Vous êtes sur la page 1sur 2

Les Elus municipaux

Verts de Mérignac

Le 26 Novembre 2003

A Monsieur Dominique MOYEN


Commission Particulière du débat public
La Cité Mondiale
23 Parvis des Chartrons
33 000 Bordeaux

Monsieur le Président,

Principalement motivé par la croissance future des transports routiers, le projet de grand
contournement est une fois de plus un projet qui vise à favoriser l’expansion des déplacements par
voie autoroutière sans proposer d’autres modes alternatifs.

Les principales difficultés de notre agglomération sont actuellement liées au développement de la


circulation automobile dans son ensemble et notamment sur la Rocade Bordelaise et non uniquement
au phénomène camion utilisé dans ce dossier comme un prétexte, même si la croissance de ce mode
de transport est tout à fait préoccupante et inacceptable.

Pour nous, il n’est pas concevable d’accepter comme un fait inexorable que le trafic poids lourds va et
doit se développer et qu’il faille en conséquence lui dédier une autoroute urbaine dit « Grand
Contournement » alors que le trafic camion en transit s’il est « impressionnant » n’entre en fait que
pour moins de 10 % du trafic sur l’agglomération. Aucune réflexion alternative n’a été mise en avant
pour essayer de trouver des solutions en utilisant au mieux les nombreuses infrastructures
existantes.

En effet, n’existe- t- il que la voiture et le camion pour se déplacer et transporter des marchandises ?
N’existe t il pas d’ autres modes que l’on puisse développer d’ici 2020 tel le rail voyageur, le
ferroutage ou le merroutage ? Il n’ y a également aucune référence à l’inter modalité entre les
circulations douces, le vélo, le piéton et le transport en commun.

Ce projet est une réponse « sans fin » contraire au principe même du développement durable. Ainsi
le diagnostic même du chapitre consacré à la Rocade pages 18 et 19 du dossier est proprement
révélateur et indique déjà quelles en seront les conséquences : « à peine achevées, les nouvelles
infrastructures génèrent elles même augmentation du trafic et congestion », les exemples sont
cités : pont Miterrand + 39%, Hourcade +33.4%, RN89 Rocade+ 24%, A63 Cestas + 20.2%, tout ceci
en moins de 5 ans.

Le principe est largement éprouvé, toute nouvelle infrastructure génère un besoin de trafic nouveau
supplémentaire qui annule de facto la congestion que cette même infrastructure était supposée régler
au préalable.

Y a t il un élément nouveau dans le dossier présenté qui ferait mentir cette règle ? A notre sens
aucun. Au contraire, la thrombose automobile qui atteint quotidiennement les portions de la rocade
de Mérignac ira en s’accentuant.

Doit on rappeler combien les nuisances sont nombreuses, nuisances sonores pour les riverains,
dépréciations foncières, pollution atmosphérique, participation à l’émission de gaz à effet de serre,
destruction du patrimoine naturel, défiguration et destruction de paysage et de l’environnement fragile
que constitue l’ouest girondin.

Outre les dégâts cités, ce projet sera une catastrophe annoncée en matière d’urbanisme. En effet, la
CUB avec une superficie équivalente à l’agglomération Lyonnaise compte déjà deux fois moins
d’habitants. Si cette faible densité urbaine offre une certaine qualité de vie grâce à un environnement
traditionnel de qualité, c’est au prix d’un volume de déplacement automobile record en France,
puisque l’agglomération bordelaise a le plus fort taux d’utilisation de la voiture et le plus faible des
modes alternatifs doux.

Le projet de grand contournement « ne règlera en rien les problèmes quotidiens de congestion de la


Rocade essentiellement lié aux trafics locaux », pages 37 et 44 du document.

La conséquence évidente est plutôt une accentuation du phénomène dit de l’étalement urbain,
aggravant la dissémination de l’habitat. Les collectivités locales impactées par ce projet seront tentées
également de développer des zones d’activités économiques et commerciales. L’ensemble de ce
phénomène sera évidemment supporté par le contribuable qui assumera les équipements des
réseaux, des routes et sous – routes. Pour autant l’Etat n’équipera pas ces nouvelles zones en service
public qui seront vouées aux pérégrinations multi quotidiennes et la plupart « gazolées ».
Cette infrastructure proposera de toute évidence une sortie en direction de l’aéroport de Bordeaux
Mérignac. Notre ville subira de plein fouet les conséquences néfastes expliquées ci - dessus. Les
échangeurs et équipements de raccordement menaceront directement la biodiversité locale
notamment les terres agricoles, les zones humides des JALLES, les espaces de campagne urbaine
ou de landes girondines restantes encore sur ce secteur de l’agglomération.

Pour autant, il nous semble que des solutions basées sur l’utilisation des infrastructures
existantes avec la mise en œuvre d’une véritable réflexion sur les modes de déplacement peut
apporter des réponses. A l’instar de l’expérimentation projetée à Grenoble, nous demandons une
étude de faisabilité pour organiser une circulation alternée et contingentée sur la troisième voie de la
Rocade et sur certaines portions en utilisant la bande d’arrêt d’urgence. Cette « troisième voie »
serait interdite aux poids lourds aux heures de pointes, de 7 heures à 9 heures 30 et 16 heures 30 à
19 heures 30, soit environ 5 à 6 heures par jour de la semaine. Des zones refuges et d’attentes seront
conçues et aménagées à différents endroits de la rocade et en périphérie.

Pendant ces créneaux horaires, la « troisième voie » de la rocade pourrait être réservée aux
transports en commun et aux voitures particulières occupées par au moins deux personnes,
promouvant ainsi le co-voiturage.

Pendant les créneaux ouverts aux transports poids lourds, les distances minimum entre véhicules
lourds seront respectées ainsi que la vitesse par un contrôle sévère.

Nous vous demandons d’étudier les répercutions de ces dispositions sur le trafic de la Rocade.

Notre proposition, n’est donc pas d’offrir des équipements autoroutier pour que se développe un mode
de transport poids lourds décrié par de nombreux citoyens ou institutions, mais au contraire d’utiliser
de façon rationnelle et économe l’espace et les infrastructures existantes afin de promouvoir un
développement durable de l’ensemble de l’ agglomération.

Nous demandons que soit acté le principe d’un développement harmonieux en privilégiant
renouvellement et aménagement des infrastructures sur les emprises existantes.

Veuillez croire Monsieur le Président en l’assurance de notre considération la plus sincère.

Gérard Chausset, Conseiller Municipal, Conseiller à la CUB


Xavier Svahn, Conseiller Municipal,
Raymonde Juhel, Conseillère Municipale de Mérignac
Christine Gallard, Conseillère Municipale de Mérignac
Dominique Vaillant, Conseillère Municipale de Mérignac
Jean Michel Segretin, Conseiller Municipal de Mérignac

Vous aimerez peut-être aussi