Le Chevalier Pédestre

Hiver 2015 20 Centimes lechevalierpedestre.wix.com/jean-monnet

Sommaire : P4 Quelques Disney révélés au grand P6 à 8 La nouvelle Félix

jour
P2 Les Féministes P9 Le moment POSEYY OKLM
P5 L’art et la manière d’accueillir un
P3 Les journées mondiales Biélorusse chez soi P10 La BD hivernale

L’édito Pédestre

JE SUIS CHARLIE
Lucie Lochon

I
l est essentiel de rendre hommage à ces douze personnes sa démocratie. Nous avons tous une pensée, un sentiment de colè-
tuées dans l'attentat terroriste du mercredi 7 janvier dernier re, d'indignation, mais aussi d'immense tristesse. C'est pourquoi il
au sein des locaux de Charlie Hebdo. Parmi les victimes, des faut continuer de s'exprimer, d'écrire, de dessiner.
figures emblématiques du journal : les dessinateurs Cabu,
Charb, Honoré, Tignous, Wolinski mais aussi l'économiste Ber- Nous tenons à vous dire que
nard Maris. Deux policiers ont également été tués, l'un assurait la le Chevalier Pédestre est Charlie
sécurité de Charb, et l'autre a été froidement abattu après avoir été
nous sommes Charlie
blessé. De plus, on dénombre trois autres victimes: un correcteur,
un agent d'entretien et un invité à la conférence de rédaction. Les et vous êtes tous Charlie
deux hommes qui ont fait feu s'en sont pris au fondement de la
République : la liberté d'expression.

Charlie Hebdo était un journal satirique et a connu plusieurs pro-

cès. Les dessinateurs avaient également été menacés de mort; les
locaux de Charlie Hebdo avaient été la cible d'un incendie en no-
vembre 2011, et le journal était placé depuis sous protection poli-
cière. VIVE LA LIBERTE !
Mais est-il nécessaire de rappeler que ces personnes n'exerçaient
que leur métier? Notre devise est pourtant "Liberté, Égalité, Frater-
nité".

Les réactions internationales ont été d'autant plus fortes que la li-
berté de la presse a été atteinte. Les dirigeants de tous les pays ont
dénoncé cet acte et témoigné de leur sympathie envers la France et
 Les Féministes
Pauline Chymiak

S
ois belle et tais toi. Cette phrase, j'aimerais ne plus jamais
mini cours sur l'évolution des droits de la femme en France, sachez
l'entendre. Malheureusement, j'en ai lu de bien pires lors que le droit de vote a été appliqué pour la première fois en 1945 et
de mes recherches. Dans le même style je peux vous pro- la suppression de la tutelle masculine date de 1965. Jusqu'à cette
poser "les hommes détiennent depuis toujours le génie date une femme vivait sous l'autorité de son mari ou de son père.
créateur" ou encore "depuis que les femmes ont plus de libertés, il y Elle ne possédait par la même occasion aucune indépendance.
a plus de divorces, elles sont la source du mal être de la famille". En Nouvelle-Zélande, les femmes possèdent le droit de vote depuis
1893... Et en Arabie Saoudite, elles attendent toujours ( une rumeur
Laissez moi vous dire que ceux qui alignent ce genre d'insa- circule, ce serait pour 2015).
nités, j'ai bien envie de les transformer en femme quelques instants.
Ah, mince, les hommes ne sont pas les seuls à proférer ce genre Bien, après ce rappel de faits majeurs ( saluons aussi la loi
d'insultes à l'égard des femmes. Parce que ces dernières aussi sont Veil autorisant l'avortement) , je vous propose de vous faire décou-
capables de critiquer les féministes. D'ailleurs on peut régulière- vrir l'expansion de la culture du viol. Autrement dit, il y a des fem-
ment les observer se rabaisser entre elles. L'objectif ? Savoir qui mes violées, mais c'est de leur faute ! "Pourquoi était-elle habillée
défend au mieux la cause des femmes, mais bien sûr il serait trop de manière aussi provocante ?" Alors là je dis stop. Il y a là un pro-
compliqué d'exiger un peu d'entente sur le sujet. cédé similaire, toute proportion gardée, à celui employé par les pé-
dophiles lorsqu’ils accusent leurs victimes de les avoir aguichés.
On dit merci à la société qui depuis notre plus jeune âge Alors non, une femme violée n'est pas responsable. C'est une victi-
nous enferme dans des bulles de stéréotypes tous plus aberrants les me, et j'en ai par dessus la tête de lire des témoignages de femmes
uns que les autres. qui ne sentent pas écoutées lorsqu'elles ont le courage de porter
plainte. En même temps, j'ai récemment eu vent d'une vidéo hon-
groise où la police elle même fait culpabiliser la femme sur son
attitude qui l'amène à se faire violer. On peut y voir trois jeunes
filles se préparer pour sortir en boîte de nuit, se comporter de ma-
nière féminine, et l’une d’entre elles fini par se faire violer. La lé-
gende dit précisément “vous pouvez faire quelque chose pour éviter
ça”. Une fois encore, c’est la victime qui est responsable, par sa
manière de s’habiller et de se comporter. Le coupable n'est jamais la
victime, et je vous demande de ne pas l'oublier. Je m'éloigne du
sujet un instant pour préciser que les hommes violés sont encore
moins écoutés, il serait peut être temps de faire tomber un tabou qui
pèse sur notre société depuis bien trop longtemps.

Pour en revenir à la cause des femmes, sachez que certains

Je ne demande pas grand chose au fond, juste une véritable représentants du sexe masculin se sentent à présent comme le sexe
égalité, et si possible quelques Femen en puissance à chaque coin faible ! Oui oui, après les féministes, les masculinistes, qui jugent
de rue. Le groupe Femen, ce sont des femmes qui se montrent par- que la garde des enfants est trop souvent accordée aux femmes en
fois plus extrêmes que les hommes dans la manière de défendre cas de divorce et revendiquent un droit au congé paternité plus long.
leurs revendications. Elles n'hésitent pas à commettre les actes les
plus provocants pour se faire entendre. Voyez où nous en sommes, Jusque là je ne trouve
à exhiber notre différence sur la place publique, histoire que quel- rien à y redire, mais
qu'un remarque que oui, les femmes valent les hommes et que la j'apprécierais qu'ils
sexualisation de notre société n'est en rien une bonne chose si ce demandent un salaire
n'est une régression de la femme. égal et la fin de la dis-
crimination, afin qu'il y
ait une vraie égalité.
Parce que autant aller
au bout du raisonne-
ment dans ce cas, et
arrêter de privilégier
les hommes pour cer-
tains postes ou emplois
sous prétexte que ce
sont des hommes. Le
jour ou je verrai autant
d'hommes secrétaires que d’hommes dans le secteur des travaux
publics, autant de femmes sages-femmes que de femmes soldats, le
terme “parité” prendra tout son sens. Et ne me parlez pas de la loi
sur la parité, je la considère comme une insulte. Imposer les femmes
en politique ? C'est juger qu'elles sont incapables de défendre leur
place sans aide supérieure. Et plus tard, si je veux, je serai présiden-
te de la République, n'en déplaise à ceux qui me préféreraient à la
Toutes les femmes devraient avoir les mêmes droits. Parce
maison à m'occuper de l'éducation des enfants.
que pendant que je me plains de ces inégalités que certains jugent
mineures, d'autres considèrent toujours la femme comme une
esclave. J'aime l'évolution des mentalités. Histoire de vous faire un
 Les journées mondiales
Lucie Lochon

C
hers élèves, profes- journée ! ves, vos amis, car c'est la journée AVRIL
seurs et autres mem- mondiale du compliment... et
bres du lycée Jean- Le 19 novembre, nous fêtons pour ceux préférant les tuyaux et Je n’en parlerai pas car les jour-
Monnet, l’année sco- quelque chose qui est très utile les fuites d'eau, la journée mon- nées mondiales proposées me
laire 2014 est déjà bien commen- dans une vie : les toilettes. diale de la plomberie est faite paraissent un peu trop sérieuses.
cée, et, ne trouvez vous pas pour vous.
qu’elle ressemble un peu à toutes DECEMBRE MAI
les autres? Les retrouvailles avec Le 14, n'oublions pas les mathé-
les amis, les collègues, les élè- Le mois de décembre n’est pas matiques, avec la journée mon- Jeune Padawan, le 4 est Ta jour-
ves... Cet article pourra pimenter très riche en événements. diale du Pi. née, puisque c'est la journée Star
un peu votre année ! J'ai en effet Wars. Une occasion pour les
choisi de vous parler des jour- Le 5 décembre, nous célébrons Le 20 est une journée qui n'a professeurs de nous passer des
nées mondiales. Il y en a de très les Ninjas. Venez tous déguisés. rien à voir avec les précédentes : DVD.
célèbres, de très importantes dans le monde entier nous fêtons
mais d'autres un peu moins les moineaux ! Le même jour, si Le 6, pour ceux qui s’ennuient
connues, et aussi beaucoup vous avez des caries ou des ap- vraiment en cours, c'est votre
moins utiles. Je vous propose pareils dentaires, allez embrasser journée ! C'est la journée mon-
donc un petit récapitulatif qu'il votre dentiste pour fêter la jour- diale du coloriage. Les profes-
faudra toujours garder avec vous née mondiale de la santé bucco- seurs n'ont donc pas besoin de
(ce message s'adresse aussi bien dentaire. préparer leurs cours, nous ne
aux élèves qu’aux professeurs). prendrons que les coloriages
Le 21, élèves et professeurs ré- magiques !
SEPTEMBRE JANVIER unis, cette journée est pour
vous : la journée mondiale du Le 18, c'est la journée du pied.
Le 19, c’est la journée du Lan- Le 12 janvier, si vous avez une rangement de bureaux. Chers L'occasion pour vous d'aller voir
gage Pirate. En quoi cela consis- personne ayant les cheveux roux élèves vous retrouverez sans un podologue (les diagnostics
te ? A parler comme les pirates ! dans votre entourage : embrassez doute des vieilles copies que sont gratuits, profitez-en!)
Cette journée a beaucoup de -la ! C'est la « Kiss a Ginger vous n'avez jamais rendues, et
succès aux États-Unis, alors day ! ». Même le site internet des qui vous ont coûté un zéro. Le 24, nous fêterons les brico-
pourquoi ne pas créer un événe- journées mondiales affirme que Quant à vous chers professeurs, leurs : foncez chez Ikéa !
ment au lycée Jean Monnet ? cette journée ne sert à rien... vous tomberez sûrement sur les
copies que vous devez nous ren- JUIN
J'ai trouvé une journée spéciale- Le 13 janvier, une journée mon- dre depuis des mois ! Et le même
ment pour les professeurs : la diale sans pantalon. C'est le mo- jour, pensez à apporter des ma- Le 14 juin, chers professeurs, je
journée nationale du refus de ment de vous lancer des défis ! rionnettes au lycée, puisque c'est vous propose de préparer des
l'échec scolaire, le 23. L'occa- elles que nous fêtons. cours de tricot pour la journée
sion pour les élèves de n'avoir Le 17 janvier, je mets au défi mondiale du tricot.
que des bonnes notes pendant Monsieur Ferreira de mettre à Le 24 on trouve la journée na-
une journée (ce n'est quand mê- l'honneur la cuisine italienne. tionale de la courtoisie au volant. Rien à signaler du côté du mois
me pas trop vous demander!) Cela signifierait-il que nous de- de juillet.
Le 21, lors de la journée interna- vons être polis et courtois seule-
OCTOBRE tionale des câlins, tous les pro- ment 24 heures, et devenir exé- AOUT
fesseurs devront être gentils avec crables au volant le lendemain?
Nous ne pouvons que l'aimer : leurs chers élèves...et vice versa. Le 13 août pour être plus préci-
Le 27, nous célébrons le fromage se, nous fêtons les gauchers. Par
Le 1er, nous fêtons le chocolat ! FEVRIER (voici un nouveau défi pour contre, il n'existe pas de journée
monsieur Ferreira). pour les droitiers...c'est trop in-
Le 5, encore mieux! Nous fê- Un peu moins riche en journées juste !
tons les professeurs. Profitez en, en tout genre :
offrez leur des cadeaux !
Le 5 célèbre L'Invention du Voilà, c’est déjà la fin de la liste
Le 12 octobre, ne mangez que siècle dernier : Le Nutella. Chers indispensable des journées mon-
des œufs, puisque c'est la journée professeurs, en ce jour mémora- diales. Il y en a évidemment
mondiale de l'œuf. ble, pourquoi ne pas organiser un d'autres. Pourtant, je pense qu'il
goûter ? manque certaines journées, no-
Le 20 octobre, nous célébrons tamment la journée mondiale des
les cuisiniers. Soyez donc gentils Le 17, si vous êtes un fan du élèves, et même la journée mon-
avec Monsieur Ferreira et son sirop d'érable, n'oubliez pas de diale du Chevalier Pédestre. Si
équipe! fêter la journée internationale du vous souhaitez proposer une
patrimoine canadien. Le 28, les professeurs auront le journée nationale ou mondiale,
NOVEMBRE droit d'être indulgents envers les vous pouvez ! Rendez vous sur
MARS élèves qui emmènent leurs oreil- le site internet suivant : http://
Le 13, nous fêtons la gentillesse. lers en cours pour la journée www.journee-mondiale.com/
Faites un effort, juste pour une Le 1er , pensez à flatter vos élè- nationale du sommeil. plan-site.htm
 Quelques Disney révélés au grand jour
R
êve ta vie en couleuuuuuur, c’est
le secret du bonheuuuuuuur !
Cette chanson a bercé notre en-
fance, même si certains le nient.
Les Disney sont, pour ainsi dire, toute notre
enfance. Je pourrais vous faire l’éloge de
nombre d’entre eux, mais ce serait beau-
coup trop simple. Alors je préfère vous dire
ce que je pense vraiment. Pas de paillettes et
de surplus. Tout d’abord, Blanche-Neige et
les sept nains. Tout le monde sait que c’est
le premier dessin animé en couleur, en
1937. L’histoire parle d’une gentille prin-
cesse qui, comme tous les gentils, a un mé-
chant qui veut la tuer. Pourquoi ? Parce
qu’elle est plus belle que la méchante Reine.
Seulement, cette version n’est pas la réelle.
La toute première version du conte montre
que Blanche Neige est âgée de sept ans, et
que sa mère (oui, biologique) veut lui faire
la peau. Néanmoins, une autre version mon-
tre que la belle-mère veut lui manger les
intestins et le cœur (c’est vrai qu’en pot-au-
feu, c’est pas mauvais).
Vous savez qu’il existe un film, disons,
pour les grandes personnes, avec pour thè-
me ce conte. Ce chef d’œuvre intitulé
“Blanche-Fesses et les Sept Mains” est sorti
en 1981. Ne me demandez pas ce que j’en
pense, je ne l’ai pas regardé. Certainement
pour préserver le peu d’innocence qu’il me
reste.
Passons ensuite à la Belle au Bois Dormant.
Magnifique Disney où la belle princesse
Aurore rencontre son fiancé depuis toujours,
le prince. Mais juste avant de l’épouser, elle
est plongée dans un sommeil long de 100
ans, à cause d’une simple piqûre de fuseau
Cyrielle Legeai
(et d’une malédiction contrée par des rimes
féeriques tellement niaises que je préfère ne
rien dire dessus). Sauf que dans la vraie
histoire le prince épouse la princesse en
secret et lui fait deux beaux enfants dont le
prince cache l’existence parce que sa mère
en plus d’être une reine, est une Ogresse qui
a un goût développé pour la chair humaine.
Une autre version nous apprend que ce n’est
pas un baiser qui a réveillé la princesse. En
réalité, le prince l’a trouvée endormie et
décide donc de la violer dans son sommeil
(ce que tout prince charmant digne de ce
nom ferait, bien entendu).
Elle se retrouve enceinte de deux enfants et
c’est l’un d’entre eux qui la réveille en su-
çant le doigt qu’elle s’était piqué sur le fu-
seau, aspirant le poison. Entre temps, le
prince s’est marié avec une autre et lorsqu’il
apprend que sa victime s’est réveillée, déci-
de de garder le secret. Mais sa femme le
surprend en train de crier les noms de la
princesse et de ses deux enfants dans son
sommeil, et décide que ses enfants doivent
être cuisinés et servis à leur père. Donc,
pendant que tout le monde s’extasie devant
le magnifique conte pour enfant, l’héroïne
est abusée et ses enfants sont mangés par
leur propre père. Youplaboum. Qu’est-ce
qu’on s’amuse avec les contes pour en-
fants ! Et si on passait à Cendrillon ?
Dans le Disney, la marâtre belle-mère utili-
se Cendrillon comme esclave, mais Cendril-
lon, avec l’aide de marraine la bonne fée, se
retrouve à danser avec le prince. Après
quelques péripéties que tout le monde
connaît, ils se marient et ont beaucoup d’en-
fants. Toujours aussi niais. Mais dans le
conte des Frères Grimm, les méchantes
demi-sœurs s’en sortent un peu moins bien :
alors que toutes les filles du royaume s’a-
charnent à faire rentrer leurs vilains pieds
banals dans le soulier de vair (et non de
verre, comme quoi la vérité est cachée aux
enfants, quelle honte !), les sœurs de Cen-
drillon décident d’y aller à la sauvage.
La première se coupe le gros orteil, mais un
petit oiseau fait remarquer au prince que la
chaussure dégouline de sang, et elle est dis-
qualifiée. La deuxième se scie le talon, mais
se fait également griller, ce qui permet à
Cendrillon de prouver qu’elle est bien l’in-
connue du bal. Mais ça ne s’arrête pas là.
Comme punition, les deux sœurs sont
condamnées à se faire picorer les yeux par
des oiseaux puis à mendier aveuglement
pour le reste de leur vie. Vraiment, quelle
joie ces contes !
N’empêche que grâce à tous ces dessins
animés, ils en ont fait un parc d’attraction !
Et oui, tandis que certains professeurs que je
ne citerais aucunement s’amusent à imiter
Stalone devant les élèves, d’autres s’éclatent
à DisneyLand. Certes, il y a (et il y aura
toujours) des jeux pour enfants, comme les
tasses qui tournent sur elles-mêmes et qui
tournent simultanément sur un plateau (ce
qui me donne envie de régurgiter mon re-
pas). Mais il y a aussi des attractions à sen-
sations fortes, pour les grands. Par contre, si
on est âgé de 14 ans et qu’on mesure moins
d’un mètre 50, on peut être vite dans l’em-
barras. Et puis, on devrait arrêter de se
plaindre ! Dans le monde entier, il y a qua-
tre parcs Disney: deux aux States (ça, fallait
s’en douter), un à Hong Kong (ça aussi fal-
lait s’en douter, c’est eux qui produisent les
attractions avec leurs petites mains d’en-
fants, ils ont bien le droit de jouer avec), un
à Tokyo et un en France ! Vraiment, ça nous
évite d’aller aux deux extrémités du monde
pour voir une souris qui porte une culotte
rouge. On en a de la chance !
(Toutes ces recherches ont été d’abord faites
par un site internet: MadmoiZelle.com, et il
y en a encore plus ! N’hésitez pas à aller
voir !)
 L art et la manière d accueillir un Biélorusse chez soi
Hélia Serai

P
remière étape : la feuille d’inscrip-
tion. Vous la remplissez précisé-
ment et allez en salle des profs la
donner à Mme Odillard ou la dépo-
ser dans son casier. Les réunions, c’est la
deuxième étape. Vous y apprenez l’essentiel,
à savoir d’où viennent les Biélorusses (du
Gymnasium 34 de Minsk, la capitale), ce
que vous allez faire et vous aurez le droit à
un cadeau : une feuille magique avec les
indispensables pour communiquer avec vo-
tre Biélorusse. Après quelques réunions en-
tre Jean-Monnet et le collège Louis Grenier
au Mêle sur Sarthe (qui participe aussi à
l’échange), arrive enfin le jour J.
mencez une longue et fastidieuse quête à
travers les biélorusses et leurs valises jus-
qu’à ce que la chance vous sourie et que
vous les découvriez enfin, lui et sa tête jus-
que ici inconnue. Vous le ramenez chez
vous, lui montrez sa chambre et la douche et
vous faite votre tout premier repas avec lui.
Le lendemain, rendez-vous à Monnet avant
d’aller bouger votre corps avec Viviane.
Puis vous annoncez à votre correspondant
que vous allez faire un voyage de deux jours
du côté de Saint-Malo et du Mont Saint-
Michel et qu’il serait judicieux de préparer
quelques affaires. Si la plupart des Biélorus-
ses ont acquiescé et obéi sans broncher, le
mien m’a regardé d’un air paumé et m’a
répondu « Non ». Si bien que j’ai dû lui ex-
pliquer que si, on partait pour un petit bus
trip de deux jours.
En attendant le guide, on fait un jeu de pied
(parce que jeu de main, jeu de vilain). Le
guide arrive enfin et on part pour des heures
de marche. On a traversé les deux rivières,
marché dans la bouillasse, eu les pieds et les
mollets noirs, on a évité les méduses et tous
les autres pièges mortels pour enfin arriver
au pied du mont. Détour obligé par la dou-
che pour pieds avant de rejoindre l’endroit
du pique-nique. S’en suit une petite heure de
quartier libre dans le mont que l’on parcourt
rapidement avec une foule incroyable et les
biélorusses qui se mettent régulièrement à
crier « Selfie, selfie !! » avant d’en faire un.

Bref, rendez-vous au Mêle sur Sarthe avant

Vous avez passé des semaines à chercher
votre Biélorusse sur Facebook et vous avez
réussi plus ou moins facilement à le trouver.
Il est dimanche soir, aux alentours de
19h30/20h la personne juste avant vous sur
la chaîne de prévention vous envoie le sms
fatidique : « Ils arrivent ». Vous allez donc à
Jean-Monnet attendre le gros bus blanc en
provenance de Paris où les Biélorusses ont
passé la journée. Le car arrive enfin, les élè-
ves descendent et prennent chacun leurs
valises et si vous avez un peu de chance se
dirigent vers vous en disant « Bonjour je
m’appelle ‘compléterparsonprénom’. » Et si
vous n’avez pas de chance (devinez qui n’en
a pas…) vous êtes à côté de votre mère en
train de dire « Tiens lui il a une tête à s’ap-
peler ‘compléterparleprénommanquant’ !!
» (parce que bien sûr, vous n’avez jamais vu
sa tête hormis recouverte d’un masque Dark
Vador) et vous vous dirigez avec hésitation
vers lui « Bonjour, moi c’est ‘votreprénom’,
c’est toi ‘leprénomdevotrecorrespondant’ ? »
Et c’est toujours une histoire de chance, si
vous en avez ça s’arrête-là, sinon vous com-
de prendre la route. Arrivés, on fait une ba-
lade sur les remparts. Avant de partir en
autonomie totale dans la ville, Tatiana, gen-
timent surnommé le dragon (parce qu’elle a
de la voix hein, pas parce qu’elle a l’air féro-
ce... enfin si, un peu) nous briefe sur l’en-
droit et l’heure auxquels on se retrouve.
Vous partez donc avec un groupe de biélo-
russes qui vous dit « On y va » toutes les
trente secondes, et visitez en large, en long
et en travers la ville « intra muros ».
L’heure de retrouver les autres sonne, on se
rejoint tous avant de se diriger vers la plage
pour se baigner, manger et jouer au ballon
tous ensemble. Après une nuit passée dans
un lycée sur place on prend la direction du
Mont Saint Michel pour en traverser la baie.
Le lendemain, lors de la rencontre avec les
officiels, les Biélorusses nous ont fait un
spectacle magnifique,avec des danses dans
leurs costumes typiques. La soirée se finit
dans la joie et la bonne humeur avec des
danses folkloriques percheronnes et un buf-
fet préparé par notre Paulo national !
Le mardi matin est le jour du départ. On se
regroupe tous à Jean-Monnet, plus ou moins
en larmes selon les personnes et les mo-
ments passés. Après avoir dit « adieu » à
tout le monde, le gros bus blanc repart en
direction de Paris avant de reprendre la route
pour Minsk.
Suite de l’épisode au mois de février 2015 ...

Responsable de publication : Arnaud Bouis Reine des neiges : Laetitia Bastian

Aède discrète : Mathilde Gérault
L’ingénue : S.Aldebert Scribouilleuse : Blanche Fleuriot
Grand Inquisiteur : H.Belloc
Troubadour zombie blond : M.Ferradou Imprimeur : Impressions du Perche,
61400 Mortagne-au-Perche (sisi 61 rpz)
Scout zélée : Lucie Lochon
Féministe enragée : Pauline Chymiak Vôstre prevx Chevalier Pédestre sonnoit vne foy novvelle l’olifan
Briseuse d’enfance : Cyrielle Legeai povr rallier movlts damoyseavx y damoyselles à sa sainte quêste.
Globe-trotteuse : Hélia Serai
Mini BN : Soledad Motte TRADUCTION : Le journal recrute, venez, on se fend la prune !
 Félix
Nouvelle par Blanche Fleuriot

J
e m’appelle Félix, et demain, c’est Noël. est-ce que je pouvais bien aller…peut-être dans les bois vers la vieille
Ça veut dire que ce soir, c’est le réveillon cabane…pourquoi pas, j’avais jamais été voir après tout. Thom m’a-
et qu’à table, il y aura ma maman, mon vait parlé d’un énorme fossé d’au moins un kilomètre de large et pa-
papa, mes frères, mes sœurs, mes grands- reil de fond, et que personne pouvait y descendre parce que y’avait
mères, mes grands-pères, mes tatas, mes tontons, pas de chemin. Si il y avait un canyon, ça devait pencher, donc il
mes cousins et mes cousines. Ça fait beaucoup devait bien y avoir des pistes tout près, ça valait le coup d’essayer.
de monde à table, mais au moins on s’amuse Mais Mamie m’avait défendu de traîner du côté de la cabane. Elle
bien. Papa est en train de sortir les rallonges m’a dit que c’était dangereux et puis elle a essayé de me faire peur en
pour faire rentrer tous les grands dans la me racontant des histoires bêtes. (de fantômes et de bois hantés) Je
même pièce, et nous, comme on est encore l’avais écoutée sans faire beaucoup d’efforts jusque là, vu que je me
petits, on est dans la pièce à côté, sur une contentais des pistes de d’habitude, mais aujourd’hui, il me fallait
plus petite table. Mais on a quand même quelque chose de nouveau, alors je me suis mis en marche en traînant
droit aux serviettes pliées ma luge. La neige me montait jusqu’aux genoux, et quand je posais
en forme de canard hein, le pied dessus, je sentais la couche de glace craquer, puis mon pied
du coup, on est un peu s’enfonçait dedans comme dans du coton qu’on déchire. C’est le seul
des grands quand bruit qu’il y avait, tout le reste était silencieux. Je me suis mis à souf-
même. fler fort pour faire de la fumée. J’ai ramassé une brindille et je l’ai
mise dans ma bouche comme tonton avec ses cigares. C’était fati-
J’ai entendu maman guant de marcher comme ça et j’ai vite eu chaud. Il y avait des petits
se lever tôt. Elle a pas tubes d’eau gelée accrochés aux branches, j’en ai cueilli un, je l’ai
dû quitter la cuisine depuis. Mamie est venue l’aider dès qu’elle s’est croqué, et j’ai senti la glace qui s’émiettait dans ma bouche. J’en ai
réveillée. Je les entendu parler, mais c’était flou, comme des vieilles cueilli plusieurs sur une branche de hêtre tout nu, on aurait dit des
trompettes très graves. Ça sentait drôlement bon en tout cas ! L’an- aiguilles à tricoter en glace. Je me suis dit que mamie aurait peut-être
née dernière je suis rentré par hasard dans la cuisine, et maman était pu tricoter avec, mais ça fondait trop vite, même que mes gants
entrain de couper la tête d’un gros poulet, ça m’a fait vachement étaient déjà humides.
peur, alors je suis sorti dehors en courant dans la neige, mais j’étais
pieds-nus. Me suis fait grondé mais ça m’a pas empêché de tomber Trois grands chênes et voilà, derrière, la cabane abandonnée.
malade pour le nouvel an. Maintenant, le jour de Noël, je garde mes Les planches étaient toutes moisies et une moitié de toit s’était écrou-
chaussures aux pieds. lée. Je me suis approché de la fenêtre cassée, on voyait à travers un
reste de table qui tombait en miette avec un banc fendu au pied. J’ai
Il était vers neuf heures ce matin quand je me suis réveillé. contourné le mur vers la porte vermoulue. En attrapant la poignée,
Je suis toujours le premier après Thom à me réveiller, sauf que lui elle m’est restée dans la main, alors j’ai poussé le battant d’un coup
c’est de la triche parce que papa vient tôt pour qu’il l’aide avec les sec et il est tombé du premier coup. Il faisait encore plus froid dans la
animaux. J’ai regardé par la fenêtre, ça m’a rassuré parce qu’il y cabane que dehors, j’ai fait le tour, donné un coup de pied dans le
avait toujours autant de neige qu’hier. Je me suis habillé avec le plus banc. Rien de bien palpitant. Je suis ressorti, j’étais un peu fatigué,
de silence que je pouvais pour pas réveiller Antoine, mon petit frère, c’était plus dur de marcher avec la neige et puis j’avais chaud dans
parce qu’après il veut toujours me suivre mais il court moins vite mes chaussettes. J’ai vu que ma luge avait laissé deux grands sillons
alors il s’arrête et il pleure. En plus comme il est encore petit, je dois tout droits dans la poudreuse, c’était drôle, ils ne touchaient pas mes
le surveiller et j’avais autre chose à faire de plus intéressant. J’ai traces de pas, alors je me suis dit que si j’avais été un yéti, il n’y au-
enfilé pleins de paires de chaussettes les unes sur les autres pour pas rait pas eu de sillons de luge, juste d’énormes pieds ! Oh, mieux en-
que la neige me gèle les doigts de pieds. Mamie m’a dit un jour que core si j’avais été un dinosaure ! Je me suis affalé dans la neige pour
son père il avait perdu des doigts de pieds à cause du froid pendant la faire l’ange, j’en ai pris une poignée et je l’ai frottée contre mes
guerre. Depuis, je mets plein de chaussettes, tellement que j’ai du mains et les flocons sont tombés sur mon visage en fondant. J’ai fer-
mal à mettre mes bottes. mé les yeux un petit moment et j’ai écouté le silence. J’ai imaginé
des gros dinosaures et des yétis dans la neige, et aussi des dino-yétis
J’ai filé vers la cuisine en faisant attention de marcher où le (des dinosaures avec des poils blancs) et aussi des yétinosaures (des
parquet craque pas. J’ai respiré un grand coup et je suis entré. Repé- yétis avec des écailles vertes). Et puis d’un coup, j’ai entendu la nei-
rage illico de l’assiette de tartines beurrées – action ! Rapide comme ge se froisser, tout doucement. On aurait dit…
un chat, j’en ai chipé une puis je suis ressorti au cas où il y avait en-
core le gros poulet. Je suis parti dehors en grignotant pour voir papa
et Thom. Ils étaient avec les poulets. J’aime pas les poulets.

Marche arrière. Je me suis dit « on récapitule soldat, la mis-

sion est simple : trouver des nouvelles pistes de luge ». Parce que
bon, c’est vrai qu’elle était bien la piste noire, mais à force… et puis
elle était pas très longue, moins que la piste rouge, elle allait juste
plus vite. Dans tous les cas, c’était mieux que la piste verte, ça, ça
allait la première fois qu’on montait dans une luge, mais moi, en tant
que lugeur expérimenté, c’était plus de mon niveau. Heureusement
que j’avais pas réveillé Antoine, on aurait dû rester toute la matinée
sur la verte !

J’ai réfléchi : j’étais déjà allé sur la butte aux loups, vers le
petit pont, j’avais quadrillé le périmètre de la motte en mousse. Où
 regardé vers la droite pour voir la fin du canyon, et j’ai vu que la
« Petit. » pente redevenait plate sur la fin, juste assez pour freiner, en plus y’a-
vait un tas de buissons très moussus en face de l’arrivée, au cas où il
J’ai ouvert les yeux. Un homme venait de sortir par la porte y aurait des problèmes de freinage. C’était l’endroit idéal, j’avais
défoncée de la cabane. Il avait des cheveux noirs et longs et me re- trouvé ma piste très noire ! Je suis remonté vers la gauche en suivant
gardait fixement avec un œil bleu et un œil noir. J’ai avalé ma salive, le bord du ravin pour trouver l’entrée du chemin en zigzague. C’était
il me faisait peur. Il était grand, le visage carré et il avait un accent exactement comme dans mes rêves, une piste large, longue, de la
bizarre, pas d’ici. Comment il avait fait pour arriver là comme ça bonne neige, une arrivée sécurisée, parfait ! Le canyon devenait de
d’un coup ? Je me suis levé, et on est restés face à face tous les deux. moins en moins profond à mesure que j’avançais, mais y’avait de
Un nouveau froissement, pourtant, l’homme n’avait pas bougé. J’ai plus en plus de buissons, j’ai même dû porter ma luge sur la fin.
tourné la tête au moment où une grosse patte blanche s’enfonçait
dans la neige - qu’est-ce que… mon cœur s’était arrêté - et puis une Thom il avait pas une très bonne vue, parce que je l’ai vite
deuxième patte, suivie de… un loup. Un loup blanc, énorme, gigan- repérée moi l’entrée du chemin ! Les murs autour faisaient à peine un
tesque, qui commençait à s’avancer vers moi d’un pas lourd, pro- mètre et étaient cachés par pleins de petits arbustes congelés, alors
fond, mais moi… moi c’était mes jambes qui étaient lourdes, impos- j’ai pris mon élan et j’ai sauté au milieu du chemin avec ma luge. J’ai
sible de bouger, un loup ! Et la mon cœur cognait tellement fort que regardé la toute nouvelle piste très noire qui s’allongeait devant moi :
j’ai failli tomber dans les pommes, un loup ! le chemin penchait juste comme il fallait, et descendait, descendait,
encore et encore, toujours plus loin, encerclé par les murs de neige de
« Tu es déjà loin de chez toi petit. Il n’est pas trop tard. » plus en plus hauts. Vraiment parfait, j’avais jamais vu ça : les rochers
sur le sol étaient complètement recouverts de poudreuse et allaient
L’homme venait de parler. Je me suis retourné vers lui, tan- faire office de tremplins, les petits fourrés faisaient les obstacles à
dis que le loup continuait de se rapprocher encore, encore, il était à éviter et les slaloms… Cette descente s’annonçait merveilleusement
dix centimètres de mon visage en train de me renifler, oh non ! Si il bien et je me suis dit que j’aurais dû me perdre ici plus tôt. Je me suis
me sentait, il allait me suivre à la trace et il me mangerait au fond des assis dans ma luge en bloquant les freins et j’ai respiré une bonne
bois, j’allais finir dévoré, en morceaux, c’était sûr ! Les deux paires fois. D’un coup de pied, j’ai tout lâché, et je me suis lancé sur le che-
d’yeux me fixaient. Noir noir bleu noir, c’était de plus en plus pe- min.
sant, de plus en plus lourd, j’avais du mal à respirer, à respirer, je J’ai pris de la vitesse rapidement – gauche, gauche, droite,
je… tremplin, plus vite ! C’était génial, le vent qui soufflait fort à mes
oreilles !
AAH, j’ai inspiré un grand coup en criant à moitié et je suis
parti en courant à toute vitesse, j’ai attrapé ma luge et j’ai accéléré,
c’était lourd, elle sautait contre les cailloux, se coinçait dans les bran-
ches, oh, pourvu qu’il ne m’aient pas suivi, je courais toujours, tout
droit, à gauche, à droite, je courais juste le plus loin possible, loin
loin, n’importe où mais à l’abri, qu’est-ce que c’était que ça, j’osais à
peine me retourner, pourvu qu’ils ne soient pas derrière je pensais,
faites qu’ils me laissent tranquille ! J’avais envie de hurler à l’aide,
mais j’avais pas assez de souffle et puis même, y’avait personne ici,
rien que des arbres et de la neige, rien du tout, ah, bon sang que des
arbres...que...de la neige...Je ralentissais de plus en plus...chaque ins- Plus vite,
piration...me faisait mal...à cause du froid...ma gorge brûlait... il fal- gauche, droite,
lait que je continue...sinon...C’est là que je me suis pris les pieds gauche droite, droite,
dans une branche et que je me suis aplati au sol. Vite, je me suis re- buisson, buisson, tremplin, plus vite !
tourné. Personne. Le calme plat. Alors j’ai laissé retomber mon visa- Les murs autour grandissaient, montaient comme
ge en nage dans la neige, le souffle court, complètement épuisé. De des vignes ! Buisson buisson tremplin, buisson tremplin,
toute façon j’aurais pas pu continuer encore bien longtemps à ce gauche buisson droite tremplin, droite buisson tremplin, je ne voyais
rythme. J’ai dû rester peut-être dix minutes comme ça, le nez dans la plus rien d’autre que la piste, je devais rester concentré, toujours plus
neige en attendant de retrouver mes poumons. vite, tout devenait flou, buisson, buisson, les murs étaient si haut
maintenAAH ! TREMPLIN ! J’ai volé sur trois bons mètres et je suis
J’ai fini par me relever, avec la tête qui tourne et les jambes retombé comme une crêpe dans ma luge, j’ai entendu un craaac, et
en coton. Rien de connu autour de moi, j’étais perdu. Mais pas ques- j’ai perdu les freins, je pouvais plus m’arrêter, et j’avançais, encore
tion de revenir sur mes pas : retrouver l’homme et son chien, merci, et encore, plus vite, plus vite ! Comment c’était possible d’aller en-
une fois ça suffisait ! Je me suis remis en marche au hasard, en espé- core plus vite, je passais à travers les buissons, sautait les tremplins à
rant que Papa et Maman me retrouverait si je me perdais vraiment l’envers, droite gauche droite gauche, j’avais le tournis, j’ai essayé de
vraiment. Puis alors que je dépassais un gros rocher à côté d’un bou- freiner avec mes pieds mais ils ont glissé comme sur du savon ! Elle
leau, j’ai remarqué deux sillons bien droits dans la neige à quelques devait bien avoir une fin cette piste ! Je contrôlais plus rien, rien du
pas : des traces de luge ! Il y avait peut-être quelqu’un d’autre alors ? tout, tout était flou, flou, flou, je cherchais les buissons moussus tant
Peut-être Jérémy, le fils du voisin ? que je pouvais, il fallait que je saute avant les buissons moussus, il
“Y’a quelqu’un ?” j’ai crié - Pas de réponse. Du coup, j’ai commencé fallait…
à suivre les traces de luge, à défaut d’une autre solution. J’ai marché,
encore, encore, entre les buissons, les cailloux, je suivais toujours. Et Je ne me souviens plus trop à partir de quel moment je me
tout d’un coup, les traces se sont coupées net. J’ai regardé devant. Un suis mis à pleurer, peut-être après m’être fait griffé le visage quand je
gouffre. Le canyon. suis passé au travers d’un tas de buissons pleins d’épines crochues,
peut-être en voyant les murs autour de moi qui grandissaient toujours
Avec tous ces imprévus, j’avais complètement oublié ma comme par magie en cachant la lumière, peut-être quand je les ai vus
mission principale et ma nouvelle piste ! Quel idiot ! C’était grand et se refermer au-dessus de ma tête...Plus vite, plus vite, qu’on en finis-
profond, vraiment à pic, et même avec la neige qui avait tout recou- se je me disais – et puis j’ai aperçu une tâche vert foncé, arriver com-
vert, c’était trop haut pour sauter. J’ai longé le bord en faisant atten- me une fusée en face de moi : les buissons moussus ! Mais ils sont
tion. En regardant au fond, j’ai vu un passage qui zigzaguait tout en arrivés trop vite, beaucoup trop vite, et j’ai pas fait le lien assez rapi-
bas, j’ai remarqué qu’il était en pente, de la gauche vers la droite. J’ai dement, j’ai pas sauté. Je suis rentré dedans, je suis passé au travers.
 Et la lumière s’est éteinte. Tout est devenu noir. Je suis tom- “Ici n’est plus pour toi petit”.
bé dans le noir, il n’y avait plus rien du tout autour de moi, je voyais
même plus mes mains mais pourtant…pourtant je glissais encore, je Puis il s’est détourné et s’est mis à chanter de la même voix.
sentais le vent sur mon visage, comme si j’étais toujours sur ma luge, Le loup s’est mis en marche, en tournant autour de lui. Le son au
mais elle était plus là. En fait, c’était comme si…comme si je vo- début était presque étouffé par les murs de neige autour de nous, mais
lais…Le vent qui me portait était chaud, doux. sa voix prenait de plus en plus de force et commençait à s’élever,
plus rythmée, plus caverneuse. Sa bête tournait autour de lui, plus
C’était silencieux. vite, en rythme. Sa fourrure volait dans tous les sens et...et elle s’é-
paississait ! Devenait de plus en plus sombre au fur et à mesure des
C’était calme. tours, gris clair, gris, gris foncé, gris noir, noir gris et plus ça conti-
nuait, plus le son qui montait devenait inhumain, comme un énorme
J’aurais dû avoir peur. J’aurais dû crier. Mais non, je me grondement, je ne savais plus d’où il venait, de l’homme, de l’ani-
sentais bien ici, c’était paisible, fini la piste trop noire, les tremplins mal ? La terre, le ciel, tout tremblait surtout moi, j’avais l’impression
trop hauts, les buissons qui griffent. Le calme plat, comme si rien que mes os allaient exploser tellement le bruit devenait fort, j’en suis
n’était jamais arrivé. J’entendais seulement le vent tout autour de moi tombé à genoux. Le loup était entièrement noir maintenant, sans re-
qui m’enveloppait dans des draps tout noirs. Voilà, c’était ça, je de- flets ni ombres, et tournait si vite que je distinguais qu’une énorme
vais être dans un lit, un lit bien chaud… j’étais trop fatigué pour bou- masse qui enflait, enflait, enflait ! L’homme avait déjà disparu dans
ger, beaucoup trop, le noir il m’avait comme vidé de mon énergie. Je la fourrure, et alors que j’allais être englouti aussi, un point bleu lu-
me suis mis à bailler… mineux apparut au milieu du tourbillon en m’aveuglant. Noir noir
bleu noir, j’ai fermé les yeux et tout a disparu.
Et puis je me suis réveillé en sursaut, emmêlé au milieu de
branches cassées et de petites feuilles vertes, celles des buissons Je m’appelais Félix, et demain, ça allait être Noël.
moussus. Ma luge était en miettes et des morceaux de plastique rouge
étaient coincés dans les branches. J’apercevais entre les feuilles des
petits coins de ciel bleu, j’ai compris que j’étais sorti du tunnel, du
noir. J’avais toujours l’impression de voler par contre. Toujours la
sensation du vent un peu chaud. Alors que j’étais dans la neige, sous
un tas de buisson, avec des morceaux de luge tout autour, mais tant
pis ! J’étais revenu, j’étais dehors ! Ça m’a fait tellement plaisir que
j’ai éclaté de rire, c’était fou d’avoir réussi à me sortir de là sans au-
cune égratignure ! Je me suis retourné sur le ventre puis à quatre pat-
tes pour ramper et sortir des buissons. Mais là, il s’est rien passé.
Enfin si, moi, j’avais bougé, mais mon corps non. J’étais là, à ge-
noux, et juste en dessous de moi, il y avait aussi moi. Je me suis re-
trouvé en face de mon double, mais c’était un moi différent de d’ha-
bitude, un moi tout pâle, avec des yeux vitreux, un moi avec le nez
éclaté et du sang sur la figure, du sang partout, et comme je restais au
-dessus de lui sans bouger, j’ai vu tout autour de sa tête rougir douce-
ment la neige, comme les tâches de vin sur la nappe blanche de Noël,
qui prennent tout leur temps pour bien imbiber le tissu. J’ai hurlé et
je suis sorti en courant des buissons - ils auraient dû me gêner eux,
me tirer mon manteau avec les branches, mais non rien, je suis juste
passé au travers, sans rien sentir. J’ai regardé derrière moi, lui il avait
pas bougé, il était toujours allongé sur le dos. Son bras droit faisait un
angle bizarre, et son visage... je pouvais pas regarder son visage c’é-
tait trop…tout s’est brouillé à cause des larmes. Je me suis retourné,
et le monsieur de la cabane était là, en face de moi, comme ça, surgit
de nulle part, et avec lui, son chien immense.

Oh non. Il me faisait toujours aussi peur, et une ombre cou-

pait son visage en deux. Il me regardait d’en haut avec ses cheveux
noirs qui tombaient sur ses épaules, on aurait dit un grand corbeau
bronzé. Et son loup était à côté, immobile cette fois, sa grosse fourru-
re crème qui paraissait presque sale à côté de la neige. Comment ils
étaient arrivés jusqu’ici ? Ça devait être sa faute à lui tout ça, com-
ment il aurait pu savoir où j’étais, ça devait être un sorcier qui m’a-
vait jeté un sort ou quelque chose comme ça, un tour de magie pas
drôle, un trucage, une caméra cachée, et puis pourquoi il parlait pas,
il continuait à me fixer sans bouger avec son loup - j’ai voulu lui par-
ler moi, lui crier dessus mais j’ai pas réussi à articuler et j’ai continué
à pleurer plus fort encore.

Il a fait un pas vers moi. J’ai pas réfléchi, et je me suis jeté

sur lui pour le frapper, mais je me suis aplati dans la neige en passant
au travers. Comme pour les buissons. Et la neige sur ma peau me
faisait même pas froid. Il m’a regardé encore, noir et bleu, s’est age-
nouillé à côté de moi et m’a dit d’une voix douce comme le vent dans
le noir
 LE MOMENT POSEY AVEC LE CHEVALIER
OKLM

Il va falloir faire preuve de courage dans cette chasse aux mots : ils peuvent être dans n’importe quel sens, diagonale, haut, bas,
à l’envers, etc... Il y en a certains dans le bon sens quand même, un peu de pitié dans ce monde de brutes, nom de nom.

7 erreurs se sont malencontreusement glissées

dans la deuxième image au cadre rouge.

Allez, ta mission est claire Sherlock,

à toi de mener l’enquête.

LOL

Il y a un cœur derrière nôtre boîte

de conserve qui brûle de retrouver
sa Douce.