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LE PÈRE GORIOT

1:PRÉSENTATION

Après Eugénie Grandet, Balzac veut accomplir « une maîtresse œuvre ». Il s’inspire,
dit-il, d’un fait divers, et met au point alors, pour la première fois, à l’occasion de ce
roman, le principe de récurrence des personnages de La Comédie humaine. Mme de
Bauséant, qui fut jadis La Femme abandonnée, réapparaît ici, et Rastignac et
Vautrin, nouveaux venus de l’univers balzacien, reviendront fréquemment dans les
romans ultérieurs.

« Un brave homme, – pension bourgeoise, 600 fr. de rente, – s’étant dépouillé pour
ses filles qui toutes deux ont 50.000 fr. de rente, mourant comme un chien », tel est
le sujet initial du roman conçu par Balzac. Mais la matière, sous sa plume s’est
étoffée : à cette intrigue, il faudrait ajouter celle, non moins importante, du jeune
Rastignac, dont l’itinéraire fait du récit un roman de formation, sans compter les
histoires particulières liées à Vautrin ou aux autres personnages de la fameuse
pension Vauquer.

2:ANALYSE

Le Père Goriot est présenté comme un « Christ de la paternité », et sa vie de


sacrifice pour Delphine et Anastasie, ses filles ingrates qui veulent l’oublier, est une
passion véritable, et bientôt solitaire. Après une discrète apparition dans La Peau de
chagrin, Eugène de Rastignac, qui arrive à Paris, est le héros ambitieux de
l’ascension sociale. Il est naturellement sensible à la générosité du père Goriot et de
Mme de Bauséant, mais il est aussi attiré par les promesses de réussite matérielle,
grâce aux filles de Goriot, et surtout à Vautrin, fût-ce au prix de la morale. Le roman
culmine sur les hauteurs du cimetière du Père-Lachaise, avec ces mots conquérants
du jeune héros au grand Paris : « À nous deux maintenant ! » Vautrin enfin, homme
puissant, jovial, fascinant et inquiétant, prend amoureusement Rastignac comme
élève. Il entend lui expliquer les rouages cyniques de la société. Cet ancien forçat,
Trompe-la-Mort est son surnom, est dénoncé à la police à la fin du récit. Il n’en
demeure pas moins le héros de l’énergie.

Il reste encore à évoquer tout ensemble Mme Vauquer et sa pension, qui par leur
crasse commune et sordide, ont fait la réputation du roman. La longue page de cette
description, digne d’anthologie, donne une image répugnante et effrayante de cette
peinture de mœurs, où se révèle, dans toute sa mesure, complexe et grouillant, le
réalisme de Balzac.

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