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Communication numériques

Chapitre 1 Notions de base et rappels


1.1 Introduction
Pour des raisons historiques, mais aussi technologiques, les systèmes
analogiques sont très largement minoritaires.
Aujourd’hui, tous les nouveaux systèmes de transmission sont numériques. L’étude
des communications numériques nécessitent des compétences multiples : antennes
(physique et propagation), modulation et égalisation (traitement du signal), réseau
(informatique et systèmes distribués), micro-électronique (architectures logicielle et
matérielle).
Le principe de base des télécommunications est de transporter un message
entre une source et un destinataire par le biais d’un canal. Les gammes de fréquences
des différents messages sont très diverses : voix humaine (300 à 3400 Hz) pour le
téléphone, musique (16 Hz à 20 kHz) pour la HiFi, signal de télévision (30 Hz `a 6
MHz pour un poste 625 lignes). Quatre types de canaux sont actuellement en
utilisation et chacun a des limitations physiques quant aux gammes de fréquences des
porteuses véhiculées : canaux hertziens (plus de 100 kHz), les câbles et lignes
diverses (de quelques Hz à quelques GHz), les guides d’ondes et les satellites (de
l’ordre du GHz), et les fibres optiques (1014 Hz).
Dans le cas où le message à transporter est numérique, la séquence binaire
composée d’une suite de symboles "0" et "1" (0 1 1 0 1 .... 1 0 0) n’a pas de
signification physique.
Pour transmettre l’information qu’elle représente, il faut représenter les "0" et
"1" par un signal physique s0(t) et s1(t), appelé forme d’onde du codage : on appelle
cette opération codage en ligne.
Le signal représentant la séquence binaire peut être électrique, optique,
électromagnétique selon la nature du canal de communication utilisé pour la
transmission (câble coaxial, fibre optique, canal hertzien, ...). Il peut être modulé (ou

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non) par une fréquence porteuse afin de s’adapter à la bande passante du canal de
transmission. Il sera donc filtré par le canal, atténué et généralement du bruit
perturbera la transmission. Le signal est alors reçu par un récepteur et démodulé pour
reconstituer la séquence binaire émise. La démodulation numérique consiste à
prendre une décision concernant le symbole représenté par le signal au temps t0
pendant la durée Ts : est-ce un "0" ou un "1" qui a été émis ?
Le problème est tout à fait différent de celui de la transmission des signaux
analogiques. Lors de la transmission de signaux analogiques, on cherche à avoir le
meilleur rapport S/B à la réception pour reconstituer le signal analogique émis.
Dans le cas de la transmission de signaux numériques, il faut reconstituer la
séquence binaire émise et donc prendre la bonne décision : est-ce un "1" ou un "0" ?
La performance de la chaîne de communication numérique se mesure en taux
d’erreurs binaires (nb d’erreurs / nb de bits transmis).

1.2 un prestataire/provider/fournisseur d'accès ? un modem ?

Le réseau internet et le réseau téléphonique sont des réseaux totalement séparés.

Le réseau internet n'est capable de véhiculer que des données informatiques (des
données numériques : des zéros et des uns).
Le réseau téléphonique, lui, n'est capable de transporter que des sons (votre voix, de la
musique...).
Chez vous, vous n'avez probablement pas de prise murale pour vous connecter
directement à Internet (ce genre de connexion coûte très cher). Par contre, vous avez
très probablement une prise téléphonique.
Les fournisseurs d'accès (ou prestataires, ou providers) ont des ordinateurs reliés
aux deux réseaux à la fois:

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Votre ordinateur - tout comme Internet - n'est capable de comprendre que des zéros et
des uns. Mais le réseau téléphonique (aussi appelé RTC pour Réseau Téléphonique
Commuté) ne peut transporter que des sons (voix, musique...).
On utilise un petit boitier capable de convertir les zéros et uns en sons et vice-versa :
c'est votre modem.
MODEM signifie MODulateur/DEModulateur. Moduler, c'est créer un son (on dit
un signal) en fonction des zéros et uns. Démoduler, c'est retrouver les zéros et les uns
à partir du signal.
Ainsi, vous connectez votre ordinateur au réseau téléphonique avec le modem:

En fait, de son côté, le prestataire a aussi des modems qui dialoguent avec le votre:

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Entre votre ordinateur et ceux d'Internet, les informations sont donc temporairement
transformées en sons pour traverser le réseau téléphonique.

Vous pouvez entendre ces sons en écoutant votre modem quand il se connecte ou bien
en décrochant votre téléphone pendant la communication.

1.3 Baud et bps :


Comme nous l'avons vu, un modem est capable de transformer une suite de
zéros et de uns en signal (son).
Imaginons que nous voulions transmettre les bits 011011.
Il y a plusieurs façons de moduler le signal pour représenter les 0 et 1.
Modulation d'amplitude: on change l'amplitude (la force) du signal.

Exemple de modulation d'amplitude


Modulation de fréquence: cette fois, on change la fréquence (la vitesse de
battement) du signal.

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Exemple de modulation de fréquence
Modulation de phase: cette fois, on décale le signal dans le temps.

Exemple de modulation de phase


Il y a des astuces qui permettent de faire encore mieux !
Par exemple en modulation de fréquence, nous avons utilisé seulement 2 fréquences
différentes pour coder 0 et 1. On aurait pu utiliser 4 fréquences différentes pour coder
00, 01, 10 et 11:

Exemple de modulation de fréquence à 4 états

Pour transmettre nos 6 bits, il nous a fallu 2 fois moins de temps qu'avec la
modulation de fréquence précédente !

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On peut également appliquer cette méthode à la modulation d'amplitude et de phase.

Vocabulaire (pour ceux qui veulent en savoir plus): Ci-dessus, nous avons donc
utilisé 4 fréquences différentes pour coder 00, 01, 10 et 11. On dit que la modulation
est quadrivalente. Au début, on avait utilisé seulement 2 fréquences : c'était une
modulation bivalente.
La valence, c'est le nombre d'états différents que peut avoir un signal à un instant
donné. Ces différents états peuvent être représentés par des fréquences différentes, des
amplitudes différentes ou des phases différentes.
En 1 seconde, on peut donc moduler plusieurs états. Le nombre d'état différents par
seconde s'appelle baud.
1 baud = 1 état de valence par seconde ; 9600 bauds = 9600 états de valence par
seconde.
Les bauds ne sont donc pas forcément égaux aux bits/seconde !
Dans notre exemple ci-dessus, si nous faisons nos 3 modulations en 1 seconde, nous
sommes à 3 bauds.
Mais en 3 modulations, nous avons transmis 6 bits : nous sommes à 6 bits/seconde.

On peut même faire encore mieux : il est possible de faire à la fois des modulations
d'amplitude, de fréquence et de phase !
Par exemple avec la modulation de fréquence et d'amplitude en même temps:

Exemple de modulation de fréquence et d'amplitude

Les modems (selon les normes) utilisent une ou plusieurs de ces modulations.
C'est ce qui vous permet d'avoir les vitesses de transmission des modems actuels.

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1.2 Codage
Les symboles "0" et "1" sont représentés par un signal physique, qui peut être une
tension, un courant, ... dont l’unité est le V, le mV, A, mA, ...
Le signal transmis par un canal de communication est filtré (bande passante limitée)
et atténué. Pour assurer une bonne transmission on utilise des répéteurs qui amplifient
le signal mais ont des mauvaises performances en basses fréquences.
Un code est d’autant plus intéressant que sa largeur de bande est faible. Lorsqu’on
utilise des répéteurs, le code ne doit pas avoir de composante continue (énergie à
fréquence nulle). Dans certain cas, l’information de la cadence d’émission des
symboles est présente dans le code ; cette information peut être intéressante pour une
bonne synchronisation en réception.
Nous étudierons quelques codes en ligne et leur intérêt pour la transmission
des signaux.
- La bande de base est la plus utilisée, en raison des très hauts débits mis en œuvre.
- chaque station est ajustée sur les points suivants :
 fréquence, respectivement durée de chaque bit
 niveaux du signal correspondant à un 1 et à un 0.
-Les stations doivent travailler sur le même mode de codage.
Pour l’ensemble des différents codes décrits, nous prendrons la même suite
binaire afin de permettre la comparaison : 1 0 0 0 0 1 0 1 1 1 1
1.2.1 Codage NRZ (Non Return to Zero)
· Principe : très proche du codage binaire de base, il code un 1 par +V, un 0 par –

Le codage NRZ améliore légèrement le codage binaire de base en augmentant la


différence d’amplitude du signal entre les 0 et les 1. Toutefois les longues séries de
bits identiques (0 ou 1) provoquent un signal sans transition pendant une longue
période de temps, ce qui peut engendrer une perte de synchronisation.
· Avantages : Simplicité
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· Inconvénients :
 grande bande de fréquences
 difficulté d’assurer la synchronisation lors d’une longue suite de 0 ou de 1, car
il n’y a alors plus de transitions, problème de synchronisation à la réception.
 valeur moyenne du signal très variable, d’où difficulté d’isoler par des
transformateurs
 Débit maximum théorique double de la fréquence utilisée pour le signal : on
transmet 2 bits par Hz
· Exemples : RS232, …
1.2.2 Codage NRZI (Non Return to Zero Inverted)
· Principe : on produit une transition du signal pour chaque 1, pas de transition pour les 0.

Avec le codage NRZI, on voit que la transmission de longues séries de 0 provoque un


signal sans transition sur une longue période. Le débit binaire est le double de la
fréquence maximale du signal : on transmet deux bits pour un hertz.
· Utilisation : Fast Ethernet (100BaseFX), FDDI
1.2.3 Codage MLT3
· Principe : Dans ce codage, seuls les 1 font changer le signal d’état. Les 0 sont codés
en conservant la valeur précédemment transmise. Les 1 sont codés successivement sur
trois états : +V, 0 et –V.

Le principal avantage du codage MLT3 est de diminuer fortement la fréquence


nécessaire pour un débit donné grâce à l’utilisation de 3 états. Pour 100Mbps de débit,
une fréquence maximale du signal de 25Mhz seulement est atteinte.

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Les longues séquences de 0 peuvent entraîner une perte ou un déphasage de l’horloge
du récepteur.
· Utilisation : Fast Ethernet (100BaseTX, 100BaseT4), ATM,
1.2.4 Codage 2B1Q
· Principe : Le code 2B1Q fait correspondre à un groupe de deux éléments un créneau
de tension dit symbole quaternaire pouvant endosser quatre valeurs différentes suivant
la table ci-dessous :

Table de codage2B1Q [Int7]

Les données sont donc transmises à deux fois la fréquence du signal.

· Utilisation : RNIS/ISDN, HDSL


1.2.5 Codage Manchester
· Principe : dans le codage Manchester, l’idée de base est de provoquer une transition
du signal pour chaque bit transmis. Un 1 est représenté par le passage de +V à –V, un
0 est représenté par le passage de -V à +V.

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La synchronisation des échanges entre émetteur et récepteur est toujours assurée,
même lors de l’envoi de longues séries de 0 ou de 1. Par ailleurs, un bit 0 ou 1 étant
caractérisé par une transition du signal et non par un état comme dans les autres
codages, il est très peu sensible aux erreurs de transmission. La présence de parasites
peut endommager le signal et le rendre incompréhensible par le récepteur, mais ne
peut pas transformer accidentellement un 0 en 1 ou inversement.

Toutefois, le codage Manchester présente un inconvénient : il nécessite un débit sur le


canal de transmission deux fois plus élevé que le codage binaire. Pour 10 Mbit/s
transmis, on a besoin d’une fréquence à 10 Mhz. [Int1]

Ceci le rend difficilement utilisable pour des débits plus élevés. L’utilisation de ce
codage pour une transmission à 1 Gbit/s nécessiterait une fréquence maximale du
signal de 1 Ghz, ce qui est incompatible avec les possibilités des câblages actuels
ainsi qu’avec les normes sur les compatibilités électromagnétiques. Plus la fréquence
du signal est élevée, plus les phénomènes de paradiaphonie pouvant perturber les
installations avoisinantes du câble sont sensibles. Les normes ISO 11801 et EN 50173
fixent entre autres les règles de compatibilité électromagnétiques (EMC : Electro
Magnetic Compatibility).

· Utilisation : Ethernet 10Base5, 10Base2, 10BaseT, 10BaseFL


1.2.6 Codage Manchester différentiel
· Principe : c’est la présence ou l’absence de transition au début de l’intervalle du
signal d’horloge qui réalise le codage. Un 1 est codé par l’absence de transition, un 0
est codé par une transition au début du cycle d’horloge.

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A noter la présence de deux symboles particuliers : J et K. Ils sont codés par +V et –V
sur toute la durée d’un cycle d’horloge. Ils ont pour but de marquer le début et la fin
d’une trame.
Le codage présente le même inconvénient que le codage Manchester : nécessite une
fréquence égale à celle du débit utile. Il présente par contre un avantage : ce sont les
transitions du signal et non pas ses états qui représentent les bits transmis, il est donc
insensible aux inversions de fils dans le câblage.
· Utilisation : Token Ring
1.2.7 Codage bipolaire ou AMI (Alternate Mark Inversion)
· Principe : Les 0 sont représentés par des potentiels nuls, les 1 par +V et –V en alternance.

Ici encore, il peut y avoir de longues séquences sans potentiel et donc perte de
synchronisation.

· Utilisation : Lignes DS1/T1

1.2.8 Codage HDBn (Haute Densité Binaire d'ordre n) ou BnZs (Bipolar with n
Zero Substitution)
· Principe : le principe de base est le même que pour le codage bipolaire, mais pour
éviter une trop longue série de 0, on introduit un bit supplémentaire au signal pour
terminer une série de n 0 consécutifs. Ce bit supplémentaire est de même phase que le
dernier 1 transmis pour pouvoir l’identifier, afin qu’il ne soit pas pris en compte dans
l’information transmise.

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· Utilisation : HDB3 : E1, E3 ; B8ZS : T1 ; B3ZS : T3

1.2.9 Codage nB/mB


· Principe : Il s’agit d’un codage par bloc. On utilise une table de transcodage pour
coder un groupe de n bits en m bits, avec m < n. Ce codage ne définit pas la mise en
ligne des bits. On utilise généralement pour cela un codage de type NRZI ou MLT3.
La suite binaire 1 0 0 0 0 1 0 1 1 1 1 précédemment utilisée va être découpée en
groupes de 4 bits. La table de transcodage ci-dessous permet de transformer chaque
groupe de 4 bits en groupe de 5 bits.

La suite à transmettre ne comporte pas plus de deux 0 consécutifs, ce qui la rend plus
facile à transmettre une fois codée en NRZI ou MLT3.

Table de transcodage 4B5B [Int2]

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Ce type de codage apporte la garantie de ne pas avoir à transmettre plus de deux 0
successifs. Les caractères spéciaux, hors données utiles, peuvent trouver leur place
dans la table de transcodage sans nécessiter un état spécial du signal comme dans les
codages Manchester.
Le codage 4B5B augmente la fréquence du signal. Par exemple 125Mhz pour
100Mbps. Associé à un codage de type NRZI, on obtient dans le cas du Fast Ethernet
(100BaseFX) une fréquence de 62.5Mhz. Avec un codage MLT3, la fréquence du
signal tombe à 31.25Mhz pour le Fast Ethernet 100BaseTX.
Par ailleurs ce type de codage laisse un nombre important de mots de 5 bits inutilisés.
Même en éliminant les groupes pouvant poser des problèmes de transmission comme
00000 par exemple, il reste des mots pouvant être utilisés pour le contrôle de la
transmission ou d’autres fonctions comme début ou fin de paquet par exemple. [Int3]
· Utilisation : 4B/5B : Fast Ethernet ; 8B/10B : Gigabit Ethernet.

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