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Remarquables jardins

Caché derrière son enceinte murée, le château de Kolbsheim


recèle un joyau insoupçonné : son parc et ses jardins. À
découvrir lors de ces journées du patrimoine (*).

La famille Grunelius (ici Érik) accueillera jusqu’à dimanche les visiteurs souhaitant découvrir leur
jardin. Photo DNA

Balcon verdoyant sur la plaine de la Bruche et, plus loin, les courbes douces des Vosges, les abords
du château de Kolbsheim sont un lieu unique dans la région de Molsheim.
Des jardins à la française disposés en terrasse dominent les arbres d’un parc à l’anglaise de six
hectares, au bas de la colline. Tout invite ici le promeneur, solitaire ou accompagné, à la quiétude et
à la flânerie. Celle qui lui permettra peut-être d’imaginer à quoi ressemblait le lieu il y a un siècle.

« Des patates sur les terrasses »


« Mon père, Alexandre, a tout remodelé à partir des années 20 », raconte Jacques Grunelius, l’un
des membres de la famille propriétaire du château. « À la guerre de 14, les Allemands avaient
protégé Kolbsheim. Ils avaient tout fortifié. Les arbres de la plaine et du parc avaient été coupés
pour construire des casemates, dégager la vue des batteries. Ils avaient aussi retourné ces terrasses
pour y mettre des patates. »
Le temps du conflit est aujourd’hui loin derrière, mais d’autres combats se sont depuis joués.
Surtout celui lié au projet de grand contournement ouest (GCO) de Strasbourg auquel les Grunelius
furent farouchement opposés : « Le tracé passait juste là, à côté. C’est sûr qu’avec le bruit du trafic,
ça n’aurait plus été pareil », estime le guide.
Un autre défi de taille
Aujourd’hui, la menace du GCO est semble-t-il écartée. Mais un autre défi demeure, et pas le
moindre : continuer à faire vivre ce patrimoine exceptionnel. Et reconnu comme tel puisque le site
est depuis 1972 classé à l’inventaire des monuments historiques « Châteaux et jardins », de même
qu’il est labellisé « Jardin remarquable ».
« Quand on est des privés comme nous, c’est énormément de boulot d’entretenir tout ça : il faut une
personne qui s’en occupe, du matériel », glisse Jacques en s’engageant dans une magnifique allée
de charmes en arcades.
Outre les massifs de fleurs et les conifères taillés, la balade s’agrémente de surprises au détour des
chemins : pièces d’eau, arrangement de rocailles, un puits, une statue de Saint-Michel… Plus loin,
ce chemin de croix vient rappeler la grande piété d’Alexandre Grunelius et de son épouse, tout
comme l’amitié qu’ils avaient nouée avec Raïssa et Jacques Maritain, deux grands penseurs
chrétiens qui avaient pris l’habitude de venir se ressourcer sur ces bancs de pierre.
L’ambiance est toute autre dans le parc. Le sentier passe de bois en prés, longe des étangs puis les
méandres d’une dérivation du canal de la Bruche, emprunte deux petits ponts…
« À l’époque, ma famille avait beaucoup de bêtes », évoque Jacques Grunelius. Quelques vaches
broutent toujours sous les frondaisons mais aujourd’hui, elles y sont mises en pâture par des
personnes extérieures. En tout cas, leur présence est bienvenue. Elles ne font qu’ajouter une
indéniable touche bucolique au tableau d’un lieu secret qui ne demande qu’à être découvert.

O.T.
14/09/2012 à 05:00
DNA

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