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Les fées.

Niveau A1/A2

Illustration de 1867 de Gustave Doré


Les fées
Première partie
Il était une fois une veuve qui avait deux filles ; l’aînée lui ressemble tellement de caractère
et de visage, que qui la voit, voit sa mère. Elles sont toutes deux si désagréables et si
orgueilleuses qu’on ne peut vivre avec elles. La cadette qui est le vrai portrait de son père
pour la douceur et la gentillesse, est avec cela une très jolie jeune fille. Cette mère est folle
de sa fille aînée et déteste sa cadette. Elle la fait manger à la cuisine et travailler sans cesse.
Il faut, entre autres choses, que cette pauvre jeune fille aille deux fois par jour puiser de
l’eau à plus de deux kilomètres de la maison et qu’elle en rapporte une grande cruche.

Un jour qu’elle était à la fontaine, une pauvre femme s’approche et lui demande de lui
donner à boire.

« Bien-sûr », dit cette belle fille ; et, rinçant aussitôt sa cruche, elle puise de l’eau à la
fontaine. Elle la présente à la pauvre femme et l’aide à boire à la cruche. La bonne femme,
après avoir bu, lui dit :

« Vous êtes si belle et si gentille que je vais vous faire un don. (C’était une bonne fée qui
avait pris la forme d’une pauvre femme pour voir jusqu’où irait la gentillesse de cette jeune
fille). Je vous donne pour don, continue la fée, qu’à chaque parole que vous direz, il vous
sortira de la bouche une fleur ou une pierre précieuse. »

En rentrant chez sa mère, la belle jeune fille se fait gronder de rentrer si tard.

« Je vous demande pardon, ma mère, d’avoir tardé si longtemps », en disant ces mots, il lui
sort de la bouche deux roses, deux perles et deux gros diamants.

« Que vois-je là ! dit sa mère tout étonnée ; je crois qu’il te sort de la bouche des perles et
des diamants. D’où vient cela ma fille ? » C’était la première fois qu’elle l’appelait sa fille.

La pauvre enfant raconte naïvement tout ce qui lui est arrivé, en jetant une infinité de
diamants.

« Vraiment dit la mère, il faut que j’y envoie ma fille. Tenez Fanchon, voyez ce qui sort de la
bouche de votre sœur ; ne seriez-vous pas contente d’avoir le même don ? Vous n’avez qu’à
aller puiser de l’eau à la fontaine, et quand une pauvre femme vous demandera à boire, lui
en donner bien gentiment.

- Moi ? Aller à la fontaine ? Jamais de la vie !


- Je veux que vous y alliez, et tout de suite.

Deuxième partie

La méchante se met en route, toujours en grondant. Elle prend le plus beau flacon d’argent
de la maison. Aussitôt arrivée à la fontaine, elle voit s’approcher une belle dame, vêtue
d’une magnifique robe. La belle dame lui demande à boire. C’était, bien sûr la même fée,
mais qui s’était habillée en princesse pour voir jusqu’où irait la méchanceté de Fanchon.

« Est-ce que je suis venue ici pour vous donner à boire ? Répondit la méchante. Débrouillez-
vous, buvez à la fontaine si vous avez soif !

- Vous n’êtes pas gentille, reprit la fée sans se mettre en colère. Pour vous punir, je
vous donne pour don qu’à chaque parole il vous sortira de la bouche un crapaud ou
un serpent. »

Dès que se mère l’aperçoit, elle lui crie :

« Eh bien, ma fille !

- Eh bien, ma mère ! Lui répond Fanchon, mais tandis qu’elle parle, deux vipères et
deux crapauds lui tombent de la bouche.
- Ô Ciel ! Que vois-je ? C’est la faute de ta sœur, elle me le paiera ! »

Aussitôt elle court dans la maison pour la battre. La pauvre enfant se sauve dans la forêt.

Le fils du roi, qui rentre de la chasse, la rencontre et la trouve très belle. Il lui demande ce
qu’elle fait là, à pleurer seule au beau milieu de la forêt.

« Hélas ! Monsieur, c’est ma mère qui m’a chassée de la maison. »

Le prince, qui voit sortir de sa bouche cinq ou six perles et autant de diamants, la prie de lui
raconter ses aventures. A l’écouter et la regarder, il en tombe amoureux. Il l’emmène au
château du roi son père et l’épouse.

Fanchon si méchante se fait tant détester de sa mère qu’elle la chasse de la maison, et la


malheureuse meurt dans la forêt.

Moralité

Les diamants et les pistoles,

Peuvent beaucoup sur les esprits ;

Cependant les douces paroles

Ont encore plus de force, et sont d’un grand prix.

Adapté d’après Charles Perrault.

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