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Milo

La matinée prenait fin et les vents thermiques permettaient au bénéfice de prendre le


large. Depuis le port Milo observa les dizaines de voiles claquer dans l’air et mettre le
bâtiment en mouvement. Portant la main à sa poche, il fit tinter le peu de ferraille rescapée de
sa dernière solde. Un long soupir entama sa réflexion ; à ses côtés quatre gaillards aux
ventres ronds avaient espéré comme lui un désistement à l’embarquement. Qu’un seul
voltigeur eut manqué l’appel et c’est de l’argent que chatouilleraient ses doigts.
Il considéra un moment les rondelles de cuivre, de quoi vivre deux jours encore et voir une
femme, peut être. Mais ensuite ?
Pour survivre il restait le chantier du mur d’enceinte. Cette perspective peu encourageante lui
soutira un second soupir. Repoussant à nouveau cette décision il souleva son sac de mer et prit
le chemin de la taverne où il avait ses habitudes. Le tôlier coupait la bière à l’eau mais elle
gardait l’amertume des bières du Sud. Un petit goût de chez moi selon la formule consacrée de
la serveuse. Il prit la résolution d’engager la discussion pour situer enfin ce chez moi et
l’oublia immédiatement.

Chaque jour, le soleil taillait sa part, ne cédant aux hommes que les heures du levant et du
couchant. Les prochaines heures étaient perdues, aussi Milo descendit retrouver sa table. La
taverne était en sous sol, comme tous les lieux qui permettaient d’échapper à la fournaise,
mais la lumière filtrait par de fines ouvertures sur l’extérieur. Dans le coin, sous l’escalier de
l’entrée, son tabouret l’attendait. Milo le lova un instant de regard avant d’y prendre place.

« Encore un marin sans bateau et si mes yeux ne me trompent, un habitué du lieu qui plus est.
Je n’ai pas souvenir que la fournaise m’ait jamais amené d’autre engeance. A croire que les
poètes ne souffrent pas du chaud. »
Une pointe d’accent du Sud rythmait la fin des phrases de Rosie, mais cette mélodie familière
ne rendait pas la réplique plus agréable.
« Et comment remplirais-tu l’auge d’un poète pour espérer en attirer ?
- D’un juteux morceau de chevreau aux haricots et au miel.
- Cette même bique que depuis le début de la semaine m’est avis. Je me contenterai des
haricots, d’une miche de pain si elle est plus fraîche que ta viande, et d’une bière coupée. »
Milo grattait sa barbe naissante du bout des doigts, comme chaque fois qu’il s’empêchait de
partager le fond de sa pensée, mais comme pour faire mentir son habitude ajouta
« Que ce repas soit à moitié aussi plaisant que te retrouver et je pourrai pousser la
chansonnette. »
Rosie savait punir les mains aventureuses, ridiculiser un marin ivre qui se montrait vulgaire et
avait d’après la légende soulevé de terre un malheureux ; seulement cette fois, elle se tut
jusqu’à revenir chargée par la commande. « Voici pour Milo le poète » lâcha-t-elle avant de
s’affairer à nouveau en salle. Maladroitement caché sous les haricots, se trouvait un morceau
de viande, aussi Milo se prit à rêver d’une attention volontaire. Mais de l’après-midi, il n’eut
pas un regard de la jeune femme, absorbée par la table de dés où les soldes passaient de main
en main au gré des heures. Milo n’aimait pas les jeux de hasard, mais Krill était un enfer. Sur
terre et sans occupation on s’ennuyait ferme. A son dernier retour de mer, ses jets de dés
avaient doublé sa solde un instant avant qu’un coup malheureux ne la réduise de moitié. Qui
pouvait parier sur un double six ?
La fournaise passa, moins vite qu’il ne l’aurait voulu. Milo balaya sa table de la main pour en
chasser les miettes et se ficha une écharde à l’index. Il se frotta les pommes l’une contre
l’autre et s’aperçut qu’il retrouvait sa sensibilité. Encore une semaine et je ne pourrai plus
tirer de corde sans souffrir d’ampoules. Il n’est pas né le capitaine qui voudrait d’un
voltigeur aux mains d’enfant.
Milo suçotait encore son doigt lorsque Rosie revint à sa table.
« C’est dans ce sac que tu as ton instrument ?
- Mon instrument de mer oui. Il y a quelques heures, je pensais mettre les voiles.
- Joue quelque chose pour moi. »
La serveuse tira un tabouret et s’assit face à lui sans ajouter un mot.
En mer, le thermique cessait de souffler avant la fin du jour, alors après les corvées quand le
temps le permettait, Milo jouait à bord. Son instrument sonnait faux, particulièrement dans
l’aigüe mais il était né avec une voix. Le marin emplit et vida plusieurs fois la cavité de son
instrument pour en assouplir la membrane ; gratta sa barbe du bout des doigts, afin de choisir
une chanson appropriée. Il entonna presque machinalement la chanson des milles nuits ; sans
avoir pensé au fait qu’il manquait un pied au prénom Rosie pour s’y intégrer simplement.
Rosie, apparemment, n’en avait cure. Elle se tint immobile sans même ciller le temps que
dura le morceau et ne reprit la parole qu’une fois le silence complet retombé.
« Sally, je m’appelle Sally. Rosie était le nom de la serveuse qui m’a précédée ici. Je le porte
car le taulier se refuse à apprendre un autre prénom. »
Sally conclut cette phrase par un grand sourire avant de reprendre son air habituel.
« Mais ne t’avise pas de m’appeler ainsi devant des clients, ou tes pieds décolleront du sol
pour te rappeler que tu es ici chez moi. »
La serveuse le raccompagna jusqu’aux premières marches de l’escalier.
« Tu as une belle voix Milo, reviens ici après la fermeture vers deux heures du matin et si on
te le demande répond que tu ne sais pas lire les directions dans les étoiles. »

Sally ne faisait pas plus son affaire que Rosy quant aux nombre de pieds. Mais par son
prénom, Milo avait l’impression d’être entré dans une relation intime. Son sac de mer sur le
dos, il sifflota sur le chemin de sa piaule de fortune.
L’endroit était en périphérie de la ville, un pêcheur avait tendu une large toile goudronnée sur
son toit qu’il louait à la semaine. C'était un habitat de fortune, sans murs ni commodités. Si
loin du port, on ne trouvait que les hommes les plus pauvres. Milo pourtant n'avait pas à se
plaindre, s'il pouvait porter l'ensemble de ses richesses sur le dos, au moins lui restait il encore
un sac de mer à surveiller. Si l'espoir de faire fortune à Krill l'avait bercé et convaincu de
quitter son Sud natal. En deux ans il avait difficilement réussi à ne pas revendre son
instrument.

Ce soir, il était seul sous sa toile et la banquette qu'il s'était aménagée était assez inconfortable
pour attendre qu'il fut trois heures sans risquer de sombrer dans un sommeil trop profond.
Tout habillé, la partie moelleuse de son sac sous la tête, Milo songea à nouveau à sa
déconvenue du matin et à sa nouvelle journée perdue sur la terre ferme. Il faudra être brillant
ce soir pour conserver une chance d'embarquer avant la prochaine lune. Le dernier conseil
de Sally lui revint, tandis qu'il passait sa main à rebrousse-poil sur ses joues : « et si on te le
demande, dis que tu ne sais pas lire les directions dans les étoiles ». Feindre l'ignorance ne
serait pas trop complexe, il n'avait jamais appris à lire dans le ciel. Lors d'une nuit sans
nuages, à peine savait-il reconnaitre quelques constellations, apprises lors de sa dernière sortie
en mer auprès de son assureur...et sous leur nom paillard, de marin.
Les premières heures de la nuit s'égrainèrent tandis que Milo énumérait les figures d'étoiles
qu'il connaissait : La poitrine d'Iseult, le Dard du levant, le croupion et les ailes de la Harpie...

Il aurait pu jurer ne pas en avoir terminé la liste quand son bras engourdi le rappela à la
conscience. Tiré de son sommeil il bailla à se décrocher la mâchoire, les yeux à demi clos, il
trouva le croissant de lune comme repère et la force de se lever dans un grand craquement de
vertèbres. Il était temps de prendre le chemin de la taverne. La moitié droite de son corps
restait fourmillante lui donnant une allure de marche chaloupée, vaguement comique, mais
l’espoir d’un café chaud servi par Sally donna du rythme à ses pas.
Il était tard, bien plus tard qu’il n’ait jamais écumé les rues de Krill, aussi trouver le centre
animé fut une surprise. Dans l’artère principale de nombreux lampions indiquaient aux
passants où trouver de l’alcool et dépenser leurs pièces. Milo se sentait à contre-courant,
piquant toujours plus en avant vers le centre tandis que les hommes qu’il croisait, sous l’effet
de l’alcool, bordaient de droite et de gauche manœuvrant comme des bateaux face au vent
vers la périphérie de la ville.
La file d'attente dense formée devant l'entrée de la taverne mit à son sourire. Les marins s’y
regardaient en chien de faïence car il suffisait d’un instant pour arriver à l'évidence qu'il y
aura plus de candidats que d'élus.

entre dans la taverne, dans la salle du sous sol. deux hommes de mer sont derrière une table
sur la droite au fond du bar un petit groupe, certainement les sélectionnés.

examen de sélection sommaire :


« quand es tu partis en mer la dernière fois ?
il y a 3 mois maintenant ?
tu travailles sur le mur d'enceinte ?
non je garde de bonne réserves de mon dernier voyage (mentit il)
sur quel bateau as tu vogué ?
j'étais voltigeur sur l'Autruche
hum, des épices et du bois parfumé, le quartier maitre est toujours ce vieux Rigal ?
oui c'est bien lui
on dit que qu'il saccage le boulot sur les voiles arrières et que c'est pour ça que son bateau
cabote plus les autres. J’espère que tu n’as pas pris ses habitudes d’allures.
j'ai navigué sur les voiles d'avant, c'est là que je préfère voguer.
C'est aussi le poste le plus dangereux, surtout avec des voiles d'arrières trop bordées.
(se gratte la barbe)"
"seulement pour les voltigeurs imprudents. J'ai le pied sûr, laisser moi choisir un assureur qui
garde les pieds sur le sol et je vous tiendrai vos voiles d'avant."
regrettait presque immédiatement son annonce car il n'avait géré qu'une voile avant de
devenir réserve des avants sur l'Autruche.
"c'est pas rien comme ambition tu as déjà ton assureur ? "
impossible de reculer ; oui il attend dehors, un cou de taureau et la chemise ouverte ; une
ceinture jaune. on le surnomme "à trouver".
c'était le tout pour le tout, pour peu que l'assureur soit malin, il serait en position d'embarquer
et retrouver les embruns.
entre et s'avance. il fallait que l'accroche soit assez claire pour qu'il ait une chance de faire
entrer l'assureur dans son jeu. par chance le capitaine annonça les faits avec précision
"Milo nous annonce que s'il t'a sous la corde il tiendra le quartier avant soit 8 voiles sur ses
épaules. Tu sais porter ce genre de poids à la ceinture ?"
8 voiles c'était les plus gros bâtiments, il n'existait que quelques bateaux aussi importants.
le bien nommé "à trouver" hésita un instant, remonta ses manches jusqu'à découvrir ses
avants bras. Il en profita pour croiser le regard de Milo ; le voltigeur y vit une étincelle et pour
la première fois depuis longtemps fut rassuré, (italique)j'ai misé sur le bon gus(fin).
"J'en pense que comme souvent pour les voltigeurs il ne faut pas juger l'homme sur son
gabarit.
il est souple comme un adolescent et tient ses hommes par l'exemple."
un grand sourire effaça la barbe blonde pour laisser la place à deux rangées de dents quand il
ajouta :
"mais surtout il sait choisir son assureur"

savez vous lire les directions dans les étoiles ?


"je connais la poitrine d'Iseult et la chansons des 4 étoiles."
personne n'en connaissait moins même sans être marin.
"Nous partons pour 3 mois, et vous offrons 4 fois la solde d'un marin et une couche dans le
quartier arrière. vous serez payé pour moitié lors du débarquement et pour moitié après la
vente de la cargaison.

Si les conditions vous conviennent signez ici."


Le second avait pris en note les éléments sous la dictée, puis l'homme tendit les deux
contrats."

Milo savait lire les chiffres et déchiffrer quelques mots. La solde pouvait donner le vertige :
20 livres d'argent par mois
4 tenues de mer ; une mesure de sel ; 1 livre de chandelle et 3 charges de bois aromatiques
de quoi vivre deux ans à son train de vie actuel.
comme son nouveau partenaire d'un seul geste il signa d'une croix,

"vous dormirez ici ce soir, nous partons demain."

***

depuis le pont du bateau le mat se dressait blablabla. La journée commençait par sa longue
ascension. j'aime qu'on me tienne large, je ne veux pas te sentir si je n'ai pas besoin de toi. Si
je tire deux coups sec, mange le mou et campe toi sur tes pieds.
"à trouver" se contenta d'acquiescer.

hauteur, sel et vent pas fan du système d'accroche en haut des mats ; pas de poulies ; départ,
présentation en off de l'équipe ; explication des manoeuvres. Obligé d'intervenir après le
réserviste suite à une erreur de prise de vent à l'arrière. tire deux coups sec sur la corde et se
jette après avoir maudit les 4 directions.

premier soir joue de la musique ; retrouve sa couche et n'est pas habitué à ne pas voir le ciel. il
pense à allumer une bougie mais ne saurait quoi en faire ; il ne savait ni lire ni écrire son
savoir c'était utiliser son corps. Il frotta ses mains rougies par le travail des cordes ; bientôt il
en aura perdu la sensibilité.

après un mois en mer, ne supporte plus sa cabine sort dormir sur le pont il fait beau ; "à
trouver" lui n'a aucun problème à trouver le sommeil). ils n'ont pas vu la terre depuis plus de
deux semaines (jamais vécu sur ses premières expériences) prise de décision de changer le
voltigeur réserviste plus pour le protéger que pour son talent à intervenir rapidement. regarde
les étoiles descend configuration incorrecte
le
attaque du leviathan...maudire les 4 directions

échoue sur une plage/meurt et seuls les héros échouent ? à arbitrer.

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