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Né en 1973 à Paris, Mehdi Belhaj Kacem passe son enfance en Tunisie, avant
de revenir, dès 13 ans, à Paris, où il deviendra, sans jamais passer par
lʼuniversité -ou de quelconques études supérieures-, écrivain, acteur et
philosophe. Depuis son roman Cancer, publié à 20 ans grâce à la maison
dʼédition associative Tristram (où il publiera la plupart de ses livres), MBK -
comme il se désigne lui-même- a fait paraître pas moins dʼune vingtaine
dʼouvrages. Cʼest avec le lancement de la revue philosophique EvidenZ -
reprenant en partie la graphie du film de Cronenberg, eXistenZ- que MBK
entrera de plain pied dans la réflexion philosophique, notamment sur lʼaction
communautaire. Il y aura deux numéros de publiés, parallèlement aux deux
numéros de la revue Tiqqun -autour de Julien Coupat et Giorgio Agamben-; les
groupes de lʼune et de lʼautre sʼy mélangeront et sʼy déchireront…
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- Aurélien Marion - - Séminaire LAPC - M2 -
- Chez Badiou, toute ontologie se réduit à une mathématique puisque lʼêtre est
essentiellement vide (“avec le verbe être, le manque de réalité devient flagrant”
- JLG) et que la forme pure de ce vide, sa mêmeté, se transmet intégralement
en tant que mathème (Idée platonicienne). Si “le temps est le nom de lʼêtre
dans sa banalité vide” (in “Être et sexuation”), lʼéternité caractérise
lʼin(con)sistance des corps en tant que “transparence absolue” du représentant
au représenté. “Errance absolue du vide” en notre imaginaire, la représentation
est donc ce qui de lʼusage du vide (cf. Laozi, Daodejing) va créer du savoir.
- Une des thèses principales de MBK repose sur la notion dʼexcès telle que
développée par Bataille : la représentation excède toujours déjà la présentation
-et la présence- parce que la répétition de tout événement fait venir un trop-
plein dʼêtre dans notre imaginaire. La spécularité déborde ainsi la transparence
mathématique. Infini actuel, “dessin” (JL Nancy), mimèsis idéelle, trait unaire
(Freud-Lacan), forme de lʼêtre, “projet” (Spinoza) : autant de mots pour saisir la
représentation comme jeu vide du même à lʼautre. Cʼest à partir du moment où
il y a un excès de vide sur le reste de réel (matériel) quʼil y a affect.
Originellement, lʼaffect est donc : trop-vide trouant de la représentation dans le
choc de lʼévénement, angoisse comme affect 0 dʼun trauma qui se répète.
Réel du vide en trop.
- Si lʼaffect est bien “être de lʼévénement”, cʼest que ce dernier a “la structure du
viol” : comme affect dʼappropriation, la jouissance lie angoisse et événement, le
viol devenant ainsi le propre du corps singulier en qui a surgi lʼimprévisible
excès de réel. Lʼaffect fait consister ce qui déborde de lʼévénement… Dʼune
intensité insoutenable, lʼévénement ouvre lʼaire singulière de lʼaffect en un
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- Aurélien Marion - - Séminaire LAPC - M2 -
- MBK débute son essai LʼAffect par : “Lacan prononça un jour que lʼécrit était à
la parole ce que lʼos était à la chair. Cʼétait en parlant. // Des années
auparavant, que le virtuel était le réel de la parole. Cʼétait en écrivant.” Lʼexcès
de parole -par rapport à lʼécrit- est créateur de virtuel, alors que le trait (en
particulier : les mathèmes) crée du réel en le saisissant par la trace écrite.
“Module de lʼaffect”, le virtuel distingue sujet et objet alors que la consistance
événementielle du réel ne passe quʼentre rien et chose… Proche du virtuel
deleuzien, le virtuel kacemien sʼen distingue essentiellement par son aspect
“ontologique” : il se réalise comme vérité en tant que voilement-dévoilement,
cʼest-à-dire comme perforation de la connaissance par le savoir. La vitesse de
synchronisation entre la connaissance (usage du virtuel) et le savoir (usage réel
du vide) détermine la transparence et la consistance de lʼaffect. Cette
synchronisation perforatrice dépend du langage (donc de lʼexcès
représentationnel). “Présence de lʼinfini actuel”, le virtuel est topologiquement
une ligne (par ex. : de fuite) qui se réalise en un nœud, à vitesse infinie.
- Effets dʼexcès, lʼaffect consiste donc en dépense du trop (de vide langagier),
en trouage du 1 (connaissance comme S1) par le deux (savoir comme S2) et
enfin en dis-corps aréal dʼun rien vibrant -au souffle de la vérité mi-dite- entre
virtuel et réel. Lʼaffect se trouve donc synthétisé comme vitesse de lʼidentité
(nouage de lʼécrit à la parole) infinie propre à la réalisation du virtuel ou à la
virtualisation du réel. Le rapport -à rapidité absolue- réel-virtuel consiste
imaginairement en affect qui se présente réellement.
- “La répétition est ce qui tient le fil subjectif [virtuel] entre deux événements
[réels]” : “Entre deux amours, deux insurrections, deux coups de génie
artistiques, deux bouleversements scientifiques. La répétition continue
lʼévénement premier, inscrit sa puissance dans la normalité.” Mais “toute
répétition crée quelque chose de neuf par rapport à ce dont elle évide le
contenu en le répétant.” Ce neuf différant dans la répétition et ce fil continuant
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- Aurélien Marion - - Séminaire LAPC - M2 -
les événements constitue la présence (sa venue) dʼun corps vivant. Or, “lʼaffect
est présence pleine”, rapidité absolue du rapport événements-répétitions. Le
corps présent se distord à la mesure -immense- de la représentation. La
présence nʼest pas toute pleine : il y a un vide irréductible, sans lequel lʼaffect
serait totalement transparent, un excès mouvant de vivant.
Dis-corps vif de la vie.
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