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Techniques de réhabilitation
A partir des informations existantes, il est possible de classer 21 ruptures suivant la cause de rupture
suivant trois mécanismes principaux.
Renard dans la fondation meuble (argile ou gravier) sans rupture dans le corps du barrage
Dans le cas de fondations meubles (inhabituelles pour un barrage poids) ou constituées de roches
tendres ou érodables, il convient de considérer les risques liées aux écoulements dans la fondation en
tenant compte de l’état de contrainte : une zone de faible compression ou de traction étant bien-sûr
un facteur aggravant.
Dans la plupart des cas, la mauvaise qualité de la fondation a été la cause principale de la rupture,
mais de fortes crues peuvent avoir été la cause principale pour les barrages de Fergoug et de Zerbino.
La rupture est due à la mauvaise qualité de la maçonnerie dans environ la moitié des cas, mais les
crues, un profil insuffisant, ou à des fissures dues à des injections ou un bombardement .
MÉCANISMES DE RUPTURE
30% des ruptures de barrage poids sont imputables à des fondations de très mauvaise qualité, 15% à
une maçonnerie de faible résistance, 20% à des niveaux exceptionnels de la retenue, les autres à
diverses causes, incluant un profil trop mince.
Enfin, l’effet d’arc a sauvé plusieurs barrages de la rupture (Bhandardara en Inde et Paty en France,
par exemple), mais ne fut pas efficace dans le cas d’une fondation de mauvaise qualité (St Francis,
Etas-Unis).
L’approche classique
LE MODÈLE À 1 DEGRÉ DE LIBERTÉ : STABILITÉ AU
GLISSEMENT
Le barrage poids transmet la poussée de l’eau à la fondation par cisaillement de celle-ci
principalement par frottement. Le poids de l’ouvrage doit être suffisant pour assurer le non
glissement du barrage sur sa fondation. Cette analyse simplifiée pour ne pas dire simpliste est
pourtant la vérification fondamentale à effectuer : le glissement sur la fondation est la première cause
de rupture des barrages poids.
Il est judicieux analyser la stabilité dans le plan (τ,σ) où τ est la contrainte moyenne de cisaillement
sur la bas et σ la contrainte normale moyenne.
Un profil de barrage poids, caractérisé par sa géométrie, la répartition des sous-pressions et la masse
volumique du matériau est représenté par un point dans le plan (τ,σ).
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La courbe intrinsèque (domaine de résistance) de la masse rocheuse est valablement représentée par
le critère de Hoek et Brown.
La stabilité du barrage est acquise si son point représentatif est situé à l’intérieur du domaine de
résistance.
La courbe HOEK 1 correspond à une fondation rocheuse d’assez bonne qualité. La formation est
constituée de granite ne comportant pas beaucoup de diaclases et présentant une résistance à la
compression de 35 MPa. Pour le domaine de contrainte considérée ici, l’enveloppe de Mohr est à peu
près équivalente à un critère de Coulomb caractérisé par φ = 46° et C = 0,1 MPa.
La courbe Hoek 2 correspond à une roche de faible résistance. Ici la roche est un grès très diaclasé,
dont les joints rapprochés sont altérés, avec remplissage d’argile ; sa résistance à la compression est
20 MPa.
Le point P1 est représentatif d’un barrage poids de 100 m de hauteur de profil classique (parement
amont vertical et parement aval à 0,8H/1H) et un rapport de sous-pression de 0,67%. Il est stable sur
la fondation 1 mais pas sur la fondation 2.
Le point P2 est représentatif d’un barrage symétrique de fruit amont et aval 0,70 H/1V, adapté aux
caractéristiques mécaniques médiocre de la fondation 2.
LE MODÈLE DE NAVIER
La méthode classique d’analyse des barrages poids considère l’équilibre d’une tranche de barrage
comprise entre la crête et une reprise horizontale dans le corps du barrage ou au contact de la
fondation.
le poids propre P
les sous-pressions V
L’équilibre est assuré par la réaction de la fondation du bloc, modélisée par des répartitions linéaires
de contraintes, suivant l’hypothèse de Navier :
L’écriture des conditions d’équilibre en plan fournit 3 équations pour déterminer ces 3 inconnues.
Le diagramme ci-après donne les résultats typiques de ce calcul pour un profil poids classique.
SFF shear friction factor, c cohésion sur le partie saine de l’interface, a le pourcentage de l’interface
ouvert, P le poids de la structure, V la sous-pression et Q la poussée horizontale.
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Pour la modélisation considérée, cette condition est équivalente à σ’am<0 : la section est entièrement
comprimé en contrainte effective. On verra plus loin que cette équivalence n’est pas si évidente…
Pour un profil triangulaire de poids volumique 23,5 kN/m3, la condition de Maurice Levy conduit à
un fruit aval de 0,86.
C’est une condition de stabilité de la fissure. Elle est moins contraignante que la condition de
Maurice Levy.
Pour un profil triangulaire de poids volumique 23,5 kN/m3, la condition d’Hoffman conduit à un
fruit aval de 0,81.
Un bloc de fondation est utilisé pour modéliser l’interaction avec la fondation. Généralement on
impose à zéro les déplacements sur le bord inférieur et le bord aval du bloc. Les nœuds du bord
amont sont laissés libres dans le sens amont aval. Cette condition permet de simuler de façon
simplifiée la non-résistance à la traction de la masse rocheuse.
LOI DE COMPORTEMENT
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L’approche élastique est pertinente pour l’analyse de la stabilité d’un barrage poids correctement
dimensionné. En effet, le barrage est en principe entièrement comprimé et le niveau de compression
est modéré (de 2 à 3 MPa pour un barrage poids de 100 m de hauteur).
La prise en compte d’un comportement élasto-plastique permet de mieux modéliser les zones de
singularité de contraintes en particulier le pied amont (traction) et le pied aval (compression). Les
modèles de Mohr-Coulomb et Druker-Prager sont classiquement utilisés. Le matériau sans traction
permet également un approche du comportement du pied amont.
en contraintes totales
Le barrage est alors modélisé comme un milieu monophasique. L’action de l’eau est prise en compte
par des pressions appliquées aux parois du modèle.
Le résultat du calcul est exprimé en contraintes totales. Il est alors possible d’évaluer les contraintes
effectives en faisant l’hypothèse d’un réseau d’écoulement ou directement d’une répartition de sous-
pressions.
en contraintes effectives
Cette approche est basée sur une modélisation diphasique des matériaux : on distingue le fluide
interstitiel et le squelette. On suppose que la loi de Terzaghi, développée pour les sols, s’applique :
σ = σ’ +u
Les pressions interstitielles sont calculées par la méthode des éléments finis. Elles satisfont à la loi
de conservation de la masse et à la loi de Darcy, reliant la vitesse d’écoulement au gradient de charge
hydraulique.
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En milieu isotrope, u est solution du problème aux limites ∆h = 0 où h est la charge hydraulique h =
z + u/ρg, avec des conditions aux limites en charge imposée ou en flux imposé.
L’action de l’eau sur le squelette solide est ici une action volumique égale à l’opposé du gradient du
champ de pression :
Le premier terme est la poussée d’Archimède et le deuxième terme est la force de percolation.
Le calcul mécanique est alors conduit en appliquant les forces de percolations et le poids comme en
densité de force.
Le résultat est directement exprimé en contraintes effectives. La contrainte totale peut alors être
calculée comme la somme des contraintes effectives et de la pression interstitielle.
Dans ces deux approches, il y a découplage entre le calcul des écoulements et le calcul des
déformations et des contraintes.
La mécanique des roches nous apprend que cette hypothèse n’est pas satisfaite pour les milieux
fissurés : la perméabilité du matériau dépend de son état de contrainte.
De plus et surtout, cette approche est fondée sur la validité de la loi de Terzaghi pour les milieux
poreux de type béton. La mécanique des milieux poreux nous montre que ce point de vue est
contestable.
Un milieu poreux saturé est constitué de deux phases. La première est l’espace poreux connecté
saturé par un fluide et qui peut être le lieu de filtration. La seconde est la matrice. La porosité φ est
définie par le rapport volume de l’espace connecté / volume total.
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Les variables d’état permettant de décrire les évolutions du milieu sont le tenseur de déformation ε et
une variable m appelée masse de fluide que la particule de ce milieu poreux a échangé avec le milieu
initial.
Les contraintes généralisées associées sont le tenseur σ des contraintes totales et p la pression
interstitielle.
LOI DE COMPORTEMENT
La loi de comportement relie les variables d’état aux contraintes généralisées.
Poroélasticité linéaire
La poroélasticité linéaire est le plus simple de ces lois : les contraintes sont des fonctions linéaires
des variables d’état. Dans le cas isotropre, le loi de comportement poroélastique s’écrit :
σ = σ0 + λ (tr ε ) 1 + 2 m ε – b M m/ ρ0fl 1
p = p0 + M (-b tr ε + m/ ρ0fl)
Le tenseur des contraintes effectives elastiques σ’el peut alors être défini par : σ’el = σ + b p 1
σ’el = σ’0el + C0 : ε
La contrainte effective élastique est la contrainte reliée aux déformations du milieu poreux par la loi
de comportement élastique.
Pour un sol granulaire, où Km est grand devant K0 (les grains sont quasi indéformables par rapport
au sol lui-même), le coefficient de Biot est voisin de 1.
Pour le béton non fissuré, le coefficient de Biot est de l’ordre de grandeur de la porosité initiale ; il
peut être estimé entre 0,05 et 0,2. Les contraintes effectives sont donc voisines des contraintes
totales. Il apparaît donc que l’application des raisonnements type mécanique des sols au béton non
fissuré n’est pas justifié et que l’approche en contrainte totale est la plus pertinente.
Poroplasticité
La théorie classique de la plasticité peut être développée pour le milieu poreux caractérisé par les
variables d’état ε et m.
On définit un critère de plasticité et une loi d’écoulement, associée ou non, permettant de calculer
l’évolution incrémentale des variables d’état.
La loi de comportement relative aux écoulements est la loi de Darcy qui relie la vitesse d’écoulement
au gradient de la charge hydraulique. Le tenseur de perméabilité est l’opérateur de cette loi.
L’étude simplifiée prévoit une rupture pour un niveau de retenue plus basse que le calcul par
Eléments Finis. Cette différence s’explique par 2 raisons :
les pressions interstitielles calculées par éléments finis sont plus faibles que celles calculées par
Navier : le zone fissurée est drainée par la fondation ce qu’ignore le calcul simplifié
la seconde raison est l’absence de résistance à la traction dans l’approche simplifié alors qu’une
résistance à la traction a été modélisée par éléments finis.
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Conclusion
Historiquement les premières approches de calcul des barrages poids ont été réalisées en contraintes
totales en ignorant les sous- pressions. Cette approche a été sanctionnée par des ruptures dans le
corps du barrage.
L’approche par la théorie de Biot montre que pour un matériau non fissuré et de porosité modérée
comme le béton, les contraintes effectives sont voisines des contraintes totales et l’effet des sous-
pressions mineurs sur la stabilité.
Ainsi, l’approche classique en contraintes effectives suppose en fait implicitement que le matériau
est fissuré et dans ce sens elle est du côté de la sécurité..