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pressBundesgericht

Tribunal fédéral

Tribunale federale

Tribunal federal

4A_318/2018

Cause célèbre
Sperrfrist: 1. Oktober 2018 um 12:00 Uhr

Ordonnance du 27 septembre 2018


Ire Cour de droit civil

Composition Mme la Juge Kiss, présidente.

Participants à la procédure José Paolo Guerrero Gonzales,


représenté par Mes Alexandre Zen-Ruffinen et
Laurent Crevoisier, avocats,
ainsi que par Me Juan De Dios Crespo,
recourant,

contre

1. Fédération Internationale de Football Association


(FIFA), FIFA-Strasse 20, 8044 Zurich, représentée par
Mes Antonio Rigozzi et Mario Gallavotti, avocats,
2. Agence Mondiale Antidopage (AMA),
Tour de la Bourse 800, place Victoria, Bureau 1700,
case postale 120, Montréal (Québec) H4Z 1B7, Canada,
représentée par Mes Ross Wenzel et Nicolas Zbinden,
avocats,
intimées.

Objet arbitrage international en matière de sport,

recours en matière civile contre la sentence rendue le


30 juillet 2018 par le Tribunal Arbitral du Sport
(CAS 2018/A/5546 et CAS 2018/A/5571).
La présidente,

Vu la décision du 7 décembre 2017 par laquelle la Commission de


discipline de la Fédération Internationale de Football Association (ci-
après: la FIFA ou l'intimée n° 1) a suspendu le joueur de football
professionnel péruvien José Paolo Guerrero Gonzales (ci-après: le
footballeur ou le recourant), reconnu coupable d'une violation de
l'art. 6 du Règlement antidopage de la FIFA (ci-après: le Règlement),
pour une période d'une année, dont à déduire la période de suspen -
sion provisoire déjà subie depuis le 3 novembre 2017, ladite décision
ayant notamment pour effet d'interdire au footballeur de participer à
quelque titre que ce soit à une compétition organisée par la FIFA
(art. 29 du Règlement);

Vu la décision du 20 décembre 2017 par laquelle la Commission de


recours de la FIFA, admettant partiellement l'appel interjeté par le
footballeur, a réduit la période de suspension à six mois, sous déduc -
tion de la période de suspension provisoire courant depuis le
3 novembre 2017;

Vu les appels formés le 26 février 2018 et le 9 mars 2018 par le


footballeur et l'Agence Mondiale Antidopage (ci-après: l'AMA ou l'inti-
mée n° 2) contre cette décision;

Vu la sentence non motivée, dont le dispositif est daté du 14 mai


2018, par laquelle une Formation de trois membres du Tribunal
Arbitral du Sport (TAS), rejetant l'appel du footballeur et admettant
partiellement celui de l'AMA, a fixé la durée de la suspension à qua -
torze mois à partir de la notification de la sentence, dont à déduire la
période de suspension provisoire déjà subie;

Vu le recours en matière civile, au sens de l'art. 77 al. 1 let. a de la loi


sur le Tribunal fédéral du 17 juin 2005 (LTF; RS 173.110), assorti
d'une "[r]equête urgente d'effet suspensif, respectivement requête de
mesures (super)provisionnelles (art. 103 et 104 LTF)", que le footbal-
leur a déposé le 25 mai 2018 au greffe du Tribunal fédéral;

Vu l'ordonnance présidentielle du 30 mai 2018 par laquelle l'effet


suspensif a été accordé au recours à titre superprovisionnel, ce qui a
permis au recourant de participer avec l'équipe nationale du Pérou à la
phase finale de la Coupe du Monde de la FIFA, qui a eu lieu du 14 juin
au 15 juillet 2018 en Russie;

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Vu la lettre du 31 juillet 2018 par laquelle les conseils de l'AMA ont
sollicité la révocation immédiate de la décision accordant l'effet sus -
pensif au recours à titre superprovisionnel, en produisant notamment
une copie de la sentence motivée, datée du 30 juillet 2018, que le TAS
avait adressée la veille aux parties dans l'attente d'une notification
officielle de celle-ci;

Vu l'ordonnance présidentielle du 22 août 2018 par laquelle l'ordon-


nance du 30 mai 2018 accordant l'effet suspensif au recours à titre
superprovisionnel a été rapportée et la requête d'effet suspensif reje -
tée en l'état;

Vu l'écriture du 6 septembre 2018 par laquelle le footballeur a requis


que l'effet suspensif soit accordé à son recours et, partant, qu'interdic -
tion fût faite à quiconque d'exécuter la sentence attaquée;

Vu les pièces annexées à ladite requête et numérotées de 20 à 25,


lesquelles comprennent une déclaration du président du club de foot-
ball professionnel brésilien SC Internacional Porto Alegre (n° 21) ainsi
qu'une déclaration de l'entraîneur principal de la première équipe de
ce club;

Vu la détermination du 18 septembre 2018 de l'AMA au terme de


laquelle cette agence conclut au rejet de la requête d'effet suspensif;

Vu la pièce jointe à cette écriture, à savoir une lettre du recourant du


2 mai 2018 à l'intention du TAS;

Vu la lettre du 18 septembre 2018, accompagnant le dossier de la


cause, dans laquelle le Secrétaire général de ce tribunal arbitral, sans
prendre formellement position sur le recours, s'interroge néanmoins
"sur la variabilité des arguments soulevés par le recourant pour
justifier un dommage irréparable";

Vu les observations du 18 septembre 2018, produites par l'intéressée


avec un double du mémoire de réponse qu'elle avait adressé au TAS
le 17 avril 2018, dans lesquelles la FIFA fait part de son intention
d'interjeter un recours séparé contre la sentence arbitrale, dont elle
précise avoir reçu l'original signé le 17 septembre 2018, tout en décla -
rant considérer avec une certaine bienveillance les arguments déve -
loppés par le joueur dans une partie de sa requête;

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Vu la lettre du 24 septembre 2018 dans laquelle l'un des conseils du
recourant, d'une part, prie la soussignée de ne pas tenir compte d'un
argument au fond relatif à l'échantillon B auquel il avait expressément
renoncé devant le TAS dans la susdite lettre du 2 mai 2018 et, d'autre
part, souligne que sa confiance dans les chances de succès de son
recours est renforcée par l'annonce de la FIFA d'entreprendre aussi,
de son côté, la sentence contestée;

Vu le dossier de la cause où figure un double du courrier du


14 septembre 2018 par lequel le TAS a notifié aux parties l'original de
ladite sentence;

Attendu, sur le vu de cette dernière constatation, que le délai de


recours au Tribunal fédéral, qui est de 30 jours à compter de la
notification de l'expédition complète de la décision attaquée (art. 100
al. 1 LTF), n'a pas encore expiré, si bien qu'il n'est pas exclu que le
recourant et la FIFA en profitent, le premier pour compléter son mé-
moire de recours du 25 mai 2018, la seconde pour déposer un recours
contre la sentence du 30 juillet 2018 ainsi qu'elle en a manifesté l'in -
tention,

que cela ne change rien, cependant, à la nécessité de statuer sur la


requête d'effet suspensif pendante en fonction des éléments portés à
la connaissance du Tribunal fédéral,

qu'à cet égard, il y a lieu de tenir compte de l'allégation du recourant,


étayée par la pièce n° 21 susmentionnée, selon laquelle le joueur a
été transféré, le 15 août 2018, d'un club de football brésilien de pre-
mière division (Flamengo) à un autre (SC Internacional Porto Alegre)
avec lequel il a signé un contrat de trois ans valable jusqu'au 14 août
2021, mais dans l'équipe duquel il n'a pas pu être aligné en raison de
l'annulation, le 22 août 2018, de l'ordonnance présidentielle du 30 mai
2018 ayant accordé l'effet suspensif au recours à titre superpro vi-
sionnel;

Considérant qu'en règle générale, le recours en matière civile n'a pas


d'effet suspensif (art. 103 al. 1 LTF),

que le juge instructeur peut toutefois, d'office ou sur requête d'une


partie, statuer différemment sur l'effet suspensif (art. 103 al. 3 LTF),

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que, pour rendre une décision à ce sujet, il procédera à une pesée des
intérêts en présence et se demandera, en particulier, si la décision
attaquée est de nature à entraîner un préjudice irréparable pour le
recourant,

qu'il lui faudra également supputer les chances de succès du recours;

Attendu qu'il n'est pas certain, sur le vu des explications antagonistes


du recourant et de l'AMA, que le refus de l'effet suspensif occasion-
nerait au recourant un dommage irréparable ni, du reste, qu'une pesée
des intérêts en présence – i.e. celui du recourant à pouvoir prendre
part aux compétitions pour lesquelles il est qualifié, au lieu de subir
une période d'inactivité forcée de huit mois, et celui de l'AMA à ce que
les sanctions prononcées pour violation des règles antidopage ne
soient pas différées à l'excès au risque d'en réduire l'efficacité et de
fausser une compétition au détriment des concurrents – pencherait en
faveur du joueur,

qu'il sied de relever, dans ce contexte, que le recourant ne saurait se


prévaloir de l'intérêt de son nouveau club à pouvoir compter sur lui
pour l'aider à remporter le titre national, dès lors que le club en
question (SC Internacional Porto Alegre) ne pouvait ignorer les risques
auxquels il s'exposait en concluant un contrat de travail avec un
footballeur sous le coup d'une mesure de suspension n'ayant été
levée qu'à titre superprovisionnel,

qu'il n'y a cependant pas lieu de pousser plus avant l'examen de cette
première condition dès lors que la seconde n'est manifestement pas
réalisée et qu'il s'agit de deux conditions cumulatives;

Considérant, en ce qui concerne la seconde condition, que la pratique


du Tribunal fédéral va dans le sens d'un renforcement des exigences
auxquelles est soumis l'octroi de l'effet suspensif en matière d'arbi-
trage international,

que, de ce fait, l'effet suspensif n'est accordé, en règle générale, que


s'il ressort d'un premier examen sommaire du dossier que le recours
apparaît très vraisemblablement fondé (ordonnance présidentielle du
7 novembre 2016 dans la cause 4A_624/2016);

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Attendu que l'on ne peut affirmer, prima facie, en lisant le mémoire de
recours et la requête d'effet suspensif et en confrontant ces écritures
avec la sentence attaquée et les déterminations de l'intimée n° 2, que
les conclusions du recourant devront être très vraisemblablement
admises,

que c'est plutôt la conclusion inverse qui paraît s'imposer dès lors que
l'on peine à discerner en quoi les reproches formulés par le recourant
à l'encontre de ladite sentence suffiraient à démontrer l'incompatibilité
de celle-ci avec l'ordre public matériel (art. 190 al. 2 let. e LDIP) ou la
violation du droit d'être entendu de l'intéressé (art. 190 al. 2
let. d LDIP),

que l'on ne voit pas non plus, au demeurant, en quoi le grief esquissé
par la FIFA à la page 3 de ses observations (let. D.b) aurait des
chances de prospérer, si tant est que cette partie ait qualité pour
recourir en l'espèce,

que la requête d'effet suspensif sera dès lors rejetée,

Vu l'art. 103 al. 3 LTF,

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Ordonne:

1.
La requête d'effet suspensif présentée par le recourant est rejetée.

2.
Un double de la lettre de Me Alexandre Zen-Ruffinen au Tribunal
fédéral du 24 septembre 2018 est communiqué aux mandataires des
intimées et au Tribunal Arbitral du Sport (TAS).

3.
La présente ordonnance est communiquée aux mandataires des
parties et au Tribunal Arbitral du Sport (TAS).

Lausanne, le 27 septembre 2018

Au nom de la Ire Cour de droit civil


du Tribunal fédéral suisse

La Présidente:

Kiss

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