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Arnaud OUEDRAOGO, Magistrat, Conseiller technique au Ministère de la Promotion des
Droits Humains, Burkina Faso
INTRODUCTION
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Parallèlement, l’on assiste à l’abolition de la peine de mort dans
plusieurs pays. Ainsi, Léopold II abolit la peine de mort en Toscane en
1786. De même, Joseph II la supprime en Autriche en 1787. En 1843,
la République de Saint-Marin l’abolit pour les crimes de droit commun
puis, en 1865, pour tous les crimes ; le Venezuela l’abolit pour tous les
crimes en 1863, le Royaume du Portugal l’abolit en 1867 pour les
crimes de droit commun ; le Tibet l’abolit en 1898.
Toutes ces actions, portées à la fois par des acteurs étatiques et par
des acteurs non étatiques ont entraîné la reconfiguration de la
communauté des Etats sur la question de la peine de mort. Selon le
dernier rapport du Secrétaire général des Nations Unies relatif au
moratoire sur l’application de la peine de mort, présenté à la 65e
session de l’Assemblée générale, « depuis la création de l’ONU, on assiste
à un renversement de tendance : après avoir représenté une large majorité des
Etats membres, les Etats dotés de la peine de mort ne sont plus qu’une
minorité, et ce mouvement semble appelé à se poursuivre ». En 2009, 140
Etats sur les 192 que compte les Nations Unies avaient aboli la peine
de mort ou de l’appliquaient plus.
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Section 1
A) Les exclusions
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B) Le respect des droits de la défense
A) Les exclusions
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B) Le respect des droits de la défense
La peine de mort ne peut être appliquée que pour des crimes intentionnels ayant des conséquences fatales ou
d'autres conséquences extrêmement graves ;
Si la peine de mort est abolie ou son champ d'application restreint, les personnes condamnées à mort selon
l'ancienne loi doivent avoir leur peine commuée ;
La peine de mort ne doit pas être appliquée aux personnes âgées de moins de 18 ans au moment où elles
commettent un crime ;
Les femmes enceintes et les mères de jeunes enfants ne doivent pas être exécutés ;
Les handicapés mentaux ou les personnes dont les capacités mentales sont extrêmement limitées doivent être
exemptées de la peine de mort ;
La peine de mort ne peut être exécutée que lorsque la culpabilité de la personne accusée d'un crime repose « sur
des preuves claires et convaincantes ne laissant place à aucune autre interprétation des faits » ;
Les garanties possibles pour assurer un procès équitable, en particulier l'assistance juridique, doivent être
respectées. La protection apportée aux accusés de crimes capitaux sur ce point devra aller au-delà que celle
apportée aux autres accusés ;
L'appel d'une condamnation à mort doit être automatique ;
Tant que le condamné n'a pas été exécuté, la grâce doit rester possible ;
L'exécution ne pourra avoir lieu tant que le condamné est en instance d'appel ;
Le minimum de souffrances possibles doivent être infligés lors de l'exécution ;
Les personnes âgées au-dessus d'un certain âge doivent être exemptées de la peine de mort ;
Les autorités doivent coopérer avec les organismes compétents dans l'étude de la peine de mort dans leur pays.
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La résolution s’adresse principalement aux Etats qui maintiennent la
peine de mort dans leur législation mais engage les Etats qui ont déjà
aboli la peine de mort à ne pas la réintroduire à nouveau.
De même, elle appelle les Etats qui maintiennent la peine de mort à
respecter des normes internationales garantissant la protection des
droits des personnes passibles de la peine de mort. Ces normes
minimales sont annexées à la résolution 1984/50 du Conseil
économique et social, en date du 25 mai 1984.
Par ailleurs, elle les appelle à la réduction du nombre d’infractions qui
emportent la peine de mort.
Enfin, les appelle à instituer un moratoire sur les exécutions.
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droits de l’homme à recevoir des communications (plaintes) de la part
de particuliers qui estiment être victimes d’une violation par un Etat
partie, d’un des droits énoncés dans le Pacte et qui ont épuisé tous les
recours internes disponibles.
- Le deuxième Protocole facultatif se rapportant au Pacte international
relatif aux droits civils et politiques, visant à abolir la peine de mort,
adopté par l’Assemblée générale dans sa résolution 44/128 du 15
décembre 1989. En juin 2010, 72 Etats avaient adhéré au Deuxième
Protocole facultatif.
Ce Protocole appelle à l’abolition (A), tout en prévoyant une possibilité
de réserve (B).
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l’interdiction absolue de la Convention contre la torture et autres
peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants (B).
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Section 2)
FAUT-IL ABOLIR LA PEINE DE MORT AU BURKINA FASO ?
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ou de commerce ; meurtre précédé, accompagné ou suivi d’un autre
crime ; meurtre comme moyen de réalisation d’un délit.
- Dans le Code de justice militaire (Loi 24-94 ADP du 24 mai 1994), les
infractions passibles de peine de mort sont plus nombreuses, décidées
surtout pour protéger l’ordre militaire en temps de guerre. Certains cas
de désertion à bande armée (article 176), de désertion à l’ennemi ou en
présence de l’ennemi (articles 177 et 178), de mutilation volontaire en
présence de l’ennemi (article 185), de capitulation, de trahison et de
complot militaire (article 189), de pillage (article 194), de destructions
(article 198), de révolte (article 208 et 209), de refus d’obéissance
(article 214), d’infractions aux consignes (article 232), d’abandon
volontaire de navire ou d’aéronef militaire en vol, d’abandon de poste
en présence de l’ennemi (article 238).
- Dans la loi 6-72 du 22 juin 1972 relative à la police des voies ferrées,
la destruction de la voie ferrée ou entrave à la circulation ferroviaire
ayant entraîné la mort (article 4).
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de la résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies appelant au
moratoire sur l’application de la peine de mort (B).
Dès lors, le Code pénal burkinabé, qui punit de mort les crimes contre
l’humanité, n’est pas compatible avec une bonne application du
Statut. De même, un grand nombre d’Etats n’extradent pas des
personnes suspectées d’avoir commis ces crimes vers un pays où
existe la peine de mort.
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volonté de la communauté internationale d’aller vers l’abolition
universelle de la peine de mort.
Reste un dernier pas à franchir, celle de l’abolition pure et simple de la
peine de mort.
B) Les abolitionnistes
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irréversible de la peine de mort face au risque d’erreurs judiciaires.
C’est d’ailleurs ces deux idées-forces que reprend la résolution
62/149 : « Estimant… qu’il n’y a pas de preuve irréfutable que la peine de
mort a un effet dissuasif et que toute erreur judiciaire dans l’application de la
peine de mort est irréversible et irréparable ».
Cet argument n’est pas nouveau. Déjà on lisait dans le décret du 12
avril 1848 qui abolit l’exposition publique et le carcan, en France :
« Considérant que le spectacle des expositions publiques éteint le sentiment de
la pitié et familiarise avec la vue du crime ». C’est Voltaire qui écrit qu’ « il
vaut mieux hasarder de sauver un coupable que condamner un innocent ».
Plus récemment, des études menées aux Etats-Unis d’Amérique (où
trente-cinq Etats fédérés sur cinquante en plus l’Etat fédéral
appliquent la peine de mort), remettent en cause la valeur dissuasive
de la peine de mort. Ainsi, en juin 2009, dans une étude menée par
des chercheurs de Northwestern University de Chicago, 88,2% des
criminologues parmi les plus réputés réfutent la portée dissuasive de
la peine de mort.
Parallèlement, en juin 2000, la Faculté de droit de l’Université de
Columbia de New York publiait un rapport sur la peine de mort qui
montre qu’entre 1973 et 1995, deux tiers des condamnations à mort
ont été décidées sur la base d’une erreur judiciaire.
Enfin, plusieurs études démontrent que la peine de mort s’aligne
largement sur la carte des discriminations.
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III) Quelles options législatives pour l’abolition ?
CONCLUSION
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Mais, aussi inespéré que cela puisse paraître a priori, les tendances
mondiales se sont inversées en faveur de l’abolition, à un moment où
l’humanité est en proie à la peur du terrorisme. Au plan africain,
plusieurs pays ont aboli la peine de mort, parmi des pays pourtant
dans une période conflictuelle ou post conflictuelle : le Burundi, le Cap
Vert, la Côte d’Ivoire, Djibouti, la Guinée Bissau, le Mozambique, le
Rwanda, Sao Tomé et Principes, le Sénégal, les Seychelles, et
récemment le Togo.
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présente aujourd’hui comme l’ultime engagement à prendre au nom du
respect de la vie en toutes circonstances.
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