SALUTS de la terre des ancêtres de Simón Bolivar

Chères organisations syndicales fraternelles :
Nous voici à nouveau avec le troisième numéro de la revue «
Euskal Herritik mundura » (« Du Pays basque au monde »). Plus de
6 mois sont déjà passés depuis la publication du précédent
numéro et, durant cette période, beaucoup de choses ont eu lieu
au Pays basque. D'une part, dans ce numéro, nous exigions la mise
en liberté de Rafa Díez et maintenant, il est à nouveau parmi
nous, même si nous sommes dans l'attente d'un jugement du fait
que les tribunaux espagnols tentent de criminaliser son travail
syndical et politique. De plus, dans notre Territoire, on perçoit que
nous sommes à deux doigts d'entrer dans un nouveau cycle.
L'Accord de Guernica, la Déclaration « Zutik Euskal Herria » («
Debout le Pays basque »), où l'on mise sur les voies exclusivement
politiques et démocratiques, la déclaration d'ETA, où il s'engage à
ouvrir un nouveau processus afin de faciliter une sortie négociée
et démocratique au conflit politique qui a cours actuellement
dans notre Territoire, ainsi que l'accumulation de forces entre les
gens indépendantistes et de gauche du Pays basque ne sont que
des exemples parmi d'autres. Dans ce numéro de la revue, vous
trouverez les contenus de ces déclarations et des informations sur
le contexte politique actuel de notre Pays.
En outre, cette campagne contre le Vénézuela a pour objectif de
déformer et de désinformer quant au processus de transforma-
tion sociale qui a actuellement cours au Vénézuela et qui est diri-
gé par Chávez, puisque d'importantes entreprises transnationa-
les et des entrepreneurs espagnols ressentent que leurs intérêts
économiques et/ou personnels sont en danger. Et c'est un fait
que certains d'entre eux ne peuvent supporter l'idée que les inté-
rêts économiques et sociaux du peuple priment sur les intérêts
particuliers, tel que l'on peut le constater aujourd'hui en
République bolivarienne du Vénézuéla. Fini le bon plan à travers
lequel ils ont spolié durant des décennies de nombreux pays
d'Amérique latine, ils ont maintenant recours au mensonge et à
la déformation des informations pour attaquer les processus de
transformation sociale, pourvu que cet exemple ne se répande
pas dans d'autres pays.
D'autre part, dans ce numéro de la revue, nous vous informons
également de la Grève générale qui a eu lieu le 29 juin dernier au
Pays basque, et où en est rendue la lutte syndicale dans notre
Territoire. Également, dans le cadre de la lutte syndicale, le Pays
basque a son propre agenda, en marge du syndicalisme pactiste
et boiteux mené par les centrales espagnoles CCOO et UGT. Vous
trouverez toutes ces informations dans cette revue numérique.

I
Mais, malheureusement, il n'y a pas que de bonnes nouvelles. Le
degré de traque, de répression et de persécution de l'État espag-
nol contre l'indépendantisme basque de gauche n'a pas baissé
d'un iota. Il y a de nombreux exemples, mais, de ces pages, nous
souhaitons dénoncer en particulier le coup de filet contre l'orga-
nisation internationaliste basque Askapena. Huit membres
d'Askapena ont été arrêtés pour l'unique « délit » de vouloir expli-
quer la situation d'Euskal Herria à l'étranger et, également, d'in-
former en Euskal Herria des luttes engagées par d'autres
Territoires. Grâce à ligne internationaliste développée par
Askapena en presque 25 années d'existence, nous sommes des
2 milliers, nous les Basques, jeunes ou plus âgés, à nous être impli-
qués dans le monde de l'internationalisme et c'est ainsi que nous
avons pris connaissance des luttes et des espoirs de Cuba, de la
Palestine, de Bolivie, de Sardaigne, d'Écosse, du Mexique, du
Nicaragua ou des Pays catalans, pour n'en citer que quelques-uns.
Pour toutes ces raisons, nous sommes des milliers à avoir senti le
coup de filet contre Askapena en personne et à l'avoir dénoncé, tel
que cela a été attesté le 16 octobre dernier durant
l'Internazionalista Eguna célébré à Guernica. De ces pages, nous
exigeons la mise en liberté immédiate des membres d'Askapena
Walter, Gabi, Unai, Aritz et David, car l'internationalisme n'est pas
un délit et parce que les sentiments et les espoirs ne peuvent être
emprisonnés. Ce numéro d'« Euskal Herritik mundura » veut
reconnaître son travail et la tâche internationaliste d'Askapena.
Nous souhaitons également dénoncer la campagne médiatique
menée dernièrement par les grands moyens d'INcommunication
espagnols contre la République bolivarienne du Vénézuela, en se
basant pour cela sur les déclarations de Basques obtenues par-
présomption sous la torture, tel que l'ont récemment dénoncé les
détenus. La persistance de la torture contre les détenus pour des
motifs politiques est un procédé bien connu au Pays basque, car
les témoignages abondent malheureusement en ce sens, un fait
qui a été récemment corroboré par le Rapporteur des Droits de
l'Homme de l'ONU et même en septembre dernier lors d'un
Jugement du Tribunal européen des Droits de l'Homme, mais
cette réalité est occultée intentionnellement dans les médias
espagnols et étrangers assez fréquemment. Nous demandons
aux centrales du monde entier, et en particulier d'Europe et
d'Amérique latine, qu'elles défendent le Droit d'asile pour les cito-
yens et citoyennes basques, et qu'elles dénoncent l'état perma-
nent d'urgence et de violation des Droits civils et politiques vécu
au quotidien au Pays basque, et qui n'a pas d'objet de comparai-
son partout ailleurs en Europe.
De même, nous expliquons également dans un autre article la
lutte que notre centrale syndicale mène actuellement dans la
partie nord du Pays basque (État français), où LAB existe égale-
ment et est la troisième force la plus importante, contre les réfor-
mes antisociales et anti-ouvrières de Sarkozy qui a pour préten-
tion de réduire les pensions de retraite et de rallonger l'âge de
départ en retraite.
Mais, outre le fait de vous faire participer à la réalité de notre
Territoire, en « Euskal Herritik mundura » nous voulons refléter,
d'une perspective internationaliste, d'autres luttes qui ont égale-
ment cours dans le monde. Pour ce faire, nous entrons à nouve-
au dans le large monde, et dans ce numéro vous trouverez, parmi
d'autres contenus, une référence aux événements auxquels LAB
a participé à un niveau international, dans le paragraphe « non-
dik nora ». Les syndicats de classe de Grèce et d'Andalousie nous
rendent compte de façon directe des luttes ouvrières qui se
déroulent actuellement dans ces pays. Par des entretiens, nous
nous approchons des réalités vécues en Colombie et en
Argentine, et nous vous apportons des informations sur la situa-
tion actuelle au Groënland. Nous expliquons également le déve-
loppement de l'Union internationale des Syndicats (UIS) des sec-
teurs du métal et minier sur ses deux années de fonctionne-
ment. Nous dénonçons également la situation injuste endurée
par les 5 prisonniers politiques cubains emprisonnés aux États-
Unis et, comme tout ne va pas se résumer à une dénonciation,
nous avons souhaité célébrer avec les Peuples d'Amérique latine
le 200ème anniversaire de leur libération, en laissant un espace
à ce sujet. Nous profitons de ces lignes pour rendre hommage à
Simón Bolivar, dont les ancêtres du côté paternel étaient bas-
ques, originaires de la ville de Bolivar en Biscaye. De même qu'il y
a 200 ans, de nombreux peuples d'Amérique latine se sont libé-
rés du joug espagnol, très bientôt ce sera au tour du peuple bas-
que. Nous en sommes convaincus.
Nous espérons que vous profitez de la lecture de la revue. Nous
vous serions également reconnaissants si vous nous envoyiez vos
apports et articles à cette adresse électronique : nazioartea@lab-
sindikatua.org. Nous vous attendons.
Vous pouvez également consulter notre page Web : www.labsin-
dikatua.org et la page www.gara.net pour vous tenir informés de
la réalité quotidienne du Pays basque.
Salutations révolutionnaires. Nous nous verrons dans la lutte.
En Euskal Herria, novembre 2010
GRÈVE GÉNÉRALE du 29 juin
au Pays Basque : un pas de plus vers la lutte
pour le changement social et politique
Igor Urrutikoetxea
(Secrétaire des Relations internationales
de la centrale syndicale basque LAB)
Le 29 juin dernier, une autre grève
générale a eu lieu au Pays basque
sud, convoquée par LAB et par le
syndicalisme de classe du Pays bas-
que. Cet événement a été le second
arrêt général depuis que la crise
capitaliste a éclaté vers la fin de l'an-
née 2008.
De ce point de vue, la grève générale
du 29 juin n'a été le début de rien, si
ce n'est la continuation du chemin
que nous avons entamé, en tant que
majorité syndicale, au début de l'an-
née 2009, et qui a été jalonné de
plusieurs faits marquants impor-
tants : la grève générale du 21 mai
2009, les mobilisations et le chôma-
ge généralisé dans différentes
régions du Pays basque, la récolte de
plus de 132 000 signatures dans les
centres de travail en faveur d'un
décalogue dans lequel on proposait
aux différents gouvernements 10
mesures urgentes pour combattre la
crise, les mobilisations du 27 mars
de cette même année qui ont réuni
plus de 20 000 personnes dans les
rues du Pays basque, ou la manifes-
tation nationale qui a également
réuni des milliers de personnes à
Bilbao le 12 juin dernier.
Lorsque le 21 mai 2009, en tant que
centrales syndicales basques, nous
avons convoqué la grève générale
contre les politiques antisociales
développées par les gouvernements
de Vitoria et de Pampelune, sous la
dictée du Gouvernement de Madrid,
qui se basaient sur une réduction
des dépenses sociales, dans des poli-
tiques fiscales favorables aux reve-
nus les plus élevés et préjudiciables
pour la classe ouvrière, et sur une
augmentation de la précarité pro-
fessionnelle, les gouvernements, la
social-démocratie et les partis de
droite, les grands médias ainsi que
les centrales espagnoles réformistes
CCOO et UGT, nous ont accusés de
créer un alarmisme inutile et de
déformer la réalité. Nous avions
alors déclaré que, s'il n'y avait pas de
changement dans les politiques
publiques, dans les domaines du tra-
vail et de la fiscalité et dans l'orien-
tation de la dépense publique, la
crise dont nous souffrions alors et
ses effets s'accentueraient dans un
futur proche.
Malheureusement, le temps nous a
donné raison, même si nous aurions
préféré que cela ne soit pas le cas, et
le chômage a continué à augmenter
durant les années 2009 et 2010, se
voyant doubler au Pays basque et
dépassant 20 % dans l'État espag-
nol. C'est ainsi que le gouvernement
espagnol social-démocrate de
Zapatero, manquant également à sa
parole sur ce sujet, n'a pas cessé de
légiférer durant l'année 2010 contre
la classe ouvrière. Ils ont diminué de
5 % les salaires des emplois publics,
congelé de deux ans les retraites,
baissé le chômage, en réduisant de
manière importante les indemnisa-
tions lorsque les licenciements sont
abusifs et, par conséquent, illégaux,
etc. De plus, ils vont bientôt aborder
la réforme des pensions de retraite,
où l'on prévoit un recul de l'âge de
départ en retraite et l'augmentation
des années de cotisation qui sont
prises en compte pour calculer ces
fameuses pensions afin d'en dimi-
nuer le montant. En outre, CCOO et
UGT négocient actuellement une
réforme de la négociation collective,
dans laquelle on prétend éliminer
les conventions collectives provin-
ciales qui, au Pays Basque, régulent
les conditions de plus de 70 % des
travailleurs et travailleuses, permet-
tant, normalement, de recueillir de
meilleures conditions que celles qui
sont établies dans les conventions
nationales.
Face à ce panorama, en tant que
majorité syndicale basque, repré-
sentant 70 % de la classe laborieuse
de notre pays, nous avons décidé de
convoquer la Grève générale du 29-J.
Une grève qui avait pour objectif, et
a obtenu, de poursuivre la dynami-
que de mobilisation qu'en tant que
syndicalisme de classe et combatif
que nous menons à bien au Pays
basque, en marge du modèle syndi-
cal pactiste et rétrograde géré par
les bureaucraties syndicales de
CCOO et d'UGT dans l'État espagnol,
et également dans notre peuple. 3
Une grève, celle du 29-J, qui a suppo-
sé une réponse convaincante contre
la réforme professionnelle du
Gouvernement du PSOE, puisque
plus de 80 % de la classe ouvrière
basque l'a secondée. Une grève qui
démontre que, au Pays basque, nous
avons, en tant que classe ouvrière et
syndicalisme de classe, notre propre
« feuille de route », et qu'il est possi-
ble de faire du syndicalisme cohé-
rent en marge de ce qui est dicté par
CCOO et UGT.
C'est pour toutes ces raisons que
nous avons également décidé de ne
pas convoquer la Grève du 29 sep-
tembre. De LAB, malgré le fait de ne
pas partager la convocation de
CCOO et d'UGT, nous respectons la
position du syndicalisme de classe
suite à la décision d'autres Peuples
de l'État espagnol d'appeler à la
Grève le 29 septembre, et également
celle de ceux qui, à partir d'une posi-
tion de classe critique vis-à-vis du
modèle pactiste des centrales sus-
mentionnées, n'ont pas décidé de
 l'appuyer. C'est pourquoi nous exigeons le même respect
pour notre position. Tout comme nous ne déclarons pas
que les centrales syndicales d'autres Nations ou Peuples
de l'État convoquent la Grève le même jour où, au Pays
basque, est organisée une Grève générale, nous n'avons
également aucune raison de convoquer une journée de
Grève au moment où serait convoqué dans l'État espag-
nol ou dans un autre endroit. Encore moins lorsque, en
tant que majorité syndicale basque, nous avons décidé de
ne pas nous soumettre à l'agenda du syndicalisme pactis-
te de CCOO et d'UGT. Il s'agit tout simplement de respec-
ter le cadre de la décision basque également dans le sec-
teur professionnel et social, tout comme nous respectons
cela pour d'autres forces syndicales d'autres Peuples.
Au Pays basque, il est clair pour nous que le syndicalisme
de classe cohérent a appelé à la Grève générale le 29 juin
et que la classe ouvrière l'a bien entendu en soutenant
massivement la convocation du 29-J et en ne soutenant
pas celle du 29 septembre sur notre terre. De plus, il est
convenable de ne pas parler d'« unité ». L'unité, outre celle
de la classe ouvrière, doit être donnée selon des contenus.
Beaucoup nous craignons que la convocation du 29-S
passé ait été un lavage de visage des bureaucraties syndi-
cales de CCOO et d'UGT, les concernant, et que l'on utili-
sera dans un futur proche pour chercher à renforcer leur
rôles d'interlocuteurs valides face au gouvernement et les
patrons dans la négociation de la réforme du système de
pensions et dans la réforme de la négociation collective.
Deux sujets pour lesquels on prévoit l'arrivée d'accords
régressifs qui entraîneraient la perte de Droits pour toute
la classe ouvrière (Pourvu que nous nous trompions !).
4
Si cette situation a lieu, s'ils prétendent approfondir dans
la perte de Droits de la classe ouvrière, des retraités, des
jeunes, des femmes et du collectif d'immigrants, du Pays
basque, de LAB, nous continuerons à lutter dans les cen-
tres de travail et dans la rue, coude à coude avec la majo-
rité syndicale basque, et avec le syndicalisme de classe et
combatif de toute l'Europe, comme nous l'avons fait le 7
septembre dernier dans le cadre de la journée organisée
par la Fédération syndicale mondiale (FSM), en occupant
durant deux heures la succursale de la Banque de
Santander à Pampelune, une action durant laquelle 7
compagnons furent arrêtés.
Notre lutte est en faveur d'un changement social réel qui,
dans le cas du Pays basque, est inexorablement lié à un
changement politique qui doit passer par le respect du
Droit de décider que le peuple basque puisse nous assis-
ter. Nous disons cela parce que nous sommes sûrs que
dans un Pays basque, maître de son destin, où les déci-
sions en matière économique, sociale et professionnelle
seraient adoptées ici, la corrélation des forces serait plus
favorable à la classe ouvrière et permettrait une amélio-
ration de nos conditions de vie. Et cela, malgré les intérêts
de classe de la grande bourgeoisie et des secteurs conser-
vateurs existants dans notre pays. C'est ce qui, parmi d'au-
tres événements, a été manifeste le 29 juin dernier lors-
que l'activité productive et économique avait cessé au
Pays basque et que plus de 60 000 travailleurs s'étaient
rendus aux manifestations de Bilbao, Saint-Sébastien,
Vitoria et Pampelune sous le slogan « À la défense de nos
droits, marre des impositions ! ».
Debout
EUSKAL HERRIA
Zutik EUSKAL HERRIA
La Gauche Abertzale a analysé la conjoncture actuelle et le
processus politique basque, et surtout elle en a débattu.
Elle ne l'a pas fait en catimini, entre quelques personnes, ni
dans des lieux occultes. Bien au contraire, le débat a été
mené par ses militants et au sein de la base sociale. Cela a
été un exercice démocratique, un exercice démocratique
efficace, qui va servir à définir la stratégie politique.
Cela n'a pas seulement été juste un débat abstrait car,
dans le même temps, la Gauche Abertzale a du intervenir
et influer sur la situation politique. Nous ne pouvions
nous permettre de rester isoler dans l'attente qu'à un
moment tout s'éclaircisse. Il fallait à la fois promouvoir le
débat tout en continuant à prendre des initiatives. En fin
de compte, pour construire une stratégie efficace, la
Gauche Abertzale, doit définir au quotidien son orienta-
tion politique et sa ligne d'intervention. De cette façon
dés le début du cursus politique nous avons commencé à
donner du corps à notre système de travail par des initia-
tives et des propositions concrètes. Et c'est ainsi que nous
devrons continuer d'agir dans les mois qui suivent. C'est à
nous, à nous seul, et à personne d'autre, qu'il appartiendra
d'assumer cette responsabilité.
Le concept du temps est à comprendre en termes politi-
ques. Ce sont les conditions politiques et sociales qui
fixent le moment de relever les défis. Malgré que cela
nous ait beaucoup couté pour les créer, aujourd'hui, ces
conditions existent pour aller de l’avant. C'est pour cette
raison que nous avons organisé ce débat. Ainsi, l'élabora-
tion du document «Clarification de la phase politique et
de la stratégie » et la présentation de la Déclaration
d'Altasu répondent à la réflexion interne aussi bien
qu'aux avancés qu'il faut mener dans le processus politi-
que. Les deux documents ont été très largement ratifiés
par notre base sociale, sans oublier qu'en notre sein la
divergence à toute sa place. Le débat sur le document «
Clarification de la phase politique et de la stratégie » et la
déclaration d'Altasu mettent particulièrement bien en
relief la volonté de la Gauche Abertzale de mener à bien le
changement politique et le passage vers le chemin du
processus démocratique.
C'est précisément à travers ce débat que nous avons préci-
sé ce que nous devons faire, sur quoi nous avons réussi et
en quoi nous nous sommes trompés. Tout en réalisant une
profonde autocritique, nous avons réaffirmé notre projet
et rappelé les fondements de notre trajectoire. Tant bien
que mal nous avons amené le processus de libération jus-
qu'à la phase du changement politique. Maintenant il s'a-
git de rendre irréversible le véritable changement politi-
que. Et le fait d'assumer le défi, de le matérialiser, exige de
notre part des changements internes.
Le peuple Basque et les citoyens basques, fondements du
mouvement de libération.
Le Peuple Basque. Les citoyens basques. Les hommes et
les femmes de cette terre. Sa société. Ce sont, à l'heure
de dessiner notre projet politique, nos uniques référen-
ces. La gauche abertzale réaffirme son engagement à
écouter le Pays Basque et ses citoyens, d'avoir comme
but ses désirs et ses aspirations, et de faire respecter sa
volonté.
En fait, c'est l'heure de l'engagement. C'est le moment
d'avancer. Et actuellement, la Gauche Abertzale et pleine-
ment consciente que la clé n'est pas d'attendre de savoir
ce que les autres agents sont disposés à faire, si non de
savoir nous même ce que nous devons faire. De cette
façon, notre force et notre dynamique amèneront des
situations nouvelles, elles pourront influer sur les agisse-
ments des autres agents et, ce qui est encore le plus
important, elles obtiendront à chaque fois une plus gran-
de adhésion populaire.
Réaliser ce pari politique est une décision à part entière, il
est la façon la plus efficace d'avancer dans le processus de
libération et il répond au désir de notre pays. Nos déci-
sions doivent toujours être la conséquence de notre
volonté et celle de notre peuple. Elle ne doit pas être con-
trainte par rien ni par personne.
L'imposition et l'injustice utilisées par les états ne seront
jamais les ingrédients du projet des indépendantistes de
gauche. Nous ne sommes pas comme eux, même pas
lorsque nous devons faire face à la répression sauvage et
à la volonté d’assimilation notre peuple.
Nous ne l'avons jamais été et nous ne le serons jamais.
Nous nous engageons à ce que jamais l'espoir ne se per- 5
dre, ni les conditions créées ces dernières années pour
atteindre un scénario démocratique. Récemment, les der-
nières mobilisations populaires ont clairement montré
qu'il existe une masse critique pour orienter convenable-
ment le processus démocratique par des voies politiques.
De plus, La Gauche Abertzale peut confirmer que d'autres
agents, au Pays Basque et sur le plan international, sont
disposés à marcher à coté de nous sur ce chemin. Il
revient à toute la Gauche Abertzale de créer les condi-
tions pour que tout cela puisse se développer avec force.
Nous ne décevrons pas notre pays.
A partir d'aujourd'hui nous avons le futur à gagner.
L'option de l'indépendance est ouverte. En Europe des
états se sont constitués et dans différents endroits ce
débat reste pleinement d’actualité. Si la capacité d'articu-
ler des majorités démocratiques solides existe alors l'op-
tion de créer de nouveaux états est réelle. Le Pays Basque
est un peuple organisé, dynamique et préparé, d'une
maturité suffisante avec des bases politiques, sociales,
économiques tout à fait satisfaisantes. Et par dessus tout
nous avons pleinement confiance dans la volonté d’é-
mancipation de notre peuple.
Antécédents politiques, motifs de confiance.
Il y a 50 ans le Pays Basque était à l'agonie. En ce temps là,
et grâce à la lutte, nous avons parcouru le trajet jusqu'à
l'ouverture de l'option de la constitution d'un Etat
Basque.
 Maintenant, après avoir réussi à freiner l'opération politi-
que dessinée après la mort de Franco, son objectif étant
d'assimiler le Pays Basque, nous sommes à la veille d'une
nouvelle période qui aura comme objectif la constitution
d’un cadre démocratique.
Durant ces dernières décennies nous avons fait des avan-
cés et obtenu des victoires partielles. En plus de répondre
aux attaques des Etats, nous avons su développer une
ligne politique. Nous avons fait face aux tentatives de
destruction de l'indépendantisme et, parallèlement, nous
avons été capables d'ouvrir et de gagner des débats, tout
comme de placer au centre du panorama politique des
contenus et des propositions concrètes.
Cela n'a pas été une trajectoire facile. La souffrance a été
la terrible conséquence de ce long cycle de conflit politi-
que et de confrontation armée. Bien que beaucoup aient
voulu cacher la réalité, l'origine de cette souffrance reste
évidente: c'est la négation des droits du Pays Basque.
Cette négation a engendré le conflit politique et la straté-
gie répressive l'alimente. Dépasser cette situation est une
nécessité pour pouvoir atteindre ce scénario démocrati-
que, scénario duquel nous pourrons défendre notre projet
politique.
Durant toutes ces années, la Gauche Abertzale a réalisé
un énorme travail. En prenant cela comme base nous
sommes capables aujourd’hui de définir la phase future.
Nous avons confiance dans notre histoire et notre capaci-
té de travail.
La phase politique, la phase du changement
Nous nous trouvons au terme d’une phase politique, et
cela offre clairement des opportunités historiques au pro-
6 jet national et social. Les options et les possibilités de
changement institutionnel caractérisent la situation du
Pays Basque, bien que ces options aient des formes et des
intensités actuelles différentes au sud et au nord du Pays
Basque.
La situation de blocage est en train de se prolonger au
delà de ce qui devrait l’être, principalement parce que les
états en ont décidé ainsi au travers de leurs stratégies
répressives. Concrètement, au sud du Pays Basque nous
nous situons entre deux cycles, l'un à bout de souffle et
l'autre nouveau qui reste encore à définir. Ainsi le bras de
force politique du moment et la principale bataille se
situent dans la direction et la forme de ce nouveau cycle.
L'opportunité d'un véritable changement politique, l'op-
portunité de dépasser le cycle statutaire inféodé à la stra-
tégie de la négation du Pays Basque et l’opportunité de
créer un cadre démocratique reste grand ouverte. Après
des dizaines d'années d'efforts, de travail et de lutte, le
défi actuel consiste à franchir cette porte ouverte et con-
crétiser le changement politique. La clé réside dans la
mise en place d'une stratégie efficace, qui profitant de ces
conditions, matérialise le dit changment.
Paris maintient une attitude agressive de négation sur le
nord du Pays Basque. Que se soit à propos de la revendi-
cation institutionnelle, de la défense de la langue basque,
de la construction nationale ou des luttes socio-économi-
ques, les mobilisations sociales démontrent tour à tour un
ardent désir de vivre et une totale détermination d'attein-
dre la reconnaissance de ce Pays.
Les bases pour la reconnaissance de la territorialité du
Pays Basque nord existent. Il nous faut ouvrir dans ces
trois provinces une nouvelle phase qui, par le biais d'une
accumulation de forces, obtienne la reconnaissance insti-
tutionnelle de façon à contraindre Paris à respecter la
parole et la décision du Pays Basque.
La phase politique vers laquelle nous nous dirigeons est la
phase du changement politique. Une fois les conditions
du changement créées, arrive l'heure de le matérialiser.
En conséquence, l'objectif de cette phase politique est
d'obtenir un cadre démocratique qui offre des bases suffi-
santes pour construire le chemin jusqu'à la constitution
d'un Etat Basque.
Le processus démocratique, le levier du changement de
cycle
Le processus démocratique constitue le levier pour le
changement de cycle, c'est l'instrument principal de la
phase politique. Il faut articuler un processus démocrati-
que qui ait comme base la négociation, l'accord politique
et la participation populaire. Développer un processus de
ce type reste la seule voie possible pour réaliser le chan-
gement de cadre.
L'heure est venue de structurer le processus démocrati-
que. Et ce processus démocratique a un objectif défini :
constituer le cadre démocratique qui résout les noeuds de
l'autodétermination et la territorialité. Le cadre démocra-
tique doit faire en sorte que tous les projets politiques
puissent se matérialiser, y compris celui des indépendan-
tistes. L'accord politique résolutoire entre les différentes
formations basques, qui devra être respecté par les Etats,
constitue l'élément qui doit gérer le processus démocrati-
que. Les principaux protagonistes seront les citoyens bas-
ques et le Pays Basque, pour débuter le processus, pour le
renforcer, pour ratifier les accords de solution et pour
prendre les ultimes décisions sur son organisation interne
et ses relations externes. On doit construire les conditions
pour développer le processus, c'est-à-dire, sans ingéren-
ces, injustices et violences.
Comme il a été affirmé dans la déclaration d'Altasu, enta-
mer le processus démocratique suppose une décision uni-
latérale de la Gauche Abertzale. Malgré les hauts et les
bas et en dépassant les problèmes qui se présenteront, le
processus démocratique constitue un but qui devra être
maintenu dans le temps. Pour son développement on
recherchera des accords bilatéraux ou multilatéraux avec
les agents politiques basques et avec la communauté
internationale. De la même façon auprès des Etats pour
arriver à la résolution du conflit.
De part sa propre décision et en toute confiance, avec l'ai-
de attendue d'autres agents et la prévisible opposition de
puissants centres de pouvoir, la Gauche Abertzale prévoit
trois étapes dans le processus démocratique qui est déjà
en train de se mettre en marche au sud du Pays Basque.
Pendant ce temps, au nord du Pays Basque les taches prin-
cipales consistent dans le travail de socialisation et d’ac-
cumulation de forces.
Les trois étapes sont les suivantes :
Minima démocratiques. Ils constituent la base nécessaire
pour pouvoir développer le processus démocratique.
Des accords ou des décisions devront se matérialiser sur
l'égalité d'opportunités de toutes les forces politiques et
sur la désactivation des mesures d'exception.
Accord démocratique. Il se baserait sur le développement
des contenus politiques élaborés au cours du dernier pro-
cessus de négociation, en reconnaissant le caractère
national du Pays Basque, en garantissant que tout les pro-
jets politiques puissent être réalisables, et en structurant
les voies juridico-politiques pour que les territoires bas-
ques puissent établir leurs relations aussi bien entre eux
qu'avec l'état.
Cadre démocratique. Il supposerait la matérialisation juri-
dico-politique de l'accord démocratique. Il se constituera
grâce à la volonté populaire et garantirait le dépassement
des négations structurelles dont pâti le Pays Basque. C'est
là que la Gauche Abertzale situerait son effort dans la cré-
ation d'une autonomie composée des quatre territoires
du Sud du Pays Basque, et de la même façon, dans la créa-
tion d'une autonomie des trois territoires du Nord du Pays
Basque, ainsi que le précise la Proposition d'Ustaritz.
Nouvelles stratégies et instruments, moyens pour avancer
Nous sommes en train de commencer une nouvelle
phase, cela exige de nouvelles stratégies et de nouveaux
instruments. Pour mener à bien le changement il est
indispensable de rendre possible une accumulation crois-
sante de forces et mener la confrontation sur le terrain où
les états sont les plus faibles, c'est à dire, amener la con-
frontation sur le terrain politique.
La conclusion du débat affirme que toute les formes d'ac-
tion seront mises au service de la nouvelle phase politi-
que, dans le but favoriser l'accumulation de force qu'exige
le nouveau cycle. C'est pourquoi, avec l'objectif d'accumu-
lation de forces, la lutte de masse, la lutte institutionnelle
et la lutte idéologique, la modification de la corrélation de
forces et la recherche de l'appui international seront les
uniques instruments du processus démocratique. L'appui
populaire supposera l'unique garantie et le mouvement
populaire l'aiguillon le plus efficace.
Ce sera la force de l'unité d'action et l'activation populaire,
développées par l'utilisation de voies et de moyens exclu-
sivement politiques et démocratiques, qui construirons le
cadre démocratique.
Le processus démocratique doit se développer en absence
totale de violence et sans ingérences régissant le dialogue
et la négociation entre les forces politiques par les princi-
pes du Sénateur Mitchell. Personne ne pourra utiliser la
force ou menacer de son usage pour influer son cours ou
le résultat des négociations multilatérales ou pour essa-
yer de modifier l'accord qui en résulterait.
Le processus démocratique doit mettre en place une orga-
nisation, une accumulation de forces, une capacité de
lutte et un appui populaire croissant, et grâce à tout cela
on pourra atteindre des objectifs tactiques et prendre dif-
férentes initiatives. Entre autres choses, atteindre les liber-
tés démocratiques de base, avancer dans la libération des
prisonniers, ré-oxygéner la construction et l'articulation
nationale, fortifier l'offensive politique au niveau interna-
tional et inciter la négociation politique.
La stratégie que l'on est en train de dessiner possède des
cadres de travail bien définis.
Elle demeure pratique et offre la possibilité d'avancer con-
crètement. Les principales lignes de travail consistent à
accumuler des forces favorables à l'indépendance et la
souveraineté, à fortifier les dynamiques favorables aux
libertés démocratiques, en faveur des prisonniers, en pro-
jetant les instruments et les initiatives qui développent le
processus démocratique, - concrètement, pour pousser à
la négociation politique-, et renforcer la Gauche
Abertzalisme. Développer et concrétiser tout cela accapa-
rera le travail théorique et pratique des prochains mois.
Nous considérons que le processus démocratique et la
construction nationale doivent aller de pair. Dans l'actue-
lle phase politique, la construction nationale a une grande
importance.
De fait il suppose être un instrument pour l'accumulation
de forces et de direction politique pour le processus. Il faut
situer la construction nationale dans le changement de
cycle. Le changement de cycle doit permettre à la cons-
truction nationale d'avancer de façon plus efficace, unis-
sant le travail du mouvement populaire et celui des insti-
tutions. Dans notre analyse la construction nationale
entrerait également dans une nouvelle phase.
La Gauche Abertzale veut ajouter au changement politi-
que, le changement social, parce qu'elle considère que 7
leur union constitue une garantie pour les deux. Un chan-
gement politique sans changement social serait claire-
ment insuffisant, et le changement social sans change-
ment politique ne se réaliserait pas. En définitif, en plus de
faire face à l'injustice qu'impose le système néolibéral, la
lutte de gauche que nous devons développer orienterait le
changement politique et favoriserait l'accumulation de
forces des travailleurs et des secteurs populaires. Dans ce
sens le travail que doit réaliser le mouvement syndical est
fondamental.
Les indépendantistes de gauche souhaitent le change-
ment social, et pour cela, entre autres choses, la force du
mouvement populaire demeure indispensable. Nous
devons renforcer la pratique féministe, le travail des agents
culturels et la vigueur du mouvement juvénile, et devons
créer une nouvelle politique linguistique et un nouveau
modèle éducatif, Pour avancer dans ce pari politique, à l'a-
venir la Gauche Abertzale devra disposer d'une formation
politique légale pour être présent dans les institutions,
tout comme pouvoir participer aux réunions entre les par-
tis politiques. C'est pourquoi, la dite formation devra, quel-
que soit son nom et sa structure légale, être la référence de
tous les indépendantistes et socialistes du Pays Basque
dans la pratique politique, de masse, idéologique et insti-
tutionnelle à développer dans le processus démocratique.
La Gauche Abertzale - Au Pays Basque, février 2010.
 Acoord pour des issues
DEMOCRATIQUES SUR LE CHEMIN
DE LA PAIX
Le Pays Basque a la possibilité d’orienter le conflit politi-
que et la confrontation violente qu’il connait vers un pro-
cessus de paix et de solutions démocratiques.
En ce sens, cela doit d’être le début d’une situation sans
violence et d’une normalisation politique, fondé
sur le contenu suivant :
• La déclaration d’ETA d’un cessez-le-feu permanent,
unilatéral et vérifiable par la communauté internatio-
nale comme l’expression de la volonté d’arrêter définiti-
vement son activité militaire.
• La reconnaissance des droits civils et politiques per-
mettant l’activité et le développement de tous les pro-
jets politiques, considérant que la reconnaissance et la
protection sans exception aucune des droits de
l’Homme est la base fondamentale de ceux-ci. En ce
sens, nous exigeons l’abrogation de la loi des Partis
Politiques constituant l’instrument juridique légiti-
mant la violation de ces droits fondamentaux.
8 nous demandons à ETA et au gouvernement espagnol de
• La disparition de tous les formes de menaces, pres-
sions, persécutions, détentions et tortures quelque soit
la personne et quelque soit son activité ou idéologie
politique.
• L’arrêt de la politique pénitentiaire qui est menée à
l’encontre des prisonniers et prisonnières politiques
basques, définie jusqu’à maintenant comme une partie
de la stratégie de confrontation. L’adoption des mesures
suivantes permettant un premier pas vers le chemin de
l’amnistie et donc vers l’absence totale de prisonniers,
de prisonnières et éxilé(e)s dus au conflit politique :
- Le rapatriement des prisonniers/prisonnières
Pays Basque finalisant ainsi l’usage de la dispersion.
- La libération des prisonniers/prisonnières atteints
de graves maladies.
- La concession de libertés conditionnelles à tous les
prisonniers et prisonnières en détention préventive
durant les procédures carcérales.
- La concession de libertés conditionnelles à tous les
prisonniers et prisonnières condamnés qui ont purgé
l’intégralité de la peine légale.
- L’application sans restriction et critères arbitraires
de tous les droits pénitentiaires légalement établis.
• La révision des procès judiciaires intentés contre des
personnes et des structures issues d’une activité politi-
que.
• L’abrogation des juridictions et des tribunaux spé-
ciaux ainsi que la fin des mises en incommunication.
• La levée des mesures restrictives et/ou interdites
imposées aux militants indépendantistes au sein de
leur activité politique.
• Solliciter la participation des acteurs internationaux
avec pour objectif de constater le respect des droits de
l’Homme.
En tant qu’organisations politiques, syndicales et sociales
prendre les décisions et les initiatives qui permettront la
mise en place d’un processus de cette nature, un proces-
sus non-violent avec des garanties et la normalisation
politique progressive.
De cette manière, en tant que partis signataires nous con-
sidérons qu’un processus de ce type, où auront été conso-
lidés processus de paix et normalisation politique néces-
saires, sera indispensable pour activer un espace de dialo-
gue et de négociation politique dans le but d’aborder l’in-
tégralité des causes et des conséquences du conflit.
Cet espace de dialogue et de négociation politique doit
s’inspirer des principes suivants :
• Le dialogue et la négociation à tous les niveaux seront
régis par les compromis établis dans les dénommés
« principes Mitchell » :
- Usage de moyens exclusivement démocratiques et
pacifiques pour résoudre les questions politiques.
- Opposition à quiconque essayer d’utiliser la force ou
des menaces afin d’influencer le cours ou les résul-
tats obtenus durant la négociation multipartite.
 - Promesse de respecter les termes de l’accord qui
sera finalisé durant les négociations multipartites, de
même que de ne recourir qu’à des méthodes exclusi-
vement démocratiques et pacifiques pour traiter de
toute modification concernant n’importe quel aspect
de ces accords.
• Le processus de négociation pour l’obtention d’ac-
cords politiques sera le domaine exclusif des acteurs
politiques, syndicaux et sociaux.
• Les contenus du dialogue politique viseront un accord
incluant toutes les cultures politiques du pays, porte-
ront tant sur la reconnaissance de la réalité nationale
basque que du droit à décider, et assureront le respect e
la volonté populaire démocratique sur le modèle juridi-
co- institutionnel interne, de même que sur les types de
relation avec les états, ceci incluant l’indépendance.
• La nécessité d’une reconnaissance, d’une réconcilia-
tion et d’une réparation de toutes les victimes issues du
conflit politique et de la réalité des multiples violences.
Les femmes et les hommes du Pays Basque, dans un cadre
où se reconnaît l’égalité de leurs droits, seront des acteurs
actifs dans l’engagement vers la démocratisation et la
paix mentionnées dans cet accord.
Tous les postulats abordés dans ce document sont assu-
més par les organisations politiques, syndicales et socia-
les signataires, de même qu’elles s’engagent à favoriser
leur réussite, à les transmettre aux acteurs internatio-
naux et à travailler de manière à obtenir le plus large sou-
tien populaire de la société basque. Il faut que la citoyen-
neté se porte comme la seule garante de l’évolution du
processus de solution démocratique.
Au Gernika, le 25 Setembre 2010

Communiqué de presse de LAB

Concernant le dernier communiqué de l’ETA

Le communiqué que l’ETA a émis dimanche, par le biais duquel l’organisation fait connaître sa résolution de « ne plus mener d’ac-
tions armées offensives » dans le but de construire un processus démocratique, représente un progrès notable et positif dans la cré-
9
ation d’une nouvelle scène politique au Pays basque. Cette décision, étayée par la disparition d’actions armées, est sans doute une
belle impulsion qui animera la politique de la Gauche Abertzale et qui obligera aux différents agents concernés de se définir.

Le changement du cycle politique qu’exige et réclame le Pays basque est en route, en marge de l’immobilisme des États et de leur
obstination à déployer des stratégies de guerre et de répression. Les acteurs politiques, syndicaux et sociaux du Pays basque sont
les responsables de mener à bien ce processus, et il est temps pour chacun d’eux d’assumer ses obligations sans attendre les mou-
vements des autres. Cela ne dépend que de nous.

Nous ne pouvons ignorer, compte tenu des réactions face au communiqué et à la décision de l’ETA, que la nulle disposition de l’État
espagnol et de tous les acteurs impliqués dans sa stratégie vient s’ajouter au bilan néfaste d’une année au cours de laquelle ils n’ont
cessé de saboter toute initiative visant une solution basée sur le dialogue et la négociation. Ils ont tort. La société basque exige des
solutions, réclame le droit de décider librement de son avenir, ainsi que des négociations et des accords. Les États ne peuvent pas
manifester de l’indifférence face à cette revendication, nous leur exigeons donc de respecter un minimum de principes démocrati-
ques indispensables pour parcourir ce chemin.

L’ensemble de la Gauche Abertzale doit et compte aborder les engagements et les démarches nécessaires pour parvenir à un nou-
veau contexte politique qui permette de constituer un État basque démocratiquement.

LAB s’engage à impliquer toutes ses forces pour atteindre cet objectif. Nous demandons également à la classe ouvrière de se com-
promettre activement dans l’obtention d’une scène démocratique. Le changement politique et social dont ont besoin les travailleurs
du Pays basque est possible et c’est le moment de le concrétiser.
 BICENTENARIO
Gaizka Rial (Délégué du métal)
Nous nous trouvons dans une offensive belligérante con-
tre l'émancipation de l'Amérique :
des bases militaires nord-américaines qui pointent juste-
ment du doigt les processus d'intégration du Continent
(UNASUR et ALBA), l'attaque permanente de Cuba et du
Vénézuela pour faire plier la volonté libératrice des peu-
ples, le coup d'état en Honduras, la « militarisation huma-
nitaire d'Haïti », la situation politique et nationale en
Guadeloupe, Martinique et d'autres « territoires d'Outre-
mer » sous la domination française et bien d'autres évé-
nements encore.
200 ans après le début de la lutte pour l'indépendance de
« Notre Amérique », le colonialisme est toujours une réa-
lité économique, sociale et culturelle.
C'est pourquoi l'État espagnol tente actuellement de
10 reconquérir l'Amérique latine, dans ce cas par la voie éco-
nomique, et ce depuis le début des années 90 avec la pré-
sence de ses banques, entreprises d'énergie, de télépho-
nie, de tourisme… et souhaite affronter la commémora-
tion des événements importants de son histoire : les 200
ans d'invasion de la péninsule par Napoléon, la guerre
d'indépendance contre la France, (1808 à 1813), la
Constitution de Cadix de 1812, la restauration monarchi-
que de 1813… Ce que, en même temps, le gouvernement
espagnol a omis de signaler dans son discours officiel,
c'est la commémoration des 200 ans du soulèvement et
de la perte de ses colonies en Amérique, l'époque de la
colonisation et la disparition de 70 % de la population
locale. Depuis le début, on constate l'intérêt espagnol à
manipuler le bicentenaire en mettant en œuvre tous ses
mécanismes de pression diplomatique, d'influence politi-
que et de persuasion économique.
La colonisation de l'Amérique fut une « première mondia-
lisation » en raison de l'extension qu'a supposé l'expan-
sion du capital commercial, dont les richesses ont servi à
couver le système capitaliste.
Dans les colonies espagnoles, le recours à l'enrichisse-
ment rapide des colonisateurs reposait sur l'industrie
minière ; cette dernière étant épuisée, on devient alors
fonctionnaires et militaires au service de l'Espagne. Leurs
enfants, créoles, doivent se conformer à l'exploitation
agricole où l'enrichissement était plus lent et donnait lieu
à des intérêts contraires. La rivalité entre les Créoles et les
Espagnols, ainsi que l'établissement d'un régime de
monopoles et d'entraves, rendant difficile le développe-
ment de l'économie américaine, de son commerce et frei-
nant la croissance de sa capacité de production relègue la
position des Créoles. Le dilemme était de savoir qui gar-
dait les « encomiendas » (regroupement sur un territoire
soumis à l'autorité d'un conquistador) des natifs et des
esclaves.
Ce sont les mesures économiques à caractère libéral, qui
s'implantaient au XVIIIe siècle, celles qui stimulèrent chez
la bourgeoisie créole un désir croissant de liberté com-
merciale.
La Déclaration d'indépendance des États-Unis
d'Amérique et la Révolution française ont alors agi
comme des modèles.
Les Pays-Bas avaient secoué le joug espagnol en 1579 et
devenaient un modèle de développement économique.
L'indépendance en Amérique s'est vue favorisée par la
conjoncture politique et idéologique traversée par
l'Espagne. La suppression de la dynastie des Bourbons et
l'invasion des troupes de Napoléon, qui furent à l'origine
de la guerre de l'indépendance espagnole, ont rendu pos-
sible l'apparition de conseils qui se constituèrent dans les
principales villes américaines. Les conseils, qui commen-
cèrent à reconnaître l'autorité royale (Ferdinand VII), ont
favorisé le lancement du processus indépendantiste. La
confluence de la pensée libérale créole (influencée par le
libéralisme français, anglais et nord-américain), la pensée
illustrée du XVIIIe siècle et le développement des théories
révolutionnaires avec la poussée des masses populaires
insurgées se configurera durant la première décennie du
XIXe et culminera dans un grand mouvement indépen-
dantiste. Cette période d'offensive anticolonialiste com-
mence à la fin du XVIIIe siècle et culmine avec la mort de
Bolivar en 1830.
La réaction absolutiste de 1814, produite par le retour au
trône espagnol de Ferdinand VII et le retour au système
colonialiste (le pouvoir espagnol aux mains de la monar-
chie et de l'aristocratie comme classe parasitaire), fut un
élément clé provoquant un changement radical des faits
et de la guerre ouverte pour l'indépendance. Les Créoles,
qui ne ressentaient pas le besoin de s'émanciper, puis-
qu'ils étaient libres et esclavagistes et qu'ils disposaient
du pouvoir économique de la colonie, se servirent des
contradictions internes espagnoles pour accéder au pou-
voir politique, en échange d'une relation néo-coloniale.
Ils arrivent au pouvoir avec leur propre modèle d'exploita-
tion, sans participation populaire et sans promouvoir de
changements sociaux qui attenteraient à leur propre
domination, trahissant et assassinant ceux qui furent les
libérateurs les plus conséquents. Ils créèrent des alliances
entre les oligarchies locales et le colonialisme-impérialis-
me anglais et des États-Unis d'Amérique, qui ont mené à
la situation actuelle de soumission à la logique néolibéra-
le et de privatisation.
Les principales victimes du processus colonisateur furent
les populations indigènes avec la perte de l'ensemble de
leurs droits et qui seraient la base de l'exploitation colo-
niale pour maintenir la monarchie parasitaire. Le proces-
sus indépendantiste est précédé par des insurrections
indigènes du XVIIIe siècle : « comuneros » (partisans des
communes en Castille, de l'indépendance en Colombie et
au Paraguay) du Paraguay (1717-1735) et de Colombie et du
Vénézuela (1781), Tupac Amaru au Pérou (1780-1781)… Les
Créoles se sont alliés à l'absolutisme espagnol pour les
écraser. La crainte, à l'exemple de l'indépendance d'Haïti,
convertie le 28-11-1803 en la première république de noirs
libres d'Amérique, pesait beaucoup dans l'attitude des
classes dominantes.
Par conséquent, malgré les heurts fréquents entre la cou-
ronne espagnole et les Créoles, ces derniers n'ont rompu
avec l'idéologie de l'unité nationale espagnole que lors-
que la crise de l'empire est devenue irréversible.
L'hégémonie de l'empire espagnol se basait sur une
structure de domination féodale, alors qu'en Europe la
transition vers un système capitaliste avait déjà com-
mencé.
Pendant ce temps, la conquête du Pays basque par l'État
espagnol fut parallèle dans le temps à la conquête amé-
ricaine. En 1512 a lieu la conquête militaire du royaume de
Navarre, suivie de l'incorporation de la couronne de
Castille en 1515.
La consolidation postérieure des états espagnol et fran-
çais marque l'élimination des droits historiques du peu-
ple basque. Cette uniformité centralisatrice est contestée
avec un grand nombre de révoltes au Pays basque (con-
nues sous le nom de matxinadak).
L'irruption des États-Unis comme puissance et leur soif
d'hégémonie et d'expansion donnent lieu à la Doctrine
Monroe (1823-« L'Amérique pour les Américains »). À par-
tir de 1845, ce sera la politique officielle dans le rapport
entre les États-Unis avec l'Amérique latine. Le même
schéma de base de l'actuelle ALCA (zone de libre-échange
des Amériques).
En 1948, dans le cadre de l'hégémonie des États-Unis sur
l'Amérique latine, est créée l'Organisation des États amé-
ricains (OEA) pour la subordonner aux intérêts des États-
Unis et du capitalisme. Il s'agissait d'un mécanisme juri-
dique pour mettre en pratique la Doctrine Monroe.
C'est avec le triomphe de la révolution cubaine et le déve-
loppement guérillero sur le continent, basé sur des idées
marxistes, que l'on commence à parler de « la 2de indé-
pendance ».
Aujourd'hui, nous nous trouvons avec une Amérique lati-
ne avec plus d'influence politique indigène que jamais et
avec des gouvernements étant clairement orientés à gau-
che dans un grand nombre de pays, qui font pour la pre-
mière fois dans leur histoire un effort pour obtenir une
indépendance économique réelle, basée sur la justice
sociale. Les efforts pour atteindre cet objectif avec les
outils et les armes dont on dispose actuellement, essen-
tiellement l'ALBA qui est aujourd'hui le moteur de l'inté-
gration américaine, de la décolonisation et en faveur de la
seconde indépendance. Pour obtenir la garantie de se
développer dans le cadre du fameux Socialisme du XXIe
siècle.
Il y a 2 chemins dans l'Amérique du bicentenaire : pour-
suivre l'intégration servile à l'économie et aux intérêts
des États-Unis à travers l'ALCA et les TLC, ou s'intégrer à
la solidarité réciproque que représente l'ALBA, en trans-
formant les modes de production et en créant de nou-
velles façons d'organiser les relations sociales ; en cré-
ant, à partir de l'espoir reflété par le bicentenaire de l'in-
dépendance, plus d'organisation et d'unité, pour cette
lutte pour la dignité et la souveraineté. Et aujourd'hui,
avec les dates d'anniversaires des indépendances, on
assiste à la naissance d'un grand mouvement de prise
de conscience politique et historique qui prétend résou-
11
dre les problèmes immédiats, quotidiens du peuple
modeste, de la classe ouvrière d'Amérique latine et des
classes populaires.
Pendant ce temps, l'État espagnol corrompu continue d'ê-
tre la prison des peuples, hier comme aujourd'hui (c'est le
cas ici pour le Pays basque, la Catalogne ou la Galice).
C'est pour cette raison qu'ils n'hésitent pas à exercer la
répression contre les aspirations souveraines et à refuser
le droit de décider de leur avenir aux différentes nations
opprimées par l'asphyxiant centralisme espagnol. Le
grand retard social de l'état espagnol, avec les pires indi-
ces de l'ensemble de l'Union européenne en dépense
sociale, fraude fiscale, chômage, conditions de travail,
déficit démocratique et répression, nous montre le
besoin pressant de nous libérer de son joug. Un état ser-
vile aux lois des puissants et agressif contre la classe
ouvrière.
L'Amérique latine a crié « Indépendance » il y a 200 ans et
a mis les moyens pour se débarrasser de l'occupation
espagnole. Aujourd'hui, la lutte a pour objectif d'obtenir
un modèle social plus juste sur le continent, basé sur le
socialisme. Dans le cas du Pays basque, nous avons égale-
ment besoin de notre indépendance, en définitive, un
changement de modèle politique, ceci afin d'obtenir un
changement social réel nous orientant vers le socialisme.
 Carina Maloberti
Secrétaire-organisatrice d'ATE-CTA (Argentine)
“NOUS DEVONS RÉCUPÉRER
beaucoup d'entreprises et nationaliser la banque”
Carina Maloberti, secrétaire-organisatri-
ce du syndicat ATE, membre de la CTA
d'Argentine, était au Pays Basque en
juin dernier, invitée par LAB. Dans cet
entretien, elle raconte comment, durant
les dernières décennies, le néolibéralis-
me a démantelé les services publics,
augmentant ainsi la pauvreté et le chô-
12
mage dans son pays. Elle critique le fait
que l'assistance sociale du
Gouvernement dissimule une soumis-
sion aux intérêts de capitaux étrangers.
Pour y faire face, elle propose de récu-
pérer la souveraineté nationale et l'indé-
pendance économique.
Durant sa visite, elle a expliqué la situation que traverse
l'économie et le marché de l'emploi de son pays. Elle
reconnaît que l'Argentine vit une situation compliquée.
Cette semaine, après une discussion entre les patrons, les
syndicats et le Gouvernement argentin, le salaire mini-
mum des travailleurs s'est élevé à 1 740 pesos (336 euros)
à partir de septembre et 1 840 pesos (355 euros) depuis
février, mais les problèmes structurels persistent.
Qu'est-ce que la Centrale des travailleurs
d'Argentine (CTA) ?
Il s'agit d'une centrale syndicale d'un nouveau genre. Elle
est née au début des années 90, lorsqu'on entrevoyait les
privatisations et les fermetures d'usines que l'on a aper-
çues dans le projet néolibéral, mais elle redéfinit un outil
pour la classe ouvrière, qui admet les mouvements
sociaux, les chômeurs, les précarisés et pas uniquement
les travailleurs ayant un emploi direct. Elle s'étend sur
l'ensemble du territoire argentin et compte deux millions
d'affiliés. Je suis secrétaire-organisatrice du conseil exécu-
tif de l'Association des travailleurs de l'État (ATE), syndicat
de base, qui dispose de 200 000 affiliés et 635 sections.
Nous avons 85 ans de vie. Ce syndicat est né avec les pre-
miers émigrants socialistes et anarchistes.
Le modèle néolibéral s'est-il établi en
Argentine en raison des dictatures passées ?
À mes compagnons de LAB, j'ai expliqué l'expérience que
nous avons engrangée des années 90 jusqu'à fin 2001 :
l'étape la plus portée aux nues du néolibéralisme dans
notre pays. Elle possède quelques similitudes avec ce que
vous vivez actuellement de ce côté de l'Atlantique. Nous
souffrons de ce modèle néolibéral, d'ajustement après
ajustement, de la démolition de l'État, des privatisations
des services publics, des zones stratégiques détenues par
les monopoles étrangers. Il a pénétré en force grâce à l'a-
vancée facilitée par les dictatures de 1955 jusqu'à la der-
nière en 1976, à l'origine de la disparition de plus de 30
000 compagnons. La dictature a ouvert la voie vers le
modèle des années 90, symbole de pillage et de domina-
tion de l'économie et de la société. J'ai également indiqué
qu'il y a eu pas mal de résistance syndicale et ouvrière face
aux dictatures et lors de la naissance de la démocratie for-
melle en 1983. C'est ainsi que le chômage a augmenté.
Nous avons trois générations qui vivent d'assistanat, sans
cette culture du travail, les métiers se perdent.
D'après certaines informations, on indique
même qu'en Argentine une partie de la popu-
lation souffre de la faim. Est-ce le cas ?
Oui. L'autre problème dont nous souffrons, c'est la faim.
Aujourd'hui, dans notre pays, un mouvement est en train
de se renforcer en faveur de la souveraineté alimentaire,
car un pays comme le nôtre où la matrice économique
n'est pas passée par une étape de modification, autorise
actuellement le pillage de nos ressources naturelles, alors
que la faim et l'exclusion ne font qu'augmenter. Dans ce
cas, nous sommes d'accord avec la défense de la souverai-
neté alimentaire parce que nous avons perdu de grandes
étendues de terre et de cultures, alors qu'il est évident que
des enfants continuent de mourir de faim au nord de
l'Argentine. Nous avons une dépendance élevée vis-à-vis
du soja transgénique. On nous prend nos nutriments des-
tinés au fourrage en Europe, alors que nos enfants souf-
frent toujours de dénutrition. Les caisses se sont accrues
avec les exportations, mais l'assistanat y est encore très
fort. Il existe des palliatifs, mais les problèmes de fond
n'ont pas changé en Argentine.
Quel est le taux de chômage dans votre pays ?
Nous avons atteint 25 % en 2001 et cela a baissé jusqu'à
stagner entre 10 % et 11 %. Ces pourcentages ne sont
pas réels car les plans d'assistance comptent comme
part de l'occupation. Cependant, cela ne correspond pas
à une augmentation constante du travail réel. En
Argentine, il existe beaucoup de précarité et beaucoup
de travail temporaire. La jeunesse et les femmes sont
les tranches les plus exclues du régime du travail et de
la possibilité d'accès à un emploi. Nous n'atteignons
pas non plus des niveaux dignes de revenus pour les
citoyens, depuis ces époques néfastes d'ajustements et
de privatisations, les pensions de retraite ne se sont pas
améliorées.
Les multinationales espagnoles telles que
Santander, BBVA -d'origine basque- ou
Repsol, sont extrêmement liées à ce processus
de privatisations qui s'est produit dans votre
pays.
Elles ont fait partie de la crise de ces dernières années
dans l'éclatement du « corralito », où la tranche de classe
moyenne d'Argentine est sortie dans la rue suite à la
rétention des fonds face à la crise financière. L'économie
réelle est entre les mains des capitaux étrangers. Le systè-
me financier, notre secteur bancaire, toujours privatisé,
notre banque centrale est à leur disposition. Les banques
espagnoles ont joué un rôle et ont fait partie du pillage.
La crise actuelle affecte t-elle davantage la
classe ouvrière argentine ?
Le recul est caché par un assistanat très fort, mais aucun
emploi réel n'est créé. Nous avons assez reculé au sujet de
la dette extérieure. Avec la nouvelle étape de gouvernan-
ce, la dette extérieure était pour nous une affaire quasi
close suite aux différents rapports indiquant qu'il s'agis-
sait d'une dette illégitime et immorale qui avait été con-
tractée par des gouvernements non élus par le peuple 13
durant les dictatures militaires. Les différents gouverne-
ments démocratiques ont assumé que la dette extérieure
était illégitime. Mais, actuellement, pour se libérer de ces
pressions du FMI et d'autres organismes qui n'ont fait
qu'accentuer notre crise économique, ils ont restitué ces
principes et nous disent que nous devons payer cette
dette. Avec l'effort de tout un peuple, qui s'est relevé et a
augmenté les caisses du trésor national, elles sont aujour-
d'hui destinées au paiement de la dette extérieure et, très
bientôt, ces ressources ne vont plus être en notre posses-
sion pour pouvoir modifier à la racine nos structures éco-
nomiques et politiques au service de la population.
Le FMI et d'autres organismes internationaux
sont-ils des pilleurs ?
Oui. Toujours. Pas de façon aussi ouverte là-bas qu'ici avec
les ajustements. Là-bas, plus sournoisement, on continue
à piller les réserves et les richesses d'Argentine. Dans
notre pays, les paiements de la dette en cette époque de
crise financière nous touchent parce que des crédits sont
proposés. Nous continuons à nous endetter, nous ne som-
mes pas un pays indépendant d'un point de vue économi-
que, même si nous possédons d'énormes ressources.
 ¿Que propose ATE-CTA face à ce problème
aussi grave et croissant qui se produit actue-
llement ?
Par le passé, nous sommes venus réclamer, depuis la
Centrale des travailleurs d'Argentine, la récupération de la
souveraineté nationale, l'indépendance économique.
Nous avons un pays qui possède des ressources dont nous
devons tirer profit. Nous devons nationaliser les entrepri-
ses qui ont été privatisées. Je suis désolée de le dire ici où
il y a beaucoup d'entreprises reposant sur un lobby de l'É-
tat espagnol, mais nous devons récupérer et nationaliser
le secteur bancaire, et pouvoir nous détacher du modèle
de production agro-exportateur basé sur le soja transgé-
nique. Nous devons récupérer nos systèmes de cultures
par rotations et notre pêche directe. La pêche en
Argentine ne foule pas le sol argentin, elle est directement
embarquée sur des bateaux-usine et passe son chemin.
Nous avons besoin d'économies complémentaires avec
d'autres pays ayant besoin de nos matières premières, et
des exportations de nos matières premières, encourager
une industrie nationale qui renouvelle de l'emploi réel, qui
prenne en considération le développement et investisse
dans la consommation propre et les revenus de chaque
travailleur, c'est-à-dire l'investissement dans la hausse des
salaires, misant sans crainte et obstacles internationaux
sur un développement et une indépendance.
14 Croyez-vous que le Gouvernement argentin
cède aux intérêts économiques ?
Il y a un double discours. Elles sont toujours aussi latentes,
ces années 45 et 55 du protectionnisme et du développe-
ment fort keynésien où la participation de la classe
ouvrière avait été assez importante. On joue avec cette
mémoire comme si l'on appliquait ce protectionnisme et
ce développement de l'économie nationale, mais cette
même matrice est une fraude dont nous souffrons. En
même temps, cette fraude politique, ce mensonge qui se
maintient à partir de l'assistance sociale, génère un mou-
vement social de chômeurs qui font pression pour créer
un projet propre et authentique. Tôt ou tard, le
Gouvernement devra accéder au dialogue avec les forces
qui proposent une sortie réelle de la production, ou bien il
ne sera pas à la hauteur. Mais, étant donné qu'il est sou-
mis aux capitaux et aux intérêts monopolistes étrangers,
ce sera un Gouvernement de plus qui passera comme les
autres. C'est un défi : soit il accorde sa confiance aux tra-
vailleurs au chômage et aux mouvements sociaux, soit il
continue à feindre l'ignorance.
Continuez-vous à regarder ce qui se passe à
l'extérieur ?
D'un point de vue économique, oui ; d'un point de vue
social et pour ce qui a attrait aux droits de l'Homme et au
respect des procédures des dictatures, le chemin semble
bien parti ; mais les droits de l'Homme se sont également
les logements, la santé, l'éducation, le travail, qui ne sont
pas respectés. C'est ce que l'on exige en cette période de
crise.
Comment considérez-vous les changements
qui se produisent actuellement en Amérique
latine dans des pays tels que le Vénézuela, l'É-
quateur, la Bolivie ou le Brésil ?
Ils aident la région, font pression sur notre Gouvernement
afin que ce dernier prenne des décisions plus réfléchies.
Ces mouvements qui se sont livrés au processus de trans-
formation de leurs constitutions, comme la Bolivie, nous
aident à ne pas nous contenter du minimum. La région
fait en sorte que l'on puisse aller plus loin, au bout des
modifications sociales et politiques, vers cette souverai-
neté dont nous avons besoin. Par le passé, il y a toujours
eu un projet d'émancipation régional, qui se ravive et, évi-
demment, dans nos démocraties formelles, les bipartis-
mes commencent également à faire des vagues, parce
que cette région américaine resurgit, tel que l'on peut le
constater dans les interventions et les débats.
En Argentine, on avance par rapport à la ten-
dance développée par ces pays de la zone ou
reste t-il toujours beaucoup à faire ?
L'Argentine est-elle en train de sortir de sa
léthargie ?
En 2003, il existe désormais cette intention de recompo-
ser le bipartisme en Argentine. Malheureusement, le
Gouvernement national a pu et a assumé le fait de se bat-
tre avec de nouvelles forces au-delà des partis tradition-
nels, mais, finalement, il est resté dans un parti tradition-
nel. Mais il y a bien une chose qui est claire pour nous :
que cela n'empêche pas d'articuler de troisièmes ou qua-
trièmes forces électorales pour faire changer cette situa-
tion. Cela va permettre une diversité, dans ce cas le tour-
nant qui se produit actuellement dans toute cette région
d'Amérique latine aide et, par ailleurs, pose un débat inté-
ressant au niveau interne. C'est ce que vous vivez égale-
ment ici, des processus de changement. Nous vivons de
près ce qui se passe au Pays Basque, la qualité des acteurs
syndicaux, politiques et sociaux nous aide dans ce débat.
Entretien réalisé par le journaliste Juanjo Basterra et publié dans le
quotidien « Gara » le 8-08-2010

LE GROENLAND
face au défi de
décider de son avenir
Igor Urrutikoetxea (Secrétaire des
Relations internationales de LAB)
Une année de plus où l'été commence
en Kalaallit Nunaat (Groenland), et où
le soleil de minuit rend toujours plus
beau le glacier d'Ilulissat, le plus grand
glacier au monde de l'Antarctique.
Nous nous sommes rendus en
Groenland invités par le syndicat gro-
enlandais SIK, afin de connaître de pre-
mière main la réalité économique,
sociale, syndicale et également politi-
que de cette nation sous l'administra-
tion du Danemark.
Le Groenland a abandonné la
Communauté européenne (de nos
jours, UE) en 1985, même si dans cer-
tains aspects tels que le commerce, on
applique la législation européenne et
même s'il fait partie de l'espace
Schengen.
La population du Groenland est consti-
tuée de 58 000 habitants, dont 85 %
sont d'origine inuit. Il faut souligner
que tous les Inuits ne vivent pas en
Groenland, puisque ce peuple est dis-
persé au Canada, en Alaska et en
Russie, en plus du Groenland.
Les 15 % restants des habitants groen-
landais sont d'origine danoise. Environ
50 000 personnes parlent le
Kalaallisut, le dialecte groenlandais de
la langue inuit qui, de nos jours, est,
avec le danois, la langue officielle,
même si, durant plusieurs décennies, il
a été relégué au second plan.
Cette situation a changé grâce à la
pression populaire qui, le 25 novembre
2008, a débouché sur l'approbation de
l'élargissement du statut d'autonomie
du Groenland par référendum. Dans ce
dernier référendum, la majorité de la
population a vu d'un bon œil le déve-
loppement de l'autonomie, par l'acqui-
sition de plus grandes ressources éco-
nomiques, du contrôle sur les ressour-
ces pétrolifères, en établissant comme
choix l'utilisation de la langue groen-
landaise dans l'administration et les
services, tout en laissant également la
porte ouverte à la convocation d'un
référendum d'autodétermination dans
un futur relativement proche.
Ce référendum a été suivi de l'arrivée
au pouvoir, il y a un an, du parti indé-
pendantiste de gauche Inuit
Ataqatiggit (IA), qui défend l'exercice
du Droit d'autodétermination pour le
Groenland. IA compte 13 parlemen-
taires sur un total de 31 qui forment
le parlement, et gouverne en coali-
tion avec deux autres partis minori-
taires.
Le principal parti de l'opposition est le
social-démocrate Siumut, qui a perdu
les dernières élections après avoir gou-
verné durant trois décennies.
Actuellement, il compte 9 parlemen-
taires, et il dit également défendre le
droit de Kalaallit Nunaat de décider de
son avenir.
Dans la lutte pour la défense du droit
d'autodétermination du Groenland,
outre les partis politiques, le syndicat
groenlandais SIK (« Organisation des
personnes salariées »), notre hôte, qui
a été créé en 1956, joue un rôle très
important. Le syndicat le plus impor-
tant de ce peuple qui compte une affi-
liation de presque 10 000 personnes. Il
s'agit d'une organisation dans laquelle
se rejoignent différentes sensibilités
politiques, mais dont l'action syndicale
pivote sur trois axes fondamentaux
depuis la décennie des années 90, lors-
qu'elle a commencé à miser sur un
syndicalisme socio-politique : défense
des droits de la classe ouvrière, défen-
se et exigence de l'application du droit
d'autodétermination et exigence de
prévalence de la langue groenlandaise
dans tous les secteurs de la vie écono-
mique et sociale de l'île.
La majorité de la population défend
clairement l'autodétermination pour le
Groenland et, notamment, son indé-
pendance. Cependant, dans une nation
comme celle-ci, où le climat condition-
ne aussi fortement tous les aspects de
la vie et la propre économie du pays, le
débat se centre essentiellement sur
l'actuelle viabilité économique d'un
éventuel Groenland indépendant.
Ainsi, le Groenland a un taux de chô-
mage à 6 % et une économie forte-
ment subventionnée par l'État danois
qui, chaque année, injecte à son éco-
nomie plus de 400 millions d'euros (8
000 euros par habitant), et la pêche
représente 80 % des exportations. De
plus, le degré de développement de
l'île est très élevé.
Cependant, cette terre est couverte de
glace, qui concentre 7 % de l'eau douce
du monde, possède d'immenses res-
sources minérales telles que le char-
bon, le zinc, le gaz et même du pétrole,
qui ajoutées aux revenus générés par
le tourisme, sont considérées comme
les principales sources de revenus éco-
nomiques face à une éventuelle indé-
pendance du Danemark.
Et, paradoxalement, tel que nous l'ont
expliqué les compagnons de SIK, « le
changement climatique qui est une évi-
dence et qui nous préoccupe tant en
tant que Peuple, au cas où cela conti-
nuerait à ce rythme, va générer dans un
futur assez proche des conséquences
sociales et économiques très grandes ».
L'élimination progressive de la plaque
de glace perpétuelle qui couvre 85 %
de l'île, ajouté au réchauffement de
l'eau, a fait que certaines espèces de
poissons aient vu leur nombre se
réduire radicalement et, par ailleurs,
rendra plus facile dans un futur l'ex-
ploitation des ressources minérales
(qui existe aujourd'hui, mais pas à
grande échelle). Il en va de même avec
le pétrole, car s'il est actuellement plus
facile de travailler dans ces eaux, des
entreprises telles qu'Exxon Mobil ou
Chevron, entre autres, sont déjà en
train d'effectuer des explorations, avec
l'objectif ambitieux de commencer à
exploiter ces ressources dans une
dizaine d'années.
Actuellement, le débat politique se
concentre, surtout, sur quand exercer le
droit d'autodétermination. Le parti
gouvernant dit qu'il est nécessaire d'at-
tendre quelques années de plus, allé-
guant que le futur économique du pays
n'est pas sûr, mais le syndicat SIK et
d'autres organisations répliquent qu'il
est nécessaire de décider du futur poli-
tique en tant que Peuple le plus tôt
possible, en faisant pour cela l'acquisi- 15
tion de tous les outils juridiques et poli-
tiques, afin de pouvoir commencer dès
maintenant à garantir un développe-
ment économique, social, politique et
culturel équilibré et respectueux de la
réalité du territoire ayant la plus faible
densité de population de la planète.
Tout comme au Pays basque, le débat
pour décider de l'avenir est d'actualité
au Groenland. Contrairement à l'État
espagnol pour le cas basque, l'État
danois a affirmé à plusieurs reprises
que, même s'il n'encouragera ou ne
soutiendra aucune indépendance
éventuelle de Kalaallit Nunaat, il res-
pectera ce qui sera décidé démocrati-
quement par la population. Par consé-
quent, la lutte se déroulera en termes
dialectiques et dans un cadre de jeu
démocratique.
Le glacier d'Ilulissat, qui est également
connu comme le glacier ayant la plus
importante mobilité au monde (19
mètres par jour), avance inexorable-
ment vers la mer, où il se transforme
en de grandioses icebergs. De la même
manière, le Groenland avance inexora-
blement vers son futur, où peut-être
qu'il se transformera assez tôt en un
État souverain de plus.
 « La Colombie est l'État qui assassine
le plus de syndicalistes »
Au mois de juin, nous avons reçu en Euskal Herria la visite de la Colombienne Luz Helena Ramírez, porte-parole du
mouvement MOVICE (Mouvement des Victimes de Crimes d'État), invitée par le syndicat LAB et la Fondation Ipar
Hegoa, pour dénoncer l'absence de démocratie en Colombie et pour nous faire connaître les violations massives
des droits de l'Homme dans le pays. Voici la conversation que nous avons eu avec elle.

Pouvez-vous nous fournir des détails pour nous

aider à comprendre la situation actuelle en
Colombie ?
La Colombie est un pays plein d'injustices. Il possède 46 millions
d'habitants et 75 % de la population vit en situation de pauvre-
té. La violation des droits de l'Homme est flagrante, structurelle.
De fait, au jour d'aujourd'hui, la Colombie est le pays ayant le
plus grand nombre d'assassinats de syndicalistes, de journalis-
tes et de défenseurs des droits de l'Homme. Tout cela, en raison
du terrorisme de l'État.

Pour comprendre cette situation, il faut préciser qu'en

Colombie, contrairement à d'autres endroits, la réforme agraire
16 n'a pas été menée à bien. Les terres appartiennent à quelques
personnes et, ces 50 dernières années, un changement très
brusque a eu lieu : la plupart de la population a abandonné les
zones rurales pour vivre dans les villes, par crainte des excès des
militaires et paramilitaires. Voilà l'explication. Par le passé, les
structures de pouvoir ont utilisé la violence et la peur pour enle-
ver les terres des paysans et pour détruire les mouvements
sociaux et politiques.

Pour justifier ses actes, le gouvernement de

Colombie prend pour excuse l'action de guérilla...
Sí, Oui, c'est cela. Mais nous devons faire comprendre qu'avant
que ne surgissent les guérillas historiques, le gouvernement uti-
lisait déjà la violence pour expulser les paysans de leurs terres et
les leur exproprier. C'est la loi même de 1964 qui a développé le
para-militarisme. Ce sont ces mêmes paysans qui ont créé des
groupes armés pour se défendre contre les agressions. C'est ainsi
qu'ont surgi les guérillas que nous connaissons aujourd'hui.
Depuis, pour justifier leur politique de « terre brûlée », ils ont uti-
lisé comme excuse la lutte armée et les plantations de coca.

Dans un tel contexte, le travail de votre association

Foto: MOVICE ne sera pas facile, n'est-ce pas ?
Regardez, aujourd'hui, 10 % des Colombiens sont des réfugiés
internes qui ont laissé derrière eux leurs terres,
leurs foyers et tout ce qu'ils avaient, à cause
des forces armées. Le chiffre des disparus
atteint 300 000 personnes et, il y a peu, on a
trouvé une fosse commune contenant 2 000
corps. Les chiffres sont effrayants, il s'agit de la
fosse commune la plus grande jamais trouvée
dans le monde. Cependant, les médias ne veu-
lent pas en parler, car cela ne les intéresse pas.
Le fait que huit mille personnes soient proprié-
taires de 85 % des terres ne repose pas sur la
bonne volonté.
Le syndicalisme est l'un des objectifs
du terrorisme d'État...
D'un point de vue historique, en Colombie, les
syndicats ont joué un rôle intégrateur pour les
autres luttes sociales ; par conséquent, elles
représentent un obstacle dangereux pour que
l'État mène à bien sa politique. Si l'on fait un
bref retour dans l'histoire, on peut dire que le «
baptême du sang » du mouvement ouvrier a eu
lieu en 1928 : lors de la grève contre la United
Fruit Company, l'armée a assassiné 1 600 pay-
sans et travailleurs. Voilà, jusqu'à maintenant,
la réponse qui a été donnée à la classe ouvrière.
Durant les années 30 et 40, de nombreux droits
syndicaux ont été obtenus grâce à d'importan-
tes luttes. Durant les années 50, sous l'excuse
de la « guerre civile », on a reculé en terme d'ob-
tention de droits syndicaux. Finalement, durant
les années 80, la lutte et le mouvement social
ont acquis beaucoup de force pour faire face
aux conséquences de la phase néolibérale du
mouvement capitaliste. C'est ainsi que le terro-
risme d'État s'est accru.
La stratégie de l'État a t-elle changé
depuis ?
En 1997 et 1998, le nombre d'assassinats d'acti-
vistes sociaux et syndicaux a commencé à se
réduire. Mais cela ne signifie pas pour autant
qu'on en ait fini avec la violence. Même si le
gouvernement d'Uribe le vend comme le pro-
cessus de démobilisation paramilitaire, durant
toutes ces années, les assauts des sièges du
mouvement syndicaliste, les persécutions, les
menaces et les fuites forcées se sont renforcés.
En outre, on peut dire que, d'une certaine
manière, dans le génocide contre le syndicalis-
me, on a atteint l'objectif, puisque toutes les
réformes, objectif du capitalisme, ont vu le jour.
D'un autre côté, nous ne devons pas oublier que
les pressions internationales ont également
été très importantes pour réduire le nombre
d'assassinats.
Quels sont les secteurs les plus tou-
chés ?
En Colombie, on utilise la violence politique
pour conserver les privilèges d'un petit nombre
de personnes et pour imposer, de manière crue-
lle, tous les facteurs dont le capitalisme a
besoin pour accroître sans cesse ses profits.
Voilà pourquoi ce sont les travailleurs des sec-
teurs stratégiques qui ont le plus souffert : ceux
du domaine rural, parce qu'ils possèdent des
terres et des ressources stratégiques ; les maî-
tres, parce qu'ils créent la conscience ; les tra-
vailleurs du secteur public, pour faciliter les pri-
vatisations ; et du domaine de la justice. La
Colombie est le paradis des capitalistes. Au lieu
de négocier, on répand une terreur cruelle, tou-
jours sous l'excuse de « la guerre contre le
terrorisme ».
Quel rôle jouent les multinationales
dans cette situation ?
Environ 700 entreprises transnationales sont
présentes en Colombie. Chez elles, le nombre
d'affiliés à un syndicat n'atteint pas 7 %, par
peur et impunité : il n'y a pas d'enquête pour 98
% des assassinats. Dans le reste des cas, lorsque
quelqu'un est déclaré coupable, même si cela
peut paraître incroyable, on dit alors que le
motif a été passionnel et on occulte le lien poli- 17
tique. Parmi ces multinationales, on trouve éga-
lement des entreprises espagnoles comme, par
exemple, Aguas de Barcelona, Gas Natural ou
Unión Fenosa. Elles sont 170 en tout, reflet des
bonnes relations entre Zapatero et le gouverne-
ment colombien.
Le mouvement syndical colombien a
appelé à boycotter la multinationale
Coca Cola.
Oui, la situation dans cette entreprise a été
dure. Tout comme la répression contre ses
syndicalistes. Certains des assassinats ont
même eu lieu dans cette entreprise. L'appel au
boycott est une étape très importante parce
que cela signifie que les travailleurs acquièrent
la conscience de leur situation : ils ont appelé
au boycott contre l'entreprise qui paye leur
salaire et ont interjeté des demandes judiciai-
res contre les États-Unis. Tout comme dans les
autres cas, dans celui-ci, la solidarité et les pres-
sions internationales pour dénoncer le génoci-
de colombien sont essentielles, mais l'implica-
tion des entreprises et des gouvernements est
également importante.
 LA CLASSE OUVRIÈRE GRECQUE
en lutte contre la crise capitaliste
et les mesures imposées par l'union
européenne et le gouvernement grec

Dimos Koumpouris
(Membre du Comité exécutif du PAME de Grèce)

Dans notre pays, tout comme dans tous les autres pays
capitalistes, durant ces 20 dernières années, la classe
ouvrière et les couches populaires ont souffert d'une atta-
que coordonnée par les forces du capital. Contre la classe
ouvrière, on a employé les mesures plus barbares, anti-
ouvrières et anti-populaires qui ont dégradé leur vie dans
tous les aspects : travail, sécurité sociale, salaires, hygiène,
éducation, droits démocratiques, etc.

Avec l'explosion de la crise capitaliste, des changements

18 encore plus douloureux s'accélèrent pour les travailleurs,
suite aux exigences supplémentaires posées par le
Capital, se basant sur les options stratégiques de l'UE.
L'objectif est la diminution des droits du travail et la bais-
se des salaires. Tout cela, en combinaison avec de nouve-
aux avantages plus forts pour le patronat, venant s'ajou-
ter à une forte exploitation de la classe ouvrière.

Simultanément, on renforce le domaine du capital mono-

poliste au détriment de la petite production et des petits
indépendants des villes et des villages. Les petits paysans
se voient également dépouillés de leur terre, en faveur
des intérêts des grandes multinationales. Sont également
diminuées, et de manière importante, les dépenses socia-
les, et cela vient en accompagnement de grandes privati-
sations de la part de l'état capitaliste.

L'ensemble des mesures adoptées par le gouvernement,

répondant aux exigences du capital, bénéficient du sou-
tien total de l'opposition, et des partis qui soutiennent
l'UE. Elles bénéficient également du soutien incondition-
nel des médias massifs.

Les leaders des syndicats « jaunes » GSEE (Confédération

générale des Travailleurs de Grèce) et d'ADEDY (Syndicat
supérieur du Secteur public), qui sont au service du gou-
vernement, s'alignent sur ces mesures, et font tout ce qui
leur est possible pour mener le mouvement à une
situation de recul et de reddition. Le PAME (« Front
ouvrier de tous les travailleurs ») est ouvertement
en guerre avec ces organisations.
Durant cette période, avant cette attaque, le
PAME prête beaucoup d'attention à l'alliance
sociale de la classe ouvrière avec les petits et les
moyens indépendants, la paysannerie pauvre, les
femmes et la jeunesse, dans un cadre commun de
lutte qui répond aux besoins de la classe ouvrière
et des couches populaires, contre les exigences du
capital. Le PAME donne la priorité à l'organisation
de la lutte du peuple, afin de renverser ces politi-
ques.
Les luttes organisées par le passé par le mouve-
ment élitiste, et également les luttes de l'année
en cours, se détachent par leur caractère massif
et combatif, ainsi que par la cohérence et la déso-
béissance aux exigences de l'UE, du capital, du
gouvernement et des mécanismes nationaux et
patronaux, et sont un point de référence pour le
suivi et le développement du mouvement popu-
laire ouvrier.
Le PAME et les forces du mouvement élitiste prê-
tent beaucoup d'attention à l'orientation de clas-
se du mouvement en développement.
La crise capitaliste dont nous souffrons et ses
conséquences ne sont pas fortuites : elles sont le
résultat d'un mode de production capitaliste
corrompu, et, par conséquent, il ne peut y avoir de
sortie populaire dans le cadre de ce mode de pro-
duction.
Le PAME, ainsi que les forces populaires alliées,
renforcent le front contre les monopoles, parce
qu'ils sont le cœur du capitalisme, et contre l'UE
et les forces politiques et syndicales qui le ser-
vent. Notre objectif est de renverser les politiques
anti-populaires et que nous puissions, la classe
ouvrière et le peuple, obtenir des changements
radicaux au niveau de l'économie et du pouvoir.
Les problèmes des travailleurs, des femmes et de
la jeunesse sont affrontés à partir de cette pers-
pective.
Ce chemin est la sortie alternative. Et il n'en reste
pas d'autre. Les producteurs de toute la richesse,
les travailleurs, le peuple, avec leur activité doi-
vent collectiviser les moyens de production accu-
mulés, et les rendre de propriété publique, avec
une production planifiée, pour obtenir ainsi le
bien-être et des améliorations pour les classes
populaires.
L'alliance est fondée sur tous ces aspects. Nous
repoussons les arguments et la propagande gou-
vernementale, car tout type de développement
auquel elle aspire se base sur une plus forte
exploitation des travailleurs et des améliorations
en faveur du capital.
Les luttes réalisées durant la période antérieure
ont eu des résultats positifs et ont aidé à la parti-
cipation, la lutte et la désobéissance des travai-
lleurs et du peuple contre les politiques anti-
ouvrières. Cependant, le mouvement qui s'est
développé sur de bonnes lignes, une orientation
correcte et une action élitiste se trouve derrière
les besoins et les exigences de cette ère, et de l'at-
taque dont souffre la classe ouvrière et le peuple.
Le PAME se base sur les syndicats et les organisa-
tions syndicales qui se regroupent sur ses lignes.
Aujourd'hui, une grande tentative est en cours
pour que le PAME puisse réponde à ces exigences
et que les forces du mouvement élitiste et de l'a-
lliance populaire, les unions ouvrières et d'autres
organisations de masses mènent à bien des
actions quotidiennes dans et en dehors des espa-
ces de travail, dans les quartiers, les collèges, les
hôpitaux, etc. Pour cela, il est nécessaire d'organi-
ser des comités populaires de lutte qui agissent
selon la conjoncture des besoins populaires des
familles ouvrières, des chômeurs, des paysans
pauvres, des indépendants, en signalant les pro- 19
blèmes directs et graves. Il est nécessaire de ras-
sembler les diverses formes de lutte et les diffé-
rentes initiatives pour faire obstacle aux politi-
ques du Gouvernement et de l'UE, qui mènent
des milliers de familles vers la misère en Grèce.
Toutes les forces de l'alliance sociale et les organi-
sations qui se regroupent sur ses lignes ont pour
objectif l'organisation d'un mouvement populai-
re combatif, d'un soulèvement populaire et de
mener à bien la lutte de façon organisée. Il s'agit
d'un mouvement de négation et de désobéissan-
ce aux lois et aux mesures anti-populaires, pour
que ce soit les monopoles qui payent la crise et
non le peuple.
Ces initiatives, parmi beaucoup d'autres, qui nais-
sent chaque jour à travers la lutte populaire, cré-
ent les conditions de développement d'un mou-
vement populaire massif pour faire face à la red-
dition prétendue par le Capital et les classes gou-
vernantes, et pour préparer le terrain pour la sen-
sibilisation à la force de la lutte et au potentiel qui
existe pour obtenir un niveau de développement
dans lequel la production servirait les besoins du
peuple et des travailleurs.
 Syndicat Andalou des Travailleurs
(SAT)
Luis Ocaña Escolar
Syndicat andalou des Travailleurs

Le 23 septembre 2007, nous nous sommes réunis à Séville,

environ 500 représentants des travailleurs, pour consti-
tuer le Syndicat andalou des Travailleurs (SAT). Notre
analyse déterminait qu'il était temps de créer un révulsif
dans le panorama syndical andalou face au panorama
social, économique et professionnel dans lequel nous
nous trouvions. Parmi nos référents se trouvaient la CSI
des Asturies, l'IAC catalane et, bien évidemment, le syndi-
cat basque LAB.

Tant le Gouvernement central, que le Gouvernement

andalou, l'Europe du Capital et le syndicalisme officiel
20 protègent une réalité socio-professionnelle caractérisée
par :

1. l'abandon de l'agriculture et du tissu industriel anda-

lou.
2. la politique de privatisations du secteur public.
3. la précarisation de l'emploi qui affecte, principale-
ment, la femme et la jeunesse.
4. la non protection sociale de l'immense majorité de
notre population rurale.
5. l'apparition d'une économie marginale de subsistance.
6. la recherche de recettes économiques par le biais de
pratiques douteuses, vexatoires et inhumaines.
7. la surexploitation des ressources naturelles et la
perte de qualité environnementale.
8. la destruction de notre culture rurale et, en définitive,
9. l'exploitation de la classe ouvrière andalouse qui se
situe dans le wagon de queue, par rapport au reste des
travailleurs européens, quant à son niveau de vie, de
sécurité du travail, des perspectives et de la qualité de
l'emploi.

Face à l'injustice et, d'une perspective syndicale, nous

avons décidé de nous rebeller. C'est pourquoi nous avons
décidé de constituer le SAT comme outil de transforma-
tion de la société. Nous provenons de syndicats andalous
(SOC, AUTONOMÍA OBRERA, SITAS, FORO SINDICAL
ANDALUZ, COALICIÓN DE TRABAJADORES, ETC...) de clas-
se, autonomes et indépendants, démocratiques et gérés
par une assemblée, solidaires et internationalistes, anti-
patriarcaux et non sexistes, pluriels et avec une volonté
claire, expresse et sans ambiguïté d'intervention sur la
réalité socio-politique. Après un processus d'unité d'ac-
tion et de relations syndicales, où l'on a débattu et éva-
lué la situation socio-professionnelle actuelle de
l'Andalousie, on a constaté la confluence des lignes res-
pectives syndicales et le besoin de se rejoindre dans le
travail de défense des intérêts légitimes de la classe
ouvrière, dépassant pour cela le système économique
basé sur le marché libre et sur l'appropriation illégitime
des plus-values générées par le travail salarié des
ouvriers. Pour dépasser de telles injustices, nous propo-
sons la prise, la gestion et le contrôle des moyens de pro-
duction par les travailleurs.
Nous pratiquons un SYNDICALISME ANDALOU de CLAS-
SE et ALTERNATIF qui sait conjuguer ses méthodes tradi-
tionnelles de lutte avec les nouvelles circonstances
imposées par l'internationalisation de l'économie, les
systèmes de communication et les dynamiques sociales
actuelles, et qui est capable d'incorporer à ses objectifs
la défense des valeurs, pas strictement professionnelles,
qui laisseraient supposer des améliorations dans la qua-
lité de vie de la classe ouvrière andalouse. Notre action
est notre unique lettre de présentation.
Nous sommes un syndicat qui se caractérise par les qua-
lités suivantes :
1. DE CLASSE et D'ALTERNATIVE.-
Parce que nous pensons que l'unité de l'ensemble des
travailleurs est nécessaire pour résoudre les problèmes
qui se présentent et nous ne sommes pas d'accord avec
le syndicalisme officiel et pactiste.
2. RÉGI PAR UNE ASSEMBLÉE et D'ACTION DIRECTE.-
Nous pensons que la PARTICIPATION et la DÉMOCRATIE
DIRECTE à travers l'ASSEMBLÉE de travailleurs doit être
l'axe et la colonne vertébrale et inaliénable de cette façon
de comprendre et de faire du syndicalisme.
Nous faisons également confiance en l'ACTION DIRECTE
comme formule pour résoudre les conflits, sans déléguer
les luttes économiques, sociales et professionnelles des
travailleurs dans une institution médiatrice. L'action
directe est notre principal outil de lutte.
3. AUTONOME, AUTOSUFFISANT ET INDÉPENDANT.-
Nous défendons l'AUTONOMIE et l'INDÉPENDANCE la
plus absolue quant aux Institutions, Partis politiques et
Directions. Cette indépendance se concrétise tant sur le
plan idéologique, que politique ou économique. Le SAT
n'a pas de lien ni de dépendance vis-à-vis d'aucune clas-
se avec aucun autre agent social. L'engagement du SAT
est de défendre avec sa propre personnalité les droits
des travailleurs et des collectifs de travailleurs qui le
composent.
4. SOLIDAIRE.-
Nous pensons que la SOLIDARITÉ, tant comme principe
qui régit les relations internes, que l'attitude qui s'appli-
que à l'ensemble des intérêts de la classe ouvrière doit,
de la même façon, nourrir notre syndicalisme.
5. PLURALISTE et OUVERT.-
Nous sommes ouverts et réceptifs de toutes les expé-
riences qui, des mouvements sociaux, écologistes, fémi-
nistes, antimilitaristes, etc., pourraient enrichir nos dis-
cours et nos pratiques d'intervention globale.
6. ANDALOU.-
Du SAT, nous interviendrons aux côtés d'autres organisa-
tions politiques, syndicales et/ou sociales, dans l'énorme 21
tâche que représente la transformation de la société
andalouse, en coopérant dans l'obtention d'une
Andalousie et d'un monde plus libres de tout type d'op-
pression, de discrimination et d'exploitation.
Depuis la fondation en septembre 2007 jusqu'à aujour-
d'hui, nous avons parcouru un chemin intéressant de
travail syndical de chantier en chantier, sans éviter les
complications ni la répression syndicale (nous avons
400 militants dépendants d'amendes gouvernementa-
les et de jugements dérivés de l'action syndicale et 500
000 euros en amendes, ainsi que 40 années de deman-
des de prison). Face à cela, nous sommes en train de con-
solider le syndicat dans les régions et communes, en par-
ticipant dans des secteurs où nous n'avions pas de pré-
sence syndicale auparavant et nous maintenons tou-
jours les méthodes de lutte des traditions dont nous
provenions (occupations, enfermements, action syndica-
le directe, etc.). Il est certain qu'un futur plein de défis
nous attend, des défis auxquels nous ferons face à partir
d'un modèle de syndicalisme géré par une assemblée,
nationaliste et de classe. Et nous ferons face à la lutte.
 LIBÉRATION des 5
cubains prisonniers
de l'empire
Gaizka Rial Délégué du métal)
Même si les médias européens et américains tentent de
l'occulter, dans les prisons des États-Unis (tout comme
dans les États de l'Union européenne, comme le sait si
bien le peuple basque), il y a des dizaines de détenus révo-
lutionnaires de gauche. Nous avons ici, aux États-Unis, les
cas des indépendantistes de Puerto Rico, du journaliste
afro-américain Mumia Abu Jamal ou du lutteur indien
Leonard Peltier, pour ne citer que les plus emblématiques.
Outre les personnes mentionnées, au jour d'aujourd'hui
sont également emprisonnés injustement aux États-Unis
Fernando, René, Antonio, Gerardo et Ramón. 5 détenus
révolutionnaires cubains qui sont depuis le 12 septembre
1998 dans les prisons de l'empire, accusés de conspiration
pour avoir commis de l'espionnage. Leur incarcération fait
partie d'une politique anti-cubaine comprenant le bloca-
ge économique, le financement de groupes politiques à
des fins de déstabilisation et l'agression constante dans
tous les espaces internationaux contre la révolution
cubaine.
22
En juin 1998, la Sécurité de l'État cubain, lors d'un échan-
ge avec le FBI, a remis aux autorités américaines une
importante quantité d'informations écrites et audiovisue-
lles sur les activités contre la révolution cubaine menées
sur le sol américain par des éléments contre-révolution-
naires. Le FBI a déclaré être impressionné par l'abondance
de preuves, et a répondu qu'il donnerait une réponse dans
deux semaines. Mais son injuste « réponse » s'est mani-
festée par la détention des 5 patriotes cubains le 12 sep-
tembre 1998, qui furent transférés vers des prisons de
sécurité maximale dans différents endroits du pays.
Les cinq détenus furent mis en accusation au milieu d'une
foule de fausses accusations d'espionner le gouverne-
ment nord-américain et de porter atteinte à la sécurité
nationale des États-Unis. Devant les tribunaux, on les a
accusés de ne pas s'être enregistrés comme agents étran-
gers et d'autres charges graves, telles que la conspiration
dans le but de commettre un homicide. On leur a refusé le
droit à un procès équitable
De plus, au sein de la prison, ils ont été soumis à un régi-
me de pénalité, d'isolement et de représailles alléguant
des raisons de sécurité nationale ; les visites de leurs pro-
ches ont été soumises à des procédés arbitraires…
Violation en somme des droits fondamentaux des déte-
nus, question bien connue au Pays basque lorsqu'il s'agit
de détenus politiques révolutionnaires basques.
Un mur de silence de la grande presse leur refuse la réso-
nance que doit avoir l'une des affaires judiciaires les plus
importantes et injustes ayant eu lieu aux États-Unis. Ces
médias qui regardent de l'autre côté lorsqu'Orlando
Bosch, Luis Posada Carriles et d'autres assassins ayant
avoué leur crime se promènent impunément dans les
rues des États-Unis. Cela met en lumière leur volonté de
mettre tout le monde sur un pied d'égalité, ainsi que l'af-
firmation hypocrite qui veut que les États-Unis et les pays
de l'Union européenne « s'opposent au terrorisme d'où
qu'il vienne ». Tout cela nous rappelle la connivence des
différents gouvernements espagnols et français quant au
terrorisme paramilitaire mené par les GAL sur les terres
basques dans les années 80.
« Les cinq », tel que l'on connaît mondialement ces déte-
nus politiques cubains emprisonnés aux États-Unis, ne
faisaient que contrôler les groupes contre-révolutionnai-
res et mafieux de Miami, avec pour unique objet d'empê-
cher que des attentats soient commis à l'encontre de
Cuba et de sa révolution, comptant des milliers de morts
et de blessés lors des attentats perpétrés dans d'autres
pays.
La relation de l'agression contre Cuba est longue ; pour ne
citer que quelques données :
Contre Fidel Castro, 638 attentats ont été intentés.
Entre 1959 et 1997, 5 780 actions dirigées contre Cuba ont
été lancées aux États-Unis et ont coûté la vie à 3 478 per-
sonnes. Entre 1959 et 2003, il y a eu 61 détournements d'a-
vions et de bateaux. Entre 1961 et 1996, 58 attaques à par-
tir de véhicules maritimes, la CIA a dirigé et soutenu 299
groupes paramilitaires.
L'éventail d'actions contre Cuba a même inclus la guerre
chimique et bactériologique.
Durant plus de 50 ans, Washington a toléré et favorisé l'e-
xistence d'un réseau organisant et appuyant ces attaques
contre un pays souverain, tel que Cuba. Ces éléments con-
tre-révolutionnaires opèrent depuis Miami avec une
impunité absolue.
De tels actes et leur préparation continuent jusqu'à
aujourd'hui, car ils font partie de la politique de harcèle-
ment de Washington contre la révolution cubaine.
C'est dans cette défense légitime contre les agressions
qu'a été envoyé un groupe de Cubains à Miami dans le but
de connaître les plans et les actions de ce réseau et d'aler-
ter le gouvernement de l'île.
Le 27 mai 2002, le Groupe de Travail sur les Détentions
arbitraires de la Commission des Droits de l'Homme des
Nations unies a déclaré arbitraire la détention des « Cinq
», ainsi que leurs mises en accusation et condamnation
postérieures.
Si l'on prend en compte l'importance décisive de la solida-
rité internationale, nous faisons part à la campagne de dix
Prix Nobel, parlementaires, organisations populaires,
sociales et politiques, artistes et intellectuels du monde
entier, pour exiger au président Barack Obama la libéra-
tion des Cinq. LAB a exigé et continue d'exiger leur libéra-
tion immédiate, parce que ce sont de véritables héros du
Peuple cubain.
Evaluation de deux années de parcours syndical de la métallurgie et
de l'industrie minière de la fédération syndicale mondiale
(UIS-MMM de la FSM)
Jesús María Gete Olarra (Secrétaire
général de l'UIS du Métal)
L'Union internationale syndicale de
la Métallurgie et de l'Industrie
minière de la Fédération syndicale
mondiale (désormais UIS-MMM de
la FSM), a été constituée durant les
20 et 21 mai 2008 à Saint-Sébastien
au congrès constitutif organisé par le
syndicat LAB.
Il est important d'indiquer que le
congrès constitutif de l'UIS-MMM de
la FSM s'est déroulé dans un con-
texte de réadaptation de l'organisa-
tion abordée par la Fédération syndi-
cale mondiale (FSM) après les résolu-
tions émanant de son XVe congrès
réalisé en décembre 2005 à La
Havane. Le Secrétariat général de la
FSM a accordé sa confiance à LAB
pour la création et le développement
de cette nouvelle organisation syndi-
cale sectorielle, après l'avoir définie
comme l'un des piliers de base dans
l'action de la FSM.
Au congrès constitutif ont participé
38 organisations syndicales appar-
tenant à 30 pays, qui ont mis le point
final à tout un processus de débats
théoriques et d'organisation ouvert
en mai 2007. Le congrès a été une
grande réussite quant à sa participa-
tion internationale, si l'on tient
compte du fait qu'une douzaine d'or-
ganisations n'ont PAS pu participer à
la mise en place d'obstacles consis-
tant à émettre des visas à différentes
ambassades espagnoles, dans une
attitude claire d'obstruction et de
sabotage de l'appareil international
du gouvernement espagnol en
faveur du mouvement syndical éli-
tiste international.
Au congrès, outre le fait de débattre
et d'approuver les rapports présen-
tés sur l'action politico-syndicale et
les statuts de la nouvelle organisa-
tion, nous avons eu la possibilité de
connaître plus profondément les dif-
férentes réalités socio-profession-
nelles et politiques qui touchent la
classe ouvrière dans différents pays
provenant de plusieurs continents.
La nouvelle direction surgie du con-
grès s'est engagée à réaliser tous les
efforts nécessaires pour lancer une
nouvelle force syndicale élitiste
internationale luttant, de manière
efficace, contre la dégradation des
droits et des libertés de la classe
ouvrière, tout en étant conscients
que nous devons combattre avec fer-
meté le système capitaliste et ses
transnationales qui contrôlent
aujourd'hui plus de 60 % du com-
merce mondial, et dont les condi-
tions de travail, mais également la
propre souveraineté des états,
dépendent de leur pouvoir et de l'ex-
ercice de leurs politiques néolibérales.
Depuis le congrès, il a été réaffirmé
que nous allons travailler en faveur
de l'unité du mouvement ouvrier éli-
tiste dans le secteur, indépendam-
ment des affiliations qui pourraient
exister dans le domaine internation-
al, cela sous-entendant que la lutte
de la classe ouvrière n'est pas
éloignée de la lutte des peuples dans
la défense de leurs ressources, terri-
toires, souveraineté, indépendance
et droits sociaux.
Le congrès constitutif a décidé à l'u-
nanimité que le siège central de
l'UIS-MMM de la FSM serait situé au
Pays basque et que son conseil exé-
cutif se composerait de 17 membres,
avec pour président Ardhendu
Dakshi de l'organisation CITU de
l'Inde et comme secrétaire général
Jesús Mª Gete Olarra de LAB.
Nous pourrions définir l'UIS-MMM
comme un instrument d'organisa-
tion de la FSM créé pour développer
et renforcer le réarmement
idéologique des travailleurs et qui
prétend recourir à l'action directe de
la lutte permanente pour la défense
des droits intégraux de la classe
ouvrière dans le secteur contre le
capitalisme et son système domi-
nant. L'UIS-MMM est une structure
de branche et à caractère interna-
tional, étroitement liée aux soucis et
revendications posées et suivies
dans les bases ouvrières du monde
entier, leurs dynamiques se dévelop-
pent grâce à la solidarité de classe
que défend la FSM, et à partir des
principes élitistes et de l'internation-
alisme solidaire.
Malgré le manque de ressources que
subit encore l'UIS-MMM, du secré-
tariat général, avec l'engagement et
le soutien de LAB, on vient participer
à suffisamment d'activités liées au
secteur et réalisées en Amérique
latine, Asie et Europe, en ayant égale-
ment dans l'actualité des expecta-
tives d'avancer en terme de relations
avec les organisations du continent
23
africain.
Le secrétariat général de l'UIS-MMM
fait partie du Conseil présidentiel de
la FSM et est, par conséquent, égale-
ment impliqué dans la préparation
du prochain XVIe Congrès mondial
de la FSM qui aura lieu en avril 2011
dans la ville grecque d'Athènes.
Lors du dernier conseil exécutif de
l'UIS-MMM célébré les 22 et 23 sep-
tembre derniers dans la ville
biélorusse de Minsk, outre le fait
d'avoir réalisé un bilan sur les inter-
ventions de notre organisation et
d'avoir analysé le contexte socio-
économique et professionnel actuel,
4 activités importantes à réaliser au
cours de l'année 2011 ont été
définies:
• Mars.- Rencontre mondiale des
Femmes métallurgiques à Cuba.
• Avril.- Participation au XVIe Congrès
mondial de la FSM à Athènes.
• Septembre.- Rencontre mondiale
des travailleurs de l'Automobile au
Brésil.
• Octobre.- IIIe Conseil exécutif de
l'UIS-MMM en Inde.
 Ce que nous retenons de
l'année 2010, c'est que le
militantisme de LAB a parti-
cipé à différents événements
internationaux. Nous avons
NOUS également invité différents
membres d'autres centrales
SOMMES syndicales et avons réalisé
diverses activités au Pays
ALLÉS, basque où l'on a travaillé la
perspective internationale.
NOUS Voici le plus significatif :
AVONS - Janvier :
- LAB a participé à la réunion du
FAIT… Secrétariat du Bureau européen de
la FSM célébrée à Rome au milieu
du mois de janvier. De même, une
réunion a été organisée entre des
membres de la Fondation Ipar
Hegoa et de Cestes, fondation du
syndicat italien Unione Sindacale di
Base (USB), afin d'étudier des
24 domaines de collaboration.
- Février :
- Les membres de LAB, Amaia
Fontang et Igor Urrutikoetxea ont
participé à l'Assemblée générale de
la Plate-forme des Syndicats des
Nations sans État, célébrée au Val
d'Aoste les 5 et 6 février. Lors de
cette assemblée, outre l'approba-
tion du règlement interne de la
Plate-forme, un accord a été trouvé
quant à une résolution exigeant la
mise en liberté de Rafa Díez.
- Mars :
- Le 12 mars, la membre du Comité
exécutif, Arantzi Sarasola, a partici-
pé à une discussion à Séville
(Andalousie), aux côtés du SAT et
des délégués de TMB, expliquant la
lutte syndicale qui a lieu actuelle-
ment au Pays basque.
- Le 15, une réunion de la Secrétaire
générale, Ainhoa Etxaide, et du pré-
sident de Cosatu, Sidumo Lamini, a
été tenue au siège de LAB à Bilbo.
- Le secteur de l'enseignement,
ainsi que le Secrétariat des
Relations internationales et l'orga-
nisation Palestinarekin Elkartasuna,
ont organisé au milieu du mois de
mars, diverses conférences dans
des instituts et universités, durant
lesquelles est intervenue Lana
Khaskia, membre du parti palesti-
nien Abna El Balad, et où on a
expliqué la situation de violation
des droits dont souffre le peuple
palestinien.
- Le 21 mars, LAB a fait partie de la
délégation basque au « Newroz »
(Fête du nouvel an) qui a été tenue
à Diyarbakir, capitale du Kurdistan.
De même, durant ce voyage, LAB
s'est réuni avec la direction du
syndicat de la fonction publique
KESK. Ce syndicat de classe, majori-
taire dans le secteur public, mise
sur une solution de dialogue pour
résoudre le conflit entre le
Kurdistant et la Turquie.
- Avril :
- Du 12 au 17 avril, le Secrétaire de la
Santé au travail, Ibon Zubiela, a par-
ticipé, sur invitation de la CTC de
Cuba, à un Congrès sur la santé au
travail.
- Les 16 et 17 avril, Alberto Cristóbal
(Secrétaire national du métal) et
Fernando Mendiola, délégué du
secteur, ont participé à la rencontre
européenne de l'Union internatio-
nale des Syndicats du Métal organi-
sée à Athènes. Ont également été
présents le compagnon de LAB,
Jesús Mª Gete, en qualité de
Secrétaire général de l'UIS men-
tionnée.
-Invités par l'Intersyndicale cana-
rienne, aux côtés de syndicats tels
que FSOC (Canaries), CUT (Galice),
IAC (Catalogne), Intersindical
Valenciana (Valence) ou STE (État
espagnol), nous avons participé à
diverses discussions à Las Palmas
et Tenerife, où nous avons expliqué
la position de LAB quant à la réfor-
me professionnelle du gouverne-
ment de l'État du PSOE.
-Mai :
- Una délegation compossé par Mª
Paz García Ortega et Josu Bilbao a
participé dans les actes du 1er Mai
en Cuba.
- À l'occasion du 10e anniversaire
de LAB à Iparralde, des syndicats
des nations de l'État français
(Corse, Martinique, Guadeloupe,
Nouvelle-Calédonie, Bretagne…),
ont participé aux cérémonies du
1er mai de LAB à Iparralde et à
diverses rencontres. Certains d'en-
tre eux ont également visité l'en-
treprise Indar de Gipuzkoa auprès
de LAB.
- Igor Urrutikoetxea, Secrétaire des
Relations internationales, s'est
rendu au Groenland du 13 au 23
mai, invité par le syndicat groen-
landais SIK. Il s'est réuni avec des
membres du syndicat et avec divers
partis du Groenland afin de connaî-
tre en direct la situation politique
actuelle de cette nation soumise
administrativement au Danemark.
- Du 24 au 26 mai, Igor
Urrutikoetxea s'est rendu à des
réunions avec des dirigeants de
divers syndicats danois, comme par
exemple, 3F ou le syndicat des arri-
meurs, à Copenhague.
- Juin :
- Le 3 juin a été célébrée une con-
férence, organisée par la
Fondation Ipar Hegoa et le
Secrétariat des Relations interna-
tionales, intitulée « Syndicalisme
et terrorisme d'État en Colombie
». La rapporteuse fut Luz Helena
Ramírez, représentante de Movice
(Mouvement des victimes de cri-
mes d'État), de Colombie.
- Le 5 juin, au Anaitasuna de
Pampelune, a été célébrée une
cérémonie de LAB où se sont réu-
nis des milliers d'affiliés. À cette
cérémonie a participé le membre
du Comité exécutif de PAME,
Sotiris Zarianopoulos, qui a expli-
qué la lutte que mène actuelle-
ment la classe ouvrière grecque.
- Les membres de la direction de
LAB, Gaizka Uharte et Amaia
Fontang, ont participé au Congrès
de la STC de Corse.
- Du 9 au 13 juin, invitée par LAB,
Carina Maloberti, Secrétaire-orga-
nisatrice de l'Association des
Travailleurs de l'État (ATE)
d'Argentine était au Pays basque.
Ce syndicat compte plus de 200
000 membres et est le plus
important de ceux qui font partie
de la Centrale des Travailleurs
d'Argentine (CTA). Carina a fait un
discours le 9 juin, au siège de LAB
de Bilbao, sur la situation actuelle
des luttes sociales dans son pays.
- LAB a participé à la réunion du
Secrétariat du Bureau régional
européen qui s'est tenue à Genève
le 15 juin, ainsi qu'à divers événe-
ments à l'occasion de la conféren-
ce internationale du travail annue-
lle organisée par l'OIT.
- Ainhoa Etxaide, Secrétaire géné-
rale, a fait un discours organisé
par l'Intersyndicale-CSC à
Barcelone sur les luttes et défis
actuels du syndicalisme basque.
- Du 22 au 24 juin, les membres de
la fondation Cestes d'Italie,
Luciano Vasapolo et Rita Martufi,
se sont rendus au Pays basque,
afin de fixer des domaines de
collaboration entre Cestes et Ipar
Hegoa.
- Des dizaines d'organisations
syndicales du monde entier ont
montré leur soutien pour la Grève
générale du 29 juin célébrée au
Pays basque.
-Juillet :
-Une délégation de LAB, formée par
Gaizka Rial et Igor Urrutikoetxea
(Relations internationales) a parti-
cipé à la « IIIe Rencontre Notre
Amérique » célébrée à Caracas
(Vénézuela), à laquelle ont participé
des dizaines d'organisations syndi-
cales de toute l'Amérique et qui fut
clôturée par Hugo Chávez.
-Septembre :
- Le 7 septembre, dans le cadre de
la Journée internationale d'Action
organisée par la FSM, un rassem-
blement a été organisé face au
Parlement de Navarre où l'on a
dénoncé les responsables actuels
de la crise dont nous souffrons, la
classe politique et le secteur ban-
caire. Après le rassemblement, des
dizaines de membres de LAB ont
occupé un bureau de la banque
Santander à Pampelune (Iruñea)
et paralysé son activité durant
deux heures. Parmi eux, 7 s'é-
taient enchaînés : ils furent arrê-
tés et accusés de désordres
publics. L'action a eu une grande
répercussion.
- Igor Arroyo, membre du Comité
exécutif de LAB a participé à une
discussion organisée à Saragosse
par le collectif ASSI. Là, on a expli-
qué diverses luttes syndicales et
l'Intersyndicale d'Aragon, le SOC
(Andalousie), CSI (Asturies),
Solidarité ouvrière (Madrid).
- Leire Nalda et Igor Urrutikoetxea,
de LAB, auxquels viennent s'ajouter
une trentaine de délégations, ont 25
participé à la Conférence interna-
tionale de solidarité avec la classe
ouvrière grecque organisée par
PAME à Athènes les 17 et 18 sep-
tembre.
- Octobre :
- Ine délégation de LAB qui a parti-
cipé à l'Assemblée générale du
Bureau européen de la FSM, célé-
brée à Rome les 1 et 2 octobre.
- Amaia Fontang ont participé au
Congrès d'UGTM, célébré au milieu
du mois d'octobre en Martinique.
- Una délegation compossé par
Pablo Ortiz de Latierro (Daimler-
Vitoria) et Benito Uterga
(Volkswagen-Pamplona) participé
dans una conférence sur láutomo-
tion qui avait éte organisée par Die
Linke et la Fondation Rosa
Luxemburgo dans Stuttgart
(Alemagne) du 28 an 30 octobre.



 
 


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