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CRI-1100G

PSYCHOCRIMINOLOGIE

COURS #4
LES THÉORIES PSYCHANALYTIQUES
AUTEURS EUROPÉENS

Jean-François Laporte,
Criminologue, M.Sc.
Institut Philippe-Pinel de Montréal,
Centre régional de réception
jean-francois.laporte.1@umontreal.ca

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Psychanalyse/psychodynamique
 Sigmund Freud (1856-1939) a développé une
métapsychologie, une théorie qui tente d’expliquer
comment fonctionne l’appareil psychique

 Des limites de la psychanalyse est née l’approche


psychodynamique
PSYCHODYNAMIQUE
 Qu’est ce qui est pris en compte, analysé, dans l’approche
psychodynamique :

 1)      L’analyse des rêves : « la voie royale vers l’inconscient » [Freud] / Il y a des
restes diurnes = restes de la veille qui apparaissent dans les rêves

 2)      Association libre : On demande aux personnes de faire des associations libres
quand ils racontent un rêve, un souvenir…  de dire des phrases spontanément, de ne
pas réfléchir sur la chose = ne pas chercher à mettre de la conscience sur
l’inconscient.

 3)      L’analyse des conduites : c’est-à-dire des manières d’être. Différent de la


personnalité et de la psychopathologie. Une conduite, c’est seulement partiel (ex :
conduite alimentaire). Une conduite, c’est ce qui nous définit.
PSYCHODYNAMIQUE
 4)      L’analyse des pulsions : Une pulsion c’est ce que le psychisme fait de l’instinct, autrement
dit, c’est psychologiser le biologique. C’est le lien entre la physiologie, le biologique et le
psychologique.

 5)      L’analyse des conflits inconscients : Les mécanismes de défense mis en place pour
camoufler quelque chose de désagréable.
LES THÉORIES
PSYCHANALYTIQUES
Théories psychanalytiques
 Historique
 Concepts de base
 Auteurs européens
 Freud
 Aichorn

 Friedlander

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LES THÉORIES
PSYCHANALYTIQUES
 La psychanalyse (Freud) est constituée de trois
éléments majeurs
 Théorie de la personnalité normale et pathologique

 Méthode thérapeutique spécifique

 Méthode de recherche (dimensions inconscientes)

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LES THÉORIES
PSYCHANALYTIQUES
 La théorie psychanalytique n’est pas seulement une
description du fonctionnement de l’intérieur
psychique, mais plutôt la description d’un
système de lois qui permet de comprendre les
motivations inconscientes, les divers modes de
pensées, les modes relationnels, les symptômes et
qui explique l’organisation de la personnalité
normale ou pathologique

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Fondements théoriques

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FONDEMENTS THÉORIQUES
 Ça (id)
 Moi (ego)

 Surmoi (superego)

 Idéal du Moi
 Moi idéal
 Visent à décrire le rapport que l’on a à soi-même

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FONDEMENTS THÉORIQUES
 Ça: Le siège de l’inconscient
 Inconscient
 Agit sur l’individu comme une poussée de désir qui exige une
satisfaction. C’est le siège des pulsions libidinales et agressives
qui exigent du Moi d’être satisfaites.

 L’aspect passionné du psyché humain.

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FONDEMENTS THÉORIQUES
 Moi: Le conscient, la raison, la santé mentale
 Ce que l’individu conçoit naturellement comme ce qui constitue
le « je » en lui
 Son rôle: régulariser les pulsions potentiellement dommageables
du ça
 Médiateur entre le Ça et le Surmoi

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FONDEMENTS THÉORIQUES
 Surmoi: Le siège de la conscience
 Instance psychique responsable de la censure, des
interdits intériorisés, des impératifs, du sens moral
et des idéaux qui façonnent la personnalité
 Comme un « sur-je »
 L’individu se sent bon ou mauvais
 Se sent en accord avec lui-même ou coupable et
fautif selon un code moral interne
 Conscience morale

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FONDEMENTS THÉORIQUES
 Idéal du Moi
 L’image de ce que l’individu voudrait être ou devenir compte
tenu des limites imposées par la réalité et des exigences morales
imposées par le Surmoi
 Notion réaliste
 Les projets de l’Idéal du Moi changent dans le temps

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FONDEMENTS THÉORIQUES
 Moi idéal
 Fantaisies de grandeur
 Fantasmes de toute-puissance narcissiques
 Probabilité élevée d’être confronté à l’échec

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CONFLICTUALITÉ PSYCHIQUE
 Conflictualité psychique: fonctionnement inconscient qui
met en opposition le Ça et le Surmoi alors que le Moi
tente de répondre aux exigences de chacun de façon
adaptée pour l’individu. Dans certains cas les solutions
sont harmonieuses, dans d’autres cas, elles donneront
naissance à un aménagement qui conduira l’individu à
souffrir ou à causer des torts à autrui
MOI IDÉAL/SURMOI
 Le Moi doit faire la médiation
 Moi idéal peut servir de soupape narcissique, façon
d’échapper à une situation difficile, source de créativité
 Mais si le Moi idéal prend tout le plancher: agir
pulsionnel, délire, hypomanie, délinquance
 Surmoi peut être sain, mais s’il est surinvesti, sadique:
psychopathologie, inhibe toute réalisation, mène à des
conduites d’échecs, impose la dépression. « je suis un
incapable », « je ne mérite pas de vivre »
FONDEMENTS THÉORIQUES
 Le Moi doit satisfaire les désirs du Ça tout en
respectant les interdits du Surmoi.

 Pour certains, les solutions employées seront adaptées,


mais pour d’autres, un aménagement psychique
amènera les individus à souffrir ou à causer du tort aux
autres.

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FONDEMENTS THÉORIQUES
 Mécanismes de défense
 Stratagèmes utilisés par le Moi pour gérer les conflits
psychiques
 Les caractéristiques communes de tous les mécanismes de
défense sont :
 la personne nie, falsifie ou déforme la réalité
 c'est inconscient
 les mécanismes peuvent être utiles et salutaires pour maintenir
un état d'équilibre dans une situation précise.

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MÉCANISMES DE DÉFENSE
 Un certains nombre d’entre eux sont utilisés de façon permanente et banale.
 C’est ce qui donne naissance aux « traits de caractères » des personnalités saines.

 Un sujet n’est jamais malade « parce qu’il a des défenses » mais parce que les
défenses qu’il utilise habituellement s’avèrent :
 Inefficaces
 Trop rigides
 Pas assez variées
 Trop fréquentes
 Mal adaptées à la réalité interne et externe.
QUELQUES MÉCANISMES DE
DÉFENSE
 Conversion
 mécanisme par lequel un conflit psychique est transposé en symptômes somatiques
moteurs (paralysie) ou sensitifs.
 Déni
 Le patient refuse totalement la réalité. « Je ne suis pas malade ! ». Conflit entre le moi et
le monde extérieur. Il n’y a pas de refoulement, c’est un refus pur et simple de la réalité.
Il faut respecter le déni et éviter de ramener le patient à la réalité de façon trop brutale
(risque d’effondrement).
 Projection
 La projection est un mécanisme de défense qui permet de résoudre le problème d'une
colère inacceptable ou  bien un sentiment d'infériorité ou de mépris de soi, lorsque la
personne sur qui l'on voudrait déverser sa rage est hors de portée. On transfère alors sa
colère sur une personne qui ne peut pas riposter ou sur une situation extérieure. Sous sa
forme extrême, la projection devient paranoïa. Le paranoïaque rend le monde entier
responsable de ses problèmes et jamais lui-même. La projection est le mécanisme selon
lequel sont attribués à autrui des désirs ou des sentiments qu'une personne refuse de
reconnaître comme siens. Attribution inconsciente à autrui de ses propres pulsions et
conflits intérieurs.
QUELQUES MÉCANISMES DE
DÉFENSE
 Sublimation
 La sublimation est le mécanisme à partir duquel des tendances désavouées par le moi
sont déplacées vers d'autres tendances pouvant être utilisées à des fins valables, utiles et
appréciées. Exemple : l'agressivité et la sexualité que l'on sublime dans le travail, dans
un engagement.
 Refoulement
 Le refoulement est le mécanisme par lequel sont repoussées et maintenues dans
l'inconscient toutes les représentations (pensées, images, souvenirs) qui risquent de
provoquer de l'angoisse. Le refoulement se produit, par exemple, dans le cas où la
satisfaction d'un désir, susceptible de provoquer du plaisir, risquerait, au contraire, de
provoquer un conflit par rapport à d'autres exigences. Le refoulement maintient dans
l'inconscient des émotions, des souvenirs et des pulsions susceptibles de provoquer de
l'angoisse. Le refoulement est le dénominateur commun et précurseur de tous les
mécanismes de défense.
D’AUTRES MÉCANISMES DE DÉFENSE
 Compensation
 Dénégation
 Déplacement
 Dissociation
 Exagération
 Formation réactionnelle
 Identification
 Intellectualisation
 Introjection
 Négation
 Rationalisation
 Régression
 Répression
 Substitution
L’APPROCHE PSYCHODYNAMIQUE
EN CRIMINOLOGIE

 Deux grandes catégories d’affects (i.e. d’émotions)


vécus par le Moi méritent d’être distinguées
compte tenu de leur place importante dans la
psychodynamique délinquante:
 La honte: le Moi ressent de la honte lorsqu’il n’est pas à
la hauteur de ses idéaux (Idéal du Moi ou Moi idéal)

 La culpabilité: elle relève d’une tension entre le Moi et


le Surmoi en raison d’une transgression d’interdits.

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HONTE ET CULPABILITÉ
 Tous les individus ressentent de la honte et/ou de la culpabilité
 Dépendant de la personnalité, un affect sera présent plus que l’autre
 Narcissique: honte
 Névrotique, dépressive: culpabilité
 Honte et culpabilité peuvent entraîner des inhibitions ou, au contraire, des
actes de révoltes
 Les délinquants sont davantage sensibles à la honte qu’aux remords et à la
culpabilité.
L’APPROCHE PSYCHODYNAMIQUE
EN CRIMINOLOGIE

 Comprendre comment les conflits internes


peuvent influencer l’attitude, l’état émotif ou le
comportement d’un individu.

 Ensemble de systèmes en conflit qui implique la


poussée de désir et la pression de forces contraires
interdictrices, qui donne lieu à des compromis au
sein de la personnalité.

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L’APPROCHE PSYCHODYNAMIQUE
EN CRIMINOLOGIE
 L’approche psychodynamique vise donc à
comprendre la personne qui a commis un acte
criminel.

 Hypothèse d’un déterminisme inconscient.

26
L’École européenne

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L’ÉCOLE EUROPÉENNE
 Sigmund Freud: le sentiment de culpabilité

 August Aichorn: les lacunes parentales

 Kate Friedlander: la délinquance latente

28
Freud: le sentiment de
culpabilité

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L’ÉCOLE EUROPÉENNE: FREUD
Freud
 Médecin-neurologue

 Thématique d’intérêt de départ: désordres/troubles


psychologiques

 Travail effectué sur des patients hystériques


 Il fonde la psychanalyse

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L’ÉCOLE EUROPÉENNE: FREUD
 Il a écrit plusieurs livres,mais n’écrit presque pas
sur la criminalité
 Exception en 1916
 Il décrit une motivation inconsciente spécifique
 Il souligne la présence d’un sentiment de culpabilité très
intense chez des individus qui ont commis un délit
 Il mentionne que ces individus ont fait un délit dans le
but inconscient d’être punis
 Freud fait également un parallèle avec les individus qui
ne s’accordent pas le droit de réussir.
Exemple de délit:
 Vol commis par certaines personnalités publiques 31
L’ÉCOLE EUROPÉENNE: FREUD

Sentiment de
Délit
culpabilité

Sentiment de Délit
culpabilité
32
L’ÉCOLE EUROPÉENNE: FREUD
 Un concept clé reste associé à Freud,
le complexe
d’Œdipe (durant le stade phallique), surtout pour le
parricide
 En particulier le cas Halsmann (a tué son père)

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L’ÉCOLE EUROPÉENNE: FREUD
 Complexe d’Œdipe
 Investissement amoureux et érotique que le garçon ou la
fille fait sur le parent du sexe opposé

 Le parent du même sexe pour l’enfant est un rival

 Sentiments de jalousie et d’hostilité envers ce rival

34
L’ÉCOLE EUROPÉENNE: FREUD
 Pour l’époque, ces explications s’éloignent de
l’atavisme biologique

 Tentative de comprendre l’organisation


inconsciente

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Aichorn: les lacunes parentales

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L’ÉCOLE EUROPÉENNE: AICHORN
Aichorn
 Il travaille avec des jeunes marginaux à la fin de la
première guerre mondiale.

 Il dresse un portrait psychodynamique de ces jeunes.

 Il observe les carences du milieu familial dans le


développement de conduites délinquantes.

 Il propose le concept de « délinquance latente ».

37
L’ÉCOLE EUROPÉENNE: AICHORN
 En 1925, il soutient qu’il existe deux types de délinquants
 Délinquance transitoire
 Délinquance caractérielle

38
L’ÉCOLE EUROPÉENNE: AICHORN
 Délinquance transitoire
 Il croit que cela s’apparente à des symptômes névrotiques.

 Il souligne que ces délinquants ne comprennent pas les normes


de la société et ne s’y conforment pas.
 Notion importante de régression dans leur développement

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L’ÉCOLE EUROPÉENNE: AICHORN
 Délinquance caractérielle
 Ces délinquants ne comprennent pas aussi les
normes de la société car leur développement a
été arrêté.

 Ils présentent une personnalité narcissique


 Une personnalité tournée vers eux
 Faible capacité d’empathie

 Incapacité à entretenir de véritables relations

 Incapacité à voir l’autre comme étant distinct


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L’ÉCOLE EUROPÉENNE: AICHORN
 Aichorn propose trois constellations familiales pour
expliquer l’apparition de conduites criminelles
 Excès d’amour
 Excès de sévérité

 Excès d’amour et de sévérité

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L’ÉCOLE EUROPÉENNE: AICHORN
Excès d’amour
 Enfant
 Souvent un enfant unique
 L’enfant se sent utilisé et constate que sa mère se sert de lui; il ne

développera pas de capacité pour faire face à l’adversité (réalité sociale)


 L’enfant se sent constamment trahi, trompé et a beaucoup de difficulté à

faire confiance

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L’ÉCOLE EUROPÉENNE: AICHORN
Excès d’amour
 Rôle de la mère
 Recherche un amour marital plutôt que filial (attachement
sexualisé de nature égocentrique et narcissique).
 Ne refuse rien à l’enfant car elle ne veut pas perdre son

amour; l’enfant reste donc fixé à un stade où le plaisir seul


règne.

 Rôle du père
 Rôle effacé, presque absent.
 Il laisse la sphère de l’éducation spécifiquement à la mère.

43
L’ÉCOLE EUROPÉENNE: AICHORN
Excès de sévérité
 Un seul enfant maltraité.

 Il représente souvent ce qui est mauvais dans la famille


(mouton noir).

 Domination par les autres membres de sa famille.

 Il portera donc sa rébellion en dehors de la famille.

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L’ÉCOLE EUROPÉENNE: AICHORN
Excès de sévérité
 Plusieurs enfants sont maltraités
 Le père est un tyran.

 Mère maltraitée aussi et impuissante à protéger les


enfants.

 Frustration quotidienne.

45
L’ÉCOLE EUROPÉENNE: AICHORN
Excès d’amour et de sévérité
Combinaison de deux types d’interactions contradictoires
 Amour narcissique de la mère

 Elle le protège des réalités de la vie et il peut satisfaire

ses désirs surtout s’ils sont en accord avec sa mère.


 Passivité du père

 Il désapprouve la relation mère-fils.

 Sévérité du père

 Il veut compenser pour l’attitude de la mère.

46
Friedlander: la délinquance
latente

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L’ÉCOLE EUROPÉENNE:
FRIEDLANDER
Friedlander

 Psychanalyste britannique

 A surtout publié des travaux importants entre 1947-49

 Elle a défini le concept de délinquance latente

 Elle reste fidèle à Aichorn en insistant sur la fixation


au stade du plaisir
48
L’ÉCOLE EUROPÉENNE:
FRIEDLANDER
Trois capacités doivent se développer pour éviter la
formation d’un caractère antisocial

 Tolérance au délai dans la satisfaction de ses désirs

 Gratifications substitutives, i.e. que l’objet désiré soit


remplacé par un substitut

 Transformation d’un désir en son contraire

49
L’ÉCOLE EUROPÉENNE:
FRIEDLANDER
Notions importantes chez Friedlander

 Failles du moi
 Reste fixé sur le plan du principe du désir

 Traitement ciblé de certaines parties du Moi

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CONCLUSIONS SUR LES THÉORIES
PSYCHANALYTIQUES
 Validité empirique difficile à établir
 plusieurs construits non-observables
 recours à des études de cas cliniques

 L’utilité de la théorie pour les traitements


 utilité directe et évidente
 Délinquants=malades

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