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Troisième Partie

Partant du postulat que Sherlock Holmes présente effecti-


vement une personnalité à structure borderline avec tout ce que
peut impliquer une telle pathologie, nous allons maintenant tenter
– dans une étude purement spéculative – de mettre à jour le côté
le plus obscur du personnage en interprétant les non-dits du texte
(peut-être des mensonges par omission du Dr Watson) mis en re-
lation avec les attitudes les plus ambiguës, donc les plus suspectes,
du détective…
Nous avons déjà souligné dans les parties précédentes com-
bien les constantes de la conduite holmesienne désignaient, dans
leur ensemble, le personnage comme psychologiquement « suspec-
table ». Aussi, la caractérologie de Sherlock Holmes nous amène-
t-elle à nous interroger sur les conséquences du départ de Watson
qui, à la suite du Signe deS Quatre (situé en juillet 1887 dans la
chronologie intra-diégétique du Canon1) quittera la garçonnière de
Baker Street pour épouser Mary Morstan2 : une telle défection de
la part du compagnon qui lui garantissait un équilibre psycholo-
gique, bien que précaire, aurait-il pu engendrer chez lui une ré-
gression et déclencher, par là-même, le passage à l’acte ?
C’est sur la base de cette hypothèse que repose la réflexion
qui va suivre, laquelle se veut le reflet d’un questionnement sur les
égarements probables d’un homme que l’abandon de son plus fi-
dèle soutien pourrait avoir conduit à de funestes pérégrinations…
1. Dr WAtSoN getS MArrieD…

Petite chroniQue d’une régreSSion annoncée

WatSon : … voilà notre petit drame parvenu à sa conclusion. Mais je


crains, Holmes, que ceci soit notre dernière affaire : Mlle
Morstan m’a fait l’honneur de m’accepter comme son futur
mari.
holmeS : J’en avais peur ! Je ne peux vraiment pas vous féliciter.
WatSon : Avez-vous quelque raison de trouver mon choix mauvais ?
holmeS : Absolument pas : c’est une des plus charmantes jeunes
femmes que j’aie jamais rencontrées ! (…)
WatSon : … vous avez l’air fatigué, Holmes !
holmeS : La réaction ! Je vais être comme une épave toute une se-
maine.
WatSon : Il est étrange que ce que j’appellerais de la paresse chez un
autre homme alterne chez vous avec ces accès de vigueur et
d’énergie débordantes.
holmeS : Oui. Il y a en moi un oisif parfait et un gaillard plein d’al-
lant. Je pense souvent à ces vers du vieux Goethe : “Schade
das die Natur nur einen Mensch aus dir schuf,/ Den zum
würdigen Mann war und zum Schelmen der Stoff *·“ (...)
WatSon : Le partage semble plutôt injuste ! C’est vous qui avez fait
tout le travail dans cette affaire. A moi, il échoit une épouse ;
à Jones, les honneurs. Que vous reste-il donc, s’il vous plaît ?
holmeS : A moi ? Mais il me reste la cocaïne, docteur !
(et il allonge sa longue main blanche pour se servir.)3

Ainsi pourrait être transposé le dialogue qui clôture le


Signe deS Quatre… Cependant, l’annonce de ce mariage n’en est
pas pour autant une surprise – tout au long du récit, Watson ne
tarit pas d’éloges à l’égard de Mary Morstan, dont il se fait le che-
valier servant – mais, présenté en ces termes, il prophétise la fin de
la collaboration des deux hommes commencée quelque sept ans
auparavant.
Avant de quitter définitivement Baker Street pour s’installer
dans sa nouvelle vie, laquelle l’absorbera dans un bonheur si com-
plet qu’il en oubliera presque son ancien ami4, le Dr Watson parti-
cipera à une dernière enquête dont il ne donnera un compte rendu
que quatre ans plus tard5, celui intitulé un ariStocrate céliba-
taire : c’est cette affaire qui nous permet de situer son union soit à
la fin de l’automne, soit au début de l’hiver de l’année 18876.
A l'arrière plan de ce dialogue, se pressent déjà la régression
de Holmes qui, par réaction à l’inertie occupationnelle qu’implique
la fin de l’enquête, mais aussi sans doute pour se donner conte-
nance face à l’aveu de Watson, ne semble trouver d’issue que dans
sa toxicomanie, érigée pour l’occasion en panacée à la cafardeuse
solitude dont il sait qu’il sera la proie – son discours témoignant, à
mots couverts comme de coutume, des signes avant-coureurs de
sa montée d’angoisse. Mais s’il conçoit que la défection de son ami
sera pour lui une épreuve et que l’équilibre précaire qu’il avait
acquis en sa présence est d’ores et déjà déchu, le détective demeure
égal à lui-même, nimbé de sa légendaire forfanterie et de sa feinte
indifférence. Sa réputation faite, « ne sort[ant] de la torpeur de la
drogue que pour se livrer à la fougueuse énergie de son tempérament7», il
poursuivra malgré tout sa carrière dont le narrateur nous rappor-
tera les échos glanés dans la presse quotidienne au cours d’un bref
entrefilet présenté en introduction d’un Scandale en bohême8.
C’est cette affaire du Scandale en bohême qui va permettre
à nos protagonistes de renouer avec leurs anciennes habitudes et
souligner à quel point le malaise holmesien est palpable. La
nostalgie est le ton général de ce récit, mais il laisse percevoir que
chacun d’entre eux sait combien il doit à l’autre, même si la nature
de leur relation et les intérêts qu’ils y ont puisés diffèrent…
Watson, tout à son bonheur personnel, semble ne concevoir sa
relation à Sherlock Holmes que comme un tremplin à la réhabili-
tation sociale et à la félicité que lui confèrent son mariage – « cette
porte [de Baker Street] sera toujours associée dans mon esprit au prélude
de mon mariage9 », écrit-il. Holmes, pour sa part, toujours sous le
masque d’une fausse impassibilité, laisse poindre son soulagement
de voir reparaître à ses côtés le seul homme en qui il ait jamais
placé sa confiance – « sans mon historiographe, je suis un homme
perdu10 » – et, alliant le geste à la parole, face aux exigences de son
client, il montrera combien la présence de Watson lui est chère11.
Mais le retour de Watson n’est que ponctuel et, bien qu’il
feigne de l’occulter, Holmes est conscient du caractère temporaire
de la reconduite de leur association qui s’avèrera, au cours des
mois et années à venir, épisodique. Pourtant, si l’on répertorie les
affaires qu’ils mèneront ensemble entre la fin de cette année 1887
et le mois de mai 1891 (date du Grand Hiatus, rappelons-le), on
n’en compte par moins de dix-huit (presque le quart de la totalité
d’entre elles) :
année 1888 :
Un Scandale en Bohême [SCAN] - mars
Une Affaire d’identité [iDeN] - printemps
L’employé de l’Agent de Change [StoC] - juin
Le tordu [Croo] - été
Le traité Naval [NAVA] - août
Les Cinq Pépins d’orange [FiVe] - septembre
La Deuxième tâche [SeCo] - automne

année 1889 :
L’Homme à la Lèvre tordue [tWiS] - juin
Le Pouce de l’ingénieur [eNgr] -été
Le Chien des Baskerville [HoUN] - octobre
L’escarboucle Bleue [BLUe] - fin décembre

année 1890 :
Les Hêtres Pourpres [CoPP] - printemps
Le Mystère du Val Boscombe [BoSC] - juin
La Ligue des rouquins [reDH] - octobre

année 1891 :
La Vallée de la Peur [VALL] - janvier
L’interprète grec [gree] - fin janvier
L’Aventure de Wisteria Lodge [WiSt] - mars
Le Dernier Problème [FiNA] - mai
auxquelles nous pourrions ajouter celle de la Figure Jaune
[YeLL], probablement située entre 1888 et 1891, mais que l’absence
d’indications chronologiques ne nous permet pas de dater avec
précision.
Ce pour dire que, durant cette période, et en dépit de son
mariage allié à la reprise d’une activité professionnelle, Watson
demeurera un référent pour Holmes, son point d’ancrage – « le seul
point fixe d’une époque changeante12 » comme il le qualifiera lui-même
dans Son dernier couP d’archet.

interrogationS…

L’accès aux paradis artificiels qu’octroie l’usage de la


drogue ne guérit pas de tout, bien au contraire, et le traumatisme
de l’abandon vécu par Holmes pourrait avoir eu de bien plus
grandes répercussions sur son psychisme qu’il n’en laisse paraître.
Les seuls éléments biographiques que nous ayons le concer-
nant sont ceux que Watson nous rapporte au cours des dix-huit ré-
cits susmentionnés.
Qu’advient-il donc de Sherlock Holmes, lorsque privé d’en-
quêtes destinées à nourrir son esprit, la « monotonie de l’existence13 »
s’empare de son quotidien, laissant la porte ouverte aux affres
d’une angoisse qui sommeille au tréfonds de lui ? est-il envisagea-
ble que, réduit à lui-même, sans garde-fou ni compagnie pour tem-
pérer sa fougue et soulager ses tourments, le grand détective se
laisse submerger par ses bouffées anxiogènes et succombe à une
noire impulsivité, reflet du côté le plus obscur de sa personnalité ?
en évoquant cette éventualité, on ne peut pas ne pas faire
référence à l’œuvre – avant-gardiste pour l’époque, voire prophé-
tique – de robert Louis Stevenson : le caS etrange de dr Jekyll
& mr hyde14 dépeint selon son auteur “ le cas d’un homme comme
nous tous, fait de bien & de mal, chez qui la drogue provoque un dé-
doublement radical, de sorte que les deux moitiés, la bonne et la mau-
vaise, agissent non seulement indépendamment, mais à l’insu l’une
de l’autre ... ” et qui laisse son double sinistre et corrompu
(jusqu’alors enfoui dans les replis de son être) se manifester au
point de parvenir, dans une situation de non-retour, à dominer
l’ensemble de sa personne.
Cette torpeur que lui procure sa toxicomanie et dans la-
quelle Holmes s’enlise quand l’énigme criminelle lui fait défaut,
pourrait-elle être à l’origine d’une métamorphose de sa personna-
lité – métamorphose néfaste qui, comme chez Jekyll, aurait permis
l’épanouissement d’un double inavouable ?

raPPel15

Pour donner plus de poids à ce postulat, il faut revenir à la


définition des troubles de la personnalité borderline, lesquels sont
principalement caractérisés – rappelons-le – par une instabilité
généralisée du comportement envers autrui, de l’humeur et de
l’image de soi qui s’exprimerait selon quatre registres psychopa-
thologiques : l’agressivité, le trouble des réactions affectives, le
trouble de l’identité et une dépression marquée par le sentiment
de solitude.
Comme nous l’avons décrit dans la partie précédente, ce
trouble du caractère se traduit à travers une très grande variété de
symptômes, alors même qu’un diagnostic de personnalité
implique, en règle générale, la constatation d’un mode de vie spé-
cifique, peu adapté et sans expression symptomatique. Le borderline
est un patient qui, pour sa part, offre à l’interlocuteur une façade
paisible et “normale”, et qui fait montre d’une adaptabilité remar-
quable au monde du travail, comme aux liens d’amitié ; mais cette
capacité d’adaptation sociale cache une symptomatologie protéi-
forme. tous les symptômes, en effet, peuvent se rencontrer chez
un même sujet : signes névrotiques, phobies surtout sociales, com-
portement hystérique, symptômes hypocondriaques et obsession-
nels, tendance sexuelle perverse polymorphe avec vie sexuelle
cahotique, mais surtout troubles des comportements marqués par
l’impulsivité, la fréquence des conduites addictives, les tentatives
de suicide qui sont les classiques “passages à l’acte”. Habituelle-
ment, l’acte accompli, le sujet n’est plus syntone16: il s’en accuse et
dit ne pas le reconnaître comme résultant de sa volonté propre – le
passage à l’acte relevant plus en effet ici du registre de la décharge
émotionnelle que de la transgression, comme c’est le cas chez les
psychopathes.
Le syndrome borderline relève donc d’une pathologie de la
relation dont le noyau, selon certains experts, résiderait dans un
état de colère à l’égard de l’objet. Le borderline instaure, nous
l’avons vu, une modalité relationnelle marquée par une affectivité
intense et peu maîtrisable, l’absence de prise en compte des limites
de soi et de l’autre, et dont le caractère très envahissant, avide et
analictique des relations instaurées est une constante. A la moindre
frustration, le patient peut opérer un désinvestissement brutal de
l’objet assorti de sentiments persécutifs à son égard et d’une déva-
lorisation de celui-ci. L’intolérance extrême des borderline à l’an-
goisse et à la frustration, ainsi que leur manque de contrôle
pulsionnel expliquent la fréquence de leurs passages à l’acte (hé-
téro ou auto-agressifs, conduites addictives...), lesquels se définis-
sent comme des symptômes de type défensif par rapport à la
souffrance ingérable qu’ils ressentent et qu’ils déchargent sur un
mode impulsif.
Ainsi, les patients borderline demeurent-ils dans une sorte
de dépendance transférentielle. Ayant, dans la plupart des cas,
connu un père dominateur et une mère masochiste sexuellement
séductrice (dont on souligne souvent la précoce disparition) et subi
parfois des rapports parents-enfants extrêmement durs, ils affi-
chent une conduite sexuelle impulsive et connaissent une confu-
sion sexuelle (l’homosexualité et d’autres variations sexuelles chez
les patients des deux sexes étant généralement fréquentes) qui ré-
sultent du refus de s’investir dans une relation amoureuse par
crainte généralement de perdre son identité, comme son intégrité,
et de faire naître en soi une agressivité destructrice, le tout étant
étroitement lié à une ambivalence amour/haine très pré-œdi-
pienne et à une immense amnésie de la période concernée de l’en-
fance. Se percevant comme des êtres robotisés (sous la coupe de
pulsions machiniques), ils affichent une déconcertante désaffec-
tion, tout en demeurant soucieux de leur niveau intellectuel :
capables d’incessants interrogatoires, de diatribes philosophiques
mais se croyant déficient, ils mettent leurs capacités intellectuelles
face à des défis qu’ils se chargent, à tout prix, de surmonter. Subis-
sant alors des phases de dépersonnalisation et des épisodes psy-
chotiques réversibles, ils gardent cependant le sentiment d’une
identité personnelle stable.
Hormis l’évocation d’états dissociatifs, le Canon nous donne
à observer, à travers les propos rapportés du Dr Watson, l’ensem-
ble de ces traits de caractère derrière le masque que s’oblige à por-
ter Sherlock Holmes… C’est en cela que le départ de Watson nous
amène à nous interroger sur l’existence de répliques présumées du
détective face à un tel événement supposé traumatique. Ayant me-
suré l’attachement qu’il voue à son compagnon et l’envergure du
capital psycho-affectif qu’il a investi dans leur relation, on pourrait
comprendre alors, compte tenu de la pathologie qui est la sienne,
l’étendue de sa réactivité à ce qu’il a sans doute perçu comme une
véritable atteinte à sa personne.
Les complications évolutives du syndrome sont essentielle-
ment, nous dit-on, la dépression (sentiment d’abandon et de soli-
tude, colère intense ou sentiment d’impuissance et de
dépersonnalisation devant l’absence de l’objet recherché) ou des
épisodes psychotiques marqués par la pseudo-confusion avec, au
premier plan, la déréalisation et la dépersonnalisation, voire la dés-
organisation de la pensée et l’idée persécutive pouvant induire un
diagnostic de trouble schizophrénique – les décompensations sur-
venant fréquemment après l’absorption d’alcool ou de drogues. Se
pourrait-il donc que Sherlock Holmes, eu égard de son instabilité
émotionnelle et de la dimension traumatique que revêt le départ
de Watson, cède à son impulsivité au point d’aboutir à une mise
en actes des conflits qui l’aliènent ?

chercher la Femme …

Le mariage du Dr Watson est, à n’en pas douter, à l’origine


d’un bouleversement dans la vie psychique du détective17 – voire
de la réactivation de blessures anciennes refoulées, probablement
causées par un traumatisme initial vécu au cours de l’enfance…
Mais, même s’il éprouve de la rancune à l’encontre de Watson (« Je
ne peux vraiment pas vous féliciter18 », lui lancera-t-il à l’annonce qu’il
lui fait), on ne peut décemment pas imaginer Holmes nourrir une
haine destructrice à son égard – ses retours, même épisodiques, lui
procurant un apaisement qu’il tait et qu’il savoure pleinement.
Le manque, pourtant, existe bel et bien et, si – comme l’affirment
les psychiatres – le noyau du syndrome borderline réside dans un
état de colère à l’égard de l’objet, la colère qui en résulte doit, même
temporairement refoulée, trouver à un moment donné une cible
pour exsuder. Mary Morstan pourrait bien être celle-là… N’a-t-elle
pas en effet soustrait Watson à l’influence de Holmes, en usant de
cette féminité que notre personnage sembler honnir par-dessus
tout ?
Si les rapports qu’entretient le détective avec Miss Morstan
au début du Signe deS Quatre s’avèrent des plus aimables, c’est
d’abord parce qu’en tant que cliente elle contribue à la sustentation
de son esprit de logicien retors. Saluant ses dispositions qui auraient
pu être très utiles dans le genre de travail qu’il fait19, elle disparaîtra
néanmoins de son cercle de relations, même une fois mariée avec
Watson : on note en effet qu’à chacune des visites que le détective
fera à son ami, elle sera soit occupée à l’étage, ne daignant même
pas descendre pour le saluer20, soit déjà montée se coucher21, soit
partie visiter quelque connaissance22 et que s’il demande à l’occa-
sion de ses nouvelles, c’est par pure courtoisie23… Faut-il en
conclure que la situation matrimoniale a altéré les relations de
Holmes et de Mary Watson – par lui jugée pourtant comme l’« une
des plus charmantes femmes que [il] ait jamais rencontrées » ? en fait, si
dégradation il y a, on doute qu’il soit à l’initiative de Mrs Watson :
les encouragements qu’elle profère à l’égard de son époux à qui
elle laisse toute licence de délaisser le foyer pour participer aux af-
faires que Holmes lui soumet de façon récurrente24 vont à l’encon-
tre d’une telle supposition. elle serait donc le fait de Sherlock
Holmes lui-même ?
« En dehors de vous, je n’ai pas d’ami. Et je n’encourage pas les
curieux !25 », cette réplique sonnant comme un aveu témoigne de
l’exclusivité affective que le logicien accorde à son ami. Holmes a
incontestablement besoin de Watson dont il ne parvient pas à se
désolidariser (les dix-huit enquêtes qui s’inscrivent au cours de
cette période en sont une preuve), et la première année qui marque
leur séparation fut probablement une des phases les plus difficiles
à surmonter pour le détective. Connaissant sa propension aux sar-
casmes et aux vexations dont Watson fut maintes fois la cible du-
rant leur association, on peut penser qu’il en ait aussi usé –
peut-être exagérément – avec son épouse, laquelle aura préféré
l’évitement à la confrontation directe. Cependant, on notera une
évolution vers la tempérance dans la relation atypique des deux
personnages que Watson, lui-même, mettra en exergue dans
l’emPloyé de l’agent de change : « En 1889, (…) j’avais abandonné
Holmes et notre appartement de Baker Street : non sans lui rendre toute-
fois de fréquentes visites ; j’avais même réussi à lui faire renoncer pério-
diquement à la bohème où il se complaisait puisqu’il lui arrivait d’accepter
nos invitations à la maison26» - ce qui laisse habilement sous-entendre
la fin des hostilités, du moins en apparence…
La privation de Holmes par Mary Morstan, à laquelle
s’ajoute le cuisant échec que lui inflige irène Adler – « LA
femme27 » – dans un Scandale en bohême ont sans doute concouru
à la régression du personnage.
Délaissé à cause d’une femme par celui qu’il considère comme
son seul ami, puis vilipendé dans une affaire par les manigances d’une
autre, Sherlock Holmes – dont on a par ailleurs montré combien il lui
accordait peu de crédit et de considération – a, sans doute, à la suite de
ces événements vécus comme des brimades, laissé s’intensifier son res-
sentiment à l’égard de la gent féminine. Jusqu’à quel point ? Une fois
de plus, le Canon ne révèle rien… mais certaines dates, jugées emblé-
matiques parce que situées à l’intersection de la fiction et de la réalité,
méritent qu’on s’y intéresse.
2. QUAND L’histoire CroiSe L’HiStoire…

le londreS de Sherlock holmeS

La société victorienne dans laquelle évolue Sherlock Holmes


est un tissu de contrastes où les hiérarchies sociales sont très net-
tement marquées, au point que Londres qui en est l’incarnation en
porte les stigmates jusque dans son agencement géographique.
L’antithèse symbolique entre West end et east end est l’ex-
pression de cette frontière virtuelle qui sépare le luxe de la misère,
comme si la capitale britannique veillait à préserver son upper
class de tout contact jugé dégradant avec l’engeance des miséreux
qui, dans le mépris général des gens bien nés, concourt à la fas-
tueuse souveraineté qui fait de leur ville l’épicentre d’un empire
surpuissant dont l’aura irradie avec ostentation le monde de cette
fin de XiXème siècle.
Les récits rapportant les exploits du détective alimentent
cette icône en l’esquissant en toile de fond de ses intrigues dont on
ne retient, au final, qu’une image flatteuse et stylisée que résument
la richesse de sa vie culturelle, son cosmopolitisme et les nom-
breuses commodités qu’elle offre à ses habitants. Car, focalisant le
regard du lecteur sur une série tableaux choisis pour leur caractère
pittoresque dans lesquels se meut une population à la sociologie
réductrice, le Canon privilégie des lieux et des personnages avant
tout symboliques qui s’insèrent déjà dans une tradition. en effet,
comme l’impose la décence, le Londres de Sherlock Holmes ignore
la misère qui fait son lot quotidien et, l’évacuant ou en l’édulcorant
(en lui donnant par exemple le visage de ces enfants déguenillés –
les Irréguliers de Baker Street – auxquels le détective fait appel pour
les basses besognes), il omet totalement les milliers de chômeurs
et de sous-employés, tout comme la foule des laissés-pour-compte,
préférant reléguer cette faune populaire à l’arrière-plan, avec la
même estime qu’ont coutume de lui accorder les représentants des
classes supérieures.
Pourtant, si l’aristocratie ne représente qu’un infime pour-
centage28 de la population londonienne dont le nombre est estimé
à quatre millions d’âmes, elle doit à la masse laborieuse – composée
pour son immense majorité de travailleurs manuels – la rutilance
des fêtes et réceptions que déploie la vie mondaine au rythme des
saisons. De ces bouges infâmes où s’entassent des familles entières
dont la préoccupation première réside dans leur survie quoti-
dienne et que le travail harassant réduit à de si viles conditions à
la fois matérielles et hygiéniques, Londres fait le fondement de sa
prestance qui lui octroie sa renommée mondiale. Malheureuse-
ment, l’indifférence générale teintée de condescendante à l’égard
de ce petit peuple urbain à l’existence difficile qui ne doit sa sub-
sistance qu’aux fruits de son travail, a par trop souvent conduit
même les brillants esprits à le considérer dans son ensemble
comme une masse compacte où Pauvreté est synonyme de Mal-
honnêteté, l’assimilant par là même aux bas-fonds dont l’historien
François Bédarida souligne qu’on en a souvent grossi l’influence
et le nombre29.
Si le peuple de l’abysse, comme l’a dénommé Jack London
dans son récit éponyme30, vit dans la crasse et la misère, il ne se
compose pas pour autant d’un ramassis de criminels. Certes, la ca-
pitale favorise par sa masse et l’anonymat qu’elle confère l’exis-
tence de marginaux, parmi lesquels sévissent des repris de justice,
des marins en rupture de ban, des pickpockets, des filles publiques
et bien d’autres encore, cependant l’amalgame entre classes labo-
rieuses et engeance criminelle n’est généralement pas fondé ; car il
faut dissocier ces classes laborieuses de l’underworld qui désigne,
quant à lui, cette faune interlope – laquelle doit être considéré
comme une classe sociale à part entière.
Perçu comme une menace latente pour l’ordre établi, il in-
carne la mauvaise conscience de l’ère victorienne qui, soucieuse
avant tout de sa respectabilité, s’obstine à l’occulter ou essaie de
s’en amender grâce à ses œuvres de charité. relayées par des fon-
dations universitaires conduisant certains étudiants issus d’oxford
et de Cambridge à s’installer au milieu des plus démunis, la bonne
société se donne l’illusion de soulager pour partie leurs misères
quotidiennes avec le secret espoir, sans doute, de leur rendre leur
dignité en leur tenant des discours moralisateurs…
Le dénuement et le manque d’éducation engendrent la cri-
minalité ; de ce fait, les quartiers miséreux occupant essentielle-
ment l’est londonien et le sud de la tamise, notamment l’ensemble
des secteurs qui bordent le fleuve, sont autant de zones crimino-
gènes… C’est l’opinion d’ores et déjà ancrée dans les esprits
lorsque – comme pour la confirmer – l’east end, au cours de la si-
nistre année 1888, devient le théâtre d’une série de meurtres qui
manqueront les annales de l’histoire criminelle.

l’aFFaire en QueStion31

« Tous les méfaits ont un air de famille. Si vous connaissez sur le


bout des doigts les détails de mille crimes, il serait bien étonnant que vous
ne puissiez débrouiller le mille et unième », affirmait Sherlock Holmes
dans une etude en rouge32. Mais à quelle autre série de crimes
aurait-on bien pu comparer les forfaits sanglants de Jack L’even-
treur ?
L’histoire criminelle nous fournit, certes, des exemples bien
atroces, mais les meurtres de Whitechapel apparaissent quasiment
comme des inédits qui ébranlent le puritanisme forcené de l’ère
victorienne. Non pas les premiers crimes sexuels de l’Histoire
(celle-ci, avec ses époques troubles de l’Antiquité et du Moyen-
Age, offrant une belle collection d’âmes dérangées), mais les pre-
miers à qui on ait donné ce nom – peut-être parce que les victimes,
elles-mêmes, étaient sexuellement impliquées...
Désigné comme l’archétype du serial killer, ce meurtrier dont
l’identité est demeurée inconnue, a fait couler plus d’encre que
n’importe lequel des assassins répertoriés dans les archives de la
police et continue à nourrir l’imagination collective, laquelle aime
à se repaître de ce genre d’événements sordides à propos desquels
la presse à sensation se plaît à disserter, s’apesantissant sur tel dé-
tail macabre susceptible de tenir en haleine ses lecteurs recrutés via
des manchettes aux titres accrocheurs...
C’est avec le meurtre de Mary Ann Nichols, dite « Polly »,
que l’affaire débute le vendredi 31 août 1888. il est 3h 40 du matin
quand Charles Cross découvre son cadavre mutilé sur un trottoir
de Buck’s row. Âgée de quarante-trois ans, la victime – connue
pour mener une vie dissolue et misérable que l’alcool l’aide à sup-
porter – a été égorgée et éventrée. D’emblée, la presse s’empare
du fait divers, reliant ce crime à deux autres perpétrés la même
année sur les personnes d’emma Smith (le 3 avril) et de Martha ta-
bram (le 6 août) – elles aussi femmes de petite vertu – et désigne
un suspect surnommé « tablier de cuir » décrit par les prostituées
comme un client violent qui les aurait menacées d’éventration.
Une semaine plus tard, le 8 septembre, le corps d’Annie
Chapman est retrouvé dans la cour intérieure du 29, Handbury
Street. elle a, elle aussi, été égorgée et éventrée, et ses intestins sont
placés sur son épaule gauche. Le rapport d’autopsie rédigé par le
Dr Philipps relate que l’utérus et ses appendices, ainsi que la partie
supérieure du vagin et les deux tiers de la vessie ont été retirés et
emportés par l’assassin et que sa tentative de décapitation a
échoué. Le légiste est formel : l’auteur de ce crime possède de consi-
dérables connaissances chirurgicales et anatomiques. Cette conclu-
sion, alliée aux propos d’un témoin affirmant avoir vu la victime
en compagnie d’un individu portant un long manteau en forme de
cape et un chapeau de feutre noir, une demi-heure seulement avant
sa mort, esquissent déjà l’image du meurtrier que la littérature a
fait sienne et perpétue depuis plus d’un siècle.
Whitechapel est en effervescence. en dépit de ce témoi-
gnage, la presse renforce sa thèse du tueur au tablier de cuir en
rapportant la découverte d’un tel indice non loin du lieu du crime.
Cette tenue de travail étant propre aux bouchers, cordonniers et
charpentiers – corporations largement occupées à l’époque par une
population de confession juive –, l’information tend à créer des ten-
sions teintées d’antisémitisme au sein de la population, provo-
quant de violents débordements. Le maintien de l’ordre s’ajoute
alors à l’enquête déjà ardue, mais malgré la multiplication de ses
rondes et l’intensification de ses recherches, toutes les tentatives
de la Police Métropolitaine mises en œuvre pour capturer l’insai-
sissable tueur demeurent infructueuses.
Le 30 septembre suivant, l’assassin frappe à deux reprises.
Sa troisième victime – elizabeth Stride, dite « Long Liz » – est re-
trouvée dans Berner Street vers 1h du matin par un certain Louis
Diemschutz qui revient du club où il travaille. elle gît sur le dos
dans la cour du Dutfield’s Yard : sa gorge a été tranchée « de gauche
à droite », précise le rapport d’autopsie et, contrairement aux autres,
elle n’a pas été éventrée. Cet élément, ajouté au fait que sa mort est
due à la section de l’artère carotide gauche et à la perte de sang qui
s’en est suivie, amène les enquêteurs à penser que le meurtrier a
sans doute été dérangé dans sa besogne. Si tel est effectivement le
cas et qu’il en éprouve une frustration, qu’à cela ne tienne : il se
rattrape sur la personne de Catharine eddowes dont P.C.Walkins
découvre le corps atrocement mutilé, quarante-cinq minutes plus
tard (vers 1h 45 donc) dans un recoin de Mitre Square. C’est un vé-
ritable carnage : les intestins ont été placés sur l’épaule droite (pour
Annie Chapman, ils étaient sur la gauche), on note une incision à
travers les paupières des deux yeux, le nez a été coupé en travers
jusqu’à séparer la joue droite en deux, l’abdomen a été ouvert du
pubis au sternum, le foie a été poignardé avant d’être coupés à
deux reprises et la matrice, ainsi que le rein gauche, ont été empor-
tés par l’assassin. Un peu tard dans la nuit, le constable Alfred
Long trouve un morceau de vêtement taché de sang ayant appar-
tenu à la victime dans la cage d’escalier du 48, glouston Street : il
semblerait que l’assassin ait choisi cet endroit pour essuyer ses
mains et la lame de son couteau. on le soupçonne aussi d’être l’au-
teur de l’inscription à la craie tracée sur place : « Les juifs sont ceux
qui ne seront pas blâmés pour rien33 » que le préfet de police, Sir
Charles Warren, ordonnera d’effacer afin d’éviter les émeutes.
La création, le 10 septembre précédent, d’un comité de vi-
gilance composée de seize commerçants de Whitechapel et présidé
par george Lusk, dont le but était de former des patrouilles de ci-
toyens, de proposer des gardiens de nuit volontaires et d’assister
la police dans son enquête par la collecte d’informations grâce
à’une permanence sise sur Mile end road, n’avait pu empêcher
ces deux crimes.
Le lendemain de ce double meurtre, la presse publia le
contenu d’une lettre reçue le 27 septembre, soit trois jours avant la
mort des deux prostituées, par l’agence de presse Central News
Agency, et signée du désormais célèbre « Votre dévoué, Jack l’Éven-
treur » où l’auteur – que l’on présume être l’assassin – use d’un ton
provocateur pour se vanter de ses forfaits tout en riant de la dé-
route de la police. Si l’authenticité de ce courrier demeure dou-
teuse, il a au moins le mérite de donner un nom à l’insaisissable
tueur.
Souvent issus de mauvais plaisantins, beaucoup d’autres
envois abreuvent les agences de presse, comme les postes de police,
mais la lettre que réceptionne georges Lusk le 16 octobre suivant,
accompagnée d’une moitié de rein supposé appartenir à Catharine
eddowes fait naître bien des controverses chez les experts. Dans
cette missive non signée, l’auteur se targue d’avoir mangé une par-
tie de l’organe en question lequel, selon certains avis, présenterait
les stigmates de la maladie de Bright dont Catharine eddowes était
effectivement atteinte.
Jack l’eventreur ne se manifestera plus avant le 9 novembre
– date de son crime ultime, selon les autorités.
Ce dernier meurtre, perpétré sur la personne de Mary Jane
Kelly, est de loin le plus atroce. Commis chez la victime elle-même,
alors que jusque-là il sévissait en extérieur, le tueur – sans doute
conscient d’œuvrer dans un environnement le protégeant des re-
gards indiscrets – semble s’être laissé déborder par une incontrô-
lable frénésie et a donné libre cours à ses fantasmes sanglants,
pratiquant des mutilations et des ablations plus monstrueuses les
unes que les autres. Les enquêteurs en seront horrifiés : le lieu du
crime s’apparente plus à un abattoir qu’à une chambre sordide et
Mary Jane Kelly est à ce point mutilée qu’elle en est méconnaissa-
ble.
Si cet acte marque la série criminelle attribuée à Jack l’even-
treur parce que sigillé d’une violence portée à son paroxysme, il
met aussi un terme – du moins officiellement – à ces agissements,
laissant la police dans l’expectative et l’opinion publique sous le
choc …
« La presse est une institution fort utile quand on sait s’en ser-
vir », disait Sherlock Holmes dans leS Six naPoléonS34. Mais utile
à quoi ? et, surtout, à qui ? Dans l’affaire qui nous occupe, elle n’a
servi qu’une seule cause : celle de l’assassin qui, à travers les arti-
cles dénonçant les incompétences de la Police Métropolitaine, s’est
peu à peu érigé en loup-garou insaisissable. Avec la presse, il a
trouvé un nom sonnant comme celui d’un anti-héros tiré d’un
mauvais roman gothique et ses forfaits, alliés à des témoignages
au rabais, se sont mêlés pour l’inscrire sur la liste noire des lé-
gendes urbaines que l’on aime à se raconter pour clore ces repas
mondains où tous les potins s’échangent en s’amplifiant à chaque
interlocuteur qui les relaye.
Jack l’eventreur n’a qu’un nom : celui qu’il s’est donné, ga-
rant d’un anonymat que préserve le souvenir préfabriqué de la
sombre silhouette d’un homme portant un long manteau noir et
un chapeau assorti que laisse errer le brouillard de Whitechapel ;
ce nom associé à un homme sans visage dont la littérature, avide
de mythes, s’est emparé pour en faire l’un de ses personnages dont,
au final, on ne sait plus vraiment s’il appartient à la fiction ou à la
réalité… comme c’est aussi le cas pour Sherlock Holmes.

QuelQueS conSidérationS Sur l’aFFaire

Jack l’eventreur tua cinq fois, avec une sauvagerie teintée de


démence cynique. Ses victimes, des prostituées des bas-fonds, fu-
rent égorgées, éventrées, mutilées et, avec chacune de leur mort,
la terreur se propagea dans les rues sombres de Whitechapel. Ses
crimes odieux cessèrent avant que l’année 1888 n’ait touché à sa
fin, sans que Scotland Yard ne soit parvenu à l’identifier…
et la légende du tueur prit le pas sur l’Histoire, donnant lieu
aux spéculations les plus extravagantes parfois.
Les ripperologues (ainsi se font appelés les spécialistes de l’af-
faire) échaffaudèrent alors de multiples théories pour trouver un
coupable à cette série de meurtres, en vain… Jamais satisfaisante,
la solution proposée se voyait balayée par une autre, et ainsi de
suite jusqu’à ce que Patricia Cornwell, célèbre romancière améri-
caine35, ne produise péremptoirement les preuves attestant de la
validité de sa conclusion36 obtenue grâce au recours aux techniques
d’investigations modernes. Walter Sickert37, un peintre impression-
niste britannique célèbre à la fin du XiXe siècle, à la personnalité
ambiguë, serait le monstre de Whitechapel. Mais on n’immole pas
ainsi un mythe et la supercherie des carnets de James Maybrick
publiés et commentés par Shirley Harrison et Michaël Barret38, dix
ans plus tôt, hantent encore les esprits.
Quelles que soient les théories proposées, beaucoup pensent
encore aujourd’hui que la clé de l’énigme appartient aux secrets
d’état : l’identité de Jack L’eventreur n’était pas connue du public,
mais elle l’était des autorités, du moins de ceux qui détenaient le
pouvoir de décider de poursuivre une enquête ou de convenir de
l’orientation à lui donner. L’influence de certains représentants des
classes supérieures sur la police comme sur les hautes institutions
gouvernementales n’est pas une révélation, les pressions exercées
pour détourner les regards et le recours à des contreparties finan-
cières ont toujours fait partie des armes de prédilection des poli-
tiques. Ainsi naquit la thèse du complot royal, de loin la plus
répandue dans la littérature consacrée à l’affaire.
Fomenté pour couvrir les agissements irréfléchis du Prince
Albert Victor – duc de Clarence et neveu de la reine Victoria –, le-
quel, contre toute convenance, se serait secrètement marié avec la
plébéienne Annie Crook à qui il aurait de surcroît fait un enfant,
cette conspiration aurait été – selon ses partisans – une manière ex-
péditive de faire taire les témoins potentiels de la secrète alliance,
lesquels se seraient essayés au chantage. en dirigeant de cette ex-
pédition punitive, le Dr William gull, médecin de la reine elle-
même, aurait été l’assassin mandaté pour accomplir la besogne.
Cette version39 a de quoi séduire, surtout lorsqu’on connaît
certaines données troubles de la biographie du Duc de Clarence40,
mais n’est pas sans poser certaines interrogations. Pourquoi, par
exemple, ne pas avoir fait les choses avec plus de discrétion et évi-
ter ainsi le battage médiatique qui a fait tant de tort à la police (dont
on n’a eu de cesse de souligner l’inaptitude) et, par là même, aux
autorités ? N’eut-il pas été plus simple en effet de faire disparaître
ses femmes sans que nul ne puisse en avoir vent ? L’east end de
l’époque était un labyrinthe de coupe-gorges où l’on trépassait ai-
sément, pour divers motifs, et où une femme assassinée, prostituée
de surcroît, ne troublait pas plus que cela. Si l’on excepte celui de
Mary Jane Kelly, tous ces crimes semblent avoir été perpétrés pour
que le public en ait connaissance. Les corps des victimes et les mu-
tilations ont été exposés dans des lieux où le meurtrier savait qu’on
les découvrirait - ce qui fait dire à certains qu’il y a de la forfanterie
et un besoin pathologique de s’affirmer à la base de ses crimes.
Bizarrement l’enquête a délaissé - ou n’a pas jugé bon de
considérer - la piste de ces étudiants en médecine déployés dans
les nombreux asiles de nuit où ils faisaient leurs premières armes...
N’y aurait-il pas eu là matière à enquêter ? Ces futurs médecins
connaissaient l’anatomie humaine et étaient au fait de certaines
pratiques chirurgicales, mais – en tant qu’apprentis – pas autant
que l’aurait été un docteur confirmé, d’où des erreurs dans l’abla-
tion de tels ou tels organes observées au cours de l’autopsie de cer-
taines des cinq victimes dont les rapports ont entraîné de longues
discussions entre les experts concernant les connaissances médi-
cales avérées ou pas du criminel.
et bizarrement, Sherlock Holmes n’a pas participé à cette af-
faire… Pourquoi Conan Doyle qui fut pourtant sollicité par la
presse au cours de l’enquête41, n’a pas saisi l’opportunité de pro-
poser à ses lecteurs cette effroyable aventure ? N’aurait-il pas été
aisé pour lui d’imputer les crimes odieux au non moins odieux Pro-
fesseur Moriarty ? Aurait-il reçu l’ordre de ne pas mettre en scène
le mystérieux criminel pour ne pas alimenter ce vent de panique
qui paralysait Londres de l’époque ou a-t-il jugé lui-même discon-
venant d’user de cette intrigue ?
Même une fois le règne de Victoria achevé, il reste muet,
pourquoi ?

etrangeS coïncidenceS…

Si ces questions demeurent d’actualité, le silence du roman-


cier sur l’affaire et son apparente indifférence se sont avérés une
véritable aubaine pour ceux qui ont trouvé dans le personnage de
Sherlock Holmes et les récits qui lui servent de biographie la source
d’une inspiration nouvelle et même d’une science, pompeusement
appelée holmésologie, laquelle participe à la persistance du mythe
qu’est aujourd’hui devenu le grand détective anglais. Ce duel que
Conan Doyle, de son vivant, n’a pas choisi de mettre en scène et
auxquels ses admirateurs espéraient pourtant assister en lisant
l’une de ses aventures, a créé une sensation de manque que les au-
teurs de textes apocryphes se sont empressés de tarir42. en effet,
n’était-il pas inconcevable que les deux figures les plus embléma-
tiques de cette fin du XiXe siècle anglais, à l’exact antipode l’une de
l’autre, ne se rencontrerait jamais ? il est vrai que chacune d’elle
appartenait à deux mondes distincts que rien, sauf les fantaisies
d’un auteur, ne pouvait amener à se croiser : le premier, évoluant
dans l’univers virtuel d’un Londres imaginaire bien qu’en dupant
plus d’un, et le second, sévissant réellement dans les ruelles
glauques et sombres d’une ville s’ingéniant à cacher aux yeux du
monde qui la tenait pour centre de la civilisation son versant le
moins avouable. Mais n’est-il pas vrai aussi, bien que cela demeure
à l’état de théorie, que les univers parallèles – dont la science n’est
pas encore parvenue à en attester l’existence véritable –, ces univers
censés ne jamais s’entremêler peuvent, selon certains et dans des
conditions spatio-temporelles bien particulières, faire jonction et
permettre une inter-communication ?
Bien qu’en pleine spéculation et bien que séparés par cette
frontière tranchant entre fiction et réalité, les deux personnages qui
nous occupent présentent des similitudes qui ne manquent pas de
nous interpeller.
La période courant de la fin de l’année 1887 au mois de mai
1891 et correspondant à l’époque où Watson, jeune marié, aban-
donne Holmes à sa solitude et à sa torpeur narcotique, coïncide
avec cette période la plus sinistre de l’histoire criminelle de l’ère
victorienne.
Alors que le doute subsiste quant à la paternité des homi-
cides perpétrés sur les personnes d’emma Smith et de Martha ta-
bram, respectivement tuées le 3 avril et le 7 août 1888, il nous
semble par trop restrictif de voir dans les cinq crimes attribués à
Jack L’eventreur ses uniques forfaits. Les récentes études parues
sur les serial killers nous apprennent que l’enchaînement de leurs
meurtres va souvent crescendo et que si la série s’arrête, elle ne ré-
sulte pas d’une volonté personnelle du tueur – dont les exécutions
sont la mise en actes des incontrôlables pulsions qui l’étreignent –
mais d’un événement extérieur qui l’empêche d’agir à sa guise. on
a souvent recherché la trace de Jack l’eventreur après le 9 novem-
bre 1888, date de l’horrifique mort de Mary Jane Kelly, mais rare-
ment avant le 30 août que l’on estime être le jour où il débuta sa
sinistre carrière. Pourtant, Scotland Yard garde dans ses dossiers
une liste de dix-huit noms, toutes des femmes désignées par leur
entourage comme ayant eu des mœurs légères et toutes victimes
d’une mort violente perpétrée par un inconnu.
Si l’on confronte les dates de mise à mort de ces dix-huit
femmes avec les données chronologiques du Canon et que l’on
compare le laps de temps au cours duquel elles ont été tuées et la
période durant laquelle Sherlock Holmes se retrouve seul à Baker
Street, on parvient à de bien étranges coïncidences.
Afin de mieux les visualiser, nous avons opté pour une pré-
sentation sous forme de tableau, proposé ci-après.
donnéeS canoniQueS donnéeS hiStoriQueS

Fin de l’année 1887 :


Mariage de Watson •26 décembre 1887 : « Fairy Fay »

1888 : •25 février 1888 : Annie Millwood


UN SCANDALe eN BoHêMe (mars) •28 mars 1888 : Ada Wilson
UNe AFFAire D’iDeNtité (printemps) •3 avril 1888 : emma Smith
L’eMPLoYé De L’AgeNt De CHANge
(juin)
LA DeUXièMe tACHe (juillet)
Le trAité NAVAL (août) •7 août 1888 : Martha tabram
LeS CiNQ PéPiNS D’orANge •31 août 1888 : mary ann nichols
(septembre)
•8 septembre 1888 : annie chapman
•30 septembre 1888 : elizabeth
Stride & catherine eddowes
•3 octobre 1888 :
le mystère de Whitehall
•9 novembre 1888 : mary Jane kelly
•20 novembre 1888 : Annie Farmer
•20 décembre 1888 : rose Mylett

1889 :
Le torDU (juin)
L’HoMMe à LA LèVre torDUe (juin) •juin 1889 : elisabeth Jackson
Le PoUCe De L’iNgéNieUr (été) •juillet 1889 : Alice McKenzie
Le CHieN DeS BASKerViLLe (octobre) •10 septembre 1889 :
L’eSCArBoUCLe BLeUe (fin décembre) Meurtre de St Pinchin

1890 :
LeS HêtreS PoUrPreS (printemps)
Le MYStère DU VAL BoSCoMBe (juin)
LA LigUe DeS roUQUiNS (octobre)
donnéeS canoniQueS donnéeS hiStoriQueS

1891 :
LA VALLée De LA PeUr (janvier)
L’iNterPrète greC (fin janvier) •13 février 1891 : Frances Coles
L’AVeNtUre De WiSteriA LoDge
(mars)
Le DerNier ProBLèMe (avril/ mai) •24 avril 1891 : Carrie Brown
Zmort supposée de Holmes
18 affaires 18 victimes

La première colonne intitulée « Données canoniques » réperto-


rie les enquêtes que Sherlock Holmes eut à mener entre la fin de
l’année 1887 et mai 1891 ; la seconde, « Données historiques », pré-
sente la liste des femmes dont les corps mutilés à l’arme blanche
ont été retrouvés dans Whitechapel au cours de cette même pé-
riode (les noms en gras étant les victimes désignées de Jack l’even-
treur). Ainsi peut-on agencer cette grille qui, en soi, jette les
premières pierres de l’étude comparative que nous nous proposons
d’amorcer ici.
D’emblée, ce document permet de mettre en évidence cer-
tains points fort curieux comme, par exemple, la correspondance
établie entre le premier meurtre commis le 26 décembre 1887 et la
date supposée du mariage de Watson, et celle existant entre la mort
de Carrie Brown (dernière victime de la liste) et celle de Sherlock
Holmes, survenue aux chutes de reichenbach, que Watson situe
le 4 mai 1891. Pour mener notre étude, il est nécessaire de partir
du postulat consistant à tenir pour vrai que ces dix-huit femmes
ont été tuées par le même homme.
Ceci étant, donnons libre cours à nos spéculations…
docteur Jack and miSter holmeS ?

A la fin de l’année 1887, probablement au mois de décembre,


Sherlock Holmes se retrouve seul à Baker Street. Le Dr Watson s’en
est allé vivre auprès de Mary Morstan et a, du coup, repris l’exer-
cice de la médecine. Pendant les trois mois qui vont suivre cette sé-
paration, le détective – affecté plus qu’il ne l’avoue par ce départ –
poursuit tant bien que mal sa carrière, recourant plus que de cou-
tume à la drogue dont il use comme d’un analgésique à sa pesante
solitude. L’angoisse du vide et ce sentiment d’abandon le poussent
à ressasser sans cesse : une femme l’a privé de celui qui, par sa pré-
sence, lui avait permis d’atténuer ses troubles psychiques et de
trouver enfin un équilibre.
Cette dépossession, qu’accentuera sans doute le revers que
lui inflige irène Adler dans un Scandale en bohême, est proba-
blement à l’origine de cette régression supposée du personnage qui
pourrait bien avoir trouvé comme mode d’expression à sa haine
vengeresse dirigée contre l’épouse de son ami – et par extension à
l’ensemble de la gent féminine à laquelle, nous l’avons par ailleurs
évoqué, il n’accorde que du mépris – une mise en actes détour-
née…
Plusieurs éléments présents dans le Canon, que nous jugeons
être autant de pièces compromettantes à verser dans son dossier,
nous poussent à envisager cela. Le premier réside dans la connais-
sance que Holmes a de l’east end : dès le récit inaugural du cycle43,
Watson nous dit qu’il y fait de longues promenades solitaires et
d’ajouter qu’il possède au moins cinq refuges dans Londres où il
peut se grimer à loisir44. Car Holmes possède aussi d’extraordi-
naires facultés pour le déguisement que sert un goût extravagant
pour la mise en scène45 – ses expressions, allures et sa personnalité
changeant à chaque nouveau rôle46. Le deuxième élément que peut
néanmoins expliquer son statut professionnel est qu’il est de son
propre aveu un amateur de « beaux crimes », il a lu De Quincey47
et probablement son essai noir de l’aSSaSSinat conSidéré comme
un deS beaux-artS48 dont le Post-Scriptum rédigé en 1854 rapporte
ses mots qui rappellent étrangement certains propos tenus par
Holmes lui-même : « Tous les périls particulièrement pernicieux sont
récurrents. Un assassin qui l’est par passion, et par un besoin féroce de
répandre le sang selon un mode de luxure contre nature, ne saurait re-
tomber dans l’inertie. Pareil homme, plus encore que le chasseur de cha-
mois des Alpes, en vient à aspirer aux dangers de son métier, dont il ne
se tire parfois que par miracle, comme un condiment qui assaisonne l’in-
sipide monotonie de la vie quotidienne49 ». Mais l’indice le plus révéla-
teur est, selon nous, la récurrence de ces petites phrases en
apparence anodines, prononcées sur le ton de la fanfaronnade, et
derrière lesquelles on devine le combat d’un homme contre sa na-
ture subversive : « j’ai toujours eu l’idée que j’aurais fait un criminel
de très grande classe50 » ; cette réflexion, réitérée dans le marchand
de couleurS retiré deS aFFaireS51 et relayée par le témoignage de
Watson52 et celui de l’inspecteur gregson53, sonne comme une ten-
tative de se persuader que la voie choisie est la bonne en dépit de
la persistance latente – on le sent – de tentations à verser dans l’il-
légalité.
Ces données, conjuguées à la symptomatologie du syn-
drome borderline dont on nous dit qu’il peut présenter une certaine
dégénérescence vers le versant soit caractériel, soit psychotique,
soit pervers, pourraient parfaire la thèse que nous tentons de sou-
tenir : et si Jack l’eventreur et Sherlock Holmes avaient été les deux
visages antithétiques d’un seul et même homme ; un homme –
pour paraphraser Stevenson – fait de bien et de mal, chez qui l’aliéna-
tion mentale, exacerbée par le vide engendré par le départ de son compa-
gnon, aurait provoqué un dédoublement radical, de sorte que les deux
moitiés, la bonne et la mauvaise, agissent non seulement indépendam-
ment, mais à l’insu de l’autre ? et si ces dix-huit femmes passées au
fil de la lame étaient l’allégorie incarnée de la conception person-
nelle que se fait le tueur de la gent féminine : des créatures viles et
perverties qui, usant de leurs charmes fallacieux, détournent
l’homme de son véritable destin… comme Mary Morstan le fit avec
le Dr Watson et comme le fit, peut-être aussi, la mère de l’assassin
qui aurait bien pu déposséder ses fils de l’amour qu’elle aurait dû
leur prodiguer en les laissant à la merci d’adultes immoraux54 ?
La mort de « Fairy Fay* », survenue le lendemain de Noël,
le premier Noël que Holmes aura passé seul après six ans de col-
laboration avec Watson, semble inaugurer la série meurtrière, la-
quelle – si l’on observe la grille comparative présentée plus haut –
s’accroît dès que le détective doit faire face à l’inertie occupation-
nelle servant d’inévitable transition entre deux enquêtes.
Si le nombre de victimes égal au nombre d’enquêtes peut
apparaître comme une pure coïncidence, le fait que la majorité des
meurtres ait eu lieu principalement au cours de l’année 1888 pour-
rait s’expliquer par une réaction quasi réflexe de Sherlock Holmes
à la défection de Watson. Cette année 1888 est une période char-
nière de sa biographie : abruptement précipité dans une désespé-
rance solitaire qui ravive ses troubles psychiques, il ressent la
douleur de l’abandon avec une acuité décuplée au point que le sen-
timent auquel elle s’associe, lui aussi à son comble, le pousse à agir.
Aussi, la mise en actes s’avérant à la fois un moyen de décharger
les tensions qu’il subit et de recouvrer un semblant d’équilibre,
multiplie-t-il les attaques prenant de plus en plus de risques –
attitude qu’expliquerait l’extinction provisoire de ce facteur dé-
clenchant qu’est le malaise éprouvé et l’impunité dont il jouit
puisque la police se montre incapable de le confondre.
Ainsi, ses crimes témoigneraient-ils de sa détresse, mais
aussi de son besoin de montrer aux yeux épouvantés des specta-
teurs de son massacre ce dont il peut s’avérer capable. Car si l’as-
sassinat de Mary Jane Kelly le 9 novembre 1888 apparaît comme
l’apogée de sa crise, parce que marquée d’une frénésie sans précé-
dent, on peut penser que les cinq crimes attribués à Jack l’even-
treur furent l’aboutissement d’une quête : celle d’une renommée.
en effet, rien n’a été fait par le criminel pour cacher ses victimes,
et tout laisse à penser qu’il voulait qu’on les trouve ! Après avoir
tué dans l’ombre sous couvert d’un anonymat préservé par la mul-
titude des homicides dont l’east end était quotidiennement le théâ-
tre et dont la police n’avait pas fait grand cas jusque-là, le meurtrier
– poussé par sa mégalomanie et son narcissisme, mais aussi porté
par une assurance acquise au fil de ses forfaits – a décidé de frapper
un grand coup en amenant le public à porter une attention parti-
culière à ses actes en leur donnant, dans un premier temps, un ca-
ractère où transparaissaitt une extraordinaire cruauté et, dans un
second temps, en se donnant un nom par le truchement des lettres
largement diffusées par la presse… ce nom par lequel il revendi-
querait son existence et donnerait un visage à ses tourments.
L’absence de crimes constatée durant certaines périodes au
cours desquelles Sherlock Holmes semble n’avoir pas d’enquête
en cours trouve son explication dans ce que les exégètes du Canon
appellent les « untold stories », ces affaires mentionnées par les
textes mais dont Watson n’a pas rédigé de rapport. entre le pre-
mier et le deuxième meurtre que séparent deux mois, le détective
est occupé par trois affaires55 qui le conduisent successivement à
odessa*, à trincomalee¨ et en Hollande ; durant les cinq mois qui
s’écoulent entre la mort d’emma Smith et celle de Martha tabram,
correspondant approximativement à la période comprise entre
une aFFaire d’identité et la deuxième tache, il a à résoudre une
douzaine d’affaires dont une, assez embrouillée, qui lui a été sou-
mise de Marseille56. Quant à l’année 1889, elle ne présente que trois
crimes ce qui peut apparaître dérisoire comparé aux douze, voire
treize en comptant celui de décembre 1887, de l’année précédente.
Les « untold stories » pourraient en partie expliquer cet état
de faits, mais la thèse d’une rémission n’est pas à exclure. en effet,
si l’on en croit les propos rapportés dans l’aventure du Pouce de
l’ingénieur57 (datée de l’été 1889), Watson qui lui rend de fré-
quentes visites est parvenu lui faire renoncer périodiquement à la
bohème où il se complaisait en l’amenant à accepter ses invitations
à la maison. est-ce à dire que le ressentiment nourri à l’égard de
Mme Watson s’est tari et qu’avec lui, s’est tu celui dirigé vers ses
représentantes symboliques ? Le rétablissement d’une relation,
certes modifiée, mais plus soutenue, entre les deux hommes au-
rait-il servi de panacée aux dérives compulsives de notre person-
nage ? Les vertus thérapeutiques qu’incarne le Dr Watson ne sont
plus à démontrer, cependant elles ont leurs limites et ne garantis-
sent malheureusement pas contre la rechute… Cette guérison que
Holmes aurait voulu croire définitive est stoppée net en février
1891 : ses dépravations auxquelles, en son âme et conscience, il
avait espéré ne plus jamais se soumettre, font une nouvelle victime.
L’amorce de cette rechute signe son arrêt de mort qu’il décide de
mettre en scène en créant la figure délètère de Moriarty – son dou-
ble inavouable – dont on a par ailleurs mis en doute l’existence
véritable.
Le 24 avril 1891, après avoir tué pour la dernière fois, il se
présente chez son ami, affichant toutes les apparences d’un homme
traqué qui sait que sa vie est en jeu58. il fuit, non pas l’infâme
Moriarty et sa bande, comme il s’ingénie à le faire croire au trop
naïf Watson, mais ses propres démons – Holmes et Moriarty ne
sont-ils pas en effet les deux facettes d’une seule et même âme, l’ex-
pression allégorique des composantes d’une double personnalité ?
Le duel tragique qui les opposera, et dont Watson sera le témoin à
la fois mystifié et mortifié, mettra un terme à trois années de ma-
cabres pérégrinations auxquelles Sherlock Holmes, sous l’emprise
absolue de son aliénation mentale, s’est soumis malgré lui et contre
laquelle le suicide s’est révélé comme l’issue unique – un suicide
manqué, finalement, que le Grand Hiatus, cette période probatoire
(égale à celle de son égarement) vouée au mysticisme oriental dont
on suppose les vertus curatives sur les âmes souffrantes, transfi-
gurera en une miraculeuse renaissance.
Surprenante démonstration, n’est-il pas ? elle n’est qu’illu-
sion, mais elle a le mérite de nous faire oublier que Sherlock
Holmes n’est qu’un être de papier, né de l’imagination d’un mé-
decin d’origine écossaise que l’écriture aidait à supporter le temps
passé à attendre que des patients daignent franchir le seuil de son
cabinet…
Jubilatoire spéculation qui voudrait pouvoir rendre au
mythe de Jack L’eventreur, ce tueur bien réel quant à lui, la place
qu’il n’aurait jamais dû perdre – s’il l’a perdue ! – en laissant le
doute s’immiscer à nouveau dans l’esprit du lecteur…
S
i l’actuel statut de mythe dont jouit Sherlock Holmes
résulte d’une reconnaissance unanime, cette consécra-
tion du personnage ne s’est malheureusement pas faite
sur la base des données exactes promues par l’œuvre canonique.
Comme ce fut le cas pour son image – réduite à celle propo-
sée par Sidney Paget, l’illustrateur du Strand Magazine –, la mé-
moire collective n’a gardé de lui qu’un résumé avantageux de ses
compétences en délaissant les détails attachés à sa personnalité,
parce que jugés accessoires, ou en les transformant pour que la pos-
térité s’en empare plus aisément. Ainsi, Sherlock Holmes est-il
devenu ce logicien hors pair, un peu extravagant, au caractère bien
trempé, ayant voué sa vie à sa quête d’un idéal de justice.

« Ne vous fiez jamais à une impression générale, mais concentrez-


vous sur les détails1 ». Adoptant cet aphorisme dont l’auteur n’est
autre que le détective lui-même, nous avons voulu, à notre tour,
appliquer les grands préceptes que nous enseigne la méthode
holmesienne pour aborder l’existence plus intime du personnage et
tenter de cerner la vraie nature de sa personnalité.
L’approche psychopathologique que nous avons menée
s’est avérée des plus confondantes, mais nous référant (une fois de
plus) à l’un des principes de la dite méthode – « une fois éliminées
toutes les impossibilités, l’hypothèse restante, aussi improbable qu’elle
soit, doit être la bonne2 » – , nous ne pûmes qu’accepter le diagnostic
auquel nous avait conduit la conclusion de nos recherches :
Sherlock Holmes, le génial enquêteur précurseur des techniques
d’investigations modernes, souffrait d’un trouble de la personna-
lité, répertorié par le DSM-iV sous l’appellation de syndrome
borderline, et cachait sous ses apparences d’homme solitaire et
casanier des troubles psychiques susceptibles de le transfigurer,
lors de crises aiguës, en être délétère.
Un tel profil pouvait l’apparenter à celui des plus grands
prédateurs de l’histoire criminelle dont son contemporain, Jack
l’eventreur, incarnait l’archétype. il n’en fallait pas plus pour nous
engager à approfondir notre étude.

Suites d’instantanés oniriques extraits de l’univers histo-


rique dont il est une réplique, le Canon se prêta à la confrontation.
Faisant apparaître une éventualité que la psychologie du person-
nage nous avait laissé entrevoir, les détours dans lesquels le texte
nous égara nous firent oublier parfois que ces deux figures nées
d’un siècle passé n’avaient jamais pu se croiser, chacun d’eux
appartenant à des dimensions parallèles. Pourtant, leur apparte-
nance respective à deux univers distincts n’empêchait pas leur réu-
nion dans cette sphère supérieure qu’est celle du mythe.

Peut-être notre réflexion aura-t-elle entaché l’image du maî-


tre-détective, peut-être aura-t-elle jeté un doute sur sa respectabi-
lité… mais le nom de Sherlock Holmes dont la silhouette, comme
l’histoire, s’inscrit au cœur de nos croyances populaires, désignera
toujours ce justicier qu’une loupe, une pipe ou une deerstalker3
suffisent à caractériser.

1
cf. iDeN, p. 266 (t1).
2
cf. SigN, p. 139 (t1).
3
La casquette à double qui fait partie de sa panoplie.
Notes
Le Canon se compose de quatre romans (Une etUde en
RoUge, Le Signe deS QUatRe, Le Chien deS BaSkeRviLLe et
La vaLLée de La PeUR) et cinquante-six nouvelles compilées
en cinq recueils (LeS aventUReS de SheRLoCk hoLmeS, LeS
mémoiReS de SheRLoCk hoLmeS, Le RetoUR de SheRLoCk
hoLmeS, Son deRnieR CoUP d’aRCheR et LeS aRChiveS de
SheRLoCk hoLmeS), soit au total soixante enquêtes.
Pour permettre aux exégètes d’y faire référence sans
avoir à citer leur titre dans leur intégralité, le professeur Jay
Finley Christ, membre des Baker Street Irregulars (société hol-
mesienne de new York, première du genre) a établi une nomen-
clature – devenue officielle pour l’ensemble des holmesiens –
qui répertorie chacune d’entre elles à l’aide d’une côte compre-
nant quatre lettres ou un chiffre et trois lettres. ainsi, toute ré-
férence ou citation issue d’un texte canonique faite dans une
étude de l’œuvre est-elle référée à ce texte par une de ces côtes
listées page suivante.
toutes les citations de textes canoniques consignées par
le truchement de ces abréviations dans le présent ouvrage sont
à référer à Sherlock holmeS (en deux volumes) de Conan
doyle, publiés chez Robert Laffont dans la collection Bouquins
(Paris, septième réimpression – 1990 – pour le tome 1 et
sixième réimpression – 1989 – pour le tome 2).
ABBe Le Manoir de l’Abbaye
BerY Le Diadème de Béryls
BLAC Peter le Noir
BLAN Le Soldat Blanchi
BLUe L’escarboucle Bleue
BoSC Le Mystère du Val Boscombe
BrUC Les Plans du Bruce-Partington
CArD La Boîte en Carton
CHAS Charles Augustus Milverton
CoPP Les Hêtres Pourpres
Cree L’Homme qui grimpait
Croo Le tordu
DANC Les Hommes Dansants
DeVi L’Aventure du Pied du Diable
DYiN L’Aventure du Détective Agonisant
eMPt La Maison Vide
eNgr Le Pouce de l’ingénieur
FiNA Le Dernier Problème
FiVe Les Cinq Pépins d’orange
gLor Le “gloria-Scott”
goLD Le Pince-Nez en or
gree L’interprète grec
HoUN Le Chien des Baskerville
iDeN Une Affaire d’identité
iLLU L’illustre Client
LADY La Disparition de Lady Frances Carfax
LASt Son Dernier Coup d’Archet
LioN La Crinière du Lion
MAZA La Pierre de Mazarin
MiSS Un trois-Quart a été perdu !
MUSg Le rituel des Musgrave
NAVA Le traité Naval
NoBL Un Aristocrate Célibataire
NorW L’entrepreneur de Norwood
Prio L’ecole du Prieuré
reDC L’Aventure du Cercle rouge
reDH La Ligue des rouquins
reig Les Propriétaires de reigate
reSi Le Pensionnaire en traitement
reti Le Marchand de Couleurs retiré des Affaires
SCAN Un Scandale en Bohême
SeCo La Seconde tache
SHoS L’Aventure de Shoscombe old Place
SigN Le Signe des Quatre
SiLV Silver Blaze
SiXN Les Six Napoléons
SoLi La Cycliste Solitaire
SPeC La Bande Mouchetée
StoC L’employé de l’Agent de Change
StUD Une etude en rouge
SUSS Le Vampire du Sussex
tHor Le Problème du Pont de thor
3gAB Les trois Pignons
3gAr Les trois garrideb
3StU Les trois etudiants
tWiS L’Homme à la Lèvre tordue
VALL La Vallée de la Peur
VeiL La Pensionnaire Voilée
WiSt L’Aventure de Wisteria Lodge
YeLL La Figure Jaune
Première ParTie

LeS DoNNéeS teXtUeLLeS

1.traitS de caractèreS
leS PluS SaillantS du PerSonnage

1
«De temps à autre, lui dit-il, j’ai le cafard ; je reste plusieurs jours de
suite sans ouvrir la bouche. Il ne faudra pas croire alors que je vous
boude. Cela passera si vous me laissez tranquille» - StUD, p. 12 (t1).
2
« Dans ses accès de travail, écrit-il, il déployait une énergie à toute
épreuve ; puis venait la réaction : pendant de longues journées, il restait
étendu sur le canapé sans rien dire, sans remuer un seul muscle, depuis
le matin jusqu’au soir. Alors son regard devenait si rêveur et si vague,
que j’aurais pu le soupçonner de s’adonner à quelque narcotique ; mais
sa sobriété en tout, sa tempérance habituelle interdisaient une telle sup-
position» - StUD, p. 14 (t1).
3
idem.
4
Croo, p. 588 (t1).
5
idem.
6
StUD, p. 15 (t1).
7
MiSS, p. 902 (t1).
8
StUD, p. 18 (t1).
9
idem.
10
StUD, p. 19 (t1).
11
idem.
12
idem.
13
StUD, p. 18 (t1).
14
idem.
15
SigN, p. 107 (t1).
16
reSi, p. 604 (t1).
17
SigN, p. 109 (t1).
18
idem.
19
idem.
20
MUSg, p. 551 (t1).
21
idem, pp. 551-552.
22
DYiN, p. 610 (t2).
23
idem.
24
idem.
25
CoPP, p. 445 (t1).
26
Période de la carrière du détective qui s’étend de mai 1891 (date
de sa mort présumée lors de son duel l’opposant au Professeur
Moriarty) à avril 1894 (date de son retour à Londres).
27
CoPP, p. 454 (t1)
28
« M. Lestrade, de Scotland Yard, ne dédaignait pas de passer chez nous
le soir, et ses visites étaient bien accueillies par Sherlock Holmes : elles lui
permettaient de se renseigner sur tout ce qui se disait au quartier général
de la police. En échange des nouvelles que lui apportait Lestrade, Holmes
se montrait toujours disposé à écouter attentivement les détails d’une af-
faire dont l’inspecteur avait été chargé : sans s’en mêler activement, il lui
donnait parfois un avis ou une suggestion… » - SiXN, p. 842 (t1).
29
« Puisque je parle de mon vieil ami et biographe, je saisis l’occasion de
faire remarquer que si je m’alourdis d’un compagnon dans mes diverses
petites enquêtes ce n’est ni par sentiment ni par caprice : c’est parce que
Watson possède en propre quelques qualités remarquables, auxquelles
dans sa modestie il accorde peu d’attention, accaparé qu’il est par celle
qu’il voue (exagérément) à mes exploits. Un associé qui prévoit vos
conclusions et le cours des événements est toujours dangereux ; mais le
collaborateur pour qui chaque événement survient comme une surprise
perpétuelle, et pour qui l’avenir demeure constamment un livre fermé, est
vraiment un compagnon idéal » - BLAN, p. 322 (t2).
30
cf. gLor, p. 532 et suivantes (t1).
31
iLLU, p.313 (t2).
32
Croo, p. 588 (t1).
33
gree, p. 622 (t1).
34
gLor, p. 533 (t1).
35
SCAN, p. 211 (t1).
36
ABBe, p. 935 (t1).
37
StUD, p. 33 (t1).
38
StUD, p. 99 (t1).
39
Cité dans reDH, p. 256 (t1).
40
BLAN, p. 322 (t2).
41
WiSt, p. 516 (t2).
42
reti, p. 497 (t2).
43
CArD, p. 562 (t2).
44
SigNe, p. 108 (t1).
45
reDH, p. 256 (t1).
46
SUSS, p. 360 (t2).
47
CoPP, p. 445 (t1).
48
CArD, pp. 543-544 (t2).
49
SCAN, p. 211 (t1).
50
idem.
51
« …l’amour est tout émotion. Et l’émotivité s’oppose toujours à cette
froide et véridique raison que je place au-dessus de tout. Personnellement,
je ne me marierai jamais, de peur que mes jugements n’en soient faussés »
- SigN, pp. 207-208 (t1).
52
DeVi, p. 668 (t2).
53
BerY, p. 439 (t1).
54
eMPt, p699 (t1).
55
StUD, p. 20 (t1).
56
StUD, p. 19 (t1).
57
SigN, p. 108 (t1).
58
StUD, p. 21 (t1).
59
YeLL, p. 496 (t1).
60
reDH, p. 256 (t1).
61
MAZA, p. 343 (t2).
62
reig, p. 569 (t1).
63
StUD, p. 10 (t1).
64
idem.
65
DeVi, pp. 660-662 (t2).
66
tWiS, p. 331 (t1).
67
SigN, p. 208 (t1).
68
SigN, pp. 115-116 (t1).
69
BrUC, p. 591 (t2).
70
reig, p. 578 (t1).
71
StoC, p. 531 (t1).
72
HoUN, p. 154 (t2).
73
Qu’est celui du partage de l’appartement de Baker Street
74
cf. SigN : A propos du « petit livre, sous le titre, quelque peu fantas-
tique, de Etude en Rouge » que Watson a tiré de leur première aven-
ture commune, Holmes dit : « Je ne peux, honnêtement, vous en
féliciter. (…) Vous avez essayé de la teinter de romantisme, ce qui produit
le même effet que si vous introduisiez une histoire d’amour ou un enlève-
ment dans la cinquième proposition d’Euclide. » [p. 109, t1].
75
StUD, p.17 (t1).
76
idem : « Quand l’un de ces individus… faisait son apparition, … de
nouveau s’offrait à moi l’occasion de lui demander à brûle-pourpoint quel
était son métier ; mais, encore une fois, par délicatesse, je n’osai pas forcer
sa confidence. Je m’imaginais qu’il devait avoir un motif sérieux pour se
taire… » [pp. 17-18]
77
idem, p. 8 : « … il se plaignait de ne pouvoir trouver avec qui partager
un bel appartement qu’il a déniché : il est trop cher pour lui seul », dixit
Stamford.
78
idem, p. 14.
79
idem : « Si vous connaissiez Sherlock Holmes, vous n’aimeriez peut-
être pas l’avoir pour compagnon… il a des idées spéciales… Il s’est entiché
de certaines sciences… il n’est pas facile de lui arracher une confidence. »
et à propos de son humeur : « Il n’est pas facile d’exprimer l’inexpri-
mable (…) il bat dans les salles de dissection les cadavres à coups de
canne… pour vérifier si on peut leur faire des bleus. » [pp. 9-10] « Il a
un don de divination extraordinaire. Plusieurs ont cherché sans succès à
se l’expliquer. » [p. 13]
80
idem, pp. 10-13.
81
idem, p. 13.
82
StUD : Holmes vient de découvrir, démonstration à l’appui, un
réactif ne pouvant être précipité que par l’hémoglobine – « la dé-
couverte médico-légale la plus utile qu’on ait faite depuis des années ! »
[p. 11]
83
StUD : « Vous avez été en Afghanistan, à ce que je vois. » (t1, p.10)
84
idem, p. 13.
85
idem, p. 16.
86
idem, pp. 16-17.
87
L’éthologie étant en psychologie l’étude des comportements
d’une personne donnée – ou d’un groupe de personnes – dans son
milieu naturel.
88
StUD, p. 15.
89
Laquelle sera accentuée par l’initiative de Holmes qui, sans le
consulter, fera paraître dans un journal une annonce mentionnant
ses nom et adresse dans le but de tendre un piège à l’assassin – cf.
idem, pp. 38-39.
90
idem, p. 8.
91
idem, p. 8.
92
Sauf WitHoUt A CLUe (elémentaire, mon cher Lock Holmes) réa-
lisé par thom eberhardt, avec Michael Caine dans le rôle de Sher-
lock Holmes et Ben Kingsley dans celui du Dr Watson où les rôles
sont inversés [PVB editions, 2002].
93
cf. gree, BrUC et eMPt.
94
Holmes n’hésite pas à s’improviser cambrioleur pour arriver à
ses fins – cf. SCAN, CHAS et iLLU.
95
cf. WAtSoN étAit UNe FeMMe de rex Stout in memorial de Sher-
lock holmeS (réf. ?) : en étudiant l’écriture même du narrateur,
l’auteur en arrive à percevoir le côté féminin du Dr Watson Pour
lui, certaines répliques comme « …C’était rare pour lui d’être encore
debout après dix heures du soir , il avait invariablement pris son petit-
déjeuner et était déjà sorti avant que je me lève » (StUD) ne peuvent
être le fait que d’une femme, voire l’expression du « discours au-
thentique d’une épouse parlant de son mari » ou « d’une maîtresse
parlant de son amant » ; quant à celle-ci : « …à ma demande, il m’a
joué plusieurs Lieder de Mendelssohn » (StUD), rex Stout affirme
qu’il est impensable d’imaginer un homme demander cela à un
autre homme. Sa démonstration aboutit à identifier la femme qui
s’avère n’être autre – on s’en serait douté – irène Adler.
96
VeiL, p. 470 (t2).
97
idem.
98
WiSt, p. 515 (t2).
99
Cree, p. 431 (t2).
100
BLAN, p. 322 (t2).
101
eNgr, p. 381 (t1).
102
HoUN, p. 154 (t2).
103
3gAr, p. 404 (t2).
104
idem.
105
StUD, p. 8 (t1).
106
SigN, dernières lignes du dernier chapitre (t1).
107
idem : « … un bon nombre de gens du milieu commencent à me
connaître ; surtout depuis que notre ami (Watson) s’est mis à publier
quelques histoires où mon nom était en bonne place. » [p. 172]
108
BoSC, pp. 274-275 (t1).
109
cf. iLLU, p. 313 (t1).
110
NAVA, p. 666 (t1).
111
Comme c’est le cas, par exemple, de la « jeune fille élégamment
vêtue » ou la « femme âgée » [p. 17] que Holmes reçoit au cours du
chapitre ii, puis de la « très vieille femme toute ridée »[p.40] qui
s’avèrera être « un homme jeune et actif » [p.42], ou encore de Mme
Charpentier et sa fille tenant pension à torquay terrace chez qui
le cadavre de Stangerson est retrouvé [p. 43 & pp. 47-50] – cf.
StUD (t1).
112
SigN : « Vous avez essayé de la (sa relation d’une etude en
rouge) teinter de romantisme, ce qui produit le même effet que si vous
introduisiez une histoire d’amour ou un enlèvement dans la cinquième
proposition d’Euclide » [p. 109]
113
cf. LASt, p. 687 (t1).
114
cf. Le tableau synthétique proposé en ANNeXe i.
115
Comme Lady eva Blackwell [CHAS] et Lady Hilda trelawney
Hope [SeCo].
116
Comme Mary Sutherland [iDeN], Helen Stoner [SPeC], Violet
Smith [SoLi], Lady Frances Carfax [LADY], Violet de Merville
[iLLU], Mrs Kate Whitney [tWiS] ou Lady Beatrice Falder [SHoS].
117
Comme Mrs Nancy Barclay [Croo], grace Dunbar [tHor],
M Montpensier [mentionnée dans HoUN] ou Mrs Ferguson
elle

[SUSS].
118
Comme Mary Morstan [SigN], emilia Lucca [reDC], Mrs Mary
Maberley [3gAB], elsie Cubitt [DANC] ou Susan Cushing
[CArD].
119
FiVe, p. 299 (t1).
120
StoC, p. 531 (t1).
121
tHor.
122
3gAB.
123
SCAN.
124
tHor, p. 429 (t2).
125
idem, p. 430.
126
idem, p. 429.
127
idem, p. 429.
128
3gAB, p. 386 (t2).
129
elle joue avec l’image qu’il a de lui-même : « Vous avez les senti-
ments d’un genleman. Comme l’instinct féminin est prompt à le décou-
vrir » dit-elle [p. 387], puis plus loin : « Vous êtes un gentleman. Il
s’agit d’un secret de femme » [p. 388].
130
idem, p. 388.
131
idem, p. 389.
132
idem, p. 388.
133
SCAN, p. 232 (t1).
134
idem, p. 211.
135
SigN, p. 114 (t1).
136
idem, p. 117.
137
SigN, p. 118.
138
idem.
139
iLLU, p. 309 (t2).
140
expression empruntée à Sherlock Holmes lui-même dans
SeCo : « Dites, Watson, le beau sexe est votre département ? »
[p. 952, t1]
141
gree, p. 622 (t1).
142
iDeN, p. 273 (t1).
143
SeCo, p. 952 (t1).
144
BerY, p. 440 (t1).
145
CHAS, p. 832 (t1).
146
goLD, p. 892 (t1).
147
SigN, p. 207 (t1).
148
idem, pp. 207-208.
149
idem, p. 208.
150
BLAN, p. 322 (t2).
151
SCAN : « Il avait l’habitude d’ironiser sur la rouerie féminine. » [p.
211, t1]
152
SigN, p. 207 (t1).
153
DYiN, p. 610 (t1).
154
eMPt, p. 696 et suivantes (t1).
155
3gAB, p. 388 (t2).
156
VALL, p. 54 (t2)
157
SCAN, p. 211 (t1)
158
Quand il narre son entretien avec Violet de Merville destiné à la
convaincre de ne pas épouser le baron gruner, il dit : « Elle me fit
de la peine, Watson. Sur le moment, je la regardai comme j’aurais regardé
ma propre fille » – cf. iLLU, p. 309 (t2).
159
cf. tWiS : « J’ai trop d’expérience pour ne pas savoir que l’intuition
d’une femme peut s’avérer beaucoup plus valable que les conclusions d’un
raisonneur qui procède par analyse », dit-il à propos de Kate Whitney
dont l’époux est porté disparu [p. 329 – t.1] ; ou encore dans LioN :
« J’apprécie beaucoup l’instinct féminin dans de telles affaires » [p. 459
– t1].
160
SigN, p. 118 (t1).
161
cf. LioN : « J’ai rarement éprouvé de l’attrait pour les femmes car
mon cerveau a toujours gouverné mon cœur » [ p. 458 – t2 ]
162
cf. SigN, p. 145 (t1).
163
cf. iLLU, p. 303 (t2).
164
il ne fait de confidences à Watson sur sa généalogie et son en-
fance qu’au début de gree [pp.622-623, t1] pour introduire le per-
sonnage de son frère Mycroft et dans gLor [pp. 533-535, t1], pour
expliquer le choix de sa profession.
165
cf. ed. robert Laffont, Paris, 1976.
166
cf. LASt, p. 674 (t1).
167
cf. reti, p. 502 (t2).
168
cf. DeVi, p. 668 (t2)
169
VALL, p. 54 (t2).
170
BerY, p. 439 (t1).
171
LioN, p. 456 (t2).
172
idem, pp. 458-459.
173
idem, p. 458.
174
StUD, p. 14 (t1).
175
cf. L’article de Pierre Barnier intitulé “Le Mal de vivre holmé-
sien” paru dans l’ouvrage Sherlock holmes collection Héros aux
éditions DLM, Pézilla-la-rivière – 1997.
176
CoPP, p. 445 (t1).
177
StUD, p. 14 (t1).

2. leS additionS holmeSienneS


ou le côté obScur du PerSonnage

1
StUD, pp. 19-21 (t.1).
2
reti, p. 497 (t.2)
3
StUD, p. 12 (t.1)
4
StUD, p. 12 (t.1).
5
SigN, p. 108 (t.1).
6
Le terme de « malédiction » employé ici est vraisemblablement une fantaisie du
traducteur français, il n’apparaît pas dans le texte original lequel est : « Do you
know, Watson, that it is one of the curses of a mind with a turn like mine that I must
look at everything with reference to my own special subject.” [from the original il-
luStrated ‘StrAND’ Sherlock holmeS, Sir ArtHUr CoNAN DoYLe, tHe CoM-
PLete FACSiMiLe eDitioN – Wordsworth editions, Hertfordshire, 1998], phrase
pouvant se traduire comme suit : “Vous savez, Watson, que c’est l’un des travers
d’un esprit comme le mien qui m’oblige à considérer toute chose en référence
avec ma profession particulière. » ; cependant, le terme de « travers » utilisé
dans notre traduction peut expliquer celui de « malédiction » (synonyme de
« tare », en quelque sorte) dans le sens où la façon dont Holmes perçoit le monde
résulte d’une tournure d’esprit contre laquelle il ne peut rien.
7
CoPP, p. 454 (t.1).
8
eMPt, p. 708 (t.1).
9
CoPP, pp. 444-445 (id.)
10
MAZA, p. 343 (t.2).
11
A plusieurs reprises dans le Canon, on voit Watson imposer du repos à son
ami : notamment dans reig où il se rend à Lyon, à l’hôtel Dulong où le détec-
tive, à la suite d’une enquête s’étant prolongée pendant deux mois, est en proie
à la plus noire des dépressions ; mais aussi dans DeVi, où – à la demande ex-
presse du Dr Moore Agar - il conduit Holmes dans les Cornouailles pour lui
épargner une grave dépression nerveuse.
12
VALL, p. 52 (t.2).
13
gree, p. 622 (t.1).
14
SigN, p. 118 (t.1).
15
CHAS, p. 831 (t.1).
16
DYiN, p. 610 & suivantes (t.2.).
17
cf. SigN : « l’émotivité s’oppose toujours à cette froide et véridique raison que je
place au-dessus de tout. » [p. 208 - t.1].
18
il laissera néanmoins transparaître sa peur de perdre Watson dans l’affaire
des trois garrideb, lorsque Killer evans leur tire dessus : « Pour l’amour de
Dieu, dites-moi que vous n’êtes pas touché ! », élan de compassion durant lequel
Watson verra « s’embuer les yeux durs et frémir les lèvres fermes » du détective
(3gAr, p. 404 – t.2).
19
DeVi, pp.661-662, cf. le rapport de l’expérience menée par Holmes en pré-
sence de Watson (à qui il doit son salut) avec la poudre extraite d’une plante -
la radix pedis diaboli - qui pousse dans certaines régions de l’Afrique occidentale
et qui sert de poison de châtiment chez certains sorciers indigènes.
20
FiNA, p. 683 (t.1).
21
idem, p. 686.
22
idem, p. 683.
23
idem , p. 673.
24
Le grand hiatus s’étend de mai 1891 à avril 1894, trois années à propos des-
quelles – hormis le laconique récit qu’en fait Holmes à Watson dans eMPt (cf.
pp. 696-699, t.1) – nous ne savons rien.
25
LASt, p. 681 (t.2).
26
LioN, p. 451-452 (t.2).
27
Sherlock Holmes est donc droitier.
28
« Le partage semble plutôt injuste ! C’est vous qui avez fait tout le travail dans cette
affaire. A moi, il échoit une épouse ; à Jones, les honneurs. Que vous reste-t-il donc,
s’il vous plaît ?
- A moi ? répéta Sherlock Holmes. Mais il me reste la cocaïne, docteur !
Et il allongea sa longue main blanche pour se servir. » (SigN, p. 208 – t1)
29
« … je suis le seul au monde de mon espèce. » [SigN, p. 108 -t1].
30
« J’ai l’impression que je me déprécie quand j’explique. » [StoC, p. 516 – t1].
31
« … j’avais enfin rencontré un adversaire qui était, sur le plan intellectuel, mon
égal. » [FiNA, p. 6674 – t1].
32
FiNA, p. 683 (t1).
33
SigN, p. 108 (t1).
34
idem.
35
idem.
36
idem.
37
eNgr, p. 384 (t.1).
38
il préfère sa longue pipe en merisier à celle en terre lorsque son humeur est
davantage à la discussion qu’à la méditation (CoPP, p. 445 – t.1).
39
on le voit prendre un cigare accompagné d’un whisky à l’eau et inviter Wat-
son et l’inspecteur Lestrade à l’accompagner à la fin de l’entrevue menée avec
Lord Saint-Simon (NoBL, p. 412 – t.1).
40
cf. NorW.
41
cf. tWiS.
42
cf. MUSg.
43
cf. SiLV.
44
cf. HoUN.
45
cf. MUSg & NAVA.
46
cf. Note 11.
47
NorW, p. 725 (t.1).
48
idem.
49
DeVi, pp. 646-647(t.2).
50
StUD, p. 14 (t.1).
51
idem.
52
rappelons cette remarque de Watson : « son appétit était un gage de succès»
(VALL, p. 52 – t.2).
53
cf. la partie suivante de cet exposé.
54
gree, p. 636 (t.1).
55
CHAS, p. 833 (t.1).
56
tWiS, p. 315 (t.1).

3. interPrétationS deS donnéeS recueillieS

1
CoPP, pp. 444-445 (id.)
2
en avril 1887, d’abord, n’ayant pas « résisté à la tension d’une enquête qui
s’était prolongée pendant deux mois », période durant laquelle « il n’avait jamais
travaillé moins de quinze heures par jour », avouant même ne s’être pas reposer
« une heure pendant cinq jours », il sombre dans « la plus noire des dépressions »
et nécessite, de la part de Watson, une prise en charge personnelle et une mise
au repos forcé (reig, p. 569 – t.1). en mars 1897, ensuite, accablé par le travail,
il se voit formellement ordonné par le Dr Moore Agar de prendre un repos com-
plet, s’il veut s’épargner une grave dépression nerveuse (DeVi, p.646 – t2).
3
tWiS, p. 331 (t1).
4
cf. le diagnoStic en PSychiatrie de Marie-Christine Hardy-Bayle (coll. 128
Psychologie, Nathan Université, Paris, 2001).
5
idem.
6
eMPt, p. 708 (t1).
7
gree, p. 622 (t1).
8
Classification internationales des troubles Mentaux et des troubles du Com-
portement, oMS, genève et Masson, Paris, 1993.
9
traduction française de J.-D.guelfi & al., Masson, Paris, 1996.
10
cf. pp.39-43 de le diagnoStic en PSychiatrie (id), texte sur lequel nous nous
sommes appuyés pour rédiger ce paragraphe.

11
le diagnoStic en PSychiatrie de Marie-Christine Hardy-Bayle (id., p.16).
12
ou borderline, on trouve les deux orthographes.
13
le diagnoStic en PSychiatrie, id. p.19.
14
le diagnoStic en PSychiatrie, id. pp. 21-22 – les termes présentés en gras
servant à mettre en exergue les symptômes exposés par rapport aux troubles
observés chez Sherlock Holmes.
15
Le terme d’objet étant ici employé non pas dans son acception psychanaly-
tique, mais comme synonyme d’objectif.
16
cf. la citation présentée en note 7.
17
Notons qu’il est le principal fondateur du Club Diogène dont le règlement in-
terdit à chacun de ses membres « de s’intéresser à l’un quelconque de ses col-
lègues » et « de parler [quel qu’en soit le] prétexte » (gree, p. 624 – t1).
18
Pour plus d’informations, nous renvoyons le lecteur à la littérature produite
sur le sujet, notamment à Freud et ses successeurs.
19
elles s’étendent de 1872 à 1883.
20
A assimiler à la psychose paranoïaque.
21
Dans la Solution à 7%, Moriarty qui fut le précepteur de Holmes dans sa
jeunesse aurait eu une liaison adultère avec sa mère ; la découverte de l’adultère
par le père aurait entraîné le châtiment de l’épouse et le licenciement du pré-
cepteur.
22
« Ah ! voilà bien le côté génial, miraculeux de l’affaire ! Cet homme règne sur Londres
et personne n’a jamais entendu parler de lui. (…) Il est l’organisateur de tous les forfaits,
ou presque, qui restent impunis dans cette grande ville. (…) Jamais soupçonné. (…) le
professeur s’était entouré de protections si habilement réparties que, quoi que je fisse, il
me parut impossible d’obtenir une preuve convaincante dans une enceinte de justice. »
[FiNA, pp. 673-674 – t1].
23
« Oui. J’ai peur. » (FiNA, p. 672 – t1).
24
FiNA, p. 672 (t1).
25
eMPt, p. 708 (t1).
26
terme employé comme synonyme de « préjudiciable au développement
sain d’un individu ».
27
eMPt, p. 691 et suivantes (t1).
28
eMPt, p. 699 (id.) – “Work is the best antidote to sorrow, my dear Watson”
[p. 560 - from the original illuStrated ‘StrAND’ Sherlock holmeS, Sir
ArtHUr CoNAN DoYLe, tHe CoMPLete FACSiMiLe eDitioN – Wordsworth editions,
Hertfordshire, 1998]
29
3gAB, p. 387 (t2).
30
SigN, p. 108 (t1)
31
cf. dans reti : « …toute la vie n’est-elle pas pathétique ? (…) Nous atteignons. Nous
saisissons. Nous serrons les doigts. Et que reste-t-il finalement dans nos mains ? Une
ombre. Ou pis qu’une ombre : la souffrance» [p. 497 - t2], ou encore dans CArD :
« A quelle fin tend ce cercle de misère, de violence et de peur ? Il doit bien tendre à une
certaine fin, sinon notre univers serait gouverné par le hasard, ce qui est impensable.
Mais quelle fin ? Voilà le grand problème qui est posé depuis le commencement des
temps, et la raison humaine est toujours aussi éloignée d’y répondre » [p. 562 - t2].
32
ABBe, p. 935 (t1).
33
3gAB, p. 389 (t2).
34
BerY, p. 440 (t1).
35
Littéralement « le fils de Siger » [cf. eMPt, p. 699 – t1] .
36
cf. moi, Sherlock holmeS de W.S.Baring-gould, éd. encrage.
37
Période allant de la date d’installation de Holmes et Watson à Baker Street à
la retraite du détective dans les Downs.
38
cf. MUSg : « Vous connaissez ma méthode en pareil cas, Watson. Je me mets à la
place de l’homme, et ayant d’abord évalué l’ampleur de son intelligence, je m’efforce
d’imaginer comment j’aurais moi-même agi dans des circonstances analogues » [p. 565
- t1] et reti : « Vous n’obtiendrez de résultats, inspecteur, que si vous vous mettez
toujours à la place de l’autre et si vous réfléchissez à ce que vous auriez fait dans son
cas. Cette méthode requiert de l’imagination mais elle est payante. » [ p. 509 - t2].
39
reSi, p. 608 (t1).
40
idem.
41
HoUN, p. 156 (t2).
42
traduction de British Medical Journal.
43
StoC, p. 514 (t1).
44
goLD, p. 878 (t1)
45
StUD, p. 15 (t1).
46
SigN, p. 107 (t1).
47
StUD, p. 14 (t1).
48
idem.
49
SigN, p. 107 (t1).
50
idem.
51
« Ce spectacle m’irritait chaque jour davantage, et la nuit ma conscience me repro-
chait de n’avoir pas eu le courage de protester. (…) à le contrarier, je me serais senti
timide et maladroit » [SigN, p. 107 -t1].
52
idem, p. 108.
53
« …ce spectacle m’irritait chaque jour davantage, et la nuit ma conscience me repro-
chait de n’avoir pas eu le courage de protester » [idem, p. 107]
54
idem, p. 108 (id.).
55
3gAr, p. 391 (t2).
56
reig, p. 568 (t.1).
57
idem, p. 577 (id.).
58
Le traitement doit être librement consenti pour être efficace.
59
traduction de : “For years i had gradually weaned him from that drug
mania…”[p.697 - from the original illuStrated ‘StrAND’ Sherlock
holmeS, Sir ArtHUr CoNAN DoYLe, tHe CoMPLete FACSiMiLe eDitioN –
Wordsworth editions, Hertfordshire, 1998]
60
MiSS, p. 900 (t1).
61
cf. notamment BoSC, StoC, Croo et, le plus significatif, FiNA [t.1].
62
idem.
63
tWiS, p. 320 (t1).
64
MiSS, pp. 901-902 (t1).
65
Personnage du roman de r.-L.Stevenson docteur Jekyll et miSter hyde
(1886).
66
Personnage de la nouvelle d’oscar Wilde, Le Portrait de Dorian gray (1891).
67
Personnage du roman d’H.-g.Wells, L’île du Docteur Moreau (1896).
68
Personnage du roman homonyme de Bram Stoker (1897).
69
reti, p. 508 (t2).
70
CHAS, p. 833 (t1).
71
tHor, p. 407 (t.2).

Deuxième ParTie

ANALYSe et DiAgNoStiC

1
Diagnostic and Statistic Manual of Mental Disorders [Manuel Diagnostique et Sta-
tistique des maladies mentales ]– 4ème édition : système de classification des ma-
ladies mentales développée par l’American Psychiatric Association ; pour
chaque maladie mentale, une liste de symptômes est donnée, lesquels doivent
être présents pour que le diagnostic soit appliqué.
2
Cette partie de notre exposé a été élaborée grâce à la consultation d’ouvrages
nombreuses qu’il nous est difficle de répertorier ici.
3
cf. Le termes en italique dans cette partie sont explicités dans le Lexique, pré-
senté en Annexe iV.
4
Pour une première approche, nous renvoyons le lecteur à l’ouvrage suivant :
mini dSm-iV, critèreS diagnoStiQueS, Version française complétée des codes
CiM-10 de Julien Daniel guelfi & al. (éd. Masson, Paris, 2002).
5
cf. Troubles de la personnalité : définitions et critères diagnostiques spécifiques, pré-
senté en Annexe iV.
6
pour trouble obsessionnel-Compulsif.
7
cf. mini dSm-iV, critèreS diagnoStiQueS, sous la direction de J.D.guelfi
(Masson, Paris, 2002).
8
cf. Bibliographie des etudes Holmesiennes, présentées en Annexe V.
9
il existe plus de cinq cents cercles holmesiens actifs à ce jour de par le monde.
10
Déjà cité en note 175 de la page 22 du présent ouvrage.
11
cf. Le Mal de Vivre Holmésien (in Sherlock holmeS de Saint-Joanis, Barquin
& Bannier, DLM editions, coll. Héros – Pézilla-La-rivière, 1997), p. 121.
* « Les signes cliniques qu’il présente ne seraient pourtant pas assez marqués pour que
l’on puisse qualifier ses troubles existentiels comme relevant d’une psychose maniaco-
dépressive – Note de Marie-Noëlle Clément, interne des hôpitaux de Lyon en psy-
chiatre » - Note additionnelle au texte de P. Bannier, ibid.
12
ibid.
13
ibid, p. 119.
14
ibid, p. 122.
15
ibid.
16
ibid.
17
ibid.
1
ibid.
1
ibid.
2
℮/dite, coll. Criminales, Paris, Novembre 2002.
2
ibid, p. 29.
2
ibid, p. 157.
2
ibid, p. 78.
2
Pulsions tyrannicides et tendances persécutrices à l’égard de Watson notam-
ment (cf. ibid, p. 107).
2
ibid, p. 98.
2
ibid, pp. 32-33.
2
ibid, p. 211.
28
ibid, p. 140.
29
cf. 1. APProCHe DeS trAitS De CArACtère LeS SAiLLANtS DU PerSoNNAge, dans la
sous-partie intitulée « Son rapport à l’autre ou le couple Holmes-Watson », p.10.
30
on note cependant que l’attitude destructrice s’atténue souvent cependant
grâce à la mise en place de l’analyse et la vie peut reprendre son cours.
31
cf. Le concept d’addiction, présenté en Annexe ii.
32
cf. Anaclitisme in Lexique (Annexe iV).
33
cf. « Difficulties in the psychoanalytic treatment of borderline patients », paru en
1979 dans adVanceS in the PSycho-theraPy oF the borderline Patient de J.
Le Boit & A. Capponi (Jason Aronson, New York) dont une traduction française
faite par le Dr J. DUBUiS est proposée sur internet à l’adresse suivante :
http://www.megapsy.com/french/borderline.hym
34
Selon rosenfeld (ibid), il semblerait que ces structures soient faciles à distin-
guer des psychoses mais pas des névroses – en effet, même en situation de stress,
il n’y a pas de confusion entre le Self (moi) et l’objet, ce qui est typique de la psy-
chose.
35
cf. « Causes supputées des troubles observées », in 3. interPrétationS deS donnéeS
recueillieS, Première Partie, p. 41 et suivantes.
36
ibid.
37
cf. mini dSm-iV…, ibid, pp. 284-285.
38
StUD, p. 12 (t1).
39
cf. « Son rapport à l’autre ou le couple Holmes-Watson » in 1. APProCHe DeS trAitS
De CArACtère LeS PLUS SAiLLANtS DU PerSoNNAge, dans la Première Partie du pré-
sent ouvrage.
40
Holmes utilisera le terme d’abandon, lors du second mariage de Watson : « Le
brave Watson, écrit-il, m’avait à l’époque abandonné pour se marier. » (BLAN, p. 322
– t2).
41
BoSC, pp. 274-275 (t1).
42
tWiS, p. 320 (t1).
43
« J’en avais peur ! », telle est la réplique que Holmes fait Watson quand ce
dernier lui annonce l’honneur que lui fait Miss Morstan d’accepter de l’épou-
ser – SigN, p. 207 (t1).
44
SigN, p. 208 (t1).
45
« De son côté, Holmes s’était isolé dans notre meublé de Baker Street ; son goût pour
la bohème s’accommodait mal de toute forme de société ; enseveli sous de vieux livres, il
alternait la cocaïne et l’ambition : il ne sortait de la torpeur de la drogue que pour se
livrer à la fougueuse énergie de son tempérament… » – SCAN, pp. 211-212 (t1).
46
« Ces derniers temps, je n’avais pas beaucoup vu Holmes. Mon mariage avait séparé
le cours de nos vies. Toute mon attention se trouvait absorbé par mon bonheur person-
nel… » – SCAN, p. 211 (ibid).
47
LASt, p. 684 (t2).
48
« Mon carnet de notes me rappelle que c’est en janvier 1903, … Le brave Watson
m’avait à l’époque abandonné pour se marier » – BLAN, p. 322 (t2).
49
gLor, p. 533 (t1).
50
cf. Dr Watson gets married… , étude de Sophie Bellocq-Poulonis sur les diffé-
rents mariages du narrateur.
51
cf. 1. dans la première partie du présente ouvrage.
52
gree, p. 622 (t1).
53
Date où se déroule l’intrigue d’un Scandale en bohême (t1).
54
« Au cours des trois mois qui suivirent mon installation, je ne bougeai de chez moi
que pour visiter mes malades ; je vis donc rarement mon ami Sherlock Holmes… » -
StoC, p. 514 (t1).
55
SCAN, p. 211 (t1).
56
BoSC.
57
StoC, Croo, FiNA.
58
gree, p. 622 (t1).
59
ibid.
60
StUD, p. 99 (t1).
61
« … de temps à autre, j’ai le cafard ; je reste plusieurs jours de suite sans ouvrir la
bouche. Il ne faudra pas croire que je vous boude. Cela passera si vous me laissez tran-
quille. » - StUD, p. 12 (t1).
62
cf. la partie 2. addictionS holmeSienneS ou le côté obScur du PerSon-
nage, présenté dans la première partie du présent ouvrage.
63
NAVA, p. 666 (t1).
64
cf. Human nature and the social order (1902) and Social Organization (1909), cité
dans la PerSonnalité, J.-Cl. Filloux (PUF, Que sais-je ? n°758)
65
eMPt, p. 694 (t1).
66
Auteur de Principes de Psychologie (1890), cité dans la PerSonnalité, J.-Cl.
Filloux (ibid).
67
confiance en soi.
68
cf. la PerSonnalité (ibid).
69
MAZA, p. 343 (t2).
70
reig, p. 568 (t1).
71
DeVi, p. 646 (t2).
72
rappelons qu’en avril 1887, puis au printemps 1897, Holmes – en proie à une
grave dépression nerveuse résultant de longues périodes de travail acharné –
se voit dans l’obligation de prendre quelque repos.
73
Phrase citée dans reDH, p. 256 (t1).
74
StUD, p. 30 (t1).
75
BoSC, pp. 287-288 (t1).
76
StUD, p. 10 (ibid).
77
« Je voyageai pendant deux ans au Tibet, je visitai Lhassa et passai plusieurs jours en
compagnie du dalaï-lama » - eMPt, p. 699 (t1).
78
StUD, p. 14 (t1).
79
ibid.
80
cf. le diagnoStic en PSychiatrie, p. 39 et suivantes – M.-Ch. Hardy-Bayle
(Nathan Université, coll. 128, n°72, Paris, 2001).
81
SCAN, p. 212 (t1).
82
rappelons qu’à cette époque, Watson a quitté Baker Street pour épouser Mary
Morstan et qu’il n’a pas vu son ami depuis un long moment.
83
3gAr, p. 404 (t2).
84
reti, p. 497 (t2).
85
CArD, p. 562 (t2).
86
StUD, p. 12 (t1).
87
StUD, p. 10 (t1).
88
Pratique aussi mentionnée dans DYiN, p. 610 (t2).
89
MUSg, p. 551 (t1).
*
traduction de « in one of his queer humours », le qualificatif “queer” pouvant
avoir les acceptions suivantes : « étrange, bizarre », mais aussi « louche, douteuse ».
90
ibid.
91
StUD, pp. 12-13 (t1).
92
DYiN (ibid).
93
ibid.
94
FiVe, p. 298 (t1)
95
StUD, p. 12 (t1).
96
FiNA, p. 678 (t1).
97
« Oui. J’ai peur. (…) De[s] fusils à vent. » - ibid, p. 672.
98
ibid.
99
« Holmes, sans attendre, longea le mur, attrapa les volets, et les attacha solidement »
- ibid.
100
« J’irai jusqu’à vous prier de faire fi des convention pour m’autoriser à quitter bientôt
votre maison en escaladant le mur de votre jardin » - ibid ; « je vous ai demandé l’au-
torisation de quitter votre maison par une sortie moins voyante que votre porte de fa-
çade » - pp. 677-678.
101
elles sont recueillies dans etude en rouge, le Signe deS Quatre, leS aVen-
tureS de Sherlock holmeS.
102
ibid, p. 676.
103
« …je dus convenir que j’avais enfin rencontré un adversaire qui était, sur le plan
intellectuel, mon égal. L’horreur que m’inspiraient ses crimes se mêlait à l’admiration
dont je saluais son habilité » - FiNA, p. 674 (ibid).
104
Ces dates font référence à la chronologie intra-diégétique du Canon. Nous en
présentons une synthèse en Annexe Vi.
105
ibid, p.672.
106
il serait intéressant de faire une étude comparative des physionomies des
deux hommes…on s’aperçevrait que certains de leurs traits sont similaires.
107
ibid, p. 687.
108
cf. L’œuvre ouverte, U. eco (grasset, … ?)
109
Dans SCAN, CHAS et iLLU.
110
SCAN, p. 211 (t1).
Troisième ParTie
SPéCULAtioNS

1
cf. celle proposée par S.Bellocq-Poulonis dans son ouvrage L’AVeNtUre De Dé-
teCtiVe trioMPHANt , Une etude du Mythe Holmesien, (éd. L’oeil du Sphinx,
Paris, 2004)
2
Le mariage a probablement lieu à la fin de l’automne 1887 (cf. NoBL).
*
« il est dommage que la Nature n’ait fait de toi qu’un homme, toi qui avais
l’étoffe d’un saint et d’un brigand ».
3
SigN, pp. 207-208 (t1).
4
« Mon mariage avait séparé le cours de nos vies. Toute mon attention se trouvait ab-
sorbée par mon bonheur personnel, si complet, ainsi que par les mille soucis qui fondent
sur l’homme qui se crée un vrai foyer. » - SCAN, p. 211 (t1).
5
« Le mariage de lord Saint-Simon … Des scandales neufs… ont relégué aux oubliettes
ce drame vieux de quatre ans. » - NoBL, p. 401 (t1)
6
« Ceci se passait quelques semaines avant mon mariage : je partageais alors avec Holmes
l’appartement dans Baker Street. » - ibid.
7
SCAN, pp. 211-212 (t1).
8
« Divers échos de son activité m’étaient parvenus par intervalles : notamment son
voyage à Odessa où il avait été appelé pour le meurtre des Trepoff, la solution qu’il ap-
porta au drame ténébreux qui se déroula entre les frères Atkinson de Trincomalee, enfin
la mission qu’il réussit fort discrètement pour la famille royale de Hollande. En dehors
de ces manifestations de vitalité, dont j’avais simplement connaissance par la presse quo-
tidienne, j’ignorais presque tout de mon ancien camarade et ami. » - ibid, p. 212.
9
ibid.
10
ibid, p. 215.
11
« … je me levais pour partir, mais Holmes me saisit par le poignet et me repoussa dans
le fauteuil.
- Ce sera tous les deux, ou personne ! déclara-t-il. Devant ce gentleman, vous pouvez
dire tout ce que vous me diriez à moi seul » (ibid, p. 216)
12
LASt, p. 684 (t2).
13
SigN, p. 108 (t1).
14
Première publication en 1886.
15
rédigé à partir de le diagnostic en Psychiatrie de M.-Christine Hardy-
Baylé (coll. 128 - édition Nathan Université, 2001).
16
cf. Lexique, présenté en Annexe 4.
17
lequel a probablement été accentué par l’échec qu’il essuie face à irène Adler
dans un Scandale en bohême.
18
SigN, ibid.
19
SigN, p. 207.
20
« Je griffonnai un billet pour mon voisin, montai quatre à quatre afin d’avertir ma
femme, et rejoignis Holmes sur le pas de la porte. » - StoC, p. 516 (t1).
21
« Ma femme était déjà montée. » - Croo, p. 587 (t1) ; « est-ce que Mme Wat-
son est ici ? elle est sortie pour faire une visite. » - FiNA, p. 672 (t1).
22
« Ma femme était allée passer quelques jours chez sa tante » - FiVe, p. 298 (t1) ;
« Est-ce que Mme Watson est ici ? Elle est sortie pour faire une visite. » - FiNA, p. 672
(t1).
23
« J’espère que Mme Watson est tout à fait remise des petites émotions que nous
avons connues lors de notre aventure du « signe des quatre » ? » - StoC, p. 514
(t1).
24
A propos d’un télégramme envoyé par le détective : « Qu’en dites-vous, mon
chéri ? Partirez-vous avec lui ? (…) Vous vous sentiez un peu fatigué. Ce changement
d’air vous remettra. Et puis, les affaires de M. Sherlock Holmes vous passionnent tou-
jours ! » - BoSC, p. 274 (t1) ;
A propos d’une lettre alarmante reçue d’une relation de jeunesse : « Ma femme
convint qu’il n’y avait pas un moment à perdre, si bien qu’une heure après avoir pris
mon petit déjeuner je me retrouvai une fois de plus dans mon ancien logement de Baker
Street » - NAVA, pp. 640-641 (t1).
25
FiVe, p. 298 (t1).
26
eNgr, p. 381 (t1).
27
SCAN, p. 211 (t1).
28
« En 1851, écrit François Bédarida (in la Société anglaiSe du milieu du xixe
Siècle à noS JourS, éd. du Seuil, coll. Points Histoire, Paris, 1990 – p. 45), un Lon-
donien seulement sur vingt-cinq appartient à la classe « supérieure », alors que les classes
populaires (…) englobent plus des quatre cinquièmes de la population. »
29
ibid.
30
Paru en 1902 ; réédité sous le titre le PeuPle d’en baS aux éditions Phébus,
coll. Libretto (1999, Paris), traduction française de François Postif.
31
Nous invitons le lecteur à consulter la littérature concernant le sujet, laquelle
est conséquente, dont les ouvrages de Stéphane Bourgoin sont sans doute les
plus accessibles pour les francophones – notamment Jack l’eVentreur dans la
collection « Crime Story » paru aux éditions Fleuve Noir (1992) et le liVre
rouge de Jack l’eVentreur (grasset, 1998).
32
cf. p. 19 (t1).
33
“The Juwes are the men who will not be blamed for this for nothing” – le mot
“Juwes” étant mis pour “Jews” don’t c’est l’orthographe habituelle.
34
cf. p. 852 (t1).
35
Auteur notamment de PoStmortem, mémoireS morteS et d’une dizaine d’au-
tres romans mettant en scène le personnage du Dr Kay Scarpetta, médecin lé-
giste expert de l’etat de Virginie, parus principalement aux éditions Le Masque
et Calmann-Lévy.
36
cf. Portrait d’un tueur : Jack l’eVentreur, aFFaire claSSée (editions. des
Deux terres, diffusion Seuil, 2003).
37
Son nom et l’éventualité de sa culpabilité furent aussi mentionnés dans le
roman de Paul West leS FilleS de WhitechaPel et Jack l’eVentreur (éd. ri-
vages, 1991) et celui de J.B. livingstone le retour de Jack l’eVentreur (éd. Al-
phée, 1989).
38
cf. Jack l’eVentreur : le Journal le doSSier la controVerSe (éd. JCLat-
tès, 1993).
39
illustrée par From hell, la bande dessinée d’Alan Moore et eddie Campbell
(éd. Delcourt, 2000) avant d’être porté à l’écran par les frères Hughes avec John
Depp et Heather graham dans les rôles principaux (twentieth Century Fox Film
Corporation, 2001)
40
Déclaré officiellement mort de la grippe en 1892, il serait en fait décédé
quelques années plus tard à l’hôpital de Sandringham où il était interné à cause
d’une syphilis.
41
il envisagea que le tueur était déguisé en sage-femme (à moins qu’il ne fut une
sage-femme) dont les vêtements tachés de sang et les déplacements à des heures
indues dans les rues ne devaient en rien être suspects du fait de sa profession.
42
on pense notamment l’ultime déFi de Sherlock holmeS de Michaël Dib-
din (éd. rivages, 1994).
43
cf. SigN (t1).
44
cf. BLAC (t1).
45
cf. NAVA (t1).
46
cf. SCAN (t1).
47
cf. tWiS (t1).
48
cf. traduction française de Pierre Leyris, éd. gallimard, coll. L’étrangère,
1995.
49
ibid, p. 135.
50
cf. CHAS, p. 833 (t1).
51
« J’aurais pu me faire un nom parmi les gangsters », p. 506 (t2).
52
cf. SigN : « Je ne pus m’empêcher de penser qu’il eût fait un bien dangereux crimi-
nel q’il avait tourné sa sagacité et son énergie contre la loi, au lieu de les exercer pour
sa défense », p. 141 (t1).
53
cf. gree : « C’est une chance que vous soyez du côté de la force publique et non
contre elle ! », p. 636 (t1).
54
rappelons que, dans la majorité des cas, l’état borderline est lié à un trauma-
tisme désorganisateur qui trouve souvent son origine dans une agression
sexuelle subie dans l’enfance et refoulée.
*
Fée blonde.
55
cf. SCAN, p. 212 (t1).
*
Situé en Ukraine, sur la Mer Noire.
¨
Au Ceylan, actuel Sri Lanka.
56
cf. iDeN, p. 259 (t1).
57
cf. p. 381 (t1).
58
cf. FiNA (t1).
annexes
Annexe 1

LeS FeMMeS DANS Le CANoN


Annexe 2

Le CoNCePt D’ADDiCtioN

1. DéFiNitioN :

Selon la définition généralement observée, la notion d’ad-


diction englobe toutes les activités humaines ayant pris une place
importante, voire cruciale, dans une vie quotidienne et répondant
soit à des besoins naturels et profonds de chaque être humain : tels
que celui de réguler son humeur, ses états psychologiques, de sou-
lager sa détresse morale et ses souffrances, de vivre des moments
d’excitation, de plaisir – lesquels, dans l’ensemble, entrent dans ce
qu’il est convenu d’appeler la gestion hédonique d’une existence
donnée, c’est-à-dire la mise en place de moyens pour accéder au
bonheur ; soit relevant d’activités adaptatives ou pragmatiques uti-
lisées secondairement pour leur valeur hédonique.
L’addiction se poserait en termes de quantité et d’investis-
sement dans l’activité dite addictive : « être addicté, ce n’est pas
tant faire quelque chose de particulier, que faire quelque chose de
façon particulière ». Ainsi peut-on être addicté à une substance
psychotrope (alcool, drogue, tabac, médicament psychotrope…),
mais aussi à des activités sans consommation de substance qui, ce-
pendant, se révèlent être des sources de stimulations pour notre
cerveau (télévision, jeu vidéo, jeu d’argent, sexualité, sport, tra-
vail…) en générant la sécrétion de « drogues » endogènes (neuro-
peptides, hormones…, substances naturellement fabriquées par le
cerveau pour son propre fonctionnement). Les addictions peuvent
donc avoir un caractère non pathologique et aider à la réalisation
d’un équilibre dans la vie personnelle ; ou bien avoir un caractère
pathologique quand il y a apparition de phénomènes de manque,
de tolérance, de conflits, de saillance - la saillance de l’activité ad-
dictive entraînant de nombreuses conséquences dommageables
pour l’individu et pour son entourage.
2. DiAgNoStiQUer UNe ADDiCtioN :

La reconnaissance d’une addiction répond à huit signes :


1.Soulager une souffrance, cacher un mal de vivre.
2.Se donner du plaisir.
3.ressentir un manque (souffrance insupportable que cache
l’addiction).
4.Ne plus sentir les mêmes effets aux mêmes « doses » (la
répétition créant l’usure du plaisir, d’où…
5.Le besoin de toujours plus.
6.Perdre le contrôle de ce que l’on fait (l’activité addictive
devenant saillante, c’est-à-dire qu’elle devient la chose le plus im-
portante dans l’existence, au point qu’elle en devient obsession-
nelle).
7.Vivre des conflits (négligences, pertes financières, pro-
blèmes légaux engendrés par l’activité addictive laquelle fait per-
dre de vue à l’individu qui y est soumis le sens des réalités).
8.Le combat et les rechutes (cette activité générant souffrance et
inadaptation, l’individu lutte pour de se détacher de sa dépen-
dance, avec plus ou moins de succès).

3. geStioN HéDoNiQUe et ADDiCtioNS

La gestion hédonique se définit comme toute action menée


par un individu pour réguler son humeur et plus généralement
contrôler ses états psychologiques. elle recouvre la mise en œuvre
par chacun de moyens qui lui sont propres, lesquels contribuent à
l’aider à mener le mieux possible son existence.
on considère l’addiction comme une action de la gestion hé-
donique destinée à donner une réponse à un problème de dyspho-
rie (souffrance psychique), réponse qui passe par une organisation
particulière des addictions de l’individu.
Annexe 3

LeS DiX troUBLeS De LA PerSoNNALité


réPertoriéS PAr Le DSM-iV
- DéFiNitioN & CritèreS DiAgNoStiQUeS SPéCiFiQUeS -

groUPe A DeS troUBLeS De LA PerSoNNALite

jPersonnalité Paranoïaque
Méfiance soupçonneuse envahissante envers les autres dont
les intentions sont interprétées comme malveillantes, qui apparaît
au début de l'âge adulte et est présent dans des divers contextes,
comme en témoignent au moins quatre des manifestations sui-
vantes :
(1) Le sujet s’attend sans raison suffisante à ce que les autres l’ex-
ploitent, lui nuisent ou le trompent ;
(2) Est préoccupé par des doutes injustifiés concernant la loyauté
ou la fidélité de ses amis ou associés ;
(3) Est réticent à se confier à autrui en raison d’une crainte in-
justifiée que l’information soit utilisée de manière perfide contre lui ;
(4) Discerne des significations cachées, humiliantes ou mena-
çantes dans des commentaires ou des événements anodins ;
(5) Répétition de comportements, de gestes ou de menaces suici-
daires, ou d'automutilations.
(6) Garde rancune, c’est-à-dire ne pardonne pas d’être blessé, in-
sulté ou dédaigné ;
(7) Perçoit des attaques contre sa personnes ou sa réputation, alors
que ce n’est pas apparent pour les autres, et est prompt à la contre-attaque
ou réagit avec colère ;
(8) Met en doute de manière répétée et sans justification la fidélité
de son conjoint ou de son partenaire sexuel.
Ne survient pas exclusivement pendant l’évolution d’une
Schizophrénie, d’un trouble de l’humeur avec caractéristiques
psychotiques ou d’un autre trouble psychotique et n’est pas dû
aux effets physiologiques directs d’une affection médicale géné-
rale.

jPersonnalité Schizoïde

Mode général de détachement par rapport aux relations so-


ciales et de restriction de la variété des expressions émotionnelles
dans les rapports avec autrui, qui apparaît au début de l'âge adulte
et est présent dans des contextes divers, comme en témoignent au
moins quatre des manifestations suivantes :

(1) Le sujet ne recherche, ni n’apprécie, les relations proches y


compris les relations intra-familiales ;
(2) Choisit presque toujours des activités solitaires ;
(3) N’a que peu ou pas d’intérêt pour les relations sexuelles avec
d’autres personnes ;
(4) N’éprouve du plaisir que dans de rares activités, sinon dans
aucune ;
(5) N’a pas d’amis proches ou de confidents, en dehors de ses pa-
rents du premier degré ;
(6) Semble indifférent aux éloges ou à la critique d’autrui ;
(7) Fait preuve de froideur, de détachement, ou d’émoussement de
l’affectivité.

Ne survient pas exclusivement pendant l’évolution d’une


Schizophrénie, d’un trouble de l’humeur avec caractéristiques
psychotiques ou d’un autre trouble psychotique ou d’un trouble
envahissant du développement et n’est pas dû aux effets physio-
logiques directs d’une affection médicale générale.
jPersonnalité Schizotypique

Mode général de déficit social et interpersonnel marqué par


une gêne aiguë et des compétences réduites dans les relations
proches, par des distorsions cognitives et perceptuelles, et par des
conduites excentriques. Le trouble apparaît au début de l'âge
adulte et est présent dans des contextes divers, comme en témoi-
gnent au moins cinq des manifestations suivantes :

(1) Idées de référence (à l’exception des idées délirantes de réfé-


rence) ;
(2) Croyances bizarres ou pensées magiques qui influencent le
comportement et qui ne sont pas en rapport avec les normes d’un sous-
groupe culturel (par exemple superstition, croyance dans un don de
voyance, dans la télépathie ou dans un « sixième » sens ; chez les enfants
et les adolescents, rêveries ou préoccupations bizarres) ;
(3) Perceptions inhabituelles, notamment illusions corporelles ;
(4) Pensée et langage bizarres (par exemple vagues, circonstanciés,
métaphoriques, alambiqués ou stéréotypés) ;
(5) Idéation méfiante ou persécutoire ;
(6) Inadéquation ou pauvreté des affects ;
(7) Comportement ou aspect bizarre, excentrique ou singulier ;
(8) Absence d’amis proches ou de confidents en dehors des parents
du premier degré ;
(9) Anxiété excessive en situation sociale qui ne diminue pas
quand le sujet se familiarise avec la situation et qui est due à des craintes
persécutoires plutôt qu’à un jugement négatif de soi-même.

Ne survient pas exclusivement pendant l’évolution d’une


Schizophrénie, d’un trouble de l’humeur avec caractéristiques
psychotiques, d’un autre trouble psychotique ou d’un trouble en-
vahissant du développement.
groUPe B DeS troUBLeS De LA PerSoNNALite

jPersonnalité antisociale

Mode général de mépris et de transgression des droits d’au-


trui qui survient depuis l’âge de 15 ans, comme en témoignent au
moins cinq des manifestations suivantes :

(1) Incapacité de se conformer aux normes sociales qui


déterminent les comportements légaux, comme l’indique la répétition de
comportements passibles d’arrestation ;
(2) Tendance à tromper par profit ou par plaisir, indiquée par des
mensonges répétés, l’utilisation de pseudonymes ou des escroqueries ;
(3) Impulsivité ou incapacité à planifier à l’avance ;
(4) Irritabilité ou agressivité, indiquées par la répétition de ba-
garres ou d’agressions ;
(5)Mépris inconsidéré pour sa sécurité ou celle d’autrui ;
(6) Irresponsabilité persistante, indiquée par l’incapacité
répétée d’assumer un emploi stable ou d’honorer des obligations finan-
cières ;
(7) Absence de remords, indiquée par le fait d’être indifférent ou
de se justifier après avoir blessé, maltraité ou volé autrui.

Âge au moins égal à 18 ans. Manifestations d’un trouble


des conduites débutant avant l’âge de 15 ans. Les comportements
antisociaux ne surviennent pas exclusivement pendant l’évolution
d’une Schizophrénie ou d’un episode maniaque.

jPersonnalité borderline

Mode général d'instabilité des relations interpersonnelles,


de l'image de soi et des affects avec une impulsivité marquée, qui
apparaît au début de l'âge adulte et est présent dans des contextes
divers, comme en témoignent au moins cinq des manifestations
suivantes :

(1) Efforts effrénés pour éviter les abandons réels ou imaginés [NB.
Ne pas inclure les comportements suicidaires ou les auto-mutilations énu-
mérées dans le critère 5] ;
(2) Mode de relations interpersonnelles instables et intenses ca-
ractérisées par l'alternance entre les positions extrêmes d'idéalisation ex-
cessive et de dévalorisation ;
(3) Perturbation de l'identité: instabilité marquée et persistante
de l'image ou de la notion de soi ;
(4) Impulsivité dans au moins deux domaines potentiellement
dommageables pour le sujet (p. ex.., dépenses, sexualité, toxicomanie,
conduite automobile dangereuse, crises de boulimie). [NB. Ne pas inclure
les comportements suicidaires ou les auto-mutilations énumérées dans le
critère 5] ;
(5) Répétition de comportements, de gestes ou de menaces suici-
daires, ou d'automutilations ;
(6) Instabilité affective due à une réactivité marquée de l'humeur
(p. ex., dysphorie épisodique intense, irritabilité ou anxiété durant habi-
tuellement quelques heures et rarement plus de quelques jours) ;
(7) Sentiments chroniques de vide ;
(8) Colères intenses et inappropriées ou difficulté à contrôler sa
colère (p. ex., fréquentes manifestations de mauvaise humeur, colère
constante ou bagarres répétées) ;
(9) Survenue transitoire dans des situations de stress d'une idéa-
tion persécutoire ou de symptômes dissociatifs sévères.

jPersonnalité histrionique

Mode général de réponses émotionnelles excessives et de


quête d’attention, qui apparaît au début de l’âge adulte et est pré-
sent dans des contextes divers, comme en témoignent au moins
cinq des manifestations suivantes :
(1) Le sujet est mal à l’aise dans les situations où il n’est pas au
centre de l’attention d’autrui ;
(2) L’interaction avec autrui est souvent caractérisée par un com-
portement de séduction sexuelle inadaptée ou une attitude provocante;
(3) Expression émotionnelle superficielle et rapidement chan-
geante ;
(4) Utilise régulièrement son aspect physique pour attirer l’atten-
tion sur soi ;
(5) Manière de parler trop subjective mais pauvre en détails ;
(6) Dramatisation, théâtralisme et exagération de l’expression
émotionnelle ;
(7) Suggestibilité, est facilement influencé par autrui ou par les
circonstances ;
(8) Considère que ses relations sont plus intimes qu’elles ne le sont
en réalité.

jPersonnalité narcissique

Mode général de fantaisies ou de comportements gran-


dioses, de besoin d’être admiré et de manque d’empathie qui
apparaissent au début de l’âge adulte et sont présents dans des
contextes divers, comme en témoignent au moins cinq des mani-
festations suivantes :

(1) Le sujet a un sens grandiose de sa propre importance (p. ex.


surestime ses réalisations et ses capacités, s’attend à être reconnu comme
supérieur sans avoir accompli quelque chose en rapport) ;
(2) Est absorbé par des fantaisies de succès illimité, de pouvoir, de
splendeur, de beauté ou d’amour idéal ;
(3) Pense être « spécial » et unique et ne pouvoir être admis ou
compris que par des institutions ou des gens spéciaux et de haut niveau ;
(4) Besoin excessif d’être admiré ;
(5) Pense que tout lui est dû : s’attend sans raison à bénéficier
d’un traitement particulièrement favorable et à ce que ses désirs soient
automatiquement satisfaits ;
(6) Exploite l’autre dans les relations interpersonnelles : utilise
autrui pour parvenir à ses propres fins ;
(7) Manque d’empathie : n’est pas disposé à reconnaître ou à par-
tager les sentiments et les besoins d’autrui ;
(8) Envie souvent les autres, et croit que les autres l’envient ;
(9) Fait preuve d’attitudes et de comportements arrogants et hau-
tains.

groUPe C DeS troUBLeS De LA PerSoNNALite

jPersonnalité evitante

Mode général d’inhibition sociale, de sentiments de ne pas


être à la hauteur et d’hypersensibilité au jugement négatif d’autrui
qui apparaît au début de l’âge adulte et est présent dans des
contextes divers, comme en témoignent au moins quatre des ma-
nifestations suivantes :

(1) Le sujet évite les activité sociales professionnelles qui impli-


quent des contacts importants avec autrui par crainte d’être critiqué, dés-
approuvé ou rejeté ;
(2) Réticence à s’impliquer avec autrui à moins d’être certain
d’être aimé ;
(3) Est réservé dans les relations intimes par crainte d’être exposé
à la honte ou au ridicule ;
(4) Craint d’être critiqué ou rejeté dans les situations sociales ;
(5) Est inhibé dans les situations interpersonnelles nouvelles à
cause d’un sentiment de ne pas être à la hauteur ;
(6) Se perçoit comme socialement incompétent, sans attrait ou in-
férieur aux autres ;
(7) Est particulièrement réticent à prendre des risques personnels
ou à s’engager dans de nouvelles activités par crainte d’éprouver de l’em-
barras.
jPersonnalité dépendante

Besoin général et excessif d’être pris en charge qui conduit


à un comportement soumis et « collant » et à une peur de la sépa-
ration, qui apparaît au début de l'âge adulte et est présent dans des
divers contextes, comme en témoignent au moins cinq des mani-
festations suivantes :

(1) Le sujet a du mal à prendre des décisions dans la vie


courante sans être rassuré ou conseillé de manière excessive par autrui ;
(2) A besoin que d’autres assument les responsabilités dans la plu-
part des domaines importants de la vie ;
(3) A du mal à exprimer un désaccord avec autrui de peur de per-
dre son soutien ou son approbation. NB. Ne pas tenir compte d’une
crainte réaliste de sanctions ;
(4) A du mal à initier des projets ou à faire des choses seul (par
manque de confiance en son propre jugement ou en ses
propres capacités plutôt que par manque de motivation ou
d’énergie) ;
(5) Cherche à outrance à obtenir le soutien et l’appui d’autrui, au
point de se porter volontaire pour faire des choses désagréables ;
(6) Se sent mal à l’aise ou impuissant quand il est seul par crainte
exagérée d’être incapable de se débrouiller ;
(7) Lorsqu’une relation proche se termine, cherche de manière ur-
gente une autre relation qui puisse assurer les soins et le soutien dont il
a besoin ;
(8) Est préoccupé de manière irréaliste par la crainte d’être laissé
à se débrouiller seul.

jPersonnalité obsessionnelle-compulsive

Mode général de préoccupation pour l’ordre, le perfection-


nisme et le contrôle mental et interpersonnel, aux dépens d’une
souplesse, d’une ouverture et de l’efficacité, qui apparaît au début
de l’âge adulte et sont présents dans des contextes divers, comme
en témoignent au moins quatre des manifestations suivantes :

(1) Préoccupation pour les détails, les règles, les inventaires, l’or-
ganisation ou les plans au point que le but initial d’une activité en est oc-
culté ;
(2) Perfectionnisme qui entrave l’achèvement de tâches (p.ex. in-
capacité d’achever un projet parce que des exigences personnelles trop
strictes ne sont pas remplies);
(3) Dévotion excessive pour le travail et la productivité avec ex-
clusion des loisirs et des amitiés (sans que cela soit expliqué par des im-
pératifs économiques évidents);
(4) Est trop consciencieux, scrupuleux et rigide sur des questions
de morale, d’éthique ou de valeurs (sans que cela soit expliqué par une ap-
partenance religieuse ou culturelle) ;
(5) Incapacité de jeter des objets usés ou sans utilité même si ceux-
ci n’ont pas de valeur sentimentale ;
(6) Réticence à déléguer des tâches ou à travailler avec autrui à
moins que les autres se soumettent exactement à sa manière de faire les
choses ;
(7) Se montre avare avec l’argent pour soi-même et les autres ;
l’argent est perçu comme quelque chose qui doit être thésaurisé en vue de
catastrophes futures ;
(8) Se montre rigide et têtu.

jtrouble de la personnalité non Spécifié

Cette catégorie est réservée aux troubles de la personnalité


qui ne remplissent pas les critères d’un trouble de la personnalité
spécifique. Un exemple en est la présence de caractéristiques
appartenant à plusieurs troubles de la personnalité, sans que les
critères d’un trouble particulier de la personnalité soient remplis
(« personnalité mixte »), mais néanmoins responsables d’une souf-
france cliniquement significative ou d’une altération du fonction-
nement dans un ou plusieurs domaines importants p. ex. social ou
professionnel). Cette catégorie peut aussi être utilisée lorsque le cli-
nicien estime qu’un diagnostic spécifique de trouble de la person-
nalité ne figurant pas dans la classification est approprié, par
exemple celui de personnalité dépressive ou de personnalité pas-
sive-agressive.
Annexe 4

LeXiQUe
I

addiction (Concept d’) :


cf. Annexe 2.

anaclitisme (adj. : anaclitique) :


SYN. D’étayage – désigne le fait que le sujet s’appuie sur l’objet des
pulsions d’auto-conservation dans son choix d’un objet d’amour.
type de choix d’objet (ou choix objectal) où l’objet d’amour est élu
sur le modèle des figures parentales en tant qu’elles assurent nour-
riture, soins et protection.

clivage :
Le clivage est une façon de diviser le monde en 2 poles, "tout bon"
et "tout mauvais". C'est ce que l'on appelle la pénsée noir et blanc,
un monde sans "gris". Le clivage est un mécanisme de défense pour
se protéger.

cognition :
Faculté d'acquérir des connaissances. Acte de connaître ou connais-
sance en général : "La cognition est l'ensemble des activités par
lesquelles toutes les informations sont traitées par un appareil psychique,
comment il les reçoit, comment il les selectionne, les transforme et les
organise, construit des représensations de la réalitéet élabore des con-
naissances" (codol 1988)

compensation :
1. mécanisme qui vise à compenser une déficience réelle ou perçue
comme telle. Le phénomène compensatoire peut être réel ou s'ex-
primer par le fantasme. 2. Mécanisme d'auto-défense normal du
Moi qui se traduit par la recherche d'une satisfaction (ou d'une af-
firmation) dans un domaine où celle-ci est accessible, et unique-
ment pour contrebalancer une insatisfaction ou un échec réel ou
ressenti dans un autre domaine. Les effets de la frustration sont,
de ce fait, évités partiellement.

cyclothymie :
trouble caractérisé par une alternance de nombreux épisodes hy-
pomaniaques (ne rencontrant pas tous les critères d'un épisode ma-
niaque) et dépressifs (ne rencontrant pas tous les critères d'une
dépression majeure).

défense (Mécanisme de):


Processus inconscient servant à fournir du soulagement aux
conflits émotionnels et à l'anxiété. Certains des mécanismes com-
muns de la défense définis sont la compensation, la conversion, le
déni, le refoulement, le transfert, la dissociation, l'idéalisation , la
projection, la formation de réaction, la régression, mais aussi pas-
sage à l'acte (acte avant reflexion) (activisme?), l'évitement (refus de
se mettre dans certaines situations), le détournement (rediriger l'atten-
tion sur qq d'autre), l'humour (rire d'une situation qui ne prete pas à
rire), la somatisation et le clivage

décompensation :
"Decompenser" signifie craquer mentalement et émotionnellement.
La decompensation se produit pendant le début d'un processus
psychotique. Les personnes non psychotiques peuvent décompen-
ser quand les facteurs de stress auquels elles sont confrontés sont
plus grands que leur capacité à faire face.La décompensation peut
prendre beaucoup de formes. Normalement cela impliquer le
début de comportements plus "enfantins" comme, un manque
complet d'égard pour l'hygiène, énurésie, comportement de plus
en plus désorganisé, un changement spectaculaire du niveau
d'énergie, ou une perte complète d'intérêt pour des activités agréables.

déni :
terme employé par Freud : mode de défense consistant en un refus
par le sujet de reconnaître la réalité d'une perception traumatisante.
dépersonnalisation :
trouble psycho-affectif initialement décrit par P. Janet pour carac-
tériser la psychasthénie, expérience au cours de laquelle le sujet
perd le sentiment de sa propre réalité, de son identité, de la réalité
de son corps, le tout accompagné d'un intense sentiment d'étran-
geté et d'une grande angoisse. Selon le niveau de dépersonnalisa-
tion, on aura affaire à une atteinte légère dans l'hystérie (trouble
de l'identité), ou à un mode d'entrée dans la psychose délirante
(automatisme mental, hallucinations, corps disloqué et morcelé).
C'est au cours de la dissociation schizophrénique que la déperson-
nalisation est la plus grande. Le sujet se sent devenir autre, s'inter-
roge pour savoir si un autre ne prend pas sa place en lui. Le monde
est inexplicablement changé: le patient ne reconnaît pas ce qui lui
était familier. La tonalité est hostile. Le patient tente d'expliquer
ces phénomènes par un « rationalisme morbide ». Par ailleurs la
dépersonnalisation s'observe également dans les psychoses confu-
sionnelles et dans le cadre de certaines tumeurs cérébrales.

dysphorie :
état de malaise, sentiment désagréable et négatif. (voir euphorie)

euphorie :
état de bien-être, de bonheur, sentiment optimiste et positif.

dysthymie :
La dysthymie est caractérisée par un état accablant pourtant chro-
nique de dépression, manisfesté par une humeur dépressive la plu-
part du temps, pendant au moins 2 années. (chez les enfants et les
adolescents, l'humeur peut être irritable et la durée doit être au
moins de 1 an.) La personne qui souffre de ce trouble ne doit pas
avoir été pendant plus de 2 mois sans éprouver deux ou plus des
symptômes suivants:
- faible appétit ou manger avec excès,
- insomnie ou hypersomnie,
- faible énergie ou fatigue,
- faible estime de soi,
- faible concentration ou difficulté à prendre des décisions
- sentiments de désespoir.

hypomaniaque :
Critères d'un épisode hypomaniaque :
A. Une période nettement délimitée durant laquelle l'hu-
meur est élevée de façon persistante, expansive ou irritable, claire-
ment différente de l'humeur non dépressive habituelle, et ce tous
les jours pendant au moins 4 jours.
B. Au cours de cette période de perturbation de l'humeur,
au moins 3 des symptômes décrits (quatre si l'humeur est seule-
ment irritable) ont persisté avec une intensité significative.
1. augmentation de l'estime de soi ou idées de grandeur.
2. réduction du besoin de sommeil (p. ex., le sujet se sent re-
posé après seulement 3 heures de sommeil).
3. plus grande communicabilité que d'habitude ou désir de
parler constamment.
4. fuite des idées ou sensations subjectives que les idées dé-
filent.
5. distractibilité (p. ex., l'attention est trop facilement attirée
par des stimulus extérieurs sans importance ou insignifiants).
6. engagement excessif dans des activités agréables mais à
potentiel élevé de conséquences dommageables (p. ex., la personne
se lance sans retenue dans des achats inconsidérés, des conduites
sexuelles inconséquentes ou des investissements commerciaux dé-
raisonnables).
C. L'épisode s'accompagne de modifications indiscutables
du fonctionnement, qui diffère de celui du sujet hors période
symptomatique.
D. La perturbation de l'humeur et la modification du fonc-
tionnement sont manifestes pour les autres.
e. La sévérité de l'épisode n'est pas suffisante pour entraîner
une altération marquée du fonctionnement professionnel ou social,
ou pour nécessiter l'hospitalisation, et il n'existe pas de caractéris-
tiques psychotiques.
F. Les symptômes ne sont pas dus aux effets physiologiques
directs d'une substance ou d'une affection médicale générale.

idéalisation :
Mécanisme de défense psychotique observable chez le schizo-
phrèque comme chez le paranoïaque, qui permet de protéger le
bon objet des pulsions destructrices en amplifiant ses qualités
exagérément.

idéation :
Processus par lequel les idées se forment et s'enchaînent.

identification Projective :
lorsqu’une partie de la personnalité du sujet s'introduit fantasma-
tiquement dans le Moi de l'objet pour le contrôler, lui nuire ou
chercher des satisfactions qu'il suppose y être. Cette partie appar-
tient toujours au sujet (exemple: l'identification à l'agresseur).

impulsivité :
terme qui recouvre quatre facettes complémentaires : le manque
de persévérance, l'absence de préméditation, la recherche de sen-
sations et l'urgence.

labilité :
Caractère d’une humeur changeante. La moindre petite émotion
engendre une réaction difficilement contrôlable (pleurer ou rire
exagérément). SYN. : incontinence affective.

objet :
en référence à la pulsion, moyen par lequel celle-ci cherche la sa-
tisfaction. L'objet varie selon le développement psychosexuel de
l'individu.

Pathogenèse :
recherche et étude du mécanismes des causes ou du développe-
ment des maladies.
Processus mental :
Mécanismes fondamentaux qui opèrent dans l'esprit ou le psy-
chisme de l'individu, supposés notamment procéder au traitement
de l'information dans le cerveau. Ne se limitant pas au domaine
du raisonnement , ils sont proposés pour expliquer l'ensemble de
la cognition, (pensée, raisonnement, langage, perception, mémoire,
émotions, motricité...).

Projection :
opération psychique permettant au sujet de localiser à l'extérieur
ce qui se situe en fait à l'intérieur de lui. il attribue donc à une autre
personne les affects dont il ne peut se protéger et qu'il refuse de re-
connaître en lui-même. Mécanisme agissant de façon délirante. Le
sujet nie pour lui un désir intolérable et projette ce désir sur un
autre.

Pulsion :
en psychanalyse, processus dynamique consistant en une charge
énergétique, un facteur de motricité qui fait tendre l’organisme
vers un but. Selon Freud, toute pulsion trouve sa source dans une
excitation corporelle ; son but étant de supprimer l’état de tension
régnant à la source pulsionnelle. C’est dans l’objet, grâce à lui, que
la pulsion peut atteindre son but. La pulsion a deux aspects: l'affect
et la représentation

refoulement :
Mécanisme majeur lié à la culpabilité et qui contribue à tous les au-
tres mécanismes de défense. Aussi le plus complexe car constitutif
de l'inconscient comme domaine séparé du reste du psychisme.
C'est par le refoulement que certains contenus inconscients ne par-
viennent jamais à la conscience, et que d'autres y retournent. Le re-
foulement est donc à la fois une pression/censure et un maintien.
Le refoulement fait revenir à l'inconscient des représentations liées
à des pulsions risquant de provoquer du déplaisir à l'égard du Sur-
moi et de la réalité extérieure. Une représentation est refoulée
quand elle subit l'attraction du noyau inconscient pathogène et l'ac-
tion de la censure (refoulement originaire + censure). La représen-
tation refoulée de la pulsion séjourne dans l'inconscient et va s'y
organiser. elle va ainsi effectuer un travail de déformation et d'éloi-
gnement. elle va former des rejetons qui subiront chacun un destin
particulier. La charge affective, ou affect, va se lier à l'un de ces re-
jetons et va tenter à nouveau d'émerger, et ce sera le retour du re-
foulé qui s'exprimera dans les rêves, les actes manqués, les lapsus...
etc. rien ne subsistera de la représentation première si ce n'est l'af-
fect qui va provoquer l'angoisse. il faut considérer le refoulement
comme une étape première. Le produit refoulé (nos représenta-
tions mentales inavouables) se déverse dans le ça.

Sublimation :
Mécanisme concernant des activités intellectuelles, artistiques ou
religieuses et portant sur les pulsions partielles libidinales qui ne
parviennent pas à s'intégrer dans la forme définitive de la génita-
lité. il n'y a pas de refoulement (ce n'est donc pas à proprement
parler un mécanisme de défense) mais une conversion de ces pul-
sions dans un but non sexuel qui revalorise le sujet. La sublimation
ne se fait pas sous la pression du Surmoi mais est de l'ordre de
l'idéal du Moi. il n'y a pas de culpabilité mais plutôt du narcis-
sisme. trois caractéristiques: déplacement d'objet, changement de
nature de la pulsion, l'objet visé est socialement valorisé. La subli-
mation dévie les pulsions sexuelles vers un objet socialement va-
lorisé.

Symptômes dissociatifs :
ensemble de troubles caractérisé par la survenue d'une perturba-
tion touchant des fonctions normalement intégrées (comme la
mémoire, la conscience et l'identité), incluant l’amnésie, la déper-
sonnalisation,

Syntone :
Se dit d’un sujet qui vibre en harmonie avec le milieu dans lequel
il se trouve.

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