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“Derrière leurs apparences bien paisibles, nos concitoyens seraient, em réalité, gens
agressifs. Le rythme endiablé de la vie moderne lês aurait saisis et emportés dans un
tourbillon destructeur. Veritable mal du siècle et emportés dans un toubillon destructeur.
Veritable mal du siècle, la violence se serait depuis peu abattue sur les hommes et, tels les
grand fléuax du passé, elle aurrait contaminé tous les aspects de leur vie quotidienne” p. 7.
Na concepção do autor, existe, na sociedade em que ele está inserido, um discurso alarmista
e catastrófico sobre a violência. Sob essas perspectivas, não existiria nenhum aspecto da
vida social em que ela não estivesse infiltrada isso incluiria linguagem, arte, cinema
música, dança, todas as formas de expressão simbólicas p. 8.
“A lire certains journaux on se croit cerné de tout part; souvent même le journal dépasse le
roman policier. Pourtant, ne fût-elle que symbolique, la violence n'est pas nouvelle. Le
principe hiérarchique a toujours existé et il est, sans nul doute, moin rigide aujourd'hui qu'
autrefois” p. 8
Para o autor, a sua sociedade é menos desigual e mais descontraída do que outrora. Ele
afirma que o homem moderno já é beneficiado com proteção social antes mesmo de seu
nascimento “Un à un, lês grands risques qui faisaient la terreur de ses ancêtres ont été
couverts par lês systèmes de Sécurité sociale ou dassurances: la maladie, le chômage, l’
accident, le vol, l’incendie...et même la mort (Du conjoint ou d’um être Cher)” p. 9.
“L’homme paie sa plus grande sécurité objective par une plus grande insécurité subjective,
um sentiment d’enfermement, de violence, d’ écrasement de as liberte. Mais cette violence-
lá n’est pas matérrielle, elle est symolique. Qui plus est, elle n’est que le revers d’une plus
grande protection contre la meurtrit lês corps e sème la mort – est ailleurs” p. 9.
La société elle-même n’est pas en reste : de la conception à la mort, elle suit l’individu,
l’encadre et le protège. A côté de quelques fait divers tapageurs sur lesquels se braquent
les projecteurs de l’actualité, il y a cette sollicitude discrète braquent les projecteurs de
l’actualité, il y a cette sollicitude discrète quotidienne, permanente. Et l’on voudrait
nous faire accroire que notre époque est en passe de succomber à la barbarie ? p. 11.
Aurait-on oublié que les civilisations les plus connues ont pratiqué de rites sanglants,
devant lesquels nos sensibilités ne peuvent que frémir d’horreur ? Depuis l’aube des
temps, des sacrifices humains ont été accomplis pour toutes sortes de raisons,
économiques, magiques, religieuses. Les dieux, croit-on, ont soif ; pour apaiser leur
colère (ou pour racheter ses fautes), on leur immole périodiquement l’un des siens ;
pour assurcer la fertilité du sol, on l’imbibe de sang p.11.
Notre violence existe indéniable ; mais elle n’a, nous le verrons, rien de comparable à la
violence antique, féodale ou même classique. Pourtant la peur est là, irrationnelle,
entretenue par le sensationnalisme des media. C’est que nous considérons comme
asocieles des conduites autrefois ordinaires. Le vieux discours lancinant sur la
décandence des moeurs et son corollaire, la progression de la violence, n’est pas près de
s’éteindre. Il est de toutes les époques ; il n’est, en réalité, que la marque d’un
conservatisme latent p. 11
Cette croyance tenace n’est que la répetition du mythe de l’âge d’or. Elle résulte aussi
du caractère même, à la fois sporadique et effrayant, de la violence. Tout crime
crapuleux traumatise les espirits. Il est difficile de garder un regard froid sur la violence.
La statisque affadit ; elle ensevelit l’horreur sous le nombre p. 11.
Mais cette condition là n’est, à vrai dire, que rarement remplie. Faute de définition
juridique de la violence, les significations qui lui sont prêtées sont fluctuantes, et
extensibles à loisir. La grande peur qui a saisi nos contemporains tient, pour une large
part, à un tel glissement sémantique. Le mot violence a connu une telle vogue qu’il en
est venu à désigner les incidents les plus bannals ; c’est cette extension progressive du
sens qui donne à penser que le phénomène lui-même s’aggrave irrésistiblement p. 12.
I. La violence criminelle
La violence se manifeste partout dans la nature. Entre les espèces, depuis la création, la
lutte est incessant p. 17.
[...] l’homme n’a guère changé génetiquement, culturellement, l’évolution est immense.
Le répertoire des conduites s’est considérablement enrichi. S’il rejette cette violence,
l’homme moderne en même temps, se laisse fasciner par elle : la littérature sadique a
toujours des lecteurs assidus p. 17.
Un primate agressif
Chez nos ancêtres, la mort violente était fréquente : le cannibalisme et la guerre étaient
pratiqués par les premiers humains. Régulièrement, les historiens redécouvrent la
cuauté de civilisations qui nous ont précédés. Il n’est guére de sociétés où, pour apaiser
la colère des dieux, on n’ait procédé à des sacrifices humains p. 17.
L’homme est un primate agressif, écrit le naturaliste Lorenz. Sans cesse, il se bat pour
défendre son espace, son statut, ou sa préséance. Plus que toutes les sociétés animales,
les sociétés humaines sont stratifiées, hiérarchisées ; l’espace dans lequel elles se
meuvent est étroitement segmenté, balisé. Chaque individu y dispose d’un domaine
reconnu, fixé ; il est doté d’une position sociale précise, codifiée p. 18
Tour à tour, suivant les lieux et les rencontres, chacun est em position de domination ou
de soumission. Si les règles admises sont violées, il n’y a cependant pas toujours
cambat. Avec le langue, les comportements se diversifient, la raison émerge, la ruse
finit par l’emporter. La violence cesse quand paraît le dialogue p. 18.
Ces pratiques barbares ne disparaissent qu’à l’époque des Lumières, lorsque souffle
enfin le vent de la Tolérance et de Raison. Mais elles reparaissent sporadiquement
lorsque l’état de nature reprend ses droits, à l’occasion de troubles ou de guerres. De
noumbreaux pays du monde peu dévelopé, parfois même du monde dit développé, n’y
ont jamais véritablement renoncé. Au nom d’idées ou d’idéologies, des millions
d’homes continuent à mourir emprisonnés, écrasés martyrisés p. 18.
Rares sont, d’ailleurs, le pays pour lesquels l’analyse systématique de la violence privée
est possible. L’Angleterre est de ceux-là. Les résultats sont édifiants : les moeurs y sont
alors d’une violence inouïe. Les brigand hantent les chemis de campagne ; le peuple est
querelleur et vindicatif, il est prompt à jouer du bâton ou du couteau. Les meurtres sont
extraordinairement fréquents : il y en a plus par habitant dans L’Angleterre du XIII
siècle que dans les Etats-Unis actuels, où, pourtant, l’on dégaine facilment. Peu
d’honnêtes hommes ont atteint l’âge adulte sans avoir été mêlés, de près ou de loin, à
quelque homicide. La violence règne, elle est souveraine ; c’est elle qui, au sein des
différents ordres sociaux, scelle le hiérarchies et établit les réputations p. 19.
Les hommes luttent entre eux, comme ils luttent contre les animaux ou contre la nature.
La subsistance est précaire, la souffrance quotidienne, la mort toujours menaçante. La
vie est trop fragile pour qu’on la respecte. Alors, on s’expose facilement : la violence
fait partie du mode de vie p. 19.
L’homicide est, en fait, plus l’affaire de ces bandes que d’individus isolés : la grande
criminalité se confond, pour l’essentiel, avec le banditisme. Parfois ce « gangs »
parviennent à contrôler des villages entiers, qu’ils terrorisent, soumettent et dépouillent.
Ce sont des associations de quatre ou cinq malfaiteurs, parfois plus, liés par le sang,
l’habitat ou, plus prosaïquement, le hasard d’une beuverie : les tavernes sont des
repaires de brigands. Ces hommes-lá veillent la nuit et dorment le jour. Quand ils
attaquent, chacun se défend comme il peut ; hameaux et villages sont aux abois. C’est la
mêlée, le grand affrontement, le combat sanglant p. 19.
A Oxford, par exemple, le taux d’homicide au XIII siècle osfille entre trente-cinq et
soixante-dix pour cent mille ; Il est quatre à sept fois plus élevé que dans les métropoles
américaines d’aujourd’hui. Mais les autres de crimes ne sont pas seulement les
brigands. Le clergé, en particulier, est d’auteurs de meurtres ; il s’en trouve plus que
parmi les domestiques ou les étudiants, pourtant querelleurs : un accusé sur sept est
membre du clergé ! Ce paradoxe n’est qu’apparent car les prêtes appartiennent à une
organisation privilégée, et ils n’ont point d’entourage pour refrener leurs passions ou les
défendre contre les agressions p. 20.
[...] la criminalité réactionelle régresse, de par le mouvement des mouers (la violence
privée n’a plus guèrre de raison d’être), cepandant que la criminalité rationelle
progresse, de par le mouvement des instituitions (la richesse devient brevet de
citoyenneté). La criminalité violente se trouve donc reléguée au second rang, la défense
de la propriété devient prioritaire ; elle va retenir de plus en plus l’attention des juges.
On commence alors à sacraliser la propriété privée [...] p. 21.
La transformation morale est lente. Dans de nombreuses provinces, les moeurs restent,
au XVIII siècle, empreintes d’une grande rudesse p. 21.
L’Europe violente
D’une culture à l’autre, la violence est plus ou moins prisée. Depuis Malinowski et M.
Mead, les anthropologues savent que certains peuples glorifient l’agressivité cependant
que d’autres dont l’idéal serait dans l’harmonie sociale et la quiétude des moeurs ;
autrement dit, il y aurait des sociétés violentes et des sociétés non violentes. A en croire
un certain discours officiel, les sociétés modernes, redevenues barbares, seraient des
sociétés violentes. Dès son ouverture, le rapport Peyrefitte done le ton : « Longtemps
tenue en marge, la violence s’est installée au coeur de la cité. Pas encore en maîtresse,
mas ce temps peut venir ! ». La France serait facile à classer : elle appartiendrait à cette
catégorie de civilisations violentes où « une agressivité nouvelle marque les relations
personnelles et sociales » p. 39.
La famille est le lieu du paradoxe. Centre d’affection, refuge contre l’adversité, c’est
aussi le primier foyer de violence, l’unique endroit où chacun peut découvrir, sans fard,
son vrai visage. La violence y est forte, plus forte qu’en tout autre milieu. Mais la
violence entre les membres d’une même famille est une chose dont on n’a pas coutume
deparler : elle est secrète et honteuse. Par nature, elle échappe à la connaissance
publique : les seuls témoins en sont les membres de la famille. L’existence de liens de
parenté les pousse à garder le silence, tant par souci de leur propre image que par
crainte de représailles. Seules les violences manifestes, c’est-à-dire les plus atroces ou
les plus visibles (découvert de cadavre, traces de coups) sont détectées p. 79.
La violence domestique occupe une grande place dans l’ensemble de la violence. Bien
que délicate à établir, une typologie des homicides a été proposée pour les Etats-Unis il
y a quelques années. Elle se compose de quatre grandes catégories : le crime familial, le
crime passionnel, le crime crapuleux et les « autres », catégorie résiduelle assez fourne
p. 79.
Quelques années plus tôt, um rapport du FBI sur lês activités criminelles dans
l’ensmble des Etas-Unis en 1964 évaluait à trente et un pour cent l’ensemble des
meurtres dans lesquels l’assassin et la victime étaient de la même famile. L’importance
de cette proportion pourrait tenir au rôle de la population noire dans la criminalité
américaine. Plus de la moitié des victimes de meurtre et des meurtriers sont de Noirs ;
or pour ceux-ci, les solidarités familiales sont peut-être plus nécessaires, donc plus
obsédants que pour les autres citoyens américains. De façon plus générale, on estime
que, bon an mal an, de un quart à un tiers de tous les homicides sont des meurtres
domestiques où un membre de la famille en tue un autre. Cette caractéristique n’est pas
spécifiquement américaine. Dans l’Angleterre de la fin des années soixante, où la
violence est très rare, la situation est plus nette encore p. 79.
Alguns anos antes, um relatório do FBI sobre atividades criminosas nos EUA como um
todo em 1964 estimou que todos os assassinatos em que o assassino e a vítima eram da
mesma família eram de 31%. A importância dessa proporção pode ser devida ao papel
da população negra no crime americano. Mais da metade das vítimas de assassinato e
assassinos são negros; para estes, a solidariedade familiar pode ser mais necessária e,
portanto, mais assustadora do que para outros cidadãos dos EUA. De maneira mais
geral, estima-se que, em um ano ou um ano, de um quarto a um terço de todos os
homicídios sejam assassinatos domésticos, onde um membro da família mata outro.
Essa característica não é especificamente americana. Na Inglaterra do final dos anos
sessenta, onde a violência é muito rara, a situação é ainda mais clara p. 79.
C’est au sein du cercle familial ou, plus largement, du cercle des proches que se
recrutent la plupart des assassins. Tous les lecteurs de romans policiers le savent p. 79.
On risque plus d’être tué au sein du groupe familial que dans tout autre groupe social,
sauf peut-être l’armée ou la police. Le crime familial est plus connu, sans doute le plus
mal enregistré, mais c’est le plus commun. La leçon est déroutante, mais claire : s’il y a
lieu pour sa propre sécurité de se méfier de quelqu’un, c’est d’abord des siens,
davantage que de l’inconnu qui passe p. 80.
As pessoas são mais propensas a serem mortas no grupo familiar do que em qualquer
outro grupo social, exceto, talvez, o exército ou a polícia. O crime de família é mais
conhecido, provavelmente o mais mal registrado, mas é o mais comum. A lição é
confusa, mas clara: se é necessário que sua própria segurança desconfie de alguém,
primeiro é dele, mais do que o desconhecido passa.
L’essence de la vie familiale est contradictoire : le cadre familial est à la fois le plus
sécurisant et le plus dangereux. Mais son ambivalence n’est guère ressentie comme
même si, objectivement, l’on est fréquemment moins en sécurité chez soi que dans la
rue. Le sentiment de sécurité est d’abord subjectif, la peur est irrationalle p. 82.
Adultère et concubinage
Une grande partie des attentas à la vie sont le résultat de la « déviance sexuelle », c’est-
à-dire de la sexualité hors mariage. Le rôle de la femme dans cette violence meutrière
est plus grand que dans toute autre espèce de violence. Si, en règle génerale, la femme
n’est en cause que dans un muertre sur vingt, elle est responsable d’un assassinat sur
dix, de plus du tiers des parricides, de quarante pour cent des infanticides, de près de la
moitié des empoisonnements p. 82.
Muitos dos ataques à vida são resultado de "desvio sexual", isto é, sexualidade fora do
casamento. O papel das mulheres nessa violência assassina é maior do que em qualquer
outro tipo de violência. Se, regra geral, a mulher está envolvida em apenas um em cada
vinte homens, ela é responsável por um em cada dez assassinatos, mais de um terço dos
parricídios, quarenta por cento do infanticídio, quase metade das vítimas.
Envenenamento.
La criminalité familiale est d’une richesse foisonnante. Plus que tout autre aspect de la
vie quotidienne, elle nous renseigne sur lês moeurs d’une époque dans ce qu’elles on de
plus secret, de plus mystérieux. Pour une période de mutation comme la nôtre, où dans
les pays de peuplement européen, la permissivité sexuelle se développe, où la
cohabitation juvénile et l’union consensuelle prennent une ampleur nouvelle, où, enfin,
la fréquence du divorce s’accroît et où, par conséquent, les configurations familiales
gagnent en complexité, il est dommage que la criminologie soit plus muette qu’au
temps de Guerry. Le silence est total, le tabou inviolable p. 84.
O crime de família é uma riqueza abundante. Mais do que qualquer outro aspecto da
vida cotidiana, ele nos fala sobre os costumes de uma época em que eles são mais
secretos, mais misteriosos. Por um período de mudança como o nosso, onde nos países
europeus se desenvolve a permissividade sexual, onde a coabitação juvenil e a união
consensual assumem uma nova dimensão, onde, finalmente, a frequência do divórcio
aumenta e onde Como resultado, as configurações familiares tornam-se mais complexas
e é lamentável que a criminologia seja mais silenciosa do que na época de Guerry. O
silêncio é total, o tabu inviolável.
Il a fallu attendre le XVIII ou le XIX siècle en Europe occidentale, pour que soit
reconneu la valeur de l’enfant et qu’apparaisse le souci de protèger sa vie. Encore faut-
il souligner que le développement du sentiment familial à l’égard de l’enfant est
d’abord le propre de la bourgeoisie urbaine et qu’il ne se diffuse que tardivement dans
le milieux populaire (c’est-à-dire de plus grand nombre). Il convient cependant de ne
pas grossir exagérément l’incidence de l’infanticide dans le passé. En effet, même dans
le sociétés d’Asie orientale où il était autrefois très répandu, le phénoméne ne revêtait
pas l’ampleut qu’on tend le plus communément à lui prêter. Au Japon, par exemple, où
sa fréquence était exceptionnelle, il était loin d’atteindre certains ordres de grandeur
couramment avancés :les travaux agricoles et la défense contre les groupes ou les
familles adverses. Seules faisaient peut-être exception les sociétés hispanisantes. Que ce
soit au Japon ou en Chine, l’infanticide ne survenait cependant que dans des cas bien
circonscrits et relativement peu courants p. 85.
Não foi até o século XVIII ou XIX na Europa Ocidental que o valor da criança foi
reconhecido e a preocupação em proteger sua vida apareceu. Também deve ser
enfatizado que o desenvolvimento do sentimento de família em relação à criança é, antes
de mais nada, propriedade da burguesia urbana e que se difunde apenas no final do meio
popular (ou seja, mais). No entanto, é importante não exagerar a incidência de infanticídio
no passado. De fato, mesmo nas sociedades do Leste Asiático, onde já foi difundido, o
fenômeno não assumiu a amplitude mais comumente esperada. No Japão, por exemplo,
onde sua frequência era excepcional, estava longe de atingir certas ordens de magnitude
comumente avançadas: trabalho agrícola e defesa contra grupos ou famílias oponentes.
As únicas exceções foram as sociedades de língua espanhola. Seja no Japão ou na
China, o infanticídio ocorreu apenas em casos bem circunscritos e relativamente incomuns
Il y a tout lieu de penser néanmoins que dans le sociétés pauvres, l’infanticide est assez
répandu, du fait notamment de la misère économique, mais aussi de l’absence de
contraception moderne et de législation autorisant l’avortement. Les comparaisons de
pays à pays sont toutefois délicates, car les législations nationales sont héterogènes
quant à la définition de l’infanticide. Le seul dénominateur commum est le caractère
intentionnel de la mort infligée au nouveau-né ; quant au délai de vie nécessaire pour
qu’un assassinat de nourrisson soit considéré comme un infanticide, il n’est pas toujours
bien precisé et, en tout état de cause, fort variable d’un pays à l’autre p.86.
Há razões para acreditar, no entanto, que nas sociedades pobres o infanticídio é bastante
difundido, não apenas por causa da miséria econômica, mas também por causa da falta
de contracepção moderna e legislação que permita o aborto. As comparações país a país
são complicadas, no entanto, uma vez que as leis nacionais são heterogêneas na
definição do infanticídio. O único denominador comum é o caráter intencional da morte
infligida ao recém-nascido; Quanto à duração da vida necessária para um assassinato
infantil ser considerado infanticídio, nem sempre é bem especificado e, em qualquer
caso, muito variável de um país para outro.
La Finlande est le pays d’Europe où l’homicide est le plus répandu. La dureté des
moeurs y reste plus grande qu’ailleurs. Les pays latins sont, au contraire, peu portés au
meurtre de leurs enfants ; peut-être la dissimulation des crimes y est-elle plus grande,
mais la différence est trop importante pour lui être imputée en totalité. De nos jours
encore, la religion est un frein à la cruauté p. 87.
Mais la fréquence de l’infanticide ne peut être étudiée en elle-même ; elle fait partie
d’un ensemble plus vaste : la constellation des attitudes devant la vie et devant la mort.
Si l’on met à part des pays satellites de Moscou, comme la Tchécoslovaquie et la
Hongrie, où une fraction notable des naissances actuelles n’ont pas été souhaitées, mas
n’ont pu être évitées – en raison de l’insuffisance des moyens de contraception
modernes et de restrictions à l’avortement – on constate que l’infanticide tend à être
plus élevé là où la fécondité est la plus basse. La relation n’est cependant pas
systématique ; elle est, par contre, plus forte avec le taux de suicide. Là où l’on se tue
peu (pays méditerranéens), on tue peu ses enfants . 87.
Mas a frequência do infanticídio não pode ser estudada por si só; faz parte de um todo
maior: a constelação de atitudes em relação à vida e à morte. Além dos países satélites
de Moscou, como Tchecoslováquia e Hungria, onde uma fração significativa dos
nascimentos atuais não era desejada, eles não podiam ser evitados - por causa de meios
insuficientes. contracepção moderna e restrições ao aborto - o infanticídio tende a ser
mais alto onde a fertilidade é mais baixa. O relacionamento não é sistemático, no
entanto; por outro lado, é mais forte com a taxa de suicídio. Onde há pouca matança
(países do Mediterrâneo), matamos crianças pequenas.
Comme les autres crime capitaux, l’infanticide reculte quand la société se développe.
En l’absence de contraception efficate et devant les risques énormes qu’encourent les
femmes lors de manoeuvres abortives, l’infanticide n’est, dans les sociétés
traditionelles, souvent que le seul recours pour échapper à la misère. Il fait partie des
procédés que l’on n’emploie qu’en cas d’extreme détresse. D’autres moyens, plus
détournés, sont utilisés, tels que l’abandon, l’exposition ou la mise en nourrice ; tous
aboutissent à une mortalité effroyable. Dans la plupart de cas, ces pratiques ne sont
qu’un infanticide déguisé ; elles sont en parfaite conformité avec les règles de vie de
l’époque, imposées par la nécessité économique p. 88.
L’infanticide n’a baissé que tardivement : le tournant majeur dans son évolution date de
l’après-guerre p. 88.
De l’Edipe au parricide
Les conflits familiaux se manifest plus par une haine larvée ou des tensions sourdes que
par de brutales explosions sanglants. Entretenu par les Eglises chrétiennes, le sentiment
familial est traditionellement profond ; sa force suffit à calmer les velléités de rébellion
et à étouffer les ressentiments personnels. La religion les ramène au rang d’ambitions
coupablés ; la famille a un caractère sacré ; c’est une union scellée par Dieu et bénie par
l’Eglise. Le crime familial n’en inspire que plus d’horreur ; c’est la plus grave des
perversités morales. Depuis des siècles, la loi pénale et la jurisprudance lui accordent,
de leur côté, une place spéciale. Ce n’est pas là simple hasard ou curiosité : partout on
s’attache à dénoncer, dans une quête qui parfois confine à l’obsession, la perversité –
véritable incarnation de Satan – sous toutes ses formes, surtout quand elle est extrême.
On traque le Diable p. 95.
Conflito simbólico entre pai e filho pela posse sexual da mãe, o "complexo Edipe" se
transforma, com a idade, em oposição à sucessão: torna-se conflito de interesse; sob
essa variante madura, pertence especialmente às sociedades patriarcais, especialmente
ao mundo camponês, onde o chefe da família pretende reinar supremo. Ao longo de sua
vida, pesando o jugo de sua autoridade e, às vezes, a ameaça de uma brutalidade rústica,
ele esmaga os que estão sob seu controle. É que o exercício da autoridade do pater
familias também inclui o direito de correção. Empurrada em excesso, essa autoridade
leva à resignação temível, ou à exasperação, até à violência dos filhos, assim que eles
têm força moral e física para revidar.
La famille est à la fois le lieu le plus aimant et le plus violent ; le paradoxe n’est
qu’apparent. La famille est le seul lieu où les comportements ne sont pas codifiés.
C’est, en quelque sorte, l’unique endroit où subsiste l’état de nature. Dans le cadre
familial, tout est permis. Une seule exception : les abus sexuels, qui sont sévèrement
réprouvés ; dans toutes les sociétés, l’inceste fait horreur p. 97.
Reste ce lieu retranché, inviolable : le domicile personnel. Ce monde à part vit selon ses
règles propes, non écrites. L’une de ces règles, le plus communément admises, et le
droit d’ingérence et de correction réciproques. Chacun estime en toute conscience avoir
le droit de frapper un autre membre de la famille. La violence faite au conjoint, pense-t-
on, n’est pas la violence faite au voisin ; les parents frappent les enfants ; les enfants se
battent entre eux. Cette violence-là est légitime, on la juge saine, éducative p. 97.
Cette montée exprime sans doute davantage une préocupation grandissante à l’égard de
la survivance d’un délit devenu anachronique et intoleráble, qu’une réele aggravation de
la violence ; la violence ne fait plus partie intégrante de la vie quotidienne : elle est
bannie, par principe, de la famille et même de l’êcole (la férule est depuis longtemps au
placard). Là où elle subsiste, elle devient monstrueuse et est objet de réprobation et de
dénonciation p. 98
Cette severité antique ne subsiste guère que dans la culture sociale de groupes
marginaux. Elle est plutôt le propre de familles pauvres, écrasées par les mauvaises
conditions de vie : elle n’est cependant pas l’apanage exclusif du sous-prolétariat. Sans
être tout à fait fausse, l’image classique du père alcoolique, sous-prolétaire, de la mère
névrosée et misérable, est trop réductrice. Le fléau existe également dans le catégories
favorisées, mais celles-ci ont toujours la ressource de confier l’enfant à de tierces
personnes et la détection de la violence y est moins aisée que dans les couches pauvres
de la société, plus facilement suspectées p. 99.
S’agissant d’apprécier la cruauté, comparée selon les pays et les époques, des hommes à
l’égard de leurs compagnes, il convient d’observer la plus grande réserve à l’égard du
discours des media. La violence maritale est, le plus souvent, inversenment
proportionelle à l’importance qu’on lui accorde dans la presse. Là où elle est prévalente
comme dans les sociétés machistes d’Amériques latine – aux Caraïbes, notamment – ou
dans les communautés traditionelles de civilisation musulmane – par exemple en Iran –
elle est plus objet de souffrance résignée que de dénonciation hystérique. Les discours
est trompeur, il n’est que le reflet inversé de la réalité. C’est, en effet, précisément aux
Etats-Unis, où – les premiers colon ayant dû, très tôt, privilégier, leurs trop rares
compagnes – les femmes sont, de longue date, plus émancipées que sur le vieux
continent, que les plaintes de femmes battues sont, en proportion, les plus répandues. La
violence maritale est d’autant plus aisément signalée qu’elle est a-normale. Il n’est pas
dans nos intentions de vouloir la nier ou la minimiser, mais seulement de la ramener à
sa juste dimension p. 100.
La psychoce de l’agression
L’exécution capitale est une survivance non moins ancienne et non moins sacrée. Dans
les sociétés tradicionelles sa fonction est d’apaiser la colère des dieux et de réconcilier
la communauté avec elle-même : par sa mort, la victime purifie le corps social e
exorcise la violence. Dans le sociétés démocratiques modernes, ce rite, avec tout ce
qu’il a de cruel et d’arbitraire, a généralement disparu mais, là où il subsiste, il se fonde
sur une nouvelle logique, souvent mythique p. 101.
Plus près de nous, en Angleterre, c’est l’inverse ; seule règne la potence : l’objet est
familiar ; il fait partie du paysage quotidien. Au commencement du XIX siècle
« potences et gibets étaient des objets si courants dans la campagne anglaise que les
premiers guides édités à l’usage des voyageurs les utilisaient comme points de repère ».
En France, jusqu’à la Révolution, la décapitation est un privilège de classe : ce supplice
est réservé aux criminels de naissance noble. Mais, en 1790, l’Assemblé nationale vote
le projet du docteur Guillotin. Désormais, on ne pend plus les roturiers, on leur tranche
la tête. Le débat à l’Assemblé est révélateur : on cherche davantage à humaniser
l’exécution qu’à l’abolir. A l’époque, l’abandon des supplices mortels au profit de
l’exécution brutale passe pour un grand progrès dans la civilisation. Le principe de
l’exécution n’est pas quant à lui, mis en cause p. 115.
La cruauté des temps anciens est universelle, mais cette universalité n’exclut pas les
nuances qui, avec la transition démographique (recul de la mort et valorisation de la
vie) et l’apparition de la notion de droit, seront de plus en plus grandes p. 116.
Dans un pays qui ne compte qu’un peu plus d’une dizaine de millions d’habitants, on
dénombre, chaque année, vers 1830, un contigent de 1351 condamnations à mort, ce qui
équivaut à trois fois le nombre actuel de victimes d’homicides (alor qu’entre-temps la
population a plus que quadruplé). La violence légale est démesurée. Elle dépasse, de
loin, la violence privée : le nombre des individus traduits en justice pour meurtre ou
tentative de meurtre est huit fois moindre que celui des condamnations à mort !
L’écrasante majorité des peines de mort est prononcée pour de crime contre la propriété
(quatre-vignt-quinze pour cent en 1820-1826, par exemple). Il s’agit de simples vols, le
plus souvent sans circonstances aggravantes p. 117.
Même l’Irlande pourtan sujette à une affreuse misère, et en proie à des dèsordres de
toutes sortes, se montre moins barbare que l’Angleterre p. 117.
Jusqu’à l’époque moderne, la peine capitale fut considérée comme le seul moyen de
contenir la violence dans certaines limites. L’insécurité était grande ; misère matérielle
et misère morale allaient de pair. La mort était omniprésente, les subsistances rares ; on
tuait beaucoup. Jeu pour l’aristocratie ou l’armée, la violence était, pour le petit peuple,
nécessité. La vie humaine, souvent écourtée par la maladie, dès le plus jeune âge,
réguliérement mise en question tout au long du parcours de l’existence, n’avait guère de
prix. On la risquait facilement ; le meurtre était chose commune. Pour se protéger, la
collectivité répondait par la loi du talion ; elle imposait des châtiments exemplaires.
C’est dans ce contexte prémoderne qu’il faut situer l’exécution capitale p.119.
Pour mieux garantir l’exemplarité de la peine, l’exécution est rendue publique [...] C’est
un véritable événement national, qui draine de foules considerábles, attirées par une
curiosité morbide p. 119.
O evento é uma oportunidade para excessos de todos os tipos; para alguns, é a feira de
negócios: a taxa de entrada é paga a um preço alto, especulamos freneticamente: os
bancos vizinhos têm preços exorbitantes. Na Inglaterra, por exemplo, "os dias de
enforcamento foram durante o século XVIII e a primeira metade do século XIX, o
equivalente a festivais nacionais, mais freqüentes". As arquibancadas são construídas
como partidas de futebol. Não nos apressamos em todos os lugares para cem mil
espectadores. Todo mundo quer ficar bêbado com sensações mórbidas, no auge da era
romântica, no momento em que as mulheres desmaiavam com a menor emoção e os
homens barbudos derramavam lágrimas nos braços uma da outra.
L’éveil de la clémence
La mêlée génerale
Chacun se sent menacé dans sa sécurité, dans son intimité. Le laxisme de la justice est
dénoncé, la police décriée, on prône l’autodéfense, l’alerte est quotidienne ; la
concurrence entre moyens d’information pousse à simplifier et à frapper. Le frisson et
la peur se vendent bien. Sociétés de gardiennage, magasins de gadgets, dispositifs
d’alarme fleurissent. Mais cet appel constant à la vigilance est exagéré, et surtout il est
nocif. Loin de favoriser une prévention lucide, il entretient une psychose de l’agression
qui, paradoxalement, accroît le danger. Combien de meurtres ont été perpétrés dans le
noir, involontairement, par simple peur ?Pourtant, il faut le savoir, nos sociétés n’ont
jamais été plus encadrées, plus surveillées, plus policées qu’en cette fin du XX siècle et
l’on voudrait nous faire accroire que les hommes n’ont jamais été si peu respectueux de
lois p. 358.
Etant donné la concurrence acharnée entre les grands media, un thème comme celui de
la violence est nécessairement perçu à travers un prisme déformant, grossissant. Tout ce
qui peut effrayer est mis sur le compte de « la Violence » avec un grand V, la nouvelle
incarnation du Diable. On rassemble pêle-mêle, dans un énorme fourre-tout, les petits
délis intentionnels, les crimes crapuleux, les échanges de mots, les conflits sociaux et
bien d’autres contrariétés, jusqu’aux plus banales p. 358.
Seuls n’intéressent que les cas les plus spectaculaies, les plus atypiques, sur lesquels on
se livre à l’exament obsédant de détails récurrents, sans que la forme d’ensemble du
phénomène soit identifiée ni perçue dans sa dimension et ses perspectives. Devant
l’abondance d’informations, les faits divers sont soigneusement triés et seuls ne sont
retenus que les moins quotidiens, les moins commus, ceux qui on le moins de chance de
s’abattre sur vous. Le discours perd en représentativité et en relativité ce qu’il gagne en
sensibilité et en acuité. Toutefois, quand on se réfère à des travaux scientifiques, les
concepts se font plus précis, et ce n’est pas à un manque, mais, au contraire à une
étonnante profusion d’éléments statistiques que l’on se heurte et l’on est bien en peine,
là également, d’apprécier la violence dans sa dimension générale p. 359.
Apenas os casos mais espetaculares, os mais atípicos, que são objeto do exame
obsessivo de detalhes recorrentes, estão envolvidos, sem que a forma geral do
fenômeno seja identificada ou percebida em sua dimensão e perspectivas. Diante da
abundância de informações, os vários fatos são cuidadosamente resolvidos e apenas os
menos diários, os menos comuns, aqueles com menor chance de cair sobre você são
retidos. O discurso perde em representatividade e relatividade o que ganha em
sensibilidade e nitidez. Contudo, quando nos referimos ao trabalho científico, os
conceitos são mais precisos e não faltam, mas, pelo contrário, uma profusão
surpreendente de elementos estatísticos que encontramos e também sofre, apreciar a
violência em sua dimensão geral.
La mort violente peut provenir de trois sources: les crime, le suicide ou l’accident. Elle
est criminelle si elle résulte de la malveillance d’autrui ; c’est le cas de l’homicide
volontaire, qui intéresse la police et la justice. Elle est suicidaire si elle a été rpovaquée
sciemment par la future victime. Elle est aléatoire ou accidentelle si elle résulte du pur
hasard, sans qu’aucume intention humaine puisse être mise en cause. Ce sont les trois
faces de la violence, dont la classification est séculaire et universelle p. 359.
A morte violenta pode vir de três fontes: crime, suicídio ou acidente. É criminoso se
resultar da malevolência de outros; é o caso de homicídio doloso, que interessa à polícia
e ao judiciário. Ela é suicida se for deliberadamente reinventada pela futura vítima. É
aleatório ou acidental se resultar de puro acaso, sem que nenhuma intenção humana seja
posta em questão. Estas são as três faces da violência, cuja classificação é secular e
universal.
Nos sociétés on connu une formidable élévation du niveau de vie ; ce phénomène s’est
accompagné d’une profonde mutation des esprits. L’expansion a multiplié le nombre de
ceux qui on pu acquérir une instruction de base et, par là, modifié radicalment les
mentalités et les rapports des hommes entre eux. Les sensibilités des craindre la
violence nerveuse de gens mal nourris et excités par des boissons fortes, que celle de
l’automobiliste distrait et gavé. Le développement de l’instruction a donné au plus
grand nombre une capacité de réflexion et d’expression ; il a multiplié les substitus à la
violence. Le progrès industriel a raccourci le temps de travail et ouvert la voie aux
loisirs, à la disponibilité. La plupart des travailleurs ne cessent pas de travailler
uniquement pour dormir ou pour manger. Voyages, vacances et déplacements se
multiplient et s’allongent p. 361.
Ecoutons « la sagesse » des nations, parfois relayée par les intellectuels : les valeurs
morales ne cessent de se dégrader, les inégalités sociales de croître, et la violence de
progresser...Profondément ancrée dans le credo populaire, l’idée d’une irrésistible
montée de la violence se trouve constamment renforcée par les cris d’alarme des media.
A force de se l’entendre répéter, nos contemporais, même les plus incrédules, finissent
par se convaincre que nous vivons au temps de la violence et de l’anarchie p. 391.
Comme la violence n’est pas nouvelle, elle parâit être un de ces phénoménes dont nul
n’imagine qu’ils puissent diminuer : l’opinion courante s’accorde donc à penser qu’elle
ne peut que s’aggraver, et, depuis des siècles, la croyance est ancrée au plus profond des
espirits. Cette seconde tête du mythe estplus aisée à pourfendre. Car si vraiment la
violence était en progression continue, nos civilisations auraient, depuis belle lurette,
été emportées dans la tourmente. Et pourtant, les trains partent, les usine tournent, les
bureaucraties fonctionnent ; notre système social, sans cesse plus complexe, apparaît
réglé comme une grande horloge p. 394
Como a violência não é nova, parece ser um daqueles fenômenos que ninguém pode
imaginar que possa diminuir: a opinião atual concorda, portanto, que só pode piorar e,
desde então, Durante séculos, a crença está ancorada no mais profundo dos espíritos.
Essa segunda cabeça do mito é mais fácil de matar. Porque se a violência estivesse
progredindo continuamente, nossas civilizações teriam sido, durante muito tempo,
arrasadas. E, no entanto, os trens partem, as fábricas mudam, as burocracias funcionam;
nosso sistema social, cada vez mais complexo, parece definido como um grande
relógio.
L’argument, donc, ne tient pas mais il s’excuse de lui-même ; sa raison est simple : il y
a toujours eu trop de crimes. On ne peut néanmoins s’empêcher de relever, dans
l’espirit du temps, une curieuse, incohérence. Il y a quelque paradoxe, en effet, à
déplorer régulièrement, comme on le fait dans la grande presse, l’apathie des jeunes
générations et à jeter, en même temps, l’alarme sur l’explosion de la violence. Où sont
les blousons noirs des années cinquante ? Où sont les révolutionnaires chevelus de
années soixante ? Depuis une dizaine d’années, par ces temps de « crise », nos rues sont
bien calmes, nos campus bien silencieux p. 394
O argumento, portanto, não se sustenta, mas ele se desculpa; sua razão é simples:
sempre houve muitos crimes. Não obstante, não se pode deixar de notar, no decorrer do
tempo, um curioso, incoerente. Há algum paradoxo, de fato, deplorar regularmente,
como é feito na grande imprensa, a apatia das gerações mais jovens e lançar, ao mesmo
tempo, o alarme da explosão da violência. Onde estão as jaquetas pretas dos anos
cinquenta? Onde estão os revolucionários peludos dos anos sessenta? Nos últimos dez
anos, nestes tempos de "crise", nossas ruas são muito calmas, nossos campi são muito
calmos.
Le grand amalgame
La violence est um sujet complexe, dont l’étude requiert un gros effort d’analyse et de
pédagogie. Or nous sommes entretenus dans une confusion dont il est difficile de penser
qu’elle ne soit pas délibérée, tant elle est grande. La violence est aussi un domaine où
l’irrationel tend, spontanément, à l’emporter sur le rationnel. On eût donc pu s’attendre
à un appel à la raison, à une dédramatisation. Or ce fut l’inverse. Au lieu de calmer les
espirits, on s’est appliqué à répandre un sentiment de panique, largement injustifié. La
premier consiste à assimiler la « violence » ressentie (c’est-à-dire le « sentiment
d’insécurité ») à la « violence » réelle. Plus grave encore, le second consiste à prêter au
concept de violence toutes les significations possibles et imaginables, en refusant,
d’entrée de jeu, de le définir p. 396
Surtout l’opinion ne recule pas devant la contradiction : si la peur est générale, ou, du
moins, la majorité de l’échantillon interrogé déclare éprouver un « sentiment
d’insécurité », mais curieusement, lorsque l’on en vient aux faits eux-mêmes, la quasi-
totalité des individus (quatre-vingt-cinq pour cent) affirment n’avoir pas connu
l’expérience de la violence ni directement, par eux-mêmes, ni indirectement, par leurs
proches, dans le mois qui précède l’enquête. Mais, si importante soit-elle, la
contradiction n’est pas relevée, alors que, précisément, elle est au coeur du problème de
la violence p. 397.
Acima de tudo, a opinião não se afasta da contradição: se o medo é geral, ou, pelo
menos, a maioria da amostra questionada declara sentir um "sentimento de
insegurança", mas curiosamente, quando se trata de fatos quase todos (oitenta e cinco
por cento) dizem que não sofreram a violência diretamente, por si mesmos ou
indiretamente, por seus parentes, no mês de precede a investigação. Mas, por mais
importante que seja, a contradição não é levantada, enquanto, precisamente, está no
cerne do problema da violência.
La marché de la peur.
La violence fascine, surtout quand elle est spectaculaire. Les violences sexuelles
intéressent plus que les banales querelles conjugales, les actes de piraterie aérienne plus
que les vulgaires bagarres meurtrières entre ivrognes. Mais ces faits divers, horribles et
sanglants à souhait n’attirent l’attention que sur de cas particuliers, atypiques. Ce sont
les cinq à dix pour cent de cas aberrants, qui sont l’exception et non la règle. Mais ce
sont eux qui font trembler les foules et réveillent les réflexes de peur. L’information
n’est pas inexacte, elle est tronquée. Tout journaliste un tant soit peu expérimenté sait
combien il est aisé, par quelques messages appuyés à grand renfort de publicité, de
créer l’illusion d’une vague de criminalité. Dans les services criminels des grands
journaux, se trouvent des reportes issus, le plus souvent, des services sportifs ou du
monde de la police, généralement sans aucune formation en sciences sociales, ni même
en criminologie, spotanément plus attirés par l’anecdote que par l’information p. 406.