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2eme Livre D Appolodore
2eme Livre D Appolodore
Résumé
Résumé. — Après avoir participé à la querelle de la chose en soi et avoir gardé seulement l'idée de noumène comme idée
régulatrice, comme Idée limite, Maïmon revient à la métaphysique de Leibniz, dont le fondement est le calcul infinitésimal. D'où
un rapprochement de l'idée de noumène et de l'idée de différentielle, considérée comme une base scientifique des qualités
sensibles.
Abstract
Summary. — After participating in the quarrel over the thing in itself and having kept the idea of the noumenon only as a
regulative (limiting) idea, Maïmon returned to Leibniz's metaphysics, including the foundations of the infinitesimal calculus, out of
which came a reconciliation of the idea of the noumenon and the idea of the differential as a scientific basis for perceptible
qualities.
Zac Sylvain. Noumène et différentielle dans la philosophie de Salomon Maïmon. In: Revue d'histoire des sciences, tome 39,
n°3, 1986. Etude sur l'histoire du calcul infinitésimal. pp. 255-272;
doi : https://doi.org/10.3406/rhs.1986.4478
https://www.persee.fr/doc/rhs_0151-4105_1986_num_39_3_4478
dans la philosophie
de Salomon Maïmon
gardé
Maïmon
infinitésimal.
différentielle,
KÉSUMË.
seulement
revient
considérée
D'où
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SUMMARY. — After participating in the quarrel over the thing in itself and
having kept the idea of the noumenon only as a regulative (limiting) idea, Maïmon
returned to Leibniz's metaphysics, including the foundations of the infinitesimal
calculus, out of which came a reconciliation of the idea of the noumenon and the
idea of the differential as a scientific basis for perceptible qualities.
NOTE INTRODUCTIVE
(1) Maïmon, Gesammelte Werke, III (Hildesheim, 01ms, 1970, 1976), Wôrterbuch,
Warheit, 158-178.
Sur la philosophie de Salomon Maïmon 257
« Et moi, celui qui écrit ici après avoir approfondi des livres et médité
grâce à la science philosophique, Dieu en soit remercié, j'ai trouvé que
les objets de la philosophie sont les fondements des choses sensibles et
non les choses sensibles elles-mêmes. Nous rapportons les formes logiques
non pas aux choses sensibles elles-mêmes, mais seulement à leurs
fondements ; les petites parties à l'infini dont les choses sensibles sont
constituées sont elles-mêmes des objets de l'entendement, bien qu'elles
soient les fondements des concepts sensibles. La pensée du philosophe
Leibniz est exactement la même que la mienne. Du moins c'est mon
avis : les choses sensibles sont naturellement divisibles à l'infini, étant
donné que les formes qui conditionnent leur accueil sont le temps et
l'espace, susceptibles d'une division à l'infini. Mais les fondements des
choses sensibles tels que l'entendement les produit, abstraction faite du
temps et de l'espace, sont ces « unités » mises en avant par Leibniz,
des "unités" indivisibles. Je veux dire que l'entendement est incapable
de saisir les rapports de qualité et de valeur entre les choses sensibles,
mais saisit bien les rapports de ce genre entre les fondements des choses
sensibles, c'est-à-dire entre les "unités" dont il était question. Mais
étant donnée la nature de l'imagination, elle est incapable de saisir ces
"unités". Par contre elle conçoit les relations entre les choses sensibles.
Par ce chemin (par la distinction de l'entendement et de l'imagination
dans la connaissance philosophique), je me suis bien gardé d'un côté
de rapporter les formes de l'entendement aux choses sensibles, d'un
autre côté j'ai pris des précautions pour ne les attribuer à rien et concevoir
les formes de l'entendement comme étant les objets de leur propre
compréhension. C'est ainsi que les fondements de la philosophie persistent
comme un "miroir de métal fondu" (Job, 37, 18). Je l'ai expliqué dans
mon livre sur la Philosophie Iranscendantale publié en allemand » (2).
(2) Maïmon, Givhat Hamoreh (La colline du maître), traduit et commenté par
H. Bergman et N. Rotenstreich (Jérusalem, 1965), 18.
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(17) M. Mendelssohn, Vber die Evidenz, 1763. Rééd. in Schriften zur Philosophie,
I (Hildesheim, 01ms, 1968), 54.
(18) GW, VII, 215.
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d'autres objets que ceux qui sont a priori) qu'ils soient donnés
comme vitesses ou comme des rapports sont des grandeurs
intensives (il ne semble pas que la notion de différentielle soit précise
chez Maïmon ; il ne distingue pas toujours nettement la
différentielle de la dérivée ou de la fonction) ; il faut l'analyser surtout
en raison des conséquences métaphysiques qu'il va en tirer, comme
nous le verrons. C'est ainsi qu'il donne comme exemple simple
de l'opération de l'entendement dans la constitution d'une
différentielle, celle qu'il effectue en traçant une ligne. On peut, en effet,
envisager une ligne sous un double statut, d'une part, en tant que
l'entendement la pense et la trace dans la pensée et, d'autre part, en
tant qu'elle est exhibée dans l'intuition. Pour connaître
intuitivement cette ligne, la conscience requiert seulement l'appréhension
à savoir le parcours de l'enchaînement de ses parties qui sont
paries extra partes ; par contre pour concevoir cette ligne on a
besoin de l'explication de son mode de production. Dans l'intuition
la ligne d'un mouvement précède le mouvement d'un point ; dans
le cas du concept c'est précisément le contraire. Lorsqu'on conçoit
une ligne c'est qu'on veut expliquer son mode de production et
alors le mouvement d'un point précède le concept de la ligne (19).
Dans les Kritische Unlersuchungen Maïmon cherche à
démontrer formellement que tous les objets pouvant être exhibés a priori
sont des grandeurs intensives selon leur mode de production. Bien
que les différentielles soient des grandeurs différentes et puissent
être comparées selon la diversité de leur mode de production, on
a le droit de dire qu'elles sont des grandeurs intensives, en tant
qu'on les considère non en elles-mêmes, mais dans leurs rapports
réciproques (20).
V. — Kroner insiste dans son livre Von Kant bis Hegel sur
la part de l'héritage spinoziste dans l'œuvre de Maïmon. Les
idées de la « monade », de la phénoménalité des choses naturelles,
de la relativité de l'étendue par rapport aux « monades » sont des
idées leibniziennes, mais, malgré les critiques wolfïiennes qu'il
reprend contre Spinoza, Maïmon distingue comme Spinoza l'étendue
(26) H. Bréhier, Histoire de la philosophie, II, fasc. 2 (Paris, puf, 1968), 468.
(27) Kant, Gesammelte Werke, édition de l'Académie de Berlin ; AK, XI (Berlin,
1928), 540.
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(28) Kant, Critique de la raison pure (Paris, Ed. de la Pléiade, 1980), 897 ; AK,
IV, 180.
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