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A Mlle Fanny de P.

vous que votre ge dfend, Riez ! tout vous caresse encore. Jouez ! chantez ! soyez l'enfant ! Soyez la fleur ; soyez l'aurore !

Quant au destin, n'y songez pas. Le ciel est noir, la vie est sombre. Hlas ! que fait l'homme ici-bas ? Un peu de bruit dans beaucoup d'ombre.

Le sort est dur, nous le voyons. Enfant ! souvent l'oeil plein de charmes Qui jette le plus de rayons Rpand aussi le plus de larmes.

Vous que rien ne vient prouver, Vous avez tout, joie et dlire, L'innocence qui fait rver, L'ignorance qui fait sourire.

Vous avez, lys sauv des vents, Coeur occup d'humbles chimres,

Ce calme bonheur des enfants, Pur reflet du bonheur des mres.

Votre candeur vous embellit. Je prfre toute autre flamme Votre prunelle que remplit La clart qui sort de votre me.

Pour vous ni soucis ni douleurs, La famille vous idoltre. L't, vous courez dans les fleurs ; L'hiver, vous jouez prs de l'tre.

La posie, esprit des cieux, Prs de vous, enfant, s'est pose ; Votre mre l'a dans ses yeux, Votre pre dans sa pense.

Profitez de ce temps si doux ! Vivez ! - La joie est vite absente ; Et les plus sombres d'entre nous Ont eu leur aube blouissante.

Comme on prie avant de partir, Laissez-moi vous bnir, jeune me, -

Ange qui serez un martyr ! Enfant qui serez une femme !

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