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o

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.d o .c .d o .c
c u -tr a c k c u -tr a c k

Ariane, ma sœur, de quel amour blessée


Vous mourûtes aux bords où vous fûtes laissée!

[10] Cette question assez importante est trop négligée. Il m'a


passé par les mains un bon nombre d'ouvrages didactiques sur
l'allemand, le français, l'anglais, l'italien, l'espagnol; jamais
je n'ai pu y trouver des indications assez exactes sur la
prononciation, sans compter que les contradictions n'y manquent
pas.

Il me semble qu'en disant _blèssée_ et _lêssée_, on gâte sensiblement


l'harmonie de ces vers, qui est très belle si l'on prononce _bléssée_
et _léssée_, comme le voulait Michelot et comme paraît le vouloir
aussi M. Legouvé[11]. Puisque nous parlons de la «musique» des vers,
avouons que c'est une singulière musique: à chaque instant on ne sait
s'il faut faire un dièze ou un bémol.

[11] Voir le _Temps_ du 17 avril 1873.

On peut légèrement altérer les voyelles, selon qu'on veut faire


dominer le timbre clair ou le timbre sombre, mais quand cette
altération devient trop sensible, les voyelles se substituent les unes
aux autres. Nous en avons des preuves journalières dans le charabia
des chanteurs aimant à faire la grosse voix. D'autre part, il arrive
que des sopranos à voix blanche et légère altèrent les voyelles en
sens contraire. Mme Cabel en était un des exemples les plus marqués.
Il suffisait de l'avoir entendue dans le _Pardon de Ploërmel_,
commencer ainsi: _Bélla mê chévre chérie_.

Involontairement nous altérons le timbre des voyelles, selon les


sentiments dont nous sommes affectés ou que nous voulons exprimer. Le
timbre sombre convient en général dans les dispositions graves,
sérieuses ou tristes; le timbre clair à la gaîté. En Angleterre, on
appelle l'angine granuleuse «la maladie des prédicateurs», parce
qu'elle provient chez eux de l'abus du timbre sombre.

La différence de timbre des voyelles peut fournir un moyen de trancher


la question de l'hiatus. La règle draconienne, contre laquelle se
révolte Th. de Banville, avec raison, n'existait pas autrefois. Il est
assurément peu logique que deux voyelles puissent se rencontrer au
milieu d'un mot et que les mêmes voyelles ne puissent pas le faire si
l'une se trouve à la fin d'un mot, et l'autre au commencement du mot
suivant, ou qu'elles le puissent dans ce cas, si elles sont séparées
par un _e_ muet qui s'élide. Il y a une grande différence entre des
hiatus tels que les suivants:

Mon fait est venu au contraire...


Je suis ravi, assis entre les dieux...

et ceux-ci:

Chacun s'en va gai et falot...


Auprès de toi, en mille sortes...

Passons aux consonnes. Pour se rendre bien compte de leurs effets, il


n'est pas inutile de considérer la manière dont elles se prononcent;
mais si je parlais de labiales, de labio-dentales, de linguo-dentales,
de palatales, ma démonstration paraîtrait trop scolastique; je me
contenterai donc des grandes divisions, très faciles à saisir. On
appelle muettes les consonnes qui ne peuvent exister sans voyelles.
Par exemple, en prononçant le mot _été_, le _t_ n'existe qu'au moment
où l'on quitte le premier _é_ et au moment où l'on attaque le second
_é_.

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