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Mémoire Correctionencours6
Mémoire Correctionencours6
Union-Discipline-Travail
Et de la Recherche Scientifique
Direction de l’Informatique, de la
École Nationale Supérieure de
Planification, de l’Évaluation et
Statistique et d’Économie Appliquée
des Statistiques
MEMOIRE
ASSI KOUASSI
MAIXENT GEMERI MARIE-ANGE
Élève Ingénieur Statisticien
Économiste Sous Directrice des
Statistiques et de
l’Évaluation (DIPES/MEN)
POLITIQUE DE GRATUITÉ DE L’ÉCOLE : IMPLICATIONS FINANCIERES
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DEDICACE
DEDICACE
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POLITIQUE DE GRATUITÉ DE L’ÉCOLE : IMPLICATIONS FINANCIERES
REMERCIEMENTS
Nos remerciements vont à l’endroit de Mme KOUASSI Marie Ange qui a bien voulu
nous accueillir dans sa structure pour effectuer ce stage. Ceci est l’expression de notre
reconnaissance pour la qualité de l’encadrement fourni.
Les trois mois de stage ont été agréables du fait de l’ambiance créée par l’ensemble du
personnel de la DIPES (Direction de l’Informatique, de la Planification, de l’Évaluation et
des Statistiques) que nous remercions. Particulièrement, M. N’Doli Joseph dont j’apprécie
l’aide sur les taux utilisés en éducation et le soutien continu, et M. Yobouet Simplice qui
m’a permis d’obtenir des données de grande importance qu’il me serait impossible
d’avoir. Notre épanouissement dans la structure a été rendu possible grâce à M. Yobou
Jacob W., chargé des ressources humaines et chargé d’études.
De plus, nous souhaitons remercier de façon spéciale le corps administratif et professoral
de l’ENSEA, avec à sa tête M. KOFFI N’Guessan. Plus particulièrement, nous disons
merci à Messieurs FASSASSI Raimi, ESSO Jacques pour leur disponibilité et leurs
importants conseils.
Nous tenons également à exprimer notre reconnaissance à M. Dosso Massé pour son aide
dans l’obtention de données utilisées dans ce mémoire.
Finalement, nous adressons nos remerciements à tous les camarades de classe qui, de
manière permanente et spontanée, apportent leur aide ainsi qu’à toutes les personnes qui,
d’une manière ou d’une autre, ont apporté leur contribution à la rédaction de ce mémoire.
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SOMMAIRE
SOMMAIRE
DEDICACE............................................................................................................................................................ 2
REMERCIEMENTS................................................................................................................................................. 3
SOMMAIRE.......................................................................................................................................................... 4
LISTE DES ABRÉVIATIONS ET ACRONYMES............................................................................................................ 6
LISTE DES TABLEAUX............................................................................................................................................ 7
INTRODUCTION................................................................................................................................................... 8
PROBLÉMATIQUE.............................................................................................................................................................8
OBJECTIFS DE L’ÉTUDE......................................................................................................................................................9
ANNONCE DU PLAN..........................................................................................................................................................9
CHAPITRE I : HISTORIQUE ET CONCEPT DE LA GRATUITÉ DE L’ÉCOLE...................................................................11
CONCEPT DE GRATUITÉ DE L’ÉCOLE...................................................................................................................................11
HISTORIQUE DE LA POLITIQUE DE GRATUITÉ DE L’ÉCOLE........................................................................................................12
DÉPENSES GLOBALES D’ÉDUCATION DEPUIS 1990.............................................................................................................14
FINANCEMENT DE LA GRATUITÉ DE L’ÉCOLE.......................................................................................................................15
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POLITIQUE DE GRATUITÉ DE L’ÉCOLE : IMPLICATIONS FINANCIERES
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SOMMAIRE
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POLITIQUE DE GRATUITÉ DE L’ÉCOLE : IMPLICATIONS FINANCIERES
TABLEAU 4: PROJECTIONS DES EFFECTIFS PAR NIVEAU ET PAR SEXE DU PRIMAIRE PUBLIC DE 2011 À 2021.......................................32
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INTRODUCTION
INTRODUCTION
Problématique
payer une éducation de bonne qualité. À l’opposé, les démunis ne pourront pas accéder à
ce service car n’ayant pas d’argent. Pire, la probabilité est très forte que leurs progénitures
et leurs petits enfants à leur tour n’y aient pas accès. Ainsi, toute une génération a de
fortes chances d’être condamnée à l’analphabétisme et à la pauvreté. On se trouve dans
une situation de cercle vicieux. C’est donc conscient de ce problème que la République de
Côte d’Ivoire en l’an 2000 a, conformément à la Constitution du 18 février 2000,
proclamé officiellement la gratuité de l’école sur l’ensemble du territoire. Pourtant, cette
politique, officialisée depuis maintenant 10 ans est partiellement appliquée. Cela est
imputable en partie à la crise qui a secoué le pays depuis septembre 2002. Cependant, une
interrogation ne cesse de nous hanter l’esprit. Si une telle politique devait être reconduite,
quelles seraient les responsabilités financières supplémentaires que l’État devra assumer ?
Objectifs de l’étude
La présente étude a pour objectif d’estimation des dépenses de l’État qui découleraient de
la poursuite de la politique de gratuité menée en Côte d’Ivoire.
Plus spécifiquement, elle cherche à :
Annonce du plan
Dans un premier temps, nous exposons le concept de la gratuité de l’école tel qu’appliqué
en Côte d’Ivoire. Ensuite, nous procédons à une revue de la littérature concernant le sujet.
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INTRODUCTION
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POLITIQUE DE GRATUITÉ DE L’ÉCOLE : IMPLICATIONS FINANCIERES
Dans cette partie, nous définissons le concept de gratuité de l’école tel que nous
l’abordons tout au long de ce mémoire. Puis, nous donnons un bref aperçu de
l’engagement de l’État de Côte d’Ivoire en ce qui concerne l’éducation primaire depuis
les indépendances.
Coûts directs : les différents frais versés aux écoles (frais de scolarité)
1
IIEP Plan à Moyen Terme, page 18-19
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CHAPITRE I : HISTORIQUE ET CONCEPT DE LA GRATUITÉ DE L’ÉCOLE
La politique de gratuité de l’école consiste à lever les barrages monétaires subsistant dans
l’accès au service d’éducation, en supprimant les coûts directs et indirects. Vu la
multiplicité des coûts d’éducation, le contenu de « politique de gratuité de l’école » n’est
pas le même selon les pays.
La politique de gratuité n’est pas nouvelle en Côte d’Ivoire. En effet, même avant 2000,
l’état a toujours fait de l’éducation une priorité.
La république de Côte d’Ivoire a, depuis son indépendance, manifesté son intérêt pour le
secteur de l’éducation. Cet intérêt s’est traduit par un investissement soutenu dans ce
2
Communiqué du conseil des ministres, 19 septembre 2001, cité dans Eric LANOUE, (2003), Gender and Education
for All: The Leap to Equality, Côte d’Ivoire, Background paper prepared for the Education for All Global
Monitoring Report 2003/4, UNESCO
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POLITIQUE DE GRATUITÉ DE L’ÉCOLE : IMPLICATIONS FINANCIERES
domaine. Ces investissements étaient requis car la Côte d’Ivoire avait l’un des taux de
scolarisation les plus bas de la sous-région3. Ils ont consisté essentiellement en :
Cependant ces efforts ont été variables et nous pouvons subdiviser la période pré-2000 en
deux.
Période 1 : 1960-1980
Elle est caractérisée par une forte croissance des infrastructures et des effectifs. Cette
période est aussi associée à une croissance économique soutenue. Cela s’explique par les
fortes implications de l’État et du privé. Pour preuve de 1960 à 1980, le nombre d’écoles
est passé de 1 543 à 4 418, soit une hausse de 186% sur la période. Le taux de croissance
annuel moyen s’élève à 5,4%. Quant aux effectifs, ils sont passés de 200 000 à plus de
950 000 en 20 ans4.
Dans cette période, les dépenses de fonctionnement consacrées à l’éducation ont connu un
taux d’accroissement moyen d’environ 200% entre 1960 et 19805.
Période 2 : 1980-2000
3
10%, cité dans Noël Kouassi AYEWA, La scolarisation en Côte d’Ivoire, Université de Cocody-Abidjan.
4
DIPES, MEN
5
Cité dans Benjamin ZANOU, Infrastructures scolaires et scolarisation des enfants du primaire
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CHAPITRE I : HISTORIQUE ET CONCEPT DE LA GRATUITÉ DE L’ÉCOLE
La période après 2000, date d’officialisation de la gratuité de l’école, n’est pas plus
reluisante que les précédentes. Pour illustrer cela nous analysons les dépenses d’éducation
depuis 1990.
Du niveau des années 19906, l’on a enregistré une baisse qui s’est poursuivie jusqu’en
1995 avant de croître jusqu’en 1999. Ceci s’explique par la mise en œuvre des PAS
(Programmes d’Ajustement Structurels) depuis 1990. Ces PAS nécessitaient une
compression des dépenses, dont celles d’éducation dans le but d’améliorer la situation
budgétaire de la Côte d’Ivoire. Après les ajustements budgétaires réalisés sur la période
1990-1995, la position budgétaire améliorée de l’État lui permettait une plus grande
marge de manœuvre pour financer l’éducation. C’est ce qui justifie la hausse des dépenses
d’éducation de 1996 à 1999.
De 2000 à 2002, les dépenses d’éducation ont connu une hausse ; puis on note une baisse
suivie d’une stabilisation du niveau des dépenses d’éducation autour 370 milliards de F
CFA de 2003 à 2006. En effet, l’application de la gratuité de l’école a engendré des coûts,
lesquels sont reflétés dans la hausse enregistrée de 2000 à 2002. Cependant, l’avènement
de la rébellion armée de 2002 a contribué à freiner cette lancée de l’État en réduisant les
ressources allouées à l’éducation. En 2007, on constate un bond des dépenses qui
atteignent 392 milliards. Cette amélioration est surement due à la signature de l’accord de
Ouagadougou par les parties belligérantes.
6
En francs constants de 2007
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POLITIQUE DE GRATUITÉ DE L’ÉCOLE : IMPLICATIONS FINANCIERES
À cette baisse des dépenses d’éducation, l’on doit ajouter celle de la part allouée à
l’éducation primaire et préscolaire. D’un niveau de 50,5% en 1990, la part de l’éducation
primaire et préscolaire est tombée en 2000 à 46,6%. Malgré l’officialisation de la gratuité
à l’école primaire, cette part en 2007 est de 44,4% 7. L’on remarque donc que les
dépenses d’éducation du primaire n’ont pas augmenté en dépit de la réforme.
Les estimations que nous considérons sont celles basées sur des modèles de simulations.
Ces simulations utilisent presque toutes comme données la population d’âge scolaire, la
7
RESEN 2009
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CHAPITRE I : HISTORIQUE ET CONCEPT DE LA GRATUITÉ DE L’ÉCOLE
structure et la capacité du système éducatif, les taux de progression par niveau (TP, TR)
ainsi que les coûts des infrastructures, des manuels et les salaires… Cependant, elles
utilisent des cibles différentes. Pendant que Alain Mingat utilise le TAP, d’autres utilisent
le TBS ou le TNS comme cible à atteindre. Le problème avec de telles approches est que
les indicateurs utilisés ne captent pas suffisamment l’accès. Un TBS a tendance à capter
en plus de l’accès, les faiblesses du système, à savoir le taux de redoublement. Or la
politique de gratuité de l’école n’améliore pas un système. Elle permet simplement à de
nouveaux enfants d’y entrer. L’approche utilisant le TNS souffre de critiques similaires,
dans une moindre mesure car cet indicateur ne tient pas compte des redoublants. Par
contre, de même que l’approche avec le TBS, elle inclut le fonctionnement du système.
En ce qui nous concerne, nous pensons que l’indicateur le mieux adapté est le TBA. La
raison est que la politique de gratuité de l’école est une politique d’accès au service
d’éducation, et non une politique de couverture, ni de performance du système éducatif.
La politique de gratuité de l’école est une politique d’accès. En supprimant les frais
d’inscription à l’école primaire, le but recherché est la stimulation de la demande
d’éducation de la part des populations. Depuis la mise en œuvre de la politique de
gratuité, l’accès a connu une progression favorable. D’un TBA au primaire de 65% en
2000, l’on a atteint 71% en 20078. Cette évolution, bien que positive de l’accès, est faible.
Avec ce taux, la Côte d’Ivoire est loin de son objectif d’éducation pour tous. Les raisons
de ce faible taux d’accès proviennent à la fois de l’offre et de la demande.
8
Source : RESEN 2009
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POLITIQUE DE GRATUITÉ DE L’ÉCOLE : IMPLICATIONS FINANCIERES
9
Source : RESEN 2009
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CHAPITRE II : METHODOLOGIE
Dans cette partie, nous abordons les questions liées aux données, leur collecte et la
méthode que nous utilisons pour estimer les coûts de mise en œuvre de la gratuité de
l’école au primaire.
Données
Nous utilisons des projections de population fondées sur les données du RGPH 1998. Ces
projections par âge ont été effectuées par l’INS par la méthode des composantes. De plus,
nous utilisons les données de la DIPES. Ces données sont obtenues de manière annuelle
auprès des responsables d’établissements. Des formulaires sont envoyés aux directeurs
d’écoles qui les remplissent et les retournent via l’IEP et la DREN à la DIPES. Le taux de
remontée des fiches de renseignement ci-dessus évoquées n’atteint pas 100%. Pour
l’année 2008/2009, année de nos données scolaires, ce taux était au primaire de 93%, ce
qui veut dire que 7% des fiches n’ont pas pu être réceptionnées en retour par la DIPES.
De plus, le calcul des indicateurs tels les TP et TR se fait en utilisant les informations
relatives au nombre d’élèves par niveau selon l’année. La manière idéale de les calculer
serait de suivre une cohorte pendant leur passage dans le système.
Analyse descriptive
Il s’agit ici de décrire l’évolution du nombre de classes au primaire public depuis l’officialisation
de la politique de gratuité de l’école en Côte d’Ivoire. L’objectif de la SPU est de permettre à
plus d’élèves d’avoir accès à l’éducation. Pour pouvoir accueillir ces élèves, il était obligatoire de
construire des classes. En toute logique, l’on devrait observer une augmentation du nombre de
classes depuis l’an 2000.
En deuxième lieu, nous analysons le taux de redoublement. Nous avons choisi le taux de
redoublement parce qu’il résume l’information essentielle de la performance du système éducatif
ivoirien. Dans ce système, au primaire, un élève passe en classe supérieure (promotion), reprend
sa classe (redoublement), ou abandonne l’école. Nous pensons que l’abandon est lié au
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POLITIQUE DE GRATUITÉ DE L’ÉCOLE : IMPLICATIONS FINANCIERES
redoublement en ce sens que les redoublements découragent à la fois les parents et l’élève. Ainsi,
décrire le redoublement permet de capter l’inefficacité du système. Cette inefficacité a des
répercussions sur les coûts. Elle détermine la portion des dépenses qui sera improductive.
Pour l’analyse de petits échantillons (de taille comprise entre 5 et 30), l’on a recours à des
procédés non paramétriques. Dans le cas particulier de l’analyse de corrélation, les tests
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CHAPITRE II : METHODOLOGIE
statistiques non paramétriques les plus couramment utilisés sont ceux de Spearman et de
Kendall. Ces tests seront effectués sur les données dont nous disposons. Nous disposons
des dépenses d’éducation et des taux de couverture de 1999 à 2007, soit sur 9 années.
Choix de la méthode
Nous usons d’un modèle de simulation en éducation pour suivre l’évolution des effectifs
scolarisés et les dépenses correspondantes, précisément un Modèle de Simulation
Démographique en Éducation (MSDE). Les modèles de simulation sont des outils par
excellence pour la planification, permettant la construction de scénarios de
développement de l’éducation. Ils sont employés pour tester la viabilité des politiques
éducatives et des stratégies de mise en œuvre. Ils permettent d’opérer des choix alternatifs
visant à mieux faire face à un environnement dynamique. La planification de l’éducation
basée sur l’étude de scénarios offre la possibilité d’examiner une variété d’options
possibles pour le développement futur du système éducatif dans son ensemble ou de
certains aspects sous-sectoriels.
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POLITIQUE DE GRATUITÉ DE L’ÉCOLE : IMPLICATIONS FINANCIERES
Dans la réalité, les paramètres principaux de la simulation, que sont les taux de
scolarisation et les enveloppes budgétaires, sont interdépendants. Quel que soit le modèle
utilisé, les options prises en considération dans le scénario de départ subissent plusieurs
modifications avant d’aboutir à une version équilibrée. La recherche d’un scénario
donnant satisfaction au politique, amène le planificateur à tester de manière itérative
différentes options concernant les deux types de variables qui sont considérées tantôt
comme cause, tantôt comme conséquence. La décision finale se construit sur une
appréciation des implications de chacun des paramètres et le scénario qui sera finalement
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CHAPITRE II : METHODOLOGIE
adopté résultera d’un choix raisonné de variables possibles situées en amont et en aval du
processus de la chaîne de calcul.
Par exemple, dans les modèles démographiques, les coûts calculés en tant que ressources
financières nécessaires pour réaliser les objectifs de scolarisations peuvent s’avérer
irréalistes dans un contexte macro-économique et fiscal donné. Dans ce cas, vous devriez
revoir et modifier les paramètres d’utilisation des moyens (rapport élèves/enseignant,
taille de classe, nombre de manuels scolaires par élève, etc.) jusqu’à ce que vous
atteigniez un niveau de dépenses acceptable. En ce qui concerne les modèles financiers, le
plafond budgétaire retenu comme variable de décision peut être tel qu’il est difficile, voire
impossible, d’atteindre tel ou tel objectif politique de scolarisation ou de formation des
enseignants par exemple. Dans ce cas, vous pourriez agir sur les paramètres d’utilisation
de moyens susmentionnés en vue de réduire les coûts de l’éducation par élève et ainsi
pouvoir accueillir davantage d’élèves.
Ce sont ces raisons qui nous ont poussés à opter pour un MSDE dans la mesure où l’offre
gratuite d’éducation de la part de l’État sera la résultante de la demande exprimée par les
ménages à la suite d’une politique telle celle de gratuité de l’école.
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POLITIQUE DE GRATUITÉ DE L’ÉCOLE : IMPLICATIONS FINANCIERES
Sous ces conditions, dès que le modèle est élaboré, l’on a la possibilité de modifier la
valeur des paramètres, soit pris individuellement, soit plusieurs concomitamment, pour
identifier les conséquences sur le niveau des dépenses. De même, l’on a la possibilité
d’estimer immédiatement dans quelle proportion modifier une variable pour
contrebalancer l’influence d’une autre. À titre d’illustration, on peut évaluer de combien il
faudrait accroitre la taille de la classe pour compenser le recrutement d’enseignants plus
qualifiés sans modifier le coût par élève.
Une question importante est de définir le degré de désagrégation qu’il est pertinent de
retenir dans la structure analytique à la base de la modélisation. On peut en effet
considérer tout un continuum allant depuis :
une agrégation massive dans laquelle par exemple les dépenses courantes sont
simplement le produit d’un coût unitaire moyen et du nombre des élèves scolarisés au
niveau national,
une désagrégation très poussée dans laquelle on vise un grand niveau de détail tant du
point de vue des postes de dépenses que des populations concernées.
Notre modèle n’affiche pas un niveau de désagrégation poussé. Par contre, il procède à
une désagrégation par sexe pour tenir compte du genre. Dans la suite nous exposons les
variables utilisées pour cette simulation et l’enchaînement des calculs sous-jacents. En
annexe, se trouve un tableau récapitulatif des étapes d’une simulation informatique.
Population scolarisable
Elle est utilisée pour calculer le TBS sur les années de simulation. Ces données sont
désagrégées par sexe et par type d’enseignement (public, privé). Elles proviennent de
l’INS et concernent les projections de populations par âge spécifique jusqu’en 2020.
23 | P a g e
CHAPITRE II : METHODOLOGIE
TBA
La population scolarisable d’âge égal 6 ans permet de calculer le TBA pour l’année 2010-
2011. Il se situe aux alentours de 74%, signifiant que 26 enfants sur 100 n’ont toujours
pas accès à l’éducation de base. Cet indicateur est utilisé comme hypothèse dans le
modèle.
TP
TR
Le taux de redoublement n’est pas le même selon les niveaux. De 2000 à 2008, l’on
enregistre une baisse des redoublements à tous les niveaux. Par exemple, en l’an 2000, 20
élèves sur un total de 100 reprenaient leur classe de CP1. En 2008, moins de 15% des
élèves reprennent le CP1. Au CM2, d’un niveau de plus de 40% en 2000, le TR a atteint
33% en 2008.
Le coût d’une classe au primaire public en Côte d’Ivoire est composé des coûts de
construction et d’équipement. La construction s’élève à 10 000 000 FCFA et
l’équipement à 875 000 FCFA10. La somme donne un total de 10 875 000 FCFA.
Les instituteurs reçoivent leur salaire en fonction de leur catégorie. La paie annuelle
moyenne des IO est de 2 832 000 FCFA tandis que celle d’un IA est de 1 825 000 FCFA.
Lorsque l’on procède au calcul de ce ratio par région, on trouve soit 0,9 ou 1,1, signifiant
qu’un effort d’affectation des enseignants est nécessaire. Globalement on a un ratio d’un
enseignant par salle de classe, taux de nous utilisons dans notre simulation tout comme le
ratio élèves par classe.
Modèle de simulation
Dans cette simulation, les effectifs scolaires sont désagrégés par sexe et selon la
distinction public-privé. L’horizon est l’année scolaire 2020. Ainsi, tout au long de ce
document, le mot « cible » correspond à la valeur attendue d’un indicateur à cette date.
Pour cette simulation, nous disposons de 2010 à 2020, des effectifs par âge spécifique des
populations selon le sexe.
´
Eff 2010=Eff 2008 ×(1+ TxVarEff )2
TBA
Admis au CP 1
TBA=
Population en age d' aller à l' école
Ce taux est calculé d’abord en 2010. Il est calculé par sexe et par type d’école. Puis, un
TBA cible est fixé à 100%, dont 95% au public et 5% au privé.
25 | P a g e
CHAPITRE II : METHODOLOGIE
1
cible
r= ( initial ) durée dela période
−1
De cette manière, le taux de croissance moyen du TBA est calculé sur la période. On
obtient le TBA des autres périodes par composition du taux de croissance calculé avec la
valeur du TBA de la période précédente.
Taux de flux
Il s’agit ici d’utiliser les taux de promotion et de redoublement pour déterminer l’effectif
d’élèves de 2011 à 2020. La valeur de 2010 de ces taux de flux est obtenue en appliquant
deux fois le taux de variation moyen sur les données de 2008 comme ce fut le cas pour les
effectifs de 2010.
Où ¿tg+1désigne les redoublants de la classe g durant l’année scolaire t+1, Ele tg, les élèves
de la classe g durant l’année t et Nouvtg+1
+1
, les élèves nouvellement arrivés dans la classe
g+1 durant l’année t+1.
Effectifs scolaires
Les effectifs pour une année sont obtenus en sommant les effectifs par niveau obtenus
grâce aux taux de flux. Ces effectifs sont calculés pour le public, le privé, les garçons et
les filles.
Infrastructures
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POLITIQUE DE GRATUITÉ DE L’ÉCOLE : IMPLICATIONS FINANCIERES
Nous utilisons le ratio élèves par classe pour déterminer le nombre de classes nécessaires.
La cible de ce ratio est fixée à 45.
EffTotal
NbreClasses=
45
Enseignants
Les données du ministère de l’éducation indiquent un ratio élèves par maître autour de 45,
soit un ratio enseignant par classe de 1 au niveau national.
NbreEns=NbreClasses
Dépenses
DepensesSal=NbreEns × SalMoyen
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CHAPITRE III : RESULTATS
Dans cette partie, nous mettons en évidence les résultats de notre simulation,
principalement les projections du nombre d’élèves, les dépenses d’infrastructures et
salariales qu’implique la politique de gratuité de l’école.
Pour mieux cerner la question du redoublement à l’école primaire, nous calculons le taux
de redoublement. Il permet de connaître la proportion d’élèves qui ne sont pas admis en
classe supérieure et qui demeurent dans le système. En Côte d’Ivoire, le taux de
redoublement est particulièrement élevé. Il est de l’ordre de 22% dans le primaire. Sa
valeur diffère néanmoins en fonction du niveau d’étude concerné. Le tableau ci-dessous
par exemple montre que le TR au CM2 reste le plus élevé, bien qu’en considérable baisse
depuis le niveau observé de 2000. De 2000 à 2001, on observe malgré l’officialisation de
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POLITIQUE DE GRATUITÉ DE L’ÉCOLE : IMPLICATIONS FINANCIERES
année 99/00 00/01 01/02 02/03 03/04 04/05 05/06 06/07 07/08
CP1 18,3 21,5 14,8 22,2 18,8 26,8 20,3 17,1 14,1
CP2 19,8 20,9 12,9 21,2 19,3 24,6 18 16,2 15,6
CE1 22,3 24,1 15,8 24,8 22,2 28,4 21,6 18,4 16,7
CE2 21 22,5 15,3 23,2 22,6 28,5 20,7 18,3 18,3
CM1 26,6 27 18,5 27,9 25,2 29,3 23 19,7 20,6
CM2 42,9 43,1 29,5 45,6 27,9 43,4 31,7 29,4 33
Source : MEN/DIPES
Ceci est dû au fait que tester la corrélation entre de telles variables est difficile. La
couverture éducative peut être relativement constante même lorsque les dépenses sont en
hausse et vice-versa, tout comme les dépenses en relative baisse peuvent correspondre à
une couverture qui stagne et inversement. Ceci s’explique car les dépenses réalisées au
cours d’une année ont leurs répercussions bien plus tard. De plus les taux de couverture
11
Comme le montre le tableau ci-dessous
29 | P a g e
CHAPITRE III : RESULTATS
résultent d’action de moyen et long termes. Enfin, et très important, la crise ivoirienne
intervenue en 2002 n’a pas permis une correcte évaluation de la couverture sur l’étendue
du territoire ivoirien. Cette évaluation du TBS s’est limitée au recueil d’information en
zone gouvernementale, excluant les zones dites « assiégées ». C’est la raison pour
laquelle nous pensons que la non-existence de corrélation mentionnée plus haut ne
signifie aucunement que les investissements dans le secteur de l’éducation ne sont pas
corrélés à la couverture éducative. Au contraire, nous disons que c’est un résultat
prévisible au vu des raisons évoquées précédemment.
Tests
niveau Spearman Kendall
1%, 5%, 10% 0,3067° 0,1667°
Source : DIPES, DAF/MEN & Nos calculs
° Non significatif
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POLITIQUE DE GRATUITÉ DE L’ÉCOLE : IMPLICATIONS FINANCIERES
Comme dans le cas des dépenses d’éducation, nous disposons du nombre total de classes
au primaire et de la couverture éducative sur 9 ans. Les tests de Spearman et de Kendall
concluent à une corrélation12 entre le nombre de classes et le TBS. Cette corrélation est
positive ; elle nous permet d’affirmer que des investissements accrus correspondent à un
taux de scolarisation plus élevé. L’implication immédiate est que la construction de salles
de classes que nous préconisons dans la mise en œuvre de la politique de gratuité de
l’école est fondée sur le fait que de plus en plus de classes (dans la limite de la population
scolarisable) s’accompagneront d’une hausse TBS, laquelle proviendra essentiellement
d’un accès plus large au service d’éducation. De plus, la liaison positive mise en évidence
plus haut souligne la grande part de l’offre dans l’explication du faible accès à l’éducation
et par conséquent de sa faible couverture. Dans ce contexte la construction de classes
supplémentaires est importante non seulement dans la stimulation de la demande
d’éducation, mais aussi dans la satisfaction de celle-ci.
Tests
niveau Spearman Kendall
1%, 5%, 10% 0,9121* 0,8056*
Source : DIPES/MEN & Nos calculs
* Significatif
12
Voir annexes
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CHAPITRE III : RESULTATS
plus forte est enregistrée pour le CP1, traduisant un accès plus accru à l’éducation. De
plus, les hypothèses concernant les taux de flux assurent la pérennité de la politique de
gratuité en maintenant plus longtemps les élèves à l’école. Le gain en performance, partie
importante pour le succès d’une telle politique, contribue à restaurer la confiance des
parents. En effet, les taux de redoublements élevés couplés à l’incapacité de garantir un
emploi à la fin de la formation ont surement contribué à faire perdre à l’école sa
crédibilité. La spontanéité de la réponse à la politique met en exergue le fait que le déficit
d’offre demeure important dans l’explication du faible taux d’accès à l’éducation primaire
en Côte d’Ivoire. Cela signifie que régler la question de la fréquentation de l’école passe
avant tout par la mise à dispositions des populations des infrastructures pouvant accueillir
leurs progénitures et leur fournir une formation de qualité. La politique de gratuité de
l’école permettra d’ici 2021 à 3 412 260 élèves d’aller à l’école contre 2 208 995 élèves
projetés en 2011. Pour une vue plus large des implications démographiques de la SPU
telle que mise en œuvre en Côte d’Ivoire, le tableau ci-dessous expose les effectifs
désagrégés par niveau et par sexe de 2011 à 2021. Cette forte population scolaire
implique des dépenses qui sont exposées dans la partie suivante.
Tableau 4: Projections des effectifs par niveau et par sexe du primaire public de 2011 à 2021
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POLITIQUE DE GRATUITÉ DE L’ÉCOLE : IMPLICATIONS FINANCIERES
CE2 155 369 164 964 173 794 200 048 231 229 265 952
CM1 136 392 145 765 155 805 176 449 207 748 243 983
CM2 132 406 149 463 159 404 168 516 192 774 224 547
Source : DIPES et nos simulations
Dépenses d’infrastructures
En effet, les défaillances d’offre, étant une des causes du faible accès seront résolues par
la construction de plus en plus de classes. De plus, les problèmes de demande attribuables
aux coûts de l’éducation seront adressés dans la mesure où l’école devient gratuite. Ce
sont 3 634 963 (dont 3 412 260 au public) élèves en 2020/2021 contre 2 825 931 (dont
2 584 597 au public) en 2015/2016 et 2 454 439 (dont 2 208 995 au public) en 2010/2011
qui auront désormais accès au service d’éducation.
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CHAPITRE III : RESULTATS
Dépenses salariales
Les effectifs des enseignants du primaire public évoluent avec la population scolaire. Pour
un ratio cible de 45 élèves par enseignant, soit un enseignant par salle de classe, nous
obtenons les résultats suivants :
Dépenses de kits
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POLITIQUE DE GRATUITÉ DE L’ÉCOLE : IMPLICATIONS FINANCIERES
CONCLUSION
Conclusions et limites
La politique de gratuité est une partie très importante de l’initiative EPT à laquelle l’État
de Côte d’Ivoire a pleinement souscrit. Elle permet à de plus en plus d’enfants d’avoir
accès au service d’éducation. Les coûts de sa mise en œuvre sont très élevés. Le présent
document expose seulement les coûts d’infrastructure et de salaire nécessaires pour sa
réussite. D’autres coûts tels les charges administratives, les travaux de réhabilitation de
classes en mauvais état ne sont pas abordés. De plus, les dépenses ne représentent qu’une
partie de la mise en œuvre de la politique de gratuité de l’école. Un accent particulier doit
être mis sur la distribution géographique des infrastructures à construire.
Afin de mener à bien la politique de gratuité de l’école et atteindre les objectifs d’accès et
de couverture, un certain nombre de recommandations sont faites.
Recommandations
Nous recommandons que le plus grand nombre d’école soit construit en zone rurale vu
que la couverture de l’éducation en général, et primaire en particulier, y est plus faible
qu’en zone urbaine.
Le programme de cantines scolaires que l’État de Côte d’Ivoire et le PAM financent doit
être pérennisé. Il permet de réduire le coût d’opportunité de l’envoi d’un enfant à l’école
en assurant à celui-ci un repas à midi.
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CONCLUSION
Les redoublements, selon beaucoup, sont la source des abandons. Ils sont donc un frein à
l’achèvement du primaire. Il importe alors d’améliorer les taux de promotions et de
réduire à la fois les redoublements et les abandons.
L’éducation primaire débouche sur le secondaire. Les élèves qui achèvent le primaire sont
accueillis dans le secondaire. Pour une grande coordination des politiques d’éducation,
l’on doit veiller à construire les infrastructures permettant d’accueillir les élèves venant du
primaire.
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POLITIQUE DE GRATUITÉ DE L’ÉCOLE : IMPLICATIONS FINANCIERES
RÉFÉRENCES
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TABLE DES MATIÈRES
DEDICACE............................................................................................................................................................ 2
REMERCIEMENTS................................................................................................................................................. 3
SOMMAIRE.......................................................................................................................................................... 4
LISTE DES ABRÉVIATIONS ET ACRONYMES............................................................................................................ 6
LISTE DES TABLEAUX............................................................................................................................................ 7
INTRODUCTION................................................................................................................................................... 8
PROBLÉMATIQUE.............................................................................................................................................................8
OBJECTIFS DE L’ÉTUDE......................................................................................................................................................9
ANNONCE DU PLAN..........................................................................................................................................................9
CHAPITRE I : HISTORIQUE ET CONCEPT DE LA GRATUITÉ DE L’ÉCOLE...................................................................11
CONCEPT DE GRATUITÉ DE L’ÉCOLE...................................................................................................................................11
HISTORIQUE DE LA POLITIQUE DE GRATUITÉ DE L’ÉCOLE........................................................................................................12
Période 1 : 1960-1980.........................................................................................................................................13
Période 2 : 1980-2000.........................................................................................................................................14
DÉPENSES GLOBALES D’ÉDUCATION DEPUIS 1990.............................................................................................................14
FINANCEMENT DE LA GRATUITÉ DE L’ÉCOLE.......................................................................................................................15
Taux de flux..........................................................................................................................................................26
Effectifs scolaires..................................................................................................................................................27
Infrastructures.....................................................................................................................................................27
Enseignants..........................................................................................................................................................27
Dépenses..............................................................................................................................................................27
CHAPITRE III : RESULTATS................................................................................................................................... 29
ÉVOLUTION DU NOMBRE DE CLASSES AU PRIMAIRE PUBLIC DE 2000 À 2008...........................................................................29
ÉVOLUTION DU TAUX DE REDOUBLEMENT AU PRIMAIRE PUBLIC DE 2000 À 2008....................................................................29
CORRÉLATION ENTRE INVESTISSEMENT ÉDUCATIF ET ACCÈS....................................................................................................30
POPULATION SCOLAIRE AU PRIMAIRE PUBLIC DE 2011 À 2021.............................................................................................32
DÉPENSES D’INFRASTRUCTURES........................................................................................................................................34
DÉPENSES SALARIALES.....................................................................................................................................................35
DÉPENSES DE KITS..........................................................................................................................................................36
CONCLUSION..................................................................................................................................................... 37
CONCLUSIONS ET LIMITES................................................................................................................................................37
RECOMMANDATIONS......................................................................................................................................................37
RÉFÉRENCES....................................................................................................................................................... 39
TABLE DES MATIÈRES......................................................................................................................................... 40
ANNEXES........................................................................................................................................................... 43
BESOINS ET DÉPENSES EN CLASSES ET EN ENSEIGNANTS POUR LE PRIMAIRE PUBLIC EN 2010, 2015 ET 2020...............................43
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ANNEXES
ANNEXES
Besoins et dépenses en classes et en enseignants pour le primaire public en 2010, 2015 et 2020
Année scolaire 2010/2011 2015/2016 2020/2021
NbreClasses 49 089 57 435 75 828
NouvClasses 0 2 532 4 136
DepClasses (milliers) 0 27 537 435 44 979 228
EffScolaires 2 454 439 2 825 931 3 634 963
EffPublic 2 208 995 2 584 597 3 412 260
Elèves/Ens 48 47 45
BesoinNouvEns 0 4 389 6 761
NbreEns 45845 55 505 75 828
NbreIO 38186 34 148 32 181
NbreIA 7659 21 358 43 647
DepSal (milliers) 122 120 427 135 684 076 170 792 319
Source : DIPES, DAF/MEN & Nos calculs
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