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Comment peut-on définir les « relations internationales » ?

C͛est une branche de savoir assez spécifique. Il est impossible de concevoir les relations
internationales si on ne saisit pas ce que sont les nations et les états.

1/ Genèse de l͛état moderne.

Pour Max Weber, l͛état est « une communauté humaine qui, dans les limites d͛un territoire
déterminé, revendique avec succès pour son propre compte le monopole de la violence physique
légitime. » Tiré de la conférence de 1919 « Le savant et le politique ».

Cette définition recoupe la définition juridique de l͛état avec trois éléments constitutifs :

-c Territoire
-c Population
-c Autorité politique souveraine

L͛état n͛est pas une chose fixe. Il s͛est formé et en a découlé des relations interétatiques. Pour
Weber, ce qui compte est la revendication du monopole et c͛est de là qu͛il tient sa définition :

« Nous entendons par état une entreprise politique de caractère institutionnel lorsque et tant que sa
direction administrative revendique avec succès, dans l͛application des règlements, le monopole de
la contrainte physique légitime. » Tiré de « économie et société. »

½c Idée que l͛état est une entreprise dans le sens où il est mouvant, toujours en construction.
½c L͛état est un ensemble d͛institutions spécifiques comportant une direction administrative.
½c L͛état est un ensemble de règlements qu͛il s͛agit de faire entrer en force par,
éventuellement, la contrainte physique.

Cette définition a plusieurs implications fondamentales :

-c Le fait de disposer du monopole. Cependant il faut souligner que l͛état n͛en fait pas un usage
systématique. Ce qui importe est que l͛usage de la contrainte physique est une possibilité
dont dispose l͛état, une menace éventuelle. C͛est un horizon ultime auquel l͛état peut avoir
recours.
L͛état utilise en premier lieu des institutions telles que la police, l͛école, la justice etc..

-c Ce monopole de la violence distingue l͛état de tous les autres groupements sociaux qui ne
disposent pas d͛un tel monopole. Cela distingue l͛état de l͛église. L͛église ne peut avoir
recours qu͛à la contrainte psychique, par exemple la promesse du paradis.
ÿc C͛est la dispensation des biens spirituels de salut.
L͛église ne peut avoir recours à la contrainte physique que si l͛état l͛en autorise. Ceci signifie
que dans une société où il existe un état, aucun groupement ne peut avoir légitimement
recours à la contrainte physique.

-c L͛état n͛est pas le seul groupement politique à avoir pu utiliser la contrainte comme un
moyen légitime d͛action. L͛église pouvait utiliser des formes de violence pour faire appliquer
son ordre religieux.
Les nobles disposaient du pouvoir de porter les armes. C͛est « la noblesse d͛épée ».
Dans sa revendication du monopole, l͛état a réussi à instituer un monopole, c͛est-à-dire à
exproprier tous les groupements et entreprises institutionnelles qui pouvaient revendiquer le
monopole et faire un usage légitime de la violence. « Ce qui compte, c͛est le processus
d͛expropriation par lequel l͛état a cherché avec succès à mobiliser cette violence physique
sur un territoire déterminé. » C͛est au cours de ce processus que sont apparus les
administrations de la force et le fisc, les finances. Ce qui compte c͛est le processus de
monopolisation qui définit l͛état moderne tel que nous le connaissons aujourd͛hui.

Norbert Elias : « La dynamique de l͛occident . » 1939

Norbert Elias a cherché à tirer toutes les implications historiques de la définition historique
de l͛état en analysant le processus de formation de l͛état moderne à travers la
« sociogenèse » de l͛état.
Pour Elias, l͛état résulte du « mécanisme de monopolisation » ou « loi du monopole ».
La concurrence entre entités équivalentes et interdépendantes conduit à des affrontements
entre elles dont le résultat est de faire disparaître certaines de ces entités au profit de
certaines autres.
Dans ce processus, les entités qui subsistent tendent à mobiliser les moyens de puissance. Si
on se reporte au point de départ de ce processus, on assiste à une concurrence entre les
seigneuries qui aboutiront à la naissance des états.
Au sein de ces états vont apparaître les deux monopoles fondamentaux que sont la force et
le fisc.
« Les moyens financiers qui se déversent dans les caisses de ce pouvoir central permettent
de maintenir le monopole militaire et policier qui de son côté est le garant du monopole
fiscal. » Norbert Elias.
Ces deux monopoles clés sont inconcevables l͛un sans l͛autre. Il faut la contrainte physique et
il faut disposer de ressources financières pour maintenant ces éléments de contrainte.

Au cours de ce processus se constitue « un appareil administratif » permanent et spécialisé


chargé de la gestion de ces monopoles. Ce n͛est qu͛à partir de ce moment là que l͛on peut
parler d͛état car cet appareil tend à orienter le comportement des individus et à adopter des
moyens plus pacifiques. La compétition politique ne se fait plus sur la base d͛affrontements
mais entre segments de la noblesse pour conquérir la maîtrise des ressources dont dispose
cet appareil.

ÿc Passage de la noblesse d͛épée à la noblesse de robe. C͛est à ce moment là


qu͛apparaissent les états modernes. Il en résulte plusieurs conséquences :
½c Ce monopole dont dispose l͛état est toujours réversible. Si les deux monopoles clés
dépérissent, alors c͛est l͛état lui-même qui dépérit. Le monopole conquis par un état est
toujours réversible et peut se renverser.
½c Ce monopole de l͛état moderne peut toujours être contesté et l͛état doit sans cesse
réaffirmer son monopole.

Lorsque sont cumulées les formes de contestation du monopole, il existe des situations de crise
(exemple : La Palestine). L͛état n͛a alors aucune chance.

On associe souvent la démocratie à des éléments qui ne sont pas des éléments fondamentaux de
pacification.
Avec la monopolisation de la violence se produit une pacification de la compétition politique.

« On pense communément que tous les types de société peuvent adopter un régime démocratique
quel que soit le niveau de tension interne des sociétés. » Elias.

La possibilité d͛une société dépend du monopole et de sa capacité à maîtriser les tensions. Les
élections ne garantissent pas une forme de démocratie quand elles sont accompagnées de violence.
Si le niveau des tensions entre communautés demeure fort, si les groupements continuent d͛être
armés, il y a peu de chances que s͛instaure un véritable régime démocratique.

Le principal effet du mécanisme de monopolisation est de pacifier la concurrence politique en


désarmant ceux qui cherchent à conquérir le pouvoir. Monopolisation et pacification vont de paire.
Ce processus de pacification est particulièrement net dans la « curialisation des guerriers » lorsque
la noblesse de cour prend le pas sur la noblesse d͛épée. Les élites guerrières deviennent des élites
administratives.

Les affrontements ne se font plus par les armes, mais par des intrigues de cours, par les charges
conquises.

On assiste à « la civilisation des mœurs ». Chacun apprend à refouler ses pulsions de violence, à
renoncer au plaisir de la guerre et à conquérir d͛une autre manière.

La pacification des mœurs s͛accompagne d͛une violence extrême entre les états en revendiquant le
monopole. Ce que nous appelons la guerre existe depuis l͛apparition des états.

Il y a une dissociation entre un territoire extérieur à l͛état et un territoire interne. Il y a une


dissociation entre les rapports sociaux intérieurs et les rapports sociaux extérieurs.

Dans ces conditions, on comprend qu͛une partie des relations internationales porte sur ces deux axes
de réflexion.

½c La relation entre la politique intérieure et la politique extérieure des états. Dans quelle
mesure la politique interne influe sur les relations internationales ?
½c La distinction entre la société nationale dominée par la figure du leviathan qui peut imposer
un ordre social pacifique et la scène internationale qui se situerait dans un état d͛anarchie
où il n͛existe pas de puissance qui imposerait un ordre (l͛ONU ne peut prétendre assumer
cette tâche).
Les théories des relations internationales sont très souvent d͛inspiration philosophique.

Les rivalités interétatiques ont permis le renforcement poussé de l͛état.

La guerre implique des concentrations de ressources militaires qui permettent à la puissance


royale de s͛imposer en confisquant les ressources dont disposaient les seigneurs et d͛autre part
en maîtrisant les conflits internes de la société.
Se formalise alors une autorité juridique attachée à la personne du roi pour faire passer les
conflits du stade violent au stade pacifique.

-c La prohibition des guerres privées .


Elles ne sont plus tolérées dans le royaume. Le port d͛arme reste toléré pour la noblesse
uniquement. Le roi peut interrompre les conflits privés à l͛occasion d͛une guerre externe.

-c La formation d͛une armée permanente.


Avec la guerre de cent ans, le système qui existait précédemment va peu à peu disparaître,
ce qui pousse les rois à créer des troupes composées de soldats de métier. La fonction
guerrière n͛est plus un privilège de la noblesse, mais un métier.
ÿc Subordination de l͛appareil militaire à travers un serment de fidélité.

Tout ceci implique de trouver des ressources financières. L͛impôt moderne va permettre d͛entretenir
l͛armée. Deux phénomènes y contribuent :

½c La naissance d͛une administration spécifique pour gérer les ressources de l͛état. L͛état
devient autre chose que la simple personne du roi. L͛état devient une entité concrète qui
existe à travers les administrations.
½c La diffusion de nouvelles théories de l͛état qui ont pour particularité de justifier la nécessité
de l͛impôt, de la guerre parfois.
ÿc Série de rationalisation de théorie pour justifier la permanence de l͛impôt.

Le monopole militaire et fiscal a pour objet de faire appliquer l͛autorité du souverain sur un territoire
déterminé.
Nait alors toute une série de théories qui tendent à donner une force spécifique à des limites de
frontières matérialisées par des châteaux forts, des palissades etc͙
Ce double monopole permet de contrôler un territoire, de délimiter de territoire vis-à-vis de
l͛extérieur et d͛abolir les frontières intérieures des royaumes pour imposer la souveraineté. Au
Moyen-âge les frontières politiques évoluaient en fonction des luttes en seigneurie. La frontière est
la ligne de front entre deux armées qui se font face. Ce sont des zones floues en période de paix.

En France, on peut dire ce que n͛est qu͛au XIVe s. que ce type de frontières devient des limites
administratives et/ou judiciaires et/ou coutumières dans le cadre d͛un royaume plus unifié. Ce n͛est
que tardivement que ces frontières extérieures du royaume vont dessiner les frontières de la France
actuelle.
Se forme une science du territoire, une cartographie qui renforce le contrôle du souverain. « La
géographie sert avant tout à faire la guerre. La carte de géographie est un instrument militaire. »
Yves Lacoste.
C͛est un instrument établi par l͛appareil d͛état où tous les obstacles sont répertoriés. Vauban est un
géographe qui a participé à l͛élaboration de cette science.
Les conditions de construction de l͛Etat moderne sont déterminantes pour comprendre les relations
internationales.

2/ Aux origines des « relations internationales ».

La globalisation est un phénomène qui date du moment où les hommes se sont représenté la Terre
comme un globe. Entre le XIV et XVIe s. se forme un système d͛interdépendance interétatique qui a
deux grandes dimensions :

½c Une dimension dynastique : Alliances entre les princes.


½c Interdépendance bureaucratique avec les ambassades.

A cette époque les missions diplomatiques envoyées à l͛étranger se transforment en offices


permanentes de représentation. Ces ambassades sont stables, fixes et permanentes.
Il existe aussi des multiplicités de formes d͛indépendance. Ce système ne se limite plus au secteur
occidental, il englobe l͛ensemble de la planète au fil du temps. Les rivalités entre puissances
européennes se jouent aussi à l͛extérieur du continent, elles se font concurrence à un double niveau.
Ces aventures extérieures vont devenir systématiques. Au XVIe le Portugal, l͛Espagne, la France et
l͛Angleterre tendent à devenir de véritables empires. Ils se lancent dans des entreprises impériales à
l͛extérieur du contient vers l͛Afrique, l͛Asie et l͛Amérique.
Ils se concurrencent à la conquête des richesses et des ressources qu͛ils peuvent extraire de ces
territoires. L͛objectif premier n͛est pas l͛occupation mais l͛extraction des ressources qui a pour objet
d͛accroître les chances de puissance de ces Etats pour pouvoir tenir son rang dans les concurrences
qui les oppose. Dans ces mouvements se constituent les flottes maritimes des grands Etats
européens.
Ces entreprises impériales sont commerciales qui n͛existent que par la force et peuvent avoir des
modalités très différentes : l͛Etat peut contrôler ses entreprises commerciales et militaires en créant
une bureaucratie pour administrer ces entreprises. L͛Etat peut aussi déléguer, octroyer des
privilèges, des monopoles à des « compagnies à chartes ». C͛est le cas des compagnies néerlandaises.
Cela va jusqu͛à permettre à ces compagnies d͛entretenir des armées privées.

Au XVIe et XVIIe s. on assiste à une transformation de ces entreprises coloniales en des entreprises
de colonisation territoriales et humaines. A cette époque se met en place un système triangulaires
France/Afrique/Amérique qui nécessite des hommes. Se développe alors la traite des noirs depuis
l͛Afrique vers l͛Amérique.
Dans ce contexte, les rivalités entre puissances européennes vont prendre sur les autres continents
une forme violente. Au XVII/XVIIIe s. Le continent américain est le lieu sur lequel se déroulent des
conflits entre puissances européennes.
S.Menell restitue l͛histoire des nombreux conflits.
Au XIVe s. les Etats-Unis vont avoir le territoire actuel, de l͛Atlantique au Pacifique après une série de
conflits :

-c Les élites issues de la colonisation anglaise contre les français.


-c Les anglais contre les espagnols.

A partir du début du XIXe deux éléments conjoints vont conduire à la formation des Etats-Unis :

½c La doctrine Monroe.
½c La conquête de l͛ouest.

En 1823, le Ve président des Etats-Unis, James Monroe, et son secrétaire d͛Etat (=ministre des
affaires étrangères) Adams, énoncent un ensemble de principes sur lesquels ils vont appuyer la
politique extérieure américaine, en particulier deux principes :

-c Non intrusion des puissances européennes sur le continent américain.


-c Non intrusion des Etats-Unis dans les conflits entre puissance européennes ni sur le territoire
européen, ni sur le territoire des colonies européennes.

Les Etats-Unis revendiquent leur suprématie sur le continent américain en contrepartie à l͛abandon
de toute prétention future à occuper des territoires extérieurs.

La conquête de l͛ouest, à partir de 1848 : Expansion des Etats-Unis vers l͛ouest du continent. Ils vont
progressivement devenir ce qu͛ils sont aujourd͛hui. Ils vont s͛octroyer le droit d͛intervenir dans les
affaires des différents Etats d͛Amérique centrale et du sud. Se produit un nouveau phénomène: les
Etats européens sont privés de chance de puissance sur le continent américain. Ils connaissent sur
leur continent une relative paix.

½c Stratégie de conquête territoriale.


½c A la traite des noirs succède la colonisation sur le territoire africain. 1830 : conquête d͛Alger.

La France et l͛Angleterre se partagent l͛Afrique et une partie de l͛Asie. Jusqu͛à la seconde guerre
mondiale, les échanges commerciaux entre la France et les colonies ne vont cesser de s͛étendre. On
assiste à un transfert des modalités pour lesquels les Etats européens se concurrencent.

Fin di XIX : Puissante rivalité impériale entre les Etats européens. Naissance des identités nationales
européennes qui exacerbent un peu plus les rivalités et transforment la nature des conflits.

La nation n͛est pas une création ancestrale, mais une invention du XVIIIe/XIXe, époque où différentes
élites travaillaient à formaliser et diffuser une image de l͛identité spécifique de chaque nation.
Cette invention est le produit des rivalités entre puissances européennes. Dans chaque Etat se
déroule l͛affirmation de son identité autour de l͛idée de nation. Ces identités nationales vont
transférer la nature des conflits.
La guerre de 1870 est limitée dans le temps, dans les revendications territoriales, dans le
déroulement de la bataille et dans le résultat de la guerre.
Les guerres mondiales se jouent sur le territoire des colonies. De vastes fronts se constituent. On
peut décrire ces conflits comme des formes répétées de contestation des monopoles qui vont
marquer un tournant dans la configuration des événements, dans et en dehors de l͛Europe.
La France et l͛Allemagne revendiquent des portions de territoire. Deux événements symbolisent ce
tournant :

ÿc Intervention des Etats-Unis sur le territoire européen.


ÿc ‘évolution russes, naissance de l͛union soviétique.

Ce sont des inversions complètes. Cette transformation des rapports internationaux rejaillit sur les
rapports internes. On assiste à une série de bouleversements économiques et un réalignement des
clivages politiques avec l͛émergence des partis communistes et des partis fascistes. On assiste à un
délabrement temporaire du monopole de la violence physique. Naissance de mouvements qui
revendiquent la légitimité du recours à la violence. Les partis communistes et fascistes contestent le
monopole de l͛Etat. Au-delà de ces mouvements, des allemands se persuadent qu͛il est légitime de
recourir à la violence privée pour conquérir ou protéger le pouvoir. On assiste à la naissance de corps
francs, des groupes paramilitaires qui cherchent à protéger la frontière est de l͛Allemagne à une
éventuelle invasion communiste.
On assiste à une succession d͛affrontements en Allemagne avec les répressions miliciennes. Naissent
de nouvelles revendications :

-c L͛Allemagne doit avoir un nouvel espace vital qui s͛étend au-delà de ses frontières. La
géopolitique joue un rôle fondamental dans cette revendication.

Durant la seconde guerre mondiale, on assiste à un maximum de violence où l͛ensemble des


populations est impliquée. Deux phénomènes importants :

½c Avènement d͛un marché mondial.


½c Naissance d͛un droit international.

Le progrès technique et scientifique a permis des formes nouvelles d͛interdépendance économique.


Il y a un accroissement des échanges commerciaux entre les continents indépendamment des
échanges coloniaux.

ÿc Formation d͛un système interétatique qui prend la forme de signatures de traités et


d͛organisations internationales.

Naissance de commission fluviale chargée de réguler la navigation sur les grands fleuves européens.
Dans la deuxième moitié du 19e siècle, on assiste à la naissance de plusieurs unions administratives.
On voit apparaitre des projets qui ne verront jamais le jour, comme par exemple les unions
douanières qui permettent les échanges commerciaux beaucoup plus librement.

En 1899 apparait une institution qui existe encore : La cour permanente d͛arbitrage créée lors de la
première conférence de paix. Une convention pour le règlement pacifique des conflits internationaux
est conclue et sera suivie en 1907 par une seconde conférence de la paix : S͛institutionnalise un
système de conférence visant à une pacification des conflits. De nombreuses organisations non
gouvernementales naissent, en particulier le comité international de la croix rouge fondé en 1853.
Toutes ces organisations vont être contrariées par les conflits. Dans ce contexte, la société des
nations a constitué un tournant majeur. La société des nations naît en 1919 et résulte du traité de
paix entre les états européens. C͛est le produit du souhait de Wilson (prix nobel de la paix en 1919).
Cependant, la SDN exclue toute une série d͛états (des vaincus) en particulier l͛Allemagne. La SDN
inclut des puissances européennes et extra-européennes. C͛est une organisation mondiale.
Il existe 4 institutions principales de la SDN : l͛assemblée, la cour permanente de justice, le conseil et
le secrétariat.

L͛Assemblée se réunit une fois par an. Elle est composée de tous les états membres dont chacun
dispose d͛une voix (un état=une voix), mais où il peut y avoir trois représentants par état. Le principal
pouvoir est d͛élire les membres non-permanents du conseil et de nomination des juges à la cour
permanente de justice internationale.

Le conseil se compose de cinq membres permanents plus une série de membres non-permanents. Le
conseil se réunit quatre fois par an et prend ses décisions à l͛unanimité. Il a comme pouvoir de
nommer les fonctionnaires du secrétariat chargé de préparer le travail du conseil et de l͛assemblée.
En 1930, le secrétariat se compose de 700 personnes.

La SDN va laisser un double héritage. Elle va être la première trame sur laquelle on va concevoir
l͛ONU et va être un repoussoir, un contre-modèle pour toute une génération.

Paradoxe important : On assiste à un processus contradictoire. En même temps que les sociétés
occidentales se pacifient, ces sociétés continuent d͛exercer une grande violence à l͛extérieur. A la fin
du 19e siècle, on est dans une situation où le processus de monopolisation a contribué a créer de la
paix à l͛intérieur, mais il n͛existe aucun équivalent à l͛extérieur, il n͛y a pas de contrainte à l͛échelle
mondiale. ‘ien ne contraint les Etats à respecter des règles. Il n͛y a aucune menace crédible autre
que la puissance d͛un autre Etat. Norbert Elias dit qu͛il existe un double code de comportement qui
différencie les relations à l͛intérieur et celles à l͛extérieur.

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Dans l͛immédiat après-guerre, plusieurs paramètres vont transformer les relations entre les états. Ils
sont mêlés les uns aux autres : il y a trois paramètres fondamentaux.

½c c   cc  cElément qui renvoie à la question des relations par la force
entre l͛Allemagne et les autres. La défaite militaire de 1945 engendre un effondrement
complet du monopole, c͛est-à-dire la disparition presque complète de l͛Etat allemand au
profit d͛une administration d͛occupation américaine, anglaise, française et soviétique. Il
n͛existe plus d͛Etat allemand. Plusieurs projets prévoient de faire éclater l͛Allemagne de
manière définitive. Cette période dure jusqu͛à la création de la ‘FA et de la ‘DA en mai
1949. Pendant quatre ans, de 1945 à 1949, il n͛y a plus de territoire allemand. En outre,
pendant 6ans la ‘FA n͛est pas pour autant souveraine. Il n͛existe pas d͛état souverain
équivalent à la France. Un office militaire de sécurité reste chargé de prévenir la renaissance
de toute organisation militaire en Allemagne. Les anciens occupants conservent le monopole
de la force en vertu d͛un statut d͛occupation valable jusqu͛en mai 1955. Il n͛y a plus d͛armée
allemande. L͛administration du monopole a disparu. Ceci ne signifie pas qu͛il n͛y a pas de
projets de réarmement de l͛Allemagne. Dés 1950, ces projets se font de plus en plus précis.
Les américains poussent en ce sens : entretenir une armée pèse lourdement sur les Etats-
Unis.
Ils souhaitent que l͛Allemagne paie pour sa propre armée. La France est particulièrement
hostile à ce réarmement car elle voit la menace d͛une potentielle guerre se profiler. Dans
cette double contrainte naît le projet d͛une communauté européenne de défense: la CED,
c͛est-à-dire une communauté qui permet le réarmement de l͛Allemagne encadré dans le
cadre d͛une constitution européenne. La France doit contrôler ceci. L͛échec de la CED en
1954 va être un tournant majeur : l͛Allemagne adhère à l͛OTAN et ceci ouvre la voie au
réarmement et la création fédérale allemande. C͛est à l͛époque la question primordiale des
relations interétatiques en Europe. La SND a échoué au réarmement de l͛Allemagne dans les
années 30. Le traité de Versailles avait anticipé les événements de 1945.

½c c c c: Le 6 août 1945, Hiroshima est rasé par l͛explosion d͛une bombe
nucléaire (80 000morts, 14 000disparus, 10 000bléssés graves, 8 000blessés léger + des
répercussions radioactives). Ceci met un terme à la seconde guerre mondiale avec la
capitulation du Japon. Les Etats-Unis marquent le fait qu͛ils possèdent la bombe atomique et
à partir de ce moment, l͛Union soviétique cherche à posséder cette arme qu͛il possédera en
1949. En 1952 c͛est au tour du ‘oyaume-Unis et en 1960 pour la France. Entre 1945 et 1960,
les quatre grandes puissances s͛approprient une force militaire nouvelle. Course aux
armements entre toutes les grandes puissances. La technologie nucléaire est en elle-même
rien si elle n͛est pas couplée avec l͛utilisation des missiles balistiques, des porteurs à longue
distance. Ces deux éléments vont transformer les conditions de la guerre. Ce changement
entraine un changement dans les doctrines militaires et politiques. « Doctrine des
représailles massives » est un terme employé par J.F Dulles. Cette doctrine prévoit une
riposte immédiate dés que l͛armement nucléaire est engagé, ceci couplé avec une absence
de toute sanctuarisation des territoires ennemis. Aucune partie du territoire ennemi ne sera
protégé. Cette doctrine transforme radicalement le sens de la guerre. Elle transforme la
guerre en une potentielle menace de destruction totale de l͛ennemi et de soi-même en cas
de guerre nucléaire. C͛est le « mad » : risque de destruction mutuel assurée. Paradoxale car
elle voue les états à leur destruction mutuelle, mais assure la dissuasion nucléaire. Ceci
implique qu͛il n͛y aura pas de conflit nucléaire et les deux super puissances ne vont pas
s͛affronter, du fait de cette dissuasion. Ils sont contraints de ne pas les utiliser, ce qui créé un
équilibre temporaire. Toutefois, ceci ne signifie pas la disparition de tous les conflits
militaires. Ils s͛affrontent de manière indirecte, non pas sur leurs territoires de manière
frontale, mais de manière indirecte dans des régions telles que l͛Afrique. Une transformation
des affrontements qui se jouent maintenant à grande échelle. C͛est cette situation que
‘aymond Aron qualifie de « paix impossible, guerre improbable ». C͛est ce qu͛on appelle la
guerre froide.
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½c cc
 c Il est difficile de dater le début de la guerre froide. Certains historiens
considèrent que la guerre froide serait là dés 1945 durant la conférence de Postdam. Si on
considère que 1945 est une date importante, il faut remonter jusqu͛en 1917, à la création de
l͛union soviétique. D͛autres historiens considèrent que les jeux ne sont réellement faits qu͛en
1947 avec la doctrine Truman et le plan Marshall. Le 12 mars 1947, le président Truman
engage les Etats-Unis dans une politique d͛engagement du communisme.
Le plan Marshall est le plan par lequel le secrétaire d͛Etat américain propose aux européens
une aide pour relancer l͛industrie et l͛agriculture notamment.
5 mars 1946 : Discours de Churchill à Fulton dans le Missouri, dans lequel il affirme que
désormais un « rideau de fer » sépare l͛Europe en deux camps antagonistes qui s͛opposent
dans le Monde. Fondamentalement, la date exacte n͛a aucune importance pour comprendre
le processus indépendant des uns et des autres qui va figer le conflit soviéto-américain. La
cause primaire est la dynamique des tensions entre les états. Chacun de ces états voit en
l͛autre une menace, un danger, sans que dans le même temps aucun de ces états ne soit en
mesure de contrôler ou d͛éliminer cette menace. Comme à bien des époques antérieures, il y
a un facteur plus puissance que les intentions des uns et des autres : c͛est la crainte des
menaces. C͛est ce qu͛un théoricien des relations internationales, J.Herz en 1950, a appelé le
« dilemme de la sécurité ». Ceci signifie que tout état, craignant pour sa sécurité, est conduit
à accroître ses capacités militaires, suscitant à son tour chez les autres états des craintes
pour leur sécurité, les conduisant à accroître leurs capacités militaires. L͛armement suscite la
crainte dans un mouvement de vis sans fin. Explique la course aux armements, très
largement le fait de puissances démocratiques, pacifique. On a aussi trouvé l͛anticipation de
ce dilemme chez Thucydide dans son histoire de la guerre du Péloponèse du Ve siècle avant
J-C : « Les athéniens en s͛accroissant, donnèrent de l͛appréhension aux lacédémoniens les
contraignant ainsi à la guerre. »
On a avec la guerre froide une situation qui s͛apparente à un troisième stade du mécanisme
de monopolisation. Une configuration dans laquelle il existe des puissances équivalentes
sans qu͛aucune ne soit en mesure de conquérir le monopole de l͛autre. Tout ceci n͛est pas
sans effet sur la structure interne des états, on assiste au lendemain de la guerre à un
bouleversement profond des rapports de force des élites à l͛intérieur des états.

La Grande-Bretagne renforce le pouvoir des élites militaires au sein de l͛Etat américain. Le président
Esenhower est le symbole de cette montée en puissance des élites militaires. Lorsqu͛ Esenhower,
dans son discours d͛adieu à la nation, dénonce le complexe militaro-industriel. Le sociologue
C.Wright Mills a montré que la seconde guerre mondiale et la guerre froide ont favorisé une « élite
du pouvoir » qui est constitué par une série d͛individus issus de grands cabinets de droit ou de
finance qui vont connaitre une ascension au sein de l͛Etat américain. Les frères Dulles sont des
avocats issus de grands cabinets de Wall Street et vont connaitre une ascension formidable.

C͛est dans ce contexte de tensions extrêmes que naissent paradoxalement les premières grandes et
durables organisations internationales qui vont transformer les relations interétatiques et
internationales.

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D͛un point de vue juridique, la SDN n͛a pas disparu à la seconde guerre mondiale. Elle a cessé
d͛exister le 31 juillet 1947. La 21e et dernière session de la SDN siège à Genève en avril 1946. Elle va
s͛effacer devant, et au profit, de la nouvelle organisation des nations unions, l͛ONU.
ÿc Passage de témoin d͛une époque à l͛autre. On désigne une organisation et un système
d͛organisation des nations unies.

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On peut dater le projet de créer, après la guerre, une organisation internationale, de 1941. On
envisage dés cette époque ce que sera l͛organisation de l͛après-guerre. ‘oosevelt était assez partisan
d͛une SDN au sortir de la guerre.
1er janvier 1942 : signature de la déclaration des nations unies par 26 états dont les Etats-Unis,
l͛Union soviétique, la Chine. A travers cette déclaration ces 26 états souscrivent à la charte de
l͛Atlantique du 14 août 1941 qui prévoit que « toutes les nations du Monde doivent en arriver à
renoncer à l͛emploi de la force. »

ÿc Prône le désarmement de ces nations. Pendant la guerre les nations s͛engagent à


renoncer à la force après la guerre.

Deux organisations naissent : l͛Organisation des Nations Unies pour le secours, et une organisation
des nations unies pour l͛alimentation et l͛agriculture (FAO 1945). La conférence Dumbarton Oaks en
septembre/octobre 1944 réunit des représentants américains, anglais, soviétiques et chinois. Ces
quatre grandes puissance vont se mettre d͛accord sur une organisation. Accord conclu à Yalta en
février 1945. La conférence de San Francisco en avril/juin 1945 réunit les délégations de 50 pays dont
la totalité des états du continent américain et une bonne partie des états européens. La guerre sue le
territoire européen n͛est pas finie et le Japon ne semble pas prêt à céder, de plus ‘oosevelt vient de
mourir. A la fin de la conférence, la guerre est terminée et le texte de la charte des nations unies est
adopté à l͛unanimité.

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L͛objet central est de mettre fin à l͛usage de la force dans les relations internationales. La charte
prévoit des mesures coercitives pour arriver à ce résultat : organise un usage de la force pour
contraindre les états à ne pas utiliser la force. Le but est de maintenir la paix et la sécurité
internationale et à cette fin, prendre des mesures collectives efficaces pour prévenir et écarter les
menaces à la paix et de réprimer tout acte d͛agression ou autre rupture de la paix et réaliser par des
moyens pacifiques conformément aux principes de la justice et du droit international. L͛ajustement
de différences ou de situations de caractère international est susceptible de mener à une rupture de
la paix.

ÿc Met l͛accent sur le fait que la paix entre les nations va se faire par des moyens de
contrainte des états. Mesures qui prévoient explicitement le recours à la force (Art.42).
Cette action peut comprendre des blocus.

Etant donné les articles 41/42, la charte prévoit en outre que les membres des nations unies doivent
mettre à la disposition du conseil de sécurité les forces armées nécessaires au maintient de la paix
(Art.43). Ceci soit se faire par des accords spéciaux entre les états et l͛organisation. L͛article 43
montre que la charte prévoit que les états membres doivent entretenir des contingents susceptibles
de répondre à une menace imminente.
Art.47 : La charte prévoit un comité d͛Etat major chargé de conseiller le conseil de sécurité et
composer des chefs d͛état major et des membres permanents du conseil de sécurité. Il y a une sorte
de système d͛escalier de la charte des nations unies.
L͛article 1er prévoit deux autres objectifs :

-c Développer des relations amicales entre les nations en particulier en se fondant sur les
principes de légalité des droits des peuples et le principe des droits des peuples à disposer
d͛eux-mêmes.
-c ‘éaliser une coopération internationale « résolvant les problèmes internationaux » en
encourageant le respect des droits de l͛homme et des libertés fondamentales sans
distinctions.

Les territoires sont considérés comme étant non-autonomes, ce ne sont pas des nations, ce sont des
territoires sous domination d͛une autre nation. La charte proclame l͛idée d͛une « mission sacrée »
vers ces territoires. La charte va être ratifiée par les états membres. On assiste à la mise en place des
organes des nations unies.

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Il y a 6 organes principaux dans l͛organisation des nations unis : Une Assemblée générale, un conseil
de sécurité, un secrétariat, une cour internationale de justice et deux conseils d͛Etat.

-c L͛assemblée générale est composée de délégations de tous les états membres. Chaque
délégation comprend 5 délégués et 5 suppléants. En général cette délégation est présidée
par le ministre des affaires étrangères. L͛assemblée tient une session ordinaire annuelle en
septembre. Cette session se tient aujourd͛hui de mi-septembre à mi-janvier. En outre, cette
assemblée générale peut être convoquée par une session extraordinaire à la demande du
conseil de sécurité ou de la majorité des états membres de l͛assemblée générale. Cette
assemblée générale comprend différentes commissions spécialisées.
Les séances de l͛assemblée générale sont publiques, il y a un forum public. L͛assemblée siège
par ordre alphabétique mais ceci n͛empêche pas que se soient formés des groupes politiques
au sein de cette assemblée générale. Il y a bien des formes de clivages. L͛assemblée élit son
président pour la durée de la session et surtout elle procède à l͛élection des membres non
permanents du conseil de sécurité. Elle procède aussi à l͛élection des membres de la cour de
justice internationale et de Conseil économique et social. L͛assemble générale procède à la
nomination du secrétaire général de l͛organisation générale des nations unies. Elle a le
pouvoir d͛exclusion et d͛admission et elle adopte le budget de l͛organisation. Chaque état
membre dispose d͛une voix. Tous les états sont égaux dans l͛assemblée générale.
-c Le conseil de sécurité des nations unies est composé de 5 membres permanents : Les Etats-
Unis, l͛Union soviétique, le ‘oyaume-Uni, la France et la Chine, ainsi que 6 membres non-
permanents. A partir de 1966, on passe à 10 membres non-permanents. Ces membres non-
permanents sont élus à l͛assemblée générale et ils le sont pour 2 ans. Le conseil de sécurité
est l͛organe vital. Le secrétaire général siège au sein du conseil et n͛a aucun droit de vote, par
ailleurs, le conseil de sécurité peut inviter des états à siéger avec eux.
Les séances sont des séances publiques, toutefois on peut décider qu͛elles se tiennent à huis-clos.
Elément important car se joue quelque chose qui va être déterminant dans la formation de l͛opinion
publique. Le conseil de sécurité dispose d͛une très grande latitude d͛action en ce qui concerne le
maintient de la paix et de la sécurité. La procédure de vote est déterminante. Chaque état membre
dispose d͛une voix. La majorité est atteinte lorsque 7 voix sur 11 sont réunies (en 1945). A partir de
1966, la majorité est atteinte lorsque 9 voix sur 15 sont réunies. Pour toutes les questions autres que
celles concernant la procédure, cette majorité doit en outre réunir les 5 voix des 5 membres
permanents. Ceci est traduit par l͛expression que chaque membre permanent dispose d͛un droit de
veto s͛il ne vote pas comme la majorité.

-c Le secrétariat des nations unies est dirigé par un secrétaire général proposé par le conseil de
sécurité. Le secrétaire général a le pouvoir de nommer le personnel du secrétariat des
nations unies (art.100 de la charte). Le secrétaire général n͛est pas représentant des états
membres, il n͛a aucune instruction à recevoir des états.
-c La cour internationale de justice prend le relais de la Cour permanente de la SDN. Elle est
composée de 15 juges élus pour 9ans.

En 1946, lors de la première séance, l͛assemblée générale des nations unies, un ensemble de
décisions vont être prises de manière informelle. La présidence de l͛assemblée générale et le poste
de secrétaire général seraient réservés à d͛autres états que les 5 membres permanents. Le belge
Spaark, premier ministre belge, est élu président de l͛assemblée générale et le norvégien Trigve Lie
Maf est nommé premier secrétaire général. L͛ONU compte alors 51 états membres en 1945, 60 en
1950, 76 en 1955 et 100 états membres en 1960 : doublement en 15 ans.

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Vont se greffer une série d͛organisations internationales spécialisées rattachées à l͛ONU à travers le
conseil économique et social composé de membres élus par l͛assemblée générale pour 3 ans
renouvelables. Ce conseil économique et social a un rôle central d͛intermédiation entre les
organisations internationales rattachées aux nations unies et les organisations non-
gouvernementales.

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On peut ranger les organisations des nations unies dans deux catégories :

-c Les organisations antérieures à 1945 incluses dans le système des nations unies.
-c Les organisations postérieures à 1945 créées dans le cadre des nations unies.

Parmi les premières on trouve l͛union télégraphique internationale de 1865 et l͛union postale
universelle de 1875 ainsi que des organisations créées dans le cadre de la SDN en particulier
l͛organisation internationale du travail.
Dans les organisations plus ou moins connues de l͛après-guerre, on retrouve l͛organisation de
l͛aviation civile internationale, l͛organisation maritime internationale (1958), l͛organisation mondiale
de la santé (1948) et l͛organisation des nations unies pour l͛éducation, la science et la culture
(ONESCO en 1946).
La banque internationale pour la reconstruction et le développement, ainsi que le fond monétaire
international sont les deux grandes institutions créées à l͛issue de la conférence de Bretton woods en
juillet 1944. Elles sont intégrées au système des nations unies.
L͛accord général sur les tarifs douaniers et les commerces a été intégré. Il s͛agit d͛une conférence
régulière de négociations commerciales et militaires initiée en 1947 qui a été poursuivie à travers des
« rounds », des sessions de négociation en 1961/1962 puis à la fin des années 1960 («Kennedy
round », « Tokyo round »͙). Dans ces rounds prend origine l͛OMC, créée en 1996 et qui joue un rôle
fondamental. Toutes ces organisations s͛engagent à coordonner leurs actions avec l͛ONU et il existe
un comité de coordination de l͛action collective. Les Etats membres peuvent varier d͛une
organisation à une autre. Les pays membres de l͛ONU sont membres de droit de ces organisations
des nations unies.
On peut tirer un schéma général d͛une organisation à l͛autre.

-c Una assemblée ou une conférence générale dans laquelle siègent les Etats membres. Le vote
est majoritaire dans l͛assemblée générale. Elle se réunit tous les deux ans.
-c Un conseil exécutif formé d͛un nombre plus restreint qui se réunit plus souvent que
l͛assemblée générale.
-c Un bureau permanent avec à sa tête un secrétaire général ou un directeur.

S͛ajoute à cela un certain nombre d͛organes subsidiaires comme :

-c Le haut commissariat des nations unies pour les réfugiés institué en 1951 et qui prend le
relais de l͛UN‘A.
-c Le fond international des nations unies de secours à l͛enfance : l͛UNICEF institué en 1946.
-c Programmes et fonds spécialisés : par exemple la conférence des nations unies pour le
commerce et le développement fondé en 1964 ou le programme des nations unie pour le
développement créé en 1965.

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½c Le maintien de la paix et de la sécurité internationale. L͛ambition originelle de l͛ONU était de


proposer une solution crédible en matière de sécurité internationale, avec un contre-
modèle, celui de la SDN. Elle a pour projet d͛être une organisation susceptible de résoudre
les conflits. Elle va butter sur la réalité avec la remontée des tensions internationales
immédiatement postérieures à la guerre. Différents éléments vont freiner l͛ONU.c
½c Les accords spéciaux prévus à l͛article 43 de la charte des nations unies qui devraient
permettre de mettre à disposition des forces armées nécessaires au maintien de la paix. Ces
accords ne verront jamais le jour.c
½c Durant tout le mandat du premier secrétaire général, de 1964 à 1952, la guerre froide va
compromettre de l͛intérieur la réussite de cette organisation, va entraver son bon
fonctionnement qui ne réussira pas à s͛imposer dans les multiples conflits qui surgissent.c

Si on excepte les deux premières missions de l͛ONU, il faut attendre 1956 avec la FUNU pour assister
à une opération efficace.
29 novembre 1947 : L͛assemblée générale des nations unies adopte le plan de partage du territoire
palestinien entre deux Etats : un Etat arabe et un Etat juif. Jérusalem est passé sous administration
des nations unies le 29 novembre 1947. Ce plan est adopté à une large majorité qui inclut les Etats-
Unis et l͛Union soviétique. Ce plan est rejeté par les pays arabes dont les délégués quittent la salle au
moment du vote. Malgré ce plan, le conseil de sécurité de l͛ONU se défile à ses responsabilités, il ne
met pas en œuvre les choses nécessaires pour que ce plan puisse véritablement être appliqué.

14 mai 1948 : David Ben gourion proclame la création de l͛Etat d͛Israël que reconnaissent l͛U‘SS et
les Etats-Unis. Le 15 mai, les armées égyptienne, syrienne et libanaise envahissent le territoire de ce
nouvel Etat.

27 mai 1948 : Le conseil de sécurité ordonne une trêve.

11 juin 1948 : Cette trêve débute, le conflit cesse.

A cette occasion, dans le cadre de l͛organisme des nations unies chargé de la surveillance de la trêve,
pour la première fois plusieurs centaines de militaires sont envoyés en observation pour évaluer les
actes des uns et des autres durant la trêve, sans que cela ne mette réellement fin au conflit.

ÿc Première intervention des nations unies.

En 1949, le groupe des observations des nations unies agira de la même manière pour l͛Inde et le
Pakistan. Dans le même temps, les conflits internationaux se multiplient et l͛ONU n͛arrivera pas à agir
de manière efficace dans les conflits coloniaux, particulièrement dans le cas de la guerre d͛Indochine
en 46/52 dans lequel l͛ONU ne va jamais intervenir, ni dans les conflits de guerre froide. L͛ONU va
mettre en place une première force internationale militaire envoyée combattre dans le conflit
coréen. La première mission est essentiellement une armée américaine missionnée par une
organisation en plein disfonctionnement. Le 8 janvier, le gouvernement communiste de Pékin, qui
n͛est pas reconnu par les Etats-Unis, demande l͛exclusion de la délégation chinoise nationaliste
représentant le gouvernement de Taiwan qui siège au sein de l͛assemblée générale et de conseil de
sécurité : l͛U‘SS soutient la Chine et décide de boycotter le conseil de sécurité des nations unies.
C͛est dans ces conditions que démarre la guerre de Corée.
Juin/Juillet 1950 : Le conseil de sécurité adopte plusieurs résolutions. Vote par la Chine nationaliste
qui engage des forces militaires des pays membres des nations unies en Corée. Les Etats-Unis et la
Corée du sud fournissent respectivement 50% et 40% des forces terrestres, 86% et 8% des forces
navales ainsi que 94% et 5,5% des forces aériennes.

ÿc On oscille entre être une « SDN bis » ou un instrument à disposition des Etats-Unis, ce qui
entrave le maintien de la paix.

Lors du mandat de Hammarskjöld de 1953 à 1961, les nations unies vont assurer de manière crédible
leur rôle de gardien de la paix internationale, notamment à l͛occasion d͛un grand conflit: le 26 juillet
1956, le président égyptien décide de nationaliser la compagnie universelle du canal de Suez.
29-31 octobre : La France, le ‘oyaume-Unis et Israël engagent une opération militaire en Egypte en
vue de récupérer le contrôle du canal.

ÿc ‘éunion des nations unies : le conseil vote une résolution contre cette opération militaire à
une majorité de 7 voix qui réunit les Etats-Unis et l͛U‘SS. A cette occasion, la France et le
‘oyaume-Unis opposent leur veto à la résolution que tente d͛opposer le conseil. Le 4
novembre l͛assemblée générale adopte à une large majorité une recommandation en vue de
constituer une force internationale d͛urgence des nations unies (la FUNU) composée de
troupes brésilienne, canadienne, colombienne, danoises͙ qui atteint jusqu͛à 6000 hommes.

Février 1957 : Véritable force internationale du maintien de la paix couronnée d͛un symbole : les
casques bleus.
A partir de ce premier succès, les casques bleus sont intervenus à de nombreuses reprises
notamment dans la finul au Liban en 1978.

Il n͛y a pas que cette action de maintien de la paix dans les actions des nations unies. Dans le même
temps, l͛ONU va développer une action importante en matière économique, juridique, sociale et
humanitaire. Les nations unies vont jouer un rôle révolutionnaire dans le droit international. Les
nations unies vont développer un corps de droit nouveau à l͛échelle internationale dans la défense
des droits de l͛homme. Ces droits de l͛homme étaient visés dans l͛article 1 de la charte des nations
unies. Ils vont devenir un axe essentiel de l͛ONU avec deux figures symboliques : Eleanor ‘oosevelt
qui préside la commission des nations unies pour les droits de l͛homme et ‘ené Cassin, qui joue un
rôle important dans cette commission car il est vice-président du conseil d͛Etat en France.

Le 10 décembre 1948, l͛assemblée générale adopte le texte de la déclaration universelle des droits
de l͛homme composée d͛un préambule et de 30 articles, dont l͛article 1 qui renvoie implicitement à
la DDHC du 29 août 1789 et qui stipule que « tous les êtres humains naissent libres et égaux en
dignité et en droit. »
La déclaration prohibe l͛esclavage, la servitude, la traite, la torture. Il y a une liste de droits très
étendue. On y trouve des droits politiques, économiques et sociaux. Le droit à la vie, à la liberté, la
sûreté, le libre accès à la justice, la présomption d͛innocence, la liberté de circulation, le droit d͛asile,
le droit à la nationalité, à la famille, à la propriété, à la liberté de pensée, de conscience et de religion,
à la libre opinion, le droit de réunion et d͛association (y compris syndicale), d͛accès aux fonctions
politiques et publiques. L͛alinéa 3 prévoit « la volonté du peuple est le fondement de l͛autorité des
pouvoirs publiques qui doit s͛exprimer par des élections honnêtes et périodiques au suffrage
universel, égal et aux votes secrets. »
La DDHC excède le droit classique et en particulier le droit à la sécurité sociale, au travail et à la
protection contre le chômage, le droit au repos, le droit à un niveau de vie suffisant, à l͛éducation.
Chacun peut se prévaloir de tous les droits et toutes les libertés proclamées dans la présente
déclaration sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion,
d͛opinion politique ou de toute autre opinion d͛origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance
ou de toutes autres situations. De plus, il ne sera fait aucune distinction fondée sur le statut
politique, juridique ou international du pays ou du territoire dont une personne est ressortissante,
que ce pays soit indépendant, sous tutelle ou non-autonome ou soumis à une limitation quelconque
de souveraineté. La charte s͛applique aussi sur le territoire des colonies, indépendantes ou pas.
Elle est universelle et s͛applique à tous les hommes. C͛est un acte de droit international formidable.
C͛est un document adopté par l͛assemblée générale des nations unies, mais il n͛y a aucun système
mis en place pour le faire respecter. L͛U‘SS et les pays satellites se sont abstenus lors de l͛adoption
de ce document, il n͛y a donc pas eu d͛unanimité au moment où ce texte est voté. Ce texte a initié
toute une série d͛autres textes comme par exemple la convention sur la prévention et la répression
du crime génocide (1948) ou la convention relative à l͛abolition de l͛esclavage(1956). Ce système va
être complété par deux pactes importants concernant les droits économiques et les droits civils et
politiques (décembre 1966).

ÿc On assiste à la formation d͛un système d͛organisation qui n͛est pas une alternative aux
nations unies mais qui est une tentative de ne pas tomber dans les mêmes difficultés. Vise à
instaurer un ordre véritable où l͛on puisse contraindre les Etats à agir de manière pacifique.

r ccc c  cc   c  c

On a tendance à considérer que l͛Union Européenne et les nations unies sont deux choses très
distinctes. Dans leur genèse, les organisations mondiales et régionales répondent à une seule et
même dynamique dont l͛enjeu central est la question de la force dans les relations interétatiques, de
l͛usage de la force, de la contrainte des Etats par des organisations interétatiques et la question du
monopole de la force. Le moteur est profondément identique. Comment créer les conditions pour
contraindre les Etats à ne pas utiliser la force ? Durant la seconde guerre mondiale, on assiste à la
formation d͛un appareil interétatique, permanent et spécialisé, chargé de la gestion des monopoles
militaires, ceci en vue d͛assurer la défense commune des Etats.
Dans le même temps on assiste à la formation d͛un appareil interétatique, permanent et spécialisé,
chargé de la gestion d͛une partie économique. On assiste d͛un côté à la formation d͛organisations
militaire (OTAN) et économique (plan Schumann), imbriqués l͛un dans l͛autre.
1948/1957 : ‘upture dans les relations interétatiques. Cette rupture tient en ce que des
organisations sont, au moins de manière indirecte, sinon de maîtriser, au moins de contrôler les
monopoles clé de l͛Etat.
On assiste à la formation d͛une entreprise institutionnelle à direction interétatique permanente
spécialisée et différenciée, chargé de la gestion indirecte des monopoles militaire et économique. On
assiste à une perpétuation des mécanismes de monopolisation à « grande échelle ». Les Etats ne
peuvent plus se livrer à une revendication par la force du monopole de leurs rivaux, mais ils sont
contraints de rivaliser pour garder un maximum de maîtrise sur le monopole de leurs rivaux en
gardant un pouvoir sur les institutions crées dans les organisations.
A partir du moment où se forment ces organisations, la forme de ces institutions va devenir un enjeu
central. Les différentes élites nationales vont rivaliser d͛invention pour créer les nouvelles
institutions de ces organisations européennes.
A partir de 1947/1948, on assiste ç une multiplication de projets d͛institutions européennes
(politiques, bureaucratiques, économiques, intellectuelles). Toutes ces élites tentent de proposer des
projets institutionnels pour ces organisations européennes. Enjeux du clivage entre les élites : La
question du parlementarisme. Faut-il reproduire de manière supranationale des institutions
parlementaires telles qu͛elles existent au niveau national ?
Les élites nationales se mobilisent pour la création d͛assemblée parlementaires supranationales
reposant de manière directe ou indirecte sur le suffrage universel.
Des élites économiques et intellectuelles sont plus favorables à la création d͛une assemblée
supranationale, mais pas forcément parlementaire. Il y a un clivage important qui traverse les élites.

Congrès de l͛Europe en 1948 : Se réunit à La Haye une vingtaine de délégations nationales ainsi
qu͛une dizaine de mouvements politiques qui militent en faveur de la création d͛une Europe unie,
sous la présidence de Churchill.
Lors de ce congrès, l͛un des clivages fondamentaux est la question de la souveraineté parlementaire
et la question d͛une assemblée supranationale qui pour certains doit être un parlement, pour
d͛autres une assemblée mixte. A l͛issue de ce congrès, c͛est une assemblée mixte qui va être retenue
et qui inclurait les forces vives de toutes les nations. Les clivages ne sont pas faits sur une ligne
nationale, mais entre les élites parlementaires.
Pour la première fois elle créé des structures militaires transnationales durables. Ce ne sont pas de
simples alliances, ni une mise à disposition des forces sans structure. Pour la première fois, de
véritables assemblées parlementaires sont créées, il ne s͛agit pas de délégations sur le mode de
l͛assemblée générale.

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La genèse des organisations militaires s͛enracine dans la guerre froide. Elles ne seraient pas apparues
sans la peur des pays soviétiques et la pression constante des Etats-Unis en faveur d͛une défense
européenne. S͛explique par le souci de soulager le budget des Etats-Unis en matière militaire. La part
des dépenses de la défense dans le budget des Etats-Unis est considérable. C͛est un élément
déterminant. Dans les années de l͛entre-deux guerres, la part des défenses dans le budget était de
moins de 11%, à la fin de la décennie, il ne dépasse pas 19%. La seconde guerre mondiale va faire
exploser les dépenses : 1941 : + 50%, 1942 : +80%, 1943/44 : 95%.
En 1948, la part des dépenses militaires est encore de 36%. A partir de là, cette proportion va
remonter : 1950 : 70%. Dans ce contexte, les Etats-Unis commencent à considérer que les européens
peuvent assumer leur propre défense et les américains considèrent que l͛Allemagne peut jouer un
rôle important, ils militent alors pour le réarmement de l͛Allemagne. Sont signées des alliances
européennes : Mars 1947 : Traité de Dunkerque Mars 1948 : Traité de Bruxelles.

ÿc S͛organise la défense européenne autour de l͛OTAN et l͛UEO (union européenne


occidentale).

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ÿc 4 avril 1949 entre les Etats-Unis, le Canada et 10 pays européens (dont 5 pays du pacte de
Bruxelles).

L͛article 1 fait référence à la charte des nations unies en s͛engageant à régler par des moyens
pacifiques les différends internationaux et à assurer la paix et la sécurité internationale, ainsi que la
justice. L͛article 5 prévoit qu͛en cas d͛agression contre l͛une des parties contractantes, il sera
considéré une agression contre toutes les parties contractantes. Tous les Etats signataires s͛engagent
à assister les autres Etats dans l͛exercice du droit de légitime défense, y compris par l͛emploi de la
force armée.

ÿc Organise la défense légitime et une réponse collective à une attaque individuelle.


Article 9 : Création d͛un conseil de l͛OTAN institué pour mettre en œuvre le traité. Il constitue les
organisations subsidiaires qui pourraient être nécessaires à l͛accomplissement de sa tâche. Il établira
un comité de défense.

20 septembre 1951 : OTAWA : Mise en place de l͛OTAN avec une multiplicité de traités.

Le conseil se réunit deux fois par an au niveau ministériel. Le conseil des représentants permanents
des Etats membre se réunit plusieurs fois par semaine. Les décisions sont prises à l͛unanimité. Dés
1955 va s͛ajouter au conseil une sorte d͛assemblée parlementaire officieuse qui réunit des membres
du parlement des différents pays membres.
P. ‘outer souligne que cette assemblée se réunit à titre privé.

Chaque Etat membre envoie son chef d͛Etat-major : ils se réunissent deux fois par an. Ce comité
militaire est composé de chefs d͛Etat-major permanents qui forment une structure interétatique fixe.
Siège un groupe permanent composé des chefs d͛Etat-major des Etats-Unis, du ‘oyaume-Unis et de
la France. Il est l͛organe exécutif du comité. Ce groupe va voler en éclats lorsque la France, sous
l͛impulsion de De Gaulle, va décider de quitter les organes intégrés de l͛OTAN. Trois
commandements régionaux de l͛OTAN : Europe, Atlantique et Manche. Le commandement allié
Europe est le plus important des trois étant donné le contexte de la guerre froide. Il dispose d͛une
QG des puissances alliées en Europe. Les forces armées qui commandent cette organisation restent
nationales : une partie est placée sous la direction opérationnelle en temps de guerre comme de
pause. Les Etats qui mettent à disposition leurs forces ne peuvent plus en disposer librement. Leurs
missions sont définies par le commandement de l͛OTAN.
En 1950, le premier commandant suprême est le général Eisenhower. En 1952 le siège de l͛OTAN est
installé à Paris.

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La création de l͛UEO est intrinsèquement liée à une définition collective. Elle résulte de l͛échec de la
principale entreprise de défense, la CED. Le 17 mars 1948 est signé à Bruxelles un traité de
collaboration et de légitime défense collective signé entre les Pays-Bas, le Luxembourg, la France et
le ‘oyaume-Uni. Comporte un système de défense automatique et un conseil consultatif pour
examiner toute situation pouvant former une menace contre la paix. Il réunit les ministres des
affaires étrangères. Il prend ses décisions à l͛unanimité. A cela s͛ajoute un comité permanent qui est
formé de représentants permanents (=ambassadeurs) qui se réunissent une fois par an. Premier
linéament d͛une organisation militaire avec un comité militaire permanent à Londres et un Etat-
major commun près de Fontainebleau sous l͛autorité du général Mongomery.
A partir du moment où l͛OTAN est créé, l͛union occidentale est concurrencée par d͛autres projets
d͛organisation militaire plus poussés et par d͛autres projets européens plus intégrés, en particulier la
CED.
Le 12 septembre 1950, le secrétaire d͛Etat américan Acheson fait savoir aux ministres des affaires
étrangères français et anglais : « Je veux des allemands en uniformes dés 1951 » : Les Etats-Unis
orientent vers le réarmement de l͛Allemagne.
Le 24 octobre 1950, le président du conseil français, ‘. Pleven propose la création d͛une «armée
européenne rattachée à des institutions politiques ».
Le réarmement de l͛Allemagne se fera dans le contexte d͛une organisation supranationale. Ceci
aboutit à la signature du traité de Paris le 27 mars 1952 créant la CED accompagnée par la suite
d͛une commission politique européenne. Ce traité ne sera pas ratifié par la France. Le 30 août 1954,
l͛assemblée nationale repousse la ratification du traité. La CED ne verra jamais le jour. Cet échec va
réactiver l͛union occidentale à travers des accords signés à Paris en 1954 qui créent l͛union de
l͛Europe occidentale (UEO). Comprend un conseil des ministres des affaires étrangères qui prend ses
décisions à l͛unanimité, sauf quand la question du réarmement où une règle de décision à la majorité
s͛applique : c͛est la contrepartie pour l͛Allemagne d͛avoir des armées sur son territoire. L͛Allemagne
adhère à l͛OTAN en 1955, mais ces questions du contrôle des armements permettent à la France de
contrôler le réarmement de l͛Allemagne.

L͛Allemagne s͛engage à ne pas fabriquer d͛armes les plus destructrices ainsi que certaines armes
conventionnelles. Dans le cadre de l͛UEO, une agence de contrôle des armements est mise en place
et comprend une assemblée parlementaire composée des délégués de l͛assemblée (membres de
l͛UEO). La création de ces deux grandes organisations va entrainer des réactions à l͛est de l͛Europe.
1955 : Pacte de Varsovie qui est une réaction directe à l͛adhésion de l͛Allemagne à l͛OTAN, qui est
une organisation militaire des pays socialistes d͛Europe de l͛est. C͛est un pacte de défense en cas
d͛agression réciproque.

J ccc c   c  % cc cc

Il est difficile de séparer l͛origine des organisations militaires et l͛origine des organisations politiques.

cc c cc cc

Le principal résultat du congrès de La haye est la création un an après du conseil de l͛Europe dont le
statut est signé le 5 mais 1949 à Londres. Il fût signé d͛abord entre la Belgique, le Danemark,
l͛Irlande, l͛Italie, le Luxembourg, les Pays-Bas, la Norvège, la Suède, Le ‘oyaume-Unis et la France. Si
on occulte le Canada et les Etats-Unis, les signataires sont exactement les mêmes que ceux du traité
de Washington. Création d͛une assemblée parlementaire transnationale équivalente à la création de
commandements militaires transnationaux. Le but du conseil de l͛Europe est de réaliser une union
plus étroite entre ses membres afin de sauvegarder et promouvoir les idéaux et les principes qui sont
leur patrimoine commun et de favoriser leurs progrès économiques et sociaux. Le statut prévoit
l͛institution de deux organes : le comité des ministres et l͛assemblée consultative assistés par un
secrétariat dirigé par un secrétaire général nommé par l͛assemblée consultative sur recommandation
du conseil des ministres. Chaque membre e un représentant au comité des ministres qui dispose
d͛une voix dans ce conseil. Les représentants sont les ministres des affaires étrangères ou leurs
suppléants. Sur les questions les plus importantes, en particulier les recommandations que le comité
a le pouvoir d͛adresser au gouvernement, les décisions sont prises à l͛unanimité, les abstentions
n͛étant pas prises en compte. Sur les autres questions, les décisions sont prises à la majorité simple.
Certaines décisions (ex : inviter un Etat à devenir membre du conseil de l͛Europe) sont prises à la
majorité des deux tiers. Le comité siège à huis-clos. L͛assemblée consultative n͛a pas de pouvoir au
sens juridique (= elle est consultative) autre que le pouvoir de faire des recommandations au conseil
des ministres. Elle n͛a aucun pouvoir réel. Mais considérer que pour cette raison elle n͛aurait aucune
importance et aucun pouvoir autre que juridique ne rend pas compte de la nouveauté qu͛introduit
cette assemblée parlementaire dans les relations internationale. En 1949, l͛article 25 stipule que
l͛assemblée consultative est composée des représentants de chaque membre désigné selon la
procédure adoptée par chaque gouvernement. Il sera amendé en 1951 : l͛assemblée consultative est
composée de représentants de chaque membre élu par son parlement ou désigné selon une
procédure fixé par celui-ci. L͛article 26 fixe une distribution des sièges entre les Etats membres en
fonction de leurs populations. La représentation n͛est pas égalitaire entre les Etats dans l͛assemblée
consultative.
La France, l͛Italie puis l͛Allemagne obtiennent 18 sièges, la Turquie (adhère en août 1949) obtient 10
sièges, la Belgique, les Pays-Bas et la Grèce (adhèrent en août 1949) obtiennent 7 sièges, la Suède et
l͛Autriche qui ont adhéré en 1956, et la Suisse en 1962 obtiennent 6 sièges, le Danemark, la Norvège
5 sièges, le Luxembourg, l͛Islande qui ont adhéré en 1951 et Chypre en 1961 obtiennent 3 sièges.

ÿc ‘épartition des sièges qui est en fonction de la population de chacun des Etats. ‘ompt le
principe fondateur des organisations interétatiques où au sein de l͛assemblée, 1 Etat=1voix.
ÿc Se distingue de l͛Assemblée générale des nations unies.

L͛assemblée consultative se réunit en session ordinaire un mois par an et peut se réunir en session
extraordinaire. Les sessions sont publiques et les décisions sont prises, en fonction de l͛importance
des questions, à la majorité des deux tiers des voix exprimées pour les questions les plus importantes
et à la majorité simple pour les questions les moins importantes.

Août 1949 à Strasbourg : Première session. Désigne P.H Spaak. Moment où on sort de la conception
égalitaire entre les Etats.

Il est important de mentionner le principal succès : la signature de la convention de sauvegarde des


droits de l͛Homme et la création de la Cour européenne des droits de l͛Homme. Ces deux éléments
apportent un progrès notable par rapport à l͛organisation des nations unies et à la déclaration.
L͛article 3 stipulait : Tout membre du conseil de l͛Etat reconnait le principe de la prééminence du
Droit et le principe en vertu duquel toute personne placée sous sa juridiction doit jouir des droits de
l͛Homme et des libertés fondamentales. La convention de sauvegarde est signée à ‘ome le 4
novembre 1950. Elle comporte 66 articles, mais en réalité ils ne concernent pas réellement les droits,
mais le dispositif des conditions des ces droits. L͛assemblée consultative a joué un rôle moteur en
créant un comité spécialisé. La convention européenne apparait comme un instrument de la guerre
froide qui l͛on retrouve dans la manière dont elle est rédigée. Contient une liste de droits, mais celle-
ci est courte (16 articles). Cette convention réaffirme l͛idée que ces droits valent sans distinction
aucune (Article 14). Mais ce principe posé, la convention rappelle que ces droits ne s͛exercent que
dans les limites des restrictions prévues par la loi.
Article 11 : Les restrictions prévues par la loi constituent des mesures nécessaires pour la sécurité, la
défense de l͛ordre et la prévention du crime.
La convention précise, article 15, qu͛en cas de guerre ou d͛autres dangers publics menaçant la vie de
la nation, toute autre partie contractante peut prendre des mesures dérogeant aux obligations
prévues par la convention.

ÿc Distingue la Convention de la Déclaration.

Déclaration des droits de l͛homme, liste des droits :

Droit à la vie (art 2 ), Prohibition de la torture (art3), prohibition de l͛esclavage et du travail forcé
(art4), droit à la liberté et à la sûreté (art 5 ), droit à un procès équitable et à la présomption
d͛innocence (art 6), non rétroactivité des peines (art 7), respect de la vie privée et familiale (art 8),
liberté de pensée, de conscience et de religion (art 9), liberté d͛expression (art 10), liberté de réunion
et d͛association y compris syndicale (art 11), droit au mariage et à la famille (art 12).

ÿc Tout ce que contient au départ la Déclaration des droits de l͛Homme.

Deux nouveautés importantes : Principe d͛une assemblée parlementaire transnationale et idée que
l͛un des objets est de préserver les droits de l͛Homme.

Différents protocoles vont enrichir la Convention de sauvegarde initiale.

ÿc Droit de propriété (enjeu de la guerre froide) et liberté de circulation.

Mais l͛essentiel de la Convention ne tient pas dans la liste des droits, mais dans le dispositif prévu
pour garantir l͛efficacité juridique de cette liste de droits et de libertés.
L͛article 19 prévoit la création d͛une commission européenne des droits de l͛Homme et une Cour
européenne pour assurer le respect des engagements résultant de la Convention.
La commission se compose d͛un membre par signataire de la convention. Les membres sont désignés
pour un mandat de 6ans renouvelable par le comité des ministres de Conseil de l͛Etat à la majorité
absolue des voix sur une liste de noms proposés par l͛assemblée consultative.
Tout Etat signataire peut saisir la commission par l͛intermédiaire de secrétaire général de tout
manquement de la convention par un autre Etat signataire. Mais et surtout, la commission peut aussi
être saisie.
Article 25 : Peut être saisie par toute personne physique ou morale, toute organisation non-
gouvernementale ou tout groupe de particulier qui serait victime d͛une violation d͛un droit reconnu
dans la convention par un Etat signataire.
En pratique cette saisine se fait à travers une requête adressée au secrétaire général à la condition
que la personne ou l͛organisation ait épuisé les voies de recours internes. En outre, la commission,
lorsqu͛elle est saisie, prend ses décisions à la majorité des membres présents et votant. La Cour
européenne des droits de l͛Homme se compose d͛un juge par Etat membre du Conseil de l͛Europe
élu pour 9 ans renouvelables et sont nommés par l͛assemblée consultative directement à la majorité
des voix exprimées sur une liste de 3 personnes présentée par les Etats membres du Conseil de
l͛Europe.
Ces juges désignent un président de la Cour pour 3 ans renouvelables. La Cour est gardienne de
l͛interprétation de la convention, mais au contraire de la commission, elle ne peut être saisie que par
la commission ou un Etat signataire de la convention. Ce système introduit une bizarrerie
fondamentale : A quoi sert d͛avoir une commission et une Cour ? Cela va entrainer la mise en
application de la convention. Ceci va constituer un réel point mort dans le fonctionnement.
1ère faille : Les Etats membres ne sont pas obligés d͛adhérer à la convention. Par exemple, la France
ne finira par ratifier la convention qu͛en 1974.
2ème faille : Les Etats signataires peuvent choisir de ne pas accepter la procédure de requête
individuelle devant la commission.
3ème faille : Lorsque la commission est néanmoins saisie d͛une requête, elle peut rejeter cette requête
lorsqu͛elle estime qu͛elle est manifestement mal fondée ou abusive (article 27 de la convention).
Lorsqu͛elle retient la requête, elle procède à un examen contradictoire, elle conduit une enquête et
propose un règlement amiable du litige qui fait l͛objet d͛un rapport rédigé par la convention. La
procédure peut ne pas bien se passer, alors la convention rédige un rapport transmis au Comité des
ministres où elle formule un avis sur la violation ou non de la convention.
4ème faille : Elle peut décider ou pas de déférer l͛affaire devant la Cour.

ÿc La Cour peut être court-circuitée dans un système où elle semble être installée.

Deux cas de figure différents dans l͛hypothèse où :

-c La convention ne saisit pas l͛affaire. Le comité des ministres prend une décision (à la majorité
des 2/3) pour contraindre l͛Etat qui se trouve en violation de la Convention. Si un Etat est
assigné, il est obligé de se plier à l͛avis du comité des ministres.
-c La décision saisit la Cour. C͛est la 5ème faille : Il faut encore que l͛Etat concerné soit soumis à
« la juridiction obligatoire de la Cour » c͛est-à-dire que, au terme de l͛article 48, il faut que
l͛Etat concerné par l͛affaire ait reconnu, en plus d͛être signataire, la juridiction de la Cour. Il
peut ou pas reconnaitre le principe suivant lequel les arrêts de la Cour sont applicables sur le
territoire de cet Etat.
Article 46 : Chaque Etat signataire peut déclarer reconnaitre obligatoire de plein droit et sans
convention spéciale la juridiction de la Cour.
Si la commission saisit la Cour, il faut encore que l͛Etat ait reconnu la juridiction de la Cour.
Une fois que la Cour est saisie, elle a le pouvoir de statuer en dernier ressort le comité des
ministres ayant pour mission de veiller à l͛application de décisions de la Cour.

6ème faille : Il y a encore des conditions restrictives à cette application. Article 63 : Tout Etat peut, au
moment de la ratification ou à tout autre moment, déclarer par la notification que la présente
convention s͛appliquera à tous les territoires ou à l͛un quelconque des territoires.

ÿc Les Etats peuvent juger de ne pas faire entrer les territoires coloniaux dans la juridiction de la
Cour et dans les systèmes de sauvegarde de la convention.

Dans lesdits territoires, les dispositifs de la présente convention seront appliqués en tenant compte
des nécessités locales.

ÿc Ambiguïté fondamentale de la Charte des nations unies.

Ces restrictions juridiques à la force de la convention ne démontrent pas sa faiblesse car même avec
ces failles, la convention va être un puissant outil.

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Dans le contexte de l͛après guerre, le plan Schumann est une réaction à l͛idée que l͛on doit créer un
comité transnational. Comporte un dispositif institutionnel relativement inédit imaginé par Jean
Monet (entre autres). L͛objet est de placer l͛ensemble des marchés du charbon et de l͛acier
européens sous le pouvoir d͛une haute autorité composée de personnalités indépendantes.

ÿc Ne prévoit pas une assemblée parlementaire, ni un conseil des ministres pour superviser la
haute autorité.
ÿc Ceci va entrainer la réaction négative de C. Atlee, ministre des affaires étrangères
britannique. Atlee juge cela non démocratique et irresponsable.

La novation du plan Schumann va être encadrée par des institutions parlementaires et politiques.
Le traité de Paris du 18 avril 1951 créé la CECA et les traités de ‘ome du 25 mrs 1957 créent la CEE et
la communauté européenne de l͛énergie atomique (la CEEA). Ces communautés bouleversent des
règles du jeu institutionnel au niveau supranational.
Au départ, ils sont signés par 6 Etats : Le Luxembourg, les Pays-Bas, l͛Allemagne, la France, la
Belgique et l͛Italie.

Au terme du traité de Paris (art 21) l͛assemblée commune de la CECA composée de 78 sièges reprend
l͛idée d͛une distribution en fonction de la population qui distingue les grands Etats qui disposent
chacun de 18 sièges et les petits Etats qui ont 10 sièges chacun, ainsi que les micro Etat qui n͛en ont
que 4. On reprend la distribution de l͛assemblée consultative du Conseil de l͛Europe.
En 1957, avec les traités de ‘ome, on va changer ces règles de distribution. Ils font de cette
assemblée commune une assemblée unique aux 3 communautés et portent le nombre de sièges ce
cette assemblée à 142 avec un nouveau mode de répartition entre les grands Etats (36 sièges) et les
petits Etats (14 sièges) et 6 pour le Luxembourg.

ÿc Le rapport de force est un peu plus favorable aux grands Etats (chaque grand Etat à ¼ des
sièges en 1951, et cela augmente en 1958).

Ceci ne résout pas l͛inégalité de représentation entre les citoyens européens avec ce système/
Cette question va de plus en plus devenir importe en 1952. Si on rapporte le nombre de siège par
Etat à la population de cet Etat, on constate que l͛Allemagne dispose d͛un siège pour 2 millions
d͛habitants alors que le Luxembourg dispose d͛un siège pour 50 000 habitants.

ÿc ‘apport de 1 à 52 qui est ramené en 1958 de 1 à 38 : On réduit l͛inégalité.

A partir de ce moment, l͛un des enjeux des réformes des traités va être la réduction progressive de
l͛inégalité de départ.

ÿc On introduit l͛idée de rompre l͛inégalité entre les Etats, mais plus on va s͛avancer, plus on va
chercher à établir de l͛égalité entre citoyens au détriment de l͛égalité entre les Etats.

A l͛origine, les membres de l͛assemblée sont désignés par les délégués, le traité de Paris envisage
l͛hypothèse que les députés européens puissent être élus au suffrage universel direct selon une
procédure uniforme. En 1979 sera introduit le suffrage universel direct.
Le traité de Paris précise qu͛ils sont désignés une fois par an. Le traité de ‘ome précise qu͛ils sont
désignés selon la procédure fixée par chaque Etat membre. Ne fixe aucune règle contraignante pour
la désignation. Chaque Etat va fixer des règles de désignation et une durée de mandat différente. Par
exemple la durée est de 2 ans en France et de 4 ans en Belgique aligné sur le mandat parlementaire
national. Les délégués allemands, belges et néerlandais sont désignés par répartition proportionnelle
des groupes parlementaires.
Le but est d͛écarter les députés communistes et gaullistes en France. Aucune règle ne fixe une clé de
répartition uniforme entre les chambres basse (assemblée nationale) et haute (sénat) des
parlements.

ÿc Les délégués allemands à l͛assemblée commune sont tous issus de la chambre basse. Les
délégués français au 2/3 de l͛assemblée nationale et les délégués italiens à 50%.
ÿc Il n͛y a pour un traité international aucune règle contraignante pour la constitution de cette
assemblée. Même les désignations sont différentes.

Ceci souligne que l͛ensemble de la structure institutionnelle du Parlement résulte de coups de force
successifs.

ÿc Issue de la pratique parlementariste et de son règlement intérieur. Le traité prévoit une


délégation de pouvoir à ces délégués qui ont le pouvoir de s͛organiser en tant qu͛assemblée.

Les délégués vont siéger par ordre politique. Différent des principes de distributions dans les
assemblées nationales. La désignation des membres du bureau et des commissions va se faire au
prorata de ces groupes. Des partis nationaux vont devenir des acteurs des relations internationales à
partir des années 50/60 indépendamment des Etats.
Cette assemblée ne dispose pas d͛un pouvoir considérable. Elle tient une session annuelle. Elle ne
dispose que du pouvoir de discuter en public un rapport général, d͛interpeller les membres de la
haute autorité de la commission, et dispose, depuis le traité de Paris, de voter d͛une notion de
censure à l͛encontre de la haute autorité. Cela a pour effet de contraindre les membres de la haute
autorité à la démission collective. Disposition reprise par le traité de ‘ome. Le traité de Paris
prévoyait l͛institution d͛un conseil spécial des ministres formé par les représentants des Etats
membres (article 7), chacun des Etat déléguant un membre de son gouvernement (article 27). La
présidence est exercée à tour de rôle par chacun des membres du conseil pour une durée de 3 mois.
Le traité de ‘ome, qui prévoit un conseil composé de la même manière, va simplement allonger la
durée de la présidence qui passe à 6 mois, qui restera la règle jusqu͛à aujourd͛hui avec le traité de
Lisbonne. Aucun des traités ne prévoit qui doit siéger au sein de ce conseil. Dés le départ, ce sont les
ministres des affaires étrangères et les ministres des finances qui vont siéger de 1952 à 1967, où les
choses vont changer avec l͛entrée en vigueur du traité de fusion qui a pour objet de fusionner les
institutions exécutives de la haute autorité. Les 3 conseils des ministres fusionnent au profit d͛un
conseil des ministres unique. Ceci va s͛accompagner d͛une complexification : le conseil des ministres
unique va se subdiviser en fonction du domaine d͛action publique concerné. L͛élément important est
l͛ajout d͛un conseil européen dans les années 70 qui réunit deux à trois fois par an les chefs d͛Etat et
de gouvernement des pays membres des commissions européennes. Le traité de Paris prévoyait des
modalités de vote assez classiques : un vote à l͛unanimité, un vote à la majorité simple et un vote à la
majorité qualifiée. Le traité de ‘ome va innover en introduisant un système de pondération des voix
en fonction de la population des Etats membres (art 148). Le traité va rompre l͛égalité entre les Etats.
L͛Allemagne, la France et l͛Italie vont bénéficier de 4 voix, le Belgique et les Pays-Bas 2 voix, et 1 voix
pour le Luxembourg. La majorité qualifiée représente 12 voix sur 17, et la majorité super-qualifiée
représente 12 voix sur 17 + 4 Etats membres sur 6. Ceci ne résout pas la question de l͛égalité entre
les citoyens. Au fil du temps, on va changer les règles de pondération des voix en les alignant sur la
population. La plus grande innovation des traités est la création de deux sortes d͛institutions: il s͛agit
de la création de la haute autorité par le traité de Paris et de deux commissions (CEE et CEEA) par le
traité de ‘ome, réparties en fonction de la population.
Depuis 1967, les trois organes (CK, CEE et CEEA) vont fusionner dans une commission unique. Les
traités de ‘ome prévoyaient que la commission soit nommée d͛un commun accord par les Etats-
membres. Le président était nommé suivant la même procédure. Le mandat est de 4 ans
renouvelables. La répartition des sièges se fait en fonction de la force des Etats. La Cour de justice de
la communauté européenne de charbon et de l͛acier va devenir commune aux trois communautés en
1958. C͛est la seule institution qui enjambe les traités dans aucune modification. Au terme de l͛article
32 du traité de Paris, la Cour de justice était formée de 7 juges ; on a pu penser qu͛elle ne répondrait
pas aux mêmes principes de distribution, en plus, comme il est prévu l͛existence de deux avocats
généraux, on va retomber à 9. C͛est une distribution des sièges en fonction de la population et de
l͛importance des Etats. Les avocats généraux n͛ont pas la fonction de décision. Ce juge
supplémentaire n͛a de raison d͛être que lorsqu͛il y a un nombre pair.

En réalité, ce nombre de juges et d͛avocats généraux est plus complexe en ajoutant cette nécessité
de nombre pair pour la commission.
Article 32 et traité de Paris 167 ‘ : Les juges et les avocats généraux sont nommés d͛un commun
accord par les gouvernements des Etats pour un mandat de 6 ans renouvelables. La Cour désigne son
président pour 3 ans. En réalité, les juges vont avoir des profils variables au cours du temps. Du point
de vue juridique, les membres de la Cour européenne des droits de l͛homme devaient avoir une
compétence juridique attestée.
Le traité de Paris ne prévoit rien de tel. Il ne fait que mentionner le fait que les membres de la Cour
doivent être choisis parmi des personnes offrant toute garantie d͛indépendance et de compétence.
Ce n͛est que dans les traités de ‘ome (article 167) que les juges et avocats généraux sont choisis
parmi des personnes offrant toute garantie d͛indépendance et qui réunissent les conditions requises
pour l͛exercice dans leurs pays respectifs des plus hautes fonctions juridictionnelles.
En 1952, la France va nommer comme juge Jacques ‘ueff, grand économiste, mais qui n͛a jamais
exercé de fonctions juridictionnelles et qui n͛a aucun diplôme en droit. Les juges à la Cour de justice
ne sont pas tous des magistrats, beaucoup de ses membres avaient d͛autres activités. Cette Cour
s͛accompagne d͛une procédure révolutionnaire. En 1957, on assiste à l͛introduction d͛une procédure
de recours qui n͛a pas d͛équivalent dans le cadre international. Au terme des traités de Paris et de
‘ome, la Cour de justice est compétence pour se prononcer sur les recours contentieux contre les
décisions de la haute autorité ou de la commission. Les traités prévoient que, outre les Etats et les
institutions communautaires, les entreprises privées et les associations peuvent saisir la Cour pour
faire respecter le droit issu des traités.

ÿc Emergence de nouveaux acteurs internationaux et, contrairement au système complexe qui


est introduit dans la convention pour faire appliquer les droits de l͛homme, il n͛y a aucune
ambiguïté sur les effets judiciaires.
Sur le principe, dés le départ il y a un effet plus explicite des décisions de la Cour de justice qui
produit effet sur l͛ensemble des territoires.
En 1957, le traité de ‘ome va ajouter un élément décisif : une procédure de renvoi préjudiciel devait
la Cour de justice qui donne à la Cour le pouvoir de statuer en dernier ressort sur l͛interprétation à
donner aux dispositions des traités et qui permet à une juridiction nationale, et même qui impose à
cette juridiction nationale (de dernier ressort), à saisir la Cour de justice en vue de statuer sur
l͛interprétation des traités lorsqu͛il y a un conflit d͛interprétation entre un traité et une loi.
= A la fin des années 50 il existe une multitude d͛organisations interétatiques qui commencent à
constituer un tissu de relations internationales relativement contraignantes pour les Etats, en
particulier les Etats européens qui sont désormais insérés dans un ensemble d͛organisations de ce
type qui vont renforcer les interdépendances entre les Etats. Les Etats sont d͛autant plus contraints
que ces organisations sont interdépendants les uns des autres. Il y a un véritable système des nations
européennes, un ensemble d͛organisations liées les unes aux autres car se sont les mêmes Etats
(Allemagne, Belgique, France, Italie, Pays-Bas, ‘oyaume-Uni et Luxembourg) qui constituent le cœur
des différentes organisations européennes.

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Le nombre des ambassades va demeurer limité jusqu͛à relativement tardivement. A la veille de la


seconde guerre mondiale, un pays comme la France ne compte que 16 ambassades l͛étranger, dont
10 en Europe. Après la guerre, la France compte en 1948 30 ambassades dans le Monde, mais ce
n͛est qu͛à partir de ce moment là que le nombre d͛ambassades va se multiplier, on compte
aujourd͛hui 156 ambassades françaises.
L͛impulsion décisive a été donnée par la SDN et par l͛ONU. L͛ONU compte en 1950 une cinquantaine
de membre, et une centaine en 1960. Ce nombre n͛a cessé de croître depuis (192 membres
aujourd͛hui). Ceci pour une simple et bonne raison : le nombre d͛Etats souverains dans le Monde a
été multiplié par 4 en l͛espace de 100ans avec près de 70 nouveaux Etats de 1956 à 1975. Ceci est lié
à l͛universalisation du modèle étatique et à l͛émergence des anciennes colonies qui ont pris leur
indépendance à travers le processus de décolonisation. Dans le même gouvernement, on assiste à
une multiplication des organisations interétatiques. Le continuent européen à connu la création
d͛organisations comme l͛Association Economique de Libre Echange, qui concurrence la CEE, ou
encore l͛Organisation pour la Sécurité et la Coopérativité de l͛Europe issue de la guerre-froide.
Face à ce phénomène, il est évident qu͛il est difficile de considérer que l͛Etat se serait effacé sur la
scène internationale au profit de nouveaux acteurs. L͛Etat est une variable lourde dans les relations
internationales, c͛est l͛acteur central des relations internationales quelles que soient les
circonstances présentes. Il est vrai que les relations internationales ont connu une mutation depuis la
seconde guerre mondiale due à l͛émergence de nouveaux acteurs qui ont bouleversé le jeu des
relations internationales et des relations interétatiques qui, à l͛image des nations unies, peuvent
mener une action. Ces organisations interétatiques offrent de nouvelles opportunités à une série
d͛autres nouveaux acteurs :
-c Les entreprises privées auxquelles ces organisations interétatiques offrent l͛opportunité de
défendre leurs intérêts de deux manières distinctes : Soit en se constituant en groupes
d͛intérêts qui sont la façade officielle des secteurs économiques (le caractère transnational
de ces groupes d͛intérêts est une nouveauté importante), soit en développant des stratégies
contentieuses.
-c Il y a les organisations non-gouvernementales comme AMNESTY international ou greenpeace
qui peuvent faire valoir toute une série de causes et/ou là aussi avoir recours à des stratégies
contentieuses auprès des juridictions internationales.

Ceci ne fait que souligner qu͛il n͛y a pas de frontières nettes entre les groupes d͛intérêt ou les
organisations internationales. On peut imaginer des coalitions entre causes.

-c Les individus eux-mêmes jouent un rôle décisif sur la scène internationale, en particulier les
prix nobel.

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 cc c   &c

On peut dire que la multiplication des acteurs a entrainé une complexification des processus qui sont
devenus transnationaux. A partir du moment où il existe des institutions supranationales
relativement autonomes et même si les Etats continuent à maîtriser les règles du jeu au sein de ces
institutions, l͛existence d͛institutions transnationales ouvrent la voie à des dynamiques endogènes à
ces institutions ou exogènes relativement autonomes qui échappent au contrôle des Etats, et ceci
dans une direction qui n͛est pas nécessairement prévue au départ. Les Etats sont bien les créateurs
de ces institutions et en sont relativement maîtres, mais ne peuvent pas contrôler des processus qui
leur échappe constamment.

Paragraphe 1 : La dynamique transnationale

On créé des institutions où sont prises les décisions les plus importantes quant à l͛avenir de la
Planète. On créé des espaces de confrontation des idées, des modèles politiques, des idéologies. Ce
sont aussi des lieux de socialisation où l͛on apprend la négociation internationale, où l͛on apprend à
comprendre les élites rivales et peut-être des lieux d͛émergence de nouvelles élites transnationales.
Ces institutions transnationales ont leurs propres dynamiques qui tendent à transformer les relations
internationales elles-mêmes. Les grandes organisations européennes qui ont connu de grandes
transformations ont évolué du fait de la dynamique des relations réciproques entre ces
organisations. Les organisations européennes, si elles sont juridiquement séparées, sont en pratique
fortement indépendantes. Ceci se manifeste à plusieurs niveaux et évolue de manière différenteen
fonction de ces niveaux. Cette interdépendance se manifeste au niveau parlementaire et
gouvernemental. Au niveau parlementaire, on a à l͛origine créé des associations distinctes pour
chacune de ces organisations. Il y a des règles qui organisent des relations entre les associations. En
fait, elles partagent les mêmes individus siégeant. Dans les années 50, on peut estimer que 50% du
personnel est identique. Le cas de Paul-Henri Spaak est tout à fait significatif de ce cumul de
positions institutionnelles. En effet, il cumule les positions parlementaires : président de l͛association
consultative, de l͛assemblée commune, cumule les positions ministérielles en tant que ministres des
affaires étrangères et il est membre de manière récurrente des différents conseils des ministres. Ces
espaces parlementaires ne sont donc pas complètement clos. Au niveau parlementaire, il n͛y a pas de
séparation de fait entre ces différentes étapes parlementaires. Il est relativement rare aujourd͛hui
qu͛un individu soit membre du Parlement européen et membre d͛une assemblée consultative. Ces
institutions vont devenir de plus en plus autonomes. Il en va de même au niveau
intergouvernemental. La plupart du temps, ce sont les ministres des affaires étrangères qui siègent
au conseil des ministres. Certains ministres siègent dans un ou dans l͛autre de ces conseils des
ministres. Bien que séparés, ces conseils des ministres forment une structure centrale à géométrie
variable. Il y a une interconnexion entre les différentes institutions. Au fil du temps, et en fonction
des élargissements au fur et à mesure que les communautés européennes vont intégrer les membres
du Conseil de l͛Europe, on va assister à une transformation des relations entre ces différentes
institutions.
Depuis le début des années 90, on assiste à une interdépendance entre l͛Union européenne et le
bras armée de la politique étrangère et de sécurité commune (PESC).

En 1992, le traité de Maastricht a créé une union européenne qui a pris la suite des communautés
européennes en un premier pilier de l͛Union européenne et qui a créé une politique étrangère de
sécurité commune qui est devenue le deuxième pilier et qui a créé un troisième pilier dans le
domaine de la justice et des affaires intérieures (JAI) qui à eux trois forment l͛union européenne. Le
traité de Lisbonne a fait disparaitre cette structure. On assiste à une très importante
interdépendance entre l͛UE et l͛UEO originairement séparés. Aujourd͛hui l͛UEO a complètement
fusionné avec l͛UE. Dans les années 90/00, l͛UE est devenu un acteur militaire auquel incombent des
missions de maintien de la paix et de gestion dans les crises internationales. Il y a désormais des
structures politiques et permanentes dans le cadre de l͛UE parmi lequel le haut représentant pour la
PESC, le comité politique de sécurité. Le comité militaire de l͛UE qui réunit les chefs d͛Etat major des
armées, et l͛Etat major de l͛UE, qui réunit de manière permanente des militaires auprès du
secrétariat général du Conseil de l͛UE. En 2003, l͛UE a lancé une opération militaire autonome
(=opération artemis) et aujourd͛hui plusieurs opérations sont en cause dans le Monde.

ÿc Fusion quasi-complète de l͛UE et l͛UEO qui a amené l͛UE à devenir un acteur militaire. Dans
le même temps, un embryon d͛armée européenne est né à partir du début des années 90
avec la création de l͛eurocorps, qui est un corps d͛armée français et allemand auxquels sont
venus s͛adjoindre d͛autres forces militaire. Ceci manifeste l͛interdépendance entre UE, UEO
et OTAN : évolution complète des rapports entre les grandes organisations politiques et
militaires conçues séparément.

Interdépendance qui évolue aussi du fait des dépendances infra-étatiques. Cas de la politique de
sécurité intérieure de l͛UE.

ÿc N͛est pas le fait des Etats, mais le résultat des dynamiques transnationales entre les acteurs
de la sécurité eux-mêmes.
Cette politique a émergé car les policiers ont eux-mêmes noué des relations internationales et ont
fait émerger cette politique au niveau européen. C͛est une série de pratiques qui se sont mises en
place. Les relations internationales de police ne sont pas nouvelles, mais ce n͛est que dans les années
d͛après-guerre que cette organisation va institutionnaliser ces coopérations à travers la naissance de
l͛organisation internationale de police criminelle (=OIPC=Interpol en 1956).
A partir des années 70 naissent une série initiative en matière de police qui se situe en dehors du
cadre formel d͛Interpol et en dehors du cadre formel d͛un quelconque accord bilatéral entre Etats.
Ces initiatives vont donner lieu à la naissance de réseaux de police transnationaux européens qui
vont se manifester par la formation de clubs informels de coopération entre agents de police.
Certains de ces clubs ont une occupation centrale comme par exemple le terrorisme ou la lutte
contre le trafic de drogue.
Les accords de Shengen sont signés en 1985 entre l͛Allemagne, la Belgique, l͛Espagne, la France, le
Luxembourg, les Pays-Bas et le Portugal. Entrent en vigueur en 1995 et comptent aujourd͛hui 26
Etats signataires. Aboutissent à la création de l͛espace Shengen, espace de police unifié entre les
pays européens. Dans ce cadre va être crée une série d͛agences européennes compétentes en
matière de sécurité intérieure à différents titres. En 1999, Europol est une première ébauche de
police européenne constituée d͛officiers de différentes polices nationales et qui vise à coordonner les
investigations en matière criminelle transnationale. Sur ces deux domaines (policier et militaire) les
dynamiques transnationales ont amené à un dépassement des intentions originelles des Etats qui
n͛ont pas l͛intention de renoncer à leur souveraineté. On a assisté à une dynamique d͛engrenage, les
Etats créent des institutions internationales qui en engendrent d͛autres.

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En 2009, dans une UE à 27 états-membres, sans tenir compte du traité de Lisbonne et des élections
européennes récentes, il y au Parlement européen 785 sièges, soit deux fois plus qu'en 1952, suivant
une distribution qui au fil du temps est plus en plus fonction de la population. En 2000 l'Allemagne
compte 89 sièges et la France 78. Il y a une rupture de l'égalité entre la France et l'Allemagne.
L'Allemagne, pays le plus peuplé de l'UE, dispose d'un siège pour 830 mille habitants, là où Malte
(pays le moins peuplé) dispose d'un siège pour environ 82 mille habitants. Il y avait un écart de
représentation encore très conséquent. Il y a un rapport de 1 à 11 (1 à 52 en 1952).

En 2009, il y a sept groupes politiques au Parlement européen. Les trois groupes fondateurs
continuent d'occuper une position dominante. Depuis 1979, l'instauration du suffrage universel
direct, le pouvoir des trois grands groupes originaires, que sont désormais le groupe du Parti
populaire européen et des démocrates européens (PPEDE), le groupe du parti socialiste européen
(PSE) et le groupe de l'alliance des démocrates et des libéraux pour l'Europe (ADLE): leurs pouvoirs ne
cessent de se renforcer depuis 1979. A lui seul, le PPEDE représente en 2000 35% des sièges au
Parlement européen. En additionnant les trois groupes mentionnés, la proportion ne cesse de
s'accroitre depuis 1979: elle passe de 63% des sièges à 76% des sièges en 2000.

En dépit des nombreux élargissements intervenus depuis les années 80 et du fait que le nombre des
partis susceptibles d'être représentés au Parlement européen augmentant, ces trois groupes gardent
leur importance. Par ailleurs ces trois groupes se partagent le pouvoir au sein du Parlement européen
(alors qu'en France il y a un clivage entre la droite et la gauche). Une alliance existe entre le PPDE et le
PSE. Ils se partagent la présidence de l'assemblée, 2 ans et demi chacun sur un mandat de 5 ans. Ces
partis peuvent voter ensemble, dans le même sens.

Ceci s'enracine en grande partie dans la stratégie du Parlement européen, cherchant à s'affirmer face
au Conseil européen. Il privilégie donc des alliances plutôt que des clivages. Dans le même temps, la
procédure de nomination dans la commission européenne a considérablement évolué, du fait de al
dynamique institutionnelle et des rapports de force inter-institutionnels, puis par la suite du fait des
traités. Aujourd'hui, la procédure de nomination des membres de la commission européenne est
beaucoup plus parlementaire qu'elle ne l'était par le passé. Au terme du traité de ‘ome, ils étaient
nommés d'un commun accord des États-membres.

Il y a une triple évolution sur le fond juridique:


-c à partir du milieu des années 70: la désignation du président de la commission par le conseil
européen, réunissant les chefs d'État et de gouvernement, devient un préalable à la
nomination du reste de la commission.
-c À partir du milieu des années 80, ce qui est prévu au départ, une consultation du bureau de
l'Assemblée, devient un véritable vote de confiance du Parlement dans son ensemble.
-c À partir du milieu des années 90, la désignation du président de la commission puis de la
commission dans son ensemble s'effectue par un vote à la majorité qualifiée, mais plus d'un
commun accord, par le conseil européen. On rompt la règle de l'unanimité sur cette question.

Aujourd'hui, la procédure de nomination est complexe, ressemblant à la procédure de double


investiture de la IVe ‘épublique: le président de la commission désignée par le conseil à la majorité
qualifiée présente un programme de travail, et rallie une majorité au Conseil et au Parlement sur son
nom et sur celui de son collège, après un débat contradictoire au Parlement européen et des
auditions individuelles de chacun des commissaires (pouvant amener à refuser un candidat). Tout
ceci, pour que le conseil nomme la commission dans son ensemble à la majorité pour un mandat
passé de 4 à 5 ans avec le traité de Maastricht. La durée du mandat est alignée sur la durée du
mandat du Parlement européen.

Dans ces conditions, la commission européenne connaît un important processus de politisation. Ceci
ne signifie pas que les commissaires auraient des appartenances politiques (plus que par le passé), ce
qui est le cas depuis le départ et de manière explicite. Les membres de la commission européenne
sont plus que par le passé des professionnels de la politique, des hommes politiques, avec une
carrière politique avant leur entrée dans la commission.
Depuis le milieu des années 1990, il est de règle que ce soit un ancien premier ministre qui préside la
commission européenne: Jacques Santer entre 1995 et 1999 ; ‘omano Prodi entre 1999 et 2004 ;
José Manuel Barroso (2004-2013).
En divisant en trois la période des années 50 à la fin des années 90 (1952-1967 ; 1967-1984 ; 1985-
1999).
Sur la première période, 49% des membres de la commission n'avaient aucune expérience politique
avant leur entrée en commission en tant que commissaire. Sur la deuxième période: le nombre passe
à 28%. Sur la dernière période, ce nombre passe à 14%.
u  une écrasante majorité des membres de la commission ont eu soit un mandat
parlementaire national, ou européen, ou ministres/secrétaires d'État avant d'entrer dans la
commission. Sur la dernière période, 69% des commissaires sont d'anciens ministres alors que sur la
période immédiatement précédente ils étaient 56%, et celle de 1952-1967 ils n'étaient que 29%. Ceci
illustre le fait que sous l'effet de multiples processus (montée en puissance de l'affirmation du
Parlement, transformation du collège des commissaires quant à sa composition) la commission est de
moins en moins un organe de type administratif mais de plus en plus un organe de type politique:
elle se transforme en «gouvernement politique». Ces dynamiques transnationales échappent aux
États. Les institutions transnationales se transforment de manière autonome par rapport aux États.
Exemple: La haute fonction publique à Bruxelles s'est considérablement développée et autonomisée
au fil du temps: on passe d'une poignée de fonctionnaires à des bataillons entiers de fonctionnaires,
en particulier de hauts fonctionnaires. Début années 2000: plus de 7000 fonctionnaires de catégorie
A pour un total de 30 mille fonctionnaires.
Les postes importants à Bruxelles dépendent néanmoins des États pour leur nomination à cette
position, parfois pour leurs carrières. Par conséquent, il n'y a pas d'autonomisation complète
réellement possible de ces élites transnationales.

ßcc c' cc

Plusieurs facteurs contribuent à une forte juridicisation des relations internationales au fil du temps.

L'émergence des grandes institutions juridictionnelles internationales en premier lieu a très


fortement contribué à faire du droit l'instrument privilégié de résolution des litiges, sinon des conflits,
interétatiques que sont la Cour permanente d'arbitrage (CPA), la cour internationale de justice (CIJ),
la cour de justice des communautés européennes (CJCE), la cour européenne des droits de l'homme
(CEDH), et plus récemment la cour pénale internationale (CPI).
L'existence de la CEDH a considérablement juridicisé les conflits d'ordre armés entre les Etats. Les
Etats comme la France ou le ‘oyaume-Uni ont longtemps réussi à contenir la CEDH. La France ne
ratifie la convention qu'en 1974, elle n'autorise les recours individuels qu'en 1981. le ‘oyaume-Uni,
ayant ratifié la convention en 1951 et ayant reconnu les recours individuels en 1956, mais le premier
arrêt rendu concernant le pays date de 1975. Le premier arrêt concernant la France est rendu en
1986: il y a un délai assez long pour les deux cas. Le ‘oyaume-Uni, bien qu'ayant ratifié la convention
très tôt, a court-circuité la CEDH en résolvant par la voie diplomatique les conflits, en particulier
coloniaux, pour lesquels elle était pourtant déférée devant la commission. Dans les années 1950, par
exemple, la CEDH invoque le ‘oyaume-Uni, pour justifier l'usage de la torture par les forces militaires
britanniques que dénonçait la Grèce. Le ‘oyaume-Uni déjoue cette procédure en trouvant un accord
diplomatique à l'amiable directement avec la Grèce, pour qu'elle abandonne sa plainte pour violation
des droits de l'Homme.
Ainsi les grands états parviennent à déjouer le pouvoir de la CEDH. Tout ceci n'empêche pas les deux
Etats d'être rattrapés par la CEDH. En particulier, la France rattrape rapidement le ‘oyaume-Uni en
volume de condamnation par la CEDH: 566 fois condamnée pour violation des droits de l'homme
depuis le premier arrêt contre 243 condamnations pour le ‘oyaume-Uni. En volume de
condamnations, la France arrive au 3ème rang de l'ensemble des pays européens (Italie > Turquie >
France > ‘ussie).

Ceci s'accompagne à partir des années 1970, ce qui est le deuxième élément, d'une montée en
puissance des organisations non-gouvernementales (ONG) spécialisées dans les droits de l'Homme
comme en particulier Amnesty International, dans un contexte où ces grandes ONG se voient
attribuer des prestiges importants, conférés par le prix Nobel. Ces figures protectrices de droit de
l'Homme émergent comme des individus saillants: Madbride (?) en 1974 prix Nobel de la paix,
Amnesty International en 1977.
L'émergence du droit dans les relations internationales, le fait que le droit soit devenu une arme, ne
dépend pas seulement de l'existence des organisations interétatiques et de cours internationales,
mais aussi de l'usage qui va être fait de ces cours, de ce droit. Elle dépend de l'action des ONG, des
individus, voire dans d'autres domaines que le droit de l'Homme, des entreprises, des groupes
d'intérêts sur la scène internationale.
Cette émergence ces ONG n'est pas un événement nouveau. Au XIXe il existe un premier réseau
transnational d'organisation luttant en particulier pour l'abolition de l'esclavage, des deux côtés de
l'Atlantique: des réseaux de transaction de militants. Ces organisations s'influencent mutuellement
en particulier dans le répertoire d'actions collectives, c'est à dire la pétition, le boycotte etc. Ces
organisations non gouvernementales mènent des campagnes communes: actions collectives pour
soutenir des Etats du nord des Etats-Unis qui sont abolitionnistes dans la guerre de Sécession, la
guerre civile, entre 1861 et 1865 contre les états du sud qui sont esclavagistes.
Il n'y a rien de commun entre ces premiers moments et les organisations de l'après seconde guerre
mondiale, où les ONG jouent un rôle sans précédent, dans en particulier la charte des Nations-Unies.
Lors de la conférence de San Francisco, les ONG jouent un rôle clé dans l'inclusion des droits de
l'Homme dans la charte. Par la suite, elles jouent un rôle déterminant dans la rédaction de la
Déclaration universelle des droits de l'Homme (1948). Certains individus, en particulier jouent un rôle
déterminant: par exemple, Lenkain ‘aphael (juriste d'origine juive et polonaise, ayant immigré en
1941), il devient le principal conseiller du procureur américain devant le tribunal miliaire international
de Nuremberg (crimes de guerre et crimes contre l'humanité commis par les dirigeants nazis à partir
de 1933). Il est l'inventeur du terme de génocide, transformant cette notion en une catégorie
juridique, impulsant le texte  
    

   
  

e
de 9 décembre 1948.
Les ONG jouent un rôle décisif immédiatement après la seconde guerre mondiale dans l'émergence
de grands textes de protection des droits de l'Homme.
Le nombre des ONG, véritablement internationales, en outre spécialisées dans les droits de l'Homme,
est relativement limité. Ceci va considérablement se transformer à partir des années 50-90, on assiste
à une croissance du nombre des ONG internationales spéciales dans les droits de l'Homme: le
nombre de ces ONG est multiplié par 5 passant de 33 en 1953 à 168 organisations en 1993. En
particulier au cours des années 80-90, que s'opère un tournant: la scène internationale devient une
scène d'ONG. Le tournant, quant aux droits de l'homme, se situe entre les années 1973 et 1983.
L'Amnesty Internationales est la plus importante: elle est créée au début des années 60 et connaît
une ascension dans les années 70. Entre 1974 et 1976, la section américaine de l'Amnesty
Internationale est passée de 3mille à 50mille membres. S'effectuent des transformations importantes
à l'échelle internationale.
L'émergence de ces ONG va de pair avec le déclin des grandes organisations militantes
traditionnelles, déclin du militantisme interne.

Ces deux éléments conjointement qui ont profondément transformé la scène des droits de l'Homme
sur le plan international. On assiste à partir de la fin des années 60, sous la pulsion des OI (ONG) ou
ONG (Amnesty International) à une démultiplication des systèmes juridiques internationaux de
protection des droits de l'Homme au niveau régional.
fc En 1969, la rédaction de la convention américaine des droits de l'Homme, entrant en vigueur
en 1978, prévoyant la création d'une Cour interaméricaine des droits de l'Homme qui est entrée en
fonction en 1979 et qui siège au Costa-‘ica depuis 1981, comptant 25 Etats-membres (sud-
américains).
fc En 1981, la charte africaine des droits de l'Homme et des peuples, entrant en vigueur en
1986, prévoyant la création d'une commission africaine des droits de l'Homme et du peuple, entrée
en fonction en 1987. Ce qui conduit à la cour africaine des droits de l'Homme et des peuples en 2004.
fc En 2009, une commission intergouvernementale des droits de l'Homme a été inaugurée dans
le cadre de l'ASEAN ( Association des nations de l'Asie du Sud-est ) lors d'un sommet tenu en
Thaïlande.
Entre temps, l'ONU a renforcé aussi bien les instruments de protection des droits de l'Homme avec
l'adoption de textes spécialisés mais aussi des institutions de protection des droits de l'Homme. En
2006, avec le statut d'organes subsidiaires dont les individus ont le droit de saisine depuis 2006, avec
la création de ce conseil des droits de l'Homme, remplaçant la commission.
Un poste de haut commissaire au droits de l'Homme a été crée. Il est devenu le secrétaire général
adjoint de l'ONU dans son ensemble. Depuis les années 90, on assiste à une transformation
importante tenant au fait qu'il y a une plus forte perméabilité entre les systèmes de protection des
droits de l'Homme prévu par le conseil de l'Europe et le système juridique des communautés
européennes:
-c la rédaction de la charte des droits fondamentaux de l'UE adoptée en 2000, rédigée par une
convention donnant par la suite une convention, à l'origine du traité établissant une
constitution pour l'Europe entre 2003-2004. Ce traité avait intégré la charte et prévoyait une
nouvelle déclaration de droits.
-c Prise en compte des droits de l'Homme dans la jurisprudence la CJCE, dans les années 90:
inclusion des droits de l'homme par la jurisprudence. Ceci conduit, à ce qu'aujourd'hui, à ce
que toute une série de décisions de la CJCE soient prises en se référant aux principes
fondamentaux des droits de l'Homme.
Il y a une réforme importante de la CJCE, par le protocole 11, signé en 1994, entrant en vigueur en
1998, modifie en profondeur la CEDH. La CEDH se compose désormais d'un juge par Etat signataire de
la convention et non plus par Etat-membre du conseil de l'Europe. Les juges sont élus par l'assemblée
du conseil de l'Europe pour une durée de 6 ans renouvelables et non plus 9 ans. La structuration
interne de la Cour s'est considérablement complexifiée. Il y a une grande chambre et plusieurs
chambres (subdivisions internes comme la CJCE), ainsi qu'une assemblée plénière. Article 34: la cour
peut désormais être directement saisie d'une requête individuelle telle qu'elle est définie par la
convention. Depuis son entrée en vigueur en 1998, cette réforme du protocole 11, a fait exploser le
nombre de recours porté devant la Cour européenne des droits de l'Homme. 98% des arrêts rendus
par la cour depuis sa création ont été rendus de 1998 et 2008: le volume de production
jurisprudentiel connaît une croissance exponentielle depuis la fin des années 90.

Il y a également une montée en puissance du droit pénal international. Cette cour constitue
l'aboutissement de la création des différents tribunaux temporaires qui ont été institués à l'issu des
différents conflits des années 90, ayant abouti à des accusations de crime contre l'humanité. En 1993:
création du tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPY), par le conseil de sécurité de
l'ONU, et pour le ‘wanda en 1994 (TP‘), également par le conseil de sécurité. Plus récemment, en
2002, le tribunal spécial pour la Sierra Leone (TSSL). Sous l'impulsion des ONG, va être créée la Cour
internationale Pénale, par un traité international le statut de ‘ome, adopté en juillet 1998. La CPI ne
fait pas partie intégrante de l'ONU. Ce texte compte 110 signataires.
La CPI est composée de 18 juges, répartis en trois sections:
-c la section préliminaire
-c la section de première instance
-c la section des appels
La Cour est un système de recours à soi-même. Cette CPI siège à La Haye. Elle est secondée par le
bureau du procureur et par un greffe (administration spécifique).
Elle est compétente pour juger des crimes de génocides, des crimes contre l'humanité et des crimes
de guerre (article 5 du statut définit cette compétence). Ces crimes tels qui le qualifiés sont par
ailleurs juridiquement.

La CPI a des limites:


-c La non-rétroactivité des peines, notamment (mais présente dans la déclaration des droits de
l'Homme de 1789)
-c Elle n'est compétente que pour juger des crimes commis après l'entrée en vigueur du statut
(après 2002). Donc elle n'est pas compétente, par exemple, des crimes commis en ex-
Yougoslavie.
-c La CPI n'est compétente que pour juger des crimes commis par des ressortissants des Etats
après leur adhésion
-c la CPI compétente pour juger des crimes commis par les ressortissants d'un Etat (nationaux)
parties du statut, ou elle est compétente pour juger les crimes ressortissants d'un Etat qui
n'est pas partie de la CPI mais qui a reconnu la compétence de la Cour par une déclaration
spéciale auprès du greffe. Elle est aussi compétente pour juger des crimes commis sur des
territoires par d'autres ressortissants d'un Etat partie au statut, ou ayant reconnu la
compétence la Cour. La CPI est compétente pour juger des crimes commis sur le territoire, ou
par un ressortissant d'un Etat n'ayant pas signé le statut ou reconnu la compétence, lorsque
le conseil de sécurité de l'ONU saisit le procureur.
Il résulte que seuls les Etats parties au statut, le conseil de sécurité de l'ONU ou le procureur peuvent
saisir la CPI.: formellement, il n'existe pas de droits de saisine par les ONG, par exemple. En vertu de
l'article 15 du statut, le procureur «peut ouvrir une enquête de sa propre initiative au vue de
renseignements concernant des crimes relevant de la compétence de la cour», pour vérifier «le
sérieux des renseignements reçu», il peut rechercher «des renseignements supplémentaires auprès
de l'Etat, d'organes de l'ONU, d'organisations intergouvernementales et ONG». Les ONG peuvent
signaler un cas de crime contre l'humanité ou de guerre. Le procureur de ce fait va ouvrir une
enquête. Pour l'instant, la CPI est essentiellement focalisée sur les conflits déroulés sur le territoire
africain.
Les possibilités d'action juridiques, par le droit, dans les relations internationales des acteurs des
relations internationales se sont démultipliées au cours du temps. Ceci constitue autant
d'opportunités pour les ONG de déjouer la puissance étatique, de contraindre des dirigeants des
Etats à être trainés devant le tribunal ou à payer des amendes, changer des législations (impensable
dans les années de l'entre deux-guerres).

Paragraphe 2: la globalisation économique

La globalisation économique recourt des phénomènes complexes et différents selon les régions du
monde: c'est une série de globalisation.
Dans le cas de l'Europe, ce qu'on appelle la globalisation, ou la mondialisation représente plutôt une
européanisation plutôt qu'une réelle mondialisation. Un des réels vecteurs décisifs est la croissance
du commerce mondiale.
Le commerce mondial a connu une croissance considérable faisant penser à une globalisation. En
1948, les seules exportations mondiales des marchandises, excluant les services représentaient un
total de 59 milliard de dollars. En 2008, ces exportations mondiales de marchandises représentaient
15 mille 717 milliards de dollars, soit une multiplication par 260. Cette progression du commerce
mondiale s'est considérablement accentuée à partir des années 1970. En prenant les seules
importations, en 1973 elles sont de 594 milliards de dollars. Elles passent à 1886 milliards de dollars
en 1983, 3000 milliards en 1993 et 7000 milliards en 2003 pour atteindre 16mille milliards en 2008.

Ces chiffres semblent indiquer une globalisation: la planète devient un lieu d'échange entre les Etats.
Mais phénomène contestable.
-c à la fin des années 90, le commerce mondial ne représente que moins de 20% de l'activité
économique globale, ce qui signifie que la plupart des économies demeurent des économies
nationales.
-c La majeure partie de ce commerce dit mondiale se déroule en réalité dans une zone
géographique bien déterminée: entre l'Europe, l'Amérique du nord, et le Japon. La plus
grosse partie de ce commerce mondiale se déroule en Europe occidentale, entrant pour 43%
dans le total des exportations mondiales à la fin des années 90. Au même période,
l'Amérique du nord entre pour 17%. Il y a ici le noyau dur des échanges dits mondiaux.

Il y a néanmoins la montée en puissance de certains Etats asiatiques: le Japon, puis la Chine. Sur le
long terme, la part de ces pays s'est considérablement accrue dans le commerce mondial. En 1953, le
Japon représente 1,5% des exportations totales des marchandises. En 1963: 3,5%. En 1973: 6,4%. En
1993: 9,9%, mais il retombe à 6,4% en 2003 et 5% en 2008 parce que dans le même temps, la
croissance de la part des exportations dans le commerce mondiale a accru de manière spectaculaire:
en 1953: 1,2% du total des exportations de marchandises ; en 1993: 2,5% ; 2003: 5,9%, 2008: 9,1%.
Au total, l'Asie passe de 14% en 1948 à 27,7% en 2008, sous l'impulsion du Japon et de la Chine.
En réalité, on ne peut associer complètement cette explosion du commerce mondial à une
mondialisation des échanges car les échanges restent relativement confinés à des zones
géographiques spécifiques. En 2008, 73,1% des exportations de marchandises des pays de l'Europe
alimentaient les importations de marchandises de d'autres pays d'Europe, et non pas avec le reste du
monde. 67% des exportations de l'UE sont à destinations à des pays de l'UE, la France avec
l'Allemagne par exemple. Alors que dans le même temps, la Chine ne représente que 5,8% des
importations des pays de l'UE. L'invasion des marchés européens par les marchandises chinoises n'a
pas lieu. En Europe, la mondialisation est une très forte européanisation des échanges. Depuis les
années 50, le commerce intracommunautaire est un phénomène majeur conduisant au renforcement
des échanges entre les pays européens à l'encontre d'une mythologie qui veut que l'Europe soit
complètement ouverte à la mondialisation. Il ne faut pas oublier que la principale politique de l'UE,
sur l'agriculture, est protectionniste.

La globalisation économique n'est pas un phénomène antérieur ou indépendant de la formation des


organisations interétatiques. La globalisation économique n'est pas autonome par à la mondialisation
politique ou institutionnelle. En d'autres termes, ce n'est pas la main invisible du marché qui crée la
mondialisation d'une manière indépendante du politique, des Etats, des ONG. La libéralisation des
échanges, quelqu'ils soient, en particulier les échanges économico-commerciaux, est le produit de la
formation des organisations interétatiques et le produit de la volonté des Etats telle qu'elle résulte
des traités. Ce sont les grandes organisations interétatiques, au premier rang desquelles:
l'organisation européenne de coopération et de développement, le FMI, la CEE, ou plus récemment
l'OMC.
La libéralisation des échanges aurait été impossible sans la création de règles juridiques, d'une
régulation internationale permettant à ces échanges d'avoir lieu. La souveraineté de l'Etat est souvent
associée à des monopoles privées, publiques, ou à des tarifs douaniers, alors que la globalisation est
une création de l'Etat dans laquelle les acteurs économiques se sont engouffrés.

cc c c

La libéralisation des échanges économiques est la pierre angulaire de la globalisation. Ceci se fait à
plusieurs étages:
Au niveau mondial, le FMI et la BI‘D (ou Banque mondiale) jouent un rôle déterminant. Ce ne sont
pas les deux seuls acteurs ni le seul niveau. Le FMI compte 186 Etats-membres, contribuant au
financement de l'organisation, à mesure de leur PIB et qui déterminent les droits de votes. Il est
dirigé par un conseil des gouverneurs, un par Etat-membre (186 gouverneurs) se réunissant une fois
par an. Il y a une structure administrative: le conseil d'administration, chargé de la gestion au
quotidien du FMI, et a comme directeur: Dominique Strauss-Kahn.
Il a pour mission depuis l'origine d'assurer la stabilité du système monétaire international en vue de
permettre le développement des échanges internationaux, il faut avoir un système monétaire stable
régulé pour que les échanges commerciaux puissent se dérouler dans des conditions normales. Le
FMI peut intervenir dans l'économie mondiale pour assurer ceci. Il peut le faire en aidant les Etats par
une assistance financière et technique. Le FMI est susceptible de proposer des prêts, soumis à un
certain nombre de conditions par lesquelles le FMI peut imposer aux Etats un certain nombre de
conditions pour une série de réformes économiques. Cette conditionnalité fait que le FMI peut
intervenir parce qu'il peut faire des prêts, mais qu'il influe de manière relativement contraignante sur
les Etats.
-c Elle peut imposer une restriction de change monétaire
-c Ou des baisses de dépenses publiques
La crise de la dette des pays pauvres a conduit (années 90) à un changement: pour la première fois en
1997, le FMI a été conduit à annuler la dette des pays pauvres pour le développement durable.

La BI‘D: favorise l'économie des Etats-membres. Avant le plan Marshall, la banque mondiale exigeait
le départ des communistes pour accorder les prêts à la France.

Le G7 (groupe de 7) est une instance de consultation qui réunit depuis 1975 les 7 chefs d'États des
principaux pays industrialisés. Par rapport aux années 70, le classement a quelque peu bougé, mais
qu'il est difficile de sortir du groupe un Etat membre en 1965.
USA, 1er: Japon 2ème: l'Allemagne: 4ème, La France: 6ème, ‘U: 7ème. Ils réunissent 44% des voix.
Au sein du G7 dès 1967 siège aussi le président de la communauté européenne.
Après la chute du mur, le G7 évolue en G8 en incluant la ‘ussie (9ème PIB au monde). Au sommet
des chefs d'État s'ajoutent des réunions des ministres de finance et des présidents de banque
centrales mondiales dans le cadre du G8 mais aussi G10, crée à la même époque et regroupant les
représentants des 12 banques centrales des pays les plus industrialisés: outre ceux de G8, il y a les
Pays-Bas (13me), la Belgique (20ème), la Suisse (21ème), et la Suède (22ème).
À partir de la fin des années 90, il est apparu nécessaire de créer une autre structure: le G20 jusqu'à
récemment rassemblait les ministres de finance et directeurs de banque centrales de 19 états avec
les membres du G8 et 11 des principaux pays émergents: la Chine (3ème), le Brésil (8ème), l'Inde
(12ème), le Mexique, l'Australie, la Corée du sud, la Turquie, l'Indonésie, Arabie Saoudite, Argentine,
et Afrique du sud. Ces pays regroupent 90% du PIB mondial.
S'ajoutent aux représentants des banques et les ministres les présidents de conseil européens et les
présidents de la banque centrale européenne. Aucun des Etats membres du G10 n'y sont représentés
dans ce G20, ni les Etats qui dans leur classement mondial surpassant les membres de G20:
l'Autriche, etc. Ces pays sont représentés aujourd'hui à travers le président du conseil européen, donc
la présidence de l'Union européenne qui peut faire porter la voix de ces Etats.
Il y a des exceptions plus politiques: ni l'Iran (26ème) ni le Venezuela (30ème) ne sont représentés
dans ce G20 du fait du régime de l'Iran et de son rôle contesté sur la scène internationale et le
Venezuela quant à son leader.
Jusqu'à très récemment, le G20 ne se réunissait qu'à un niveau ministériel. En 2008, sous l'impulsion
du président français, le G20 s'est réuni au niveau des chefs d'État. Un rythme soutenu s'est imposé:
le G20 s'est réuni deux fois par an depuis 2008. C'est une structure existant depuis 1945 avec la BI‘D
et le FMI.

Dans la gouvernance mondiale de l'économie, il y a une autre évolution majeure; la création de


l'OMC prenant corps dans les années 90. Le GATT, le troisième pied avec le FMI et la BI‘D, était une
structure de discussion et de négociation, mais pas véritablement institutionnelle à l'égard du FMI ou
la BI‘D. Dès 1947, il est envisagé de créer une véritable organisation internationale de commerce,
mais projet rejeté par les Etats-Unis.
Le GATT a des effets importants sur l'économie mondiale: de 1958 à 1995, le GATT a permis à réduire
le niveau moyen des tarifs douaniers des pays industrialisés de 40% à 5%. En même, le nombre
d'États signataires est passé de 23 à 109: il s'agit d'une extension considérable sur l'évolution du libre-
échange.
Le 5 avril 1994, à l'issue de du dernier des cycles de négociations entre les Etats, la charte de
Marrakech jette les fondements de l'OMC, succédant au GATT en 1994. Les représentants des 153
Etats aujourd'hui membres de l'OMC (120 à l'origine), se rencontrent tous les deux ans lors d'une
conférence ministérielle. C'est l'organe suprême de l'OMC qui s'est réuni la semaine dernière à
Genève (08/12).
Deuxième étage: un conseil général réuni de manière plus régulière les représentants de tous les
Etats membre à un niveau inférieurs, ce sont les ambassadeurs. Ce conseil général a une double
formation: il siège aussi en tant que structure juridictionnelle, en tant qu'organe de règlements des
différends (O‘D), donc arbitre les litiges commerciaux entre les Etats. Les litiges portés devant cet
organe de règlements des différends sont numériquement importants: début novembre 2009, 400
litiges.
Il y a, enfin, un secrétariat général (administration internationale), dont le directeur général est Pascal
Lamy: c'est l'ancien directeur du cabinet de Jacques Delors.

Ces organisations contribuent directement à la libéralisation des échanges. Paradoxalement ces


organisations ont indirectement contribué à l'évolution des réseaux transnationaux non-
gouvernementaux (ONG) pour se mobiliser contre ces organisations: militants antimondialisation.
Le mouvement altermondialiste transnationale s'est constitué à l'occasion des différents contre-
sommets organisés à partir des années 80-90 contre les sommets de FMI et de la BI‘D à Berlin en
1988 ou de l'OMC à Seattle en 1999 ou du G8 à Gênes en 2001. Ceci aboutit à la tenue d'une
multitude de forums, de sommets au mouvement altermondialiste: le FSM à Porto-Allegre en 2001,
le Forum social européen en 2002 à Florence.
Le caractère transnational est problématique: le mouvement altermondialiste reste très structuré par
des réseaux militants nationaux et n'est que marginalement structuré par une organisation stable
transnationale. Les organisations nationales sont insérées dans des enjeux nationaux: partis,
syndicats, associations se juxtaposant, des collectives.
Il n'y a pas de véritable équivalent d'Amnesty International.

Il n'est pas nécessaire d'aller chercher dans la mondialisation la cause de la libéralisation de


l'économie européenne (cf le traité de ‘ome). Les organisations régionales, en particulier la
communauté et union européenne, contribuent à la libéralisation.
Le traité a pour objectif d'établir un marché commun entre les Etats-membres. À cette fin, l'article 3
du traité se fixe comme objectif: «l'élimination entre les Etats-membres des droits de douane et des
restrictions quantitatives à l'entrée et à la sortie des marchandises ainsi que de toute autre mesure
de faits équivalents».
Objectif 2: établissement d'un tarif douanier commun et d'une politique commerciale commune
envers les Etats tiers. Il s'agit d'établir des barrières douanières au-delà des pays membres de l'UE.
Cet objectif va être fortement contrecarré par le GATT pour éviter que la CEE ne crée des barrières
douanières.
Objectif 3: abolition entre les Etats-membres des obstacles à la libre circulation des personnes des
services et des capitaux.
Objectif 4: établissement d'un régime assurant que la concurrence n'est pas faussée dans le marché
commun.
La libéralisation est un choix explicite des Etats européens, ce n'est pas le résultat d'une main invisible
du marché. C'est un choix de politique économique. La dynamique transnationale a partiellement
échappée à ses créateurs car ce sont très largement les institutions communautaires et les acteurs
économiques eux-mêmes (entreprises, groupes d'intérêts) qui vont favoriser la libéralisation effective
des échanges dans le cadre du marché économique. La CJCE joue un rôle déterminant dans cette
dynamique transnationale, dans la mise en œuvre de 4 grandes libertés: liberté de circulation des
capitaux, des services, des marchandises et des personnes. La CJCE développe sa jurisprudence de
manière systématique autour de la protection de ces libertés. La CJCE est accompagnée de d'autres
acteurs. Il y a une très forte corrélation entre l'accroissement des échanges intracommunautaire et
l'accroissement du contentieux communautaire. En d'autres termes, ce sont les entreprises à travers
les recours directs devant la CJCE et aussi les juridictions nationales à travers les renvois préjudicielles
devant la CJCE qui ont donné l'opportunité à la CJCE de libéraliser les échanges dans les termes fixés
par le traité de ‘ome. C'est une situation relativement équivalente avec la CEDH mais ce ne sont pas
les ONG de défense de droits de l'Homme qui contribuent ici.
Ces acteurs non-gouvernementaux, dans les deux cas, jouent un rôle de premier plan dans la
juridicisation des relations internationales. Le traité de Lisbonne fait directement référence aux droits
de l'Homme et aux droits sociaux, avec l'introduction d'une charte des droits fondamentaux. Par
conséquent, ce traité est une opportunité de faire dévier du libéralisme de la construction
européenne. Il est toujours important de s'intéresser aux acteurs concrets du droit: Law in context.
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Au lendemain de la seconde guerre mondiale, les acteurs économiques évoluent face à l'ordre
international nouveau. En particulier, les acteurs patronaux sont très actifs. Ils sont tentés
d'influencer la rédaction des différents traités internationaux donnant naissance à des organisations
interétatiques. Au congrès de La Haye, le patronat (les chefs des entreprises et représentants des
grandes entreprises patronales syndicales) était très présent. On estime, par exemple, plus 25% de la
délégation néerlandaise était constituée de patrons ou représentants syndicaux patronaux en
particulier des dirigeants des plus grandes firmes.

La création des marchés communs est une opportunité de former des véritables groupes d'intérêts
transnationaux: institutionnalisation. On assiste à la création du conseil des fédérations industriel
d'Europe en 1949 (CIF) puis à la création de l'union des industries de la communauté européenne
(UNIS) en 1958 prenant le nom en 2007 The business Europe.

Dès le départ, le patronat s'est organisé à un niveau transnational et a conquis un rôle d'acteur dans
les relations internationales. Il existe une pluralité des organisations patronales aujourd'hui. Par
exemple, c'est le cas de la table ronde des industriels européens (E‘T). Elle est créée au début des
années 80, par le PDG de Volvo avec d'autres patrons. L'un des objectifs était d'aboutir à la création
d'un marché unique, marché européen parfaitement intégré. L'E‘T s'est activement mobilisé en
faisant beaucoup de lobbying en particulier auprès des principaux dirigeants au niveau national
(François Mitterrand, etc.) ou supranational (membres de la commission européenne). L'E‘T
influence la rédaction de l'acte unique se donnant pour objectif d'aboutir à la création du marché
unique.
On peut prendre d'autres exemples régionaux: le patronat américain par exemple.
Les organisations de patronat ont des représentants dans le cadre de l'ONU, il y a une très grande
variété au niveau transnationale.

Il existe aujourd'hui de nombreuses plateformes internationales dans lesquelles el s élites


économiques peuvent rencontrer les élites politiques, mais aussi les élites administratives que ce
soient les élites étatiques classiques on interétatiques: par exemple le groupe de Bildelberg ou le
forum de Davos. Ce sont des plateformes, des usines à fabriquer des relations internationales.
L'émergence de patronat mondial correspond à un phénomène plus général de globalisation des
firmes transnationales.
Ces firmes constituent un phénomène dont l'ampleur est nouvelle depuis les années 80. Ces
entreprises impliquent une dissociation presque complète entre la production et le management
(direction) avec d'une part la délocalisation de la production dans les pays à faible coût de main
d'œuvre (absence de droit de travail, etc.) et d'autre part la concentration du capital dans le cadre de
fusions acquisitions qui se sont multipliées dans les années 90.
Ces deux phénomènes vont de pair: plus la production est dispersée dans des sites éloignés les uns
des autres, donc éloignés du management, plus les marchés à conquérir pour épauler cette
production sont eux-mêmes différents. Plus les coûts de transaction sont importants (transaction
culturelle, monétaire, etc.) plus la nécessité d'un centre puissant capable de tenir ensemble tous ces
éléments s'impose pour coordonner l'ensemble de ces activités. La délocalisation implique une
concentration du capital donc une capacité spécifique à coordonner des activités lourdes à gérer et
impliquant des compétences spécifiques.

Ce phénomène ne pouvait être possible dans l'évolution technologique. Le transport aérien,


maritime, le transport terrestre à grande vitesse d'un côté, les communications téléphoniques,
télévisuelles, internet d'autre part qui sont à l'origine des premières organisations interétatiques, leur
développement s'accompagne d'une réduction considérable des coûts de transaction.
Par exemple: on peut estimer qu'une simple communication téléphonique de 3 minutes entre New-
York et Londres s'élevait en 1960 à 60$ alors qu'en 2000, cette même communication s'élevait à
0,40$. On a pu estimer, plus généralement, que dans les cas des Etats-Unis les coûts des transactions
commerciales sur base 100 étaient de 100 en 1950, de 80 dans les années 70 et de-70 dans les
années 90. On assiste de manière régulière à une baisse des coûts de transactions commerciales en
tout genre depuis les années 50. Cette baisse peut être considérée comme une des causes essentielle
de l'accroissement du commerce mondiale: pour 33%.
On peut estimer qu'en particulier, les coûts de transactions boursières ont considérablement baissé:
le coût d'échange d'une action sur un marché boursier. La libéralisation des mouvements des
capitaux accélérée dans les années 80 s'accompagne d'une baisse de coût des transactions boursières
Dans un deuxième temps la modernisation des places boursières dans les années 70 en particulier la
bourse de New-York où ont été introduites toute une série d'éléments technologiques: ordinateurs,
internet, etc. qui ont pu renforcer la capacité des traitements en une journée. Les nombres de
transactions possibles sont multipliés.
Troisièmement, l'apparition d'opérateurs qui proposent leurs services sur internet fait exploser le
nombre de transaction boursière en faisant apparaît une sorte de deuxième économie.
Cette dernière a profondément transformé l'économie mondiale. En 1983: les transactions de devises
étaient 10 fois supérieures au commerce mondiale. En 2003: ces transactions de devises étaient 80
fois supérieures que les transactions commerciales. On assiste à une démultiplication. On peut donc
parler de financiarisation d'une partie de l'économie mondiale. Nuance: cette globalisation financière
il s'agit essentiellement d'un phénomène transatlantique. Au tournant des années 2000, la zone
transatlantique, Etats-Unis, Canada, UE représentent 66% de la capitalisation boursière mondiale et
80% des achats dans les opérations de fusion-acquisition. Autrement dit, ce phénomène enclenché
dans les 80 de concentration de capitale, dissociation des entreprises se déroule principalement au
sein des pays transatlantiques.
Sociologue Sassen: cette globalisation financière se concentre dans quelques villes globales que sont
New-York, Londres, Paris, Tokyo.

En particulier, dans le même mouvement des années 80-90 où cette globalisation financière a
transformé l'économie mondiale, on a vu apparaître de nouvelles élites, de nouvelles structures
financières et juridiques dans ces villes globales avec la formation des Méga Law firms. Ce sont des
multinationales de droit, presque toutes d'origine anglaises ou américaines parmi les premières du
classement mondial: les 4 plus grandes.
On voit aussi apparaître un processus de transformation de l'univers juridique et la naissance
multinationale de droit, des structures susceptibles d'agir sur des marchés juridiques extrêmement
différents.

Certains phénomènes de financiarisation échappent aux Etats. Ceci n'explique néanmoins


l'extraordinaire tolérance dont les Etats font preuve vis à vis des pratiques particulièrement
douteuses et nuisibles: pratiques de la crise subprimes. La globalisation économique est de toute
évidence un phénomène important, une dimension importante des relations internationales.

Il serait néanmoins erroné de penser que sous prétexte de globalisation économique et de


multiplication des acteurs non-étatiques (entreprises, patronat, organisations altermondialistes), les
Etats auraient complètement disparu de la scène transnationale.
L'Etat est bien présent quant à l'usage de la force, et qu'il ne s'est pas effacé. Il est vrai que la notion
de l'Etat a évolué. Les relations entre les acteurs étatiques et les acteurs non-étatiques dans l'usage
du monopole de la force dont dispose l'Etat ont considérablement évolué au cours des 20 dernières
années.

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L'usage de la force n'est pas un vestige du passé dans les relations internationales. La force est un
élément, un paramètre déterminant dans les relations internationales. Force est de constater que les
Etats sont encore très largement les maîtres de ces monopoles: armées, police, etc. Il est nécessaire
de rappeler un certain nombre d'évidences: les budgets de défense, les armes en tout genre, le
commerce des armes sont une part importantes des relations internationales aujourd'hui.
Les budgets de défense sont très importants dans les Etats industrialisés de la planète notamment
aux Etats-Unis. La part de du budget de défense dans le total de budget des Etats-Unis avait atteint un
minimum en 1950: aux alentours de 30% avant de remonter rapidement dans les années 50 pour
atteindre environ 70% en 1954 (guerre de Corée). Ce n'est que dans les années 70, au moment où la
guerre froide atteint la détente, que la part du budget de la défense va redescendre en dessous de la
barre des 30%, avec depuis lors des variations.
Entre les années 1950 et 2000, le budget américain a été multiplié par 6 ou 7: en dollar constants, il y
a un accroissement considérable, passant de plus de 330 milliards en 1950 à plus de 2260 milliards en
2007 (chiffres de la maison Blanche). Pour la période la plus récente, en dollars constants en prenant
2005 comme année de référence, les dépenses militaires sont passées de 484 milliards de dollar en
1988 à environ 328 milliards de dollars en 1998, pour repartir à la hausse en 2008: 545 milliards de
dollars. Le budget militaire des Etats-Unis connaît donc une forte croissance.
Les dépenses de la France à la même date sont de 52 milliards de dollars. ‘aison: les Etats-Unis sont
aujourd'hui un pays en état de guerre de manière quasiment permanente depuis les années 90, et
plus forte depuis 2001. La France est aussi un pays en guerre en Afghanistan.

Paragraphe 1: De la guerre à la guérilla

Le fait que les Etats-Unis soient aujourd'hui un Etat en guerre avec le ‘oyaume-Uni, la France etc.
tient en particulier au fait que les Etats sont parties prenantes des organisations interétatiques:
l'OTAN, l'ONU, et maintenant l'UE3 faisant régulièrement appel à la force dans les relations
internationales. Dans la plupart de cas, il s'agit d'opérations de maintien de la paix. Dans le cadre de
l'ONU, les Etats sont amenés à user de la force dans le cadre de maintien de la paix: la force de
protection des nations unies qui n'a pas réussi à enrayer les crimes de guerre en Bosnie entre 1992 et
1995 ou la mission en ‘wanda qui n'a pas réussi à prévenir le génocide rwandais en 1994

Il peut aussi s'agir de sanctions collectives contre un Etat dans le cadre de l'article 42 de la charte des
Nations Unies: Desert Storm en 1991, tournant. Les troupes irakiennes de Saddam Hussein ont
envahi puis occupé l'Etat voisin de Koweït durant l'été 90 au mois d'août. Face à cette agression, le
conseil de sécurité des nations unies a dans un premier temps à travers une série de résolutions
adoptées au cours de l'été et de l'automne mis en place un embargo commercial puis un blocus
naval, puis aérien contre l'Irak (mesures préventives). Dans un deuxième temps, le conseil de sécurité
oppose un ultimatum à expiration duquel serait déclenchée une opération militaire contre l'Irak.
L'autorisation de faire usage de la force ne deviendra réellement une offensive militaire que dans le
cadre de l'article 51 de la charte: autorisant la légitime défense individuelle ou collective des Etats
subissant une agression et cette réponse militaire va donner lieu à la création d'une coalition militaire
internationale sous les commandements des Etats-Unis. Avant 1991, les mesures prévues au chapitre
VII de la charte n'avaient été utilisées qu'à 3 reprises:
-c en Corée en 1950
-c en ‘hodésie en 1966
-c en Afrique du sud en 1971.

Cette opération marque un tournant dans les relations internationales: elle est un symptôme de ce
changement fondamental qui est la fin de la guerre froide. Il est clair d'un conflit armé conventionnel
régionalement limité peut se dérouler sans être pris dans la logique de l'affrontement de bloc à bloc,
donc sans prendre le risque d'un conflit mondial général et nucléaire. À partir de cette date, ces
mesures du chapitre VII vont être plus systématiquement utilisées en Serbie en 1991, en Somalie en
1992, en Haïti en 1993, au Liberia en 1995 etc.

L'ONU n'est pas le seul cadre institutionnel dans lequel est organisé ce type d'organisations militaires.
L'OTAN a ainsi entrepris une série d'opérations militaires en dehors de l'ONU, c'est en particulier le
cas de l'opération Kosovo force, en 1999. Le conseil de sécurité des Nations Unies avait adopté un
certain nombre de résolutions contre la Serbie (processus similaire à celui de l'Irak). Mais le conseil
de sécurité des Nations Unies est confronté à l'opposition de la ‘ussie et de la Chine qui refusent de
cautionner une opération militaire, ce qui contraint les Etats-Unis et leurs alliés à contourner le cadre
de l'ONU et engager une action militaire, sans le mandat de l'ONU.

Il existe des situations encore plus ambigües: opération militaire puis de maintien de la paix en
Afghanistan. Dans les jours ayant suivi le 11 septembre 2001, les Etats-Unis ont engagé une opération
militaire de leur propre chef sur le territoire afghan en particulier: Enduring freedom. Ils font valoir
l'article 51 de la charte de l'ONU, donc le droit de légitime défense contre l'Afghanistan. Ils sont
moralement soutenus par des coalitions internationales, et militairement au départ juste par le
‘oyaume-Uni. Ceci, avant que le conseil de sécurité autorise une mission de maintien de la paix en
Afghanistan en décembre 2001: la force internationale d'assistance et de sécurité (ISAF). L'ISAF passe
sous commandement de l'OTAN en 2003.

Iraqi freedom: attaque de l'Irak engagé par les Etats-Unis en 2003, qui s'est déroulé hors du cadre de
l'ONU. Les Etats-Unis réunissent une large coalition internationale avec certains des Etats-membres
de l'UE ou de l'OTAN: le ‘oyaume Uni, ou l'Espagne. Depuis la fin de guerre froide, il y a une évolution
sensible de l'engagement de la force dans les relations internationales. On passe des opérations dans
le cadre des traités internationaux, à des opérations quasiment hors la loi. Plus généralement, on
assiste depuis la fin de la guerre froide, années 70, à un usage plus régulier sous différents motifs de
la force dans les relations entre les Etats.

Depuis les années 70, on assiste à un processus de désarmement.

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Dans l'entre deux-guerres l'esprit de Genève, de la société des Nations, avait trouvé une formule qui
était de mettre la guerre «hors la loi» sans que la SDN elle-même n'arrive à atteindre cet objectif. Il y
a une conférence de désarmement dans le cadre de désarmement entre 1932 et 1934: une réussite
improbable avec l'arrivée au pouvoir d'Hitler.
À partir de ce moment là, le désarmement reste un élément important dont la question ressurgit.
L'ONU n'arrive pas non plus à la mise en pratique du désarmement. Il y a un certain nombre
d'initiatives avant les années 70, donnant des résultats sur la question décisive du désarmement
nucléaire. Dans le contexte de la détente, ce sont les traités de désarmement SALT I et SALT II entre
les Etats-Unis et l'U‘SS. À l'issue de la guerre froide, ces traités sont suivis par STA‘T I et STA‘T II
permettant de limiter les armes nucléaires des deux grandes puissances.
En 1996, la CIJ a par exemple estimé dans un avis consultatif: «au vue de l'état actuel du droit
international, ainsi que des éléments de fait dont elle dispose, la cour ne peut conclure de façon
définitive que la menace ou l'emploi d'armes nucléaires serait licite ou illicite dans une circonstance
extrême de légitime défense dans laquelle la survie même d'un Etat serait en cause» soit la principale
juridiction de droit international ne semble pas considérer que la guerre est hors la loi, ni que le
nucléaire est réellement hors la loi. Dans ces conditions, on mesure la distance à parcourir pour en
revenir à ces utopie des années 30.
Le monde se divise en deux: ceux possédant l'arme nucléaire, et d'autres non.
Il y a cinq puissances nucléaires officiellement répertoriés: les Etats-Unis, la ‘ussie, le ‘oyaume-Uni,
la France et la Chine. ‘econnus officiellement lorsqu'a été signé le traité sur la non-prolifération
nucléaire. D'autres puissances nucléaires émergent: l'Inde et le Pakistan depuis 1998, Israël, et enfin
la Corée du nord depuis 2006 (essai).

Une série des traités encadre sévèrement la prolifération des armes nucléaires, en particulier depuis
le traité en 1968 le TNP: traité sur la non-prolifération nucléaire. Il limite la dissémination de ces
armes aux autres puissances, c'est un traité qui a tenté de limiter à ces 5 Etats. Par la suite le traité
d'interdiction complète les essais nucléaires (TICE) interdisant tous les essais nucléaires.

Il existe aussi une conférence sur le désarmement dans le cadre de l'ONU se réunissant de manière
régulière ainsi qu'un bureau des affaires de désarmement, avec un haut représentant pour le
désarmement. Il existe une agence spécialisée dans ce système consacré au désarmement, qui est
l'agence international de l'énergie atomique avec 150 Etats-membres créée en 1957. Elle joue un rôle
particulièrement important aujourd'hui, en particulier dans la mise en œuvre du conseil de sécurité
des Nations Unies pour contrôler le nucléaire iranien.
Il existe un système de contrainte moral assez fort, en vue du désarmement et plus simplement de la
non-prolifération des armes nucléaires dans le monde.

Il existe aujourd'hui une initiative internationale pour réguler le commerce des armes dans le monde
depuis 2006: adoption de la résolution du conseil de sécurité de l'ONU du 6 décembre 2006 se
prononçant en faveur d'un «instrument global et juridiquement contraignant établissant les normes
internationales communes pour l'importation, l'exportation et le transfert d'armes classique»: un
traité posant un certain nombre de règles au commerce des armes.
Par conséquent, la première commission de l'assemblée générale de l'ONU a réaffirmé le 30 octobre
2008 sa volonté de voir aboutir un TCA (un traité sur le commerce des armes) juridiquement
contraignant qui reprend les normes communes les plus élevées existantes pour la régulation de
commerce des armes dans le cadre d'une conférence à New-York en 2012: résolution adoptée par
153 membres des nations unies.

En 2008, sous la présidence française de l'UE une position commune a été adoptée par les Etats-
membres européens définissant les règles communes aux pays de l'UE fixant des critères communs
pour l'exportation des armes conventionnelles. Il y a d'ores et déjà des règles communes et
contraignantes dans le cadre de l'UE. Tout ceci ne fait que souligner, venant en contrepoint d'une
situation qui s'est détériorée: le commerce des armes est devenu est un commerce fleurissant.

Par exemple: en 2008, on pouvait estimer d'abord, le total des dépenses militaires à 1464 milliards$
représentant une augmentation de 45% depuis 1999. Les Etats-Unis y contribuent de manière
substantielle: 41,5% du total des dépenses militaires dans le monde. Ils sont suivis par la Chine: 5,8%,
puis par la France et le ‘oyaume-Uni: 4,5% et la ‘ussie: 4%.
Dans le même temps, on peut estimer que le total des exportations des armes dans le monde était
plus de 51 milliards de dollars en 2007, en hausse de 33% entre 2001et 2007. Près de 80% de ces
exportations sont le fait de 5 pays seulement: Etats-Unis, la ‘ussie, la France, l'Allemagne, le
‘oyaume-Uni. La question de la régulation de commerce des armes à l'échelle internationale n'est
pas une question globale, mais est très limitée à des Etats qui sont des puissances membres du
conseil de sécurité des nations unies: paradoxe. (Sauf Allemagne).
Les Etats-Unis représentent 31% du total des exportations, principalement en destination de la Corée
du sud, d͛Israël et des émirats arabes. La ‘ussie représente 25%, essentiellement en destination de la
Chine et de l͛Inde. L͛Allemagne représente 10%, vers la Turquie et la Grèce, la France 8% vers les
Emirats arabes unis, la Grèce, Singapour. Le paradoxe est que ces pays sont les membres du conseil
de sécurité.
Le phénomène majoritaire de ces 20 dernières années est que l͛exercice de la force armée ne semble
plus être un monopole exclusif des états qui délèguent l͛exercice à des sociétés privées : c͛est le
phénomène de délégation.
Il est difficile de mettre des chiffres précis sur ce phénomène, mais les sociétés militaires privées
semblent avoir pris une place déterminante dans les relations internationales depuis le premier
conflit irakien jusqu͛à la fin de la guerre froide. On assiste à un phénomène de privatisation de la
défense militaire dont le département de la défense américain lui-même reconnait que la principale
raison est de réduire les dépenses publiques. Ce phénomène a pris corps dans le cadre de la
coopération entre les Etats-Unis et certains états alliés. Ceci a été le lieu privilégié de développement
de ces sociétés privées. Entre 1994 et 2004, plus de 3 000 contrats ont été signés avec ces
compagnies par les états américains (soit près de 300 milliards de dollars). Ce phénomène a pris une
telle ampleur que les autorités américaines s͛inquiètent. L͛exercice du monopole de la force n͛est plus
réservé aux seuls états. Ils délèguent aujourd͛hui ce monopole. Ce phénomène s͛articule avec le
phénomène du terrorisme, ce qui modifie l͛économie des conflits internationaux.

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Ce terme n͛est pas totalement nouveau. En effet, on le trouve à la fin du 18ème siècle, mais il désigne
alors un phénomène différent : à l͛époque, c͛est le gouvernement par la terreur de ‘obespierre et
ceci ne désigne pas du tout ce qui va émerger par la suite. Le premier attentat terroriste n͛a lieu qu͛en
1800. En 2004, le secrétaire général de l͛ONU donne une définition : Toute action qui a pour intention
de causer la mort ou de graves blessures corporelles à des civils ou des non-combattants lorsque le
but d͛un tel acte est, de par sa nature ou son contexte, d͛intimider une population ou de forcer un
gouvernement ou une organisation internationale à prendre une quelconque mesure ou à s͛en
abstenir.
Le premier attentat à la bombe visait Napoléon Bonaparte en 1800. Le premier attentat dans les rues
de Wall Street a eu lieu en 1920 par un anarchiste italien, Mario Buda.
1970 : Invention du mélange nitrate fioul aux Etats-Unis.
1981 : Invention du véhicule Kamikaze, probablement commandité par la Syrie.
1982 : Enregistrement vidéo par le Hezbollah.

A travers cette évolution, le terrorisme est aujourd͛hui une dimension centrale des relations
internationales.

Aujourd͛hui, le terrorisme est une part entière des relations internationales, premièrement parce des
états l͛utilisent pour lutter en secret contre d͛autres états (ex : Beyrouth, ‘épublique dominicaine,
Allemagne..), deuxièmement parce que les réseaux terroristes sont transnationaux dés 1970 et
troisièmement parce que, du fait de ces évolutions, les organisations se sont saisis de la question du
terrorisme à travers plusieurs traités internationaux dans le cadre de l͛ONU.
ÿc Convention internationale pour la répression des attentats terroristes à l͛explosif en 1997.
ÿc Convention internationale pour le financement de la répression du terrorisme en 1999.
ÿc Convention internationale contre la prise d͛otage en 1979.

Le terrorisme peut être la substitution de la guerre car c͛est un mouvement international.


Quatrièmement : Parce que le terrorisme implique une réponse des états eux-mêmes, ce qui
transforme fondamentalement la nature de la guerre.

L͛arme nucléaire avait transformé la guerre classique entre les états en une série d͛affrontements
indirects. C͛est en particulier le cas du Vietnam et du dernier conflit de guerre froide en Afghanistan
qui oppose l͛Union soviétique et les EU entre 1979 et 1989. La fin de ce conflit n͛a pas mis fin au
conflit afghan qui se poursuit par des guerres civiles entre les forces militaires du gouvernement
communiste et les moudjahdins. « L͛opération cyclone » a permis de financer les troupes
transnationales de combattants irréguliers. Le dernier conflit de la guerre froide est un conflit entre
états dont l͛un utilise le terrorisme contre l͛autre. Transformation de la guerre qui ne voit plus
s͛opposer des états entre eux, mais des états et des organisations non-étatiques qui opèrent depuis
le territoire d͛autres états. La guerre classique d͛état à état s͛est transformée en une guerre moderne
entre états et organisations non-étatiques. Il y a beaucoup d͛ambiguïté dans les relations entre ces
organisations et les territoires dans lesquels elles opèrent (ex : Al Qaïda et l͛Irak). Les ONG se posent
comme rivales des états et contestent le monopole des états. La question du terrorisme est liée à la
question de la maîtrise des ressources naturelles.

Paragraphe 2 : De la Terre à la Lune

La globalisation économique est le moment où les hommes ont commencé à percevoir que la
planète était menacée. Même si la conquête spaciale n͛en est qu͛à ses débuts, elle tend à se dérouler
suivant la même logique que la conquête impériale, c͛est-à-dire une concurrence entre les états ou
les groupes d͛états et aussi une recherche de ressources exploitables. La puissance des états repose
sur leur capacité à maîtriser des ressources naturelles qui sont rares et qui ne sont pas infinies. Les
états industrialisés peuvent compter sur la maîtrise des technologies et en particulier sur l͛énergie.
Les relations internationales restent fortement liées à cette question.

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Le pétrole, découvert en Pensylvanie en 1859, a son histoire qui se confond avec celle des Etats-Unis.
Jusque très tard, les EU sont le 1er pays consommateur de pétrole et le 1er pays exportateur de
pétrole. A la fin des années 40, les EU deviennent importateurs de pétrole. Fin 90, la part des
importations dans la consommation totale dépasse les 50%.
Les grandes familles liées au pétrole vont tenter d͛en découvrir en dehors du continent pour
alimenter leurs propres industries car la demande s͛accroît. Petit à petit, les EU perdent leur
hégémonie.
Le pétrole devient un enjeu complexe des relations internationales. Les compagnies européenneset
américaines vont se partager les territoires où ont été découvertes des sources de pétrole.
Accords d͛Achnacarry en 1928 : Des territoires offrent à ces compagnies les ressources.
Les puissances trouvent des accords avec les puissances locales. Le pétrole devient un enjeu central.
En 1945 ; ‘oosevelt offre la protection des EU au roi d͛Arabie Saoudite en échange de l͛exploitation
des richesses pétrolières.

En 1951, le premier ministre iranien Mossadegh a l͛idée de rationnaliser l͛industrie du pétrole en Iran.
En 1953 il est renversé par une opération secrète de la CIA qui vient d͛être créée. En 1953 la
nationalisation du canal de Suez par Nacer compromet les approvisionnements en pétrole de la
France et du ‘oyaume-Uni dont plus de la moitié transitent par le canal.
En 1973, les EU soutiennent Israël lors de la guerre de Kippour en lui faisant parvenir des armes.
L͛OPEP est créée en 1960 entre les états producteurs de pétrole pour renverser la tendance. L͛Arabie
Saoudite, l͛Irak, l͛Iran, le Koweit et le Venezuela sont à l͛origine de l͛initiative, auxquels vont se joindre
l͛Indonésie et la Lybie en 1962, l͛Algérie en 1969, les Emirats arabes unis en 1971, l͛Equateur en 1973
et le Gabon en 1975.
L͛OPEP décide d͛une augmentation du prix du baril de pétrole en représailles du soutient des EU à
Israël. Aux EU comme dans tous les pays producteurs, services secrets, pouvoirs politiques et actions
militaires sont intriqués à tous les coups. Dans le même temps, on assiste à un autre phénomène lié
au pétrole : les grandes catastrophes et en particulier les deux premières marées noires en 1967 et
1978 qui ont fait émerger un premier mouvement transnational de protection de l͛environnement et
de coalitions transnationales ainsi qu͛une émergence de série d͛actions u j ridiques, en particulier
contre les compagnies qui avaient provoqué ces catastrophes. On a vu émerger de nouvelles
catégories juridiques. L͛enjeu est de première importance dans les relations internationales, tant du
côté des producteurs de pétrole (Arabie Saoudite, ‘ussie, EU, Iran, Irak) que du côté des principaux
pays consommateurs (EU, Chine, Japon, France). A plusieurs reprises, le prix du pétrole a bouleversé
l͛économie mondiale. Ceci ne peut que ses renforcer avec la raréfaction de la ressource et provoquer
des tensions de plus en plus fortes. Au 1er janvier 2006, on pouvait estimer les ressources à 37 années
de réserves, dont 66% se trouvant au Moyen-Orient, principalement en Arabie Saoudite, contre 4%
des réserves en Amérique et à peine la moitié aux EU. Or, nul ne sait réellement le moment où la
production va atteindre son seuil critique.

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En 2000, L͛assemblée générale des nations unies a adopté «la déclaration du millénaire » dans
laquelle le développement durable et la protection de l͛environnement sont des objectifs prioritaires,
en particulier la question de l͛eau.
En 2005, l͛ONU lance « la décennie de l͛eau » dont l͛objectif est d͛alarmer l͛opinion publique pour
éviter une situation potentielle de crise internationale. L͛eau est enclavée dans une série de
territoires. Il existe 263 bassins internationaux qui traversent les frontières politiques et qui
constituent 60% de l͛eau douce du globe. 145 états se trouvent à l͛intérieur de bassins
internationaux. Toute action a des conséquences pour ces états, or, jusqu͛à présent la coopération
internationale a dans l͛ensemble bien fonctionné. Plus la ressource deviendra rare, plus le risque de
conflit s͛accentuera. En 2005, on pouvait estimer le nombre de personnes vivant dans un pays de
stress hydrique ou dans des états touchés par une pénurie d͛eau à 500 millions, alors que pour
l͛avenir, en 2025, le nombre pourrait atteindre 2,4 milliards concernant le stress hydrique et 3,4
milliards pour la pénurie d͛eau.

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Les relations internationales se caractérisent aujourd͛hui par ce que Norbert Elias a décrit comme un
allongement des chaines d͛interdépendance entre les organisations interétatiques, les états, les
organisations en tous genres et entre les individus. Il est difficile de distinguer ce qui relève du local et
du global, ce qui conduit à parler de « glocalisation », c͛est-à-dire que les relations internationales se
déroulent aujourd͛hui à plusieurs niveaux d͛organisation qui ont des effets les uns sur les autres, mais
aussi entre plusieurs catégories d͛acteurs (états, organisations interétatiques, organisations non-
gouvernementales͙). Dés 1920, Marcel Mauss suggérait de changer de terminologie pour parler de
phénomènes inter-sociaux car il y a bien plus que des relations de nation à nation. Les relations à
l͛intérieur des états sont dépendantes des relations internationales. Il est impossible d͛isoler les
relations entre les élites à l͛intérieur des états et les relations qu͛ils entretiennent à l͛extérieur des
états. Ceci est particulièrement vrai dans la sphère du droit : il est difficile de considérer qu͛il existe
des frontières strictes entre le droit interne, le droit international et le droit communautaire. Ceci est
aussi vrai dans le cas de la force et de la maîtrise du monopole dont dispose l͛Etat qui est aussi une
facette externe. La frontière est fine entre ces différents éléments.

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