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C onnaître les risques

Pathologie des fondations en MI


Quelques analyses
Selon les statistiques actuelles, on peut estimer à 1 500 le nombre de
déclarations de sinistres de fondations touchant des maisons indivi-
duelles.
Ces chiffres sont issus des données relatives aux années 1997 à 1999.
Les 10 années précédentes ont connu une sinistralité beaucoup plus
importante à la suite de la sécheresse qui a touché de nombreuses
régions.
Afin de mieux connaître la sinistralité des ouvrages de fondation en
maison individuelle, l’AQC a confié au CEBTP l’examen de rapports
d’expertises, pour en faire ressortir les causes de sinistres les plus fré-
quentes ou les plus graves.

PRÉSENTATION DE L’ENQUÊTE ANALYSE DES DOSSIERS D’EXPERTISE


Les rapports d’expertise examinés Répartition des causes de sinistres
139 dossiers de sinistres de fondations de maisons Les causes mises en avant par les experts dans les
individuelles ont été examinés. Ils concernent pour dossiers composant l’échantillon suivent globale-
une très grande majorité des semelles superficiel- ment la répartition des tableaux 1 et 2.
les filantes, technique la plus répandue pour ce
type de bâtiments.

Les informations portent essentiellement sur la


description des dommages, leurs causes, les remè-
des apportés ou préconisés. La localisation
géographique des sinistres constituant l’échan-
tillon est représentée sur la figure ci-contre.

Les sinistres analysés sont globalement localisés


dans les zones à forte densité démographique et
où les sols présentent une certaine sensibilité aux
variations hydriques.

Données de l’observatoire SYCODÉS :


L’analyse des dossiers de sinistres répertoriés par
SYCODÉS de 1996 à 2000 donne les répartitions
suivantes des différents types de sinistres. Elle
porte sur un échantillon de 1 689 sinistres, dont
1 380 maisons individuelles en secteur diffus et
309 en secteur groupé (voir tableaux 1 et 2).

S’agissant du coût moyen de réparation par sinis-


tre, on constate qu’il est légèrement supérieur en
secteur groupé qu’en secteur diffus. Cela s’ex-
plique par l’existence de déclarations de sinistres
concernant plusieurs maisons dans le secteur
groupé. Répartition géographique des sinistres étudiés.

SYCODÉS Informations n° 67 - juillet - août 2001 54


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Quelques analyses

L’insuffisance de profondeur d’assise des fonda- Causes des désordres, diffus


tions est la cause la plus souvent citée dans les
rapports étudiés et dans de nombreux cas, la pro- Nb %Nb Coût %Coût Coût
fondeur minimale “hors gel” n’a pas été (en kF) moyen
respectée. (en F)
Semelles filantes ou isolées
Caractéristiques des sols
Principe de fondation
Il est intéressant de constater que la présence de
non adapté 191 13,8% 29 384 20,7% 153 845
sols sensibles aux variations hydriques est avérée
dans 68% des cas (histogramme 1). Insuffisance de profondeur
dans le sol 414 30,0% 42 613 30,0% 102 931
Dans 49% des dossiers étudiés, les sols présentent Fondations sur sol hétérogène 430 31,2% 44 555 31,3% 103 617
des problèmes de portance (hétérogénéité, évolu- Autre Cause 272 19,7% 19 819 13,9% 72 863
tion dans le temps).
Autres fondations
superficielles 73 5,3% 5 824 4,1% 79 785
On peut noter également que dans 20% des cas,
la pente du terrain est citée par l’expert comme TOTAL 1 380 100% 142 196 100% 103 041
élément concourrant à expliquer la survenue du
Tableau n°1 : Données SYCODÉS
sinistre.

Facteurs extérieurs aggravants :


Dans le cas où l’expert mentionne l’existence de
facteurs extérieurs aggravants, leur fréquence est
illustrée par l’histogramme 2. Causes des désordres, groupé

On note la part significative de la végétation et du Nb %Nb Coût %Coût Coût


drainage (absent ou mal réalisé) qui favorisent les (en kF) moyen
variations hydriques du sol et influencent donc (en F)
considérablement le retrait (par dessication) ou la Semelles filantes ou isolées
perte de portance (par saturation en eau) des sols
Principe de fondation
d’assise sensibles.
non adapté 41 13,3% 9 334 27,4% 227 649

Temps écoulé entre la construction et l’appa- Insuffisance de profondeur


rition des dommages : dans le sol 90 29,1% 8 568 25,2% 95 203
Les cadences d’apparition des sinistres de fonda- Fondations sur sol hétérogène 84 27,2% 9 703 28,5% 115 508
tions superficielles croissent régulièrement jusqu’à Autre Cause 73 23,6% 5 461 16,0% 74 802
la 7ème année suivant la réception des travaux (his- Autres fondations
togramme 3). Les phénomènes physiques en jeu superficielles 21 6,8% 979 2,9% 46 627
paraissent donc agir sur le long terme.
TOTAL 309 100% 34 044 100% 110 176

Tableau n°2 : Données SYCODÉS

55 SYCODÉS Informations n° 67 - juillet - août 2001


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Les remèdes
L’histogramme 4 montre la nature des travaux de
reprise le plus souvent recommandée par les
experts. Les micropieux arrivent en tête, suivis par
les puits, pour une reprise en sous-œuvre.

CONCLUSION
On peut retenir de cette étude qu’une majorité
des sinistres affectant les fondations superficielles
de maisons individuelles se traduit par des tasse-
ments différentiels attribués à la sensibilité à l’eau
des sols ou à des problèmes de portance.

Sur l’ensemble des dossiers collectés seuls 7%


mentionnent l’existence d’une reconnaissance des
sols avant travaux.

Les réflexions engagées pour renforcer la préven-


tion s’orientent suivant deux axes :

■ La prévention vers les acteurs :

Ne faudrait-il pas favoriser les reconnaissances


géotechniques dans les zones où le risque les
justifie ?

Comment communiquer efficacement en direc-


tion des professionnels et des usagers ?

■ Le renforcement des règles de l’art :

Pourquoi ne pas prendre en compte le phéno-


mène de dessication dans une éventuelle
redéfinition, par les DTU, des profondeurs mini-
males d’ancrage des fondations dans les sols
sensibles aux variations hydriques ?

Autant de questions auxquelles devront répondre


les professionnels pour bâtir des actions de pré-
vention pertinentes, capables de réduire le coût
annuel (estimé à plus de 200 millions de francs)
des désordres survenant sur les fondations des
maisons individuelles.

Dominique VIÉ
CEBTP

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