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ENQUÊTE TECHNO

Web 2.0, premier système


DÉVELOPPEMENT.
Depuis son navi- On a du mal
gateur, l’utilisa- à croire
teur accède qu’il s’agit
désormais à des d’applications
applications aus- web
si riches et ergo- ZIMBRA. Le clone d’Outlook.
nomiques que Complet, riche et rapide, Zimbra
a poussé le raffinement jusqu’à
celles installées inclure le clic droit et des infobulles.
Un bien meilleur client de message-
rie que nombre de logiciels locaux.
en local. Une ré-
volution est-elle 24 SEVENOFFICE. Il gère
toute la relation client .
en marche ?

O
Cette suite couvre le suivi
des contacts jusqu’à la gestion
de projet, en passant par le
collaboratif. Ses performances
n secroirait revenu en1999 :le pâtissent parfois du choix
web est en pleine efferves- d’exécuter de nombreuses
cence. Des start up se créent fonctions en local.
chaque jour, et les capital-
risqueurs sont à l’affût. On
reparle même de révolution virtuelle.Tout fonctionneàl’identique quels développer ces applications en ligne. Ils
internet, la seconde celle du que soient le navigateur et la plate-forme. utilisent une technique simple, vieille de
web version 2.0. Dans ce nouveau monde, Pour ledirecteur informatique,c’est le rêve. sept ans : le transfert asynchrone. Plutôt
l’internaute ne se contente plus de cliquer S’il pouvait appliquer ces techniques aux que de charger des pages entières à chaque
sur des liens hypertextes. Il organise, mani- applications client-serveur, il réglerait d’un clic, ils ne récupèrent en tâche de fond que
puleet produit del’information,exactement coup ses problèmes de déploiement. Les les paquets de données nécessaires, décrits
comme avec une application bureautique. mises à jour seraient automatiques, sans enXML(XMLHTTPRequest).Ils s’appuient
Ce fameux web 2.0 a déjà ses pionniers, procédure d’installation ni la nécessité de ensuite sur le langage Javascript du navi-
ses hérauts et ses icônes. Il suffit de jeter un gérer des droits particuliers pour installer gateur pour modifier telou telélément dela
œil sur Zimbra, Flikr, Goowy ou 24Seven- tel ou tel composant. Nul besoin non plus page grâce au langage HTML dynamique.
office pour mesurer l’écart avec le web tel d’avoir des PCdecompétition.Unnavigateur C’est aussi Javascript qui gère les menus
qu’on le connaît. Jusqu’ici, chaque clic effa- suffit. Qu’il soit sous Linux, Mac OS ou Win- déroulants,leglisser/déplacer ou l’affichage
çait la page et provoquait un aller-retour dows,l’applicationfonctionneradelamême des boîtes de dialogue. Et comme XML-
avec le serveur. Maintenant, l’affichage est façon.Aurait-on trouvélechaînonmanquant HTTPRequest et Javascript existent dans
instantané. On profite du glisser/déplacer, des applications web riches ? tous les navigateurs modernes,l’application
des menus déroulants, des raccourcis cla- est, de facto, multi-plate-forme. En réalité,
vier, et même du clic droit. Moins d’échanges le développeur doit néanmoins composer
L’ergonomie n’a rien à envier aux appli-
cations locales.Et pourtant,il s’agit toujours avec le serveur avec les différences d’implémentation de
Javascript.
de pures applications web. Il n’y a rien à Avant de répondre, tâchons decompren- La technologie a l’avantage de n’appar-
installer au préalable :nipluginnimachine dre comment font Zimbra et consorts pour tenir àpersonne.CommeLinux,elle ●●●

46 • 11/11/2005 • 01INFORMATIQUE VOTRE AVIS SUR WEB 2.0 : WWW.01BLOG.FR/1835


d’exploitation en ligne
Les avantages
du client-
serveur....
• Une interface riche.
• Il encaisse les
traitements lourds.
• Ergonomique.
• Rapide.
MEEBO. Il réunit toutes
les messageries
WRITELY. Un vrai
traitement de texte .... sans les
instantanées . Elle se
connecte aux réseaux
qui couvre aussi bien
les documents Word inconvénients
ICQ/AIM, MSN, Yahoo,
Jabber et Google Talk.
que HTML. Il gère les
styles, les révisions,
• Non lié à une
Simple et légère, l’édition à plusieurs, plate-forme.
elle évite d’installer
plusieurs clients
les annulations
multiples, corrige
• Il ne requiert que
de messagerie sur l’orthographe et peu de ressources
sa machine. enregistre au format machine.
Word.
• Pas compliqué
à déployer.
GOOWY. Ce système d’exploitation en ligne propose un joli poste • Peu cher à maintenir
de travail avec une barre de tâches, un bureau, et toute une et à mettre à jour.
série d’applications. Une interface inspirée de Mac OS X.

Qu’est-ce que web 2.0 ?


Le concept de web 2.0 marque une nouvelle ère. Le web n’est plus une collection de sites, mais une sorte de système
d’exploitation pour applications web. A terme, les services de web 2.0 pourraient remplacer les applications bureautiques.
WEB 1.0 WEB 1.5 WEB 2.0
TYPE DE WEB Statique. Dynamique. Collaboratif.
PÉRIODE 1994-1997. 1997-2003. 2003.
TECHNOLOGIES HTML, GIF. DHTML, ASP, CSS. Ajax, DHTML, XML, Soap.
ASSOCIÉES

CARACTÉRISTIQUES Les pages web sont des Les pages web sont construites L’utilisateur devient contributeur.
documents statiques rarement à la volée à partir d’une ou Il publie des informations
mis à jour. plusieurs bases de données. et manipule les données.

01INFORMATIQUE • 11/11/2005 • 47
ENQUÊTE TECHNO

Un exemple d’application web 2.0 : Google Maps


1 Le navigateur com-
mence par charger
une carte beaucoup plus
grande que celle affichée,
ainsi que le code Javas-
cript qui servira à la
manipuler.

2 Quand on clique sur


les boutons pour
déplacer la carte, aucune
2
requête n’est envoyée au
serveur. Le code Javas-
cript déplace la grande 3
carte stockée en mémoire
en utilisant les feuilles de 5
style (DHTML).

3 Quand l’internaute
zoome sur la carte ou
qu’il la déplace dans
une zone limitrophe, le 1
code Javascript envoie 4
une requête au serveur
via la fonction XMLHTT-
PRequest pour recevoir
les prochains morceaux
de carte à afficher. Il invo-
que alors un service web sur le serveur.

4 Ce dernier renvoie les morceaux manquants dans un format JSON,


une sorte de Javascript binaire. Il pourrait aussi les récupérer en XML,
5 Les données reçues sont interprétées et affichées par
Javascript dans la fenêtre du navigateur. Si l’on repart en
arrière, l’affichage est immédiat, car les données sont déjà
mais il faudrait alors les décoder. Ce qui prend du temps. dans l’antémémoire.

●●● a évolué hors du sillage des fournis- bles ne sont pas typées, et il lui manque des le concept multi-plate-forme relève souvent
seurs. Outlook Web Access l’a inaugurée le notions de haut niveau. Résultat : le déve- du rêve. Même la référence Google Maps
premier en 1998, mais c’est Google qui l’a loppeur peut écrire n’importe quoi, n’im- rencontreencoredes problèmes avecSafari,
rendue célèbre avec Google Maps au début portecomment,car lelangageoffre une trop le navigateur des Mac.
de l’année. Puis tout s’est accéléré au mois grande liberté. Pour ces sceptiques, Ajax est avant
de mars, quand un consultant du cabinet tout unelubie, quiautoriseles développeurs
Adaptive Path a formalisé l’ensemble et lui Un calvaire frustrés par HTML à s’exprimer à nouveau
a donné le nom ronflant d’Ajax. Depuis, le
terme s’est diffusé comme une traînée de pour les chefs de projet avec un outil qui ressemble au client-ser-
veur. Tant que les outils ne seront pas au ni-
poudre. Provoquant un battage sans précé- Développer en Ajax peut aussi devenir veau des ateliers de développement du
dent chez les développeurs. très compliqué. Pour s’en convaincre, un marché – et cela prendra du temps – « toute
Seulement voilà. Ajax est encore loin coupd’œil sur lecodedeGoogleMaps suffit. autre solution sera toujours plus efficace
d’être mûr. Rappelons que ces techniques, Tout y est codé à la main : la transaction qu’Ajax ». En attendant, le seul intérêt qu’ils
quoiqueanciennes,ne sont formalisées que HTTP avec le serveur, la manipulation des lui reconnaissent est d’éviter de recharger
depuis quelques mois. Elles ont démontré données XML,les différences entreles navi- plusieurs fois les mêmes éléments d’une
leur intérêt pour de petites applications en gateurs. Ici, pas de développement visuel. page.Ajax est doncparfait pour économiser
ligne. Mais qu’en est-il pour les grosses ap- Les programmeurs débutants peuvent s’abs- de la bande passante. Mais pour le client-
plications d’entreprise, celles écrites en tenir. Pire : comme les outils d’aide au déve- serveur, il repassera.
Powerbuilder, Visual Studio, Delphi et loppement, au test, à la maintenance ou à la
autres Windev ? Là, les avis sont partagés. documentationmanquent encore,les délais Des bibliothèques
Il y a ceux qui n’y croient pas du tout.
Leurs plus grands reproches concernent
deviennent totalement flous. Difficile, dans
ces conditions, d’industrialiser le dévelop- masquent la complexité
Javascript. Pour eux, ce n’est même pas un pement. Bâtir des applications profession- Faux ! rétorquent les enthousiastes.Ajax
langage,mais unbricolageinventépour effec- nelles dans un tel contexte est perçu au à beau être jeune, son écosystème s’étend à
tuer quelques traitements locaux sur le na- mieux comme une solution à courte vue, au une vitesse phénoménale. L’intérêt est tel
vigateur. Il n’est pas orienté objet, ses varia- pire comme une hérésie. Sans compter que que, depuis cet été, il ne se passe pas une

48 • 11/11/2005 • 01INFORMATIQUE
WEB 2.0, PREMIER SYSTÈME D’EXPLOITATION EN LIGNE

Ce qu’ils pensent d’Ajax


LE SCEPTIQUE LE PRAGMATIQUE L’ENTHOUSIASTE
Laurent Thierry Dominique
Bédé, Nivelet, Derrien,
directeur technique fondateur développeur et architecte
chez BNP-Paribas de l’éditeur Abaque chez Oracle

« Il ne faut pas enterrer « Un bon moyen « Une technologie


le client lourd » de reprendre les appli- qui va dans le sens
« Le déploiement en client-serveur n’est cations existantes » de l’histoire »
plus un problème. Avec un nombre fini « Au lieu de redévelopper l’application « Le seul critère bloquant pour basculer
d’utilisateurs, des outils comme Java Windows en Ajax, nous la faisons des applications client-serveur en Ajax
Web Start assurent un déploiement tourner sur un serveur. Les écrans sont reste l’accès transparent au disque
transparent. Fiducia AG, par exemple, ensuite passés dans une moulinette local. Pour le reste, Ajax n’apporte que
a déployé automatiquement une pour ne reproduire que les modifica- des bénéfices : c’est le client web facile
application Java/Swing de 120 Mo sur tions sur le client web. L’application Ajax à déployer et à maintenir. Il n’y a pas de
plus de 100 000 postes. Derrière Ajax, ne se charge que de l’affichage et du protocoles cachés ou bloqués par les
il y a un bricolage incroyable. Même si renvoi des frappes clavier et des clics pare-feux, il est rapide et flexible. Les
les outils s’améliorent, les meilleures souris. Ils sont interprétés par notre critiques formulées sur Ajax sont vali-
bibliothèques d’aujourd’hui atteignent serveur et renvoyés à l’application d’ori- des, mais les choses s’améliorent tous
à peine le niveau de ce que faisait Visual gine, qui retournera les changements les jours. Nous verrons bien où l’on en
Basic il y a dix ans. Quel intérêt y a-t-il d’affichage vers le client. Cela fonction- sera dans cinq ans. Quant à ceux qui
à rester centré sur le navigateur ? ne un peu comme Citrix. A la différence dénigrent Javascript, ils ont tort.
C’est le nivellement par le bas. Le client qu’il n’y a pas de flux échangés, juste Certes, il a besoin d’être manipulé par
du futur, le téléphone, a depuis des événements graphiques. Résultat : des développeurs expérimentés.
longtemps opté pour un modèle l’application d’origine est peu modifiée, Mais on pourrait bientôt imaginer un
avec des applets. » et elle fonctionne à distance. » Javascript++, comme C++ avec C. »

semaine sans l’annoncedenouvelles biblio- Une plus grande liberté aucun problème. Jackbe a ainsi reproduit à
thèques de développement. Le niveau de de manœuvre l’identique une application de gestion Visual
connaissance augmente, et la plupart des
problèmes de jeunesse sont réglés ou en malgré ses défauts Basic. Multifenêtrage, boutons avec icônes,
raccourcis clavier, tout yest.Ajax laisse tout de
passe de l’être. Des différences existent en- Seposeaussileproblèmedu multimédia. même une grande liberté de mise en œuvre.
tre les navigateurs ? Des bibliothèques Sans extension, le navigateur ne sait pro- Certains choisissent d’effectuer unmaximum
viennent masquer cettecomplexité.XMLest duire ni son ni animation. Un sérieux handi- de traitements sur le serveur, n’abandonnant
trop verbeux pour certains transferts de capfaceau client-serveur.Alors certains ont au navigateur que la partie présentation.
données ? Préférez-lui JSON. Ses objets Ja- eu l’idée d’utiliser Flash. Il est quasiment D’autres optent pour un maximum de traite-
vascript binaires plus compacts réduisent installé sur tous les navigateurs,et rienn’em- ments sur leclient.Mais attentionàl’overdose
les traitements côté client. C’est la méthode pêchedelepiloter avecJavascript au lieu de de Javascript dans les pages. Les temps de
adoptée par Google Maps. Mais quid des l’Actionscript deMacromedia.C’est d’ailleurs chargement s’allongent, et l’application est
outils de test et des ateliers de dévelop- la technique qu’a retenue Goowy pour son ralentie.Tout résidedans un savant dosage.
pement visuel ? Ils arrivent doucement chez bureau virtuel. Le résultat est saisissant : on La guéguerre entre partisans et réfractai-
Tibco(GeneralInterface)et Backbase.Quant se croirait sous Mac OS X ! res à Ajax risque finalement d’être arbitrée
à JSUnit, HTTPUnit et Selenium, ils assu- A voir certaines réalisations, cloner une par les utilisateurs. Quand ils auront goûté à
rent ledébogageet JSDocladocumentation. applicationclient-serveur enAjax neposerait des applications web 2.0 comme Gmail, ils
On attend aussi beaucoup de Microsoft, qui auront du malà revenir enarrière.Ils necom-
vient de présenter Atlas, son framework prendront pas pourquoileur application web
Pour en savoir plus
Ajax pour Visual Studio. Bien sûr, ces outils d’entrepriseest silenteet sipeu ergonomique.
ne sont pas encore au niveau de ceux que •Qu’est-ce que le web 2.0 ? Ce sont eux quipousseront àadopter Ajax.
l’on trouve dans d’autres environnements. • Qu’est-ce qu’Ajax ? Restera tout demême unproblèmeinso-
Mais ils progressent vite. L’idéal serait de • Les meilleurs sites Ajax luble : le travail hors ligne, sur un portable,
standardiser les bibliothèques pour ne pas • Les bibliothèques et les ateliers Ajax quandiln’yapas deconnexioninternet.Car
avoir à réapprendre une interface de pro- même sielleal’air d’uneapplicationlocale,
Retrouvez toutes les adresses sur :
grammation à chaque fois que l’on change www.01blog.fr/1835 une application web restera toujours une
de fournisseur. application web.● ANICET MBIDA

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