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Honneur à la myriade de réfractaires, aux centaines de mil- exclamations s'entrechoquaient. Mais les Ailiés, voyons' nous
liers de jeunes gens, d'ouvriers, d'étudiants, qui préférèrent Ia déclare une dame pleurant de joie.
séquestration à domicile ou la rrrde vie de camp du maquis aux La chose nous parut impossible. Ce matin, la radio nous avait
larges salaires oÍferts en Allemagne; honneur à tor-rs ceux qui annoncé que Tournai était libérée. Mais de Tournai à Bruxelles,
aidérent ces réfractaires, à tous ceux qui, au péril de leur liberté il y a encore dc la marche. Pour conÍirmer notre scepticisme, alors
et de leur vie, osèrent élever la.voix pour protester énergique- que les premiers drapeaux aux couleurs alliées faisaient leru
ment; honneur à toutes les autorités religieuses et civiles qui apparition aux fagades des maisons du bas de I'Avenue Brugmann,
élevèrent une protestation digïre, patriotique et entfiousiaste; hon- un cri s'élève : << Rentrez les drapeaux, fuyez, ce sont des rexistes
neur à nos employés cornmunaux qui firent vivre les morts, et des boches. > La foule qui déjà s'était amassée square Brug-
mann, s'éparpille. Pour un instant seulemen!, car au milieu de Mais voici, après ce moment de fol €nthousiasme, qr.te les
la place, un tank s'est immobilisé. Tank dont on a à peine Ie temps jeunes gêns de nos gïoup€m€nts de résistance, les uns en salo-
de distinguer f insigne étoilée des armées alliées, car il est imrné- pettes, les autres en la glorieuse tenue kaki, tous avec un brassard
diatement couvert de drapeaux et de fleurs. Dans la coupole appa- tricolore et armés, les uns de revolvers, les autres de rnitraillettes,
rait une tête, non point hirsute, mais casquée et dont les traitb nous rappellent paternellement mais fermement que l'ennemi est
.marquent la Íatigue mais nulle inquiétude. Brusquernent, la figure encore à nos portes et qu'il s'agit de permettre à nos grands alliés
sc détend, sourit,'car de toutes parts jaillissent de toutes les d'avoir- le champ libre pour parer à toute éventualité et qu'ils ont
poitrines des vivats d'une spontanéité que jarnais aucune phrase pour mission d'ailer_encore de l'avant.
'ne saurait exprimer. Des bras se tendent vers lui, des paquets, des
Nous quittons cette place pendant qu'ils font comprendre à
bouteilies de vin lui sont données tandis que des mamans lui cette Íoule ce qu'ils attendent d'elle. Ils font une policq discrète
tendent à bout de bras leur enfant.
Mais pendant que se déroule cette première scène, deux, trois, mais rien n'échappe à leurs regards vigilants dans lequel brille la
quatre autres tanks débouchant de la chaussée de Ruysbroek, font mále énergie du soidat.
leur apparition. Nous nous portons vers la chaussée d'AJsemberg, A hauteur
Ils sont i'objet de la même ovation, les plus agiles sont d'ail- de I'avenue tr''Ioréal, nous rencontrons un autre tank allié. Même
Ieurs grimpés sur Ies tanks qui sont littéralement recouverts d'une foule, mêm'e enthousiasme. La chaussée etrle-même est jonehée dê
carapace humaine. drapelets et de fleurs et les maisons pavoisées.
Pour ce quartier de Bruxelles, la guerre avec tout son cortège Mais voici que soudain, débouchant, pensons-nous, de l'avenuo
de souffrances est oubliée. On ne pense qu'à la joie du moment Messidor, appalait un tank allernand; Il ne faudra pas longtemps
présent. On crie, on d.anse, on chante, on agite des drapelets. Un au tank allié pour foncer de I'avant et mettre en fuite cet ennem
phono portatif est amené sur la piace et I'hymne national retentit, présomptueux qui veut entraver la marche victorieuse de nor
suivi bientêt des hymnes nationaux alliés. ailiés à travers notre capitale.
Le << Pays Réel > n'ayant pff paraitre par suite d'une cause indépendante de sa volonté, confratelïrellernerrt nous
reproduisons son sentiÍnent sur
Le Haut Commandement allemand, fidèle à sa tactique réquisition en apportant malhonnêtement des tuyaux de
de défense en souplesse, continue à refuser aux a1liés cette plombs remplis de terre aux agents percepteurs rnanifeste-
bataille décisive que ceux-ci essayent en vain d'obtenir sans ment aveugles.
ja-rnais y atteindre. Le smokeleer, qui se dit patriote, rira-t-il encore lorsque
La libération de Bruxelles, si importante aux yeux du le beurie sera à 80 fr. le kg. ? Il ne reQonnaitra jarnais ee
Belge moyen, être essentiellement aux idées courtèS, est sans qu'il nous doit, mais il noÉs regrettera.
importance aux regards de la lutte gigantesque pour I'Europe Nous voyons dans toutes les rues des fous, gavés par
dont nous vivons aujourd'hui un simple épisode. des banquets de victoire composés d'une boite del sardines
C'est ce qu'ont bien compris nos vaillants légionnaires envoyée du Portugal par la cousine Justine qui était aviatrice
qui défendent-aujourd'hui leui Patrie à Dorpat en-Esthonie. dans la Royal Air Force, d'un morceau de jambon tout acier
Les chars alliés n'ont .pas encore parcouru toutes les datant de 1940, d'une bpite d'ananas venant de l'héritage de
rues de la Capitale que se réalisent nos prévisions. Des cars ia prévoyante Tante Rosalie, Ie tout arrosé par une lasse
, (tricolores, bien entendu), déversent des bandes de juifs de café mêlé de lupin retrouvé dans 1e greniei et datant de
grimagants qui se prócrpiteirt dans les magasins abondam- la guerre 14-18.
ment achalandés, les poches bourrées de francs de la libé- -iË;i";;àtri ,gu".rluttt: < Vive la Liberté ! Vive Chur-
/- ration et achètent à des prix extrêmement bas les bonnes chill, Roosevelt et Staline ! > en fumant une de ees isnobles
marchandises de chez nous pendant que des soldats meice- cigarettes offertes par les soldats américains saucéés pai
naires, esclaves de ees gangsters qui les ont abrutis par un on ne sait quel soporifique ploutocratique.
siècle de ploutocratie déchainée, les regardent en ne réali- Ces dégénérés ne se sont jarnais rendu compte du bien
sant pas leur misère et étalent des visages d'un rose absurde qui leur avait été fait en leur donnant à fumer des prod-r:its
déformés par I'usage abusif du shuwing-gum. nationaux essentiellement naturels.
Que I'on ne s'y trompe point ! S'il y a des imbéciles qui Nous allons connaitre la misère. car notre industrie et
ont spontanément tiré des drapeaux mités de dessous leurs notre agriculture vont perdre I'immense marché allemand.
planchers ou si des femmes hystériques ont teint volontaire- qui leur était généreusement ouvert.
ment des draps de lit aux cou-leurs nationales et alliées; la Le peuple allemand s'apprêtait à nous rembourser en
masse des citoyens terrorisés par des membres hirsutes de la marchandises de première nécessité ouvragées par nos bra-
Résistance, aux poings garnis de mitraillettes, braillent zur ves ouvriers que nous avons poussés à cet effet en Alle-
ordre éperdírment et lamentablement une litanie patriotarde magne, les cinquante milliards dus au clearing qu'il avait,
qui Le_ur donnera p::ovisoirement la vie sauve, si pas le pain dans ses hautes préoccupations, omis de nous payef à la suite
quotidien. d'un oubli bien compréhensible.
Déjà s'installent les commissaires rouges qui manient de
. leurs doigts ensanglantés des listes de patriotel qui ont lutté _ Ne perdons pas couíage ! Notre devise n'est-elIe pas
<DuretPur>?
vaillamment pour les droits imprescriptibles et eoniradic-
toires du riche et du pauvre réconciliés sous Ia bannière _ Dur pour ce qu'on appelle nos compatriotes mais qui ne
communautaire de Rex. méritent- pps _de l'être, pur de tout excès d'une intelligence
Ils veulent se venger de n'avoir pas participé à la distri- menant à la dégénérescence.
bution des biens dont nous avots loui dans-un esprit, de C'est,pou,rquoi nous croyons à I'arme nouvelle qui per-
juste répartition sociale. mettra de vérifier le grand principe directeur de I'Elat-
Que tremblent toutes ces braves mémères qui s'ima- Major allemand, suivant un porte-parole autorisé des milieux
ginent qu'e1les ne devront pas livrer les cinq ceàts pièces bien informés de Berlin parlant de la V 5:
de fr. 0,25 en nickel qu'elles ont soustraites à liemprise alle- <_ Plus grande sera Ia victoire des alliés, plus grande
mande en se refusant paÍ mesquine avarice bourgeoise à la sera leur défaite. >
lutte pour l'Europe. A bientót nos amis. Nous viendrons vous délivrer de
Ce sont les mêmes qui devront livrer gratuitemênt leurs dessous le lit d'oà vous contemplez provisoirement I'Europe
cuivres alors qu'elles ont perdu le bon prix offert par la nouvelle qui se forme.
Nous avons voulu tous une
A NOS COTTABORAT'EURS seu_Le chose : Etre unis contre
le boche et nous sentir les coudes pour être plus fort pour
l'a-battre en maintenant une de ces voix libres qui s'expri-
En ce jour de joie ineffable notre pensée va à tous ceux mèrent par la Presse Clandestine.
qui ont vécu les bons et les mauvais jours de la résistance
par 1a Presse clandestine à nos cótés. Nos'lecteurs peuvent Nous nous considérions comme mobilisés au service de
óonnaitre aujourd'hui leurs déboires, leurs joies et leur la Nation tout entière qui nous a soutenus par ses colla*
farouche volonté. borations venues de tous les milieux.
Tous ont voulu passionnément une Belgique libre et Merci à tous, nos amis, nous sommes heureux avec
propre. Aussi ont-ils, aux moments les plus mauvais de la vous aujourdthui, Vous pouvez témoigner votre reconnais-
gueire, ranimer les courages, dénoncer les défaillances, les sance à nos Alliés avec le sentiment d'avoir collaboré dans
traitrises et les crimes qui les ont heurtés, dans leur notion la mesure des possibilités d'un peuple occupé, au maintien
de la Patrie qu'ils voulaient digne de la place qu'elle doit d'une opinion éclairée qui chante aujourd'hui I'aube d'une
oceuper dans notre civilisation. vie libre dans une Belgique qu'elle aimera.
La Li,bre Belgàque a eu des débuts modestes. Née spon-
tanément comme la réaction naturelle contre le virus nazi,
elle parut dès Ie début de I'occupation au stencil pour mani-
fester en ces jours tristes la volonté de résistancq inébran-
lable du peuple belge, quel que f0t le sort de la guerre. Elle
suivait en cela l'exemple de sa seur ainée de 1914-1918 qui,
PeÍiÍes Annonces
jamais, ne renonga en une confiance indiscutée aux forces - Smokeleer réputé sur la place offre six kilos de billet"\
de la liberté. de mille francs contre certijicat de civisme et lettres dt-
Elle grandit rapidement et devint bientót ce numéro reconnaissance de famille nornbreuse.
bimensuel qui apporta les nouvelles de I'Intérieur et ces
photos de l'extérièur nous montrant la force invineible des
libérateurs que nous acclamons aujourd'hui, depuis les com- Femme allemande, riche, épouserait n'irnporte quel
bats d'El Alamein jusqu'à la Libération. Belee lui donnant sa nationalité.
Informer le public des faits de I'intérieur et illustrer les
nouvelles de la radio fut notre tàche. Notre espoir fut que
quelques làchetés ou collaborations aient été évitées par A.vendre, lot de 15.000 fausses cartes d'identité. 50 fr.
crainte de la publieité que nous aurions pu lui donner en
alertant une opinion publique vigilante.
Le public d.oit tout cela aux collaborateurs dévoués aux- Trafiquant en di.fficulté vendrait ) fqn prix 800 fausses
quels va notre gratitude aujourd'hui. Nous tairons leur nom dents en or achetées pour dissimuler scs bénéfices de guerre-
car leur modestie exige ce silence. Ils ne désirent qu'avoir
rendu service à leur Patrie. Mais nous ne voulons pas que
soit ignoré les nombreux dévouernents qui nous ont été si Engagez-vous pour I'Allemagne. Bons salaires. Atmo-
dangereusement accordés. sphère familiale.
En efÍet, sans les documents fournis par des magistrats,
avocats et fonctionnairei soupgonnés, des errlployés d'usine
s'emparant de renseignements précis, d'ingénieurs en contact Ancienne souris grise, expérience militaire, cherche
avec les services techniques ennemis, nous n'aurions pu Tommy pour promenacle.
mettre le public au courant de la vie intérieure de la Bel-
gique occupée.
Fédération des Abatteurs clandestins déclare n'avoir rien
Les imprimeurs et leurs aides ont droit à une mention de commun avec Victor Matthys.
spéciale. Beaucoup d'entre eux ont payé leur dévouement
par de nombreux mois de prison et c'est gràce à eux que
près de quatre-vingts numéros imprimés ont pff paraitre.
Chef Gestapo spécialisé cherche troupe gangster à
Jamais les journaux empaquetés ne durent att'endre un reprendre.
transporteur ni une maison accueillante pour courir le risque
de recevoir les distributeurs venant, avec le mot de passe,
chercher leur paquet à distribuer. Office des Biens Israélites revendrait aux gros prix
Nous en avons vu beaucoup qui ont fait de nombreux objets volés. Priorité pour les propriétaires.
mois de prison et ont souffert dans leur corps et leur
esprit, souvent éloignés de leurs petits enfants et jamais
nous n'avons entendu une parole de regret. Echangerais cinq mille photos de Goebels contre cinq
de Churchill.
Notre pensée va aujourd'hui vers certains directeurs de
noire journal qui sont en captivité. A leur exemple, notre
but fut d'essayer de maintenir à cette feuille un caractère Gestapiste recherché cherche costume de la résistance
strictement national et il en fut toujours de toutes les opi- avec vraie fausse carte d'identité. AJrar-rdonnerait 20 % d,e
nions parmi nos collaborateurs qui n'ont jamais voulu, dtail- ses bénéfices de guerre.
leurs, que s'exprimer en Belge en guerre contre l'ennemi
eommun.
. Nous allons bientót disparaitre et comme iI conviendra Jeune Allemande ne croyant plus que le V signifie Vic-
dans la Belgique libérée, la presse d'opinion réapparaitra. toire Aliemande, vendrait son insigne à jeune Angiaise'