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Une évaluation respectueuse des individualités

Pour mieux tenir compte de la personnalité et de la diversité de nos élèves, il convient


de varier les modes d’évaluation en diversifiant les types d’exercices qu’on leur
propose tant à l’écrit qu’à l’oral, individuellement ou en groupe.
La constante macabre est-elle une fatalité ? Un professeur peut-il se borner à
constater que sa classe est en retrait sur celles de ses collègues sans chercher à revoir
son mode d’évaluation ?
J’ai fait une expérience l’année dernière avec une classe hétérogène qui ne parvenait
pas à progresser, les élèves, découragés se complaisant dans leur rôle d’élèves en
difficulté. Pourquoi continuer inlassablement à les sanctionner lorsqu’ils confondaient
valeur approchée et valeur exacte ; pourquoi une énième fois leur dire qu’il faut
expliquer, rédiger ?... Mes efforts restaient vains. Changeant alors ma façon de les
évaluer, j’ai travaillé avec eux le brouillon, premier état d’un écrit, et pour cela j’ai
pris le tableau comme brouillon de mon cours. Expérience positive qui a permis à mes
élèves de progresser.

Motiver par l’écriture et l’invention

Nous devons développer les travaux écrits sous toutes leurs formes : les exercices
d’entraînement, les travaux individuels de rédaction (devoirs à la maison, travaux de
recherche avec documents), les tests de connaissance (interrogations écrites,
contrôles, etc.)
Des dossiers peuvent aussi être réalisés sur des thèmes présentant les mathématiciens
dont les noms illustres sont associés aux théorèmes de géométrie ou à la philosophie.
Mais les travaux écrits ne se limitent pas à cela.
On peut travailler à la mise au point préalable d’un devoir à la maison, faite par le
professeur qui commente oralement le sujet au gré des questions. Les élèves, venant
en classe avec un brouillon lors de la séance préparatoire, ne doivent pas écrire et
l’enseignant reformule ses explications autant de fois qu’il est nécessaire. Ils doivent
alors rédiger la solution pour la prochaine séance.
Un travail écrit très stimulant consiste à demander aux élèves d’inventer eux-mêmes
un exercice. Les modules en seconde sont propices à cette démarche. Je pense à cet
élève qui, par ailleurs inhibé, n’était pas évalué selon ses réelles capacités et ses
résultats étaient très moyens. Sa prise de confiance a débuté après qu’il a réalisé une
maquette de la table de Néper. Ce fut ce facteur inattendu qui a déclenché sa réussite
scolaire. Il a intégré ensuite une série S. Ces diverses approches des travaux écrits
nécessitent de la part du professeur une correction détaillée et personnalisée des
copies, un très grand investissement certes, mais ainsi les évaluations deviennent
positives et sont source d’une grande motivation pour les élèves.
La diversité et la fréquence des travaux écrits permettent aux élèves d’acquérir la
maturité et l’autonomie indispensables pour mener à bien leur projet personnel et
acquérir certains automatismes nécessaires pour les contrôles et les examens. Ils
améliorent aussi la qualité de la rédaction notée deux points sur quarante au brevet et
qui sera également prise en compte au baccalauréat.
Une évaluation diversifiée

On peut envisager dans ces conditions de faire une évaluation diversifiée en fixant par
écrit, en début d’année, les objectifs et les critères d’évaluation propres à chaque type
de devoir.
Les devoirs à la maison ne portent alors que sur la qualité de la rédaction et la
présentation du devoir, la résolution devant être faite dans son intégralité. Nous
évitons ainsi la dérive selon laquelle un élève copie sur son voisin car il réalise très
vite qu’il peut avoir une bonne note en prenant modèle sur les travaux qui ont été faits
auparavant en classe : un travail personnel le fera plus sûrement progresser dans le
domaine de la rédaction.
Le travail individuel de recherche avec document effectué en classe incite l’élève à
bien apprendre son cours. L’interrogation écrite portera, elle, uniquement sur la
capacité à utiliser les connaissances théoriques dans des exercices courts.
Le contrôle va réunir tous les critères énoncés ci-dessus.
N’oublions pas dans ce large éventail l’évaluation par le QCM. Nous savons qu’un tel
sujet a été donné au baccalauréat série S en 2004 et nous l’attendons prochainement
au brevet. Un bon élève peut-être dérouté face à un tel type d’exercice et un élève
moyen voire en difficulté peut être favorisé.

Évaluer autrement

Les professeurs et les parents sont encore très attachés à la note, mais ne peut-on pas
évaluer autrement ?
Nous avons trois exemples précis : les travaux personnels encadrés de première,
l’éducation civique juridique et sociale et le brevet informatique et Internet où les
compétences sont validées au fur et à mesure de leur acquisition. Ces modes
d’évaluation sont très moteurs aux yeux des élèves et les incitent à progresser dans
des domaines qu’ils ne maîtrisent pas d’emblée.
Dans le cas des TPE, les élèves prennent le goût de la recherche et n’hésitent pas à
reprendre cette activité en terminale où elle sera notée. La démarche qui débouche sur
une production, bien souvent de qualité, et les professeurs découvrent parfois des
élèves qu’ils trouvent bien ternes en classe !
L’ECJS permet à chacun de s’exprimer à l’oral et de montrer des qualités qui ne sont
pas nécessairement perceptibles à l’écrit.
Enfin, le B2i conduit à une évaluation continue qui conduit l’élève à progresser à son
rythme et à maîtriser des savoirs faire essentiels.
Nous devons donc prendre appui sur ces exemples et chercher à les développer dans
d’autres domaines plus traditionnels. Les professeurs des classes du soir ont bien
compris l’efficacité d’une évaluation par validation des compétences. L’élève qui
choisit lui-même la fiche qu’il doit travailler va voir son professeur lorsqu’il s’estime
prêt. Cette validation individuelle des compétences est bénéfique. L’élève, n’ayant
plus l’épée de Damoclès de la note qui le menace, a compris qu’on avait confiance en
lui et qu’il était capable de progresser. L’évaluation par les compétences favorise
l’émergence d’élèves qui ne sont pas scolaires au sens traditionnel du terme et qui
depuis des années rencontrent les mêmes échecs récurrents.
L’évaluation est un domaine fort complexe face auquel nous devons constamment
chercher à innover. Les tests nationaux que sont les examens conduisent à une
certaine modélisation des critères d’évaluation mais ils ne doivent pas nous masquer
les individualités de nos élèves.

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