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gratuit

n° 59 • Décembre 2010

Caractéristiques génétiques
Etat de santé
Activités syndicales Origine
Discrimination
Sexe Convictions religieuses
Situation de famille
Âge
Inégalité
Handicap Mœurs
Apparence physique
Orientation sexuelle
Etat de grossesse
Opinions politiques
ÉDITO

SOMMAIRE
Lutter contre les inégalités et les discriminations, voilà
un sujet important pour bien vivre ensemble, mais pas Vie locale
Valoriser l’image des personnes âgées 3
si facile à traiter parce qu’il touche aux valeurs de chacun,
Vivre à Nantes Nord entre incivilités
aux représentations… J’en profite d’ailleurs pour adresser et convivialité 4
à nouveau, à travers cet édito, un grand merci au comité Cartographie intime 6
de rédaction pour ses contributions, qui permettent 40 ans du CAPS 7
Des hommes et des dieux 8
d’ouvrir le débat sur un thème qu’il a choisi. N’hésitez
pas à nous adresser vos réflexions, rédactions, Dossier
les rédacteurs ne seront que satisfaits d’avoir A qui s’adresser en cas de discrimination ? 10
Un dispositif de lutte
suscité l’échange.
contre les discriminations 11
Ce numéro sortira le jour du marché de Noël de Nantes Quand la poésie moderne porte
des messages 12
Nord, véritable rendez-vous annuel entre les associations
Les limites d’un journal citoyen 13
et les habitants du quartier : vous le découvrirez donc Demandeur d’asile, parcours du combattant 14
au stand de Mosaïque, fidèle au poste, avec L’homosexualité...
un tabou dans nos quartiers 15
la présentation d’un outil complémentaire au journal
papier : le site internet de votre journal de quartier !
Découverte des métiers
Laurence Esnault Inspecteur du permis de conduire,
un métier méconnu 16

Portrait
gratuit

Comité de rédaction : Véronique Alloan, Hommage à Lucien Guitteny 17


n° 59 • Décembre 2010 Lucien Bertin, Hélèna Bouffendeau, Claude
Caractéristiques génétiques Boutin, Jean-Louis Bosquet, Jean-Claude
Edouard Caréto, Janine Chauvel, Daniel Histoire de quartier
Etat de santé Origine
Activités syndicales Cottineau Serge Danilo, Marie Def, Nelly
Les ruisseaux visibles et invisibles… 18
Discrimination
Sexe Convictions religieuses
Situation de famille
Durieux, Denis Fau, Jacques Guerin,
Madeleine Gaultier, Daniel Jamonneau,
Corinne Leconte, Nicole Léger, Raoul Les recettes d’Emma
Âge Lefèvre, Philippe Lorin, Marie-Claude Lucas,

Inégalité
Handicap Mœurs
Apparence physique
Georges Négrel, Myriam Pascal, Francis
Peslerbe, Nadine Pichot, Thierry Prouteau,
Michelle Sarna-Mallet, Danièle Sollier,
Gérard Vinet
Un amour de soupe

Les échos de la médiathèque


19

Orientation sexuelle
Remerciements aux amis de Mosaïque, à Discriminations ! 20
Etat de grossesse
Opinions politiques toutes les associations, professionnels et
habitants qui nous ont reçus et communi- C’est aussi près de chez vous
qué les informations nécessaires à la
réalisation de ce journal, ... bref, merci à tous ! Rythme, opulence et glamour au LU… 21
Directrice de Publication : Laurence Esnault, chargée de quartier
Coordinateur : François Leclerc
Mise en page : Le Square Deshoulières Expression
Impression : LNG Merci à toi Michel 22
Ce numéro est tiré à 5 000 exemplaires imprimé sur
papier PEFC
Passion
Nos voisins sont des artistes 23
Nantes Nord, toujours plus dynamique 24
39, route de la Chapelle-sur-Erdre 44300 NANTES •
Contact : François 02 51 77 60 35 • mosaique@mairie-nantes.fr

2 Mosaïque n°59 | Décembre 2010


VIE LOCALE
Restaurant

Valoriser l’image du Bout-des-Lande


Rue de Concarnea
02 40 76 45 13
s
u

des personnes âgées


« Quand l’appétit va, tout va », tel était le titre d’une
animation à laquelle j’ai participé au restaurant des
personnes âgées du Bout des Landes. Sourires,
bonne humeur étaient au rendez-vous.

D
« es petites douceurs, de grosses et encore plein d’objets avec lesquels
gourmandises, chacune, chacun nous nous sommes fait photographier
a en mémoire quelques souve- « en flagrant plaisir de gourmandise » .
nirs : du bruit dans la cuisine, des Julie Bretaud, déjà auteur de l’exposi-
bonnes recettes, de la belle vaisselle, …, tion noir et blanc, « ma bulle d’oxy-
ensuite une odeur légère sortant du gène », est là pour dédramatiser notre
four… », voici ce qui m’a incitée à me vision réductrice de la vieillesse,
replonger dans mes souvenirs et parti- par une mise en scène décalée. (…) « J’ai
ciper à une animation culinaire et pho- envie que mes photos donnent envie de
tographique au restaurant des per- sourire et d’aller vers l’autre ; d’apporter
sonnes âgées du Bout des Landes. une vision plus positive de la vieillesse. »
Pendant une semaine (du mardi au ven- Partager des petits fours et autres dou-
dredi), nous avons échangé, raconté, ceurs avant de se faire prendre en
dégusté,… les petits fours, bonbons, che- photo, nourrit nos souvenirs qui ne
wing-gum, « petit beurre », macarons et manquent pas de jaillir :
autres souvenirs olfactifs et sensoriels • « Autrefois, dans le nord et en
culinaires de notre enfance. Nous avons, Bretagne, la cafetière était posée sur la • Ateliers «informatique» proposés par
par exemple, fabriqué un château de cuisinière en permanence. », L’EclectiC.
cartes avec des petits beurre. • « Comme Pierre Jakez Hélias dans le « Il ne faut pas oublier les activités du club
Nous attendaient, un moulin à café en Cheval d’orgueil ! » du Bout des Landes qui anime des après
bois mécanique, une cafetière en émail Bref, une bien bonne animation qui midis belote, loto ou anniversaire. »
bleu avec des pensées en couleur, un donnera lieu à une prochaine expo- Le restaurant est ouvert du lundi au
collier de choux de Bruxelles, un chou- sition « Quand l’appétit va tout samedi aux personnes de plus de 60 ans
fleur décoré de fleurs, un canotier va !!! » ou aux personnes handicapées, sans
décoré de bonbons, un collier de cham- Françoise Guillemot, référente territoire limite d’âge. Le coût du repas va de 1,35
pignons et de tomates, une toque de à la Direction des Personnes Agées euros à 9 euros selon les ressources (gra-
cuisinier en coton amidonné, un fouet m’explique alors qu’il y a encore bien tuit si aide sociale). Un goûter gratuit par
des activités à découvrir. « Dans le but semaine est aussi proposé le mardi.
de dynamiser la vie du restaurant et de Deux repas exceptionnels sont propo-
l’ouvrir vers le quartier, diverses activi- sés dans l’année, un au printemps et un
tés sont proposées. » à Noël, ainsi que d’autres repas à thème
• Danse senior, tous les vendredis de comme par exemple le repas Breton du
10h45 à 11h45. « C’est une animation mois d’octobre dernier (prochain le 9
douce pour équilibrer le corps et l’esprit décembre). Les tarifs sont également en
et pour faire travailler la mémoire, par fonction des ressources.
des assouplissements en musique. »
• Echanges intergénérationnels avec la Luttant contre l’isolement des per-
crèche des Ti-canaillous. « Les personnes sonnes âgées, le restaurant est un lieu de
âgées accueillent ou se déplacent là-bas vie ouvert à tous ; aux associations de
pour lire des contes aux enfants ou réa- personnes âgées, mais pas seulement.
liser avec eux des petits bricolages. » Pour plus d’informations prendre
• Café à thème avec l’ORPAN, tous les contact avec Mme Guillemot en
mois, « avec la présence d’un interve- appelant le restaurant. ●
nant. » Nicole Léger

Mosaïque n°59 | Décembre 2010 3


VIE LOCALE

Un lieu de vie s’organise


autour des relations entre
les gens qui l’habitent.
Celles-ci, qui devraient se
traduire par une convivialité
parfaite, sont parfois
perturbées par des
incivilités. A Nantes-Nord
comme ailleurs….. «Est-ce ici de l’Art en Partage ? »

Vivre à Nantes Nord


entre incivilités et convivialité
L
a convivialité, c’est l’ensemble votre voisin de siège avec une quel- lement. Plaisir de délabrer, défoulement,
des rapports entre personnes, au conque administration, ou le retard qu’il absence de respect pour les édifices
sein de la société, ou entre les per- aura à son rendez-vous ? publics, non conscience du coût de ces
sonnes et leur environnement social. Personne n’a donc appris à ce jeune gar- exactions pour la collectivité.
La civilité, c’est l’observation des çon qui regarde obstinément ses chaus- Vous est-il arrivé un matin, la rentrée du
convenances, des bonnes manières en sures, qu’il n’est pas interdit de céder sa Lycée Monge effectuée, d’arpenter la
usage dans un groupe social. C’est met- place aux personnes âgées ou handica- rue de la Fantaisie, en essayant de poser
tre en pratique les règles élémentaires pées ? vos chaussures entre chewing-gum et
du savoir-vivre. Son contraire est évi- Et cet adolescent attardé qui a besoin de crachats qui souillent les trottoirs ?
demment l’incivilité et son cortège de deux sièges pour se reposer d’on ne sait L’exemple, il est vrai, est donné par les
grossièretés, impolitesses, insolences, quelle fatigue, un pour ses fesses, l’autre footballeurs à longueur de match, qui
voire même injures. pour ses pieds, a-t-il la moindre notion auraient bien besoin de cours de main-
De quoi parfois, pourrir la vie. de ce qu’est l’incivilité ? D’autres, que tien payés avec leurs salaires farami-
De quoi aussi, ternir l’image d’un d’aucuns appellent les loulous de ban- neux.
groupe social, d’un quartier. lieue, retrouvent leur vélocité quand Bien sûr, notre quartier n’est pas pire
Le principal lieu de brassage de la popu- apparaît la brigade de contrôleurs, pour qu’un autre. Les espaces verts, les par-
lation de Nantes-Nord, le tramway, échapper à la contravention. terres fleuris ne manquent pas et sont
reflète parfaitement la société dans Tous ces comportements donnent du assez bien respectés. Mais toutes ces
laquelle nous vivons, où les incivilités grain à moudre aux grincheux qui stig- petites incivilités favorisent la sensation
s’empilent les unes sur les autres. matisent volontiers certaines couches sournoise d’un mal vivre. Bien sûr, les
On peut en sourire par exemple, quand de la population. Les jeunes, dont l’édu- chaudes soirées d’été, à la brune, quand
la fréquentation se densifie aux heures cation échappe aux parents, la couleur certains voudraient dormir, des jeunes
de transhumance, quand, serrés comme de la peau, les tenues vestimentaires ne chahutent un peu fort au pied des tours,
sardines en boite, vous risquez le torti- présagent en rien de la conduite des jusque tard dans la nuit. Bien sûr, les
colis pour ne pas jouer les voyeurs. Est- passagers commettant ces incivilités. rues prises plus souvent qu’à leur tour
ce vraiment le lieu des bécots prolon- Qui prétend n’avoir jamais vu verbaliser pour le circuit du Mans, par tout ce qui
gé s d e s a m o u re u x te l s qu ’ i l s s e des gens propres sur eux, comme on roule, les sirènes lugubres qui retentis-
pratiquaient sur les bancs publics chan- dit, a le regard sélectif sur le monde qui sent à longueur de soirée, les échauf-
tés par Georges Brassens, « sous les regards l’entoure. fourées, les voitures incendiées, cela
obliques des passants qui passent » ? D’autres incivilités ont pour théâtre la existe, il n’est pas question de le nier.
Quand au reste... rue.
Est-il normal qu’une jouvencelle fasse Le cassage des aubettes des transports Il n’empêche que dans les quartiers
profiter une grande partie du wagon de publics, les tags sur le gymnase de la de Nantes Nord, à l’initiative des
ses aventures amoureuses, les narrant Barboire, par exemple, périodiquement animateurs sociaux et des associa-
en détail à son interlocutrice, de subir, repeint depuis des années, à nouveau tions sportives ou culturelles, exis-
« grâce au portable », les problèmes de souillé dans les jours qui suivent le rava- tent et se créent en permanence les

4 Mosaïque n°59 | Décembre 2010


conditions qui engendrent la convi- La présentation d’ « INVISIBLES »,
vialité et que la presse ne relate pas le recueil d’Arnaud Théval, fut un très
toujours, semblant préférer la rela- grand moment, rassemblant plus de 200
tion des faits divers. personnes, pour une nouvelle installa-
Après le bref mais néanmoins tion de posters se fondant sur les murs
regrettable épisode estival de vio- de la Médiathèque, puis par la décou-
lence, le mois d’octobre a mis spec- verte du recueil et les discours d’usage à
t a c u l a i r e m e n t e n va l e u r c e s la MANO. Visages cachés ornés par l’ar-
initiatives d’animation et la per- tiste plasticien de motifs conçus à partir
sonnalité d’un grand nombre d’ha- de l’univers de la personne photogra-
bitants, en l’occurrence grâce au phiée. Mouvements du corps saisis en
Théâtre Universitaire, le T.U, et à un échange ludique au cours duquel les
l’occasion de la sortie d’INVISI- gens ont pu s’exprimer tout en se prê-
BLES, le livre d’Arnaud Théval. tant librement au jeu de l’artiste. Ce tra-
vail d’Arnaud, n’en est qu’à sa première
La Veillée du T.U, conçue avec la Com- étape. Il nous promet d’autres surprises,
pagnie HVDZ( Hendrick Van Der Zee) d’autres avatars.
est une démarche artistique comportant population faite de gens modestes. La conclusion de cette soirée mémora-
un spectacle-film, dont les habitants Moments d’échanges précieux pour bri- ble, Mohamed la donna, ce tout jeune
sont les acteurs. Durant quinze jours, ser l’isolement de certains blessés de la garçon à la maturité inattendue et à la
comédiens et techniciens font du porte vie, tisser ou retisser le lien social. gouaille en prime. Il s’empara du micro
à porte à la rencontre des gens et déve- Ce fut aussi, au Campus, une rencon- à la grande joie de l’assistance qui l’ova-
loppent un travail sur la mémoire et le tre dans le cadre d’ un Atelier-Théâtre tionna. « Merci Arnaud, dit-il, tu as caché
témoignage. qui initie à la pratique de notre langue nos visages, mais tu nous as fait exister ».
Arrivés du Pas-de-Calais, leur culture ori- de jeunes étudiantes et étudiants chi- Comme un fil rouge, certaines des
ginelle ouvrière et populaire en ban- nois, américains du nord et du sud, mais œuvres d’Arnaud Théval ont été pré-
doulière, ils installèrent au T.U leur bat- aussi une suédoise, une coréenne, une sentées à nos lecteurs dans les précé-
terie d’ordinateurs et leur matériel audio japonaise, une ghanéenne, une russe dents numéros de « Mosaïque ». Nous
visuel sophistiqué. La bonne odeur du et... un roumain ! Une belle mosaïque, à continuerons à évoquer les diverses
café dans la salle de répétition remettait l’image des habitants du quartier où ils démarches artistiques qui naissent dans
en mémoire les récits anciens sur la vie étudient. Avec application et enthou- le quartier, à l’image des Expos de
des corons où la cafetière attendait en siasme, ils ont donné la réplique à Peintures dans le hall de la boulange-
permanence l’ami de passage, au coin Didier, l’un des comédiens de HDVZ, rie de la Boissière. Mais cela, vous le
de la cuisinière. Héritiers de ces petites dans un extrait d’ « En attendant Godot » savez déjà à travers la chronique régu-
gens, peut-être, mais affichant la même la célèbre pièce de Samuel Beckett. lière de votre journal , « Nos voisins sont
convivialité sans doute, Martine, Jéré- Ils retourneront chez eux enrichis, des artistes ».
mie, Didier, Flora et Guy le « patron », espérons le, par notre culture et ayant Alors, même si l’ambiance est par-
étaient prêts à plonger dans nos quar- ouvert à la leur quelques uns de leurs fois « chaude », avec un peu plus de
tiers , à s’immerger dans le Campus. condisciples. civilité et encore plus de convivia-
Nous les avons accompagnés, et décou- La conclusion sera La Veillée au T.U où lité, n’en déplaise aux esprits cha-
vert pour les lecteurs de « Mosaïque » tous étaient conviés. Un très beau spec- grins, c’est et ce sera bien de vivre à
quelques animations qui contribuent à tacle audio visuel, avec acrobate, dan- Nantes Nord. Il suffit de sortir de
la vie sociale de Nantes Nord. seurs et la parole largement accordée chez soi. ●
Ainsi, François Gendron nous recevait aux habitants racontant leur quartier. Georges Négrel
avec chaleur à sa Table d’hôte de la
Petite Sensive pour un repas partagé.
Jérémie, le vidéaste de HDVZ, un bon
sourire aux lèvres, sut convaincre les
convives du jour de se faire tirer le por-
trait, tout en dégustant pour une somme
modique (3 Euros) les mets préparés
par les cuisinières bénévoles.
Le jeudi matin, comme tous les quinze
jours, la MANO, abritait un Petit Déjeu-
ner d’Ici et d’Ailleurs, selon la for-
mule imaginée par Nicole et ses copines
qui accueillirent vidéaste et interviewer
venus saisir sur le vif, une partie de cette

Mosaïque n°59 | Décembre 2010 5


Fragil

VIE LOCALE
arc
19, rue Jean-M
Nattier
44100 Nantes
02 40 86 37 03

Cartographie intime,
le long de la ligne 2, entre Chêne des anglais et Facultés
u chêne des anglais, les invisi- Station Bourgeonnière : un TU ? Il en

A bles d’Arnaud Théval. On les aper-


çoit derrière les vitres de la Mano,
j’aime les contempler quand je marche
fut question, il y a longtemps mainte-
nant, le théâtre universitaire aurait pu se
trouver là, à la place de notre super-
La compagnie G.Alloucherie/HVDZ était en
résidence au TU pendant trois semaines
courant octobre pour LA VEILLEE #
28, portrait sensible des rencontres
le dimanche vers la boulangerie et la marché familial. Un super U à la place entre une troupe d’artistes et des habitants
superette du quartier. Des habitants de d’un théâtre U, un lieu de communion du Campus du Tertre et du quartier Nantes
tous les jours, jeunes ou moins jeunes, autour de nourritures terrestres. Nord.
tous masqués pour nous montrer une Recteur Schmitt. Immense carrefour, Afin de donner à cette expérience un
partie de nous-mêmes. où le 1 % culturel a fait son œuvre : une écho plus large et plus durable, le maga-
A Santos Dumont, ambiance plus sculpture de plusieurs mètres, trois zine FRAGIL qui s’appuie sur des contri-
aquatique, avec une fontaine, neuf hommes et des cordes. Sont-ils enchai- butions multiples et volontaires a réalisé
cubes en suspension sur l’eau d’un bas- nés, sont-ils déchainés, sont-ils en train une gazette version papier. Différents
sin carré, détournée parfois en marelle de se libérer ? J’y songe, à chacun de contributeurs dont des habitants du quar-
par les enfants au retour de l’école. mes passages en tram. tier ont participé à alimenter, commenter
et raconter cette « aventure ». En voici un
Arrêt Boissière. La fontaine était là, Ecole centrale. Mon songe se teinte
extrait.
autrefois, de l’autre côté de la boulan- souvent à cet arrêt de l’étrange lumière
gerie au nom de western. Mais si près bleue du bassin nautique de l’Ecole.
plus souvent possible pour me laisser
des habitations, juste sous les fenêtres, Station en surplomb, lointaine perspec-
surprendre par l’alchimie du spectacle
elle finit par faire couler de l’encre et dis- tive, rails bien en vue, on amorce la des-
vivant ●
parut, un temps, de la circulation. cente vers les Facultés. Je m’y arrête le
Sophie Gobert

6 Mosaïque n°59 | Décembre 2010


REFLUXITUDE (3)

CAPS
n
Comité d’actio
tite-Se nsive
de la Pe
, rue Sa nt os-Dumont
11
44300 Nantes
02 40 59 63 21

40 ans du CAPS
Pour l’anniversaire du CAPS et du quartier de la Petite-Sensive, majorettes, ambiances
musicales, repas champêtres, défilés, exposition histoire et animations diverses étaient
au rendez-vous. Olga et sa troupe vous attendent maintenant dans une salle «relookée».

“Sensive,
La Petite-
une
illustration de
la volonté des
habitants de
s’engager et de faire de Nantes Nord ce qu’il est
aujourd’hui, un lieu novateur souvent ouvert
sur les autres quartiers ”
Mosaïque n°59 | Décembre 2010 7
PORTRAIT

Des hommes et des dieux


Le grand film de Xavier Beauvois a sa place dans ce n° 59
de Mosaïque à plus d’un titre ! Plus de 3 000 000 de
spectateurs se sont déjà déplacés depuis sa sortie en
septembre pour aller apprécier cette réalisation que Xavier
Beauvois présente comme « un cri... un hurlement de
fraternité », Grand Prix du festival de Cannes 2010, Prix de
l’oecuménisme et Prix de L’Education. Nous avons tous
entendu parler par les médias de l’histoire des neuf moines
français du monastère de Tibhirine dans l’Atlas algérien.

ous qui habitez Nantes nord, allez voir le film... et visionnez aussi sur

V savez-vous que l’un de ces


moines, « Frère Célestin » s’ap-
pelait Célestin Ringeard, qu’il fut
Internet « Célestin moine de Tibhi-
rine video documentaire KTOTV »
réalisée en 2002 par Pierre Mathiote.
l’un des nôtres, habitant notre quar-
tier entre 1960 et 1980 ? Nous qui La Presse et les spectateurs ne l’ai vu deux fois. Bouleversant en effet, il
l’avons connu sur la paroisse Saint tarissent pas d’éloges à propos nous plonge dans ce choix partagé
Dominique, le Chêne des Anglais, la « Des hommes et des dieux »: d’une fraternité à toute épreuve, d’une
Petite Sensive, aux CAE, au foyer « Comédiens formidablement humbles présence maintenue en des lieux frap-
Adolphe Moitié, à l’Etape... nous nous et ensemble » TéléCinéObs pés de violences fanatiques croissantes.
souvenons avec émotion de ce prêtre- « XB nous emmène au plus profond Il raconte l’histoire vraie, contemporaine,
éducateur, né à Touvois en 1933, qui du mystère du sacrifice consenti. » d’hommes de prière et d’action, ouverts
choisit à 50 ans de devenir moine à l’ab- Marianne à la culture, à la religion des habitants,
baye de Bellefontaine – puis à « XB réussit l’incroyable... Il élève le leurs voisins. Avec un art magnifique,
Tibhirine, en Algérie, de 1985 jusqu’au niveau au-dessus de la croyance et du il explique leur choix, plus fort que
21 mai 1996, où il fut assassiné avec ses fanatisme... Amour et dignité face à la les peurs de la vie et de la mort,
six frères. Si vous ne l’avez pas connu, peur... » Emilie P. etc etc! parce qu’il est celui de la fidélité
ou si vous l’avez croisé d’un peu loin, Pour mieux vous parler du film, je dans la solidarité du quotidien.

“ J’ai beaucoup connu Célestin, à Vie Libre,


au Chêne des Anglais. C’est lui, avec M. et Mme “ J’ai travaillé avec Célestin, comme éducateur de rue, au sein de
l’association des CAE (Centre d’Action Educative) de 1967 à 1969,
Cotteux, qui a lancé la première équipe. Très vite, époque où nous sillonnions le quartier... en 2 CV ou en mobylette à la
il y a eu sept équipes de base regroupant chacune rencontre des jeunes et de leurs familles... Célestin nous a mariés,
une bonne dizaine de personnes. L’objectif était Marie-Thé et moi en 1970. Nous avons continué à échanger avec lui
d’écouter, d’épauler... toute personne ayant des tout le temps où il est resté en France et ensuite en Algérie. Nous
problèmes avec l’alcool et ceux qui voulaient les conservons de lui une longue correspondance dont sa dernière lettre
accompagner. Chaque équipe se réunissait une postée de Tibhirine en date du 27 janvier 1996, soit quelques semaines
fois par mois tour à tour au domicile de chacun, seulement avant l’enlèvement...où l’on sentait déjà qu’il se rendait à
agissait en lien avec le centre médico-social et le
médecin du quartier chaque mardi soir, et avec
les centres de désintoxication de Mambrolle et de
l’évidence, comme ses autres collègues moines...
Hubert C, le 28-09-2010 ”
Malvaux. Grâce à Célestin, Vie Libre a « Je me souviens de la mystérieuse disparition de la caisse de la
transformé ma vie. C’est aussi par lui que j’ai Maison des Jeunes de la Géraudière... En accord avec Célestin, il fut
connu ma femme. C’est lui qui nous a mariés proposé aux jeunes la possibilité de la lui remettre à la cure de Saint
tout simplement dans l’appartement de sa
maman.

Michel V, le 28 - 09 - 2010
Dominique, en toute discrétion... Et çà a marché !
Roger L le 29 – 09 – 2010 ”
8 Mosaïque n°59 | Décembre 2010
progressivement une vie harassante,
parcourant le quartier Nord de Nantes
sur son vélomoteur ou au volant de sa
2CV. Sa «paroisse» s’agrandissait au fur
et à mesure qu’il découvrait, par ses
innombrables contacts, de nouvelles
souffrances causées par l’alcool, la pros-
titution ou la délinquance. A tel point
que, dans les années 70, les jours ne
furent pas assez longs et les démarches
empiétèrent de plus en plus sur les nuits.
Dans les deux dernières années que
nous avons passées ensemble je pense
qu’il ne s’est pas écoulé une nuit sans
qu’il fût dérangé. En mai 75, vint le
moment douloureux de l’éclatement de
l’équipe. Célestin aimait trop le quartier

“à lui,
Je vis avec son souvenir. Grâce
ma vie a été transformée”
pour s’en éloigner ; il obtint un logement
HLM, un F2. Les années qui suivirent
furent très dures pour lui, n’ayant plus
de statut officiel, et plus de ressources,
vivant dans la solitude.... »
Pour mieux vous parler de Céles- Tout d’abord un extrait de l’hom- Armand Clouet était alors en
tin, j’ai rencontré des gens qui l’ont mage rendu à Célestin lors de la retraite, après avoir été manuten-
connu beaucoup mieux que moi : cérémonie à sa mémoire en l’église tionnaire dans une entreprise nan-
Jacques, Annick et Michel, Hubert et Saint-Dominique par Armand taise. Il avait été auparavant curé
Marie-Thérèse,... Ensemble, nous nous Clouet le 8 juin 1998 : de Saint Dominique de 1958 à 1975
sommes dit que même un numéro spé- « Célestin arriva à Saint Dominique en en même temps que secrétaire -tré-
cial ne suffirait pas à tout raconter de ses 1964... Très vite, il en vint à prendre sorier à Emmaüs.
journées et ses nuits passées à répondre contact avec une frange de la popula- « Personnellement, je n’oublierai jamais
aux appels de détresses, d’où qu’ils tion du quartier qui ne fréquentait pas notre rencontre en mai juin 1975. Je
viennent, sans tenir compte de ses l’église, qui en était loin ou dont l’église sais Célestin que tu serais heureux de
limites, au risque d’y laisser sa santé... était loin... et qui était marquée par la voir tant de jeunes et de moins jeunes
Pour vous, lecteurs de Mosaïque, voici pauvreté matérielle due au chômage et découvrir ton aventure à Tibhirine, à la
quelques témoignages et anecdotes, à l’alcoolisme… essentiellement dans la suite de celle que tu as vécue avec nous
parmi d’autres . Cité des baraquements du Chêne des sur Nantes nord, pour son message de
Anglais... Je peux témoigner qu’il mena fraternité sans discrimination ! » ●
Marie Claude Lucas

“ A mon arrivée dans les années 80, j’habitais la cité de l’abbé Pierre.
J’avais pris contact avec une assistante sociale du Bout-des Landes qui
m’avait indiqué l’adresse du mouvement « Vie libre ». A la première
démarche avec cette association, ma rencontre avec Madeleine, la sœur de
“ Je garde précieusement la petite souris
jaillie d’un simple mouchoir que Célestin
Célestin, fut décisive : ce fut un coup de foudre. Mes contacts avec Célestin avait donnée à ma fille, comme il avait
étaient fréquents. Je me souviens de ce moment très fort en cette fin d’année coutume de faire pour amuser les enfants
1983, dans l’appartement du 18 de la rue Chénier où je l’avais remplacé
après son départ au noviciat de l’abbaye de Bellefontaine. Imaginez-vous
de la cité...

Annick, le 28-09-2010
deux hommes qui, avec une volonté très forte, avaient l’un (Célestin)
l’intention de s’engager dans une vie monastique, l’autre (moi) qui avait
l’intention d’épouser sa soeur, ma future femme Madeleine. C’est vous dire
qu’à la fin de la discussion,nous sommes tombés mutuellement dans les
“ Célestin se nourrissait de «Petit Beurre»...
Il en avait toujours avec lui... Ils lui tenaient

bras l’un de l’autre.



Jacques Guérin, le 30 – 09 - 10
souvent lieu de repas…
Sa sœur Madeleine, ”
dans le film Célestin Moine Tibhirine

“ Queà un
pensez-vous de la proposition de donner le nom de Célestin
espace public de notre quartier, en sa mémoire ?

Plusieurs anciens collègues, amis... de Célestin Ringeard

Mosaïque n°59 | Décembre 2010 9


D i s c r i m i n
DOSSIER

A qui s’adresser en cas


de discrimination ?
À propos d’emploi, de logement, d’éducation, de services
publics et privés ? À la HALDE Nantes Nord, dans
les locaux de la Maison de l’Emploi.

C
hantal Dagault, correspondante les convictions religieuses, l’activité
locale de la Halde, reçoit sur ren- syndicale.
trois en Loire-Atlantique, bénévoles
dez-vous chaque 4e mardi après- Si vous pensez être victime de dis-
comme elle - de suivre l’avancée du trai-
midi . Je l’ai rencontrée avant sa perma- crimination dans un des domaines
tement de chaque dossier. Plus de 60 %
nence afin de mieux vous informer sur précisés et sur un de ces critères, com-
des situations dénoncées relèvent du
ce service. mencez par prendre rendez-vous par
domaine de l’emploi : ruptures de
La HALDE, ou Haute Autorité de Lutte téléphone au 02 40 59 98 43 à l’accueil
contrat sur un critère avoué ou non
contre les Discriminations et pour l’Ega- de la Maison de l’Emploi qui centralise
comme l’annonce ou le retour de mater-
lité est une instance administrative créée la prise de RDV avec Mme Dagault.
nité, refus d’embauche, démarches de
en 2006, chargée de lutter contre les dis- Celle-ci vous accueillera dès que possi-
recrutement... Elle souligne : « Les per-
criminations prohibées par la loi, d’in- ble, vous écoutera, vous aidera à poser
sonnes que j’accueille lors de mes per-
former sur ces questions, d’identifier les par écrit les faits de discrimination dont
manences sont très oppressées. Le seul
bonnes pratiques et de promouvoir vous pensez être victime. Si la discrimi-
fait de les écouter, de mettre des mots
l’égalité des droits. nation est avérée, un recours à de « bons
précis sur leur situation, d’identifier la
En termes de loi, une discrimina- offices » vous sera proposé dans un pre-
discrimination, à défaut d’expliquer ce
tion, c’est une « inégalité de traite- mier temps : il s’agira, par exemple, d’in-
dont il s’agit, de faire des propositions
ment fondée sur un critère prohibé tervenir pour vous auprès de votre
d’accompagnement adaptées... les récon-
par la loi, dans un domaine visé par employeur pour qu’il reconnaisse vos
forte, leur redonne de l’énergie. »
la loi : emploi, logement, éducation, droits (en 2009, une intervention « bons
services publics et privés. » offices » sur deux a obtenu gain de Marie-Claude Lucas
Les 18 critères identifiés sont : l’âge, cause). Sinon, votre dossier constitué Un grand merci à Philippe Gouret et
le sexe, l’origine, la situation de famille, sera instruit par la Direction des Ser- à Chantal Dagault pour leur accueil
l’orientation sexuelle, les mœurs, les vices Juridiques à Paris. La procédure et leurs informations !
caractères génétiques, l’appartenance est longue, elle exige entre autres une
vraie ou supposée à une ethnie, une enquête contradictoire et risque à la Permanence HALDE Nantes
nation, une race, l’apparence physique, longue un abandon de la plainte. Nord Maison de l’Emploi
le handicap, l’état de santé, de grossesse, Chantal Dagault précise que le nouveau le 4e mardi du mois de 14h30 à 17h30
le patronyme, les opinions politiques, logiciel Acropolis permet désormais sur rendez-vous : 02 40 59 98 43
aux permanents de la HALDE - ils sont 81, rue des Renards 44300 Nantes
Tram ligne 2, arrêt Santos-Dumont

La HALDE travaille en lien avec la Mission Locale et le Groupe


Ressource à la Maison De l’Emploi pour mettre leurs compétences respectives en cohé- Si vous voulez en savoir plus sur la
rence et en synergie. Le Groupe Ressource est animé par Philippe Gouret, référent Diver- HALDE, le groupe Ressources et sur la
sité et référent Entreprise. Je l’ai bien sûr rencontré pour en savoir plus! COPEC (Commission pour la Promotion de l’Egalité
Le groupe Ressources est composé de neuf professionnels de la Maison De l’Emploi, des Chances et de la Citoyenneté), adressez-vous à la
de la Mission Locale et du Pôle Emploi. En amont, non seulement il sensibilise les entre- Maison de l’Emploi où des brochures gratuites sont à
prises locales, veille sur des situations identifiées comme discriminatoires, mais il apporte votre disposition. Le site halde.fr, wikipedia... informe
aussi un appui aux professionnels de l’emploi. Ainsi, entre 2008 et 2010, sur l’agglomé- à propos de l’actualité de la HALDE, de son collège,
ration nantaise, un programme de formation a permis à plus de cent d’entre eux, travaillant de son budget et du projet de fédération avec
au Pôle Emploi, dans les chantiers d’Insertion, à la Mission Locale, à la MDE..., de déve- d’autres hautes instances.
lopper leur capacité à repérer leurs propres attitudes, à identifier les mécanismes de dis- Quels que soient la forme et le nom qu’elle prendra,
crimination - par exemple dans la formulation d’une offre d’emploi révélant des différences souhaitons à la HALDE de pouvoir au mieux remplir
de traitement – Cette formation vise à rendre chacun acteur de prévention contre les risques sa mission de Lutte contre les Discriminations et de
de discrimination au sein de la chaîne de l’emploi. défense de l’Egalité des droits.

10 Mosaïque n°59 | Décembre 2010


L’EclectiC

a t i o n s e t i n é g a l i t é s 3, rue Eugène-Thomas
44300 Nantes
02 40 40 91 18
www.eclectic-
leolagrange.org

Un dispositif de lutte contre les discriminations


« Démocratie et courage ! »
Le programme «Démocratie et Courage!» est
un des outils de la Fédération Léo
Lagrange dans le cadre de son
programme global en direction
des jeunes. Préjugés, respect mutuel et
décryptage des médias en sont les trois
axes.

M
osaïque est allé à la rencontre ne doit pas projections de films
de Sylvain Martini, coordina- nous faire document aires,
teur de L’EclectiC, qui nous a basculer dans la pen- choisis pour leurs
chaleureusement reçu dans son bureau sée discriminatoire qualités et diversité, sur le thème des
de la Mano pour nous présenter ou xénophobe. médias. Journaux, web, émission télé-
« Démocratie et courage » dispositif de visuelle, radio… de tous les continents, …
lutte contre les discriminations. Est-ce que venez mieux appréhender le fonc-
La Fédération Léo Lagrange, depuis cela aurait à tionnement des médias en vous
2000 a accru sa réflexion sur le déve- voir avec une rendant aux CinétiCs.
loppement de la jeunesse. Notamment, forme Denis Fau
son programme et ses idées ont été d’éthique ?
recentrés sur l’accompagnement des
Sylvain approuve. « C’est
« initiatives jeunesse ». Ainsi, « Démo-
aussi une approche sans à priori, qui se
cratie et courage » est un programme
fonde sur la capacité des individus à
d’engagement citoyen proposé depuis
réfléchir sur leurs propres comporte-
2002.
ments et attitudes. »
Le mouvement est né en 1999 en Alle-
Le second volet se nomme « Le respect,
magne. C’est une réaffirmation des
c’est mutuelle ». Au féminin, donc ! Il
droits des jeunes et des étrangers. Ce
faut savoir qu’en France une femme sur
mouvement est apolitique et laïque. Il
est intervenu en réaction au renouveau
cinq est victime de sexisme et/ou de Vous pouvez encore
de l’extrême droite, mais c’est une oppo-
violence. Le but est donc de décons-
truire les idées toutes faites dont les
découvrir :
sition à tous les extrémismes violents.
femmes peuvent être les victimes. • La campagne
C’est une action du « faire », c’est-à-dire
Le troisième volet aborde « la question du net, de
que les jeunes sont acteurs du change-
des médias ». C’est un module de Frédérique Biamonti,
ment.
décryptage de ce que les médias le jeudi 9 décembre.
Ces jeunes volontaires se déplacent
construisent, la façon de voir l’autre, la Documentaire partant
donc dans les établissements scolaires et
femme, l’étranger... Nous sommes dans à la découverte des
dans des structures accueillant des
une société de l’image. Les messages différents acteurs
jeunes pour faire de la sensibilisation
des médias, on le sait, frappent fort et de la présidentielle
aux problèmes de discrimination de française 2007 sur
vite ; ils sont courts et simples, pour ten-
tous ordres. le net…
dre vers leurs cibles. C’est une construc-
Ce programme comprend tion « influençeante ». Ces émissions
trois volets essentiels : • Viva
fonctionnent pour divertir le spectateur, Zapatero !
Le premier s’appel « préjugés quand tu mais bien souvent au dépend de l’autre. de Sabina Guzzanti, le jeudi 16 décembre.
nous tiens ». Il est de faire prendre Fédération Léo Lagrange, « Démocratie Documentaire décrivant une Italie où Silvio
conscience à chacun que l’on est tous et courage ! », décryptage des médias… Berlusconi contrôle la quasi-totalité des médias.
remplis de préjugés. Le préjugé qui nous et bien justement, depuis fin octobre,
Projections à la Mano à 18h00, soyez à l’heure !
construit, en partie, est un raccourci qui L’EclectiC a déjà organisé six soirées de

Mosaïque n°59 | Décembre 2010 11


D i s c r i m i n
DOSSIER

Quand la poésie moderne


porte des messages
Lors d’une émission
Sans feu ni lieu
« Bouquins les hypocrites
Sans foi ni loi répliquent
Sans cave ni gre nie r
en Bretagne »(1)
Sans toit ni porte
diffusée sur les Sans chaise ni table
ondes d’AlterNantes Sans lit et sans fenêtre
Sans rien
(FM 98.1), le 12 juin mais comment vivre
2010, l’œuvre J'écris pour les sans-logis
, les va-nu-pieds,
nds, les traîne-savates,
et la vie d’Yves les trimardeurs, les vagabo
dos ,
les chemineaux et les clo
Cosson étaient pour tous les Benoît Lab re.
,
rs jadis la part du pauvre
évoquées. Il y avait naguère toujou te ouverte,
la table, la por
l'écuelle au bas bout de
Ce professeur de la paille pou r l'étranger.
lacés, déracinés, déportés,
littérature française, Je crie pour tous les dép
les Indiens, les Cajuns, filles, tziganes, manouche
s,
les Zoulous, les Aztèques, J'écris pour les fils et les
hier au lycée Victor les gens du grand déména
gement s hors les verdines
gitans, gypsies, zingari jeté
Hugo, puis à vertes
Je me souviens de l'an 40 et qu'on parque.
l’Université de Juin rayonnait sur les blé
s bleus aux des errants
Ecoutez piétiner les troupe
Et sur les routes on moura
it à foison t avant l'appel des morts
Nantes me donna Comme un tambour roulan
Je connais bien les rites des vandales fait tache sur le monde !
Ah ! croyez-moi, la peste
le plaisir d’écrire dan s les vitres et le brandon ues sans niche
Les coups de crosse Quand les chiens faméliq
feu comme une vipère
Jeté sur le plancher et le et sans coussin
et la curiosité
qui court aboient à la lune
tres s'effondrent
des mots et Et la clameur quand les pou hurlent à la mort
ille.
Il ne faut pas dormir tranqu
de leur sonorité. J'écris pour les fuyards, les
Afghans dans
üs
Ce texte « Prose l'anfractuosité Je crie pour tous les Emma
iens saignés aux quatre
de la montagne, les Iran pour qu'on donne à chacun
pour les errants », membres, son toit, sa hutte, sa nat
te, son coin,
au bordage,
rédigé il y a plusieurs les Vietnamiens accrochés sa part de feu
les Juifs dans les ghetto s,
années garde hélas és par les chiens, end ?
les pauvres Noirs écorch Mais qui écoute et qui ent
la force de son les enfants d'Argentine
blême, Yves Cosson
arrêtés dans le petit matin
propos. Yves Cosson, tous les incarcérés
malgré ses 91 ans, des goulags dans la neige.

demeure un témoin
de son temps (1) « Bouquins de Bretagne » les 2e samedi du mois à 10h30 / 4e vendredi du mois
à 19h30 AlterNantes (FM 98.1),
et un « Nantophile »
Yves Cosson, né à Chateaubriant est un poète nantais. Il fut professeur de lettres
averti. Il nous au lycée Victor-Hugo, puis à l’Université de Nantes ; membre de l’Académie de
a accordé Bretagne et publia divers ouvrages. Certains textes furent présentés au Théâtre
Graslin. Il fut contemporain de René-Guy Cadou, autre célébrité locale.
sa complicité
Références bibliographiques : « Les miroiteries de l’infini » (éd. du Petit Véhicule) ;
à l’occasion « Nantes au cœur » (éd. Siloë) et « Navigation à l’estime » (entretiens avec Jean-Claude
de ce dossier. Lamatabois, livre à deux voix (éd. D’orbestier).
Gérard Vinet

12 Mosaïque n°59 | Décembre 2010


s
Aïkikaï de Nante
ire,
a t i o n s e t i n é g a l i t é s Gymnase de la Barbo e
45 rue de la Bourgeo nn ier
44300 Nantes
02 51 81 90 74
s.fr
www.aikikaidenante

Les limites d’un journal citoyen


Vous relater la manifestation « 10 h pour la Palestine » qui
s’est déroulée à la salle festive, le 9 octobre dernier, nous
a permis de nous rendre compte des difficultés qu’il
pouvait y avoir à réaliser un journal de quartier, tout en
essayant de retransmettre intégralement ce qui a pu être
dit ce jour là. Le conflit israélo-palestinien ayant des
retombées internationales, nous ne pouvions donc pas
seulement vous relater l’expression de cette journée.

10h
« pour la Palestine »,
où 10 h pour com-
prendre, débattre,
témoigner, échanger, avec des artistes,
des citoyens, des élus, des sportifs, des
et des débats sur la pertinence de tel ou
tel sujet, mais pas de censure. Chacun
vient avec un sujet qui est accepté ou
non par le comité de rédaction. Nous
ne sommes pas un journal d’opi- trois secteurs, l’un arabe, l’autre juif et
journalistes,… 10 h pour agir ensemble, nion, mais nous avons des valeurs, des le troisième, la ville de Jérusalem, inter-
pour le Droit du Peuple palestinien,... idées directrices qui ne sont pas parti- national. Il met fin au mandat colo-
10 h ponctuées de débats, de films, d’ex- sanes, au sens politique (droite ou nial britannique sur la Palestine.
positions (comprendre pour agir), d’ani- gauche). C’est pour cela, que face à cette D’après ce plan, l’Etat juif occupe 55 %,
mations sportives (boxe), artistiques manifestation nous ne pouvions nous et l’Etat arabe 44 % du territoire. Les
(hip hop, duble-duch, théâtre), musicale contenter de relater uniquement ce que premiers affrontements entre Israéliens
(concert) et conviviale (repas palesti- nous avions entendu. et Palestiniens commencent dès le mois
nien), tel était le programme proposé Aussi, nous vous proposons de vous de décembre…
par l’Association France Palestine Soli- donner quelques clés de compréhen- Aujourd’hui, les principaux points
darité de Loire Atlantique auquel se sont sion historique, pour vous aider à y voir litigieux sont toujours l’objectif d’une
jointes, entre autres, les associations du plus clair. reconnaissance mutuelle des deux
quartier que nous connaissons bien, peuples, la création d’un État palesti-
l’ACMNN, le NNBC, Marumba, C’West, L’origine du conflit nien aux côtés d’Israël, le tracé ultime
etc. A la découverte de l’Holocauste (ou des frontières (question du devenir des
Objectif de cette manifestation : Shoah), l’Organisation des Nations colonies israéliennes présentes dans les
« Remettre le Droit International au Unies, malgré l’opposition de tous les territoires palestiniens occupés), le statut
centre de la question israélo-pales- pays arabes, vote le plan de partage de de Jérusalem et le contrôle des Lieux
tinienne ». la Palestine, le 30 novembre 1947. Ce Saints. ●
Ainsi, face à ce conflit qui ne se résume plan de partage divise la Palestine en Véronique Alloan
pas seulement à un conflit politique,
religieux ou de civilisation,… il a natu-
rellement été question de colonisation,
d’occupants/occupés, de rapports de
force disproportionnés, de check-point,
de blocus, de mur, d’impunité, et de la
possibilité à l’autodétermination, etc.
Nous nous trouvions donc là, face à un
cas d’école pour un journal citoyen, qui
est surtout un outil d’expression et d’in-
formation locale ouvert à tous. Contrai-
rement à ce que certains peuvent pen-
ser, à Mosaïque, nous pouvons aborder
tous les sujets, mais après en avoir dis-
cuté collectivement. Il y a des échanges

Mosaïque n°59 | Décembre 2010 13


D i s c r i m i n
DOSSIER

Dans le cadre de notre dossier


« discrimination et inégalité » nous
sommes allés rencontrer le CADA,
organisme qui s’occupe des demandeurs
d’asile. Sur notre quartier, dix logements,
au foyer Adoma ont été ouverts à ces
personnes qui se sont trouvées dans
l’obligation de quitter leur pays d’origine,
pour des raisons de guerre ou de
discriminations (ethnique, religieuse,
Adoma
politique…). Résidence
ns
du Pont-du-Ce
aria
28, av. José-M

Demandeur d’asile, de Hérédia


44300 Nantes
02 40 76 22 51
CADA
Centre d’accuei
pour demande
l
urs

parcours du combattant
d’asile
terie
8 rue de la Pelle
44000 Nantes
02 40 40 94 95

A
ctuellement beaucoup de de séjour. Il peut alors être hébergé, logement. On lui propose une aide au
situations et de violences faites c’est-à-dire qu’il n’a pas à payer le loyer, retour volontaire. Actuellement en Loire-
aux femmes les mettent en grave l’électricité, l’eau, le gaz et il touche une Atlantique, les demandeurs viennent
danger dans le monde. De nombreux allocation mensuelle de subsistance. principalement des républiques du
pays connaissent des situations de Pendant les quatre premiers mois, une Caucase, de Guinée, Nigéria, les pays de
guerre à base ethnique ou religieuse et retenue de 30 à 50 euros est faite pour la Corne de l’Afrique et les Chinois de
au cours de notre histoire des Français constituer un dépôt de garantie. Tout Mongolie Intérieure, également des
furent aussi obligés de partir pour pro- demandeur d’asile passe obligatoire- enfants mineurs, suivis par les services de
téger leur vie. L’accueil des popula- ment une visite médicale pour dépister protection de l’enfance. Le CADA dis-
tions étrangères est réglementé par la tuberculose et mettre à jour les pose de différents lieux d’héberge-
la convention de Genève et nous vaccinations. Chaque demandeur ment sur Beaulieu, Pont du Cens, Rezé
ne devons pas oublier que la déclaration dispose au sein du CADA d’un référent et Vertou. En tout 140 places sur Nantes.
des Droits de l’Homme est applicable à qui pourra le guider dans toutes ses Au plan national, il y a 21 000 places
tout être humain. démarches : scolarisation des enfants, pour 40 000 demandes par an.
C’est pourquoi, les résidences sociales alphabétisation des adultes, soins médi- La France est considérée dans le
Adoma ont une activité d’accueil au caux ou autres. Un supplément monde comme la patrie des Droits
n i ve a u n a t i o n a l . No u s y a vo n s d’allocation peut être versé pour des de l’Homme, cela implique des
rencontré, François et moi, un repré- frais de crèche, de halte garderie, de devoirs et la question de l’immigration
sentant du CADA, Centre d’Accueil pour sport… prenant aujourd’hui une grande place
Demandeurs d’Asile. La préfecture donne réponse dans les dans le débat public, nous devons tous
Le CADA est un organisme qui s’occupe six mois suivant le dépôt du dossier. l’aborder avec un esprit ouvert et sans a
uniquement des demandeurs d’asile. Il Ceux qui sont acceptés bénéficient du priori. Devoir tout laisser derrière
aide les personnes concernées par ce statut de réfugiés et obtiennent des soi, famille, amis, repères, vulnérabi-
problème à préparer leur dossier et à papiers. Ils peuvent alors travailler, obte- lise tout être humain. On ne décide pas
attendre dans de bonnes conditions la nir le RSA, allocations familiales, etc. Les de partir de chez soi par plaisir. Soyons
réponse à leur demande. Une fois le critères d’acceptation peuvent être fièrs d’être une terre d’asile et atten-
dossier retiré à la préfecture, le politique, ethnique ou religieux… tion aux amalgames avec flux migra-
demandeur a 21 jours pour le remettre En cas de refus par la préfecture, le toire, travail, regroupement familial, sans
rempli. Au delà de ce délai, la préfec- demandeur peut poser un recours papiers, etc.
ture ne donne pas suite. Le CADA aide à devant la cour spéciale du droit d’asile. Po u r f i n i r l e C A DA a b e s o i n d e
la rédaction du dossier, mais ne prend Si dans un délai d’environ dix-huit mois, bénévoles pour l’alphabétisation et
pas parti. Après dépôt à la préfecture, le le dossier est définitivement refusé, le de traducteurs. ●
demandeur obtient un titre provisoire demandeur a un mois pour quitter le Madeleine Gaultier

14 Mosaïque n°59 | Décembre 2010


Centre LGBT
de Nantes
49/51 rue Maréchal Joffre
a t i o n s e t i n é g a l i t é s 44000 Nantes
02 40 37 96 37
www.clgna.info,
info@clgbt-nantes.fr

L’homosexualité ... un tabou


dans nos quartiers
Ecartelés pendant la Renaissance, déportés pendant
l’Occupation, dans trop d’esprits encore aujourd’hui,
l’homosexualité est considérée comme une déviance.
En l’occurrence, il ne fait pas bon être gay dans nos cités.
Mosaïque brise le tabou et aborde le sujet.

Q
u’est-ce que l’homophobie ? Le monopole du sexisme, ni de l’homo-
mot homophobie évoque la haine phobie, ailleurs, dans l’entreprise, les
qu’éprouve quelqu’un pour les cours d’école, ou à la campagne, tout
homosexuels ou l’homosexualité. Elle est loin d’être réglé. Mais c’est encore sont pas coupables et qu’il n’y a aucune
est une forme d’oppression, elle se plus difficile chez nous, comme s’il exis- raison de persécuter les homosexuels.
manifeste généralement par le harcèle- tait, en France, une homosexualité à Notre objectif est de créer le débat
ment verbal, l’intimidation physique ou deux vitesses : celle des centres-villes et et de faire en sorte que l’homo-
encore le rejet de l’autre. Elle naît aussi celle des cités. La seconde étant d’au- sexualité ne soit plus considérée
d’une vision sexiste de la société. La tant plus compliquée, qu’elle double les comme un problème. Nombre de ces
société nous impose tous les jours une difficultés de s’intégrer dans la société situations d’exclusion et de rejet pour-
représentation sociale de l’Homme et de en tant que minorité sociale et/ou raient être évitées, si les moyens néces-
la Femme. Ces représentations donnent raciale, et parvenir en même temps à saires, notamment en terme d’encadre-
à chacun des rôles et met de côté les «vivre» son homosexualité au sein même ment scolaire (psychologues, infirmières,
gens qui sortent de ce cadre. L’homo- de son quartier. Voir, « Homo-ghetto, profs…), étaient alloués par le ministère
phobie dicte un code de conduite pour gays et lesbiennes dans les cités : de l’éducation nationale. Nous le savons,
maintenir les hommes et les femmes les clandestins de la République », le dialogue et la prévention dans les éta-
dans le « bon » chemin celui de la virilité de Franck Chaumont, éditions Le blissements scolaires sont les outils
ou de la mère ; celui de la dureté ou de Cherche Midi. fondamentaux de l’émancipation et de
la sensibilité. L’homophobie dicte une Alors, l’homosexualité est-elle innée la lutte contre toutes les formes
vision du monde réductrice. ou acquise ? Cette question fait l’objet d’exclusion.
A travers l’histoire, les homosexuels de vifs débats entre scientifiques et psy- Dans notre société républicaine et
étaient exécutés dans l’antiquité Gréco- chanalystes et anime encore cer- laïque nous ne pouvons tolérer la
romaine, persécutés et lapidés à la tains forums de la communauté homo- mise au banc, l’exclusion, les vio-
Renaissance, et, à l’instar des juifs avec sexuelle. Des chercheurs de l’Université lences subies par des milliers de
l’étoile jaune, ils durent porter un trian- de Liège pensent avoir tranché la ques- personnes à cause de leur préfé-
gle rose avant d’être déportés vers les tion. L’homosexualité serait génétique rence sexuelle, au même titre que
camps de la mort. Aujourd’hui, bien que et ne pourrait donc en aucun cas relever nous ne tolérons pas l’exclusion en rai-
l’homophobie soit un délit, cette discri- d’un choix ou d’une déviance psycho- son d’une appartenance religieuse, cul-
mination est encore bien présente au logique, affirme le chercheur Jacques turelle, de la couleur de la peau ou
quotidien. Combien de fois, entendons Balthazart à l’occasion de la parution encore de son sexe.
nous, « sale pédale », « espèce de de son livre Biologie de l’homosexua- Nous affirmerons donc haut et fort, et
tarlouse », « On n’est pas des PD quand lité. On naît homosexuel, on ne choisit partout où nous le pourrons que notre
même », j’en passe et des meilleures… pas de l’être. Au terme d’une vaste idéal de société, celle d’une république
Dernièrement, le groupe de rap Sexion- étude, le professeur synthétise dans cet métissée et laïque ne peut exister que
d’assaut a soulevé une véritable polé- ouvrage, qui se veut grand public, l’état dans la lutte contre toutes les discrimi-
mique avec ses déclarations, violem- actuel des recherches et de ses propres nations. La lutte contre l’homopho-
ment homophobes qui ont suscité conclusions pour affirmer que la thèse bie constitue à ce titre un défi
l’indignation et réanimé un débat que de l’homosexualité innée est scientifi- majeur dans notre volonté de vivre
l’on ose aborder, tant le sujet est sensible quement la plus plausible. (Le Monde 4 ensemble et de faire de l’égalité une
et périlleux : « Dans une cité, le seul soup- mai 2010). Alors, si aucun être humain réalité. ●
çon d’homosexualité vous condamne ». n’est responsable de son orientation Michelle Sarna-Mallet
Attention, les « banlieues » n’ont pas le sexuelle, il est clair que les parents ne

Mosaïque n°59 | Décembre 2010 15


DÉCOUVERTE
DES MÉTIERS

Inspecteur du permis de
conduire, un métier méconnu
Afin de poursuivre le tour d’horizon des métiers qui ont Sur la périphérie nantaise il y a 3 centres
principaux d’examens : Nantes Nord,
pour mission d’être au service des usagers, Mosaïque (permis voitures) Rezé (poids lourds,
a rencontré Bruno, 55 ans, inspecteur du permis motos, remorques) et Bouguenais.
L’équipe du département se compose
de conduire et de la Sécurité Routière à Nantes-Nord. de 24 inspecteurs, inspectrices coor-
données par une responsable. Sept sont
Un petit retour sur l’histoire nommés sur le quartier Nord.
du permis de conduire L’opinion publique concernant les ins-
De 1890 à 1900 les garagistes furent les pecteurs est plutôt négative. Ils sont les
premiers moniteurs d’auto-école. La mal aimés, les à priori sont nombreux :
vente des voitures obligeait les mécani- « l’inspecteur a des critères, des quotas
ciens à expliquer le maniement et la d’admissions », « …une complicité avec
conduite des véhicules. C’est à partir de l’auto-école », « c’est à la tête du client »
1920 que le code de la route fut institué. etc. Bruno réagit à ces propos :
1939-45, la profession s’organise. « Il y a des délais trop longs entre chaque
En 1957 les cours de code de la route passage d’examen c’est une évidence.
(notions sécurité) et le passage du per- Les inspecteurs ont des critères à
mis de conduite sont obligatoires. respecter, une grille d’évaluation, un
En 1978 les moniteurs d’auto-écoles parcours de qualité est construit. Il y a
peuvent prétendre rentrer à l’Ecole aussi l’aspect pédagogique, si l’élève fait
Nationale des Inspecteurs. Ils devien- des erreurs on lui explique le pourquoi
nent contractuels en signant des de ses erreurs.
contrats de 5 ans. Les femmes pour la Un bon inspecteur doit être pédagogue,
première fois peuvent exercer cette Par ailleurs, Bruno est un militant, il veut expliquer avant le départ au candidat
profession. faire bouger les choses. Depuis presque ce qu’il doit faire pour qu’il ne soit pas
En 1985 les moniteurs ont le droit de deux décennies, il se bagarre pour qu’il dans l’erreur. Il doit faire passer des mes-
communiquer avec leurs élèves pen- y ait un centre d’accueil digne de ce sages tel que le respect des autres et de
dant le déroulement de l’examen du nom pour recevoir les élèves conduc- l’environnement. Les ¾ des inspecteurs
permis de conduire. Fin 1987 ils devien- teurs, les moniteurs d’auto-école et les de France ne donnent pas les résultats
nent fonctionnaires d’état de catégorie inspecteurs. Avant, les candidats au per- aux candidats ce qui est une grande
B. Ils dépendent alors du Ministère des mis attendaient dehors, sur le trottoir et frustration pour eux. Dans le 44
Transports. les inspecteurs dans les voitures. Ce nous le donnons directement à l’élève
Ainsi, l’inspecteur(trice) du permis n’étaient que des lieux de rendez-vous, conducteur. »
de conduire et de la sécurité rou- un trottoir, une place, une rue (place de Une journée d’examen pour un inspec-
tière fait passer les permis voiture, la Bonde, rue des Tribunes, puis che- teur correspond à 12 passages de can-
moto et poids lourd. Les épreuves min de Barbotte.) didats (environ trente cinq minutes
consistent en un contrôle de Depuis mars 2010, un local a donc été par candidat).
connaissances du code de la route attribué au passage du permis de
et en des épreuves pratiques, au conduire : une victoire partielle. Les tra- Nous connaissons mal certaines pro-
volant. vaux ne sont pas encore terminés mais fessions et parfois nous avons des
Moniteur d’auto-école pendant dix ans, cela avance. Ce centre d’accueil se situe à priori hâtifs. Certains ne donnent pas
Bruno entre, après concours, à l’Ecole 2 rue Maurice-Barrès. une bonne image du métier qu’ils repré-
Nationale des Inspecteurs à Nevers. Maintenant les enseignants d’auto-école sentent mais nous pouvons dire que
Diplôme en poche, il est nommé à et les inspecteurs ont un dialogue péda- beaucoup de personnes, comme Bruno,
Orléans durant 3 années (emplois natio- gogique. La priorité de ce lieu est très militent pour changer et défendre le ser-
naux) en catégorie B. Muté en 1989 à importante pour deux raisons : vice public pour le bien des usagers et
Nantes, il exerce son métier avec pas- • maintenir un service public à part changer l’opinion souvent attribuée aux
sion et intégrité. Il arrive en 1992 à entière sur le quartier fonctionnaires ●
Nantes Nord parce qu’il y a des • une proximité pour les futurs conduc-
Daniel Jamonneau
attaches. Il aime ce quartier. teurs.

16 Mosaïque n°59 | Décembre 2010


PORTRAIT
Lucien GUITTENY a donné
son nom au passage qui
longe l’école George SAND.
Qui était cet instituteur qui
a joué un rôle important
sur notre quartier alors que
l’urbanisation s’accélérait ?

Hommage
à Lucien Guitteny
u début des années cinquante subventionner cette action sous pré- Une compétence reconnue
A notre quartier s’urbanise. Pour
accueillir les enfants des familles,
souvent nombreuses, une nouvelle
texte de créer une inégalité entre les
enfants de la ville de Nantes… mais en
1965 les « Garderies de Nantes » sont
Le rapport d’inspection du 29 09 64 pré-
cise : « M. Guitteny n’est pas seulement
un maître …il y a plus…c’est dans le
école est construite entre la cité provi- remplacées par les Centres Aérés, selon domaine des activités périscolaires qu’il
soire du Chêne des Anglais, les loge- le modèle expérimenté au groupe sait donner toute sa mesure. Qu’il
ments H.L.M. de la rue des Renards, le scolaire de la Géraudière ! s’agisse du club de jeunes, du centre aéré
lotissement ouvrier de la Petite Bois- ou des activités sportives, la foi qui
sière (dont la cité Castors) et celui Agir avec les familles anime ce directeur a su donner une
pavillonnaire de la Rivière. A la rentrée défavorisées, par des vigoureuse impulsion à toutes ces
de 1959 le groupe scolaire de la Gérau- actions collectives œuvres indispensables dans un quar-
dière* ouvre avec 12 classes pour les Lucien Guitteny veut agir auprès des
tier où la misère engendre une forte
garçons, 12 classes pour les filles et 5 familles dans toutes leurs composantes
délinquance juvénile... Pour persévérer
pour la maternelle. de vie ; pas en faisant à leur place mais
dans cette tâche difficile et ingrate il fal-
en les aidant à prendre en charge par
lait une ouverture d’esprit et des qualités
Maintenir une mixité sociale des actions collectives leurs problèmes
exceptionnelles … M. Guitteny possède
Lucien Guitteny est le premier directeur du quotidien. Il encourage ainsi le
des qualités humaines de premier ordre
de l’école des garçons. Avec l’équipe regroupement des habitants de la cité
qui contribuent grandement au rayon-
enseignante et les parents d’élèves il va du Chêne des Anglais pour qu’ils puis-
nement de l’Ecole Publique ».
tout mettre en œuvre pour sauvegarder sent s’organiser et porter les revendica-
une mixité sociale au sein de l’établis- tions auprès des collectivités et institu-
Un homme passionné
sement : ouverte sur le quartier, l’école tions. Ainsi naît le Comité d’Action de la
Toute sa vie Lucien Guitteny a été un
doit permettre à chaque élève, quelle Petite Sencive (C.A.P.S.).
homme passionné, curieux de tout,
que soit son origine sociale, de pro- ouvert aux innovations pédagogiques,
gresser et de s’intégrer dans la société. Naissance de la prévention attentif aux plus défavorisés et faisant
Ainsi à l’école de la Géraudière, les spécialisée à la cité toujours preuve d’une grande tolérance.
enfants du médecin côtoient ceux des du Chêne des Anglais Sous son impulsion, pour combattre
familles de la cité d’urgence. Lucien Guitteny va s’impliquer dans le
l’inadaptation sociale, les notions de
secteur loisirs des adolescents. Pour per-
« promotion et de solidarité » rempla-
L’inventeur des centres mettre le développement des activités
cent celles d’ « assistance et de charité ».
aérés nantais en direction des familles et des jeunes il
Tous ceux qui l’ont côtoyé : collègues,
Pour Lucien Guitteny les loisirs des faut des « médiateurs » capables d’agir
élèves, parents d’élèves, éducateurs,
enfants doivent être valorisants. Il ne au plus près des familles. Ainsi naît le
familles du « Chêne des Anglais » se sou-
peut se satisfaire des « garderies » orga- concept des « éducateurs de rue » pré-
viennent de sa grande disponibilité et
nisées par la ville. D’où l’idée dès 1961 sents au Chêne des Anglais, en dehors
de son énergie à se battre contre toutes
de proposer, avec Jean Gatard, un du temps scolaire. Ce type d’interven-
les injustices sociales ●
accueil des enfants encadré par des tion sera pérennisé : aujourd’hui ce sont
* Aujourd’hui écoles George Sand
moniteurs compétents. Dans un pre- les éducateurs spécialisés de l’Associa-
et Camille Claudel
mier temps la municipalité refuse de tion Ferdinand Deligny.
Francis PESLERBE

Mosaïque n°59 | Décembre 2010 17


HISTOIRE AASCEB,

DE QUARTIER Groupe Histoire


des Quartiers Nord
de Nantes.
9bis, rue Jean de la Bruyère

Les ruisseaux visibles 44300 Nantes


06 71 81 37 49

et invisibles…
Nantes-Nord, plateau humide (cf Mosaïque N 58), limité
par les rivières Cens, Gesvres et Erdre, est parcouru par de
nombreux ruisseaux. Si en France on compte en moyenne
1 km de cours d’eau par km2 cette densité atteint presque
le double pour Nantes-Nord.

vant l’urbanisation de nombreux à s’écouler vers le Gesvres. Les riverains

A ruisseaux sillonnaient, à l’air libre,


notre quartier. Mais les construc-
tions successives ont entraîné leur
y ont puisé l’eau pour leur jardin. Mais le
6 avril 1955 leur demande « de terminer
le busage du ruisseau … qui amène des
enfouissement partiel ou total. Etat des vipères et présente un risque pour les
lieux aujourd’hui : enfants qui y tombent facilement »
est votée par le Conseil Municipal.
• le ruisseau des Mares (longtemps Aujourd’hui, seule sa partie terminale
appelé ruisseau de la Ménardais), limite irrigue à ciel ouvert la zone maréca- sche Blanc et de la Barboire. Les rive-
de Nantes, prend sa source à Orvault, au geuse des anciennes cressonnières rains se souviennent y avoir récolté du
Bois Raguenet. Il traverse la route de (cf. Livre III). Ce ruisseau a failli dispa- cresson et lavé leur linge (3 lavoirs
Rennes et serpente paisiblement dans la raître : le P.O.S de 1975 ne prévoyait-il étaient aménagés sur son trajet). Lors
partie basse du cimetière parc, du golf pas d’y faire passer une rocade ? Au de l’aménagement du bd Picherit ses
Nantes Erdre et du village de l’Angle début des années 90 c’est un chemin eaux ont été détournées vers le réseau
Chaillou avant de rejoindre le Gesvres. piétonnier qui a été aménagé pour le des eaux de pluie. Asséché, il délimite
Sur le site du golf ses eaux alimentent plus grand plaisir des promeneurs ! encore plusieurs propriétés de la rue
4 magnifiques plans d’eau (4 mares ?... de la Bourgeonnière (côté pair). Ali-
d’où le nom de ce ruisseau ?), réserves • le ruisseau de la Botardière a un par- menté par des sources il revit à nouveau
pour l’arrosage du green l’été. Dom- cours fortement tourmenté il prend sa après avoir traversé la rue de la Cheva-
mage que ces espaces ne soient acces- source au Bout des Landes à proximité lerie. Souvent busé par les riverains il
sibles qu’aux seuls golfeurs ! de la prison où il est busé. Il retrouve sa réapparaît à l’air libre rue de la Pierre
liberté après avoir traversé le Bd Ein- Percée avant de s’écouler dans le
• le Renard recueillait les eaux du stein où il peut, sur une courte distance, Gesvres.
déversoir de l’étang du château de la vagabonder en plein air dans la partie
Boissière. Depuis son comblement en basse du parc de l’Amande. Il disparaît à • le ruisseau «invisible», mais dont
1955, ce sont les sources d’alimentation nouveau pour franchir le Bd Einstein. Il l’existence est attestée par le nom d’une
de ce même plan d’eau qui continuent coule alors dans un val profond, en impasse : avenue du Ruisseau (prolon-
zone très sauvage, avant de traverser le gement de la rue A. de Vigny). Il naît
périphérique pour rejoindre le Gesvres. dans la partie basse de l’ancienne pro-
Un des plans d’eau du golf alimenté Aujourd’hui peu accessible, la ville a le priété du « Chêne des Anglais ». Il drai-
par le ruisseau des Mares. projet d’aménager le long de ses rives, nait les eaux des nombreuses sources
un chemin piétonnier. de ce secteur. Enfoui en 1956 par les
riverains, dans sa première partie, la ville
• le ruisseau de l’Herbergement naît a poursuivi ce busage en 1958 pour per-
dans la partie marécageuse de l’hippo- mettre l’assèchement des terrains et la
drome. Il traverse le Bd Guy Mollet et construction du lotissement Castor II
coule paisiblement vers le Cens en lon- (cf. Livre IV). ●
geant le restaurant universitaire et le Francis Peslerbe
complexe de loisirs du Petit Port.
• le ruisseau (sans nom ?) drainant les
anciennes terres marécageuses de Fre-
LES RECETTES
D’EMMA

Un amour de soupe
Voilà déjà l’hiver tristounet frileux et humide qui envahit
la campagne, la ville, les balades de bord de mer. Le ciel
est gris et maussade et les journées ont raccourci comme
des pulls passés en machine au programme 90°...

on, pour tout vous dire, il a un peu les trois premiers nommés, une P o u r

B changé mon amoureux : son bou-


lot, le bricolage qui n’avance pas,
la tristesse du compte en banque, les
petite douche pour les tomates, un
kilo est demandé. Te voilà ma jolie
cocotte, j’y mets de l’huile d’olive et
donner
un air coquet et
tendre à ma table, j’al-
histoires avec belle-maman. je fais revenir les trois ingrédients lume des bougies, et
Certains soirs, devant la télé, on se qui à présent copinent genti- comme ce soir c’est la fête, je
demande pourquoi on n’est pas resté ment. J’ajoute l’ail magique, l’habille d’une nappe très élégante.
en vacances. Pourquoi on n’est pas en le concentré de tomates J’ai aussi pris dans le buffet de jolies
Auvergne dans une yourte en train de et ses copines fraîches sont assiettes chinées au hasard d’un vide-
confectionner de délicieux fromages ? invitées à se plonger dans grenier.
Pourquoi on ne réalise pas un vieux rêve cette boîte de nuit improvisée. Je touille, Figurez-vous que j’ai même retrouvé
qui trotte dans notre tête, se métamor- énergiquement, sensuellement . J’ajoute gentiment cuisinées et congelées de
phoser en Mathilde Seigner dans « une un bouquet garni, une belles coquilles St- Jacques, rapidement
hirondelle ne fait pas le printemps ? » pincée de sucre, une au four je vais les réchauffer.
Pourquoi ? Pourquoi ? autre de sel. Une salade frisée déco-
Même le chat déprime. On est souvent Le chat Bartabas rée de croûtons aillés,
en tête à tête tous les deux, il me semble est intrigué, il saura très bien, cela,
que ses yeux me demandent de démar- vient se frotter accompagner.
rer le véhicule qui nous mènera au petit dans mes Dans ma petite réserve
bonheur indispensable à l’harmonie de jambes. Il y il y avait un Muscadet que je
l’ambiance dans la maison. « Voyons, gagne au passage décide de servir comme il
voyons... » Je me replonge dans mes quelques croquettes, je n’ai se doit, très frais. (remar-
livres de cuisine, loin des infos, de l’or- jamais su résister à ses ron- quez les rimes)
dinateur qui buggue et des tâches ména- ronnements intéressés. Le chat, ce qu’il aime,
gères. Soupes, soupes, pas mal Une irrésistible odeur se répand alors c’est voir ses maîtres heureux.
« velouté de tomates agrémenté de peu à peu dans toute la maison. Je mets Je vous avoue, mes chers lecteurs,
gingembre et d’herbes du jardin ». à présent un quart de litre d’eau dans que ce soir-là, j’ai réussi un sans
Me voilà partie vers le marché local où ce délicieux breuvage que je porte à faute.
les commerçants rigolards tapent le brin ébullition. Je réduis le feu, un joli fré- L’amoureux, épaté, et régalé, ça il l’a été.
de causette avec le client. L’odeur du missement de la soupe, pas plus de Et pour la suite...chut! A personne je ne
pain frais, des poissons et crustacés quinze minutes. Hop! Le bouquet garni le répèterai, mais quel bon souvenir j’en
vient titiller mes narines gour- est rejeté hors du nid. garderai. ●
mandes, les fruits et légumes me font Emma B.
des clins d’œil. Je remplis mon panier,
un passage obligatoire par le supermar-
ché du coin pour compléter avec l’in-
dispensable concentré de tomates et me
voilà une heure après, mon tablier sur
“ Le gourmet peut dire
d’après son goût, si la patte
les hanches, ma planche à découper du coq de bruyère qu’il est
devant moi, je m’active au son de mon en train de manger est ou non
tube préféré : Barry White « love
s’thème ». Les oignons, l’ail, les
celle sur laquelle l’oiseau
tomates, le gingembre, l’huile avait l’habitude de se
d’olive, le concentré de tomates, le
thym, le laurier. « Attention à vous, je
vais vous mater. » Et vas- que je t’épluche
percher
” Will Cuppy

Mosaïque n°59 | Décembre 2010 19


ÉCHOS DE L A
MÉDIATHÈQUE

Discriminations !
Tel un cyclone qui s’abat et sème consternation derrière lui, ce mot emporte sont lot de
souffrances, d’humiliations, de révoltes… de victoires aussi. Les sujets sont multiples et
complexes. En débattre c’est le privilège de nos démocraties. Trouver des solutions afin
de garantir plus de justice sociale, se pose alors comme une exigence à la hauteur des
idéaux portés par nos sociétés. Attardons-nous sur la grande question de la diversité
en privilégiant trois angles : la diversité culturelle, les jeunes, les inégalités entre
les hommes et les femmes. Nous vous proposons quatre livres pour dresser un état
des lieux et alimenter la réflexion.

Michel Wieviorka
Ecrans pâles ? : diversité
La Diversité culturelle et culture
Rapport à la ministre de
l’Enseignement supérieur commune dans l’audiovisuel
et de la recherche • édition Fonds d’action et de soutien
Robert Laffont 2008 pour l’intégration et la lutte
Le Président de la République contre les discriminations, FASILD •
a fait connaître le 8 janvier
2008 son souhait de voir ins- janvier 2005
crire la diversité dans le préam- Série de contributions sur le principe de respect de la
bule de la Constitution. diversité culturelle des téléspectateurs. Le contenu des
Qu’est-ce que la diversité ? Le programmes télévisés, en tant qu’espace quotidien d’in-
terme renvoie à la nécessité au formation, est analysé. Au cours de tables rondes à l’Ins-
sein d’une même société de titut du monde arabe, chercheurs, spécialistes et
prendre en considération des acteurs de l’audiovisuel proposent leur point de vue
différences d’origine nationale, sur la représentation télévisuelle. ●
de culture, de religion, de langue,
de genre, d’orientation sexuelle,
d’apparence physique, de handicap, de diplômes,
etc.
Plus précisément, le mot « diversité » désigne deux
grandes préoccupations collectives ; d’un côté,
Les jeunes Français ont-
celle d’acteurs à l’offensive, plaidant pour la
reconnaissance de leur spécificité, voire sa mise
ils raison d’avoir peur ? :
en valeur ; de l’autre, celle d’individus victimes
d’injustice, de racisme et de discrimination du fait éléments de réponse
de leur appartenance réelle ou supposée à un Olivier Galland • Armand Colin, 2009
groupe particulier. ●
Le moral des jeunes Français est au plus mal, le pays n’a pas
Michel Wieviorka est président de l’Association investi dans l’avenir et les générations sont mises en conflit,
internationale de sociologie et directeur d’études l’auteur montre la fracture entre une jeunesse qui s’en sort
à l’École des hautes études en sciences sociales. et une autre sacrifiée. ●

Dominique Méda & Hélène Périvier

Le deuxième âge de l’émancipation :


la société, les femmes et l’emploi
Seuil, 2007
L’émancipation des femmes marque actuellement le pas, alors même que les inégalités entre les hommes
et les femmes se maintiennent, notamment dans le travail, dans le partage des tâches domestiques et plus
largement dans la capacité de choisir et d’organiser sa vie. L’ouvrage explore différents scénarios d’orga-
nisation sociale pour que les femmes disposent d’une plus grande liberté de choix. ●
Dominique Méda est sociologue, chercheuse au Centre d’études de l’emploi (CEE).

20 Mosaïque n°59 | Décembre 2010


ÈS
C ’EST AUSSI PR Lieu Unique
VDIE EC
E CLHO ZALE
VOUS Quai Ferdinand Fa
vre
2, rue Biscuiterie
44000 Nantes
02 51 72 05 55

Rythme, opulence et glamour


au LU…

Lady’s and Gentlemen welcome to Cabaret New Julie AtlasMuz, Evie Lovelle, Mimi
LeMeaux ou Roky Roulette, des noms
Burlesque, que je suis allée applaudir pour vous qui sont déja tout un programme : le
le 14 octobre dernier dans ce lieu «Hype» de la culture New Cabaret Burlesque.
A la fois dérisoire et subtil, ce show
nantaise, le LU. satiné, pailleté, corseté, nous emmène
dans un monde de « dessous-chics » sus-
’ai rendez-vous tous les ans avec le vers du décor, le quotidien de ces filles citant l’émotion, tel un piment rare, sans

J festival de Cannes devant mon tube


cathodique. Stores baissés, silence
complet, téléphone débranché ! L’émo-
magiques, mais aussi leurs imperfec-
tions, bref, l’effeuillage de leur vie « bur-
lesque » : spectacle au féminin fondé sur
autres atouts que leurs faux-cils et leur
vraie nature. Le new burlesque ne fait
pas dans la retouche sur papier glacé,
tion est à chaque fois au rendez-vous. Je le strip-tease, qui désamorce en partie la mais dans la mise en relief des corps.
les ai tous vu défiler… mes préférés, dimension érotique de la nudité en la Accompagnées d’un homme rebondis-
Pialat, Almodovar, Huppert, et tant transformant en une forme de comédie sant, mangeur de « Kentucky Fried
d’autres. ou de spectacle décalé et drolatique. Chicken », elles ont emporté le public,
Mais cette année, ce n’était ni Pénélope A la fois amusée, troublée, intriguée, qui finit surchauffé par l’assaut de fesses
Cruz, ni Juliette Binoche, ni Christine voire déstabilisée, ce film diffusa chez étoilées de lumières rouges.
Scott Thomas, glissant sur le tapis rouge, moi une irrésistible envie d’applaudir Ce qu’elles font, c’est donc interroger
qui m’ont éblouie, mais cinq créatures cette performance, et figurez-vous que les modes de production de l’identité
étranges, bouleversant les codes du mon rêve s’est réalisé. Elles étaient, le féminine. Ces images, elles les détour-
« bon goût », bousculant les tabous et 14 octobre dernier, de passage à Nantes, nent, les parodient pour créer le trouble
l’image de la star. Elles accompagnaient ville qu’elles connaissent déjà pour et ne cachent leur sexe que pour mieux
Mathieu Amalric, ce Jean Pierre Léaud s’être produites une première fois au chanter la chair.
moderne que j’adore, et avec qui ils rem- Hangar à Bananes. Alors, comme le dit le nom de la
portèrent, sous un flot d’applaudisse- rubrique, n’hésitez pas à vous déplacer,
ment, le prix de la mise en scène. Alors, in vivo, le LU « est aussi près de chez vous ». Pour
La semaine suivante je cours au Katorza qu’est-ce que cela donne ? s’ouvrir à de nouvelles démarches artis-
découvrir ce film « Tournée », qui dès Cinq bombes sexuelles, érotiques, fan- tiques, se nourrir et être étonné, monter
le début nous entraine dans la loge de tastiques, étonnantes, craquantes, telles dans le tram ligne 2, arrêt Commerce,
femmes dénudées, donc authentiques, des bulles de champagne qui se dégus- puis ligne 1, arrêt Duchesse-Anne, on ne
face aux spectateurs médusés. Ainsi, tent sans modération. Dirty Martini, peut pas faire plus simple ! ●
situés « backstage », nous apparait l’en- Kitten on the Keys (chaton sur le piano), Corinne Leconte

Mosaïque n°59 | Décembre 2010 21


EXPRESSION

Merci à toi Michel


Nous nous sommes rencontrés aux ateliers d’écriture
du Bief, puis à Mosaïque journal de Nantes Nord.
La Folle Journée nous a rassemblés encore et nous
avons réalisé « Koncerto » . Les bandes dessinées,
fruit de ton imagination, s’exposent dans divers lieux
de Nantes, tu es toujours avec nous…
Michel, plein d’humour,
généreux de Cœur
Imagination débordante
Voyages, ... et rêves…
mais jamais Irrespectueuse J’aime la pluie. Pas vous ? Elle change les couleurs de la ville. Elle enveloppe tout
Chaleureux et beaucoup de Sensibilité d’un brouillard léger ; les ardoises des toits luisent et les flaques d’eau reflètent
Honnête envers lui, Simple le ciel. Oui, j’aime la pluie…
avec les autres Mais quand même, certains jours, je trouve que c’est assez et qu’un rayon
Espiègle dans le verbe, de soleil, même petit, même pas longtemps, me ferait vraiment plaisir.
Ouvert à l’échange Alors, ces jours-là, je pars en voyage, je me dépayse.
La rencontre pour nous fût Unique Pas besoin de bagages, ni de voiture, de train ou d’avion. Rien de tout cela.
Danièle, Hervé, Gérard, Nicole, Odile, Je reste chez moi, dans un fauteuil confortable et je lis. La qualité et l’intérêt
Daniel, Jean Pierre… et tous les autres du voyage dépendent du choix du livre.
Partons pour la Chine, avec « Taïpan » de James Clavell. Nous sommes
au XVIe siècle ; Dirck Struan et Tyler Brock sont ennemis depuis toujours ; tous

“ J’ai voulu faire de ma vie


ce que je voulais qu’elle soit
lorsque j’avais vint ans
J’ai voulu vivre en accord
avec mes idées, j’en ai payé
les deux veulent être Taïpan, le chef, et il ne peut y en avoir qu’un… Struan veut
aussi autre chose, une rade sûre pour abriter ses bateaux, un port, une ville
qui serait sa ville. Pour cela il est prêt à tout, même à passer un marché avec
le plus fort des commerçants chinois Jin-Qua. C’est un accord dangereux
qui le sauve de la faillite ; mais à quel prix ?
le prix (fort) Dans « La noble maison » du même James Clavell, vous retrouvez Hong Kong
Je suis resté intact, je crois, après la seconde guerre mondiale, dans les années 60. Sont là, les Britanniques
qui administrent la colonie et règnent en maître, et les chinois qui parviennent
et sans compromissions
toujours à traiter à leur avantage avec leurs dominateurs. Arrivent deux
J’ai vécu comme j’ai voulu Américains avides de s’approprier une part du fabuleux marché qu’est l’Asie.
et je ne l’ai jamais regretté Et toujours la rivalité entre Ian Dunross le Taïpan de la maison Struan, et Quillian
J’ai profité de ma jeunesse Gornt le descendant de Tyler Brock ; tout cela sous le regard des représentants
pour beaucoup voyager, de la Couronne, des militaires, des trafiquants chinois, et des envoyés
surtout là où je n’irai très spéciaux de pays curieux.
plus maintenant Je vous souhaite bonne lecture et bon voyage !
J’ai brûlé ma vie par les deux Madeleine Gaultier
bouts, mais j’ai bien cicatrisé
J’ai aimé un peu trop,
mais à chaque fois le bonheur
était vrai
J’ai donné beaucoup,
quelquefois à tort mais
toujours sans regrets
Avec tout ce que j’ai fait, j’ai
construit tout plein de


souvenirs pour quand
je serai vieux
Michel Cissou, extrait de « effeuillages »

22 Mosaïque n°59 | Décembre 2010


PASSION

Nos voisins sont des artistes


Claudette est tombée
sous le charme de cet
appartement au vaste
balcon dominant la Loire.
Elle se plaît à regarder
ce « miroir de la ville »,
captivée par la force
tranquille de ses flots
changeants selon les
saisons et les heures
du jour ou de la nuit.

Le dessin accompagne
son enfance
Les monts d’Auvergne ont développé
en elle un amour infini pour la nature, sa
première source d’inspiration. Mais le
vrai déclic arrive en classe de 5e avec ce
professeur qui, par sa rigueur et son
savoir-faire, a su la captiver et lui faire
découvrir le bonheur de s’exprimer
dans cet art : elle peint sa 1re toile à Partageant son temps à «croquer»
16 ans ! Nantes et les nantais, à faire de grandes
Plus tard, le métier de professeur des ballades et fouiner dans les brocantes à
Ecoles lui permet de transmettre, ani- la recherche de ces objets du temps
mée de la même passion, les disciplines passé qui la fascinent et l’émeuvent, elle
du dessin et des arts manuels. peint, aime découvrir d’autres peintures
et participe à de nombreuses exposi- Et maintenant ?
4 carnets de voyage édités tions couronnées de succès. Sans se prendre au sérieux, elle chemine
dont : « A Nantes, j’ai… » vers l’abstraction dans une grande
Claudette occupe le temps libre de sa Son inspiration liberté gestuelle et des couleurs écla-
retraite à progresser au moyen de livres Artiste libre d’expression figurative réa- tantes où souvent apparaît le violet. Ces
spécialisés en peinture. Mais rien ne liste, elle met en scène des instants de nouvelles créations toutes en mouve-
vaut l’immersion totale avec ces 3 stages vie avec précision. Ainsi naissent des ment sont quelquefois traversées de
pratiques d’une semaine sous les paysages verdoyants et des natures lignes ondoyantes, telles des partitions
conseils avisés du peintre marseillais mortes nostalgiques de la vie rurale : de musique ou le souvenir de ses ruis-
Jean Triolet ! pots de terre, paniers, souliers ou seaux auvergnats.
Il y a 3 ans, les aléas de la vie lui font chapeaux de paille. Elle met son énergie au service des
quitter Montluçon pour Nantes où, à Son séjour au Pérou donne naissance à autres : cours de peinture à la MGEN,
peine arrivée, elle expose à la galerie la superbe série des péruviennes revê- intervention dans la vie de quartier, acti-
marchande Pôle Sud… Puis « rajoute un tues des costumes traditionnels hauts vités avec les associations dont Art
stylo à ses pinceaux » avec la création en couleurs et peintes sur la toile de jute et C…
d’un carnet de voyage où les mots com- récupérée des marchés andins. Un Ecrivant et exposant pour son propre
plètent les images aquarellées au cœur séjour actif avec, à la fois, un stage de plaisir mais aussi celui de faire découvrir
d’une « ville charmante, accueillante… peinture à Lima, des cours d’initiation à et partager ses expériences du bonheur
ville de toutes les audaces, de toutes les domicile pour des enseignants du lycée de vivre, elle a encore tant de choses à
envies » qu’elle adopte et qui lui rend si français et l’édition d’un autre carnet de dire. Alors à bientôt Claudette ! ●
bien. voyage. Myriam Pascal

Mosaïque n°59 | Décembre 2010 23


VIE LOCALE

Fête de quartier du Bout des Pavés/Chêne des Anglais

Passages de livres à L’Escale

Nantes Nord,
toujours plus dynamique

Métisse à Nantes et ses goûters sonores


Ludonord, la fête du jeu des CSC

Expos

FRAgments éClectiques

Olivier Guitard, photographe contemplatif


Arnaud Théval et ses Avatars

Centre de Loisirs Cloé à la Médiathèque


24 Mosaïque n°59 | Décembre 2010

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