Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Horizons et débats
Horizons et débats
10e année
Case postale 729, CH-8044 Zurich No 39
Tél.: +41 44 350 65 50
Fax: +41 44 350 65 51
E-mail: hd@zeit-fragen.ch AZA
www.horizons-et-debats.ch
CCP 87-748485-6
8044 Zurich
������������������������
��������������������
��������������������
��������������������
et d’autre part une institution sociale de créa- cations, elle se trouve dans une position re-
������������������
������������������
�����������������
tion de valeur dont les activités affectent la lativement forte pour argumenter. Seul l’ob-
��������������
���������������
�������������
�������������
vie de beaucoup de personnes sous diverses jectif d’une optimisation absolue du profit ou
������������
formes (fig.1). de la valeur pour les actionnaires entre iné-
��������
Dans une perspective «systémique», il s’agit vitablement en conflit avec les autres points
de l’«affirmation de soi» (de la «survie») de ������������������ �������������������� de vue, y compris celui de la prise en compte
l’entreprise sur le marché, c’est-à-dire de la ��������� ����������� d’autres parties prenantes.
question de savoir comment elle peut assurer ������������������ ��������������� Certes, si l’on exige des entreprises une
durablement sa compétitivité et donc son exis- gestion «intègre», il ne faut pas que cela les
tence. A cela correspond la tâche, en termes ��������� ��������� empêche de s’imposer sur un marché concur-
de rentabilité, d’analyser et de gérer les effets ����������� ����������� rentiel; il faut leur laisser une chance de suc-
de stratégies commerciales et de méthode de ����������������� ������������������ cès. Et c’est ici qu’intervient le facteur insti-
gestion alternatives en vue d’assurer la réussite �������������������� ������������������� tutionnel d’une économie de marché civilisée.
sur le marché. Bref, il s’agit ici des conditions Il revient au pouvoir politique, et à lui seul,
fonctionnelles du succès. (Quelles stratégies et de permettre cette économie à la fois intègre
méthodes sont efficaces?) et connaissant la réussite. Il s’agit d’intégrer
������������
Dans une perspective «vitale», il s’agit dans la réglementation du marché les normes
en revanche de savoir dans quelle mesure la d’une économie humaine, sociale et écologi-
Fig. 2: Types d’entreprises par rapport à l’intégration de l’éthique dans le modèle économique
création de valeur par l’entreprise est au ser- que: L’«arbitre qu’est le marché» ne doit plus
vice de la vie, c’est-à-dire de savoir quelles A une extrémité, on trouve une optimisa- chaque entreprise est obligée d’optimiser ses – il le fait encore trop souvent – montrer le
valeurs de vie l’entreprise désire créer au vu tion sans scrupules du profit (qui est en gé- profits afin de ne pas être éliminée du mar- carton rouge aux entreprises responsables et
des divers conflits de valeurs et d’intérêts, et néral justifiée idéologiquement par la méta- ché. Pour eux, il n’y a qu’une alternative: l’op- accorder des avantages compétitifs aux con-
pour qui, et quels principes normatifs elle doit physique du marché) et à l’autre extrémité timisation des profits ou le rouge, la réussite currents sans scrupules qui usent de moyens
prendre en compte afin d’assumer la respon- une conception idéaliste, située au-delà de économique ou l’éthique. déloyaux. Ce doit être le contraire. Aussi les
sabilité de l’ensemble des effets secondaires toute quête du profit. Les modèles les plus En réalité, entre l’éthique et la logique éco- coûts sociaux et écologiques doivent-ils être
de la recherche du succès de l’entreprise sur intéressants sont les modèles intégratifs si- nomique, il n’existe ni opposition nécessaire intégrés systématiquement dans les calculs,
toutes les personnes concernées. Il en résulte tués au centre. Actuellement, on observe ici ni harmonie automatique. On se trouve plutôt conformément au principe pollueur-payeur,
la mission éthique de réfléchir et de trouver la tendance prometteuse à faire évoluer des face à une tâche d’harmonisation qui se situe au moyen de taxes incitatives et d’autres me-
une justification au sens et à la légitimité de formes d’entreprise responsables relevant au cœur de notre conception d’un bon gou- sures.
la politique de l’entreprise. (Sur quelles va- de la conception «ancienne» qui repose sur vernement d’entreprise. En effet, ce n’est pas Mais ne soyons pas naïfs: la réglemen-
leurs et normes la philosophie de la réussite la métaphysique harmoniste du marché vers la concurrence en soi mais l’optimisation du tation de la concurrence ne sera pas plus
de l’entreprise doit-elle se fonder?) une nouvelle conception de l’entreprise res- profit ou du rendement qui «contraint» l’en- humaine, sociale et écologique que ne le
Du caractère double de l’entreprise en tant pectant des principes auxquels est soumise treprise à agir sans scrupules. Plus une en- voudront les responsables de la politique éco-
que sous-système de l’économie de marché la recherche du profit. Cela dit, la frontière treprise place au centre de ses efforts la re- nomique. Aussi l’«économie privée» a-t-elle
et d’institution sociale résulte un problème avec les entreprises sociales devient de plus cherche du profit ou du rendement, plus les une part de responsabilité incontestable en ce
d’orientation normative déterminant: A quoi, en plus floue. supposées «contraintes» se multiplient autour qui concerne les conditions cadres fixant les
concrètement, les dirigeants d’entreprise L’idée d’entreprises obéissant à des prin- d’elle. A la limite, l’optimisation du profit ap- limites de la liberté des entreprises. Qu’on ne
doivent-ils obéir entre la nécessité de s’impo- cipes et limitant leur quête du profit n’est pas paraît alors presque totale et abolit pour ainsi vienne pas dire que c’est impossible. Dans
ser sur le marché et les nombreuses exigences particulièrement idéaliste ou naïve. Quand dire toute possibilité de prendre en compte notre pays, l’économie privée (qui n’a quasi-
sociales (en matière de valeurs)? Autrement une personne ou une entreprise a des prin- des points de vue non économiques. L’ouver- ment plus rien de privé à part les conditions
dit: Comment concilier l’éthique et la logique cipes, elle ne cherche pas à optimiser indéfi- ture de l’entreprise à la prise en considération de la propriété) est très bien organisée en as-
économique de manière que les dirigeants niment ses profits ou ses rendements. A part de points de vue humains, sociaux et écolo- sociations et en lobbys politiques, mais elle
puissent à la fois faire que leur entreprise la mafia, personne ne jette tous ses principes giques commence donc, comme la relance considère encore beaucoup trop souvent la
s’impose sur le marché et reste intègre? moraux par-dessus bord, n’est-ce pas? (Seule économique, dans les esprits. politique comme la continuation des affaires
La solution du problème réside dans la la mafia n’hésite pas, «en cas de besoin», à Il est bien évident qu’une entreprise doit par d’autres moyens au lieu d’assumer ses
notion d’intégrité. Etre intègre signifie tout tuer quand cela lui permet de réussir plus ra- s’imposer sur le marché et faire des profits. responsabilités à l’égard de l’intérêt général.
d’abord littéralement: rester cohérent, en pidement dans ses entreprises.) Et les investisseurs ont naturellement le droit D’après mon expérience, c’est ici que l’on
tant que personne responsable, ne pas deve- Bien que les choses soient claires, il de voir leur capital rémunéré de manière ap- trouve le test décisif d’une véritable éthique
nir schizophrène. Ce n’est pas seulement va- semble difficile de faire valoir cette pratique propriée, mais pas celui d’exiger l’optimisa- d’entreprise: Les sociétés qui se comportent
lable au niveau personnel, mais également civilisée dans la vie commerciale de tous les tion de la valeur pour les actionnaires, en tout de manière intègre et constructive vis-à-vis
au niveau de la conception fondamentale du jours. Une entreprise qui gère ses affaires cas pas dans un capitalisme modéré. Il s’agit de l’extérieur dans les questions de régulation
«bon» gouvernement d’entreprise. L’idée di- selon des principes d’intégrité et de res- plutôt de tenir compte de manière équilibrée politique sont les seules dont on peut attendre
rectrice est celle d’une entreprise fondamen- pect de l’intérêt général ne risque-t-elle pas de ce à quoi peuvent prétendre toutes les par- des pratiques responsables dans leur organi-
talement axée sur l’éthique, en bref, celle de d’être déficitaire et de disparaître du mar- ties prenantes dans la mesure où ces préten- sation interne.
l’intégrité commerciale. Qu’est-ce que cela ché? La réponse à cette question a elle aussi tions sont légitimes. Il en résulte une idée Finalement, le bon gouvernement d’en-
signifie concrètement? Il s’agit essentielle- deux aspects: un aspect mental et un aspect aussi simple que légitime qui doit guider le treprise n’est pas divisible. Et ce n’est que
ment de deux choses. Premièrement de cesser institutionnel. gouvernement d’entreprise: est légitime une lorsqu’il est pratiqué de manière intègre que
de considérer les points de vue humains, so- recherche de profit modérée, limitée par des l’entreprise acquiert la réputation qu’elle mé-
ciaux et environnementaux comme l’extrême Qu’est-ce qu’une principes éthiques, donc équitable et qui peut rite auprès des clients et des citoyens. En tout
limite du succès de l’entreprise et de les inté- recherche légitime du profit? être justifiée aux yeux de toutes les parties cas, cette pratique intègre serait beaucoup
grer en tant que fondement d’un modèle com- Tout d’abord, ce qui s’oppose au concept de prenantes. plus crédible et durable que les campagnes
mercial au service de la société. Deuxième- gouvernement d’entreprise obéissant à des C’est tout à fait réalisable. Par bonheur, de communication visant à gagner la confian-
ment, pour une intégrité convaincante, il ne principes éthiques est un obstacle de pen- dans la vie économique, les conflits ne sont ce des clients et du public.
s’agit pas uniquement du «quoi» mais égale- sée plutôt qu’un obstacle objectif. En exagé- jamais absolus mais partiels entre les diffé-
ment du «comment» de la recherche du suc- rant un peu, disons que trop de responsables rentes parties prenantes et les revendications Modèles d’intégration
cès commercial. Pour s’assurer que l’on pro- économiques (et malheureusement aussi trop des actionnaires. Autrement dit, normale- de l’éthique dans les banques
cède de manière équitable, on a besoin d’une d’économistes universitaires) n’ont pas encore ment, on peut toujours réaliser une certaine Appliquons maintenant brièvement aux
gestion exhaustive de l’intégrité à tous les compris la différence existant entre l’optimi- harmonisation. Car pour répondre à la plupart banques notre conception du bon gouverne-
échelons et dans tous les processus de l’en- sation du profit et sa recherche légitime. A des revendications, la condition nécessaire est ment d’entreprise. Le caractère explosif des
treprise. Comme les grandes entreprises sont la moindre idée de limiter les profits au nom que l’entreprise s’impose sur le marché. Si la beaux principes se révèle toujours dès que
des organisations complexes en matière de di- de principes éthiques, ils réagissent automa- direction de l’entreprise ne défend pas uni- l’on entre dans le concret. Commençons par
vision du travail, il faut organiser de haut en tiquement en avançant la pseudo-objection latéralement les intérêts particuliers de telle esquisser les variantes possibles d’intégration
bas les responsabilités en fonction d’une cul- selon laquelle étant donné la concurrence, ou telle partie prenante (voire ses propres in- de l’éthique dans la banque avant d’évoquer la
ture de responsabilité et d’intégrité vécues. Et question d’une réglementation moderne des
au centre de cette culture figurent des «busi- marchés financiers au service de l’économie
ness principles» visant aussi bien l’intérieur ����������������� et de la société.
de l’entreprise que l’extérieur. Ils précisent, ������������������������������������������� Tout d’abord, en ce qui concerne les mo-
pour tous les collaborateurs, et de manière dèles financiers et économiques, nous pou-
����������������������������������������������������
contraignante, les moyens et méthodes que vons appliquer aux modèles de banques exis-
����������������������������
l’entreprise ne doit pas employer. tants l’éventail des types d’entreprises que
�������������������������
�������������������������
Mais attardons-nous encore quelques ins- nous avons esquissé ci-dessus. (fig. 3)
����������������������
tants sur le premier point, celui du modèle Nous laissons à nos lecteurs le soin de dire
�������������������������������
����������������������������������
��������������������
�����������������������������
�������������������
toute véritable entreprise, il existe depuis tou- la crise) parmi nos exemples de banques.
����������������������
jours l’idée légitime et pratique d’une créa- Aujourd’hui, la plupart des banques suisses
tion de valeur raisonnable (mission statement doivent être rangées parmi les établissements
convaincant). Si le produit ou le service que ���������� ���������� sérieux mais assez traditionnels. Cela veut
l’entreprise veut vendre ou assurer avec suc- �������� ���������� dire qu’elles sont soucieuses de respecter les
cès en gagnant de l’argent est conçu comme ���������������������������� �������������������������� lois de tous les pays où elles font des affaires
favorable à la vie et à la société, l’entreprise et de se plier volontairement à des principes
��������� ���������
obtient un succès mérité, légitime. En d’autres ����������� �����������
commerciaux déclarés officiellement ou à un
termes, l’intégration éthique de la recherche ����������������� ������������������ code de bonne conduite, du moins dans la
du profit constitue le fondement d’un modèle �������������������� ������������������� mesure où cela assure l’acceptation sociale et
commercial légitime. Cela peut se réaliser à est favorable à l’optimisation du profit straté-
des degrés divers. Sous cet aspect, on peut ������������ gique. L’année dernière, la «new UBS» (c’est
distinguer tout un éventail de types d’entre-
prises (fig. 2). Fig. 3: Modèles bancaires Suite page 4
No 39, 11 octobre 2010 Horizons et débats page 3
«Ce serait un bienfait pour les …» le foyer d’une grande guerre. Sous quels aus- les deux peuples de la Palestine de se sou- et se fasse expliquer le contenu du livre de
suite de la page 3 pices se présentent les entretiens devant per- venir des dispositions dudit droit et de cher- Francis Boyle «Das Verbrechen der atoma-
mettre à notre ministre de la Défense «d’éta- cher à résoudre le conflit en terrain neutre par ren Abschreckung. Wird der Krieg der USA
visite actuellement, sans doute avec l’approba- blir de meilleurs liens avec son homologue, les moyens du droit et non par la force. La gegen den Terror zum Atomkrieg?». •
tion de l’ensemble du Conseil fédéral, un pays avec qui il évoquera la coopération militaire Suisse serait mieux à même que beaucoup
qui non seulement ne respecte pas de nom- en cours, en particulier les questions d’arme- d’autres pays d’offrir ce terrain neutre. Ce
breuses Résolutions de l’ONU mais viole de ment, la situation sécuritaire internationale, devrait être un devoir tout naturel d’un pays
manière flagrante les dispositions du droit in- ainsi que le rôle des services de protection ci- épargné par les guerres du XXe siècle – et qui
ternational humanitaire que nous venons de vile» (swissinfo du 9/10/10). Au vu de ces su- a joui comme peu d’autres Etats des bienfaits
citer. Le Rapport Goldstone sur la guerre de jets, la déclaration du porte-parole du DDPS du droit – de renforcer la confiance de tous
Gaza du 15/9/09 était très clair à ce sujet, tout faite à l’ATS n’est pas de nature à rassu- les pays du monde dans cette possibilité et
comme l’avis consultatif de la Cour interna- rer. Selon Sebastian Hueber, le voyage a été d’agir en conséquence.
tionale de Justice sur la construction du Mur. maintenu parce que les conclusions du rap- Si des préparatifs de guerre contre l’Iran
Alors pourquoi ce voyage? Et justement port de la Commission d’enquête de l’ONU avaient lieu actuellement, nous rappelons la
maintenant où la énième tentative de relan- inspirent des inquiétudes et que, par consé- Résolution que les intervenants au Congrès
cer le processus de paix est condamnée, sous quent, il «fallait saisir l’occasion d’insister «Mut zur Ethik» ont rédigée en septembre
les yeux de l’opinion mondiale, par la re- sur l’importance du droit international, en de l’année dernière. Dans un tel cas, ce se-
prise illégale des constructions dans les co- particulier sur celle des Conventions de Ge- rait mal venu et mauvais pour l’image de la
lonies, Israël prouve une fois de plus qu’il se nève» (swissinfo du 9/10/10). Suisse que Maurer place sa visite sous la de-
moque du droit international et des droits de Au lieu de jeter le discrédit sur la crédi- vise «De tels entretiens doivent être possibles «La criminalité de la dissuasion nucléaire.
l’homme. A un moment où l’option d’une at- bilité de la Suisse en tant que gardienne du en tout temps avec des pays amis». La guerre des USA contre le terrorisme
taque nucléaire de l’Iran n’est pas écartée et droit international humanitaire et pays neutre Il serait plus judicieux qu’il s’enferme trois va-t-elle se transformer en guerre atomique?»
que tout le Moyen-Orient risque de devenir digne de confiance, ce serait un bienfait pour jours avec quelques-uns de ses collaborateurs ISBN 978-909234-07-3 (Editions Zeit-Fragen)
«La Banque au service de l’économie …» radicaux qu’avant la crise! Cette course aux blic destiné à approvisionner l’économie ré- instance de surveillance et que l’on peut ré-
suite de la page 2 profits presque illimités est étrangement éloi- elle et la société en argent, en crédits et en voquer en cas de non exécution. C’est un tel
gnée de la belle volonté affichée de mener services financiers utiles à l’économie. A mandat qui a été à l’origine de la création, au
ainsi que la Banque se dénomme dans la pré- une gestion intègre et responsable. Cela sus- l’instar des infrastructures relatives à l’ap- XIXe siècle, des banques cantonales.
face dudit Code) a édicté un Code of Busi- cite l’étonnement aussi bien du profane doué provisionnement énergétique, aux communi- Ainsi, cette solution pas tellement révo-
ness Conduct and Ethics que tous les colla- de bon sens que du spécialiste d’éthique éco- cations et aux transports, la finance doit avant lutionnaire pourrait freiner la tendance ac-
borateurs, y compris les dirigeants, doivent nomique. tout approvisionner l’économie en argent et crue des banques à s’éloigner de plus en plus
respecter absolument. C’est bien, mais du en crédits (transactions financières, liquidi- de leur fonction économique dans la socié-
point de vue de l’intégration de l’éthique Un marché financier tés, etc.). Elles représentent pour ainsi dire le té pour sacrifier à des intérêts financiers in-
dans l’entreprise, cela reste ambigu si l’on ne au service de l’économie et de la société système sanguin d’une économie de marché dépendants. Cela serait préférable au fait de
fait pas reposer de manière plus systématique Peut-être que la proposition de fonder éthi- fondée sur une division complexe du travail. combattre des symptômes problématiques.
qu’auparavant les modèles économiques con- quement les modèles économiques de la Et leur bon fonctionnement a une telle im- Prochainement, la tâche la plus noble et la
crets (c’est-à-dire la manière dont on veut gé- banque a eu peu de succès à cause de la con- portance pour la population qu’il faut confier plus importante des banques et des associa-
nérer du profit pour les clients et gagner de sidérable pression des marchés financiers glo- à l’Etat (pour les économies nationales), ou à tions de banquiers aux niveaux cantonal et na-
l’argent) sur des bases socialement respon- baux en faveur de hauts rendements. Comme une autorité financière supranationale encore tional pourrait consister à s’ouvrir à ces nou-
sables, et cela aussi bien dans l’investment je l’ai dit, une gestion éthique et responsable à créer (pour l’économie mondiale) la respon- velles idées et à instaurer un débat public sur
banking que dans le private banking. Et dans a besoin d’une régulation qui vienne la soute- sabilité d’un fonctionnement qui soit au ser- une nouvelle réglementation du rapport entre
les établissements bancaires dirigés de ma- nir. Dans cette perspective, le peaufinage de vice de l’intérêt général. (Mastronardi / von la finance et l’économie réelle. Ainsi, de leur
nière traditionnelle, on ne remarque guère de la régulation des banques et des marchés fi- Cranach, 2010, pp. 136 sqq.)2 propre initiative, elles ouvriraient la voie à
régulation responsable systématique au ser- nanciers dont on débat actuellement, et qui Cette conception des marchés financiers ne une société véritablement citoyenne et à une
vice de l’économie et de la société. est en partie réalisé, ne suffit sans doute guère revient pas à nationaliser les banques «d’im- économie de marché civilisée. En outre, ce
Examinons maintenant le cas d’une en- quand, par ailleurs, on revient aux anciennes portance systémique» mais offre au contraire serait la preuve la plus convaincante que les
treprise étrangère concurrente, la Deutsche pratiques. La véritable leçon de régulation une solution différenciée qui se situe au-delà établissements bancaires sont conscients de
Bank. On trouve maintenant chez elle d’une éthique à tirer de la crise financière concerne de la banale alternative entre secteur financier leurs responsabilités envers la société. •
part l’aveu réjouissant suivant: «L’objectif de la nécessité de repenser le rôle économique privé ou secteur financier étatique (ou sou- Version abrégée d’un exposé tenu lors de l’assemblée
toutes (!) nos activités en tant qu’entreprise et social des banques. Il s’agit essentiellement tenu par l’Etat dans le cas des «bad banks» annuelle de la Vereinigung Solothurnischer Bank-
citoyenne responsable consiste à créer du ca- de la question de savoir si le système bancaire en période de crise). Dans le cadre de l’obli- institute, le 30 septembre 2010 à Dornach
pital social.» D’autre part, le président du di- est un secteur de l’économie privée comme gation de l’Etat d’assurer le bon fonctionne- (Traduction Horizons et débats)
rectoire de cet établissement, un banquier tous les autres ou s’il devrait être réorgani- ment des infrastructures des services publics,
suisse connu, a, peu après le paroxysme de la sé tout à fait différemment et de manière plus qu’il faudra inscrire dans la Constitution, il
1
Ulrich, P. (2010): Zivilisierte Marktwirtschaft.
Eine wirtschaftsethische Orientierung. Aktuali-
crise, au printemps 2009, confirmé publique- différenciée. est tout à fait possible de déléguer certaines sierte und erweiterte Neuausgabe, Berne.
ment l’ancien objectif de rendement de 25%. Certains arguments parlent en faveur de missions d’approvisionnement à des acteurs 2
Mastronardi, Ph./von Cranach, M. [Edit.] (2010):
Au vu des taux de capital propre plus élevés la seconde hypothèse. En effet, le secteur fi- de l’économie privée, sous forme de mandats Lernen aus der Krise. Auf dem Weg zu einer Ver-
que «Bâle III» a jugés nécessaires, cela re- nancier doit essentiellement être considéré confiés à des banques d’affaires, mandats lé- fassung des Kapitalismus. Ein Dossier von kontra-
présente des objectifs de profits encore plus comme une infrastructure ou un service pu- gitimés démocratiquement, contrôlés par une punkt, Berne.
No 39, 11 octobre 2010 Horizons et débats page 5