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N° 30 – Information literacy, un concept pour nous

By Antonin Benoît DIOUF http://louisar.wordpress.com

Qui sommes-nous ?

Des spécialistes de l'information, d'autres diront professionnels de l'information dans un acte


d'affirmation qui ne doit souffrir d'aucune contestation, ni même d'aucun doute. Cependant
pour qu'un tel acte soit protégé de toute remise en cause, il nous faut nécessairement nous
donner les moyens d'être de vrais spécialistes. En d'autres termes notre devoir est de tout
connaître concernant la dynamique de l'information.

L'Information literacy (IL) figure en bonne place dans cette dynamique est n'est pas un
concept nouveau, car dès 1974, il a été mentionné par P. Zurkowski. Je ne vais pas revenir sur
la dizaine de définitions qui concerne le concept, là n'est pas mon propos. Il induit que tout
homme, tout au long de sa vie, doit arriver à une réelle maîtrise de l'information et cela par
l'acquisition de compétences informationnelles. Celles-ci peuvent se résumer à :

• savoir identifier ses besoins en information


• savoir formuler les bonnes requêtes
• connaître les sources d'information et les moyens de les interroger
• savoir évaluer ou critiquer l'information acquise
• savoir l'organiser pour mieux l'utiliser dans la vie quotidienne

Rien d'extraordinaire pour les spécialistes que nous-sommes, ce qui explique le titre choisi
pour ce billet, alors faisons-en un concept-nôtre comme le suggère cette étude sur la maîtrise
de l'information publiée par l'UNESCO sur le sujet. Cependant il ne s'agit plus pour nous
d'être des pourvoyeurs au sens classique du terme, où nous allions chercher l'information et la
communiquer à l'usager, mais bien de donner à ce dernier les moyens d'être autonome dans sa
quête informationnelle. Changement radical de cap donc et nouvelle vision de nos rapports
avec l'usager, celui-ci devenant de fait un élève à éduquer (nous ne lui donnons plus
l'information, nous lui apprenons à l'acquérir). Peut-être que spontanément ou ponctuellement,
au cours de nos pérégrinations professionnelles, avons-nous appris à quelques carabins
comment faire une recherche dans un catalogue matières ou auteurs ? Eh bien il s'agit de
dépasser ces gestes conjoncturels pour mettre en place des canaux structurels par lesquels,
l'accès à la maîtrise de l'information sera une réalité au sein de nos espaces documentaires.

Mais quels espaces documentaires ?

Tous sont concernés, du plus petit centre de documentation à la plus grande bibliothèque qui
puisse exister, en fait partout où nous rencontrerons des individus intéressés par une quête de
savoir. Les structures les plus évidentes pour remarquer cette quête de savoir sont, sans aucun
doute, les espaces d'éducation (écoles, lycées, universités,...) et les efforts de mise en pratique
du concept de l'IL s'y rencontrent le plus souvent (dans l'hémisphère nord notamment). Pour
ce qui est des possibilités d'application dans l'espace universitaire, je vous propose ci-dessous
(en fin d'article) une présentation faite à l'EBAD en octobre 2008, par une collègue de
l'Université de Varsovie. Je voudrai par contre suggérer quelques comportements en direction
des parents pauvres de la bibliothéconomie nationale (ou africaine généralement) que sont les
bibliothèques publiques et scolaires. On pourrait faire évoluer ces espaces en des lieux
d'apprentissage à la maîtrise de l'information, où les usagers (pour la plupart des élèves)
seraient initiés au processus de recherche d'information : quelles sont les principales sources
d'information (y inclus pour le numérique), comment les utiliser, quelle attitude adopter
devant la quête d'information, comment éviter "bruit" et "silence", comment exploiter des
résultats de recherche, etc. ? Au bout du compte, ils seront très tôt familiarisés aux techniques
d'acquisition du savoir qui leur seront utiles pour l'avenir. D'un autre côté la visibilité sera
accrue du côté des collègues qui interviennent dans ces environnements documentaires,
espaces qui cesseront d'être uniquement des dépôt de manuels scolaires ou autres lieux de
stockage de romans à l'eau de rose. Ces espaces seront perçus comme des lieux d'éducation en
même temps les salles de classe et leurs animateurs comme des éducateurs au même titre que
les enseignants et professeurs. Cela supposera cependant que les moyens soient mis à
disposition (parmi autres, une connexion Internet et les PC qui vont avec, un minimum), que
les objectifs et programmes de formation soient bien pensés et définis, mais surtout que les
spécialistes de l'information ainsi ciblés soient eux aussi capables de maîtriser l'information
par l'acquisition des compétences informationnelles (on ne peut transmettre que ce que l'on a
parfaitement maîtrisé) et affirmer ainsi leur professionnalisme. Nous rejoindrions ainsi les
préoccupations de l'IFLA qui, en 2004 à Buenos Aires, avait choisi l'IL comme un des thèmes
du congrès et a créé une "section IL" dès 2002.

Il ne s'agit pas ici de révolution mais d'évolution qui fait de nous, non plus les derniers
maillons du processus d'accès au savoir, mais les pourvoyeurs des clés qui ouvrent les portes
de la connaissance. Evolution nécessaire pour faire de nous des acteurs essentiels de la
Société de l'information qui présuppose, pour "boucler la boucle", que nous soyons nous
aussi inscrit à l'école de l'apprentissage tout au long de la vie.

Je suggère la lecture de cet article très bien fait et un rappel du dossier de l'UNESCO sur la
maîtrise de l'information.

Enfin la présentation tantôt évoquée et disponible sur slideshare.

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