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DROIT CAMBIAIRE

Instruments de paiement – Instruments de crédit – Incidents de paiement


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TITRE I - LE CHEQUE
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LA CREATION DU CHEQUE

LES CONDITIONS DE FORME

La création du chèque implique un certain formalisme. L’aspect le plus évident et par conséquent le plus évoqué concerne les mentions
qu’il doit comporter.

● La délivrance des formules de chèque

Aucune disposition du règlement CEMAC relatif aux systèmes, moyens et incidents de paiement n’impose le recours à un imprimé
normalisé délivré par la banque.

L’article 13 du règlement laisse plutôt entendre que le chèque peut valablement être créé sur une feuille quelconque, à condition de
porter les mentions exigées par la loi.
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A - La liberté de la Banque

La mise à disposition de la clientèle de formules de chèques n’est en rien une obligation. La banque n’est pas tenue d’ouvrir un
compte à toute personne qui le sollicite.

Cette liberté de la banque est consacrée dans l’espace CEMAC par l’article 9 du règlement relatif aux système, moyens et
incident de paiement, lequel précise qu’un tel refus n’a même pas à être motivé.

Il est seulement fait obligation à l’établissement de crédit, lorsque la demande d’ouverture a été faite par écrit, de délivrer
également au demandeur un avis de refus par écrit ou de le lui communiquer par lettre avec avis de réception.

L’exception de l’article 7 du règlement : « Toute personne physique ou morale domiciliée dans un Etat membre de la CEMAC et
dépourvu d’un compte de dépôt, a droit à l’ouverture d’un tel compte dans l’établissement assujetti de son choix ».
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Les conditions du droit au compte.

Il faut un refus établi d’au moins 3 établissements de crédit – Le client évincé s’adresse à la Banque Centrale – La Banque centrale
désignera un établissement de crédit chargé d’ouvrir un compte de dépôt permettant d’assurer au minimum les services de base liés
aux opérations de dépôt, de retrait et de virement au guichet, au traitement des avis de prélèvement et la remise de toute autre
formule de retrait.

Il est question des opérations qui ne font courir aucun risque ni à la Banque ni aux tiers.

Même lorsqu’elle a accepté d’ouvrir un compte ou a été contrainte de le faire en vertu du droit au compte, la banque n’est pas pour
autant obligée de délivrer des formules de chèque.

L’établissement de crédit est également en droit de demander à son client la restitution des formules de chèques qu’il détient déjà
(Art 78).

Le retrait est rendu obligatoire en cas d’interdiction bancaire, par l’Art 206 al 3, en cas d’interdiction judiciaire et par l’Art 209 en cas
de clôture du compte.
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B - Les vérifications nécessaires

Les établissements de crédits sont tenus, avant de mettre des formules de chèques à la disposition de leur clientèle, d’accomplir un
certain nombre de diligences ayant pour but de prévenir l’émission de chèques sans provision. (Infraction pénale).

Le compte étant le support nécessaire au paiement des chèques, des vérifications doivent d’abord être effectuées au moment
même de son ouverture.

L’art 226 prévoit que lors de l’ouverture d’un compte à un nouveau client, l’établissement de crédit doit s’assurer de son identité, de
son adresse sur présentation d’un document officiel en cours de validité.

Lorsqu’il s’agit d’un compte collectif, compte joint par exemple, ces diligences doivent être réalisées à l’égard de chacun des Co
titulaires.

Des vérifications supplémentaires sont exigées par l’établissement de crédit lorsqu’il s’agit d’un commerçant personne physique ou
morale.
L’incidence
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d’une procédure collective – L’interdiction bancaire ou judiciaire.

L’Art 228 al 1 du règlement CEMAC fait obligation, avant toute délivrance de formule de chèques, de vérifier la situation du postulant en
consultant le fichier des incidents de paiement sur chèque et cartes de paiement.

La Banque qui néglige de procéder à ces vérifications, ou qui délivre des formules de chèques nonobstant une mesure d’interdiction
bancaire ou judiciaire s’expose à des sanctions civiles et pénales.

● Sur le plan pénal, le fait de ne pas déclarer à la Banque des états de l’Afrique Centrale fait encourir à l’établissement de crédit
une amende de 100 à 3 mios de FCFA.

● Au plan civil : Obligation de payer l’insuffisance ou l’indisponibilité de la provision.


Le contenu du chèque

● Les mentions obligatoires du chèque

Art 13 du règlement CEMAC « Le chèque contient 1° la dénomination de chèque, insérée dans le

texte même du titre et exprimée dans la langue employée pour la rédaction de ce titre. 2° le mandat pur et simple de
payer une somme déterminée. 3° le nom de celui qui doit payer, dénommé tiré 4° L’indication du lieu où le paiement
doit s’effectuer 5° l’indication de la date et du lieu de création du chèque. 6° La signature de celui qui émet le
chèque, dénommé tireur ».

1° Tout autre titre qui ne contient pas la mention « chèque » est exclue et ne vaut pas comme tel.

2° le mandat de paiement ne peut être affecté d’une modalité quelconque, qu’elle soit suspensive ou résolutoire. Mais cette
règle signifie surtout que le mandat doit comporter l’indication d’un montant.

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3° L’Art 21 al 1 prévoit que « le chèque dont le montant est écris à la fois en toutes lettres et en chiffres vaut, en cas de
différence, pour la somme écrite en toute lettre ». L’alinéa 2 de ce même texte ajoute que « Le chèque dont le montant est
écrit plusieurs fois, soit en toutes lettres, soit en chiffre, ne vaut en cas de différence que pour la moindre somme ».
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Le chèque doit indiquer obligatoirement celui qui doit être payer, c’est-à-dire le tiré. Cette mention est destinée à permettre au
porteur de savoir à qui s’adresser pour obtenir le paiement du titre.

4° Une autre mention exigée par l’Art 13 du règlement CEMAC, est l’indication du lieu du paiement. L’on ne doit pas se contenter
de l’indication du nom de l’établissement tiré. Il faut préciser l’agence ou la succursale qui tient le compte. Lorsque plusieurs lieux
sont indiqués, le chèque est payable au premier lieu indiqué. En cas d’absence de lieu, le chèque est payable au lieu ou le tiré a
son établissement principal.

5° Le chèque doit comporter l’indication de sa date et de son lieu de création. L’indication de la date a une grande importance
pratique. D’une part pour apprécier la capacité et le pouvoir du tireur et l’existence de la provision et constitue d’autre part le point
de départ de présentation du chèque au paiement.

La nullité du chèque est encourue si le chèque est sans date ou comporte une date incomplète.

6° La signature de celui qui émet le chèque. Mention capitale car la Jurisprudence considère qu’un titre qui ne comporte la
signature du tiré/tireur ou qui comporte une fausse signature est nécessairement nul en tant que chèque.
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C - La sanction de l’omission des mentions obligatoires

L’Art 14 al 2 « le titre dans lequel une des énonciations indiquées à l’article précédent fait défaut ne vaut pas
comme chèque ». Cela signifie que le titre est nul en tant que chèque.

Il s’ensuit, par voie de conséquence, que le porteur d’un tel titre ne peut plus exercer les recours liés à la qualité de
titre Cambiaire du chèque.

En pratique, les formulaires de chèques fournis par les établissements de crédit indiquent la plupart des mentions
obligatoires déjà pré-imprimées.

NB : Le chèque étant un instrument de paiement, il est payable à vue et ne saurait comporter d’échéance. La
stipulation d’une date d’échéance le transformerait en effet en un instrument de crédit, ce que le titre cambiaire n’est
pas.
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LES CONDITION DE FOND

Les conditions relatives aux parties

L’aptitude du tireur à émettre le chèque (le pouvoir d’emettre un cheque)

En mettant un chèque en circulation, le tireur prend un engagement de nature cambiaire et se pose alors les questions
de sa capacité et de son pouvoir.

● La capacité d’émettre un chèque

Le mineur non émancipé ne peut pas émettre de chèque du fait de l’incapacité générale qui le frappe.

Toutefois, la pratique bancaire admet en effet que les mineurs, dont l’âge s’approche de la majorité, puisse ouvrir des comptes
bancaires et émettre des chèques correspondant à certaines dépenses de la vie courantes.

Voir Art 606 du code civil Gabonais autorise le mineur travailleur à disposer librement des produits de son travail à partir de l’âge
de 18 ans.
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L’art 6 al 1 de l’Acte uniforme de l’OHADA sur le droit commercial général autorise le mineur émancipé à accomplir des actes de
commerce, il s’ensuit que ce dernier peut émettre des chèques pour l’exercice d’une activité commerciale.

En revanche un majeur sous curatelle peut sans restriction, émettre des chèques pour les dépense de la vie courante. L’assistance du
curateur sera en revanche requise si l’émission du chèque permettait d’accomplir un acte de disposition.

L’incapacité du tireur du chèque est sanctionnée par la nullité relative de son engagement. En l’occurrence, le souci de protection des
incapables prime sur la sécurité cambiaire.
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● Le pouvoir d’émettre un chèque

○ Lorsque l’émetteur intervient en qualité de mandataire.

Un chèque peut être émis par une personne autre que le tireur lui-même. C’est le cas des personnes morales titulaire de compte qui
tire les chèques par l’intermédiaire de leurs représentants légaux.

L’Art 23 du règlement CEMAC « Quiconque appose sa signature sur un chèque, comme représentant d’une personne pour laquelle il
n’avait pas le pouvoir d’agir, est obligé lui-même en vertus du chèque et, s’il a payé, a les mêmes droits qu’aurait eu le prétendu
représenté. Il en est de même du représentant qui a dépassé ses pouvoirs. »

Le paiement du chèque effectué par le Banquier, alors qu’il avait connaissance de la révocation du mandat, n’est pas libératoire à
l’égard du titulaire du compte.

La jurisprudence admet cependant la possibilité pour le banquier tiré d’exercer une action sur le fondement de l’enrichissement sans
cause contre le mandant ou une action en répétition de l’indu contre le bénéficiaire du chèque.
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○ Au sein du couple marié

Le lien matrimonial a-t -il une incidence sur le pouvoir des personnes mariées d’émettre les chèques ?

En droit français, chacun des époux a la latitude de se faire ouvrir un compte bancaire à son nom personnel et peut y émettre
librement des chèques.

La règle n’est pas très claire en droit gabonais. L’art 263 « sous tous les régimes, chacun des époux perçois ses gains et salaires, et
peut en disposer librement après s’être acquitté des charges du ménage ».

Art 262 « Lorsque la femme exerce une profession ou l’administration et la jouissance de ses biens, elle peut se faire ouvrir un
compte courant en son nom propre ».

Il faut déduire de la lecture combinée de ses deux textes que le droit gabonais permet à chacun des époux d’être titulaire d’un
compte bancaire sur lequel il peut librement émettre des chèques.
L’ouverture d’une procédure collective
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L’ouverture d’une procédure collective à l’encontre du titulaire d’un compte bancaire affecte aussi, le pouvoir de ce dernier d’émettre
les chèques.

La décision qui prononce la Liquidation Judiciaire emporte de plein droit, le dessaisissement du débiteur des pouvoir d’administration
et de disposition de ses biens.

Sous le régime de redressement Judiciaire, le débiteur sans être totalement dessaisi, doit néanmoins se faire assister par le syndic
dans l’accomplissement des actes juridiques significatifs.

Cela implique que pour le fonctionnement de son compte bancaire par l’émission de chèque, le débiteur devra obtenir la signature du
syndic apposée à côté de la sienne.

Les chèques émis en violation du dessaisissement ou de l’obligation d’assistance par le Syndic sont inopposable a la masse.
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○ L’émission d’un chèque tiré sur un compte collectif

Deux situations : le compte collectif et le compte joint.(mari et femme)

Le compte indivis (ex : entre héritiers) est soumis au droit commun de l’indivision. Il s’ensuit que les actes d’administration et de
disposition sur les biens indivis exigeant le consentement de tous, l’émission de chèques sur le compte bancaire indivis nécessite la
signature commune de tous les indivisaires.

Le compte joint est un compte collectif assorti d’une solidarité active, c’est-à-dire d’une solidarité entre créanciers.

La conséquence est que chaque Co titulaire du compte est créancier du banquier ( les depots) pour l’intégralité de la somme
disponible et peut, de ce fait y effectuer SEUL toutes les opérations de retrait. Chacun des co titulaires du compte dispose
INDIVIDUELLEMENT du pouvoir d’émettre les chèques sur ce compte joint.
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Les conditions relatives à la provision

L’émission d’un chèque est justifiée par l’obligation de restitution qui pèse sur la banque à la suite des dépôts de fonds effectués sur
son compte par le tireur. La provision s’analyse alors comme la créance que détient le tireur contre le tiré.

Ce n’est pas parce qu’elle sera débitrice du tireur que la Banque pourra payer le porteur du chèque.
D - L’existence de la provision
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L’art 15 al 1er « Le chèque ne peut être tiré que sur un établissement assujetti ou toute entité habilitée à être tiré de chèque et ayant
au moment de la création du titre des fonds suffisants à la disposition du tireur et conformément à une convention expresse ou
tacite, aux termes de laquelle le tireur a le droit de disposer de ses fonds par chèque ».

Le tiré doit tenir à la disposition du tireur, dès l’instant même de l’émission du chèque, des fonds suffisant pour en assurer le
paiement.

Cette règle s’explique essentiellement par la nature d’instrument de paiement du chèque. En effet, le chèque étant payable à vue, le
bénéficiaire est en droit de réclamer immédiatement le paiement au tiré.

La provision doit exister au moment au moment où le chèque est tiré. Ce dernier doit de ce fait disposer des fonds lui permettant de
couvrir l’ordre de payer que le tireur lui a adresser en émettant le chèque.

C’est le différence fondamentale entre le CHEQUE et la LETTRE DE CHANGE, car celle-ci étant seulement un instrument de crédit,
sa provision doit seulement exister au jour de l’échéance.
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L’existence de la provision, pour importante qu’elle soit, n’est pas une condition de validité du chèque. Le chèque émis sans
provision n’en est pas moins valable.

L’exigence d’une constitution immédiate de la provision ne présente qu’un intérêt théorique. Car si la provision si la provision existe
bien au moment de la présentation du chèque au paiement son absence de constitution dès l’émission du titre n’aura aucune
conséquence.

C’est le refus de paiement par le tiré qui entraîne la mise en œuvre des règles sanctionnant le défaut de provision.

Cette règle s’explique essentiellement par la nature d’instrument de paiement du chèque. En effet, le chèque étant payable à vue, le
bénéficiaire est en droit de réclamer immédiatement le paiement au tiré.
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