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Amleth entendait des voix, des voies. Des chemins s'ouvraient devant ses pas.

Il avançait, aveuglement, tâtonnant, trouvant, en écoutant. Ses oreilles allaient lui servir de guide.
Écouter les voies des autres sur le paroi du temps, la surface d'eau du présent. Fluide, fluctuante,
dangereuse. Prête à avaler celui qui ne savait pas nager. Celui qui ne savait pas sentir les vibrations
du monde qui l'entoure, les vibrations des ondes aux alentours, les mouvements, les reflets qu'on ne
contrôle pas, maîtrise pas, ne regarde pas, ces détails d'une importance cruciale, critique, qui
fondent qu'on avance ou qu'on avance pas.
L'écoute!
Le silence d'abord.
Se fait entendre.
Écoute ce silence intérieur
pour découvrir
l'harmonie
musicale
de la vie
ses trames
ses drames
ses mouvements et rythmes
ses mélodies
ses voies
ses chemins
ses voix
ses signaux
ses reflets
ses échos
ses cris
ses sons
qui rentre
dans notre sous-conscience
nous guide
suivant nos oreilles
nos ouilles
nos intuitions
sans rime
ni raison
sauf les musiques
les symphonies
du passé
qu'on arrive pas à accorder
avec les aires du présent
ni à les projeter
vers les horizons
des autres
des hôtes
de nos âmes
ses horizons
temporelle
d'attente
qui fuient
l'infini
en nous
qui retourne
vers l'absolu
le néant
l'absence
le silence
qu'on écoute
entendant
les vagues des océans
d'ailleurs
sur le plage du présent
les grains de sable qu'on sèment
dans le vent, les tourbillons qui les emportent
dans l'espace
du temps
qui nous échappe
car les étoiles sont si loin
on arrive pas à croire
nos yeux
quand on les regarde
dans le noir
on oubli
notre fragilité
dans la toile
d'araignée
où le mort
nous guette
notre moindre faux pas
aux aguets
à l'œil
de nous mêmes
nous voyons
voyons
nous écoutons
nous nous écoutons
nous reflétons
l'autre, les autres, les hôtes
dans nos âmes
solitaire
nous sommes
multiple
ensemble
nous formons une entité
un corps
qui est plus que ses membres
un corps qui vibre, qui vie
avec ses bruits, ses respirations, ses souffles
ses rêves, ses désires multiples
ses langues
communes du corps
interprétées
tant bien que mal
avec nos préjugés
nos stéréo-types
nos copies-conformes
dans un monde où
l'exception est le règle
et la différence imperceptible
dans une échèle
universelle
car la salle
de l'univers
ne cesse pas de grandir
changer
de taille
dans une maison
de feuilles
d'herbe ou de papyrus
des parchemin
ou des traditions
orales
qu'on entend
dans les comptes
de fées
d'antan
qui reviennent
d'une façon circulaire
comme la circulation
du sang
dans un corps
des globules
rouges, blancs,
nous sommes
des vecteurs
d'information
des capteurs, des récepteurs
des antennes
qui envoient et reçoivent
des signaux
aux autres
quotidiennement
tous les jours
sans arrêt
ni arrête
de poisson
ni queue
d'histoire qui traine
dans le sillon
du temps
qui nous échappe
pour l'instant
nous laissant perplexe
bouche-bée
muet
sourde
aux sons
et symphonies
aux silences
des harmonies
d'un monde
en évolution
permanente
dans un poème
sans fin
où la faim
règne
dans un monde
qu'on ne voit pas
forcément
où la sécheresse est maîtresse
de la maison
neuve
elle s'habille
comme elle veux
ne posant pas
des questions
elle se promène
dans son jardin
écoutant
la musique du vent
ne regardant pas les ventres
ballonnées
gonflé par le vide
le manque
l'absence
aveugle aux cris
de détresse
cette maîtresse
flan
dans les couloirs de la mort
elle plan
sur les vents sèchent
qui dé sèchent
les cœurs d'hommes
les rendant aveugle
sourd
avec des œillets
des cyclopes
seul sur les îles
grecques
où Ulysse navigue
attaché à son mât
les oreilles bouchés de cire
écoutant seulement soi-même
cherchant sa voie
pour rentrer chez soi
retrouver sa femme
en traine de tisser le temps
qui se défait dans l'instant
qu'elle brode
qu'elle tisse
qu'elle tricote
le temps
se défait
dans l'instant
le présent ne dure pas
plus que le temps
qui change
avec le vent
qui apporte
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Écoutons!

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