Vous êtes sur la page 1sur 25
QUATRIEME SEANCE. (VENDRED! 21 sEPTEMBRE 1688). Présidenee de M. le docteur C. Buovssais, La parole est M. Moreau ve Dammantin sur cette question : Quelle a été Vorigine des formes alphabétiques anciennes et mo- dernes ? Quels rapports existent entre ces formes et celles des hic- roglyphes égyptiens et des clés chinoises? Mesdames et Messieurs, dit M. Moreau de Dammartin, les orateurs qui nous ont précédé, quoique savants de profession, se sont présentés & vous comme des malades ayant besoin de ménagement; ils ont cru devoir solliciter toute votre indul- gence. Nous quine sommes ni orateur ni savant de profession que devons-nous faire? Protester contre une telle manie; oui, Messieurs, dans la persuasion ou nous sommes, que, du choc des opinions jaillit la vérité, nous osons réclamer toute la sé- vérité de votre jugement. Vous n’en doutez point, Messieurs, les questions sur les- quelles nous avons lhonneur d’appeler votre attention ne sont point du nombre de celles sur lesquelles il soit facile d'impro- viser un travail. Le nétre, que nous regrettons d’étre forcé de resserrer, est le résultat de plusieurs années de recherches; cest Texposition sommaire de vingt-deux tableaux compa- ratifs d'alphabets anciens et modernes; exposition dans la- quelle l'origine de chacun de ces caractéres est clairement in- diquée. Vous y trouverez, Messieurs, que ces caractéres, sans en excepter les clés chinoises et les hiéroglyphes égyptiens, ont été puisés 4 une source commune, c’est-a-dire qu’ils sont'tous dus & l'astronomie. Nous dirons en d’autres termes que les éléments dont se composent les alphabets employés a la représentation de la pa- role doivent leurs formes & Fexpression linéaire de certains groupes d’étoiles pris dans la sphére des constellations arabes ; et que ces groupes, que les peuples ont circonscrits d'une infi- nité de maniéres au moyen de lignes, permettent d'expliquer Pinnombrable quantité de formes dont ces caractéres ont été revétus. Nous pensons que les nombreuses données contenues dans ces explications jetteront quelque jour sur la source des tradi- tions astronomiques, sur ce qu'il y a de mystérieux dans le monde ancien et dans les monuments des temps primitifs. Il n’est pas besoin de remonter & lorigine des sociétés pour expliquer celle des alphabets; il suffit de poser en principe qu’une nation (Egyptienne trés probablement ), voisine du tro- pique (si fon en juge par Tes constelfations australes qui de- vaient raser l’horison du peuple inventeur ), et dés longtemps adonnée & linspection des astres, remarqua dans la sphére étoilée certains groupes d’étoiles successivement parcourus par des astres mobiles , espéce de voie & laquelle on donna Ie nom de Zodiaque, & cause dés animaux symboliques dont eHe fut peuplée, pour marquer la division duodécimale naturellement indiquée par le cours de la lune eu égard a celui du soleil. Chacune de ces divisions, subdivisée par tiers, donna lieu aux trente-six décans, ou 4 trente-six méridiens principaux, dont on détermina la place au moyen de quelque étoile fixe par laquelle ils passaient; méridiens qu’on ne put rappeler 4 la mémoire que par la circonscription exacte des groupes d’é- toiles propres & les désigner; de méme que, pour donner un nom chacun de ces groupes, on dut les comparer a quelque ob- jet physique d'un rapport plus ou moins sensible. On eut donc ainsi trente-six constellations extra-zodiacales, dont vingt- deux affectées 4 ’hémisphére supérieur, et quatorze a Vhémis- phére inférieur. De ces premiers, douze furent employés (chez les Chinois, par exemple ) désigner les douze heures du jour, ou les stations journaliéres du soleil ; les dix autres, & désigner les dix jours compris entre chacun des méridiens. Dans la suite, ces symboles servirent & représenter une série de chif- fres quelconque, car Je calcul précéda l’écriture et lui fraya la voie. Nous n’inférerons point de la, Messieurs, que les lettres hé- braiques ou d'autres soient des chiffres transformés en signes phonétiques , mais bien que leurs types, étant une collection de génies symboliques célestes, attachés successivement aux divisions de Ia sphére, ont dd, selon lcur rang, représenter une valeur numérique. C'est ainsi que les dix premiéres let- tres ont servi, plus tard encore, de type & l'arithmétique dénaire des Arabes. Comme chacun de ces vingt-deux symboles célestes avait, dans la langue parlée, un nom commengant par une intona- tion plus ou moins différente, il put devenir le caractére repré- sentatif de cette intonation; cest ainsi, du moins, que parait sétre formée |’écriture alphabétique. La nature de la langue chinoise fit prendre 4 son écriture une autre direction ; ainsi, la sphére étoilée une fois peuplée détres symboliques, qui avaient dans la langue parlée un nom monosyllabique; image méme de cet étre, ou souvent encore une copie du groupe d’étoiles dont il était l’équivalent, servit & la représentation et de cet étre et de ce monosyllabe. Aussi verrons-nous que ces vingt-deux groupes d’étoiles, placés sur Jes vingt-deux premiers méridiens d’une sphére céleste , par- tir du vingtiéme degré du Capricorne, et remontant ensuite vers le Sagittaire , etc., ont prété leurs formes, non-seulement aux vingt-deux caractéres des divers alphabets orientaux, et aux nombreux signes phonétiques égyptiens qui leur corres- pondent, mais encore 4 vingt-deux caractéres chinois , images des deux cycles (celui des jours et celui des heures ) qui leur correspondent également. Ceci nous met sur la voie de Fori- gine des signes qui entrent dans la composition complémen- taire des clés chinoises, des alphabets des autres nations, et méme de ceux qui sont encore inconnus ou indéchiffrés. Parcourons rapidement la liste comparative des groupes cé- lestes, classés d’aprés le systéme chinois, répondant exacte- ment a la classification hébraique : 1° Le tseu(2059) (1), premier caractére du cycle chinois, ré- pond au aleph des Hebreux, 4 l’alpha des Grecs; il doit comme eux ses formes variées a la constellation de la Grue, voisine du Poisson austral , de la sphére orientale ; 2° Le tcheou chinois (13), le beth hébreu et le B latin, em- pruntent les leurs a la téte du Bélier des Signes, paranatellon au Capricorne. 3° Le yn chinois (2146), le ghimel hébreu et le G latin, a la constellation de la grande Ourse; 4° Le mao chinois (1030 ), le daleth hébreu et Je D latin, aa Triangle boréal ; 5° Le chin chinois (10987), le hé des Hébreux et le éw grec, 4 ’Autel austral et au Sagittaire; 6° Le ssé chinois (2396), le vau hébreu et le F latin, a la queue du Scorpion des Signes ; 7° Le ouchinois (gg9), le zain hébreu et le Z latin, au penta- gone du Cocher celeste ; (1) Ges chiffres indiquent et indiqueront dans tout le cours de ce mémoire ceux sous lesquels on trouve chaque caractére dans le dictionnaire Chinois- Francais de Basile de Glemona, publié par M. de Guignes. 8° Le hoey chinois (4059), le het hébreu et le he grec, a un groupe voisin de PAutel austral ; 9° Le chin chinois (6172), le thet hébreu et th grec, su groupe du Reene sous Cassiopée et au Cercle poleire arctique; 10° Le yeou chinois (11277), le iod hébreu et le I Jatin, au quadrilatére de la petite Ourse et aux étoiles voisines du Péle; 11° Le qu chinois (3172), le caph hébreu et le K latin, a la Chaise de Cassiopée; 12° Le hay chinois (81), Ie lamed hébreu et le L latin, & la constellation du Loup du Centaure; 13° Le kia chinois (6172), le men hébreu et le M tatin, ala constellation du Bouvier; 14° Le Y chinois (50), le noun hébreu et le N latin, au lien austrai des Poissons et d’un groupe voisin ; 15° Le ping chinois (18), le samech hébreu et le ch grec, au groupe intérieur du carré de Pégase; 16° Le ting chinois (2), le ain hébreu et le O Jatin, & la téte du grand Chien, ou 4 Sirius, et aux étoiles voisines; 17° Le meou (3170) chinois, le phe des hébreux, le pi grec et le P latin, a la constellation du Corbeau ; 18° Le ki chinois (2394), le tzad hébreu et le ts grec, au col de I’Hydre céleste coupé par ’équateur ; 19° Le keng chinois (2512), le quoph hébreu et le Q latin, & lacoupe des constellations; 20° Lesin chinois (1096), le resch hébreu et le R latin, & la téte de I’'Hydre; 21° Le gin chinois (1760), le sin hébreu et leS latin, au Liévre d'Orion. aa° Le kouey chinois (6479), le tau des hébreux, derniers caractéres des collections chinoises et hébraiques, empruntent enfin les leurs 4 la constellation dela Lyre et du Vautour. Ces explications, qui s’appliquent également aux hi¢rogly- phes phonétiques correspondant aux lettres hébraiques, grec- ques, ou latines, confirment pleinement les interprétations de M. Champollion le jeune, si digne des regrets des savants. Vous comprendrez, Messieurs, l’importance des inductions que l’on peut tirer de nos principes touchant lorigine des clés chinoises, des lettres hébraiques, des hiéroglyphes phonétiqnes et figuratifs égyptiens, etc. Ces inductions ne se bornent pas aux symboles précités; elles s’étendent aux traditions antiques, aux monuments mvstiques, allégoriques, etc., de divers peuples anciens. Elle se rattachent a lorigine fabuleuse de quelques personnages qui figurent dans les temps antchistoriques de la Chine et dans la mythologie des Egyptiens et des Grecs. Nous citerons Ja mosaique de Palestrine, monument dans lequel nous avons vu deux tableaux, l'un, supérieur, image de la sphére des constellations; l'autre, inférieur, espéce d’alma- nach symbolique de l’année civile; Le monument curieux 4 plus d’un titre, gravé sur un rocher de Taunston dans l’Amérique septentrionale, et dans lequel nous avons reconnu un théme astronomique ou un hémisphére céleste supérieur, et le tracé linéaire de plusieurs constellations de la sphére orientale ; La pierre babylonienne, du cabinet des médailles, dans la- quelle nous avons reconou un zodiaque oriental accompagné de quelques paranatellons ; Le bas-relief, dit de l’apothéose d’Homére , espéce d'élage- bale ou pierre du soleil, offrant les douze mois personnifiés dans Apollon, les neuf Muses, Jupiter et Janus, et plus bas la célébration des Cronies, ou fétes du temps révolu ; La premiére planche de histoire du Mexique par figures, dans laquelle nous avons reconnu un hémisphére supérieur et les dix constellations @ formes humaines de la sphére arabe; personnages considérés la comme princes fondateurs de l’em- pire mexicain, et ayant tous des noms qui s’expliquent facile- ment par la langue grecque, ou plutdt par les noms de ses génies mythologiques. Létade que nous avons faite du jeu des tarots égyptiens nous ayant conduit 4 découvrir l’analogie qui existe entre ses vingt-deux atouts ou cartes figurées, et les vingt-deux carac- téres alphabétiques orientaux tirés de la sphére céleste orien- tale et rangés dans le méme ordre, nous avons di: joindre a chacun de nos tableaux l’explication d’une de ces cartes. Cycle chinois des heures ou des douze chin (10987), servant a la description des douze premieres lettres des alphabets orien- taux. Premier Tableau. (Aleph hébreu.) La lettre A, premier ca~ ractére des alphabets anciens et modernes, répond au tseu chi- nois (2059), premier caractére du cycle des heures. Ces diffé- rents caractéres doivent leurs formes diverses & des uracts de lignes circonscrivant les étoiles dont se compose la constellation de la Grue, voisine du Poisson austral de la sphére orientale. En général, inspection de nos tableaux comparatifs fera mieux comprendre qu’une longue explication les changements de formes qu’ont subis les caractéres a diverses époques et chez les différents peuples (1). On verra dans le pretnier de ces tableaux que le tseu chinois, prononcé si au Japon, et signifiant filiation, fils , enfant, nour- risson, a pu, dans ses formes antiques, répondre au hiéroglyphe égyptien ci, enfant; on verra comment cet enfant, assis sur le lotus au zodiaque circulaire de Dendra, y est le symbole du soleil naissant ; comment loie, animal au long col comme la grue, a pu devenir le hiéroglyphe homophone de ce dernier ; comment l’ibis, également au long col, a pu préter ses formes au aleph hiéroglyphique , et comment enfin les autres formes ont pu en étre déduites. Une forme complexe du tseu chinois (2063 bis, Klaproth ) offre la clé tchouen des fleuves, torrents (2380). Le vase du Verseau, formé de trois étoiles et d’ou s’échappe un fleuve , explique lorigine de cette clé, source elle-méme des aleph égyptiens, persépolitaias, thibétains, arméniens, illyriens, etc. La clé tseu, simple ou complexe, mais recouverte de la clé mian des combles, fondements, etc. (2065, 2076), signifie caractére , lettre, produire; i| était bien naturel que le carac- tére initial d'une collection de signes phonétiques se chargeat de ces valeurs; c’est toujours par les noms des premiers élé- ments de ces collections qu’elles ont été désignées. (1) Les tableaux circulent dans l’assembkéc. Les diverses difections données a l’écriture ont dénaturé une partie des lettres. Cette diversité, dont on n’a pu jus- qu’ici donner de bonnes raisons, s’explique par la manitre dont on a lu les signes célestes, soit & mesure qu’ils se levaient a Vhorison ou les uns au-dessus des autres, a la maniére des Chinois, soit dans le sens que le soleil les parcourt, ou de droite 4 gauche, soit en les lisant sur un planisphére ou de gauche a droite, soit enfin en boustrophédon, ou comme les beeufs labourent, ce que l’on doit entendre des Ourses célestes qui semblent labourer autour du péle , Pune a droite et Vautre & gauche. La valeur attribuée au aleph hébreu , boeuf, voie, institution, parait indiquer que l’alphabet fut composé a I’époque ot le Taureau était équinoxial , cest-a-dire il y a environ 4,400 ans. Ce taureau est celui qui servait de monture au dieu soleil invincible ou au Mithra des Perses, et trés probablement au Lao-tseu des Chinois, le Roo-si des Japonais. La mére de Lao-tseu , errante comme Danaé, congut son fils par l’influence d’une grande étoile ; il naquit sous un prunier, dont il porta d’abord le nom dy (4086), et auquel on ajouta le mot eulh, oreille (8337), a cause, dit-on, de la grandeur déme- surée de ses oreilles. Mais le nom de Persée vient du Persea (prunitera arbor), et Jes ailes dont on orne sa téte équivalent a des oreilles, Lao-tseu est comme Persée, armé d'un harpé ou sabre recourbé a deux tranchants, Il est comme Mithra et Persée , sur un boeuf aérien , symbole du taureau céleste. La premiére carte du tarot qui répond & la premiére lettre hébraique offre l'image d'un escamoteur faisant des opérations magiques a l'aide de la baguette des Mages ou baste, d’oii vient le nom de bateleur. Ce bateleur offre une des formes revétues par Persée , et les hords énormes de son chapeau sont dus aux étoiles qui ont fourni et les ailes du Persée grec et les oreilles du Lao-tseu chinois. La baste est motivée par le groupe qui surmonte Je triangle boréal , et dont la direction indique sur le méridien l’étoile de la ceinture de Persée, dont on a fait la muscade a escamoter, mise dans la main gauche du bateleur. Cette baste, dans les hiéroglyphes, représente Vidée oueri, beri, alné, premier, chef, commandant. Elle a paru étre une bourse 4 M. Champollion. Deuzxizme Tableau. (Beth.) Les beth alphabétiques et ie tcheou chinois (13), symbole de la deuxiéme heure, prennent leurs formes des étoiles de la téte du Bélier des signes; ils ont donc pour but de désigner Je méridien qui sépare le Bélier des Poissons, lequel méridien , passant par la jambe du bootés, a Aonné lieu a tirer des étoiles de cette jambe plusieurs beth hié» roglyphiques. Il est a remarquer que de la constellation du Bélier on ob- tient Ja figure parfaite d’un bélier accroupi. Cette forme n'a point échappé aux anciens; le bélier de la pierre de Taunston en Amérique offre une contexture & peu prés semblable, ce qui n'empéche point sa partie supérieure de présenter la forme exacte d’un tcheou chinois antique. : Remarquez encore , Messicurs , que les Egyptiens ont repré- senté la consonnance B par un bélier parfait , ou par une téte de béllier, ou par des cassolettes dont la forme singuliere est due aux étoiles de la téte du Bélier céleste. La deuxiéme carte du tarot représente une femme ayant la téte am milieu d’un voile carré, et tenant un livre. Ne serait-ce point Androméde, dont Vhistuire est liée a celle de Perse? et Yétoile de la téte d’Androméde faisant partie du quadrilatére de Pégase ne motiverait-elle pas le voile? Trotsieme Tableau. (Ghimel.) La grande Ourse explique les ghimel alphabétiques et la clé chinoise tao (740) des épées , glaives, couteaux, etc. Le yn dans ses formes complexes fait allusion aux deux Our- ses séparées par une fléche symbolique, image du colure qui les divise, et explique la valeur épée donnée au tao. C’est cette épée qu’on voit en main de l’animal typhonien remplagant la grande Ourse au zodiaque circulaire de Dendra. Dans la distribution des lettres sur les méridiens de la sphere céleste, celui qui est attribué au ghimel passe par les pieds de devant de la grande Ourse; aussi les étoiles dont ils sont for- més ont-elles fourni les patéres higroglyphiques, images du ghimel. Les Hébreux traduisent ghimel par chameau, mais cet ani- mal, cause de sa conformité avec le zébu, boeuf asiatique, te- nant lieu, sous le nom de yabous, de la grande Ourse dans lz mosaique de Palestrine , a puy étre employé concurremment. C’est ainsi que le Bootés, gardien des Ourses, est quelquefois surnommé le Chamelier. Quatriéme Tableau. (Daleth.) Le daleth alphabétique et le mao chinois (1030), symboles de la quatriéme heure , doivent leurs formes au triangle boréal placé en téte du Beélier céleste. Ce triangle, qui dans le planisphére égyptien de Kircher est in- titulé porta Deorum (parceque la s’opére le passage des astres de V’hémisphére inférieur 4 "hémisphére supérieur), explique la valeur attribuée au daleth hébreu, janua, porta, fores ; et au mao chinois , portes ouvertes. Le mao explique les daleth doubles de certains alphabets ; son dédoublement a fourni la clé tsie (1026) , retrancher , di- viser, valeur qui s’explique par la position du triangle, eu égard au point initial des signes. Cingquiéme Tableau. (Hé.) Le chin ch:nois (10987), image de la cinquitme heure, est un caractére complexe qui tire ses formes de l’Autel austral, voisin de l’arc du Sagittaire , lequel a fourni le hé des Orientaux et la clé chinoise kong (2614) des arcs dont les formes anciennes offrent un are parfait, et dont une variante prononcée yn (2616) est donnée comme équiva- lent du chin ou de la cinquiéme heure. Le*cing arabe, pris comme les hé de l'are du Sagittaire, se confond avec les formes antiques du kong chinois. Sixiéme Tableau. (Yau.) Le tau, sixitme lettre hébraique, et le ss¢ chinois (2396), symbole de la sixigme heure , doivent leurs formes aux étoiles de la queue du Scorpion, dont la dis- position en ligne courbe confirme la valeur crochet, attribuée au vau des Hébreux. Ce groupe explique tous les vau alphabé- tiques et hiéroglyphiques, etc. Septieme Tableau. (Zain.) Le ou chinois (999), symbole de ja septiéme heure, et le zain, septidme lettre hébraique , pren- nent leurs formes des étoiles principales du Cocher céleste, et désignent le méridien qui passe par l’étoile dle l’extrémité de la corne du Taureau des signes, laquelle fait partie du pentagone du Cocher. La position de ce groupe, qui tient le milieu du ciel, expli- qve les diverses valeurs attribuées aux caractéres qui y ont puisé leurs formes : ainsi le ou chinois est rendu par midi, milieu du jour. La constellation du Cocher, dans laquelle on place tous les personnages mythologiques qu'on suppose avoir été les inven- teurs des chars ou les conducteurs du char du soleil, est aussi celle qui a servi de type au char de l’Osiris triomphant repré- senté sur la septitme carte du tarot. Nous attribuons & la méme constellation les hiéroglyphes symboliques hebai, tra- druits par congrégation, panégyrie, dont la partie inférieure offre le vase neb, traduit par curios, seigneur, hiéroglyphe devant ainsi ses formes aux trois étoiles inférieures du penta- gone du Cocher. Nous lui attribuons encore les coffres de la représ entation, ou corbeilles mystérieuses, dans lesquelles on plagait l’enfant et le serpent symboliques confi¢s a la garde des filles d’Erechtée, c’est-a-dire aux Hyades, filles du cocher Erichton. Neus pouvons encore citer la tour de Danaée, la tour ou Maison- Dieu , représentée sur la seiziéme carte du ta- rot, ou l’on voit une tour qui répond 4 la corbeille de la re- présentation, une couronue inclinée qui répond au couvercle de la corbeille, et un rameau d’or rappelant le serpent qui s’en échappe. Au pied de la tour on voit les Gémeaux, dont la chute rappéle celle de Phacton, une des formes du Cocher, cane- vas sur lequel a été brodée l'histoire d’Hippolyte fils de Thésée, et celle du prince égyptien Rampsinit ou Ramsés, dont le tré- sor, renfermé dans une tour, est dérobé par les fils de l’archi- tecte qui I’a batie, lesquels, au rapport d’Hérodote, volent le prince et se précipitent du haut de la tour. Nous citerons en- core Phistoire plus singuliére rapportée par Vigénére, lequel , traitant de divers alphabets, s’exprime ainsi. « Il n’y a guére dapparence d’avoir attribué un alphabet a Virgile Ie philo- sophe, dont il se raconte des fables trop ridicules , comme davoir été laissé suspendu dans une corbeille a mi-¢iage d'une tour fort haute, par une dame a qui il voulait faire l'amour; mais, pour s’en venger, il fit éteindre par son art tout le feu qui était dans Rome, sans qu’il fit possible d’en rallumer sion ne Vallait chercher és parties secrétes de cette moqueuse, et encore le mal était de ne pouvoir le communiquer l'un a Vautre, parceque soudain il s'amortissait ; avec semblables réveries pour entrete- nir les vieilles et les petits enfants. » Le méme auteur s’étonne de ce que certains caractéres alphabétiques ont pu étre nom- més géomantiques, la géomantie étant, dit-il, « la projection de quelques points guidés par la constellation qui régne, les- quels points sont réduits ensuite en des lignes accommodées 2 des figures dont on tire les prédictions selon l'art. » Ce passage curieux, véritable définition de l’origine des lettres , confirme trop notre théorie pour que nous nous soyons dispensé de le rapporter. La constellation du Cocher exptique le hi¢roglyphe figuratif image des combats, offrant deux bras armés, lun d'un bou- clier et l'autre d’un glaive, rappelant la valeur du zain hebreu, trait, armes, glaive; le groupe de la main droite explique le pedum hiéroglyphique, la houlette des bergers, le baton pas- toral des Grecs, la crosse des évéques , etc. Nous y trouvons Yorigine du tsy (3), ou chiffre sept des Chinois, de la clef yang des chévres (8183). Mais le Cocher porte une chévre et ses chevreaux. Il est surnommé Haiok, Eega, Aix, la chévre, et Hiksos, le pasteur de chévres, nom porté par la dynastie des rois pasteurs égyptiens. Il est le méme que Je dieu Pan, pro- tecteur des jardins et des troupeaux. Il est le méme encore que Je fabuleux empereur Fou-Hy, fondateur de la Chine, oi 'on suppose qu’il régna cent quarante ans, et & qui on aitribue Vinvention du zodiaque, de l'alphabet, du calendrier, la con- naissance de l’agriculture, de la vertu des plantes, de la mu- sique, etc. On Jui attribue aussi les koua, ou les buit sym- boles, comme on attribue au Thot égyptien les huit lettres divines. Les formes qu’on attribue 4 Fou-Hy sont celles du Cocher véleste, des cornes, une téte de boeuf, des pieds terminés en serpents, etc. Si le Cocher est lié au quadrilatére de Pégase, orienté comme les quatre parties du monde, Fou-Hy voit sur Ie dos d’un dragon-cheval les traces dont il forme les koua, orientés également, et c'est ce quon appelle le 4o-tou, ou la table sortie du fleuve , du lac profond, image de I’Hypocréne. Une derniére preuve de l'identité du Cocher céleste comme type de Fou-Hy, c'est l’image de ce dernier, dont les formes, singuliérement caractérisées, s’expliquent par un simple tracé de la constellation, ot se retrouvent sa figure écrasée, sa barbe triangulaire , les protubérances de son crane, ete. Huitieme Tableau. (Het.) Le het, ou aspiration forte, tire ses formes d’un groupe de huit étoiles situces entre l’Autel et le Triangle austral. Le oey chinois (4061), symbole de la huititme heure, et qui offre les idées d’arbre fleuri ou d’arbre a fruit, peut étre comparé au triple rameau dont le tableau supérieur de la mosaique de Palestrine offre une image fort curicuse, image dont le groupe du het et le Triangle austral sont le type essentiellement mystique. Cet arbre porte pour fruit un cyno- eéphale, embléme du soleil naissant : aussi en Chine le carac- tére lieou (4188), composé de la clef mo, des arbres et du mao, image du Triangle boréal employé ici par analagie avec le Trian- gle austral, est-il traduit par salix (saule); cest aussi le nom dune constellation australe de la sphére chinoise, qu’on dit étre de huit étoiles, et qui ne peut étre ainsi qu’une désigua- tion de notre groupe du het. La huitiéme carte du tarot est Thémis ou la Justice, qui, a Vimitation de la Vierge cdleste, mére du soleil, tient une ba- lance. La neuviéme carte est |'Hermile ou le Sage, qui, la lanterne en main, cherche un homme en plein midi. A-t-on examiné jusqu’a quel point on peut ajouter foi 4 ce que la tradition raconte de Diogéne le cynique? Ne serait-it que la personnification d'un génie céleste? Le neuviéme décan égyptien, au zodiaque circulaire de Dendra, offre ]'Autel aus-

Vous aimerez peut-être aussi