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Hugo Aguzzi & Matthieu Bossert

3MRb14

« The Will to Believe »


- William James
Intro :
Dans son essai « The Will to Believe » publié en 1896, William James, philosophe américain
et fondateur de la psychologie, répond à « The Ethics of Belief » de William Clifford en
affirmant qu’il est parfois moral de croire sans détenir de preuves suffisantes, à condition que
l’option proposée soit authentique1 et ne puisse pas être décidée de manière purement
rationnelle.

Définitions :
James définit les croyances comme étant des hypothèses que l’on peut accepter ou rejeter. Une
option est le choix entre deux hypothèses et possède les attributs suivants :
o Vivante/Morte : il est envisageable ou non pour l’individu de croire en chacune
dès l’hypothèse proposée ;
o Forcée/Évitable : un choix est forcé lorsqu’il n’existe aucune autre possibilité à
celle proposée ;
o Capitale2/Triviale : une option capitale est unique, irréversible et a un impact
significatif sur le reste de notre vie.
Une option est dite authentique¹ lorsqu’elle est vivante, forcée et capitale.

Argument :
En bon psychologue, James explique que les options sont influencées par une multitude de
facteurs passionnels échappant à notre raison (notre « willing nature »). Il n’est pas possible de
croire par la raison seule en une hypothèse déclarée morte par notre nature passionnelle. Aussi,
cette même nature passionnelle nous pousse à croire une vérité de manière absolue, c’est-à-dire
en pensant qu’il existe une preuve objective de cette vérité.
Cependant, James prône une approche empiriste de la vérité. Toute affirmation au sujet d’une
vérité ne peut qu’être fondée sur une croyance, car aucun test objectif de ce qui est vrai ne fait
consensus.
En absence de preuve objective, deux approches distinctes de la vérité sont possibles :
- Chercher à connaître la vérité
- Chercher à éviter les erreurs
Dans le cas des options triviales, comme par exemple la recherche scientifique, une approche
sceptique est tout à fait rationnelle car retarder la prise de décision n’a pas d’impact significatif
sur notre vie. Cependant, dès lors que l’option est capitale, refuser de trancher devient un choix
en soi qui peut potentiellement nous empêcher d’atteindre une vérité.

1
« genuine »
2
« momentous »
Hugo Aguzzi & Matthieu Bossert
3MRb14

James affirme qu’il est désirable de croire une hypothèse lorsque les bénéfices de détenir une
telle croyance surpassent les risques d’avoir tort. Par exemple, au début d’une relation, il est
préférable d’assumer que la personne rencontrée nous apprécie sans détenir de preuves
suffisantes. Avoir foi peut faire advenir les événements.

Le cas de la religion :
Pour James, le fait de croire ou non en Dieu est une option forcée. Rester sceptique ne permet
pas d’échapper à ce choix. À l’échelle de la vie humaine, l’imminence de la mort rend l’option
capitale. Pour peu que l’hypothèse soit vivante, croire en dieu est alors une option authentique.
Il est moral de croire en dieu même sans disposer de preuves concrètes de son existence.
James montre, à la manière du pari de Pascal, que si les bénéfices de croire en Dieu surpassent
les risques que cette croyance se révèle fausse, alors cette croyance est justifiée.

Conclusion :
James apporte une nuance à la thèse de William Clifford en montrant que, lorsque notre intellect
ne peut pas décider à lui seul d’adopter ou non une croyance, et que le choix est une option
authentique alors c’est à notre nature passionnelle de trancher.

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