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Fichamento: CHEMAIS, Jean-Claude. Histoire de la violence.

Paris: Éditions Robert


Laffort, 1981.

Introdução: La vraie nature de la violence

“Derrière leurs apparences bien paisibles, nos concitoyens seraient, em réalité, gens
agressifs. Le rythme endiablé de la vie moderne lês aurait saisis et emportés dans un
tourbillon destructeur. Veritable mal du siècle et emportés dans un toubillon destructeur.
Veritable mal du siècle, la violence se serait depuis peu abattue sur les hommes et, tels les
grand fléuax du passé, elle aurrait contaminé tous les aspects de leur vie quotidienne” p. 7.

Proposta do livro: Propor um diagnóstico preciso, imparcial e possível sobre os sintomas e


a natureza do mal.

 Sens et non-ses de la violence

Na concepção do autor, existe, na sociedade em que ele está inserido, um discurso alarmista
e catastrófico sobre a violência. Sob essas perspectivas, não existiria nenhum aspecto da
vida social em que ela não estivesse infiltrada isso incluiria linguagem, arte, cinema
música, dança, todas as formas de expressão simbólicas p. 8.

Assim a violência além de ser banalizada, teria perdido a sua concretude p. 8.

“A lire certains journaux on se croit cerné de tout part; souvent même le journal dépasse le
roman policier. Pourtant, ne fût-elle que symbolique, la violence n'est pas nouvelle. Le
principe hiérarchique a toujours existé et il est, sans nul doute, moin rigide aujourd'hui qu'
autrefois” p. 8

Para o autor, a sua sociedade é menos desigual e mais descontraída do que outrora. Ele
afirma que o homem moderno já é beneficiado com proteção social antes mesmo de seu
nascimento  “Un à un, lês grands risques qui faisaient la terreur de ses ancêtres ont été
couverts par lês systèmes de Sécurité sociale ou dassurances: la maladie, le chômage, l’
accident, le vol, l’incendie...et même la mort (Du conjoint ou d’um être Cher)” p. 9.

“L’homme paie sa plus grande sécurité objective par une plus grande insécurité subjective,
um sentiment d’enfermement, de violence, d’ écrasement de as liberte. Mais cette violence-
lá n’est pas matérrielle, elle est symolique. Qui plus est, elle n’est que le revers d’une plus
grande protection contre la meurtrit lês corps e sème la mort – est ailleurs” p. 9.

 Les moeurs de nos ancêstres

Les sociétés villageoises anciennes, quant à elles, pratiquent moins la violence


symbolique que la violence sanglante. Elles ne connaissent d’autres formes de
répression que la vengeance privée, n’appliquent d’autre règle que la loi du talion,
exercée dans sa plus froide brutalité. La loi est inexistante, ou sans force exécutoire ; les
mots sont durs, les rivalités tenaces, souvent sanglantes, parfois meurtrières p. 9.

Les peines corporelles sont aujourd’hui absentes de l’enseignement p. 9.

La société elle-même n’est pas en reste : de la conception à la mort, elle suit l’individu,
l’encadre et le protège. A côté de quelques fait divers tapageurs sur lesquels se braquent
les projecteurs de l’actualité, il y a cette sollicitude discrète braquent les projecteurs de
l’actualité, il y a cette sollicitude discrète quotidienne, permanente. Et l’on voudrait
nous faire accroire que notre époque est en passe de succomber à la barbarie ? p. 11.

Aurait-on oublié que les civilisations les plus connues ont pratiqué de rites sanglants,
devant lesquels nos sensibilités ne peuvent que frémir d’horreur ? Depuis l’aube des
temps, des sacrifices humains ont été accomplis pour toutes sortes de raisons,
économiques, magiques, religieuses. Les dieux, croit-on, ont soif ; pour apaiser leur
colère (ou pour racheter ses fautes), on leur immole périodiquement l’un des siens ;
pour assurcer la fertilité du sol, on l’imbibe de sang p.11.

Notre violence existe indéniable ; mais elle n’a, nous le verrons, rien de comparable à la
violence antique, féodale ou même classique. Pourtant la peur est là, irrationnelle,
entretenue par le sensationnalisme des media. C’est que nous considérons comme
asocieles des conduites autrefois ordinaires. Le vieux discours lancinant sur la
décandence des moeurs et son corollaire, la progression de la violence, n’est pas près de
s’éteindre. Il est de toutes les époques ; il n’est, en réalité, que la marque d’un
conservatisme latent p. 11

Cette croyance tenace n’est que la répetition du mythe de l’âge d’or. Elle résulte aussi
du caractère même, à la fois sporadique et effrayant, de la violence. Tout crime
crapuleux traumatise les espirits. Il est difficile de garder un regard froid sur la violence.
La statisque affadit ; elle ensevelit l’horreur sous le nombre p. 11.

Mais cette condition là n’est, à vrai dire, que rarement remplie. Faute de définition
juridique de la violence, les significations qui lui sont prêtées sont fluctuantes, et
extensibles à loisir. La grande peur qui a saisi nos contemporains tient, pour une large
part, à un tel glissement sémantique. Le mot violence a connu une telle vogue qu’il en
est venu à désigner les incidents les plus bannals ; c’est cette extension progressive du
sens qui donne à penser que le phénomène lui-même s’aggrave irrésistiblement p. 12.

 Définition et typologie de la violence

La violence au sens strict, la seule violence mesurable et incontestable est la violence


physique. C’est l’atteinte directe, corporelle, contre les personnes ; elle revêt un triple
caractère : brutal, extérieur et douloureux. Ce qui la dénit est l’usage matériel de la
force, la rudesse volontairement commise aux dépens de quelqu’un. Dans la statistique
judiciaire (ou policière), la notion la plus proche est celle de crimes contre les personnes
p. 12.

Autrement dit, la caractéristique principale de la violence est la gravité du risque qu’elle


fait courir pour la victime. C’est la vie, la santé, l’intégrité corporelle ou la liberté
individuelle qui est en jeu ; la violence implique parfois la mort, plus souvent des
blessures, et ce sont ces conséquences-là qui permettent de l’identifier de manière
incontestable, car la police et la justice alors interviennent p. 12.

I. La violence criminelle

Chapitre 1 – La loi du Talion (retaliação)

« On dit que le sang veut du sang » shakespeare

Au commencement était la violence. L’Ancien Testament s’ouvre sur le fraticide : Cain


assassine Abel ; le Nouveau se ferme sur un martyre et une exécution : celle du Christ
p. 17.

La violence se manifeste partout dans la nature. Entre les espèces, depuis la création, la
lutte est incessant p. 17.

[...] l’homme n’a guère changé génetiquement, culturellement, l’évolution est immense.
Le répertoire des conduites s’est considérablement enrichi. S’il rejette cette violence,
l’homme moderne en même temps, se laisse fasciner par elle : la littérature sadique a
toujours des lecteurs assidus p. 17.

 Un primate agressif

Chez nos ancêtres, la mort violente était fréquente : le cannibalisme et la guerre étaient
pratiqués par les premiers humains. Régulièrement, les historiens redécouvrent la
cuauté de civilisations qui nous ont précédés. Il n’est guére de sociétés où, pour apaiser
la colère des dieux, on n’ait procédé à des sacrifices humains p. 17.

L’homme est un primate agressif, écrit le naturaliste Lorenz. Sans cesse, il se bat pour
défendre son espace, son statut, ou sa préséance. Plus que toutes les sociétés animales,
les sociétés humaines sont stratifiées, hiérarchisées ; l’espace dans lequel elles se
meuvent est étroitement segmenté, balisé. Chaque individu y dispose d’un domaine
reconnu, fixé ; il est doté d’une position sociale précise, codifiée p. 18

Tour à tour, suivant les lieux et les rencontres, chacun est em position de domination ou
de soumission. Si les règles admises sont violées, il n’y a cependant pas toujours
cambat. Avec le langue, les comportements se diversifient, la raison émerge, la ruse
finit par l’emporter. La violence cesse quand paraît le dialogue p. 18.
Ces pratiques barbares ne disparaissent qu’à l’époque des Lumières, lorsque souffle
enfin le vent de la Tolérance et de Raison. Mais elles reparaissent sporadiquement
lorsque l’état de nature reprend ses droits, à l’occasion de troubles ou de guerres. De
noumbreaux pays du monde peu dévelopé, parfois même du monde dit développé, n’y
ont jamais véritablement renoncé. Au nom d’idées ou d’idéologies, des millions
d’homes continuent à mourir emprisonnés, écrasés martyrisés p. 18.

Rares sont, d’ailleurs, le pays pour lesquels l’analyse systématique de la violence privée
est possible. L’Angleterre est de ceux-là. Les résultats sont édifiants : les moeurs y sont
alors d’une violence inouïe. Les brigand hantent les chemis de campagne ; le peuple est
querelleur et vindicatif, il est prompt à jouer du bâton ou du couteau. Les meurtres sont
extraordinairement fréquents : il y en a plus par habitant dans L’Angleterre du XIII
siècle que dans les Etats-Unis actuels, où, pourtant, l’on dégaine facilment. Peu
d’honnêtes hommes ont atteint l’âge adulte sans avoir été mêlés, de près ou de loin, à
quelque homicide. La violence règne, elle est souveraine ; c’est elle qui, au sein des
différents ordres sociaux, scelle le hiérarchies et établit les réputations p. 19.

Les hommes luttent entre eux, comme ils luttent contre les animaux ou contre la nature.
La subsistance est précaire, la souffrance quotidienne, la mort toujours menaçante. La
vie est trop fragile pour qu’on la respecte. Alors, on s’expose facilement : la violence
fait partie du mode de vie p. 19.

L’homicide est, en fait, plus l’affaire de ces bandes que d’individus isolés : la grande
criminalité se confond, pour l’essentiel, avec le banditisme. Parfois ce « gangs »
parviennent à contrôler des villages entiers, qu’ils terrorisent, soumettent et dépouillent.
Ce sont des associations de quatre ou cinq malfaiteurs, parfois plus, liés par le sang,
l’habitat ou, plus prosaïquement, le hasard d’une beuverie : les tavernes sont des
repaires de brigands. Ces hommes-lá veillent la nuit et dorment le jour. Quand ils
attaquent, chacun se défend comme il peut ; hameaux et villages sont aux abois. C’est la
mêlée, le grand affrontement, le combat sanglant p. 19.

A Oxford, par exemple, le taux d’homicide au XIII siècle osfille entre trente-cinq et
soixante-dix pour cent mille ; Il est quatre à sept fois plus élevé que dans les métropoles
américaines d’aujourd’hui. Mais les autres de crimes ne sont pas seulement les
brigands. Le clergé, en particulier, est d’auteurs de meurtres ; il s’en trouve plus que
parmi les domestiques ou les étudiants, pourtant querelleurs : un accusé sur sept est
membre du clergé ! Ce paradoxe n’est qu’apparent car les prêtes appartiennent à une
organisation privilégée, et ils n’ont point d’entourage pour refrener leurs passions ou les
défendre contre les agressions p. 20.

 La domestication des pulsions


Cette violence archaïque, instinctique, pulsionnelle ne va sérieusement reculer qu’avec
l’érosion des institutions médiévales lorque la société cesse d’être divisée en petites
unités combattantes rivales et que l’Etat moderne commence à prendre forme. Les deux
grands moules sociaux de l’Etat – l’Ecole et ‘Armée – vont, peu à peu, forger une
nouvelle pâte humaine, plus malléable, moins rebelle. Parallèlement, le développement
économique, le recul de la mortalité adulte, la diffusion de la civilisation urbaine vont
modeler un nouveau type de criminalité : progressivement, celle-ci se fait plus
malicieuse que cruelle, plus rusée que violente p. 20.

[...] la criminalité réactionelle régresse, de par le mouvement des mouers (la violence
privée n’a plus guèrre de raison d’être), cepandant que la criminalité rationelle
progresse, de par le mouvement des instituitions (la richesse devient brevet de
citoyenneté). La criminalité violente se trouve donc reléguée au second rang, la défense
de la propriété devient prioritaire ; elle va retenir de plus en plus l’attention des juges.
On commence alors à sacraliser la propriété privée [...] p. 21.

La transformation morale est lente. Dans de nombreuses provinces, les moeurs restent,
au XVIII siècle, empreintes d’une grande rudesse p. 21.

De façon plus génerale, le processus de transformation des mentalités a été plus ou


moins tardif selon l’époque d’instauration de l’Etat et de désenclavement de régions. Il
faut attendre que l’appareil préventif et repressif de l’Etat ait investi l’ensemble du
territoire, que l’administration, l’école, l’armée et surtout la police aint pu pénétrer dans
les zones les plus reculées. Selon Elias, historien des moeurs, l’agressivité est, au fil des
siècles, lentement maîtrisée, « elle a été affinée et civilisée comme toutes les autres
pulsions sources de plaisir : elle ne se manifeste plus dans sa force brutale et déchaînée
qu’en rêve et dans quelques échats que nou qualifions de pathologiques ». Pour le grand
médieviste Luchaire, la vie au Moyen Age est un combat permanent [...] p. 22.

L’Europe violente

L’Amérique est traditionellemente violente ; elle s’est construite dans le sang, en


exterminant (les Indiens) et en opprimant (les Noirs). Cette tradition n’est pas morte. Le
peuple américain est toujours en armes : il n’existe aucun pays au monde où les
particuliers détiennent à domicile autant de pistolets et de revolvers. Le pays est neuf ;
l’Etat n’y est apparu que tardivement et timidement ; il est toujours considéré avec
méfiance. Faut-il rappeler que ce n’est que depuis 1933 que les Etats-Unis disposent à
l’échelle nationelle d’un indice crédible de criminalité ? L sphère de l’Etat – arbitre des
intérêts individuels – n’a pu se développer que lentement et incomplètement :
l’individualisme est forcené, le pays est immense et il recècle tant de diversité ethinique
et culturelle qu’il est exclu de pouvoir définir un modèle d’organization adapté à tous
les groupes sociaux. Dans les communautés fermées, dans les ghettos urbains, noirs,
mexicains ou portoricains, la loi du talion continue de régner p. 34.

La hiérarchie de l’homicide est, dans l’emsemble, à peu près conforme à la hierarchie


du développement. Les sociétés agricoles (Grèce, Roumanie, Pologne, etc.) présentent
des taux élevés, cependant que les sociétés industrielles ou tertiaires bureaucretiques
(Angleterre, Allemagne, Suède, France) échappent à la violence séculaire p. 34.

Chapitre 2 – Variations sur le meurtre

D’une culture à l’autre, la violence est plus ou moins prisée. Depuis Malinowski et M.
Mead, les anthropologues savent que certains peuples glorifient l’agressivité cependant
que d’autres dont l’idéal serait dans l’harmonie sociale et la quiétude des moeurs ;
autrement dit, il y aurait des sociétés violentes et des sociétés non violentes. A en croire
un certain discours officiel, les sociétés modernes, redevenues barbares, seraient des
sociétés violentes. Dès son ouverture, le rapport Peyrefitte done le ton : « Longtemps
tenue en marge, la violence s’est installée au coeur de la cité. Pas encore en maîtresse,
mas ce temps peut venir ! ». La France serait facile à classer : elle appartiendrait à cette
catégorie de civilisations violentes où « une agressivité nouvelle marque les relations
personnelles et sociales » p. 39.

Chapitre 3 – La criminalité familiale : infanticide, empoisonnement et parricide

La famille est le lieu du paradoxe. Centre d’affection, refuge contre l’adversité, c’est
aussi le primier foyer de violence, l’unique endroit où chacun peut découvrir, sans fard,
son vrai visage. La violence y est forte, plus forte qu’en tout autre milieu. Mais la
violence entre les membres d’une même famille est une chose dont on n’a pas coutume
deparler : elle est secrète et honteuse. Par nature, elle échappe à la connaissance
publique : les seuls témoins en sont les membres de la famille. L’existence de liens de
parenté les pousse à garder le silence, tant par souci de leur propre image que par
crainte de représailles. Seules les violences manifestes, c’est-à-dire les plus atroces ou
les plus visibles (découvert de cadavre, traces de coups) sont détectées p. 79.

A família é o lugar do paradoxo. Centro de afeto, refúgio contra as adversidades, é


também o primeiro foco da violência, o único lugar onde todos podem descobrir, sem
maquiagem, sua verdadeira face. A violência é forte, mais forte do que qualquer outro
ambiente. Mas a violência entre membros da mesma família é algo sobre o qual não
estamos acostumados a falar: é secreta e vergonhosa. Por natureza, escapa ao
conhecimento público: as únicas testemunhas são os membros da família. A existência
de laços de parentesco os mantém calados, tanto por sua própria imagem quanto por
medo de represálias. Apenas manifestamente, ou seja, a violência mais atroz ou mais
visível (cadáver descoberto, traços de golpes) é detectada.
La face cachée de la famille

La violence domestique occupe une grande place dans l’ensemble de la violence. Bien
que délicate à établir, une typologie des homicides a été proposée pour les Etats-Unis il
y a quelques années. Elle se compose de quatre grandes catégories : le crime familial, le
crime passionnel, le crime crapuleux et les « autres », catégorie résiduelle assez fourne
p. 79.

A violência doméstica é uma grande parte da violência geral. Embora difícil de


estabelecer, uma tipologia de homicídios foi proposta para os Estados Unidos alguns
anos atrás. Consiste em quatro categorias amplas: crime familiar, crime passional, crime
vilão e "outro", uma categoria residual bastante grande.

Quelques années plus tôt, um rapport du FBI sur lês activités criminelles dans
l’ensmble des Etas-Unis en 1964 évaluait à trente et un pour cent l’ensemble des
meurtres dans lesquels l’assassin et la victime étaient de la même famile. L’importance
de cette proportion pourrait tenir au rôle de la population noire dans la criminalité
américaine. Plus de la moitié des victimes de meurtre et des meurtriers sont de Noirs ;
or pour ceux-ci, les solidarités familiales sont peut-être plus nécessaires, donc plus
obsédants que pour les autres citoyens américains. De façon plus générale, on estime
que, bon an mal an, de un quart à un tiers de tous les homicides sont des meurtres
domestiques où un membre de la famille en tue un autre. Cette caractéristique n’est pas
spécifiquement américaine. Dans l’Angleterre de la fin des années soixante, où la
violence est très rare, la situation est plus nette encore p. 79.

Alguns anos antes, um relatório do FBI sobre atividades criminosas nos EUA como um
todo em 1964 estimou que todos os assassinatos em que o assassino e a vítima eram da
mesma família eram de 31%. A importância dessa proporção pode ser devida ao papel
da população negra no crime americano. Mais da metade das vítimas de assassinato e
assassinos são negros; para estes, a solidariedade familiar pode ser mais necessária e,
portanto, mais assustadora do que para outros cidadãos dos EUA. De maneira mais
geral, estima-se que, em um ano ou um ano, de um quarto a um terço de todos os
homicídios sejam assassinatos domésticos, onde um membro da família mata outro.
Essa característica não é especificamente americana. Na Inglaterra do final dos anos
sessenta, onde a violência é muito rara, a situação é ainda mais clara p. 79.

C’est au sein du cercle familial ou, plus largement, du cercle des proches que se
recrutent la plupart des assassins. Tous les lecteurs de romans policiers le savent p. 79.

On risque plus d’être tué au sein du groupe familial que dans tout autre groupe social,
sauf peut-être l’armée ou la police. Le crime familial est plus connu, sans doute le plus
mal enregistré, mais c’est le plus commun. La leçon est déroutante, mais claire : s’il y a
lieu pour sa propre sécurité de se méfier de quelqu’un, c’est d’abord des siens,
davantage que de l’inconnu qui passe p. 80.

As pessoas são mais propensas a serem mortas no grupo familiar do que em qualquer
outro grupo social, exceto, talvez, o exército ou a polícia. O crime de família é mais
conhecido, provavelmente o mais mal registrado, mas é o mais comum. A lição é
confusa, mas clara: se é necessário que sua própria segurança desconfie de alguém,
primeiro é dele, mais do que o desconhecido passa.

Mille et une violences intimes

L’essence de la vie familiale est contradictoire : le cadre familial est à la fois le plus
sécurisant et le plus dangereux. Mais son ambivalence n’est guère ressentie comme
même si, objectivement, l’on est fréquemment moins en sécurité chez soi que dans la
rue. Le sentiment de sécurité est d’abord subjectif, la peur est irrationalle p. 82.

A essência da vida familiar é contraditória: o ambiente familiar é o mais seguro e o


mais perigoso. Mas sua ambivalência dificilmente é sentida como se, objetivamente,
alguém estivesse frequentemente menos seguro em casa do que na rua. O sentimento de
segurança é antes de tudo subjetivo, o medo é irracional.

Adultère et concubinage

Une grande partie des attentas à la vie sont le résultat de la « déviance sexuelle », c’est-
à-dire de la sexualité hors mariage. Le rôle de la femme dans cette violence meutrière
est plus grand que dans toute autre espèce de violence. Si, en règle génerale, la femme
n’est en cause que dans un muertre sur vingt, elle est responsable d’un assassinat sur
dix, de plus du tiers des parricides, de quarante pour cent des infanticides, de près de la
moitié des empoisonnements p. 82.

Muitos dos ataques à vida são resultado de "desvio sexual", isto é, sexualidade fora do
casamento. O papel das mulheres nessa violência assassina é maior do que em qualquer
outro tipo de violência. Se, regra geral, a mulher está envolvida em apenas um em cada
vinte homens, ela é responsável por um em cada dez assassinatos, mais de um terço dos
parricídios, quarenta por cento do infanticídio, quase metade das vítimas.
Envenenamento.

La criminalité familiale est d’une richesse foisonnante. Plus que tout autre aspect de la
vie quotidienne, elle nous renseigne sur lês moeurs d’une époque dans ce qu’elles on de
plus secret, de plus mystérieux. Pour une période de mutation comme la nôtre, où dans
les pays de peuplement européen, la permissivité sexuelle se développe, où la
cohabitation juvénile et l’union consensuelle prennent une ampleur nouvelle, où, enfin,
la fréquence du divorce s’accroît et où, par conséquent, les configurations familiales
gagnent en complexité, il est dommage que la criminologie soit plus muette qu’au
temps de Guerry. Le silence est total, le tabou inviolable p. 84.

O crime de família é uma riqueza abundante. Mais do que qualquer outro aspecto da
vida cotidiana, ele nos fala sobre os costumes de uma época em que eles são mais
secretos, mais misteriosos. Por um período de mudança como o nosso, onde nos países
europeus se desenvolve a permissividade sexual, onde a coabitação juvenil e a união
consensual assumem uma nova dimensão, onde, finalmente, a frequência do divórcio
aumenta e onde Como resultado, as configurações familiares tornam-se mais complexas
e é lamentável que a criminologia seja mais silenciosa do que na época de Guerry. O
silêncio é total, o tabu inviolável.

Il a fallu attendre le XVIII ou le XIX siècle en Europe occidentale, pour que soit
reconneu la valeur de l’enfant et qu’apparaisse le souci de protèger sa vie. Encore faut-
il souligner que le développement du sentiment familial à l’égard de l’enfant est
d’abord le propre de la bourgeoisie urbaine et qu’il ne se diffuse que tardivement dans
le milieux populaire (c’est-à-dire de plus grand nombre). Il convient cependant de ne
pas grossir exagérément l’incidence de l’infanticide dans le passé. En effet, même dans
le sociétés d’Asie orientale où il était autrefois très répandu, le phénoméne ne revêtait
pas l’ampleut qu’on tend le plus communément à lui prêter. Au Japon, par exemple, où
sa fréquence était exceptionnelle, il était loin d’atteindre certains ordres de grandeur
couramment avancés :les travaux agricoles et la défense contre les groupes ou les
familles adverses. Seules faisaient peut-être exception les sociétés hispanisantes. Que ce
soit au Japon ou en Chine, l’infanticide ne survenait cependant que dans des cas bien
circonscrits et relativement peu courants p. 85.

Não foi até o século XVIII ou XIX na Europa Ocidental que o valor da criança foi
reconhecido e a preocupação em proteger sua vida apareceu. Também deve ser
enfatizado que o desenvolvimento do sentimento de família em relação à criança é, antes
de mais nada, propriedade da burguesia urbana e que se difunde apenas no final do meio
popular (ou seja, mais). No entanto, é importante não exagerar a incidência de infanticídio
no passado. De fato, mesmo nas sociedades do Leste Asiático, onde já foi difundido, o
fenômeno não assumiu a amplitude mais comumente esperada. No Japão, por exemplo,
onde sua frequência era excepcional, estava longe de atingir certas ordens de magnitude
comumente avançadas: trabalho agrícola e defesa contra grupos ou famílias oponentes.
As únicas exceções foram as sociedades de língua espanhola. Seja no Japão ou na
China, o infanticídio ocorreu apenas em casos bem circunscritos e relativamente incomuns

Il y a tout lieu de penser néanmoins que dans le sociétés pauvres, l’infanticide est assez
répandu, du fait notamment de la misère économique, mais aussi de l’absence de
contraception moderne et de législation autorisant l’avortement. Les comparaisons de
pays à pays sont toutefois délicates, car les législations nationales sont héterogènes
quant à la définition de l’infanticide. Le seul dénominateur commum est le caractère
intentionnel de la mort infligée au nouveau-né ; quant au délai de vie nécessaire pour
qu’un assassinat de nourrisson soit considéré comme un infanticide, il n’est pas toujours
bien precisé et, en tout état de cause, fort variable d’un pays à l’autre p.86.

Há razões para acreditar, no entanto, que nas sociedades pobres o infanticídio é bastante
difundido, não apenas por causa da miséria econômica, mas também por causa da falta
de contracepção moderna e legislação que permita o aborto. As comparações país a país
são complicadas, no entanto, uma vez que as leis nacionais são heterogêneas na
definição do infanticídio. O único denominador comum é o caráter intencional da morte
infligida ao recém-nascido; Quanto à duração da vida necessária para um assassinato
infantil ser considerado infanticídio, nem sempre é bem especificado e, em qualquer
caso, muito variável de um país para outro.

La Finlande est le pays d’Europe où l’homicide est le plus répandu. La dureté des
moeurs y reste plus grande qu’ailleurs. Les pays latins sont, au contraire, peu portés au
meurtre de leurs enfants ; peut-être la dissimulation des crimes y est-elle plus grande,
mais la différence est trop importante pour lui être imputée en totalité. De nos jours
encore, la religion est un frein à la cruauté p. 87.

A Finlândia é o país europeu onde o homicídio é mais generalizado. A dureza da moral


permanece maior que em outros lugares. Os países latinos são, pelo contrário, pouco
inclinados ao assassinato de seus filhos; talvez a ocultação dos crimes seja maior, mas a
diferença é importante demais para ser imputada a ele completamente. Ainda hoje, a
religião é um freio à crueldade.

Mais la fréquence de l’infanticide ne peut être étudiée en elle-même ; elle fait partie
d’un ensemble plus vaste : la constellation des attitudes devant la vie et devant la mort.
Si l’on met à part des pays satellites de Moscou, comme la Tchécoslovaquie et la
Hongrie, où une fraction notable des naissances actuelles n’ont pas été souhaitées, mas
n’ont pu être évitées – en raison de l’insuffisance des moyens de contraception
modernes et de restrictions à l’avortement – on constate que l’infanticide tend à être
plus élevé là où la fécondité est la plus basse. La relation n’est cependant pas
systématique ; elle est, par contre, plus forte avec le taux de suicide. Là où l’on se tue
peu (pays méditerranéens), on tue peu ses enfants . 87.

Mas a frequência do infanticídio não pode ser estudada por si só; faz parte de um todo
maior: a constelação de atitudes em relação à vida e à morte. Além dos países satélites
de Moscou, como Tchecoslováquia e Hungria, onde uma fração significativa dos
nascimentos atuais não era desejada, eles não podiam ser evitados - por causa de meios
insuficientes. contracepção moderna e restrições ao aborto - o infanticídio tende a ser
mais alto onde a fertilidade é mais baixa. O relacionamento não é sistemático, no
entanto; por outro lado, é mais forte com a taxa de suicídio. Onde há pouca matança
(países do Mediterrâneo), matamos crianças pequenas.

L’infanticide du XIX siècle à nos jours

Comme les autres crime capitaux, l’infanticide reculte quand la société se développe.
En l’absence de contraception efficate et devant les risques énormes qu’encourent les
femmes lors de manoeuvres abortives, l’infanticide n’est, dans les sociétés
traditionelles, souvent que le seul recours pour échapper à la misère. Il fait partie des
procédés que l’on n’emploie qu’en cas d’extreme détresse. D’autres moyens, plus
détournés, sont utilisés, tels que l’abandon, l’exposition ou la mise en nourrice ; tous
aboutissent à une mortalité effroyable. Dans la plupart de cas, ces pratiques ne sont
qu’un infanticide déguisé ; elles sont en parfaite conformité avec les règles de vie de
l’époque, imposées par la nécessité économique p. 88.

Como outros crimes capitais, o infanticídio ocorre quando a sociedade se desenvolve.


Na ausência de métodos contraceptivos eficazes e diante dos enormes riscos que as
mulheres correm durante manobras abortivas, o infanticídio é, nas sociedades
tradicionais, frequentemente o único recurso para escapar da miséria. É um dos
processos que é usado apenas em situações de extrema angústia. Outros meios, mais
desviados, são utilizados, como abandono, exposição ou colocação de babá; todos
resultam em mortalidade terrível. Na maioria dos casos, essas práticas são apenas
infanticídio disfarçado; estão em perfeita conformidade com as regras da vida da época,
impostas pela necessidade econômica.

L’infanticide n’a baissé que tardivement : le tournant majeur dans son évolution date de
l’après-guerre p. 88.

Si donc, pour apprécier l’évolution du comportement familial à l’égard de l’enfant, on


se fonde sur le critère de l’infanticide, on est amené à constater que le modèle d’Ariès,
sur l’émergence de l’affection portée a l’enfant, n’aurait vraiment pénetré les milieux
paysans qu au lendemain de la dermiére guerre p. 89-90.

De l’Edipe au parricide

Les conflits familiaux se manifest plus par une haine larvée ou des tensions sourdes que
par de brutales explosions sanglants. Entretenu par les Eglises chrétiennes, le sentiment
familial est traditionellement profond ; sa force suffit à calmer les velléités de rébellion
et à étouffer les ressentiments personnels. La religion les ramène au rang d’ambitions
coupablés ; la famille a un caractère sacré ; c’est une union scellée par Dieu et bénie par
l’Eglise. Le crime familial n’en inspire que plus d’horreur ; c’est la plus grave des
perversités morales. Depuis des siècles, la loi pénale et la jurisprudance lui accordent,
de leur côté, une place spéciale. Ce n’est pas là simple hasard ou curiosité : partout on
s’attache à dénoncer, dans une quête qui parfois confine à l’obsession, la perversité –
véritable incarnation de Satan – sous toutes ses formes, surtout quand elle est extrême.
On traque le Diable p. 95.

Os conflitos familiares manifestam-se mais em ódio latente ou tensões maçantes do que


em explosões brutais e sangrentas. Mantido pelas igrejas cristãs, o sentimento da
família é tradicionalmente profundo; sua força é suficiente para acalmar as fantasias da
rebelião e sufocar o ressentimento pessoal. A religião os leva de volta ao nível de
ambições despedaçadas; a família tem um caráter sagrado; é uma união selada por Deus
e abençoada pela Igreja. O crime de família apenas inspira mais horror; é a mais séria
das perversidades morais. Durante séculos, o direito penal e a jurisprudência deram-lhe
um lugar especial. Isso não é mero acaso ou curiosidade: em todos os lugares que
lutamos para denunciar, em uma busca que às vezes beira a obsessão, a perversidade -
verdadeira encarnação de Satanás - em todas as suas formas, especialmente quando é
extrema. Nós rastreamos o diabo.

Conflit symbolique entre le père et le fils pour la possession sexuelle de la mère, le


« complexe d’Edipe » se transforme, avec l’âge, en une opposition pour la succession :
il devient conflit d’intérêts ; sous cette variante mûre, il appartient surtout en propre aux
sociétés patriarcales, notamment au monde paysan où le chef de famille entend régner
en maître incontesté. Toute sa vie durant faisant peser le joug de son autorité et parfois
la menace d’une brutalité rustique, il écrase ceux qu’il tient sous sa coupe. C’est que
l’exercice de l’autorité du pater familias comporte aussi le droit de correction. Poussée à
l’excès, cette autorité conduit soit à la résignation craintive, soit à l’exaspération, voire
à la violence des fils, dès qu’ils ont la vigueur morale et physique suffisantes pour
riposter p. 96.

Conflito simbólico entre pai e filho pela posse sexual da mãe, o "complexo Edipe" se
transforma, com a idade, em oposição à sucessão: torna-se conflito de interesse; sob
essa variante madura, pertence especialmente às sociedades patriarcais, especialmente
ao mundo camponês, onde o chefe da família pretende reinar supremo. Ao longo de sua
vida, pesando o jugo de sua autoridade e, às vezes, a ameaça de uma brutalidade rústica,
ele esmaga os que estão sob seu controle. É que o exercício da autoridade do pater
familias também inclui o direito de correção. Empurrada em excesso, essa autoridade
leva à resignação temível, ou à exasperação, até à violência dos filhos, assim que eles
têm força moral e física para revidar.

Cette structure de la criminalité au sein de la famille révèle la structure de la famille en


elle-même. Elle dévoile la véritable nature des relations entre les divers membres du
groupe. Mais cette structure est encore peu connue ; rares sont les éléments statistiques
qui permettent de recomposer le puzzle : s’il existe des fragment, ils sont hélas
dispersés. L’intuition est cependant, dans un tel exercise, d’un irremplaçable secours :
on conçoit bien, par exemple, que lorsque la structure du pouvoir est peu déséquilibrée,
donc plus démocratique qu’autocratique, les frustations filiales puissent être moindres
et qu’en conséquence, le parricide diminue. Les séries chronologiques françaises en
donnent l’illustration que voici sur les cent cinquante dernières années [...] p. 96

Les dernier refuge des instincts

La famille est à la fois le lieu le plus aimant et le plus violent ; le paradoxe n’est
qu’apparent. La famille est le seul lieu où les comportements ne sont pas codifiés.
C’est, en quelque sorte, l’unique endroit où subsiste l’état de nature. Dans le cadre
familial, tout est permis. Une seule exception : les abus sexuels, qui sont sévèrement
réprouvés ; dans toutes les sociétés, l’inceste fait horreur p. 97.

Reste ce lieu retranché, inviolable : le domicile personnel. Ce monde à part vit selon ses
règles propes, non écrites. L’une de ces règles, le plus communément admises, et le
droit d’ingérence et de correction réciproques. Chacun estime en toute conscience avoir
le droit de frapper un autre membre de la famille. La violence faite au conjoint, pense-t-
on, n’est pas la violence faite au voisin ; les parents frappent les enfants ; les enfants se
battent entre eux. Cette violence-là est légitime, on la juge saine, éducative p. 97.

Avec la baisse de la fécondité et la « décohabitation » des générations, l’entité familiale


est devenue plus étroite, plus fermée sur elle-même, les émotions s’y concentrent, les
passions s’y cristallisent. En diminuant en taille, la famille a diminué en transparence.
Si la violence s y exerce elle échappe de plus en plus à l’extérieur p. 97-98

Une violence résiduelle

Cette montée exprime sans doute davantage une préocupation grandissante à l’égard de
la survivance d’un délit devenu anachronique et intoleráble, qu’une réele aggravation de
la violence ; la violence ne fait plus partie intégrante de la vie quotidienne : elle est
bannie, par principe, de la famille et même de l’êcole (la férule est depuis longtemps au
placard). Là où elle subsiste, elle devient monstrueuse et est objet de réprobation et de
dénonciation p. 98

Cette severité antique ne subsiste guère que dans la culture sociale de groupes
marginaux. Elle est plutôt le propre de familles pauvres, écrasées par les mauvaises
conditions de vie : elle n’est cependant pas l’apanage exclusif du sous-prolétariat. Sans
être tout à fait fausse, l’image classique du père alcoolique, sous-prolétaire, de la mère
névrosée et misérable, est trop réductrice. Le fléau existe également dans le catégories
favorisées, mais celles-ci ont toujours la ressource de confier l’enfant à de tierces
personnes et la détection de la violence y est moins aisée que dans les couches pauvres
de la société, plus facilement suspectées p. 99.

Les femmes battues


Les lois ont été faites par et pour les hommes. Saint Paul, misogyne, dit froidement que
la femme a été créée pour l’homme : d’un côté les devoirs, de l’autre, les droits ; de nos
jours encore, l’Eligse catholique, instituition fondamentalement masculine, ne conçoit
la féminité que comme accesoire de la masculinité. Le Code civil de Napoléon, pris
comme modèle dans toute l’Europe, reconnaît peu de droits à la femme (le XIX siècle
sera, du reste, celui de la régression de la condition féminine). Cette législation sexiste
ne fait que refléter l’état des instituitions et attitudes sociales dominantes p. 99.

S’agissant d’apprécier la cruauté, comparée selon les pays et les époques, des hommes à
l’égard de leurs compagnes, il convient d’observer la plus grande réserve à l’égard du
discours des media. La violence maritale est, le plus souvent, inversenment
proportionelle à l’importance qu’on lui accorde dans la presse. Là où elle est prévalente
comme dans les sociétés machistes d’Amériques latine – aux Caraïbes, notamment – ou
dans les communautés traditionelles de civilisation musulmane – par exemple en Iran –
elle est plus objet de souffrance résignée que de dénonciation hystérique. Les discours
est trompeur, il n’est que le reflet inversé de la réalité. C’est, en effet, précisément aux
Etats-Unis, où – les premiers colon ayant dû, très tôt, privilégier, leurs trop rares
compagnes – les femmes sont, de longue date, plus émancipées que sur le vieux
continent, que les plaintes de femmes battues sont, en proportion, les plus répandues. La
violence maritale est d’autant plus aisément signalée qu’elle est a-normale. Il n’est pas
dans nos intentions de vouloir la nier ou la minimiser, mais seulement de la ramener à
sa juste dimension p. 100.

La psychoce de l’agression

Eminemment subjective, l’appréciation de la violence est régulièrement erronée. Mais


la perception des différentes strates de population est plus ou moins fausse, selon que
ces strates se composent de jeunes ou de vieux, de groupes politiquement en vue ou, au
contraire, de catégories marginales. La seule constante est la suivante : la peur d’être
agressé est tout à fait disproportionée par rapport aux risques réels p. 100.

L’exécution capitale est une survivance non moins ancienne et non moins sacrée. Dans
les sociétés tradicionelles sa fonction est d’apaiser la colère des dieux et de réconcilier
la communauté avec elle-même : par sa mort, la victime purifie le corps social e
exorcise la violence. Dans le sociétés démocratiques modernes, ce rite, avec tout ce
qu’il a de cruel et d’arbitraire, a généralement disparu mais, là où il subsiste, il se fonde
sur une nouvelle logique, souvent mythique p. 101.

Chapitre 5 – Les exécutions capitales

Autres temps, autres moeurs


Toutes les civilisations ont exécuté les grands criminels ; elles ne se distinguent que par
la manière d’administrer la mort aux condamnés. La plus grande diversité de moyens
existait, mais la décapitation était l’usage le plus répandu. Chez les Hébreux, on tuait en
décapitant, mais on recourait aussi à la lapidation. A Athènes, on procédait à la
décapitation et à la strangulation ; pour les esclaves, au crufiement. Parfois aussi, chez
les Grecs, on se montrait plus humain : on adoucissait la peine de mort en donnant au
capitif de la ciguë, lui laissant ainsi l’entière liberté dans le choix de l’instant de sa
mort. A Rome, décapitation, pendaison et precipitation étaient très usitées, mais on
pratiquait, par ailleurs, une étonnante gamme de châtiments sauvages : l’incendiaire
était brûle sur le bûcher, le parricide cousu vivant dans un sac et jeté à la mer...En
somme, le luxe des variantes p. 115.

Plus près de nous, en Angleterre, c’est l’inverse ; seule règne la potence : l’objet est
familiar ; il fait partie du paysage quotidien. Au commencement du XIX siècle
« potences et gibets étaient des objets si courants dans la campagne anglaise que les
premiers guides édités à l’usage des voyageurs les utilisaient comme points de repère ».
En France, jusqu’à la Révolution, la décapitation est un privilège de classe : ce supplice
est réservé aux criminels de naissance noble. Mais, en 1790, l’Assemblé nationale vote
le projet du docteur Guillotin. Désormais, on ne pend plus les roturiers, on leur tranche
la tête. Le débat à l’Assemblé est révélateur : on cherche davantage à humaniser
l’exécution qu’à l’abolir. A l’époque, l’abandon des supplices mortels au profit de
l’exécution brutale passe pour un grand progrès dans la civilisation. Le principe de
l’exécution n’est pas quant à lui, mis en cause p. 115.

La cruauté des temps anciens est universelle, mais cette universalité n’exclut pas les
nuances qui, avec la transition démographique (recul de la mort et valorisation de la
vie) et l’apparition de la notion de droit, seront de plus en plus grandes p. 116.

La peine de mort vers 1830

Dans un pays qui ne compte qu’un peu plus d’une dizaine de millions d’habitants, on
dénombre, chaque année, vers 1830, un contigent de 1351 condamnations à mort, ce qui
équivaut à trois fois le nombre actuel de victimes d’homicides (alor qu’entre-temps la
population a plus que quadruplé). La violence légale est démesurée. Elle dépasse, de
loin, la violence privée : le nombre des individus traduits en justice pour meurtre ou
tentative de meurtre est huit fois moindre que celui des condamnations à mort !
L’écrasante majorité des peines de mort est prononcée pour de crime contre la propriété
(quatre-vignt-quinze pour cent en 1820-1826, par exemple). Il s’agit de simples vols, le
plus souvent sans circonstances aggravantes p. 117.

Multiplication des condamnations ne signifique pas pour autant multiplication des


éxecutions : en ume quinzaine d’années, celles-ci ont diminué de moitié. La rpocédure
anglaise, qui, par certains aspects, fait l’admiration de tout le continent accorde à la
défense d’importants droits de recours. Les aberrations de la loi pénale sont tempérées
par le droit de grâce. Ce désaccord entre la sanction pénale et l’opinion publique interdit
ou limite chaque jour l’exécution du châtiment suprême [...] p. 117.

L’avance économique du pays contraste avec l’arriération de sa législation. En


Angleterre, la fréquence des exécutions capitales est trois fois plus grande qu’en France,
où le niveau est cependant nettment moinde. Développement et morale son dissociés p.
117.

Même l’Irlande pourtan sujette à une affreuse misère, et en proie à des dèsordres de
toutes sortes, se montre moins barbare que l’Angleterre p. 117.

Les exécutions publiques

Jusqu’à l’époque moderne, la peine capitale fut considérée comme le seul moyen de
contenir la violence dans certaines limites. L’insécurité était grande ; misère matérielle
et misère morale allaient de pair. La mort était omniprésente, les subsistances rares ; on
tuait beaucoup. Jeu pour l’aristocratie ou l’armée, la violence était, pour le petit peuple,
nécessité. La vie humaine, souvent écourtée par la maladie, dès le plus jeune âge,
réguliérement mise en question tout au long du parcours de l’existence, n’avait guère de
prix. On la risquait facilement ; le meurtre était chose commune. Pour se protéger, la
collectivité répondait par la loi du talion ; elle imposait des châtiments exemplaires.
C’est dans ce contexte prémoderne qu’il faut situer l’exécution capitale p.119.

Pour mieux garantir l’exemplarité de la peine, l’exécution est rendue publique [...] C’est
un véritable événement national, qui draine de foules considerábles, attirées par une
curiosité morbide p. 119.

L’événement est l’occasion de débordements de toutes sortes ; pour certains, c’est la


foire aux affaires : le droit d’entrée se paie au prix fort, on spécule de manière effrénée :
le bancons voisins se louent à des prix exorbitants. En Angleterre, par exemple, « les
jours de pendaisont furent pendant le XVIII siècle et la première moité du XIX siècle,
l’equivalent des fêtes nationales, en plus fréquent ». Les estrades sont construites
comme pour des matches de football. On ne se presse de partout pour cent mille
specateurs. Chacun veut s’enivrer de sensations morbides, cela au plus fort de l’époque
romantique, au « temps où les femmes s’évanouissaient à la moindre émotion et où des
hommes barbus répandaient de douces larmes dans les bras les uns des autres p.119.

O evento é uma oportunidade para excessos de todos os tipos; para alguns, é a feira de
negócios: a taxa de entrada é paga a um preço alto, especulamos freneticamente: os
bancos vizinhos têm preços exorbitantes. Na Inglaterra, por exemplo, "os dias de
enforcamento foram durante o século XVIII e a primeira metade do século XIX, o
equivalente a festivais nacionais, mais freqüentes". As arquibancadas são construídas
como partidas de futebol. Não nos apressamos em todos os lugares para cem mil
espectadores. Todo mundo quer ficar bêbado com sensações mórbidas, no auge da era
romântica, no momento em que as mulheres desmaiavam com a menor emoção e os
homens barbudos derramavam lágrimas nos braços uma da outra.

Ces grands rassemblements se déroulent dans un climat de véritable hystérie collective :


les passions se déchaînent, des émeutes éclatent, d’irrépressibles paniques s’emparent
de la foule. Nombre de gens meurent suffoqués ou piétinés. C’est un gigantesque délire
communautaire, une célébration quasi mystique de mort et du surnaturel p. 119.

Toutes sortes de superstitions entourent la pendaison. La corde est taillée en morceaux


et vendeu très cher ; on veut s’immuniser contre le mal ; les vêtements du pendu
s’achétent à prix d’or. Gigantesque cérémonie purificatrice, l’exécution publique est un
rite symbolique d’extermination du Diable. L’exécution capitale revêt, en fait, une
signification religieuse ; bien plus, son essence même et religieusse : « Le châtiment
suprême a toujours été une peine religieuse, infligée au nom du roi, représentant de
Dieu sur terre. » Dans l’espirit de l’époque la société est un corps sacré auquel
l’assassin porte atteinte : il doit expier ce sacrilège, en étant immolé, aux yeux de tous.
Mais, pense-t-on la cruauté du châtiment est atténuée par la croyance à la vie étenelle,
Seule la vie terrestre est retirée, toute chance de rédemption dans l’audelà n’est pas
perdue. Armée de ces dogmes, l’Eglise catholique a toujours admis la nécessité de la
peine de mort p. 120.

L’éveil de la clémence

Là ou elle subsiste, la peine de mort est pratiquement tombée en désuétude. Partout la


transition entre l’ère du dogme de son dépérissement total s’est faite graduellement p.
121.

Troisième Partie – Du Discours au fait historique Mythes et réalités

Chapitre 16 – Morts violentes, mort criminelles

La mêlée génerale

Chacun se sent menacé dans sa sécurité, dans son intimité. Le laxisme de la justice est
dénoncé, la police décriée, on prône l’autodéfense, l’alerte est quotidienne ; la
concurrence entre moyens d’information pousse à simplifier et à frapper. Le frisson et
la peur se vendent bien. Sociétés de gardiennage, magasins de gadgets, dispositifs
d’alarme fleurissent. Mais cet appel constant à la vigilance est exagéré, et surtout il est
nocif. Loin de favoriser une prévention lucide, il entretient une psychose de l’agression
qui, paradoxalement, accroît le danger. Combien de meurtres ont été perpétrés dans le
noir, involontairement, par simple peur ?Pourtant, il faut le savoir, nos sociétés n’ont
jamais été plus encadrées, plus surveillées, plus policées qu’en cette fin du XX siècle et
l’on voudrait nous faire accroire que les hommes n’ont jamais été si peu respectueux de
lois p. 358.

Todo mundo se sente ameaçado em sua segurança, em sua privacidade. A negligência


da justiça é denunciada, a polícia censurou, defendemos a legítima defesa, o alerta é
diário; a competição entre a mídia leva a simplificar e atacar. A emoção e o medo estão
vendendo bem. Empresas de guarda, lojas de gadgets e dispositivos de alarme estão
florescendo. Mas esse constante apelo à vigilância é exagerado e, acima de tudo, é
prejudicial. Longe de promover uma prevenção lúcida, ele mantém uma psicose de
agressão que, paradoxalmente, aumenta o perigo. Quantos assassinatos foram
cometidos no escuro, involuntariamente, por simples medo? No entanto, deve-se saber
que nossas sociedades nunca foram mais supervisionadas, mais supervisionadas, mais
educadas do que no final do século XX e nos faria acreditar que os homens nunca foram
tão antiéticos

Etant donné la concurrence acharnée entre les grands media, un thème comme celui de
la violence est nécessairement perçu à travers un prisme déformant, grossissant. Tout ce
qui peut effrayer est mis sur le compte de « la Violence » avec un grand V, la nouvelle
incarnation du Diable. On rassemble pêle-mêle, dans un énorme fourre-tout, les petits
délis intentionnels, les crimes crapuleux, les échanges de mots, les conflits sociaux et
bien d’autres contrariétés, jusqu’aux plus banales p. 358.

Dada a competição acirrada entre as principais mídias, um tema como a violência é


necessariamente percebido através de um prisma distorcido e magnífico. Tudo o que
pode assustar é colocado na conta de "Violence" com um grande V, a nova encarnação
do diabo. Reunimos pell-mell, em uma bolsa enorme, os pequenos delinqüentes
intencionais, os crimes de vilões, as trocas de palavras, os conflitos sociais e muitos
outros aborrecimentos, até os mais banais.

Les trois faces de la violence

Seuls n’intéressent que les cas les plus spectaculaies, les plus atypiques, sur lesquels on
se livre à l’exament obsédant de détails récurrents, sans que la forme d’ensemble du
phénomène soit identifiée ni perçue dans sa dimension et ses perspectives. Devant
l’abondance d’informations, les faits divers sont soigneusement triés et seuls ne sont
retenus que les moins quotidiens, les moins commus, ceux qui on le moins de chance de
s’abattre sur vous. Le discours perd en représentativité et en relativité ce qu’il gagne en
sensibilité et en acuité. Toutefois, quand on se réfère à des travaux scientifiques, les
concepts se font plus précis, et ce n’est pas à un manque, mais, au contraire à une
étonnante profusion d’éléments statistiques que l’on se heurte et l’on est bien en peine,
là également, d’apprécier la violence dans sa dimension générale p. 359.
Apenas os casos mais espetaculares, os mais atípicos, que são objeto do exame
obsessivo de detalhes recorrentes, estão envolvidos, sem que a forma geral do
fenômeno seja identificada ou percebida em sua dimensão e perspectivas. Diante da
abundância de informações, os vários fatos são cuidadosamente resolvidos e apenas os
menos diários, os menos comuns, aqueles com menor chance de cair sobre você são
retidos. O discurso perde em representatividade e relatividade o que ganha em
sensibilidade e nitidez. Contudo, quando nos referimos ao trabalho científico, os
conceitos são mais precisos e não faltam, mas, pelo contrário, uma profusão
surpreendente de elementos estatísticos que encontramos e também sofre, apreciar a
violência em sua dimensão geral.

La mort violente peut provenir de trois sources: les crime, le suicide ou l’accident. Elle
est criminelle si elle résulte de la malveillance d’autrui ; c’est le cas de l’homicide
volontaire, qui intéresse la police et la justice. Elle est suicidaire si elle a été rpovaquée
sciemment par la future victime. Elle est aléatoire ou accidentelle si elle résulte du pur
hasard, sans qu’aucume intention humaine puisse être mise en cause. Ce sont les trois
faces de la violence, dont la classification est séculaire et universelle p. 359.

A morte violenta pode vir de três fontes: crime, suicídio ou acidente. É criminoso se
resultar da malevolência de outros; é o caso de homicídio doloso, que interessa à polícia
e ao judiciário. Ela é suicida se for deliberadamente reinventada pela futura vítima. É
aleatório ou acidental se resultar de puro acaso, sem que nenhuma intenção humana seja
posta em questão. Estas são as três faces da violência, cuja classificação é secular e
universal.

Disponibilité, urbanité, civilité

Nos sociétés on connu une formidable élévation du niveau de vie ; ce phénomène s’est
accompagné d’une profonde mutation des esprits. L’expansion a multiplié le nombre de
ceux qui on pu acquérir une instruction de base et, par là, modifié radicalment les
mentalités et les rapports des hommes entre eux. Les sensibilités des craindre la
violence nerveuse de gens mal nourris et excités par des boissons fortes, que celle de
l’automobiliste distrait et gavé. Le développement de l’instruction a donné au plus
grand nombre une capacité de réflexion et d’expression ; il a multiplié les substitus à la
violence. Le progrès industriel a raccourci le temps de travail et ouvert la voie aux
loisirs, à la disponibilité. La plupart des travailleurs ne cessent pas de travailler
uniquement pour dormir ou pour manger. Voyages, vacances et déplacements se
multiplient et s’allongent p. 361.

Nossas sociedades experimentaram um tremendo aumento no padrão de vida; esse


fenômeno foi acompanhado por uma profunda mudança de opinião. A expansão
multiplicou o número de pessoas que foram capazes de adquirir uma educação básica e,
como resultado, alterou radicalmente as mentalidades e as relações dos homens entre si.
As sensibilidades de temer a violência nervosa das pessoas desnutridas e excitadas por
bebidas fortes, a do motorista distraído e alimentado à força. O desenvolvimento da
instrução deu ao maior número de pessoas uma capacidade de reflexão e expressão; ele
multiplicou os substitutos da violência. O progresso industrial reduziu o tempo de
trabalho e abriu o caminho para o lazer e a disponibilidade. A maioria dos trabalhadores
não para de trabalhar apenas para dormir ou comer. Viagens, férias e deslocamentos se
multiplicam e prolongam.

Chapitre 18 – Mythologie de la violence

Ecoutons « la sagesse » des nations, parfois relayée par les intellectuels : les valeurs
morales ne cessent de se dégrader, les inégalités sociales de croître, et la violence de
progresser...Profondément ancrée dans le credo populaire, l’idée d’une irrésistible
montée de la violence se trouve constamment renforcée par les cris d’alarme des media.
A force de se l’entendre répéter, nos contemporais, même les plus incrédules, finissent
par se convaincre que nous vivons au temps de la violence et de l’anarchie p. 391.

Cette obsession de la sécurité conduit à une exploitation de toutes les angoisses, de


toutes les frayeurs. Rationnel, l’homme moderne veut tout maîtriser. Il ne supporte pas
que certains dangers ne puissent être prévus, encadrés, canalisés. La violence fait partie
de ce vieux fonds archaïque qui échape à sa volonté de domination. L’homme moderne
a vaincu un à un les grands fléaux de l’histoire. Il ne peut admettre qu’une conquête
aussi péniblement étaiblie que le Code social soit violée. On lui serine que ce viol est
quotidien, que les hommes retournent à la barbaire, et cela conforte son credo p. 391.

Une montée imaginaire

Comme la violence n’est pas nouvelle, elle parâit être un de ces phénoménes dont nul
n’imagine qu’ils puissent diminuer : l’opinion courante s’accorde donc à penser qu’elle
ne peut que s’aggraver, et, depuis des siècles, la croyance est ancrée au plus profond des
espirits. Cette seconde tête du mythe estplus aisée à pourfendre. Car si vraiment la
violence était en progression continue, nos civilisations auraient, depuis belle lurette,
été emportées dans la tourmente. Et pourtant, les trains partent, les usine tournent, les
bureaucraties fonctionnent ; notre système social, sans cesse plus complexe, apparaît
réglé comme une grande horloge p. 394

Como a violência não é nova, parece ser um daqueles fenômenos que ninguém pode
imaginar que possa diminuir: a opinião atual concorda, portanto, que só pode piorar e,
desde então, Durante séculos, a crença está ancorada no mais profundo dos espíritos.
Essa segunda cabeça do mito é mais fácil de matar. Porque se a violência estivesse
progredindo continuamente, nossas civilizações teriam sido, durante muito tempo,
arrasadas. E, no entanto, os trens partem, as fábricas mudam, as burocracias funcionam;
nosso sistema social, cada vez mais complexo, parece definido como um grande
relógio.

L’argument, donc, ne tient pas mais il s’excuse de lui-même ; sa raison est simple : il y
a toujours eu trop de crimes. On ne peut néanmoins s’empêcher de relever, dans
l’espirit du temps, une curieuse, incohérence. Il y a quelque paradoxe, en effet, à
déplorer régulièrement, comme on le fait dans la grande presse, l’apathie des jeunes
générations et à jeter, en même temps, l’alarme sur l’explosion de la violence. Où sont
les blousons noirs des années cinquante ? Où sont les révolutionnaires chevelus de
années soixante ? Depuis une dizaine d’années, par ces temps de « crise », nos rues sont
bien calmes, nos campus bien silencieux p. 394

O argumento, portanto, não se sustenta, mas ele se desculpa; sua razão é simples:
sempre houve muitos crimes. Não obstante, não se pode deixar de notar, no decorrer do
tempo, um curioso, incoerente. Há algum paradoxo, de fato, deplorar regularmente,
como é feito na grande imprensa, a apatia das gerações mais jovens e lançar, ao mesmo
tempo, o alarme da explosão da violência. Onde estão as jaquetas pretas dos anos
cinquenta? Onde estão os revolucionários peludos dos anos sessenta? Nos últimos dez
anos, nestes tempos de "crise", nossas ruas são muito calmas, nossos campi são muito
calmos.

Le grand amalgame

La violence est um sujet complexe, dont l’étude requiert un gros effort d’analyse et de
pédagogie. Or nous sommes entretenus dans une confusion dont il est difficile de penser
qu’elle ne soit pas délibérée, tant elle est grande. La violence est aussi un domaine où
l’irrationel tend, spontanément, à l’emporter sur le rationnel. On eût donc pu s’attendre
à un appel à la raison, à une dédramatisation. Or ce fut l’inverse. Au lieu de calmer les
espirits, on s’est appliqué à répandre un sentiment de panique, largement injustifié. La
premier consiste à assimiler la « violence » ressentie (c’est-à-dire le « sentiment
d’insécurité ») à la « violence » réelle. Plus grave encore, le second consiste à prêter au
concept de violence toutes les significations possibles et imaginables, en refusant,
d’entrée de jeu, de le définir p. 396

A violência é um assunto complexo, cujo estudo requer um grande esforço de análise e


pedagogia. Mas estamos numa confusão da qual é difícil pensar que não é deliberado, é
tão grande. A violência também é uma área em que o irracional tende,
espontaneamente, a prevalecer sobre o racional. Pode-se esperar um chamado à razão,
uma desramatização. Mas foi o contrário. Em vez de acalmar os espíritos, houve uma
tentativa de espalhar um sentimento de pânico, em grande parte injustificado. O
primeiro é igualar a "violência" percebida (isto é, o "sentimento de insegurança") com a
verdadeira "violência". Mais seriamente, o segundo consiste em emprestar ao conceito
de violência todos os significados possíveis e imagináveis, recusando, desde o início,
defini-lo.

Surtout l’opinion ne recule pas devant la contradiction : si la peur est générale, ou, du
moins, la majorité de l’échantillon interrogé déclare éprouver un « sentiment
d’insécurité », mais curieusement, lorsque l’on en vient aux faits eux-mêmes, la quasi-
totalité des individus (quatre-vingt-cinq pour cent) affirment n’avoir pas connu
l’expérience de la violence ni directement, par eux-mêmes, ni indirectement, par leurs
proches, dans le mois qui précède l’enquête. Mais, si importante soit-elle, la
contradiction n’est pas relevée, alors que, précisément, elle est au coeur du problème de
la violence p. 397.

Acima de tudo, a opinião não se afasta da contradição: se o medo é geral, ou, pelo
menos, a maioria da amostra questionada declara sentir um "sentimento de
insegurança", mas curiosamente, quando se trata de fatos quase todos (oitenta e cinco
por cento) dizem que não sofreram a violência diretamente, por si mesmos ou
indiretamente, por seus parentes, no mês de precede a investigação. Mas, por mais
importante que seja, a contradição não é levantada, enquanto, precisamente, está no
cerne do problema da violência.

La marché de la peur.

En dehors de l’intérêt, évident, mais marginal, des industries de protection (serrurerie,


blindage, systèmes d’alarme, armement, société de gardiennage, etc) il y a celui,
infiniment plus puissant, de deux sphères en interaction croissante, le monde politique
et le monde de l’information. Tout gouvernement est tenté de se servir de la peur pour
étendre son dispositif répressif (recrutement de policiers, de magistrats, de gardiens de
prisons, alourdissement des peines, etc.). La concurrence etre les médias, d’autres part,
incite au clientélisme, donc au sensationnalisme. La politique rédactionnelle de la
plupart des quotidiens et hebdomadaires est subordonnée aux impératifs commerciaux.
Les grosses manchettes sur les crimes crapuleux attirent les lecteurs, les nouvelles
sanglantes se vendent bien : le public aime les sensations, il a besoin de frissons. La
structure financière de la presse des pays occidentaux appuient des partis de gauche. Or,
écrit-on, dans un rapport officiel au Conseil de l’Europe, « les valeurs de la droite sont
celles de la classe moyenne, très sensible à la violence et très inquiète ». On flatte donc
le lecteur en publiant ce qui est le plus conforme à ses goûts p. 406.

Além do interesse óbvio, mas marginal, das indústrias de proteção (serralharia,


armadura, sistemas de alarme, armamentos, empresas de segurança etc.), existe a
infinitamente mais poderosa das duas esferas para aumentar a interação, o mundo
político e o mundo da informação. Qualquer governo é tentado a usar o medo para
estender suas medidas repressivas (recrutamento de policiais, magistrados, guardas
prisionais, aumento de multas etc.). A competição é a mídia, por outro lado, incentiva o
clientelismo, portanto o sensacionalismo. A política editorial da maioria dos jornais
diários e semanais está subordinada a imperativos comerciais. As grandes manchetes
sobre crimes de vilão atraem leitores, notícias sangrentas vendem bem: o público adora
as sensações, precisa de calafrios. A estrutura financeira da imprensa ocidental apóia os
partidos de esquerda. No entanto, está escrito em um relatório oficial ao Conselho da
Europa, "os valores da direita são os da classe média, muito sensíveis à violência e
muito preocupados". Portanto, lisonjeie o leitor publicando o que está mais de acordo
com seus gostos.

La violence fascine, surtout quand elle est spectaculaire. Les violences sexuelles
intéressent plus que les banales querelles conjugales, les actes de piraterie aérienne plus
que les vulgaires bagarres meurtrières entre ivrognes. Mais ces faits divers, horribles et
sanglants à souhait n’attirent l’attention que sur de cas particuliers, atypiques. Ce sont
les cinq à dix pour cent de cas aberrants, qui sont l’exception et non la règle. Mais ce
sont eux qui font trembler les foules et réveillent les réflexes de peur. L’information
n’est pas inexacte, elle est tronquée. Tout journaliste un tant soit peu expérimenté sait
combien il est aisé, par quelques messages appuyés à grand renfort de publicité, de
créer l’illusion d’une vague de criminalité. Dans les services criminels des grands
journaux, se trouvent des reportes issus, le plus souvent, des services sportifs ou du
monde de la police, généralement sans aucune formation en sciences sociales, ni même
en criminologie, spotanément plus attirés par l’anecdote que par l’information p. 406.

A violência fascina, especialmente quando é espetacular. A violência sexual é mais


importante do que as disputas conjugais comuns, os atos de pirataria aérea mais do que
as brigas assassinas comuns entre os bêbados. Mas esses fatos diversos, horríveis e
sangrentos atraem atenção apenas em casos atípicos particulares. Esses são os valores
discrepantes de cinco a dez por cento, que são a exceção e não a regra. Mas são eles que
fazem a multidão tremer e despertar os reflexos do medo. As informações não são
imprecisas, são truncadas. Qualquer jornalista experiente sabe como é fácil, por
algumas mensagens apoiadas por muita publicidade, criar a ilusão de uma onda de
crimes. Nos serviços criminais dos principais jornais, há relatos, na maioria das vezes
de serviços policiais ou esportivos, geralmente sem nenhum treinamento em ciências
sociais, ou mesmo em criminologia, que estão mais interessados em anedotas do que
em informação

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