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LA LITTERATURE MESOPOTAMIENNE 

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PLAN THEMATIQUE : 

Cosmogonies, anthropogonies, et mythes sur l'ordre du monde 

La cosmogonie sumérienne 

L'Atra­hasis 

Le mythe d'Enki et Ninmah 

L'Epopée de la création (Enûma Elish) 

Les Sept Sages 

Le Déluge 

Enki et l'ordre du Monde 

Mythes sur les dieux 

Enlil et Ninlil 

La descente d'Inanna aux Enfers 

Ninurta et Azag/Anzû 

Inanna et Enki 

Enki et Ninhursag 

La visite de Nanna à Nippur 

Ereshkigal et Nergal 

L'Epopée d'Erra 

L'ordalie de Marduk 
Récits héroïques, épopées 

Enmerkar et le seigneur d'Aratta 

Gilgamesh et Agga 

L'Epopée de Gilgamesh 

Le mythe d'Etana 

Le mythe d'Adapa 

Oeuvres de pensée 

Le Monologue du Juste souffrant 

La Théodicée 

Le Dialogue du Pessimiste 

Autres 

Le pauvre homme de Nippur 

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Dès que l'écriture mésopotamienne a atteint un stade lui permettant de mettre par écrit de véritables 
oeuvres littéraires, de nombreux mythes, issus jusqu'alors de la tradition orale, on put être mis par 
écrit (entre autres, car la littérature mésopotamienne ne se limite pas à cela). Lorsque les 
nombreuses tablettes d'argile sur lesquelles étaient transmis l'héritage culturel de la civilisation 
mésopotamienne ont été exhumées à partir du XIXè siècle, c'est tout un ensemble de récits mettant 
le plus souvent en scène les dieux, mais aussi des héros légendaires, qui se présentèrent à nous, nous 
aidant à mieux comprendre cette culture qui s'est développée durant plusieurs millénaires, depuis les 
Sumériens jusqu'aux derniers lettrés mésopotamiens du début de notre ère. Nous allons ici passer en 
revue les principaux mythes et épopées mésopotamiens, et voir l'évolution de la pensée 
mésopotamienne à travers eux. 
Note : il est souvent assez difficile de classifier des textes mésopotamiens dans un genre littéraire ; 
de nombreux textes se présentent notamment sous la forme de prières aux Dieux (hymnes, 
lamentations, on trouve aussi des prières dans des récits), alors que les listes servent dans plusieurs 
domaines : histoire, droit, "sciences", etc. ; un aspect de la littérature religieuse (simples hymnes, 
incantations, rituels) a été volontairement laissé de côté, et à littérature "scientifique" et à celle 
juridique, évoquées dans les pages traitant de ces sujets. 

SUMER : LA FORMATION DE LA CIVILISATION MESOPOTAMIENNE 

Les Sumériens sont les initiateurs de la civilisation mésopotamienne. Ce sont le premier peuple au 
monde à avoir développé l'écriture, donc le premier a avoir développé une littérature. Leur apport 
est donc considérable, et ce à l'humanité toute entière. Ce sont eux qui ont développé la première 
mythologie mésopotamienne. Ils ont créé la première consmogonie, l'anthropogonie, et le mythe du 
Déluge. Ils ont aussi développé le panthéon mésopotamien, et ont élaboré les premiers récits 
héroïques. Beaucoup de ces textes ont eu une influence qui a dépassé le cadre de la Mésopotamie 
antique, puisque l'on retrouve certaines influences dans la Bible ou chez les Grecs. La période 
sumérienne est donc déterminante. 
Si la plupart de ces récits ont étés élaborés (à l'oral) durant le IIIè millénaire, ils ne nous sont connus 
que par des tablettes plus tardives, datant au mieux de la période de l'Empire d'Akkad (2340­2190) 
et de la néo­sumérienne (2190­2004), durant les quelles ils ont étés pour la première fois mis par 
écrit. Sinon ils sont connus depuis des textes écrits par des scribes sémites en sumérien, malgré la 
disparition de ce peuple, aux IIè et Ier millénaires, ou en akkadien. Les textes sumériens ont 
toujours étés recopiés par leurs successeurs, avec quelques modifications toutefois. 
(Bibliographie : S.Noah Kramer, L'Histoire commence à Sumer, Flammarion, Champs) 

La cosmogonie sumérienne 

Il n'existe pas de mythe sumérien expliquant la création de l'Univers. On connaît juste quelques 
allusions à cela dans quelques textes. S.N. Kramer a reconstitué la cosmogonie sumérienne à partir 
de ces quelques éléments. Une part importante est jouée par la déesse Nammu, qui est la Mer 
Primordiale. Elle a enfanté An, le Ciel, et Ki, la Terre. Ils formaient au départ une "montagne 
cosmique". Ces deux divinités ont enfanté les Annunaki, les grands dieux (dont Enlil, Enki, Inanna). 
Le plus grand de ceux­ci, Enlil, le dieu de l'athmosphère, sépare ensuite le Ciel et la Terre, et créé 
l'Univers tel que le concevaient les Mésopotamiens. L'ensemble réside sur la Mer Primordiale. La 
Terre (Ki) est située sur un plan qui sépare le Ciel (An) et l'Enfer (Kur). Sur ce plan, elle est 
entourée par l'Océan Terrestre, l'Apsû, dont le maître est Enki. Cette cosmogonie ne découle pas 
d'un seul mythe. Il ne s'agoit donc pas d'une oeuvre littéraire. Mais sa présence ici est nécessaire du 
fait qu'elle dispose de traits généraux qui vont se retrouver dans les cosmogonies akkadiennes. 

Le Déluge 
Un autre mythe sumérien sur les origines du Monde est celui dit du "Déluge". Dans des temps très 
reculés (d'ailleurs qualifiés par les Mésopotamiens "d'avant le Déluge"), les dieux et les hommes 
vivaient en harmonie, sous l'administration du roi des dieux Enlil, les derniers servant les premiers, 
dans les cinq cités primordiales, Eridu, Bad­tibira, Larak, Sippar, et Shuruppak, où se trouve la 
dynastie régnante au moment du Déluge. Pour des raisons inconnues en raison de lacunes sur la 
tablette, les dieux, en particulier Enlil, décident d'anéantir les êtres humains, en provoquant un 
immense Déluge qui les tuera tous. Mais l'un d'entre eux a décidé de contrecarrer ce plan en 
avertissant Ziusudra, roi d'une des cinq villes, très respectueux des dieux, et en lui ordonnant de 
construire un bateau qui le sauvera du Déluge. Lorsque celui­ci survient, et dure sept jours et sept 
nuits, tous les Hommes sauf Ziusudra et les siens. Lorque les eaux se retirent, il semble que les 
dieux lui pardonnent cet acte et donnent une seconde chance aux êtres humains, et Anu et Enlil 
déifient Ziusudra et l'envoient à Dilmun (Oman dans le Golfe Persique). Ce mythe a évidemment 
inspiré le mythe de Noé, ainsi que ceux plus proches de l'Atrahasis et de l'Epopée de Gilgamesh. 

Les cycles des dieux 

Les Sumériens ont imaginé le panthéon de la Mésopotamie. Ils ont défini le rôle des dieux, ainsi 
que leur personnalité. Les dieux sumériens sont assez proches des humains. Ils ont une personnalité 
très marquée, avec leurs qualités et leurs défauts. Ils vont ensuite être "déshumanisés", pour devenir 
quasiment inaccessibles chez les Sémites (voir plus bas). La mythologie sumérienne comporte de 
nombreuses oeuvres. Elles mettent en scène les dieux, dans leurs rapports entre eux, mais aussi avec 
les humains. Certains dieux sont même très proches de ces derniers, et prendront une part active 
dans les récits héroïques. Quelques figures se démarquent. An et Enlil, les deux dieux principaux, 
ne sont pas les plus représentés dans ces mythes. Enki (Ea chez les Sémites), le dieu le plus rusé, 
créateur de l'Homme et son plus fidèle protecteur, créateur de la civilisation, et grand ordonnateur 
du monde, se trouve comme personnage principal de nombreux mythes. Inanna (Ishtar chez les 
Sémites) est la divinité féminine majeure de la civilisation mésopotamienne. Déesse de l'amour, elle 
est d'une grande beauté, est séduisante, mais capricieuse, voire colérique, et sait user de ses atouts. 
C'est l'une des divinités qui a de tout temps eut le plus de faveurs de la part des fidèles. Ces deux 
dieux sont donc ceux qui sont le plus présents dans la mythologie mésopotamienne (voir aussi les 
autres paragraphes). Mais il existe évidemment d'autres récits qui mettent en scène d'autres dieux. Il 
s'agit ici de voir les principaux mythes sumériens mettant essentiellement en scène des dieux. 

ENKI 

Enki et l'ordre du monde 

Ce mythe raconte comment le dieu de la sagesse organisa le monde en fixant un rôle à chancun des 
êtres vivants et en pourvoyant de ses bienfaits certains pays. Le dieu organise le Monde autour du 
pays de Sumer, et fait en sorte que les pays alentours puissent servir à le pourvoir en diverses 
richesses. Il commence par faire de la ville d'Ur un grand port ouvert sur le Golfe Persique d'où 
parviendront les biens du Monde entier. Il se rend ensuite au lointain pays de Meluhha (la vallée de 
l'Indus, à cette époque cadre de la puissante civilisation harapéenne), extrémité orientale du 
commerce maritime avec Sumer, qu'il pourvoie en or, en étain, mais aussi en produits agricoles. 
Puis il fait demi­tour et se dirige vers Dilmun (Bahrain, déjà le cadre du mythe d'Enki et Ninhurshag 
; voir plus bas), d'où l'on exportera des céréales et des dattes, avant de se rendre en Iran, plus 
particulièrement en Elam, qui produira des pierres et de métaux. Puis il traverse la Mésopotamie 
pour se rendre en Syrie, pays des Martu (les Amorrites), qui seront de grands éleveurs. Ainsi, le 
Monde est organisé par Enki autour de Sumer, qu'il pourvoiera en bien dont le pays ne dispose pas, 
et instaure les cadres politiques et économiques de ce dernier. Puis, dans une seconde partie, le dieu 
assigne chacun des dieux à une tâche précise, au cours d'une longue énumération où sont passés en 
revue tous les domaines de la civilisation mésopotamienne. Ainsi, Enki est non seulement celui qui 
a organisé le monde des Hommes, mais également celui qui a décidé du rôle des dieux. 

Enki et Ninhursag 

Le récit se passe sur l'île de Dilmun, l'actuel Bahrain, qui entretient alors d'intenses relations 
commerciales avec Sumer. Ce mythe raconte comme Enki a fait de cette contrée, au départ 
désertique, une région disposant d'abondantes ressources pour le bonheur de Sumer. Le dieu y fait 
creuse d' abord un puits, pour faire apparaître l'eau douce, nécessaire à la vie, et donc au 
développement des plantes. Après cela, il couche avec son épouse Ninhursag, qui, en neuf jours, 
met au monde Ninsar, la déesse des légumes. Puis Enki couche ensuite avec Ninsar, qui met au 
monde en neuf jours Nin­Kur, divinité des plantes destinées au filage, qui donnera de même Uttu, 
déesse du filage, à Enki. Ainsi, le filage, activité importante de la civilisation, peut apparaître à 
Dilmun après l'apparition des plantes destinées au filage. Le récit comporte une lacune alors que 
Enki poursuit cette dernière. On reprend le texte au moment où Enki, qui a certaines parties de son 
corps meurtries, se fait aider par Ninhursag qui lui donne des plantes médicinales (en fait les 
divinités de ses plantes) pour se guérir. Ce mythe a donc montré une nouvelle fois Enki en tant que 
créateur de la civilisation. 

INANNA 

Inanna et Enki 

Ce récit sumérien met en scène la déesse Inanna (Ishtar chez les Akkadiens), patronne de la ville 
d'Uruk où se trouve son temple l'Eanna. A une époque reculée, sa ville est peu développée, et à un 
niveau de civilisation assez faible. Il n'en est pas de même dans la ville voisine d'Eridu, patrie du 
dieu de l'Abîme, mais surtout de la sagesse, Enki, qui a permis à ses sujet à accéder à un haut degré 
de civilisation grâce à tous ses me ­ pouvoirs détenus par les dieux, caractéristiques de toute société 
civilisée, qu'ils pouvaient transmettre à leurs sujets, qui allaient de la réflexion, au bonheur, à 
l'élevage, à la musique, la prostitution, etc., on en dénombre une quantité impressionnante, et ce 
récit est d'ailleurs en majorité constitué de leur énumération, ce qui le rend assez lourd à lire. 
Inanna, jalouse de cela, décide de faire en sorte qu'Uruk puisse aussi disposer des ces me, et se rend 
à Eridu. Elle s'invite chez Enki qui se voit contraint de lui offrir un banquet auucours duquel elle 
l'ennivre, et s'empare des me qu'elle transmet à sa cité, qui devient alors aussi civilisée qu'Eridu. 

La descente d'Inanna aux Enfers 
Ce mythe sumérien raconte comment la déesse Inanna, déjà déesse et reine du Ciel, a décidé de se 
rendre maître des Enfers, où réside sa soeur et ennemie jurée Ereshkigal. Elle décide pour cela de 
s'y rendre, mais prend quelques précautions avant. Elle avertit son conseiller Ninshubur de ses 
intentions, et lui dit que si elle n'est pas de retour après trois jours et trois nuits, il doit aller prévenir 
Enlil, puis, si ce dernier n'accorde aucune aide, Nanna, et, enfin, en dernier recours, Enki. Une fois 
cela fait, elle se rendre au pays sans­retour. Une fois aux protes de l'Enfer, elle invente un prétexte 
pour pouvoir rencontrer sa soeur. Mais celle­ci, avertie par son portie, pressent le danger. Aussi, elle 
feint d'accepter et fait pénétrer Inanna dans son royaume, en la faisant passer sept portes. A chacune 
d'elles, on lui enlève un bijou ou un vêtement, de sorte qu'elle se présente nue devant Ereshkigal. 
Celle­ci appelle alors les Annunaki, les Sept Juges des Enfers, qui lui jettent le "regard de mort", qui 
la tue. Puis sa soeur fait pendre son cadavre à un clou. 
Ne la voyant pas revenir, Ninshubur se rend chez Enlil à Nippur. Mais ce dernier refuse d'aider 
Inanna, obligeant le vizir de celle­ci à se rendre à Ur, chez Nammu, qui a la même attitude. 
Ninshubur se rend donc comme dit à Eridu, chez Enki, qui lui accorde son aide à sa soeur. Il 
confectionne deux êtres asexués, le Kurgarru, auquel il confie la "nourriture de vie", et le Kalaturru, 
auquel il confie le "breuvage de vie". Il les envoie aux Enfers, où ils se disent chargé de ramener le 
corps d'Inanna au Ciel. Ereshkigal accepte, et ces derniers ramènent la déesse à la vie avec la 
nourriture et le boisson confiés par Enki/Ea. Mais, si cette dernière veut sortir des Enfers, elle doit 
trouver quelqu'un pour la remplacer. Aussi, elle remonte sur Terre, accompagnée de démons 
envoyés par les dieux des Enfers pour la surveiller, pour trouver la victime. Elle se rend d'abord à 
Umma et à Bad­tibira, où les divinités tutélaires de ces villes se prosternent devant elle, échappant 
ainsi à la mort. Elle visite ensuite Kullab, où réside son époux Dumuzi, qui lui l'accueille sur son 
trône, dans ses plus beaux vêtements. Alors Inanna, furieuse de le voir aussi peu respectueux, dit 
aux démons de s'emparer de lui, et de l'emmener aux Enfers à sa place. Il est donc envoyé au pays 
sans­retour. Cependant, sa soeur Geshtinanna intercède en sa faveur, et émeut Inanna, qui réclame sa 
libération. Mais Ereshkigal ne cède qu'à la condition qu'il passe une moitié de l'année sur Terre 
auprès de son amante, Geshtinanna le remplaçant aux Enfers, avant de retourner dans l'Autre Monde 
le reste de l'année. Ceci inspirera le mythe grec où Aphrodite et Perséphone se disputent Adonis, 
avant d'aboutir à un "partage" identique. Ces trois divinités sont d'ailleurs les pendants grecs des 
trois mésopotamiens. 
Une version akkadienne de ce texte a été écrite au IIè millénaire. Si l'histoire reste globalement la 
même, et que les noms des dieux changent (Inanna devient Ishtar, Nanna devient Sîn, et Enki 
devient Ea), il y a aussi quelques modifications à certains passages. Ainsi, plutôt que d'envoyer de 
démons asexués aux Enfers, Enli/Ea envoie un être chargé de séduire Ereshkigal et de délivrer 
Ishtar, ce qu'il fera. 

LES AUTRES DIEUX 

Enlil et Ninlil 

Le grand dieu Enlil, fortement attiré par la déesse Ninlil, la suit, et l'épie alors qu'elle se baigne. Il 
ne peut résister et la viole alors qu'elle est encore vierge. De cette union naît Nanna, le dieu­lune. 
Les autres dieux sont scandalisés par cette attitude, ne peuvent pas laisser le crime impuni, bien 
qu'Enlil soit leur maître. Ils le condamnent donc à l'exil en Enfer. Mais Ninlil, qui n'en veut pas à 
Enlil, et qui est au contraire très attirée par lui, le rejoint en secret. Par deux fois, ils couchent 
ensemble, et la déesse met au monde deux autres dieux. Les dieux qui avaient exilé Enlil aux Enfers 
finissent par le pardonner, et ils le laissent reprendre sa place au Ciel, avec Ninlil à ses côtés. 

Ninurta et Azag 

Ce mythe sumérien met en scène Ninurta et Azag, le démon de la maladie. Le démoniaque rapace 
Azag a dérobé les insignes divins du grand dieu Enlil. A cause de ce vol, toute l'organisation de 
l'univers est brisée, et les dieux perdent leur pouvoir. Dans le désordre général, Ea confie à Ninurta, 
fils d'Enlil, la mission de terrasser Azag et de rétablir l'ordre. Le jeune dieu par à l'assaut, mais le 
rapace le bat en lui jettant un sort renvoyant ses armes à leur état originel. Après cet échec, Ninurta 
revient auprès de son oncle qui lui enseigne la manière de vaincre le démon. En envoyant de 
puissantes bourrasques de vent sur Azag, Ninurta l'étourdit et l'empêche de jeter son sort, puis peut 
ensuite l'abattre avec ses flèches. Le vainqueur est alors fêté par les dieux comme leur champion, 
celui qui a rétabli l'ordr, et obtient sa place éternelle dans le temple de son père Enlil à Nippur. Ce 
mythe sera plus tard réécrit au début du IIè millénaire dans une version akkadienne qui reprend le 
même récit, à la seule différence que Azag devien Anzû. 

La visite de Nanna à Nippur 

Ce texte datant de la IIIè Dynastie d'Ur raconte le voyage du dieu de cette cité, Nanna/Sîn (le dieu­
lune). Il décide donc de partir d'Ur, pour rendre visite à son père Enlil et à sa mère Ninlil dans leur 
cité, Nippur. Il se fait construire un somptueux bateau, le charge de présents destinés à ses parents, 
puis il embarque. Il est successivement arrêté à Enegi, Larsa, Uruk, Shuruppak et Tummal, où les 
trésors qu'il transporte attisent la convoitise des sanctuaires locaux, mais il continue son chemin 
jusqu'à Nippur. Arrivé là, il entre dans le temple de son père, l'Ekur, et lui fait ses offrandes. Son 
père, heureux de cette visite et de ces présents, invite alors son fils à un grand banquet. Nanna 
profite de l'occasion pour remercier son père de ses bienfaits, et lui demander de faire des bienfaits 
pour sa ville, Ur. Enlil ne peut qu'accepter, et accorde à Ur la prospérité. On voit bien que ce texte a 
aussi des visées politiques, puisqu'il montre qu'Ur est une ville aimée des dieux, et que donc ses rois 
sont biens ceux qui doivent dominer la Mésopotamie. 

Les récits héroïques 

Une série de mythes sumériens met en scène des souverains légendaires, datant d'une époque à 
laquelle l'écriture ne pouvait rapporter l'Histoire. Ils passent pour être les premiers grands rois de la 
région. Il est probable que ces récits soient basés sur des faits réels romancés transmis par la 
tradition orale (un peu comme la guerre de Troie), jusqu'au IIè millénaire, au cours duquel ils ont 
été transcris par écrit. Ils mettent en scène des souverains mésopotamiens résidant dans les plus 
anciennes villes du pays. La plus grande d'entre elles était Uruk, qui semble avoir eu une grande 
importance politique à l'époque dite proto­dynastique (vers 2850­2500). Ces souverains légendaires 
étaient Lugalbanda, Enmerkar, et Gilgamesh. Ils ont opposés dans ses légendes à d'autres souverains 
de villes voisines. Ainsi, Enmerkar a maille à partir avec le souverain de la ville d'Aratta (lieu 
inconnu, situé quelque part en Iran méridional) dans cinq mythes. Lugalbanda, qui dans ses 
légendes est un soldat d'Enmerkar, participe à ces guerres. Gilgamesh est lui opposé à Agga de 
Kish, la cité rivale, et accompli d'autres exploits. Enmeberagasi, le prédécesseur d'Agga, est connu 
pour ses exploits militaires, contre l'Elam notamment. On retrouve par ailleurs ces souverains dans 
les listes dynastiques sumériennes, qui leur attribue des règnes long des centaines d'années. Le 
souverains ayant eu droit au plus de récits est Gilgamesh, qui est par la suite devenu une divinité 
chtonienne, ne se contentant plus de son statut de demi­dieu. Ses exploits ont plus tard étés compilés 
dans l'imposante Epopée de Gilgamesh, avec l'ajout de quelques autres textes, dont celui du Déluge 
(voir plus bas). Nous allons voir ici les principaux mythes. Le premier, Enmerkar et le seigneur 
d'Aratta, présente une guerre diplomatique ardue, avec, en prime, une explication de l'invention de 
l'écriture. Le second nous montre une autre guerre surtout diplomatique, avec en prime un exemple 
du fonctionnement du "Parlement" des cités archaïques de Sumer. 

Enmerkar et le seigneur d'Aratta 

Ce texte, le plus long de tous ceux des cycles des souverains légendaires, raconte comment 
Enmerkar, le roi d'Uruk, fils du dieu­soleil utu, veut soumettre la cité rivale d'Aratta. Il demende à 
sa "soeur", la déesse Inanna de l'aider à se faire livrer par le peuple d'Aratta un tribut destiné avant 
tout à restaurer le temple d'Enki à Eridu, L'Apsû, mais aussi à embellir le sanctuaire d'Uruk. Inanna 
conseille alors à Enmerkar de dépêcher un héraut, qui traversera les redoutables montagnes séparant 
les deux cités (le pays d'Anshan, ce qui confirme qu'Aratta est probablement une cité élamite) pour 
avertir le seigneur d'Aratta. Enmerkar s'exécute, et le héraut franchit les montagnes, arrive à Aratta 
où il prévient son seigneur de livrer le tribut, et d'envoyer son peuple bâtir l'Apsû, exigé sous peine 
de représailles. Mais ce dernier refuse. Le héraut retourne donc à Uruk, où Enmerkar élabore un 
stratagème destiné à faire plier son rival. Il renvoie le héraut à Aratta, où il récite "l'incantation 
d'Enki", hymne composé par Enmerkar commémorant ce dieu, dans le but d'apitoyer le seigneur 
d'Aratta pour qu'il consente à payer le tribut destiné à l'Apzû. Mais ce dernier refuse encore. 
Enmerkar renouvelle ses menaces, mais le seigneur d'Aratta reste inflexible, se sentant l'égal du roi 
d'Uruk et se proclame protégé d'Inanna. Mais le héraut lui annonce qu'Inanna l'a abandonné, et est 
désormais du côté d'Uruk, et à même promis d'aider Enmerkar à soumettre Aratta. Affligé, le 
seigneur d'Aratta, consent à se soumettre à Uruk, à la seule condition que Enmerkar lui envoie une 
importante quantité de grain. Celui­ci réfléchit, procède à des rituels, et accepte finalement. Mais il 
charge son héraut d'augmenter ses exigences en demandant de nouvelles pierre précieuses. Mais le 
seigneur d'Aratta, dans un sursaut d'orgeuil, refuse et demande à Enmerkar de lui livrer, lui, ces 
pierres précieuses. Lorsque le roi d'Uruk apprend cela, il renvoie le héraut à Uruk, sans message, 
mais avec son spectre. Ceci effraie le seigneur d'Aratta, qui est prêt à céder, mais se ravise, et 
propose à Enmerkar d'organiser un combat singulier entre deux champions des deux cités, pour 
déterminer le vainqueur du conflit (qui reste diplomatique). Le roi d'Uruk accepte le défi, mais 
augmente ses exigences, en demandant au peuple d'Aratta de faire des offrandes importantes pour le 
temple d'Inanna à Uruk, l'Eanna, ce qui constituerait une humiliation après le soutient apporté par la 
déesse à Uruk au lieu d'Aratta. Pour soulager le héraut qui, harassé, n'arrive plus à se souvenir bien 
des messages dont il est chargé, Enmerkar recours alors à une invention : l'écriture. Le seigneur 
d'Aratta, alors qu'il lit le message, reçoit le secours d'Ishkur, le dieu de l'Orage, qui lui offre de 
grandes quantités de blé. Fort de ce soutient, il peut relever la tête. La suite du texte est lacunaire, et 
ne permet de connaître les étapes qui aboutissent, à la fin, à la victoire d'Enmerkar. Le peuple 
d'Aratta livre le tribut à l'Eanna, et fournit les matériaux pour construire l'Apsû. 

Gilgamesh et Agga 

Ce récit raconte la lutte entre Agga, le roi de Kish, la cité qui dominait Sumer, et Gilgamesh, roi 
d'Uruk, cité rivale qui refuse cette souveraineté. Agga envoie un ultimanum dans lequel il demande 
à Gilgamesh de reconnaître sa supériorité, et de devenir son vassal. Devant ce problème, Gilgamesh 
convoque son "Parlement". Ce dernier est constitué de deux chambres : une assemblée des anciens 
(un Sénat en quelque sorte), et une autre constituée des citoyens dans la force de l'âge (c'est­à­dire 
des combattants potentiels). Gilgamesh est résolument pour la guerre, mais les Anciens s'y 
opposent, et proposent la soumission. Les combattants, en revanche, soutiennent leur seigneur. 
Gilgamesh tient compte de ce dernier avis (le "Parlement" semble donc avoir surtout été 
consultatif), et Kish, plus puissante qu'Uruk, assiège cette dernière. Mais devant la puissance de 
Gilgamesh qui toise les troupes adverses du haut de ses remparts, la terreur s'installe dans le camp 
ennemi. Agga accepte alors de faire la paix avec son ennemi. Uruk a donc résisté à l'hégémonie de 
Kish grâce à son puissant souverain. 

Le début des récits royaux 

Avec la création des premiers royaumes, les inscriptions royales font leur apparition. Le premier 
document historique important apparaît avec la "Stèle des Vautours", faite sur l'ordre de Eannatum, 
roi de Lagash, vers 2430. Le souverain y évoque sa brillante victoire sur Umma, la cité rivale de 
Lagash. Mais il s'agit surtout d'un récit par les images, et le texte ne constitue qu'en quelques 
inscriptions identifiant le roi. D'autres souverains profitent de leur activité de bâtisseur pour évoquer 
leur action politique sur les briques d'édifices. 
Un autre roi de Lagash, Gudea (2142­2122), adressera à un long récit commémorant ses exploits 
pacifiques à Ninurta, dieu de la cité. Il y raconte comment son dieu lui avait ordonné en rêve de 
reconstruire son temple, ce qu'il avait fait avec de somptueux matériaux en tout genre. Les 
souverains avaient pris pour habitude de commémorer leurs exploits sur des inscriptions rédigées 
sur des vases, ou des édifices. 
Certains poèmes, particulièrement remarquables de par leur style et leur ton émouvant, évoquent les 
malheurs des grands royaumes d'Akkad (la Malédiction d'Akkad) et d'Ur (la Lamentation sur les 
ruines d'Ur), qui après avoir dominé la Mésopotamie ont disparu brutalement. 

LE RENOUVEAU DU DEBUT DU IIè MILLENAIRE 

Une fois les Sumériens disparus, leur esprit créateur semble s'êtr envolé avec eux. Les populations 
sémitiques, les Akkadiens et les Amorrites, qui dominent la Mésopotamie toute entière, sont 
incapables de rivaliser avec leurs prédécesseurs. Mais il sauront bien utiliser l'héritage sumérien, et 
créer de nouveaux mythes à partir d'anciens récits sumériens. L'Atrahasis est la reprise de la 
cosmogonie sumérienne et du Déluge ; l'Epopée de Gilgamesh, les mythes d'Adapa et d'Etana 
reprennent des personnages légendaires sumériens. 
L'originalité des Sémites s'exprime en fait dans la réflexion théologique : la vie, la mort, les 
rapports entre les Hommes et les Dieux. Les dieux paraissent plus lointains, inaccessibles, et sont 
moins représentés avec des caractères "humains" comme auparavant. Tout ce qui les rendait trop 
humains, dans le côté bestial de l'humanité, est éliminé. Les histoire perdent ainsi l'aspect sexuel qui 
était présent dans de nombreux mythes sumériens. 
La période de la Première Dynastie de Babylone marque l'apogée de la littérature akkadienne, 
surtout sous le règne de son plus grand roi, Hammurabi (1792­1750). 

L'Atra­hasis 

Le mythe d'Atrahasis est un poème de 1200 vers environ rédigé au XVIIè siècle. Ce mythe 
ressemble en fait à la compilation des deux premiers récits sumériens sur la cosmogonie vus plus 
haut. 
Dans la première partie, il est expliqué comment les dieux étaient à l'origine divisés en deux 
groupes : les uns travaillant pour les autres, qui vivaient tranquillement dans l'oisiveté. Mais comme 
les premiers avaient du fait de cette inégalité décidé de cesser leur travail jusqu'à ce qu'une solution 
soit trouvée, les dieux s'étaient réunis sous la menace de la famine, et Ea (nom sémitique d'Enki) 
avait proposé pour résoudre le problème de créer l'Homme. Ce dernier est crée avec de l'argile pour 
le façonner, à laquelle on ajouta le sang du dieu Wê­ilu (qui donna le nom awîlu, "l'homme (libre)"), 
immolé pour permettre de rendre l'argile plus malléable. Puis la déesse­mère Ninmah donne vie à 
l'être crée. 
Dans la seconde partie, on voit que les Homme exécutent leur tâche à la perfection, mais qu'ils sont 
cependant très gênants pour les dieux, dont Enlil, maintenant tous oisifs, et qui ne peuvent trouver 
de repos dans ce vacarme, d'autant plus que les Hommes ne cessent de se multiplier. Pour résoudre 
ce problème, le roi des dieux envoie des épidémies, puis la famine pour décimer une partie de ses 
serviteurs. Mais Ea, protecteur des humains, son oeuvre, déjoue ses plans par l'intermédiaire de son 
protégé Atrahasis, le "Supersage", un homme qui prévient les siens à chaque danger. Enlil, de plus 
en plus exapéré, décide d'en finir avec les Hommes en déclanchant le Déluge, et en interdisant à Ea 
de communiquer avec l'un d'entre eux pour l'avertir. Mais Ea contourne le problème en s'adressant à 
lui en rêve, et en parlant à Atrahasis travers sa palissade. Ce dernier fabrique donc un bateau qui les 
sauvera du Déluge, lui et les siens, ainsi que chacun des animaux du Monde. Lorsqu'il constate 
après le désastre que ses plans ont été déjoués, Enlil retrouve néanmoins son calme, car il a réalisé 
que la disparition des Hommes le ramènerait à la situation qui avait entraîné leur création. Il accorde 
l'immortalité à Atrahasis, mais fait en sorte que les Hommes troublent moins sa quiétude, en faisant 
en sorte qu'Ea diminue la durée de vie des Hommes, et en introduisant la maladie, la stérilité, etc. 

La composition de nouveaux mythes 

Le mythe d'Enki et Ninmah 

La création de l'Homme est expliquée dans un mythe dit d'Enki et Ninmah. Il date du milieu du IIè 
millénaire, et a probablement été inspiré de l'Atra­hasis. Les dieux, tous nés de la mère primordiale 
Nammu résident sur Terre, où une première catégorie vit tranquillement alors qu'une seconde 
travaille pour tous. Les seconds commençant à protester, Nammu demande à Enki de chercher à 
créer une créature dont le rôle sera de travailler à la place des dieux secondaires, et pour tous les 
dieux, rendant ainsi leur vie plus facile. Ce dernier ne tarde pas à trouver une idée et dit à sa mère de 
façonner cette créature avec de l'argile puisé à la surface de l'Abîme, dans un moule qu'il 
confectionne, avec l'aide de la déesse Ninmah (la parèdre d'Enki) et d'autres divinités, puis de leur 
donner ensuite vie. Cet ouvrage, l'Homme, trouve un accueil très favorable de la part des dieux, qui 
se réunisssent autour d'un grand banquet pour fêter l'évènement. Au cours du repas, Enki et Ninmah 
sont passablement éméchés. Cette dernière lance un défi à son époux : elle donnera la vie à d'autres 
êtres humains qui seront "imparfaits" (un être asexué, une femme stérile, un boîteux, etc.), et met 
Enki au défi de leur trouver une tâche dans la société. Celui­ci y arrive haut la main. Puis il lance à 
son tour un défi identique à sa femme, en créant un être humain informe (un "monstre"). Ninmah 
n'arrive pas à lui trouver une tâche, et perd le duel. 
On voit ainsi que ce récit cherche à répondre à plusieurs questions que se posent les hommes : leur 
raison d'être (c'est­à­dire servir les dieux), et pourquoi il existait des êtres "imparfaits" à leurs yeux. 

Ereshkigal et Nergal 

Il s'agit d'une des rares créations littéraires originales de la période, ayant trait de plus aux dieux, et 
à l'ordre du panthéon (que l'on commence d'ailleurs à élaborer à cette période). Ce récit a pour point 
de départ un festin organisé par les dieux, au ciel, près de leur père à tous, An. Seule manque à la 
fête Ereshkigal, déesse des Enfers, qui ne peut sortir de son royaume. An décide donc de lui garder 
une part, que vient chercher un messager de la reine. Mais alors que tous les dieux présentent leurs 
respects à Ereshkigal, Nergal est au contraire insultant. Celle­ci étant offensée, Ea conseille à Nergal 
de se rendre aux Enfers pour s'excuser, tout en prenant d'infimes précautions face au courroux de la 
reine des Enfers. Mais ce dernier reste insouciant, et une fois près d'Ereshkigal, il la séduit, puis 
repart. La déesse, offensée, devient menaçante pour les dieux de l'En­haut. Ea, pour châtier Nergal, 
le rend laid. Ce dernier trouve néanmoins le moyen de retourner aux Enfers, où il reséduit 
Ereshkigal. Mais cet acte constituera une erreur : les grands dieux le contraignent à épouser la 
déesse, et il devient ainsi le dieu de l'Enfer auprès de celle­ci. 
Ce texte justifie l'apparition de Nergal, dieu akkadien, comme divinité des Enfers, auprès de 
Ereshkigal qui assurait seule cette fonction dans la mythologie sumérienne, et explique donc une 
modification du panthéon mésopotamien. 

Les récits héroïques babyloniens 

La composition de longs récits épiques commence à cette période. L'oeuvre majeure et la plus 
célèbre est de loin l'Epopée de Gilgamesh, mais les deux autres mythes ont aussi connu un certain 
succès. Ces récits montrent des êtres humains cherchant à dépasser leurs limites, mais qui sont 
toujours rattrapés par la réalité, par leur destin. On voit que les Dieux sont les maîtres de Hommes, 
mais qu'ils peuvent aussi être leur meilleur soutient, tel Ea sauvant l'espèce humaine, sa création, en 
aidant Atrahasis, et Shamash aidant les Hommes (mais aussi les animaux) qui réclament son aide 
comme Etana, alors que l'Epopée de Gilgamesh montre un homme échouant dans son entreprise 
pour devenir un immortel, tout comme le mythe d'Adapa. 

L'Epopée de Gilgamesh 
L'Epopée de Gilgamesh, rédigé à la période paléo­babylonienne, à partir de la compilation de 
plusieurs récits sumériens mettant en scène son héros (voir plus haut), est l'oeuvre majeure de la 
civilisation mésopotamienne. Ce texte a connu un succès phénoménal dans tout l'Orient Ancien, et a 
été traduit en plusieurs langues (Babylonien, Assyrien Hittite, Hurrite). Il s'agit d'une oeuvre 
glorifiant le héros Gilgamesh, mais aussi d'une réflexion sur la vie, sur l'illusion de la vie éternelle, 
et une oeuvre pronant le bon sens (un carpe diem version babylonienne en quelque sorte). 

L'Epopée de Gilgamesh raconte l'histoire de Gilgamesh, roi d'Uruk, véritable tyran, et de ce fait 
assez mal vu de ses sujets. Ceux­ci se plaignirent du traitement qu'il leur infligeait à Anu, le maître 
des dieux, qui ordonna à la déesse génitrice Anunu de créer un être capable de s'ériger en rival du 
despote. Elle donna ainsi naissance à Enkidu, un être rustre vivant dans la steppe avec les animaux 
sauvages, loin de la civilisation, ignorant de tout, ne sachant pas parler. 
Grâce à sa grande force, il déjoua les pièges d'un des chasseurs du souverain d'Uruk, qui n'eut alors 
plus de quoi gagner sa vie. Il alla s'en plaindre à son souverain, lui demandant de trouver une 
solution à ce problème. Gilgamesh décida donc d'envoyer une prostituée à la rencontre du sauvage, 
pour le charmer et l'initier à la civilisation. Celle­ci partit avec le chasseur, et n'eut aucun mal à 
réussir sa mission. Enkidu, séduit par la jeune fille, s'était détourné à jamais de la steppe, et était 
rejetté par les animaux dont il partageait auparavant la vie. Il n'eut donc d'autre choix que de suivre 
la prostituée à Uruk, pour rencontrer Gilgamesh, et enfin laisser le chasseur en paix. Comble de 
l'ironie, c'est lui qui va défendre des pasteurs rencontrés en chemin contre les bêtes sauvages. 
Arrivé à Uruk, il est accueilli en héros par les habitants, qui voient en lui un opposant à Gilgamesh. 
Ils le comblent de présents et d'attentions, et ont vite fait de l'envoyer combattre le tyran. Le combat 
à lieu dans les rues de la ville. La bataille dure jusqu'à l'épuisement des deux protagonistes, de force 
égale. Plutôt qu'un adversaire, Gilgamesh va vite trouver en Enkidu un ami, et à la fin du combat les 
deux géant se lient d'amitié, oubliant leur différent. Gilgamesh devien donc le maître d'Enkidu, et à 
eux deux ils sont prêts à accomplir tous les exploits possibles, tels de véritables héros. 
Gilgamesh, animé par la volonté d'accomplir des exploits dignes des plus grands héros, entraîne 
Enkidu dans une expédition périlleuse : il s'agit de se rendre à la Forêt des Cèdres (le Liban actuel), 
pour y défier le redoutable gardien des lieux, le géant Humbaba, et pouvoir couper les arbres de la 
forêt. Avec l'aide de Shamash, le dieu du soleil, ils pénètrent dans les lieux, et commencent à abattre 
des arbres, lorsque le géant les surprend, et engage le combat. Après un long combat, les deux héros 
terrassent Humbaba grâce une nouvelle fois à l'aide de Shamash. Gilgamesh peut alors ramener la 
tête du géant à Uruk en guise de trophée. 
Ces exploits ont attiré l'attention des dieux, et plus particulièrement celle d'Ishtar, la déesse de 
l'amour, qui a jetté son dévolu sur Gilgamesh. Mais le roi d'Uruk repousse les avances de la déesse, 
en lui rappellant le sort funeste qu'ont subi ses précédents amants. Offensée, celle­ci demande à son 
père Anu, le plus grand des dieux, d'intervenir. Il lui accorde l'aide du Taureau Céleste qu'il envoie 
dévaster Uruk et tuer Gilgamesh. Mais le héros et son acolyte vont déjouer ses plans en tuant le 
monstre. Ils vont même pousser l'offense jusqu'à jetter à la face d'Ishtar, qui a assisté au combat 
impuissante depuis les remparts de la ville, la cuisse de l'animal sacré. 
Cette fois­ci, les deux héros ont dépassé la limite tolérée par les dieux, qui décident de se venger de 
manière imparable : peu de temps après, Enkidu apprend en songe que l'un des deux compagnons va 
mourrir. Ce sera finalement lui, et il décèdera après une terrible agonie devant son ami impuissant. 
Fortement marqué par cette mort, Gilgamesh érige une grande statue en l'honneur d'Enkidu, et 
proclame une période de deuil dans sa cité. Ayant pris conscience de la mort qui le menace lui aussi, 
le roi d'Uruk décide de chercher un moyen de vivre éternellement. Il se rend vite compte que sa 
route ne le mène que vers un seul homme : Ut­napishtim, seul être humain s'étant vu accordé la vie 
éternelle par les dieux avec sa femme. 
Parti pour un long voyage, il rencontre les terribles hommes­scorpions, qui terrifient le commun des 
mortels, tue des lions venus l'attaquer. Il franchit des montagnes, parvient à la route du soleil qui le 
mène au bosquet sacré où il rencontre des dieux (qui changent selon la version). Il arrive ensuite 
chez la cabaretière Siduri, demeurant au bord de la mer. A l'écoute du récit du héros, elle lui 
conseille dans une des répliques les plus célèbres de l'oeuvre (voir extraits) d'oublier sa quête et de 
plutôt profiter de sa vie. Mais, devant l'insistance de Gilgamesh, elle lui indique où trouver Ur­
shanabi, le nocher d'Ut­napishtim, qui l'aide à franchir les eaux de la mort, pour parvenir à l'île où 
réside l'immortel, à l'écart du monde. 
Ut­napishtim n'est cependant d'aucun secours pour Gilgamesh. Après avoir fait le récit du Déluge 
(voir extraits), et de la manière dont il est devenu immortel, c'est ce que l'immortel annonce au 
héros. Pour prouver à ce dernier l'impossibilité de sa quête, il le met au défi de ne pas dormir. 
Gilgamesh, harassé après tous ces périples, ne résiste pas, et s'endort. S'il ne peut éviter le sommeil, 
comment pourra­t­il éviter la mort ? Cependant, Ut­napishtim va indiquer au roi d'Uruk l'endroit où 
il pourra trouver une plante qui lui rendra sa jeunesse. Le héros va la chercher au fond de la mer, 
mais ne s'en sert pas de suite, préférant l'essayer à son retour à Uruk sur un vieillard pour vérifier 
son efficacité. Mais sur le chemin qui le ramène chez lui, alors que Gilgamesh se délasse dans un 
bain, un serpent s'empare de la plante. Il ne reste plus au héros qu'à revenir bredouille à Uruk, avec 
le nocher Ur­shanabi, et d'appliquer les préceptes de Siduri et d'Ut­napishtim. 

Etana 

Le mythe d'Etana est probablement issu d'une ancienne légende sumérienne. En effet, Etana est dans 
la Liste royale sumérienne un roi de Kish, réputé pour être monté au Ciel. Le récit commence par 
l'hisotire d'un serpent et un aigle, liés d'amitié avant que le second ne mange les enfants du premier. 
Celui­ci va chercher conseil auprès de Shamash, le dieu­soleil, qui lui dit de piéger l'aigle en se 
cachant dans le cadavre d'un boeuf, et d'attendre que le volatile s'approche, pour le capturer. C'est ce 
que le serpent fait, avant de jeter l'aigle dans un trou après l'avoir molesté pour l'empêcher de 
s'envoler, et il dépérit. C'est alors qu'entre en scène Etana, le roi de Kish, premier roi apèrs le 
Déluge. Celui­ci désire ardemment un fils, et prie Shamash, qui est aussi prié par l'aigle de lui venir 
en aide. Faisant d'une pierre deux coups, il dit à Etana que sa solution se trouve dans "une plante 
d'enfantement" au Ciel. Il lui conseille de sortir l'aigle du trou, de le soigner, et qu'alors celui­ci 
l'aiderait à ,la trouver. Mais l'aigle ne veut pas l'aider, et il ne cède qu'après que Etana l'ait 
longuement imploré. Celui­ci s'envole donc sur le dos de l'aigle. Aprs un long vol, il ne voit plus la 
Terre, et s'approche du Ciel, où résident les dieux. Mais l'altitude l'effraie, et il prie l'aigle de stopper 
l'ascension. Il tombe alors du dos de l'aigle, qui réussit à le rattraper avant qu'il ne touche le sol. La 
suite de la tablette est brisée. La Liste royale sumérienne disant que Etana a eut un fils comme 
successeur semble indiquer que la fin de ce mythe doit être heureuse pour son héros. 

Le mythe d'Adapa 
Ce récit sumérien narre l'hisoire d'Adapa, grand prêtre d'Enki/Ea dans son palais d'Eridu, qui sert 
fidèlement son dieu, qui l'a créé pour qu'il soit capable de faire de nombreuses choses pour son plus 
grand plaisir. Un jour, alors qu'il va pêcher sur un bateau du poisson pour son maître, il est dérangé 
par Shutu, l'oiseau­vent du sud, qui fait vaciller son embarcation. Dans sa colère, Adapa maudit la 
créature avec tellement de haine que ses ailes sont brisées. Cet acte est tel qu'il ne peut rester impuni 
pour les dieux, et Anu convoque alors Adapa. Ea, craignant pour la vie de son serviteur, lui explique 
la conduite qu'il devra tenir pour s'en sortir vivant : il doit d'abord amadouer les portiers d'Enlil pour 
s'attirer leur soutien, et refuser absolument tout ce que lui donnera à boire ou à manger Anu. Arrivé 
dans la demeure du dieu, Adapa s'attire la sympathie des portiers d'Anu, les dieux de la fertilité 
Dumuzi et Ningishzida, qui ne peuvent plus agir après la mort de Shutu, en leur expliquant qu'il 
vient prier pour leur retour sur Terre, puis, arrivé devant le roi des dieux, il se comporte comme dit, 
refuse ce qu'on lui donne, et est épargné par l'intervention des deux divinités. Admiratif devant la 
clairvoyance d'Adapa, Anu lui offre alors une nourriture qui le rendra immortel. Fidèle à ce qu'Ea 
lui a dit, ce dernier refuse, et est immédiatement renvoyé sur Terre par Anu. En refusant cette 
nourriture, Adapa a raté sa chance de devenir un dieu, manipulé par la ruse d'Ea, et il passera donc 
le restant de ses jours à servir le dieu oisif. 

La liste royale sumérienne 

Guidés par leur désir de tout classifier dans des listes, les Mésopotamiens ont appliqué ce principe à 
l'histoire. La Liste royale sumérienne a été réalisée à partir de plusieurs tablettes dont la plupart 
proviennent de Nippur. Elle va de l'aube de l'humanité jusqu'au XVIIIè siècle. Elle permet d'être 
renseignés sur l'âge héroïque de la Mésopotamie (c'est­à­dire une période connue surtout par des 
légendes transmises de bouche à oreille). 
Cette liste commence aux débuts de l'humanité, "avant le Déluge". Les rois régnaient alors plus des 
dizaines de milliers d'années, et auprès des Dieux. La royauté à d'abord appartenu à Eridu, puis à 
Bad­Tibira, à Larak, à Sippar, et enfin à Shuruppak, qui est la ville où selon la tradition s'est produit 
le Déluge (Ziusudra, Atra­hasis et Ut­napishtim, les trois protagonistes des trois différentes versions 
du Déluge venaient tous de cette cité). 
Après le Déluge, la vie des Hommes est raccourcie par les Dieux, et ils sont rendus plus vulnérables 
(voir plus haut), dont les règnes raccourcicent au fur­et­à mesure que le temps passe. La royauté 
passe ensuite à Kish (où règnent notamment des personnages que l'on retrouve dans les récits : 
Etana, Enmeberagasi, Agga).Après Agga, la royauté passe à Uruk, où règnent des personnages 
encore plus célèbres : Enmerkar, Lugalbanda, Dumuzi, et surtout Gilgamesh. C'est à cette période 
que l'on connaît les premiers faits historiques par des sources contemporaines, et que l'on quitte la 
légende. Les souverains suivants évoqués sont ceux d'Ur, de dynastie suivantes d'Uruk, de Kish, de 
Lagash, d'Umma, et d'autres villes, puis on retrouve l'Empire d'Akkad, celui d'Ur III, jusqu'à la 
période de la Première Dynastie de Babylone. 
La division de l'histoire en dynasties vient d'une conception cyclique de l'Histoire par les 
Mésopotamiens : on considérait que la royauté passait d'une ville à l'autre, ou d'une dynastie à 
l'autre. Ces dynasties ne comportent d'ailleurs pas forcément des personnes se succédant de père en 
fils. Une usurpation ne signifie pas changement dynastique (ce n'est pas une famille royale comme 
pour nous). Ce qui compte, c'est le changement de domination. Le principe de listes historique sera 
repris par la suite (voir plus bas). 

LA PERIODE MEDIO­BABYLONIENNE : BABYLONE CAPITALE CULTURELLE DU 
MOYEN ORIENT 

La période médio­babylonienne englobe la Dynastie Kassite (1595­1154), la Seconde Dynastie 
d'Isin (1156­1025), et la période suivante, faite de nombreux troubles politiques (quatre dynasties). 
Ce sont surtout les deux premières qui ont connu un essor intellectuel important, la période du 
début du Ier millénaire ne se prétant pas à l'élaboration d'oeuvres littéraires. C'est sous les Kassites 
que Babylone est définitivement devenu le coeur de la culture mésopotamienne, comme le 
préfigurait la période précédente. La ville est même le centre intellectuel le plus important du 
Proche­Orient. Le médio­babylonien est la langue des relations diplomatiques, et les oeuvres 
mésopotamiennes sont diffusées dans tous les royaumes voisins. Le plus grand succès est l'Epopée 
de Gilgamesh, recopiée jusqu'en Anatolie, ainsi qu'au Levant. La période de la Dynastie d'Isin II, 
dont le point d'orgue est le règne de Nabuchodonosor I (1124­1103), fait même de Babylone le 
centre du Monde dans la religion mésopotamienne, et Marduk son dieu devient le dieu principal du 
panthéon, grâce à l'oeuvre majeure de la période, l'Enûma Elish. Cette période marque aussi 
l'approfondissement de la réflexion sur le problème du Mal, et des relations entre les Hommes et les 
Dieux. 

Les Hommes face aux Dieux 

Déjà étudiés à l'époque précédente dans les grandes oeuvres épiques, les rapports entre les Hommes 
et leurs Dieux sont considérablement approfondis. Il paraît évident que les Sémites ont approfondi 
cet aspect de la réflexion théologique qui n'avait été qu'effleuré sous l'époque sumérienne. La 
montée de l'individualisme dans ces peuples a entraîné un nouveau questionnement, auquel on 
cherche à donner des réponses. Durant la seconde moitié du IIè millénaire, cette réflexion abouti à 
l'élaboration d'oeuvres de pensée, et ne se cantonne donc plus à des mythes où transparaît une 
morale. Une nouvelle étape est franchie, même si, comme on va le voir, jamais on abouti à une 
remise en cause de la pensée religieuse mésopotamienne et de sa morale. 

Le Monologue du Juste souffrant 

Ce texte a été rédigé à l'époque Kassite, et était connu en Mésopotamie comme le Ludlul bêl nêmeqi 
(du nom de son incipit, qui signifiait "Je loue le seigneur très sage"). Il s'agit d'une complainte 
adressée par un homme à son dieu, en l'occurrence Marduk, le grand dieu de Babylone. Cet homme, 
pourtant pieux, est issu d'une famille noble, mais est tombé en dissgrâce auprès se son roi, et subit 
les calomnies de ses rivaux, et les critiques de sa famille. Or, il ne comprend pas pourquoi cela lui 
arrive, puisqu'il a été toujours respectueux de son dieu, et que sa piété est irréprochable. L'idéal 
mésopotamien veut en effet que les dieux punissent les méchants, et récompensent les bons, ceux 
qui sont pieux. Le plaignant ne comprend donc pas ce qui lui arrive, puisqu'il est irréprochable. Il 
finit par aboutir à la conclusion que les voies des dieux sont impénétrables, et, même si l'attitude de 
son dieu est pour lui un mystère, il continue de lui faire confiance, et sa ferveur ne diminue pas. A la 
fin, Marduk finit par s'apitoyer sur le sort du Juste souffrant, et lui vient en aide. L'histoire se 
termine donc bien, et l'homme retrouve ses honneurs passés. Ce récit reste donc très fidèle à la 
morale mésopotamienne : on ne peut certes pas comprendre l'attitude des dieux, mais même si on 
trouve la situation injuste, il ne faut pas leur en vouloir, et il faut rester pieux (après tout, on ne 
connaît pas toutes nos erreurs). Si on fait confiance aux dieux, ils finissent par nous venir en aide. 
Ce texte peut être comparé au livre de Job, qui fait à peu près les mêmes conclusions à partir d'une 
situation comparable à celle­ci. 

La Théodicée 

La Théodicée babylonienne est un texte plus tardif que le précédent. Ce texte, qui se présente sous la 
forme d'un dialogue, raconte l'histoire d'un jeune homme, cadet de sa famille, qui se retrouve sans 
protection après la mort de ses parents. Il s'adresse à un ami, et lui demande comment une telle 
injustice peut être tolérée par les dieux. Celui­ci lui répond qu'il faut rester pieux, et qu'alors les 
dieux entendront ses prières. Mais l'autre répond qu'il a toujours agi ainsi, et que cela ne l'a pas 
empêché de se retrouver dans cette situation. Il commence même à se demander si les dieux sont 
justes. Son ami, scandalisé par cette attitude, ne trouve pas d'autre réponse que la précédente. 
Devant ce faible soutient, l'orphelin s'emporte, et prétend que les dieux sont injustes, et qu'ils ne 
récompensent pas les bons. Son ami admet que les plus faibles sont soumis à la loi du plus fort 
mais, fidèle à ses convictions, il dit que les dieux doivent avoir leurs raison de laisser cela se 
produire. Il dit même que l'injustice fait partie de la nature humaine, telle qu'elle a été faite pas les 
dieux. Cela découlerait donc d'une décision divine. Mais il continue à dire à son ami de rester pieux, 
car c'est la seule solution qu'il lui reste pour s'attirer les grâces divines. Cette oeuvre va donc un peu 
plus loin que le Monologue. Mais elle reste tout de même fidèle à la morale mésopotamienne, 
puisque le doute dans les dieux n'est pas permis, et que dire qu'ils sont responsables de l'injustice ne 
va pas à l'encontre de la religion, qui dit que les maux touchant les humains ont étés crées par les 
dieux pour éviter que ceux­ci ne deviennent trop gênants, et qu'après tout l'injustice est un mal 
comme un autre. 

Le Dialogue du Pessimiste 

Le plus intéressants des oeuvres de réflexion sur les rapports entre les Hommes et les Dieux et 
sûrement le Dialogue du Pessimiste, qui doit dater du tournant entre le IIè et le Ier millénaire. Ce 
texte, qui a des allures de farce, se présente sous la forme d'un dialogue entre un homme riche et son 
serviteur. Le premier, qui n'a visiblement pas à travailler pour assurer sa subsistance, reste oisif, et il 
ne sait que faire. Plusieurs idées lui viennent successivement à l'esprit : aller au palais, organiser un 
banquet, aller à la chasse, se marier, ester en justice, se révolter, faire l'amour, rendre un culte à 
Marduk, faire des investissements financiers, faire des bienfaits. Alors que la décision est à chaque 
fois approuvée par le serviteur, le maître change de décision, et est aussitôt approuvé par le 
serviteur, qui se range donc toujours aux opinions de son maître. A la fin, ce dernier demande ce 
qu'il doit faire, s'il ne lui reste plus qu'à tuer son serviteur, avant de se suicider, ce à quoi l'autre 
répond qu'on ne peut comprendre ni le Ciel ni la Terre, ce qui revient à dire que l'homme ne peut 
pas comprendre le Monde. Le maître décide alors de tuer son serviteur, mais celui­ci lui répond qu'il 
ne lui survivrait pas trois jours. 
Cette oeuvre cynique, ironique, pessimiste, reste un sujet de disussions entre assyriologues. Farce ou 
oeuvre de pensée ? Probablement un peu des deux. La maître est un personnage oisif qui jamais ne 
cherche à travailler, son serviteur est versatile. L'oeuvre a donc un aspect satirique, mais c'est aussi 
une oeuvre de réflexion car elle démontre aussi qu'on peut toujours trouver une bonne raison de 
faire quelque chose comme de ne pas le faire, et qu'à chaque fois l'argumentation s'auto­détruit. 
Mais le texte reste moral : l'impossibilité de comprendre les dieux est toujours mise en avant (sous 
un aspect plus pessimiste, puisque c'est "l'homme ne comprend pas", et pas "seul les dieux savent"). 
Lorsqu'à la fin le maître propose de tuer le serviteur pour l'envoyer dans l'au­delà, peut­être est­ce 
pour le contacter par nécromancie une fois qu'il sera aux Enfers pour enfin avoir la réponse à ses 
interrogations existencielles. L'oeuvre n'est donc pas aussi subversive qu'on pourrait le croire, mais 
elle reste néanmoins très intéressante. (Bibliographie : J.Bottéro, Mésopotamie, l'Ecriture, la Raison 
et les Dieux, Gallilmard, Folio Histoire, pp.454­486) 

L'Enûma Elish : Babylone centre du monde 

L'Enûma Elish (Lorsque là­haut ...") fut écrit à Babylone vers le début du XIIè siècle avant notre 
ère, et est constitué de plus de mille vers répartis sur sept tablettes. L'Epopée de la Création raconte 
les origines de l'Univers. Les grands dieux sont opposés dans deux conflits face à leurs ancêtres les 
forces du chaos. Dans un premier temps, c'est Apsû, le maître des eaux souterraines, qui menace de 
détruire ses rejetons trop irrespectueux à son égard. Mais la ruse d'Ea permet l'élimination de Apsû. 
Les dieux sont sauvés pour le moment. 
Mais soudain se présente une nouvelle menace, Tiamat, la mer primordiale, mère de tous les dieux. 
Voulant venger la mort de son mari, Apsû, maître des eaux sousterraines, causée par ceux­ci (et Ea 
en particulier), elle avait crée une armée de créatures terrifiantes dans le but de les anéantir, avec 
l'aide de son nouvel allié Kingu. Ea, toujours prêt à profiter d'une occasion favorable, présenta son 
fils comme la personne providentielle, le sauveur des dieux. Il montra à ceux­ci qu'il leur fallait lui 
faire confiance, et en faire leur champion pour lutter contre leur mère. Ce fut chose faite au cours 
d'un grand banquet organisé par Ea, qui fit élire Marduk comme maître de tous les dieux. Après 
cela, le dieu de Babylone se rendit sur les lieux du combat. Après une bataille terrible aux multiples 
péripéties, il réussit à défaire l'armée de Tiamat, avec les armes célestes dont il était muni. Il vint 
ensuite à bout de la mère des dieux, et se servit de sa dépouille pour créer le Monde : il suspendit la 
première moitié du cadavre pour créer le Ciel (an), au dessus de la seconde moitié qui forma la 
Terre (ki) émergée de l'Apsû, la mer primordiale. Il devint ainsi le maître des dieux et de tout le 
monde. 
Ceux­ci élevèrent en un temple en son honneur sur les lieux mêmes du combat, là où il créa le 
Monde. Ce temple devait être non seulement celui de Marduk, mais aussi celui de tous les dieux, 
érigé au "centre du monde". Ce temple fut nommé l'Esagil ("Maison à la tête élevée"), et tout autour 
se développa la ville sainte de Babylone. Marduk créa ensuite l'Homme, pour permettre aux 
divinités de ne pas travailler, laissant cette lourde charge incomber à ces "substituts". Il fait cela à 
partir du sang de Kingu, qui est exécuté. L'Homme est donc crée pour travailler pour les dieux ses 
maîtres, ce qui reste fidèle à la morale mésopotamienne. Mais un nouvel aspect apparaît, puisque 
l'Homme naît de l'exécution d'un dieu pêcheur, alors qu'avant il s'agissait d'un dieu sacrifié 
volontairement. L'Homme porte donc une part de la culpabilité de Kingu (même s'il ne s'agit pas 
d'une idée du type "pêché originel"). 
L'Enûma Elish fait donc de Babylone et de son dieu les maîtres du monde. La ville étant considérée 
comme le premier lieu à émerger de l'Apsû, est perçue comme le centre du Monde, représenté par 
l'Esagil, le temple de tous les dieux, et la ziggurat Etemenanki, la "Maison du Fondement du Ciel et 
de la Terre". 
Une version assyrienne sera rédigée plus tard, Assur tenant le rôle de Marduk (voir plus bas). 

Le pauvre homme de Nippur : un exemple de littérature humoristique 

Ce récit du XIIè siècle est l'une des rares productions humoristiques de la civilisation 
mésopotamienne. Il s'agit d'une satire montrant un homme du peuple se venger d'un notable indigne 
de sa fonction, et qui profite de son pouvoir pour humilier les "petits". Il raconte l'histoire d'un 
homme pauvre, Gimil­Ninurta. Au comble du désespoir, il décide de donner son unique possession, 
sa chèvre, au maire de Nippur, dans l'espoir que celui­ci, compatissant, lui vienne en aide. Mais le 
maire se contente de lui donner de la bière, sans plus se préoccuper de lui. Humilié, Gimil­Ninurta 
quitte la cité, et dit au garde de la porte de la cité qu'il se vengera en rossant trois fois le maire. Il se 
rend auprès du roi, qui accepte de l'aider. Il lui donne un char précieux et son attelage, avec lequel 
Gimil­Ninurta se rend à Nippur, se présentant comme un envoyé du roi. Il demande audience auprès 
du maire, en privé, et peut ainsi le battre. Ayant accompli la première étape de sa vengeance, il loue 
le char au maire, en échange d'or. Puis il se déguise en médecin, et réussit ainsi à retourner auprès 
du maire qui cherche à se soigner de ses blessures. Gimil­Ninurta profite une nouvelle fois de 
l'occasion pour molester le maire. Après cette nouvelle humiliation, le maire réagit, et lui et son 
entourage partent à la poursuite de Gimil­Ninurta pour se venger. Mais ce dernier lui tend un piège 
sous un pont, et le rosse une troisième fois, comme promis, et le fait tomber à l'eau. Cette fois le 
maire en a eu pour son compte, et il n'a plus qu'à rentrer dans sa ville à la nage, après avoir reçu une 
bonne correction. 

LE DEBUT DU Ier MILLENAIRE 

Les époques néo­assyrienne (911­609) et néo­babylonienne (625­539) sont celles de l'affirmation 
des grands empires mésopotamiens, qui s'étendent dans tout le Moyen­Orient. Cette période a vu 
l'affirmation d'une idéologie spécifique, marquée par une forme de nationalisme, surtout dans le cas 
des Assyriens, puis par réaction chez les Babyloniens. Dans ce contexte, les oeuvres élaborées à 
cette époque sont fortement marquées par la politique. La primauté culturelle revient toujours, et de 
loin, à Babylone, puisque même certains textes royaux assyriens sont rédigés en babylonien. Mais 
c'est aux Assyriens que l'on doit la célèbre "Bibliothèque d'Assurbanipal", qui se trouvait à Ninive, 
et rassemblait de nombreux textes de tout type, souvent pris de force, constituant ainsi une mine de 
renseignements sur la civilisation mésopotamienne durant toute son histoire. 

L'Epopée d'Erra 
L'Epopée d'Erra est un récit en cinq tablettes remontant au milieu du VIIIè siècle, rédigé par un 
prêtre de l'Esagil, le temple de Marduk à Babylone, du nom de Kabti­ilâni­Marduk. Le personnage 
principal est Erra, autre nom de Nergal, dieu des Enfers, lorsqu'il est dieu de la Peste. Le récit 
commence par le réveil d'Erra après un long sommeil par son vizir Ishum. Le dieu est alors pressé 
par ses "lieutenants", qui sont des démons maléfiques, et qui veulent tourmenter l'espèce humaine. 
Mais pour accomplir cela, Erra doit éloigner Marduk, le roi des dieux. Profitant du départ de 
Marduk hors des murs de sa cité pour un voyage chez son père Ea, dans son palais des Abîmes, Erra 
peut agir, et il décide de semer le désordre en poussant les habitant de Babylone à la révolte. La ville 
est alors mise à feu et à sang, avant qu'Erra n'aille chez le roi de la cité, pour le pousser à massacrer 
ses sujets. Revenant dans ce tumulte, Marduk se lamente devant sa ville et ses sujets devenus fous 
furieux, et se retire. Heureusement, la fureur d'Erra est apaisée par son vizir Ishum, qui parvient à le 
faire revenir à la raison. Tout revient alors dans l'ordre, et Marduk retrouve sa ville, et reprend sa 
place de roi des dieux. 
Ce texte, pro­babylonien, a servi a expliqué pourquoi la ville sacrée de Babylone, pourtant siège de 
la royauté du plus grand des dieux, a été accablée par autants de malheurs au début du Ier 
millénaire, en particulier les attaques des tribus Araméennes installées en Babylonie, et donc 
abandonnée des dieux. Le retour du dieu signifie le retour à la vie normale, au calme et à la 
prospérité. 

La politisation des oeuvres théologiques 

La première moitié du Ier millénaire est marquée par la création d'oeuvres mythologiques à visées 
purement politiques, phénomène dû à l'affirmation des nationalismes à cette époque, qui deviennent 
de la propagande pure et simple. Ce phénomène pouvait déjà être entrevu dans l'Enuma Elish. Le 
nationalisme le plus affirmé est celui des Assyriens, déjà en germe à l'époque précédente, qui 
mènent à certaines périodes une lutte impitoyable à Babylone, et à son rang de capitale culturelle de 
la Mésopotamie. Ils vont d'ailleurs adapter l'Enuma Elish à leur dieu Assur sous le règne de 
Sennacherib, faisant d'Assur le roi des dieux, et de sa ville Assur le centre du monde. Mais cela 
n'eut que peu de répercussions, fut la faiblesse culturelle de l'Assyrie comparé à Babylone. 
Certains mythes avaient certes déjà servi pour des visées politiques, mais cette fois­ci il ne s'agit pas 
de récupération, mais de création. Les récits qui suivent n'ont qu'une faible valeur pour le cadre 
strictement religieux, puisqu'ils n'ont pas été des mythes majeurs ayant connu un énorme succès, 
mais sont intéressants puisqu'ils montrent que le caractère sacré de la religion avait ses limites en 
Mésopotamie devant la réalité politique. 

L'Ordalie de Marduk 

Ce texte, retrouvé dans un état délabré, date du règne de Sennacherib, la période durant laquelle 
l'anti­babylonnisme assyrien fut le plus virulent. Ce texte sert à expliquer la destruction de Babylone 
par ce roi en 689, et la déportation de la statue de Marduk en Assyrie. Le récit part d'une 
interprétation particulière de l'Enuma Elish babylonien, et se passe d'ailleurs pendant l'Akîtu, le 
Nouvel An babylonien, durant lequel Marduk meurt puis renaît, symbolisant la renaissance de la 
Nature au printemps. Assur est assimilé par syncrétisme à la divinité Anshar, qui est le pendant 
masculin du couple primordial, avec son épouse Tiamat, que Marduk a tué dans l'Enuma Elish. 
Tiamat est ici assimilée à une autre déesse assyrienne, Ishtar de Ninive. Assur veut donc venger la 
mort de Ishtar. Il préside donc une sorte de tribunal des dieux (réunit comme à l'habitude pour 
l'Akîtu), qui condamne l'attitude de Marduk, en dépit des protestations de son fils Nabû. Le dieu est 
donc jugé en criminel. Le texte est du reste mal connu, mais il n'est pas favorable à Marduk. 

La viste de Kumma aux Enfers 

Le summum de la production du parti anti­babylonien de Ninive est sûrement le mythe de Kumma. 
Rédigé sous le règne d'Assurbanipal dans le but de le convaincre de reprendre la politique de son 
grand­père Sennacherib. Le début de ce texte est en trop mauvais état pour être compréhensible. Ce 
mythe raconte l'histoire d'un prince assyrien, et futur roi, Kumma, qui fait un rêve au cours duquel il 
va aux Enfers, où il rencontre Nergal. Celui­ci lui montre combien Sennacherib était un souverain 
avisé, et un modèle à suivre. Il lui est conseillé d'agir ainsi sous peine de susciter le courroux des 
Dieux, puis il est renvoyé chez lui. 

Histoire : entre légende, réalité et propagande 

Reconstit

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