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COMMUNIQUE

Comptoir de l’Eau n° 4 du 5 juin 2011 à Echirolles


Retenues collinaires à vocation
agricole : enjeux économiques et
Image :
environnementaux
©Engelmann/Fotolia

A ce jour, la question des retenues collinaires à vocation agricole ne s’est pas posée avec acuité en Drac
et Romanche, puisque le territoire ne compte encore aucun ouvrage.
Soucieuse d’anticiper tout conflit d’usage, la Commission Locale de l’Eau Drac-Romanche (la CLE)
souhaite néanmoins que les acteurs de l’eau se penchent sur la question.
Son objectif : créer pour les retenues à vocation agricole un schéma de conciliation des usages, à l’instar
du schéma finalisé en 2011 pour les retenues d’altitude sur la fabrication de neige de culture.

Pour cette quatrième édition des « Comptoirs de l’Eau », une formule conviviale de débat entre élus et
acteurs de l’Eau, la CLE a proposé aux élus et acteurs de l’eau en Drac et Romanche d’échanger avec les
intervenants suivants :

M. Gérard Seigle-Vatte, Président de la Chambre d’Agriculture de l’Isère


et M. Charles Galvin Président de la Commission Locale de l’Eau Drac-Romanche
Introduction du débat
Mme Aurélie Campoy ; Chargée de mission de la Commission Locale de l’Eau Drac-Romanche
Point sur la réglementation en vigueur. Exposé communiqué par la DDT, Direction Départementale des
Territoires de l’Isère.
M. Bernard Germain Chargé du suivi des instances de bassin Rhône Méditerranée Corse,
Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt Rhône Alpes (DRAAF)
Présentation du groupe de travail régional sur les retenues collinaires dont M. Germain est l’animateur.
Mme Nathalie Jury, Chargée de mission Irrigation, Chambre d’Agriculture de l’Isère
Besoins de l’agriculture et enjeux économiques en Isère et en Drac-Romanche.
M. Bernard Rivoire, Conseiller en hydraulique agricole, Chambre d’Agriculture de la Loire
Évolution climatique et conséquences pour le stockage de l’eau à vocation agricole. Exemple de la Loire.
M. Jacques Pulou Pilote du Réseau Eau de la Fédération Rhône-Alpes de Protection de la Nature (FRAPNA)
Les enjeux environnementaux des retenues collinaires.

Contact presse : Marie-Cécile Myard – mcmyard@wanadoo.fr – 06 87 41 86 70


Compte-rendu
Introduction de MM. Gérard Seigle-Vatte, Président de la Chambre d’Agriculture de l’Isère
et Charles Galvin Président de la Commission Locale de l’Eau Drac-Romanche

Avec le changement climatique en cours, le problème de l’eau


va conditionner beaucoup de problèmes de société.
Sur le territoire Drac-Romanche, seules une quarantaine
d’exploitations agricoles ont besoin d’irrigation, et les solutions
de retenues collinaires ne porteront jamais sur de grands
ouvrages. Il est néanmoins nécessaire de mener une
discussion intelligente entre tous les partenaires concernés,
notamment la FRAPNA. Cette recherche d’entente peut être
réalisée avec le concours de la CLE Drac-Romanche.

Intervention de Mme Aurélie Campoy ; Chargée de mission de


la Commission Locale de l’Eau Drac-Romanche
Point sur la réglementation en vigueur. Exposé communiqué
par la DDT, Direction Départementale des Territoires de l’Isère.
Définition de la retenue d’eau : barrage captant ou stockant les eaux
pluviales ou prélevant dans un ruisseau par dérivation ou non, sans restitution
immédiate. Une retenue peut être destinée à plusieurs usages : agriculture,
loisirs, réserve d’eau pour la production de neige, AEP, hydroélectricité.

La création de retenues est soumise au régime de déclaration ou d’autorisation selon plusieurs critères :
 le mode d’alimentation (cours d’eau ou ruissellement de surface)
 la zone d’implantation (zones humides, lit mineur/lit majeur)
 la hauteur de la retenue et le volume d’eau stocké
 les travaux d’entretien (vidanges)

Le rapport de compatibilité avec les SDAGE impose le principe général de non dégradation de l’état des
masses d’eau.
 Il faut justifier l’économie du projet, limiter ses impacts sur les masses d’eau et retenir la meilleure option
environnementale
 Le remplissage de la retenue doit être réalisé en période de hautes eaux et les impacts compensés
 Un suivi des habitats/espèces doit être réalisé après installation de la retenue
 Un plan de gestion (entretien, fonctionnement, suivi milieu) doit être défini.
 Le projet doit être analysé au regard de sa compatibilité avec le PAGD (Plan d’Aménagement et de Gestion
Durable de la ressource en eau) et de sa conformité avec le règlement

D’autres cadres réglementaires s’imposent à l’élaboration d’un projet de retenue :


 Risques associés aux retenues d’eau
 Espèces protégées, NATURA 2000
 Respect des débits réservés
 Classement des cours d’eau
 Code forestier
 Protection de périmètres (captages, APPB, etc.)

En conclusion : importance d’une recherche concertée de solutions en amont du dépôt de dossier.


La recherche d’un compromis entre enjeux économiques et environnementaux passe par une concertation locale
qui peut être portée par la CLE.
Intervention de M. Bernard Germain Chargé du suivi des
instances de bassin Rhône Méditerranée Corse, Direction régionale
de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt Rhône Alpes (DRAAF)
Présentation du groupe de travail régional sur les retenues
collinaires

Le contexte
En 2010, un recensement a été réalisé dans toute la France, qui permet d’avoir une photographie précise des
retenues à vocation agricole.
Dans la région Rhône-Alpes, les surfaces irriguées ont diminué ces 10 dernières années, une tendance que l’on
observe dans toute la France.
Les cultures concernées sont majoritairement le maïs semences, les fruits et légumes, les autres céréales et
fourrages, y compris l’herbe et le maïs ensilage.
Les retenues se répartissent principalement dans la partie ouest de la Région Rhône-Alpes, en rive droite du
Rhône, qui ne comporte ni fleuves ni grandes nappes. Il existe notamment plusieurs milliers de petits ouvrages
dans le Rhône, pour la plupart utilisés par des exploitations individuelles.

Pourquoi se poser la question de l’impact des retenues collinaires ?


Les pratiques de prélèvement amenuisent les débits. La solution est d’avoir des retenues de substitution qui
remplacent les prélèvements directs par des stockages. Par ailleurs, le changement climatique ne peut
qu’engendrer un stress hydrique pour la production agricole. On constate également que les besoins d’irrigation
naissent dans certaines zones et disparaissent ailleurs.

Le Programme Régional pour l’Agriculture durable


Adopté début 2012 avec des objectifs et des actions, ce programme vise notamment à développer des pratiques
économes en eau, en créant lorsque c’est possible des retenues de substitution. Au niveau régional, ces bonnes
pratiques prennent la forme d’un protocole ayant pour objectif de concevoir et de réaliser des retenues dans un
esprit de développement durable. il s’agit d’un document cadre décliné dans chaque département pour expliquer
les principes :
 une retenue collinaire doit être considérée dans son contexte territorial,
 elle doit de préférence être pensée collectivement, afin de limiter la juxtaposition de retenues,
 elle doit répondre à des besoins économiques afin de qualifier l’utilité réelle de l’ouvrage,
 elle doit respecter la réglementation, notamment la loi sur l’eau et le SDAGE.

Quelques éléments de méthode :


 un projet de retenue a plutôt vocation à être accompagné par une structure collective que par un exploitant
seul,
 il doit plutôt se situer dans un territoire de type SAGE ou Contrat de rivières pour bénéficier d’une dynamique
de concertation,
 il doit être précédé d’une étude qui fasse la démonstration de son utilité selon la destination de la retenue,
 une relation doit être faite entre le coût de l’ouvrage, le coût de son insertion dans l’environnement et son
efficacité économique.

Nous allons lancer une concertation au niveau régional, qui intégrera les Chambres d’Agriculture et la FRAPNA.
Ce cadre sera décliné dans chaque département d’ici l’été 2012.
Intervention de Mme Nathalie Jury, Chargée de mission Irrigation,
Chambre d’Agriculture de l’Isère : Besoins de l’agriculture et enjeux
économiques en Isère et en Drac-Romanche.
L'agriculture en Isère :
 6 302 exploitations agricoles
 241 265 ha de surface agricole, soit 17 % de la surface régionale
 180 431 UGB*
 23 500 ha irrigués (9 % de la SAU**)
 1 600 exploitations irrigantes
 plus de la moitié des surfaces irriguées (13073 ha) sont occupées par des cultures
de maïs (fourrage, grain)
 la montagne ne représente que 8% des surfaces irriguées
 674 préleveurs et1 628 points de prélèvements, principalement concentrés hors du périmètre Drac-Romanche
3
 entre 20 et 60 Mm consommés selon la saison
 les prélèvements en eaux superficielles représentent 57%, sur lesquels 84% proviennent de grosses
ressources

* Unité de gros bétail (UGB), unité employée pour pouvoir comparer ou agréger des effectifs d’animaux d’espèces ou de catégories différentes.
** La Surface Agricole Utilisée (SAU) correspond aux terres labourables, aux superficies toujours couvertes d’herbe, aux cultures permanentes
(vignes, vergers…), aux jardins familiaux et aux cultures sous serres

L'agriculture en Drac-Romanche :
 618 exploitations
 33 089 ha de surface agricole
 24 926 UGB
 1 902 ha irrigués (6 % de la SAU du territoire)
 92 exploitations irrigantes
 sur les terres labourables (12 377 ha), 1 356 ha sont irrigués
 sur les surfaces toujours en herbe, (20 667 ha), 546 ha sont irrigués

Enjeux de l'agriculture du territoire


 Forte diminution du nombre d'exploitation en un siècle
 Fort développement touristique autour de la montagne
 Pression foncière importante
 Parcellaire morcelé et difficile à travailler
 Des sécheresses récurrentes
 Volonté de maintenir une agriculture forte, facteur d'emploi et de vie sociale sur les communes et garante du
patrimoine écologique des massifs

L'irrigation : une assurance de régularité


 Faible concentration d'irrigation sur le territoire
 27 préleveurs irrigants (7 réseaux collectifs)
 40 prélèvements dans le milieu
3
 Consommation comprise entre 500 000 et 1Mm par saison
 Irrigation de survie : 400 m3/ha
 besoins climatiques en année sèche (exemple : besoins en eau = 200 mm environ en 2009)

Ressources en eau abondante en période d'étiage :


 En plaine du Drac
 Dans le Beaumont : canaux d'irrigation

Ressources en eau insuffisantes en période d'étiage


 Bassin de l'Ebron

Les retenues collinaires constituent donc des solutions intéressantes pour stocker l'eau en période de
hautes eaux, mais il existe des freins et Interrogations :
3
 Coût élevé : de l'ordre de 4 à 8 €/m stocké
 Financement ?
 Contraintes réglementaires
 Opposition environnementale
Intervention de M. Bernard Rivoire, Conseiller en hydraulique
agricole, Chambre d’Agriculture de la Loire
Évolution climatique et conséquences pour le stockage de l’eau
à vocation agricole. L’exemple de la Loire
Le contexte pédo-climatique et l’irrigation dans le département de la Loire
 Sols peu profonds (20 à 40 cm) à dominante sableuse (de 45 à plus de 70 %
de sables)
 Des sols avec une faible capacité de rétention
 La réserve facilement utilisable varie de 20 à 30 mm
 ETP* moyenne de juillet 4,6 mm par jour
 Après 7 à 10 jours sans précipitation, les plantes commencent à subir un
stress hydrique.
3
 Les irrigants appliquent 5 à 7 doses d’irrigation de 20 à 25 mm par saison soit 1 000 à 1 800 m d’eau par
hectare suivant l’année climatique et suivant la culture.

*Évapo-Transpiration Potentielle

L’utilisation de l’eau en agriculture


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 Irrigation 15 à 20 millions de m
3
 Abreuvement des animaux 6 millions de m
 Des exploitations de taille moyenne
 Parcellaires modestes (1 à 4 ha / parcelle)
 Polyculture-élevage et cultures spécialisées
 Environ 11 000 ha irrigués (dont 6000 ha de maïs)
 sur environ 226 000 ha de SAU (soit 4,8%)
3
 15 à 20 M m d’eau suivant les années

Les irrigants
 750 irrigants « en collectif »
 300 irrigants à partir de retenues collinaires individuelles
 150 irrigants à partir de cours d’eau et de puits
 Soit environ 1 200 irrigants
 (soit en moyenne 9 ha irrigués par irrigant)

Les atouts techniques :


 Appui Technique aux Nouveaux Irrigants depuis 1980 (financé par le Conseil général)
 Accompagné de stages de formation
 L'implantation d'une retenue collinaire n'est pas neutre pour son environnement.
 Son impact peut être positif ou néfaste si l’on n’y prenait pas garde
 Répondeurs agro-météorologiques (collaboration avec Météo France depuis 1979)
 Bulletins d’irrigation hebdomadaires (15 à 18 / an)
 Comptage de l’eau
 Environ 800 enrouleurs performants (plus de 50 % ont un système de régulation électronique, mesures
tensiométriques)
 Le prix de l’eau est tel que les agriculteurs n’ont pas envie de la gaspiller
 Souplesse d’adaptation des assolements

Les retenues collinaires dans la Loire


 La retenue collinaire : un ouvrage composé d’un barrage en terre permettant de stocker l’eau
 Dans la Loire, 450 retenues collinaires sont destinées à l’irrigation.
3
 Les 3 millions de m d’eau stockés permettent d’irriguer environ 2000 ha
 L’eau stockée dans les retenues collinaires représente 20 % de l’eau d’irrigation dans la Loire

En agriculture, l’édification de retenues collinaires constitue une solution intéressante pour le stockage
de l’eau en période excédentaire :
 Cette eau peut ainsi être utilisée pour différents usages (ressource en eau pour l’irrigation, alimentation en
eau d’abreuvement, lavage, protection incendie).
 Les retenues d’eau modifient le biotope qui héberge une flore et une faune spécifique ; elles entraînent le
développement d'une flore et d'une faune de zone humide différente de celle présente avant le projet; c'est le
cas sur leur pourtour ou dans l’eau.
 Elles attirent la faune sauvage lors des périodes estivales déficitaires en eau.
 Lors de la conception du projet l’observation permet de détecter l’éventuelle présence d’espèces protégées.
 Ces petits barrages permettent d’accroître les ressources en eau disponibles et contribuent au
développement de l’espace rural.
 Ces ouvrages sont soumis à une procédure et sont réalisées en conformité avec les exigences de la Loi sur
l’Eau.
 La plupart des retenues sont en régime de déclaration.
 Quelques retenues, soumises à autorisation, n’interceptent qu’une partie de l’eau et laissent passer un débit
réservé lors de leur remplissage.

Mais l'implantation d'une retenue collinaire n'est pas neutre pour son environnement.
 Son impact peut être positif ou néfaste si l’on n’y prenait pas garde, sur la ressource en eau, le milieu
aquatique et piscicole, l’écoulement des eaux, la qualité des eaux.
 Diminution même si elle est faible de la quantité d’eau à l’aval.
 Risque de réchauffement de l’eau (les réserves étant basses en été, le risque sur le milieu aval est très
faible).
 Lors des vidanges (problème de la maîtrise des matières minérales et organiques : mise en place de bassins
de décantation).
 Modification de la faune présente (elle peut aussi être enrichie autour de la retenue et dans les hauts fonds de
la retenue (grenouilles, libellules, avifaune, etc…).
 Changement dans le paysage : introduction d’un miroir d’eau, cicatrices après travaux.
 Sécurité : le principal danger est le phénomène de crues. Risque de rupture si non respect des règles de l’art
pour la réalisation de l’ouvrage.

Les impacts socio-économiques de l’irrigation à partir de retenues collinaires…..


 Sécurisation du système fourrager.
 Garantie contre les aléas climatiques.
 Contribution à la diversité des assolements.
 Contribution à la diminution des surfaces en maïs au profit de cultures herbagères.
 Economie de transport de fourrages.
 Diversification.
 Maintien de petites structures par l’implantation de cultures à forte valeur ajoutée.
 Diminution des coûts de transport par production de proximité.
 Maintien d’un tissu économique et social : développement local, emploi induit à l’amont et à l’aval, maintien
des réseaux de collecte de lait.
 Limitation des agrandissements d’exploitation (avec irrigation on passe de 80-100 000 litres à 150-175 000
litres de lait).
 Abreuvement (soulagement réseau AEP).
 Défense incendie.

Les retenues collinaires, les retenues de substitutions et les retenues tampon peuvent permettre de
diminuer notablement les prélèvements directs dans le milieu durant la période estivale.

Mesures correctrices
 Pêcherie.
 Bassin de décantation.
 Pierres dans le coursier.
 Débit de restitution (notamment par les drains filtres).
Mesures compensatoires
 Replantation de haies.
 Enherbement.
 Mise en place de mare.
 Mise en place de zones humides.
 Mise en place de vasques étanches.
Un exemple : l’abandon du projet collectif de l’ASA du Jarez
 Irrigation d’arbres fruitiers, fruits rouges et cultures légumières.
3
 Troisième projet collectif en 30 ans, troisième échec : projet de retenue de 160 000 m pour 40 exploitants et
3
90 ha irrigués (dont 20 000 m proposés en soutien d’étiage par les agriculteurs)
 Projet en altitude permettant de tout irriguer en aval sans pompage
 55 réunions pour préparer le projet, 530 000 € de dépenses (CRRA, CG, Etat, Agriculteurs) (foncier, études,
indemnité aux entreprises etc….)
 Echec suite à attaque au TA de la décision d’autorisation donnée par l’Etat D des agriculteurs abandonnent
leur exploitation, certains ne peuvent plus réaliser leur conversion en bio, de jeunes agriculteurs ne veulent
plus ou ne peuvent plus s’installer.
 Déprise foncière, abandon de vergers récemment plantés.
 Achat de fruit et légumes sur le marché de gros de Saint Etienne (bilan CO2 !!!)
 Découragement évident de la profession meurtrie par cet échec.
Intervention de M. Jacques Pulou, pilote du Réseau Eau de la
Fédération Rhône-Alpes de Protection de la Nature (FRAPNA)
Les enjeux environnementaux des retenues collinaires.
Les effets directs des retenues collinaires sur l’environnement
 Effet thermique
Dans les retenues, l’eau s’échauffe plus rapidement que sur les cours d’eau. La
température moyenne des cours d’eau à l‘aval s’élève.
 Risques d’eutrophisation
Les eaux calmes sont beaucoup plus exposées aux risques d’eutrophisation
(« indigestion ») que les eaux courantes. Effet renforcé si assainissement imparfait, trop d’intrants (N,P)…et
températures élevées. Baisse de la teneur d’oxygène dissous à la restitution en aval des retenues.
 Perturbations hydrologiques : prélèvements, évaporation, malgré les débits réservés, renforcement et
prolongation des étiages. Prélèvements dans les rivières en hiver alors que les crues hivernales sont un
phénomène naturel nécessaire à la fertilisation des sols et au maintien de la biodiversité, risque
d’assèchement des ZH
 Obstacles à la migration piscicole : barrage, prise d’eau,…
 Perturbations géomorphologiques : perturbation du transit sédimentaire avec des phases de stockage complet
(risque incision à l’aval) éventuellement entrecoupées d’épisodes de relargages massifs de sédiments
(chasses et vidanges).
 Destruction de milieux remarquables par ennoyage. Or, les lieux favorables aux retenues sont souvent des
réservoirs de biodiversité : ZH de thalweg, cuvettes naturelles ou de bas-fond,…

Les effets indirects


 Risques sur la sécurité : tenue des digues et surveillance
 On favorise le court terme...: maintenir voire aggraver l’existant … plutôt que l’avenir : évolution des pratiques
agricoles
 Risques d’introduction d’espèces exogènes. Typiquement pour les poissons : introduction d’espèces
appartenant à un contexte cyprino-ésocicole* dans un contexte salmonicole. Plus grave : introduction
d’espèces pouvant entraîner des déséquilibres (écrevisses allogènes, …)
 Moins d’investissements pour l’atteinte du bon état (DCE). L’aide susceptible d’être apportée par l’Agence de
l’eau pour l’édification des retenues collinaires serait mieux employée dans la restauration de notre
patrimoine naturel et l’aide à la reconversion agricole.
 Effet de synergie suite à la multiplication des retenues. A partir d’un certain nombre de retenues, c’est tout le
bassin versant qui est perturbé de façon irréversible et irrémédiable.
Généralités malheureusement fréquentes… chaque ouvrage projeté ayant ses propres caractéristiques

*Cyprino-ésocicole = poissons blancs et brochets

Vers une agriculture moins dépendante de la ressource en eau


 Les retenues ne sont pas une solution durable en cas d’insuffisance de précipitations (changement
climatique). En 2007, dans sa communication, « Faire face aux problèmes de rareté de la ressource en eau
et de sécheresse dans l’Union européenne », l’Europe préconise l’adaptation des activités au changement
plutôt que la vaine tentative de modifier le milieu.
 Revenir à une agriculture adaptée à son territoire moins dépendante de la ressource en eau.
 De solutions agronomiques économes en eau :
 Cultures moins gourmandes en eau surtout issue de l’irrigation
 Diversification de l’assolement qui améliore la structure du sol : un sol ainsi bien structuré facilite
l’infiltration(agroforesterie et le drainage de l’eau),
 qui réduit le ruissellement des eaux, agit en brise-vent,
 Ajustement des dates de semis, des semis de variétés précoces,
 Accroissement et diffusion des connaissances (R & D, enseignement et vulgarisation)
 Des élevages plus autonomes et durables :
 l’élevage intensif représente une part considérable de la consommation d’eau en France (maïs culture)

Conclusion : garder en tête les impacts et les limites, raisonner au cas par cas en se méfiant des effets
cumulatifs, prendre acte de l’état des connaissances et du retour d’expérience.
Débat
- Sur une question de l’assistance «Pourquoi limiter la question à l’agriculture et non envisager le soutien
d’étiage ? » M. Germain précise que le document en cours d’élaboration a pour cible les agriculteurs, et a
pour vocation de les aider à monter de bons projets. Les déclinaisons dans les départements associent les
Conseils généraux et les parties prenantes (par exemple, dans le Rhône, un syndicat mixte).

- Sur une question relative à la prise en compte de ces questions par les politiques et par le SCOT, M.
Germain répond que rien n’empêche la déclinaison du document au niveau du SCOT, d’autant que le
document met en avant l’articulation avec les SAGE et les Contrats de rivières.
M. Pulou ajoute que c’est au niveau des SAGE que se font les études, il y a donc un bouclage juridique des
outils, y compris au niveau du SDAGE auquel participent les (mêmes) élus.

- Sur une question relative au réchauffement climatique, M. Seigle-Vatte précise qu’au-delà de 28°C, l’herbe
ne peut pas pousser. Il y a donc nécessité de rechercher des cultures décalées destinées à éviter les pics de
sécheresse.

- Y a-t-il beaucoup de projets sur le territoire Drac-Romanche? Réponse : Quelques projets ont vu le jour dans
le Trièves, mais n’ont pas abouti, à cause de plusieurs freins, notamment l’éparpillement des exploitations
(alors que le département aide plutôt les projets collectifs), et la consommation de foncier.

- Quelle conciliation des usages de l’eau avec le gaz de schiste. Réponse : le territoire Drac-Romanche n’est
pas concerné.

- Quelles conséquences en cas d’une rupture de digue ? M. Rivoire précise qu’une étude géotechnique est
réalisée avant chaque projet, et qu’a l’exception d’un épisode pluvieux exceptionnel qui a totalement effacé
une retenue (180 mm en 3 h), les ouvrages se sont bien comportés.

- Question d’une exploitante à Tréminis : Aura-t-on un jour des retenues individuelles ? Nous avons de gros
problèmes d’infiltration, et nous avons eu un PV parce que le débit qui retournait au ruisseau n’était pas
suffisant. Et faire une retenue collective à Tréminis, c’est très compliqué. M. Rivoire fait remarquer la difficulté
de réaliser une retenue, compte tenu du flou autour de la définition d’un cours d’eau (la réglementation interdit
désormais la réalisation de retenues dans les lits des cours d’eau).

- Intervention de Mme Brigitte Locatelli, responsable du secrétariat de la CLE : la CLE a pour vocation de
mettre en présence les différents partenaires, comme lors de ce « comptoir de l’eau » et de mettre sur la table
les enjeux environnementaux et économiques. Mme Aurélie Campoy ajoute que, sur la question du cumul de
retenues sur un même territoire, la CLE a l’avantage d’une vision d’ensemble, comme elle l’a montré sur la
problématique des retenues d’altitude, qui ont donné lieu à un schéma de conciliation..

- Conclusion de M. Seigle-Vatte : ne pas oublier qu’en montagne, l’agriculture et le tourisme s’appuient l’un sur
l’autre pour contribuer au développement économique, et qu’il faut raisonner dans une logique de co-
construction.

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