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Projet de rapport
Rapporteur
Depuis ces deux dernières décennies, les missions d’observation d’élections se sont
multipliées dans le monde. L’accompagnement des processus électoraux comme
élément de pacification et de stabilisation a fait l’objet d’une mobilisation particulière
de l’Organisation Internationale de la Francophonie. Pour être « libres, fiables et
transparentes », comme le prescrit la Déclaration de Bamako, les élections doivent
être préparées et organisées dans un cadre juridique et institutionnel propice à
l’exercice du droit de vote dans des conditions satisfaisantes2.
Les études entreprises par l’Organisation francophone au cours des dix dernières
années montrent que nombre de pays membres de la Francophonie - en particulier
ceux en situation de crise, de sortie de crise ou de transition - éprouvent des
difficultés particulières dans la mise en œuvre des processus électoraux.
1
OSCE/BIDDH, « L’observation des élections. Une décennie d’observations électorales : acteurs et pratique »,
Varsovie, 2006, pp. 1-51.
2
H. SADA in « Rapport sur l’état des pratiques de la démocratie, des droits et des libertés dans l’espace
francophone 2012 », DDHDP/OIF, Paris, 2012 ,p.12.
3
Ibidem.
3
A ce titre, il nous a semblé opportun de vous proposer de réaliser avec votre étroite
collaboration, une étude comparative des institutions électorales établies dans nos
Etats respectifs. L’objectif poursuivi est non seulement de dresser un panorama des
structures électorales existantes mais également d’aborder autant que faire ce peut
leur fonctionnement et ce grâce aux réponses que vous, en votre qualité de
membres de la Commission des affaires parlementaires, avez donné au
questionnaire qui vous a été adressé par courriel en décembre 2012.
Pour ce rapport sur les institutions électorales, dix-huit sections au total ont renvoyé
leurs contributions. Huit sections de la Région Europe (la Principauté de Monaco, la
Suisse, la Roumanie, la France, la Grèce, la Macédoine, la Vallée d’Aoste et la
Belgique/Communauté française/Wallonie-Bruxelles), huit de la Région Afrique
(Burundi, Niger, Côte d’Ivoire, Maroc, Gabon, Sénégal, Rwanda et le Tchad) et trois
de la Région Amérique (le Canada, la Nouvelle Ecosse et le Québec) sont donc
représentées dans le présent rapport.
4
Ibid.
4
Le Secrétaire général de la Francophonie doit d’abord être saisi officiellement par les
autorités du pays membre de la Francophonie dans lequel se tiendra l’élection. S’il
décide de donner un avis favorable à l’envoi d’une mission d’observation, l’OIF doit,
selon les termes de la convention entre l’OIF et l’APF, en informer le Secrétariat
général par écrit, au moins un mois avant le départ.
Lorsque le calendrier des élections dans les pays francophones est très chargé, le
Secrétaire général parlementaire donne la priorité aux scrutins dans les pays dont la
section APF est suspendue. Priorité est donnée également à l’observation des
scrutins législatifs sur les scrutins présidentiels.
Avant le scrutin :
Pendant le scrutin :
Après le scrutin :
- Les observateurs de la mission francophone se réunissent pour mettre en
commun leurs observations et rédigent ensemble un communiqué de presse ;
- La mission donne par ailleurs lieu à un rapport public. Les observateurs désignent
parmi eux un rapporteur, qui est souvent un juriste expert ayant déjà rédigé de
tels rapports.
En Belgique, le Service Publique Fédéral (SPF) Intérieur est appuyé par des
Bureaux électoraux principaux qui effectuent les opérations électorales principales
(réception des candidatures, désignation des bureaux de vote, comptabilisation et
proclamation des résultats/élus, …). Par contre, en France, ce sont les mairies d’une
part, et le Conseil Constitutionnel, d’autre part, qui participent à l’organisation des
élections présidentielles/législatives. A certaines étapes, des commissions
administratives ou la commission nationale des comptes et des financements
politiques y participent également. Plusieurs juges peuvent intervenir successivement
à différentes étapes du processus électoral.
Dans la Principauté de Monaco, les pouvoirs publics collaborent entre eux quelque
soit la nature des élections (scrutin national ou communal). Le Département de
l’Intérieur (appellation équivalent à un Ministère) assure le lien avec l’autorité
communale qui met en œuvre le scrutin. Il existe, en outre, une commission qui
procède aux vérifications des comptes de la campagne électorale et un comité de
coordination de la campagne électorale télévisuelle qui examine des débats aux
prescriptions réglementaires en la matière.
5
Le Directeur Général des élections du Québec, « L’observation électorale », Guide pratique à l’intention des
membres de missions d’observation électorale à l’étranger, p.11.
8
i – Composition
Le profil des membres de ces organismes est très divers et l’analyse des textes
fondateurs ne permet pas de dégager un modèle unique. « On recense dans ces
commissions des magistrats, des avocats, des représentants des autorités
coutumières, des syndicats, des mouvements de défense des droits de l’Homme,
des communautés religieuses, des ministères et administrations, des partis
politiques… Les proportions entre les différentes catégories sont très variables
comme leurs modalités de désignation »7.
6
Etant une structure sur trois paliers : le Bureau électoral central, les Bureaux électoraux de circonscription et les
Bureaux électoraux de section de vote.
7
J. du BOIS de GAUDUSSON, « Les structures de gestion des opérations électorales », Actes de la troisième
réunion préparatoire au Symposium de Bamako : les élections (avril 2000),
9
Le Directeur général des élections du Québec est la personne désignée pour veiller
à l’application de la Loi électorale. Il est nommé sur proposition du premier ministre
approuvée par les 2/3 membres de l’Assemblée nationale. Il peut nommer deux
adjoints pour l’assister dans ses fonctions. La Commission de la représentation
électorale qui est chargée pour sa part de délimiter les circonscriptions électorales,
est composée du Directeur général des élections et de deux commissaires9.
Enfin, quasi toutes les sections qui ont répondu au questionnaire déclarent que les
institutions en charge des élections ont la garantie de gérer le processus électoral
sous aucune forme d’influence.
8
Désignés conformément à l’art. 95, §4 du Code électoral.
9
également nommés sur proposition du premier ministre approuvée par les 2/3 membres de l’Assemblée
nationale
10
ii – Attributions
Les missions assignées aux institutions électorales sont variées. Les compétences
vont de la confection et de la gestion du fichier électoral à la proclamation des
résultats, en passant par toutes les étapes de la préparation et de l’organisation du
scrutin, et parfois même jusqu’au règlement du contentieux.
La date des élections du nouveau Conseil régional de la Vallée d’Aoste est décidée
par le Président de la Région mais l’examen de l’admissibilité des candidats est de la
responsabilité du Bureau électoral régional. La commission électorale de
10
Commission permanente et indépendante
11
11
Constituée, pour chaque bureau de vote, du maire ou de son représentant, du délégué de l’administration
désigné par le préfet, ou le sous-préfet, et d’un délégué désigné par le tribunal de grande instance, qui jouissent
tous des mêmes pouvoirs.
12
La gestion du contentieux :
Dans certains pays francophones, les litiges électoraux sont résolus par la
Commission centrale électorale alors que dans d’autres, les Cours de justice
assurent la gestion des différends liés aux consultations électorales.
12
« Principales tendances dans la gestion des élections » in Rapport sur l’état des pratiques de la démocratie,
des droits de l’homme et des libertés dans l’espace francophone, Bamako, dix ans après, 2000-2010, p. 62
13
qui doit survenir dans les 72 heures suivant la proclamation provisoire des résultats par la Commission ; le
Conseil constitutionnel statue dans les 5 jours du dépôt de la contestation.
15
En Grèce, la Cour Spéciale Suprême peut annuler le vote en raison d’une violation
de la loi ou d’erreurs en général dans une partie ou la totalité de la circonscription
électorale14.
En Suisse, une plainte concernant les élections au Conseil national est à déposer au
Gouvernement cantonal qui lui en informe la Chancellerie fédérale. Un appel peut
être déposé au Tribunal fédéral endéans 3 jours après le verdict du Gouvernement
cantonal.
En Roumanie, la récolte des résultats est gérée par les Bureaux électoraux de
circonscription mais seul le Bureau électoral central proclame les résultats. Tous les
Bureaux électoraux ainsi que les instances de contentieux administratif examinent
les contestations mais seul le Bureau électoral annule partiellement ou totalement les
élections.
En France, les résultats sont proclamés par le Conseil Constitutionnel pour l’élection
présidentielle et par le Président de la commission de recensement des votes pour
les élections législatives. Pour ces deux élections, la Constitution confie le contrôle
de la régularité des élections présidentielles, des législatives et des opérations
référendaires au Conseil constitutionnel. Il est compétent en premier et dernier
ressort, du contentieux préélectoral au contentieux post-électoral. Mais sa
compétence n’est pas exhaustive et peut être partagée avec d’autres juridictions, par
exemple, les tribunaux d’instance pour le contentieux des listes électorales, les
juridictions administratives pour les candidatures aux élections législatives et le
Conseil d’État pour les opérations préparatoires.
14
Dans les bureaux où le vote est annulé, un nouveau vote doit avoir lieu dans un délai d’un mois à partir de la
publication de la décision de la Cour Spéciale Suprême
15
par exemple, la Chambre des représentants se prononce seule sur la validité de ses élections. La Chambre se
prononce également sur la validité de l’élection des membres belges du Parlement européen.
16
4) Conclusion
Pour ce faire, nous avons tenté de réaliser une grille comparative de différents
modèles de procédures en usage au sein de la Francophonie. Ce nouvel outil
devrait également contribuer à la réflexion des parlementaires confrontés à des
questions portant sur l’organisation des élections, tant au sein de leur Parlement,
qu’à l’occasion de missions d’observations électorales.
Les sections qui ont répondu n’ont pas émis de réflexions permettant d’améliorer
et/ou de renforcer le fonctionnement de leurs institutions électorales respectives.
Quant aux sections de la Région Asie-Pacifique, celles-ci n’ont pas apporté leurs
contributions au questionnaire. Je le regrette car cela aurait permis de brosser un
tableau plus complet. L’intérêt de ce rapport étant, à terme, de souligner les
« bonnes pratiques » pour l’amélioration des processus électoraux et
l’harmonisation des normes électorales au sein de la Francophonie.
16
« Rapport sur l’état des pratiques de la démocratie, des droits et des libertés dans l’espace francophone
2012 », DDHDP/OIF, Paris, 2012 ,p.44.
19
Pour ce faire, nous devons être adéquatement préparés et dotés d’outils nous
permettant de procéder à l’observation du processus électoral avec exhaustivité,
exactitude et professionnalisme17. Je me réjouis des contacts déjà entrepris avec
avec la Direction de la paix, de la démocratie et des droits de l’Homme de l’OIF
qui a évoqué l’idée de rédiger un « vade-mecum » à destination des
parlementaires francophones, membres de missions d’observation électorale.
Les synergies entre l’APF et l’OIF doivent être renforcées afin de travailler
ensemble au développement des capacités institutionnelles en vue de la
gouvernance démocratique, et à la promotion des droits de l’Homme en général .
*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*
17
Le Directeur Général des élections du Québec, « L’observation électorale », Guide pratique à l’intention des
membres de missions d’observation électorale à l’étranger, p.35.
20
NATURE ET JOUR DE LA
MOIS PAYS OBSERVATIONS
CONSULTATION
SENEGAL Elections législatives 9 mai 1993 M. Etienne KNOOPS (Communauté française de Belgique)
M. Hubert DURAND-CHASTEL (France)
M. Paul AKOTO YAO (Côte d’Ivoire)
M. Conrad LANDRY (Nouveau-Brunswick)
TOGO Elections législatives 1er tour 6 février 1994 M. Sion PEMA SANGA (Bénin)
M. Claude SCHLUCHTER (Jura)
TOGO Elections législatives 2e tour 20 février 1994 M. Sion PEMA SANGA (Bénin)
24
GUINEE Elections législatives – mission 17 au 22 mai 1995 M. Oury Demba DIALLO (Mali)
préparatoire
COTE D’IVOIRE Elections législatives – mission 7 au 12 novembre 1995 M. Raymond AHOUANDJINOU (Bénin)
préparatoire
BENIN Elections législatives – mission 2 au 7 février 1996 M. Mahama SAWADOGO (Burkina Faso)
préparatoire
Premier tour 3 mars 1996 M. Mahama SAWADOGO (Burkina Faso)
M. Greg O’DONNELL (Nouveau-Brunswick)
Mme Françoise DUPUIS (Communauté française de
Belgique)
Deuxième tour 18 mars 1996 M. Abdoulaye NIANG (Sénégal)
M. Greg O’DONNELL (Nouveau-Brunswick)
M. Jean-Paul WAHL (Communauté française de Belgique)
BURKINA FASO Elections législatives – mission 1er au 6 avril 1997 M. Séverin ASSE (Bénin)
préparatoire
MALI Elections législatives – mission 11 au 16 février 1997 M. Saleck OULD ABDEL JELIL (Mauritanie)
préparatoire
Premier tour 13 avril 1997 M. Saleck OULD ABDEL JELIL (Mauritanie)
M. Guy LELIEVRE (Québec)
Coordonnateur : Mme DESOUCHES (ACCT)
Election présidentielle 11 mai 1997 M. Saleck OULD ABDEL JELIL (Mauritanie)
M. Guy LELIEVRE (Québec)
Elections législatives 20 juillet 1997 M. Saleck OULD ABDEL JELIL (Mauritanie)
Premier tour
25
BURKINA FASO Election présidentielle 9 au 20 novembre 1998 M. Salek Ould Abdel Jelil (Mauritanie)
M. Marcel PARENT (Québec)
GUINÉE Election présidentielle 9 au 16 décembre 1998 M. Benoît Lamine BOUKPEI (Côte d’Ivoire)
M. Kenneth JOHNSON (Nouveau Brunswick)
SENEGAL Election présidentielle (1er tour) 24 au 29 février 2000 M. Simon LOUECKHOTE (France)
Election présidentielle (2e tour) 16 au 21 mars 2000 M. Michel SAMSON (Nouvelle Ecosse)
M. Abdoul Kabele CAMARA (Guinée)
COTE D’IVOIRE Elections législatives 5 au 14 décembre 2000 Me Saleck OULD ABDEL JELIL (Mauritanie)
M. André BERTHOL (France)
(mission annulée) M. Gilles BISSON (Ontario)
MALI Présidentielle
1er tour 24 au 30 avril 2002 M. Claude SCHLÜCHTER (Jura)
M. Marcel BEAUBIEN (Ontario)
M. Abdou SALEY (Niger)
2nd tour 8 au 14 mai 2002 M. Claude SCHLÜCHTER (Jura)
CONGO Législatives
1er tour 22 au 28 mai 2002 M. Philippe CHARLIER (CFB)
M. Badel NDANGA NDINGA (Cameroun)
M. Pierre SCHARFF (CFB)
2ème tour 19 au 25 juin 2002 M. Badel NDANGA NDINGA (Cameroun)
MADAGASCAR Législatives anticipées 15 décembre 2002 Me Saleck Ould Abdel Jelil (Mauritanie), Chef de délégation
M. Kouraïchi Thiam (Sénégal)
M. Wilfred Arsenault (Ile du Prince Edouard)
M. Pierre Scharff (CFB)
RWANDA Référendum constitutionnel 26 mai 2003 M. Bernard BOUBA SAMALI (Cameroun), chef de
délégation
Mme Amina DERBAKI (CFB)
MACEDOINE Présidentielle (2ème tour) 28 avril 2004 M. Marcel DEHOUX (France), chef de délégation
M. Carmel ROBICHAUD (Nouveau-Brunswick)
BENIN Présidentielle 5 mars 2006 (1er tour) M. Bongnessan Arsène YE (Burkina Faso)
19 mars 2006 M. Bernard DUSSAUT (France)
(2ème tour) M. Vincent AUCLAIR (Québec)
MAURITANIE Présidentielles (1er tour) 11 mars 2007 Mme Michèle ANDRE (France)
M. Idris Outman DJAME (Tchad)
M. Wilfred ARSENAULT (Ile du Prince Edouard)
MAURITANIE Présidentielles (2ème tour) 25 mars 2007 M. Idris Outman DJAME (Tchad)
GABON Présidentielle 30 août 2009 MM. Didier BERBERAT (Suisse), Jérôme LAVOU
(Centrafrique)
GUINEE Présidentielle 27 juin 2010 MM. Jean-Marc LEFRANC (France), Sylla ABDRAMANE
(Mali)
RWANDA Présidentielle 9 aout 2010 MM. Philip OZOUF (Jersey), Cao WAYNE (Alberta)
COTE D’IVOIRE Présidentielle 1er tour 31 octobre 2010 MM. Jean-Claude MAENE (Communauté française de
Belgique), Davy-Victorien YAMA (RCA)
COTE D’IVOIRE Présidentielle 2ème tour 28 novembre 2010 MM. Dimitry FOURNY (CFB), Davy-Victorien YAMA
(RCA)
RCA Législatives 23 janvier 2011 MM. Makan CISSOKO (Mali) Abdoulaye NDOUR
(Sénégal), Michel OUEDRAOGO (Burkina Faso) et Guy-
Christian OSSANGOU (Gabon)
BENIN Présidentielle 1er tour 13 mars 2011 MM. Jean-Marc LEFRANC (France), Yvon BONENFANT
(Nouveau Brunswick)
TUNISIE Constituante 23 octobre 2011 MM. Errachid BENDRIOUICH (Maroc), Dino CINIERI
(France), Pierre-Yves JEHOLET (CFB)
RDC Présidentielle et législatives 28 novembre 2011 MM. Jérôme LAVOU (RCA), Serge ROBICHAUD
(Nouveau-Brunswick)
COTE D’IVOIRE Législatives 11 décembre 2011 Mme Françoise FASSIAUX-LOOTEN (CFB), M. Gaston
YOROU (Bénin)
29
MALI Présidentielle 28 juillet 2013 MM. Christophe LUTUNDULA (RDC), chargé de mission
(1er tour) Afrique de l’APF et Razzy HAMMADI (France)
CAMEROUN Législatives et municipales 30 septembre 2013 M. Salibou GARBA (Tchad), Pdt de la Commission
Coopération et Développement de l’APF
MADAGASCAR Présidentielle 1er tour 25 octobre 2013 Mme Liliane MPANDE MWABA (RDC)