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19 août 2013 : Les disparus refont surface (C.

Cochin – LNC)
Le Kingfisher américain bombardant le sous-marin japonais. Ce
combat fut le seul de la Seconde Guerre mondiale à se produire
en Nouvelle-Calédonie.
PK4. Une stèle inaugurée aujourd'hui à la mémoire de
97 sous-mariniers japonais
Il y a tout juste 70 ans, non loin de nos côtes, quatre-
vingt-dix-sept sous-mariniers japonais périssaient en
mer, sous les bombardements des forces alliées. Une
stèle sera inaugurée ce matin au cimetière du 4e Km, à
la mémoire de ces disparus.
Si La Dieppoise et l’Ever Prosperity figurent parmi les
épaves les plus connues du pays, un navire bien plus
imposant conserve jalousement sa part de mystère à plus de 1 000 mètres de fond. Ce matin, au
cimetière du 4e Km, l’histoire du I-17, un sous-marin japonais coulé le 19 août 1943 par les forces
alliées (lire ci-contre), va remonter des profondeurs abyssales. « Ce bombardement fut le seul
combat de la Seconde Guerre mondiale à se produire en Nouvelle-Calédonie », observe Roberto
Lunardo, ancien sous-marinier et illustrateur. Une stèle, recouverte du drapeau de la marine
japonaise impériale, sera dévoilée ce matin dans le carré japonais. Une première plaque
commémorative en japonais avait déjà été posée en 1982, suivie d’une autre en 2008, qui traduisait
en français la première (notre édition du 20 août 2008).

Kanjis. Financée par l’Amicale japonaise, cette stèle révèle les noms des 97 sous-mariniers ayant
péri en mer, il y a exactement 70 ans. L’amicale n’est parvenue qu’en 2011 à obtenir cette liste. La
traduire en français n’a pas été une mince affaire non plus. « Pour un prénom, il y a 8 à 10
possibilités d’écriture. Cela faisait 2 000 kanjis d’inspiration chinoise à retourner dans tous les sens
», explique Marie-José Michel, consule honoraire du Japon. La présence, l’an dernier, d’un moine
bouddhiste érudit a permis de mettre au jour l’identité des naufragés. Le travail de traduction a
nécessité près de six mois.

Ame. Cette inauguration coïncide aujourd’hui avec la sortie d’un timbre et d’un tampon de l’OPT,
réalisés par Roberto Lunardo. Pour Marie-José Michel, la pose de cette stèle est « de nature à
renforcer encore plus les liens entre les deux pays ». « Nous avons de plus en plus de chercheurs,
d’historiens, de journalistes et d’étudiants japonais qui découvrent la Calédonie et, en même temps,
l’histoire de l’immigration japonaise, fait remarquer la consule honoraire. Quand on sait combien les
Japonais se démènent pour apaiser l’âme de leurs morts, c’est une mémoire qu’il faut absolument
préserver. » Depuis la disparition du Surcouf, un croiseur sous-marin français, coulé par accident
en 1942 dans la mer des Antilles, les sous-marins japonais étaient de fait les plus gros du monde.
Parmi ses faits d’armes, le I-17 était connu comme le seul sous-marin japonais à avoir attaqué au
canon le sol américain. La nuit du 24 février 1942, il avait bombardé en surface un dépôt
d’hydrocarbures de Santa Barbara, en Californie. Détruit un an plus tard au large de la passe de
Dumbéa, à une soixantaine de kilomètres de Nouméa, il repose aujourd’hui, comme les 97 hommes
prisonniers du navire, à 1 200 mètres de profondeur. « La prochaine étape, suggère Roberto
Lunardo, serait qu’une association comme Fortunes de mer, avec l’aide du câblier Ile de Ré, fasse
des recherches sur l’épave. » La position exacte de l’endroit où le sous-marin a été attaqué est
connue. « C’est une énorme masse métallique. Il pourrait être retrouvé facilement. Mais la question
est de savoir qui finance », concède l’illustrateur.

Le 19 août 1943, le I-17 sombre au fond de l’océan


Les repérages des sous-marins japonais ont commencé dans la zone Vanuatu-Nouvelle-Calédonie
dès 1942. Le I-17, qui comptait 103 membres d’équipage à son bord, effectuait des patrouilles au
sud de Nouméa depuis plusieurs jours, lorsqu’il sombra le 19 août 1943. Le navire a causé sa perte
en envoyant l’un de ses hydravions en repérage d’un éventuel convoi. La présence de cet aéronef,
qui ne pouvait avoir décollé d’une base de surface, a mis la puce à l’oreille des alliés. Grâce au tout
nouveau sonar Asdic, détectant les pièces métalliques, la corvette néo-zélandaise Tui est parvenue
à tracer le submersible. L’hydravion américain Kingfisher, spécialisé dans la lutte anti-sous-marine,
est venu renforcer le dispositif. Endommagé par les tirs, le sous-marin fut contraint de refaire surface.
Malgré les tentatives de riposte, les dégâts furent irréversibles. Peu avant la tombée de la nuit, le
navire sombra en quelques minutes, entraînant avec lui 97 hommes au fond de l’océan. Seuls les
six canonniers purent être sauvés. Les familles des disparus n’apprirent la nouvelle que deux mois
plus tard.

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