ASSE
MBLE REPUBLIQUE FRANCAISE
NATIONALE UBERTE - EGALITE - FRATERNITE
M. Francois Hollande
Président de la République
Elysée
55 rue du Faubourg Saint-Honoré
75008 PARIS
Paris, le 12 novembre 2015
Monsieur le Président de Ia République,
est des sujets dans une démocratie qui exigent de ne jamais baisser les bras, parce
que le sort qui leur est réservé illustre ’idée que l'on se fait de la justice. Celui que nous
soumettons & votre vigilance et votre autorité est affaire de principe dans une « République
numérique », porteuse d'un nouvel age démocratique si le développement des outils
numériques sert activement la liberté "informer et le travail de la presse.
Plusieurs sites de presse en ligne viennent de se voir notifier des redressements de
TVA et des mises en demeure qui menacent leur existence, ou & tout le moins, leur
développement dans les années qui viennent.
Le taux de TVA de la presse est de 2,1%. Celui de ta presse en ligne était jusqu’en
février 2014 étonnamment aligné, au plan européen et au plan francais, sur celui des services
en ligne de commerce électronique & 19,6%, puis 20%. Il en résultait une distorsion de
concurrence évidente, mais surtout un obstacle aux développements des titres qui, de fagon
pionniére, avaient fait le choix d’une diffusion exclusivement payante en ligne.
En 2014, le Parlement a enfin reconnu la neutralité des supports, en appliquant le taux
réduit 4 tous les titres, qu’ils soient édités sur papier, en mode numérique, ou que leur
diffusion soit mixte,
La directive européenne de 1991, qui régissait 1a TVA, totalement dépassée par la
révolution numérique, est elle-méme remise en chantier sous les injonctions volontaristes du
président Juncker. Plus généralement, la neutralité des supports est un principe de droit qui a
heureusement cheminé au plan européen. La commission Numérique et libertés de
V'Assemblée nationale a fortement insisté dans son rapport final sur l'importance de ce
principe. A la veille de I’examen par le Parlement de la loi Lemaire, il nous parait essentie!
que les actes ne s’éloignent pas des discours.REPUBLIQUE FRANCAISE
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Tl reste & traiter des années passées, puisque ces médias en ligne ont défendu
publiquement et appliqué le taux réduit, ce qui leur est encore aujourd'hui reproché. C'est
pour eux 2 la fois une question de principe et un enjeu financier vital.
Nous pensons qu'il convient d’aborder ainsi cette affaire, équitablement et avec
courage
1) Partout, en France et en Europe, cette différence de traitement est jugée absurde depuis
de nombreuses années, é tous les niveaux.
La prise de décision nationale et communautaire a connu un retard stupéfiant et
dommageable, dans une période oti chacun s’attache a reconnaitre les multiples opportunités
de l'économie numérique.
Ilya done A nos yeux une obligation collective, morale et politique, & prévenir cette
exe’s de rigueur fiscale a I'égard de ceux qui ont ouvert la voie dans leur domaine
professionnel, et qui étaient fondés & bénéficier de ce taux réduit.
2) L’interprétation de ta loi fiscale a été inutilement rigoureuse.
és leur origine, les titres de presse en ligne sont des entreprises _de presse, avant
8ire des services en ligne. La loi fiscale au taux plein aurait pu, aurait di ne pas leur étre
appliquée.
L’application de la loi frangaise transcrivant une directive européenne, inopérante pour
des raisons historique évidentes, aurait da emprunter un autre chemin,
L'égalité devant la loi fiscale peut-elle étre invoquée, quand la loi est archaique et que
son application sans discernement crée une réelle discrimination ? I! est urgent de porter
remede a cette injustice,
Notre République a, depuis le XIXéme siécle, réservé a la presse des droits
particuliers, parce qu’elle sert la démocratie. S’en afiranchir pour la presse en ligne est une
erreur d’appréciation qui aurait da étre corrigée dés Vorigine au sein méme de
administration fiscale.
3) L’ajout de pénalités considérables, dans ce cas précis, est réellement choquant.
Quelle que soit Ia position retenue sur le fond, il faut admettre que les intéréts de
retards et les pénalités (40% !) appliqués dans ces dossiers sont étonnamment sévéres. Les
points de vue défendus ne laissent pas de place & la mauvaise foi, mais & des positions de
principe, certes différentes de celles des services fiscaux, mais auxquelles I"Histoire a donné
raison.
‘Aussi, nous en appelons aux hautes autorités de I’Etat pour qu’une solution juste soit
trouvée sans retard avec l’aide du Gouvernement.
Elle peut emprunier plusieurs voies, qui ne sont pas exclusives les unes des autres :
= le vote par le Parlement d’une disposition interprétative ;
= examen positif d’un recours par le ministére des Finances ;
= une médiation entre I’Etat et les entreprises de presse concerées.ASS
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Le renvoi aux contentieux administratif, constitutionnel, et aux juridictions
curopéennes, en raison de leurs délais de trop longues années, serait sans effet devant cette
situation, inévitablement vécue par les intéressés et par opinion publique, comme un
inexplicable acharnement.
Nous souhaitons par cette démarche vous alerter. et demander de la part du
gouvernement un examen complet, sans complaisance ni privilege, dans un esprit qui fasse
prévaloir les principes les plus essentiels, ceux de notre Constitution et du droit européen.
Nous vous prions d’accepter, monsieur le Président de la République, expression de
notre trés haute considération.
Pascal Cherki
Député de Paris
Sergio Coronado
Député des Francais établis hors de France
Nevis Olt
Laurence Dumont
Députée du Calvados
1 Vice-présidente de I’ Assemblée nationale
wht
pl
Daniel Goldberg,
Députée de Seine-Saint-Denis
Patrice Martin-Lalande
Député du Loir-et-Cher
Co-président du groupe internetASSEMBLEE REPUBLIQUE FRANGAISE
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Chote R (A
Christian Paul
Député de fa Nievre
Co-président de la commission numérique et libertés
Lr
Laure de la Rauditre
Députée d’Eure-et-Loir
Franck Riester
Député de Seine-et-Marne