lire cette
lettre jusqu’à son terme. Je vous supplie, Monsieur le
Maréchal, d’écouter la voix d’un Français qui vous aime et
dont la foi lui fournit la vision d’une lumière ténue où apparaît
peut-être une solution aux malheurs de notre pauvre patrie
aggravés par de nouvelles menaces.
Il est, sur le bord de la Garonne, un sanctuaire marial jadis
célèbre et aujourd’hui presque oublié : Verdelais. De
nombreux miracles y sont survenus et l’ancienneté des
pèlerinages qui remontent au Moyen Âge en dit la noblesse. À
Verdun, dans notre régiment de Girondins, on voyait dans les
tranchées un grand nombre de niches où les hommes
logeaient une modeste statue de Notre-Dame de Verdelais.
Pas une fois, tant que j’ai pu l’observer, l’un de ces fragiles
oratoires n’a été détruit par un obus. En cas d’« arrosage »
les hommes se regroupaient près de ces protectrices, et
même les incroyants.
Monsieur le Maréchal, trente générations d’Aquitains sont
venus prier Notre-Dame de Verdelais, depuis Géraud de
Graves qui fonda la première chapelle, au retour de la
Croisade d’où il ramenait la statue miraculeuse qui a survécu
jusqu’à nous. Des miracles sont attestés de la guerre de Cent
Ans à la Grande Guerre. Les plus grands et les plus saints
prélats ont honoré, célébré, restauré ce sanctuaire enchanté
par les plus touchants récits, enrichi par les plus pieuses
images dessinées, peintes, brodées au cours du temps.
Or aujourd’hui, la gloire de Verdelais semble oubliée, la
charmante petite cité des coteaux de l’Entre-deux-Mers est
délaissée, la noble foi qui l’a édifiée dans la suite des siècles
est desséchée. La France nouvelle que vous construisez jour
après jour y trouverait pourtant sa plus solide espérance et sa
véritable inspiration. Notre-Dame de Verdelais délaissée, ce
n’est pas le fruit du hasard.
Lourdes, Monsieur le Maréchal, a supplanté Verdelais.
Lourdes est un lieu de foi, je ne le nie pas, mais c’est aussi un
lieu de scandale. Le récit naïf de Bernadette Soubirous ne
peut faire oublier que tout y est nouveauté. Comment surtout
ne pas être étonné d’un développement si fulgurant ? Les
pèlerins pendant des siècles sont arrivés par bateau à
Verdelais, débarquant au port de La Garonnelle. À Lourdes, je
lis que pour le cinquantenaire des apparitions on a affrété
525 trains spéciaux. Qui « on » ? Je suis sûr, Monsieur le
Maréchal, que vous connaissez le scandale de Lourdes : sur
environ 350 hôtels ou pensions de famille qui accueillent les
pèlerins, plus de la moitié appartient à des juifs. Ces biens
ont-ils été saisis depuis 1940 et le début de notre Révolution
nationale ? Il est de notoriété publique que la vente des
objets de piété, de l’eau de la source en flacon, des souvenirs
de « Notre-Dame de Lourdes », des soi-disant reliques de la
grotte ou étoffes ayant touché le corps de Bernadette, des
médailles porte-bonheur, etc. est entre les mains de
commerçants juifs qui en tirent un immense profit. Pourquoi
la finance juive a-t-elle fait la promotion de Lourdes ? L’Église
de France et, après elle, Rome ont malheureusement mordu à
l’hameçon.
Il n’y a pas que le profit. Les apparitions de Lourdes datent
de 1858. À peine trois ans plus tôt une magnifique cérémonie
avait lieu à Verdelais. On y célébrait les vœux monastiques
d’un nouveau père carme. Celui-ci s’appelait Bernard Bauer,
c’était, comme son nom l’indique assez, un juif converti. Ce
jour-là, le sermon fut donné par le père Hermann, autre juif
converti. Ces deux hommes passèrent la nuit suivante en
prière dans l’église de Verdelais. On a dit qu’ils y avaient été
ravis en extase. Nul ne sait ce qu’il advint exactement, mais,
au matin, ils firent sous la statue de la Vierge le serment de
consacrer leur vie au culte de la Sainte Eucharistie pour la
conversion des juifs. C’est de cela, Monsieur le Maréchal, de
cet élan pour la conversion d’Israël, que la promotion de
Lourdes a voulu détourner les Français. Aujourd’hui c’est dans
l’enthousiasme de cet élan enfin restauré qu’il faut renouveler
notre espoir et trouver pour la France la sortie du désert et
des épreuves.
Mais cette semaine, Monsieur le Maréchal, se sont produits à
Bordeaux des événements désolants qui corrompent les
meilleures intentions et nous conduisent à l’abîme. J’ai vu de
mes yeux, et bien d’autres avec moi, un spectacle affligeant
que, chrétiens, nous ne pouvons admettre : des vieillards, des
mères avec des enfants, arrêtés dans des maisons
particulières par des policiers français, sortis de lits d’hôpital,
ramenés du camp de Mérignac, enfermés dans la synagogue
où des scènes de violence ont eu lieu avec des tirs entendus
à l’extérieur. Ce n’est pas la première fois que des convois
partent de la gare Saint-Jean. Pour quelle destination ?
Le trouble gagne les consciences. J’ai adressé un courrier de
protestation à Monsieur le Secrétaire général de la préfecture,
car ce n’est pas ainsi qu’il convient de lutter en chrétien, en
catholique de France, contre le judaïsme cosmopolite et
déicide. Monsieur le Maréchal, je vous supplie une nouvelle
fois de m’accorder encore un instant d’attention et de
bienveillance. J’ai prié Notre-Dame de Verdelais dans l’église
Sainte- Eulalie, la plus proche de la synagogue où ont eu lieu
les plus regrettables débordements. De cette prière m’est
venue l’inspiration de vous écrire cette lettre et l’espérance
qu’elle vous touchera et vous convaincra. Comme le Saint-
Père à Rome, nous devons protéger les juifs contre les athées
et les faux zélés. Mais nous devons aussi les convertir : c’est
le message de Notre-Dame de Verdelais. C’est la mission de
la France éternelle et d’abord de ceux qui se disent
« catholiques et Français d’abord ».
Il existe une confrérie d’hommes de piété prête à s’engager
dans cette mission, pour peu qu’on lui en donne les moyens :
une mission pour la foi, mais surtout une mission pour la
France, dans l’esprit de la Révolution nationale que vous avez
initiée. Le monde, nos ennemis comme les autres, regarde
encore la France, Monsieur le Maréchal. Soyons, dans nos
malheurs, un espoir pour la chrétienté, contre tous les
athéismes. Je vous propose une mesure spectaculaire, certes
risquée, mais digne de vos Croisés. Déclarez le sanctuaire de
Verdelais zone d’accueil et de protection pour les juifs de
France. Ordonnez que des moyens soient mis en place pour
nourrir et soigner ceux qui se mettront ainsi sous notre
protection. Entourons-les d’un cordon de volontaires en prière
que personne n’osera franchir si vous l’interdisez. Et faisons
confiance à la grâce divine qui n’a jamais abandonné
Verdelais. Des prédicateurs feront souffler l’esprit des pères
Hermann et Bauer. Et ils convertiront en une autre pêche
miraculeuse. Il faut aussi organiser un immense pèlerinage
qui fera marcher la ville de Bordeaux vers Notre-Dame de
Verdelais, Vexilla Regis prodeunt, fulget Crucis Mysterium.
Vexilla Regis prodeunt : venez, Monsieur le Maréchal,
marchez parmi nous et vous rallierez une nouvelle fois la
France divisée, couronnez la Vierge de Verdelais de sa
couronne d’or au milieu des chants d’allégresse et d’espoir,
entonnez avec nous le cantique Ô Notre-Dame de Verdelais,
Vierge d’hospitalité et de victoire, Maris Stella Beatissima.
Accomplissez la grande action mystique qui marquera le siècle
et l’Histoire de France et nous rendra l’admiration du monde.
Vive Marie ! Vive Notre-Dame de Verdelais !

En marge, d’une autre main, quelques mots probablement


griffonnés par le soignant sûrement intrigué par l’anachronisme de
ce délire : « Il est à noter que R. D. est né le 15 août 1941, fête de
l’Assomption, et que son père a été fusillé par des Résistants le
15 août 1944, le jour des trois ans de son fils. »
Sur une page à part, de la même écriture fine et régulière de
Dartigaud, mais d’une autre encre, un paragraphe précédé de ce
long titre : Projet pour les Croisés de la Confrérie de Notre-Dame,
pour la grande cérémonie du premier mai 1944, en présence de
Monsieur le maréchal Pétain, chef de l’État français.
De Bordeaux, Libourne, La Réole, Marmande, Tonneins,
Casteljaloux, de l’Entre-deux-Mers, du Bazadais, les pèlerins
accourent par milliers. Les Croisés de Notre-Dame, en
uniforme simple (chemises blanches, pantalons noirs, nu-
tête) font la haie tout autour du village, sur le mont Cussol, et
dans les rues du vieux village comme dans les allées du
village de toile installé pour recevoir les réfugiés juifs.
Guirlandes aux maisons, drapeaux, oriflammes sur l’église,
tentures. Fleurs. Messe d’action de grâce le matin. Soixante
prêtres. Musiques et choristes. Confessions. Cantiques.
Procession des premiers convertis. Pas de banquet, mais
service des pauvres. Arrivée du Maréchal en grand uniforme.
Discours. Chants. Serments. Nos Croisés portent la statue de
la Vierge parée de ses plus riches atours en procession
solennelle : Notre-Dame de Verdelais, consolatrice des
affligés. À neuf heures du soir, la nuit tombée, messe
solennelle pour la conversion d’Israël. Chants (« Sauvez,
sauvez la France au nom du Sacré-Cœur »). Lampions,
retraite aux flambeaux présidée par le Maréchal seul éclairé
par un projecteur de lumière électrique. Les jeunes verdures
printanières doivent palpiter dans la lumière tremblante des
flambeaux, comme signe de renouveau et d’espoir. Replis
scintillants de la procession : tous les fidèles et tous les
réfugiés défilent en une ligne interminable, encadrés par les
Croisés de Notre-Dame qui les guident, tous un cierge allumé
à la main. Roulement de tambours, puis son éclatant des
trompettes seules. Chant « Laudate, laudate, laudate
Mariam ! »
3

Guérison

C’est, en réalité, le hasard qui a fait que la découverte d’un


bicycle en piteux état, dans la cave d’une annexe de l’hôpital lors de
travaux d’assainissement, a coïncidé avec la promenade de
Dartigaud à cet endroit du parc. Il semble qu’il ait éprouvé aussitôt
un vif intérêt pour l’objet déglingué. Et lui qui n’avait jamais montré
la moindre aptitude pour les travaux manuels a accepté, à la
suggestion de son médecin, d’abord de le nettoyer puis de le
restaurer avec l’aide d’un autre patient, mécanicien à la retraite
(R.C.).
Il s’en est expliqué ensuite dans la brochure qu’il a diffusée assez
largement, en particulier auprès de ses adeptes. On peut donc le
citer :

Je me suis tourné vers cet objet déchu. D’abord je l’ai


regardé, des heures durant. Je ne faisais même à peu près
que cela et c’était l’outil de mon oraison. Et puis je l’ai
approché et j’ai commencé à le toucher. Un jour, je me suis
mis à dégripper le pivot de direction avec l’aide du brave R.C.
qui a commencé à m’enseigner le vocabulaire et les gestes les
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single chamber is preferable, and perhaps necessary—There are so many
difficulties to be surmounted, so many prejudices to be conquered, so many
sacrifices to be made, such old habits to root out, so great a power to control; in a
word so much to destroy, and almost all to create anew. This moment, gentlemen,
which we are so happy as to have seen, of which it is impossible a description can
be given—when private characters, orders of men, and provinces, are vying with
each other, who will make the greatest sacrifices to the public good—when all press
together at the tribune, to renounce voluntarily, not only odious privileges, but
even those just rights, which appear to you an obstacle to the fraternity and
equality of all the citizens. This moment, gentlemen, this noble and rich
enthusiasm which hurries you along, this new order of things which you have
begun—all this—most assuredly, could never have been produced but from the
union of all persons, of all opinions, and of all hearts.’—
27. ‘It is worthy of remark, that the divine right of tithes was never insisted
on,’ says a french writer, ‘even by the clergy, during this debate. Yet the year
before, when the same question was brought forward in the irish house of
parliament, great stress was laid on this gothic idea of their origin.’
28. It is observable, that the satisfaction of the people was by no means equal
to the discontent manifested by the privileged orders.
29. See the article 10. ‘No man ought to be molested on account of his
opinions, not even on account of his religious opinions, provided his avowal of
them does not disturb the public order established by law.’
30. Calonne.
31. In Holland almost all the taxes are collected in the shape of excise.
In France, formerly, the taxes were generally internal; but, since the mode
established of making a revenue of 300,000,000 l. by the land and house tax part
of the 580,000,000 l. estimated to be the peace establishment, it appears, that this
was too great a proportion to be obtained in that way. Hence the revenue of France
has lately failed in a great degree.
In America the taxes of the federal government have been lately established
solely on the customs, that is to say, on goods imported. These operate two ways;
encouraging home manufactures, and discouraging the manufactures of other
countries.
Great Britain has levied her revenue on customs both inwards and outwards;
on excise, principally internal; on stamps, which operate both internally and
externally; and on fixed objects, as well as internal consumption, (as salt).
32.

‘O Richard, O mon roi,


L’univers t’abandonne!’
33. They used to lie to be owned in a conspicuous part of the city.
34. There are upwards of thirty scattered throughout the city.
35. I use this word according to the french acceptation, because we have not
one to express so forcibly the same signification.
Lately published,

RIGHTS OF WOMAN.
By Mary Wollstonecraft.

THE SECOND EDITION:

(PRICE SIX SHILLINGS IN BOARDS.)

PRINTED FOR J. JOHNSON IN ST. PAUL’S CHURCH-YARD.

Where may be had,


1. MARY: A Fiction. 3s. sewed.
2. THOUGHTS on the EDUCATION of DAUGHTERS. 2s. 6d.
sewed.
3. ORIGINAL STORIES from REAL LIFE; calculated to regulate
the Affections, and form the Mind to Truth and Goodness. 2s. 6d.
bound, with cuts; or 2s. without.
4. ELEMENTS of MORALITY, with fifty copper-plates. 3 vols. 10s.
6d. bound.
5. YOUNG GRANDISON: Letters from Young Persons to their
Friends. 2 vols. 6s. bound.
6. The FEMALE READER: Select Pieces in Prose and Verse, from
the best Writers, for the Improvement of Young Women. With a
Preface on Female Education. 3s. 6d. bound.
TRANSCRIBER’S NOTES
1. Silently corrected obvious typographical errors and
variations in spelling.
2. Retained archaic, non-standard, and uncertain spellings
as printed.
*** END OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK AN
HISTORICAL AND MORAL VIEW OF THE ORIGIN AND
PROGRESS OF THE FRENCH REVOLUTION; AND THE EFFECT
IT HAS PRODUCED IN EUROPE ***

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