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AFFAIRE JEROME KIERVIOL

CONTRE
GEORGETTE GÈMELAIVACH

CONCOURS NATIONAL – FINALE NATIONALE


NIVEAU LICENCE 1
CONTACT : CLEMENT BOUSQUET (SECRETAIRE GENERAL) 06 79 32 64 65
Georgette GÈMELAIVACH habite le charmant petit village de TROUDÈZOI dans la Creuse. Avec son
amie Collette, elles aiment à se retrouver au petit café du village. C’est surtout l’occasion de discuter
des commérages du village et des alentours. Il faut dire que depuis 72 ans qu’elle vit là, Georgette en
a vu des choses dans ce village. Ce qu’elle préfère c’est le jeudi entre 12h30 et 17h : au café, il y la
réunion du Club des tricoteuses. Oui, parce que Madame GÈMELAIVACH a une passion : le tricot. Elle
produit d’ailleurs quantité de pièces qu’elle offre à ses amis.

Georgette GÈMELAIVACH est dynamique. Ayant repris l’exploitation de son oncle et de sa tante – qui
l’ont élevée – elle s’occupe seule de ses quelques animaux. Collette conseille souvent son amie
autour d’un petit verre au café, lors des décisions stratégiques pour sa petite ferme. Bien sûr,
l’exploitation est toute petite, il n’y a que trois vaches, deux cochons, une vingtaine de lapins, quatre
ânes, six poules et deux coqs. « Ca fait tout de même beaucoup de travail pour cet’ brrrrrave dame »,
comme dit souvent Collette.

En janvier 2005, Jérôme KIERVIOL – trader entre Londres et Paris - prend une grande décision. C’est
décidé, il va acheter sa petite maison dans la prairie (400m² au sol, 3 étages, 6 chambres avec salles
de bain, grand jardin, piscine…), un petit pied-à-terre en somme pour faire le vide. Il souhaite
renouer avec la terre de ses ancêtres, la Creuse. Alors qu’il est dans l’Euristar pour Londres, son
Plackberry sonne. C’est une alerte mail pour une annonce nouvellement publiée dans le P2P, un
journal d’immobilier londonien très au fait des petites maisons de campagne françaises pour
humbles traders, comme Jérôme. Le WE suivant, il se rend à TROUDÈZOI, le charmant village où se
trouve la maison. C’est le coup de cœur ! Un point essentiel pour Jérôme : son Plackberry capte sur
tout le terrain. Il fait la connaissance de sa voisine, Georgette, une charmante retraitée qui élève
encore quelques animaux, dans sa ferme située à 80 mètres. C’est encore plus dépaysant !

Six mois plus tard, Jérôme, sa femme – Angélique - et leur nouveau né – Grégory - passent leurs
premières vacances dans le charmant village. Georgette est toujours là pour leur indiquer les « bons
plans » de la région. Elle offre même à Grégory une panoplie de vêtements fraîchement tricotés.

La crise financière touchant de plein fouet les places boursières, Jérôme est licencié en septembre
2008. La petite famille quitte la capitale pour venir s’installer à TROUDÈZOI. Toute la famille retrouve
avec joie Georgette et son amie Collette qui leur font un accueil chaleureux.

Le jeudi 4 décembre 2008, Georgette et Collette se retrouvent pour leur rendez-vous habituel. C’est
l’effervescence ce jour-là : tout d’abord, il y a le Beaujolais Nouveau qui est arrivé et tout le monde a
bien l’intention d’en profiter. Et puis – et surtout – Jean DONLKEURLACHE qui avait été hospitalisé
d’urgence vient de mourir d’un arrêt cardiaque. Tout le village est en émois et boit à son souvenir. Il
y a surtout un détail qui perturbe Georgette : Jean avait un joli cochon domestique, un beau verrat
bien rose. Sur les vives recommandations de Collette et avec l’accord des autres villageois, Georgette
prend le cochon chez elle le soir même. « Il s’entendra à merveille avec mes deux truies », pense t-
elle. Ce n’est pas peu dire ! 115 jours plus tard, Babe et Babette donnent respectivement naissance à
10 et 13 porcelets. Tout ce petit monde vit en parfaite liberté dans la grande cour de Georgette.
Georgette et Collette boivent de l’eau-de-vie pour fêter ces naissances. Seuls les deux coqs semblent
perturbés de cet événement. Ils se mettent à chanter à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit,
ce qui ne dérange cependant pas Georgette qui a généralement un sommeil de plomb, en particulier
après un « petit verre ».

Pendant ce temps, Jérôme fait une dépression. Il est très affecté par son chômage forcé. La
dépression provoque de très nombreuses sautes d’humeur chez Jérôme, difficiles à gérer. Pourtant
Angélique essaie de lui remonter le moral par la pratique du jardinage et de la culture de quelques
légumes.

Si Jérôme, à l’annonce de la naissance, est plutôt content pour sa voisine qu’il aime beaucoup, les
porcelets deviennent petit à petit une véritable plaie pour ces ex-citadins. Les odeurs portées par le
vent fréquent sont insupportables. Angélique est régulièrement soumise à des nausées violentes. Les
parents s’inquiètent pour la santé de leur enfant car ces odeurs sont probablement chargées de
bactéries. Rapidement, des mouches en grand nombre viennent rendre les déjeuners sur la terrasse
des KIERVIOL ingérables. Angélique et Jérôme en viennent à se demander s’ils ne vont pas finir par
voir l’eau de leur puits polluée. Evidemment le nombre de cochons conduit à des nuisances sonores
plus importantes, sans parler des coqs qui chantent désormais de façon complètement impromptue.
Jérôme y est d’autant plus sensible que son sommeil est très irrégulier du fait de sa dépression.

Le jeudi 15 janvier dernier, Georgette et Collette se sont bien amusées au café. Elles en ressortent un
peu éméchées et Georgette a quelques difficultés à assurer ses tâches de gestion quotidienne de la
ferme avant d’aller se coucher. Pendant la nuit, six des « petits » cochons s’échappent de l’enclos en
plein air que Georgette leur a construit. Quelle n’est pas leur surprise quand ils découvrent la piscine
bâchée des voisins ! Ils y voient un splendide terrain de jeu et n’hésitent pas à y laisser quelques
« souvenirs » fort nauséabonds. Les fleurs d’Angélique – des roses de Noël - sont également très
attrayantes. Les cochons s’y roulent abondamment. Le nec plus ultra vient avec la découverte de la
petite serre des KIERVIOL : à eux pommes de terre, tomates et betteraves !

Lorsque la petite famille se réveille le lendemain, c’est le désastre dans leur propriété ! Les dégâts
matériels sont importants. C’en est trop ! Jérôme KIERVIOL décide d’attaquer Georgette
GÈMELAIVACH en justice pour troubles du voisinage.

Par une plaidoirie aussi éloquente que juridiquement fondée et d’une durée maximale de dix
minutes, vous défendrez, en tant que demandeur, les intérêts de Jérôme KIERVIOL, et, en tant que
défendeur, ceux de Georgette GÈMELAIVACH.

Les parties disposent d’un droit de réponse d’une minute.

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