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Le nouvel ordre mondial » depuis 1991

Introduction.

- La rivalité Est-Ouest, qui était le moteur central de l’histoire depuis la fin de la guerre
froide, a brusquement disparu.

Il semble alors que l’on rentre dans un « Nouvel ordre mondial »: expression utilisée au Congrès par
George HW Bush en 1990.

- Cette expression a plusieurs sens. La fin de la guerre froide laisse présager en effet l’idée d’un
nouvel ordre mondial à 3 dimensions :

· 1ère dimension: passage d’un monde bipolaire à un monde unipolaire. Le monde est alors polarisé
autour d’une seule puissance qui acquiert alors le statut de superpuissance.
· 2e dimension: évolution des Etats, à travers les organisations internationales comme l’ONU, l’OMC,
le FMI, l’OCDE, et sous polarisation américaine, vers une gouvernance mondiale.

· 3e dimension: le modèle américain devenant modèle de référence, la notion de droits de l’homme et


de démocratie devrait s’étendre dans le monde grâce au nouvel ordre.

- Mais la situation engendrée à la fin de la guerre froide rend le monde plus complexe et plus
instable, caractérisée désormais par une multiplicité de problèmes localisés plus ou moins indépendants
les uns des autres et très difficiles à résoudre. ■

Est-on entré depuis 1991 dans un nouvel ordre ou un nouveau désordre mondial?

1ère partie: succès et échecs du « nouvel ordre mondial »

1. Dès 1991, des changements annoncent le succès d’un « nouvel ordre mondial » plus juste.

A. 1991: fin de l’apartheid (classification racial et habitat séparé) en Afrique du Sud

Sous la pression des luttes de l’Afican National Congress (ANC) et de Nelson Mandela, avec l’appui de la
communauté internationale, le premier ministre Frederik de Klerk négocie la fin de l’apartheid en 1991.

B. La 1ère guerre du Golfe 1990 - 1991.

• Guerre autorisée par l’ONU pour libérer le Koweït envahi par l’Irak. L’ONU a longtemps été
paralysée par le veto des 2 Grands. Elle retrouve à cette occasion une liberté de manœuvre.

• L’ampleur de la coalition internationale sous mandat onusien et l’accord E-U et URSS semble
confirmer la naissance d’un nouvel ordre mondial

C. L’ONU fait avancer le droit international

- Opération « Restore Hope », 1992, conduite par les E-U en Somalie sous mandat onusien. But:
protéger et alimenter les populations civiles prises dans une guerre intestine. Cette intervention de
l’ONU et des E-U en Somalie en 1992 est à triple sens:

• Elle montre une implication active de l’ONU et des E-U comme gendarmes du monde.

• Elle constitue un exemple d’application d’une notion nouvelle du droit international avec la notion de
droit d’ingérence humanitaire. Droit d’ingérence: droit qu’ont, sous mandat de l’ONU et à des fins
humanitaires, une ou plusieurs nations de violer la souveraineté d’un Etat. Ce droit d’ingérence se fait
au nom d’une morale de l’urgence: « on ne laisse pas mourir les gens sans rien faire.

• Elle montre également les limites du pouvoir onusien et américain: aujourd’hui encore, la Somalie est
déchirée par la guerre civile.

- L’ONU voit ses missions d’urgence se multiplier et se compliquer.


· Mission de maintien de la paix: séparation des groupes armés comme à Haïti
· Mission de consolidation: reconstruction du pays comme en Palestine, à Chypre ou en Irak
· 192 pays membres de l’ONU. Seuls, le Vatican (neutralité) et Taïwan (statut imprécis, toujours
revendiqué par la Chine) ne sont pas membres de l’organisation.

- Mise en place d’une justice internationale avec la Cour Pénale Internationale qui siège à La Haye
· 1ère juridiction pénale permanente
· Compétence pour les crimes les plus graves
· Existe depuis 2002 : 110 Etats sur 192 reconnaissent l’autorité de la CPE
· E-U, Russie, Israël et Chine refusent de la reconnaître pour préserver leur liberté d’action.

- L’ONU travaille également au désarmement. Exemples:


· Traité sur la non prolifération des armes atomiques (1968)
· Agence internationale de l’énergie atomique qui veille à la non utilisation militaire du nucléaire

· Interdiction des armes chimiques, bactériologiques et des mines anti personnelles

2. Mais la multiplication des conflits incontrôlables mettent en évidence l’échec de cette promesse d’un
« nouvel ordre mondial »

- Le Rwanda 1994.
· Un petit pays pauvre et surpeuplé
· Un massacre inimaginable entre deux communautés (Hutus etTutsis)
· 1 million de morts (?) en 100 jours
· Impuissance de l'ONU paralysée par l’indécision ou l’implication partisane des grandes puissances
dont la France (plus proche des Hutus).
· Cette catastrophe et ce scandale humanitaire met en évidence que l’ONU n’est pas un
pouvoir supra national mais qu’elle est le reflet des rapports de force entre les Etats.
· L’ONU repose sur une organisation héritée de la 2e Guerre mondiale et qui ne tient pas
compte des transformations nées de la mondialisation: les puissances émergentes nouvelles ou le
Japon et l’Allemagne, qui ne sont plus des puissances dangereuses, n’ont-elles pas droit au statut de
membre permanent au Conseil de Sécurité ?

· Aucune des tentatives de réforme des institutions de l’ONU n’a abouti.

- 2e exemple : les guerres issues de la dislocation de la Yougoslavie.


· « La Yougoslavie a six Républiques, cinq nations, quatre langues, trois religions, deux alphabets,
et un seul parti » Maréchal Tito
· En 1991, l'éclatement de la Yougoslavie se traduit par un réveil du nationalisme. Les forces de
l'ONU sont incapables d'empêcher les « nettoyages ethniques » menées en Serbie, en Croatie et
en Bosnie. Le but de ces « purifications ethniques » : libérer un espace national fondé sur une seule
ethnie.
· Impuissance de l’UE et de l’ONU à empêcher les massacres. Causes: complexité de la situation,
dysfonctionnements et stupidité des responsables militaires onusiens. Le crédit de confiance
envers l’ONU s’est effondré.
· Il faut l'intervention de l'OTAN et des E-U pour imposer à ces trois Etats un accord de paix
(les accords de Dayton en 1995)

Synthèse. Points communs des nombreux conflits du XXIe siècle:

- l’URSS et les E-U « géraient » plus ou moins les conflits du temps de la guerre froide. La fin
de la guerre froide n’a pas vraiment augmenté le nombre des conflits meurtriers mais ils se sont
transformés.
- les guerres civiles l’emportent sur les conflits entre Etats. Avec des conflits identitaires
comme dans l’ex-Yougoslavie
- des victimes surtout civiles, y compris les déplacés et réfugiés: 90% des victimes des conflits
du XXIe siècle sont des civils.
- 200 millions d’enfants sont impliqués dans les conflits du XXIe siècle comme civils et comme
soldats: entre 2004 et 2007, 63 pays ont autorisé le recrutement de mineurs dans les forces
armées (parfois dès 8 ans)
- l'impuissance de la communauté internationale à régler ces conflits.

2ème partie. Les Etats-Unis seuls contre tous?

1. 1991: « hyper puissance » des E.-U.


· A. Gendarmes du monde: seule puissance capable de garantir la paix mondiale
- Ex: Guerre du Golfe 1991
- Ex: Arbitre du conflit israélo-palestinien Accords de Washington (1993) entre Ytshak Rabin et
Yasser Arafat: reconnaissance mutuelle et autonomie palestinienne.

· B. Oscillation de leur politique étrangère entre 2 attitudes.


- Le multilatéralisme: défendre ses intérêts mais en partenariat avec les autre Etats. C’est le cas avec
les interventions dans le cadre d’un mandat onusien ou avec le soutien de l’ONU: 1ère guerre du Golfe
ou Somalie.
- Mais, en même temps, les E-U ont la tentation forte d’agir de façon unilatérale, surtout après le 11
septembre. L'unilatéralisme : se passer d'un accord international.
- Exemple d’une attitude unilatéraliste : après le 11 septembre 2001, le président, George W. Bush, élu
en 2000, prépare la riposte: « Global War on Terror », (GWOT). Les E-U attaquent l’Afghanistan dont
le régime islamiste des Talibans abrite Al Qaida puis l’Irak sans mandat de l’ONU

- Ces 2 guerres permettent aux E-U de déployer un réseau de bases militaires en Asie (voir carte ci-
dessous) avec comme 3 buts:
1. Maintenir leur présence militaire en Asie et diffuser leur modèle: les droits d l’homme et le
capitalisme afin de contrôler les puissances émergentes (l’Inde et la Chine).
2. Contrôler les gisements pétroliers à la base de l’économie mondiale

2. Mais la superpuissance semble avoir atteint ses limites

- Elle est obligée de consentir un effort financier colossal pour pouvoir jouer un rôle planétaire: 700
Mds$ de dépenses militaires en 2008
- La superpuissance et ses alliés ont longtemps été mis en difficulté en Irak (encore non stabilisée)
et en Afghanistan (après avoir combattu les talibans, les E-U et l’OTAN envisagent de négocier avec
eux)
- Malgré des efforts de persuasion des E-U, les Etats d’Amérique du Sud ont mis en échec la ZLEA
- Les E-U ne peuvent pas gérer le monde seuls car les grands problèmes sont transnationaux.
Exemple: pour la crise financière de 2008, ils ont fait appel au G20.

· En 1991, le monde a paru être unipolaire. Mais depuis le début du XXIe siècle, évolution
vers un monde polycentrique ou multipolaire:

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