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Chapitre 9
Développer
le capital marque
La stratégie de marque constitue l’une des priorités actuelles
des politiques marketing et même financières. Les entrepri- Dans ce chapitre,
ses cherchent à créer, développer et protéger leurs marques. nous examinerons
Des marques telles que Coca-Cola, Microsoft, IBM, Nokia, les questions suivantes :
Sony ou Nike permettent aux entreprises d’adopter des prix ■ Qu’est-ce qu’une marque ?
plus élevés pour leurs produits, de favoriser la fidélité des ■ Qu’est-ce que le capital
clients et de se différencier des concurrents. marque ?
La construction de marques fortes exige une planification
■ Comment peut-on le
marketing soignée, associée à des investissements sur le long construire, le mesurer et le
terme. Au cœur d’une stratégie réussie, on trouve un excel- gérer ?
lent produit ou service, accompagné d’un marketing créatif.
■ Quelles décisions doit-on
GOOGLE. Fondé en 1998 par deux étudiants en doctorat de Stan-
prendre lorsque l’on
ford, ce moteur de recherche représente aujourd’hui 56 % des définit une stratégie de
requêtes sur Internet et 200 millions de recherches quotidiennes. En marque ?
2004, il a doublé son chiffre d’affaires pour atteindre 3,2 milliards
de dollars, et quadruplé ses bénéfices pour parvenir à 342 millions
de dollars. Résultat : un an seulement après son introduction en
bourse, son cours avait déjà triplé et sa capitalisation boursière
représentait près de 80 milliards de dollars. La politique marketing
de l’entreprise s’appuie sur un moteur de recherche fondé sur le
texte lui-même et un algorithme sophistiqué, sur un service rapide
et fiable, ainsi que sur l’absence de publicité sur le site. Les bénéfi-
ces de Google reposent sur la vente de listings utilisables pour une
recherche, et sur celle de la licence de sa technologie à des entrepri-
ses comme AOL et le Washington Post. Google a également diversi-
fié ses logiciels en permettant désormais d’identifier un itinéraire
avec Google Maps, d’afficher la photo satellite de n’importe quelle
région du monde avec Google Earth, de comparer les prix avec
Froogle… L’entreprise n’a jamais dépensé d’argent en communica-
tion et s’est développée grâce au bouche-à-oreille. En 2005, Google
a été classée 38e marque mondiale par Interbrand, avec une valori-
sation de 8,5 milliards de dollars pour la marque. Elle est l’une des
marques les plus récentes parmi les cent premières mondiales 1.
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BOSE. Cette entreprise, créée par le Dr Amar Bose, alors professeur en génie électrique au
MIT, exprime ses valeurs, et donc celles de ses clients, dans sa communication : « Bose a
forgé sa réputation grâce à la très haute qualité de ses systèmes audio, tant dans l'univers
de la maison, avec ses systèmes hi-fi et home cinéma, que dans les domaines profession-
nels. Partout où le son revêt une importance majeure, Bose est là. […] La recherche nourrit
la technologie. Or une technologie supérieure entraîne des performances supérieures.
Chez Bose, nous finançons la recherche en réinvestissant 100 % de nos bénéfices dans notre
entreprise5. »
CÔTE D’OR. Née en Belgique en 1883, la marque appartient depuis 1987 au groupe Kraft
Foods, numéro deux mondial de l’agroalimentaire qui détient également les marques
Milka, Toblerone et Suchard. Mais l’identité de Côte d’Or est spécifique. Elle évoque un
chocolat au goût intense, une grande qualité fondée sur un savoir-faire plus que centenaire
et un cacao soigneusement sélectionné. Même si la gamme est large et couvre l’ensemble
de la catégorie, depuis les tablettes familiales jusqu’aux carrés de chocolat, du chocolat au
lait aux chocolats noirs et parfumés, l’identité s’inscrit d’abord dans l’univers de la dégus-
tation avec des plaquettes fines et des mignonnettes aux parfums originaux comme noir
orange, noir framboise ou truffé intense 10.
Le capital marque est un actif intangible important qui confère une valeur psycho-
logique et financière à l’entreprise.
Les responsables marketing et les chercheurs utilisent plusieurs approches
pour évaluer le capital marque14. Les approches fondées sur les clients, auxquel-
les nous nous intéressons plus spécifiquement ici, reposent sur l’idée que la por-
tée d’une marque est déterminée par la manière dont les clients la perçoivent15.
On définit le capital marque fondé sur le client comme la différence provoquée par la connais-
sance de la marque dans la manière dont les consommateurs réagissent à son marketing 16.
On considère qu’une marque a un capital positif lorsque les clients réagissent
plus favorablement au produit et à son marketing lorsqu’ils ont identifié la mar-
que. À l’inverse, ce capital est négatif si la réaction des consommateurs est moins
favorable lorsqu’ils connaissent la marque. Cette définition intègre trois compo-
santes.
♦ Premièrement, on analyse ici la différence de réaction des consommateurs. Si
la connaissance de la marque ne provoque aucune différence, alors la marque
s’apparente à une version générique du produit et la concurrence est essentiel-
lement fondée sur les prix.
♦ Deuxièmement, cette différence de réaction provient de la connaissance de la
marque par les consommateurs. On s’intéresse donc à l’ensemble des pensées,
sentiments, images, expériences, croyances qui lui sont associés. Les marques
doivent tenter de provoquer des associations mentales fortes, favorables et
spécifiques dans l’esprit des clients. Par exemple, sur le marché des cosméti-
ques vendus en grande surface, la dimension forte, spécifique et positive asso-
ciée à la marque L’Oréal est l’innovation.
♦ Troisièmement, la différence de réaction des consommateurs se traduit dans
leurs préférences et leurs comportements face à la marque.
Par conséquent, les responsables marketing qui tentent de construire des mar-
ques fortes doivent s’assurer que leurs clients vivent des expériences positives
avec leurs produits et services, et que leurs opérations marketing créent les asso-
ciations mentales souhaitées à propos de la marque.
Une marque forte présente en effet de nombreux intérêts (voir tableau 9.1) :
elle permet de fidéliser les consommateurs ; elle résiste mieux aux actions de la
concurrence ; elle représente un outil privilégié pour conquérir de nouveaux mar-
chés ; elle constitue un bon argument pour négocier le référencement des pro-
duits avec les distributeurs. Dans le même temps, une marque est un capital
fragile dont l’image peut être durablement affectée par des incohérences de ges-
tion, des rumeurs ou une crise sur les produits.
APPLE. Cette marque est aujourd’hui valorisée par les consommateurs de plusieurs géné-
rations et de nombreux pays. L’entreprise a réussi à créer un attachement exceptionnel et
une fidélité très élevée à sa marque en respectant l’engagement pris par le PDG, Steve
Jobs : « Créer des objets magnifiques qui changent la vie des gens. » De nombreux fans de
la marque la promeuvent sur le web et ailleurs : ainsi, dans un club branché de New York,
deux disc-jockeys organisent chaque mardi des « soirées DJ iPod open ». Mais l’entreprise
ne fonde pas tout son marketing sur les initiatives de ses clients : elle a consacré 293 mil-
lions de dollars à l’ouverture de 73 magasins dédiés, afin de favoriser une identité de mar-
que stimulante et de permettre aux clients de voir et de toucher les produits 17.
Certaines sociétés considèrent qu’une marque bien gérée a une durée de vie illimi-
tée, comme en témoigne la pérennité de noms tels que Gillette, Campbell Goodyear,
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Colgate ou Coca-Cola, déjà leaders sur leurs marchés respectifs il y a plus de 80 ans.
Des sociétés comme Procter & Gamble, IBM, Sony ou Merrill Lynch ont su, au fil des
années, construire des marques particulièrement puissantes.
Certains analystes pensent que la marque constitue le capital suprême de l’entre-
prise. Les marchés boursiers réagissent en général positivement aux annonces des
entreprises à propos de leurs stratégies de marque, qu’il s’agisse de créations de
nouvelles marques, d’extensions de marque, de changements de nom et surtout
d’achats de marques existantes18. Cependant, il ne faut pas oublier que la marque
ne vaut que par ce qu’elle représente aux yeux des clients, et que la fidélité de com-
portement représente le véritable enjeu. À terme, c’est donc le capital client qu’il
faut privilégier, la marque n’étant qu’un moyen essentiel de le développer19.
(4,8 milliards ; 65e place), Danone (4,5 milliards ; 67e place) et Hermès (3,5 milliards ;
82e place)24. Pour ces entreprises, la valeur estimée de la marque représente sou-
vent plus de la moitié de la valeur boursière totale.
D P E C
D P E C
D P E C
D P E C
D P E C
Nouvelle marque Marque en déclin
Stature de la marque
(Estime et Connaissance)
marque ne l’égale). Les clients qui ont établi un véritable lien avec la marque,
en haut de la pyramide, dépensent davantage, sont réticents à changer de mar-
que et se caractérisent par une fidélité élevée. Cependant le nombre de con-
sommateurs en bas de la pyramide est évidemment plus élevé. Le rôle du
marketing est alors de développer des plans d’action incitant les clients à mon-
ter dans cette pyramide.
♦ La résonance de la marque. Le modèle de résonance appréhende également la
construction de la marque comme une série d’étapes séquentielles, de haut en
bas : (1) s’assurer que la marque est identifiée par les consommateurs et asso-
ciée à une catégorie de produits ou de besoins spécifiques ; (2) établir la signi-
fication de la marque grâce à des associations tangibles et intangibles ;
(3) obtenir des clients les réponses souhaitées en termes de jugements et de
sentiments à l’égard de la marque ; (4) transformer cette réponse en relations
commerciales effectives, à travers des comportements d’achat et de réachat.
Ces quatre étapes reposent sur six éléments représentés dans la figure 9.2.
Apparaît ici la dualité des marques entre la route rationnelle, représentée à
gauche de la pyramide, et la route plus affective, à droite27.
MASTERCARD. Cette marque constitue un bon exemple de dualité puisque son identité
met à la fois l’accent sur les aspects rationnels, à travers son acceptation par un grand nom-
bre de commerces dans le monde et la sécurité des transactions, ainsi que sur la dimension
affective, à travers la campagne de publicité « priceless » : celle-ci montre des gens réali-
sant des achats dans le cadre d’un objectif ou d’un sentiment essentiel (l’amour, le besoin
d’accomplissement…), avec le slogan « Il y a certaines choses qui ne s’achètent pas. Pour
tout le reste, il y a Mastercard ».
FIGURE 9.2
La pyramide de
résonance de la
Fidélité intense
marque 4. Relation
et active
Résonance
Réactions
3. Réponse Jugement Affect positives
Associations
mentales fortes,
2. Signification Performance Imaginaire
favorables
et spécifiques
Notoriété
1. Identification Saillance et attention
fortes
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La création de noms
Y a-t-il un point commun entre Kangoo, la voiture, Ola, nom envisagé n’est pas déjà déposé ! Renault a ainsi
le téléphone et Natexis, le groupe bancaire ? Oui, toutes découvert qu’on ne pouvait pas utiliser le mot Clio au
ces appellations ont été trouvées par des agences spé- Japon et a dû rebaptiser sa voiture Lutecia. De même, la
cialisées en création de noms. banque Natexis devait au départ s’appeler Natexa, mais
En France, l’INPI (Institut national de la propriété l’existence en France d’une société Texa dans le même
industrielle), qui recense tous les noms protégés, a vu le secteur d’activité l’a obligée à changer la terminaison. Le
nombre de dépôts multipliés par neuf en quinze ans processus de vérification est devenu d’autant plus ardu
(75 000 noms aujourd’hui). Dans le monde, on estime le que dans certains secteurs, pratiquement tous les noms
nombre de noms protégés à plus de huit millions. ont déjà été déposés (par exemple, toutes les variantes de
la racine « nutri » en cosmétique). Pour se protéger, certai-
De fait, quel que soit le secteur, le nom est désormais
nes sociétés déposent à l’avance des centaines de noms
considéré comme un atout stratégique. Les entreprises
qu’elles pourront n’utiliser que bien plus tard (par exem-
de tous les secteurs font aujourd’hui appel à des agen-
ple, Mégane, déposé par Renault dès 1987).
ces spécialisées dans la recherche de noms. Saunier-
Duval, ELM Leblanc et Chaffoteaux & Maury, trois des À la mode des noms courts et des sigles, a succédé la
leaders sur le marché des chaudières, ont ainsi baptisé vague des noms symboliques, à fort contenu évocateur.
respectivement leur gamme Opalia, Melia et Elexia. De Ainsi, selon l’agence Nomen, le recours à la lettre « x »
même, la Compagnie générale des eaux a été rebapti- (comme dans Dexia ou Natexis) évoque le sérieux et la
sée Vivendi. Sélectionné par Nomen, l’une des grandes solidité, tandis que l’usage des « o » et des « a » (comme
agences spécialisées (avec Insight, Gimca, Kaos...), parmi dans Twingo, Kangoo ou le parfum Sotto Voce) suggère
5 400 noms, le mot Vivendi a été choisi car il évoque, rondeur et féminité.
selon le président du groupe de l’époque, « l’esprit
d’ouverture » qui caractérise désormais l’entreprise, et Sources : « Profession : inventeurs de noms », L’Expansion, 5 mars
est facile à prononcer de par le monde, exempt de tout 1998, p. 82 ; « Pour exister sur des marchés mondiaux, chacun cher-
che son nom », Le Monde, 3 mars 1998, p. 18 ; « Vivendi : un change-
piège de traduction.
ment d’identité à 400 millions », La Tribune, 6 avril 1998, p. 12. Voir
La recherche d’un nom, qui peut coûter de quelques aussi Pierre et Muriel Bessis, Name Appeal : créez des noms qui mar-
dizaines à quelques centaines de milliers d’euros, est un quent (Paris : Village Mondial, 2001) ; Marcel Botton et Jean-Jack
Cégarra, Le nom de marque (McGraw-Hill, 1990) ; Scott Ward, Larry
processus assez long, qui dure souvent plusieurs mois. Light et Jonathan Goldstine, « What High-tech Managers Need to
Outre les contraintes imposées par l’élocution et la know about Brands », Harvard Business Review, juillet-août 1999,
mémorisation internationales, il faut aussi vérifier que le p. 85-95.
Mais le nom de marque n’est pas le seul élément important. Le logo constitue
lui aussi un signe d’identification essentiel29.
JET TOURS. Afin d’affirmer son haut niveau d’exigence et montrer qu’il comprend les pré-
occupations des clients, le voyagiste adopte en 2001 la signature « Spécialiste en vacances
réussies ». La première campagne intégrant cette petite phrase explicite le message avec le
slogan : « On peut tout rater mais pas ses vacances ». Par la suite, cet axe continue de cons-
tituer le cœur de la promesse de la marque, avec le lancement en 2003 des « Garanties
Vacances Réussies », une charte de onze engagements auprès des clients. En 2005, une
nouvelle signature, « Vous avez choisi de réussir vos vacances », est adoptée et accompa-
gnée de visuels évoquant le zen et la sérénité. Il s’agit de maintenir la promesse de la mar-
que tout en la positionnant dans un univers plus haut de gamme. Le logo est alors changé :
à la place du fanion rouge et jaune avec un soleil stylisé, apparaît un ruban, symbole du
cadeau préparé avec soin et bien « fini » 30.
CHUPA CHUPS. Qui pense que les sucettes sont réservées aux enfants ? Pas la marque espa-
gnole, dont la stratégie vise depuis trente ans à élargir la clientèle du produit ! Pour cela, elle a
misé sur le placement des produits dans toutes sortes d’occasions, sur des idées marketing
novatrices et sur un réseau de boutiques exclusivement consacrées à la marque. Une task force
interne appelée 4C (pour Chupa Chups Corporate Communications) est chargée d’accroître la
notoriété et la présence de la marque chez les jeunes et les adolescents s’intéressant à la mode.
Lorsqu’elle a appris que l’entraîneur de l’équipe de football de Barcelone essayait d’arrêter de
fumer, l’équipe 4C lui a envoyé une boîte de Chupa Chups ; pendant le reste de la saison, on le
vit sur le banc de touche avec une sucette à la bouche. Les ventes en Catalogne ont doublé cette
année-là ! Le leader mondial des sucettes est également présent dans toutes sortes d’événe-
ments et de festivals, comme la Mostra de Venise. Elton John, Giorgio Armani, Magic Johnson,
David Beckham et Naomi Campbell ont été vus en train de déguster une sucette. En 1995, la
marque a même expédié des produits dans l’espace avec les astronautes russes de la station
Mir. Les adolescents sont également séduits par les vêtements, lunettes ou casques de moto à
l’effigie de la marque. Cependant, depuis 2002, Chupa Chups s’est quelque peu recentrée sur la
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clientèle des enfants après une chute de ses ventes, des investissements de diversification
hasardeux et un succès mitigé sur les marchés émergents comme la Chine. Elle a lancé Cre-
mosa, « première sucette crémeuse et sans sucre » de seulement 27 calories, afin de répondre à
une attente de produits de confiserie peu caloriques pour enfants… et adultes 33.
Quels que soient les outils ou les approches marketing employés, la construc-
tion d’une identité de marque tourne en général autour de trois axes : la person-
nalisation, l’intégration entre les différents leviers d’action, et la sensibilisation
interne sur les valeurs de la marque. Tous les outils évoqués dans cet ouvrage,
qu’ils relèvent du marketing-mix ou d’autres éléments, contribuent à la construc-
tion du capital marque.
a) La personnalisation
Le rapide développement d’Internet a ouvert la voie au marketing personnalisé.
Aujourd’hui, les entreprises abandonnent de plus en plus le marketing de masse,
tel qu’il régnait dans les années 1950, 1960 et 1970, pour revenir à des pratiques
beaucoup plus anciennes, lorsque les marchands connaissaient leurs clients par
leurs noms. Afin de répondre au désir croissant des clients d’avoir une offre per-
sonnalisée, les entreprises adoptent des concepts comme le marketing expérien-
tiel ou le marketing « one to one ». Nous avons déjà évoqué ces évolutions dans le
chapitre 5. Du point de vue des stratégies de marque, ces concepts aboutissent à
la création d’une relation active et intense entre la marque et ses clients. Le mar-
keting personnalisé vise donc à construire la marque la plus pertinente possible
pour ses clients, même s’ils sont différents les uns des autres.
MICHELIN. Pour renforcer son capital marque, l’entreprise investit dans la R&D, fait de la
publicité et organise des opérations de promotion à l’attention des garagistes. Elle conçoit
également des pneus utilisés sur les circuits de Formule 1 afin d’accroître sa crédibilité
technique et d’associer son image aux valeurs de performance, de modernité et de sécurité.
c) La sensibilisation en interne
Pour fournir une prestation à la hauteur de ses engagements, la marque doit éga-
lement tenir compte de la sensibilisation à faire en interne. Parce que l’image de
la marque dépend de l’expérience vécue par les clients dans chacun de leurs
contacts avec elle, il faut que le personnel de l’entreprise comprenne et respecte la
promesse de la marque, de manière à éviter toute distorsion entre le discours
publicitaire et la réalité. L’ensemble du personnel doit adhérer aux valeurs de la
marque et chercher à les faire vivre lors des contacts avec les clients.
Trop d’entreprises négligent la dimension interne de construction de la
marque34. À l’inverse, quelques entreprises mettent en place des formations inter-
nes sur l’identité de la marque et adoptent une organisation conforme à leur
approche du marché. Certaines ont développé des programmes b-to-e (business-
to-employee) fondés sur des systèmes Intranet afin de favoriser un dialogue per-
manent sur la marque avec le personnel. D’autres confient cette tâche à une
personne chargée de suivre l’expérience des clients avec la marque.
Cette dimension interne est encore plus importante dans les activités de ser-
vice pour lesquelles les échanges entre les clients et le personnel en contact cons-
tituent un élément-clé de l’offre. De manière plus générale, les méthodes de
construction de la marque varient selon les secteurs d’activité, et l’on ne peut
donc pas appliquer dans toutes les entreprises les méthodes qui sont nées dans la
grande consommation (voir encadré 9.6).
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Réseaux
Portes-parole
de distribution
Autres
Événements Causes
VOLVO. Afin d’élargir son audience, Volvo a modifié sa stratégie de marque au cours des
années 1990, abandonnant son positionnement historique autour de la sécurité pour mettre
en avant le plaisir de conduire, la rapidité et la performance. Rachetée par Ford en 1999, la
société a abandonné les campagnes publicitaires autour de la ReVOLVOlution pour reve-
nir à ses racines. Cependant le positionnement fut modernisé autour de la « sécurité
active » pour transcender l’image antérieure de sécurité passive. Les nouveaux véhicules
commercialisés intègrent de nombreux équipements de sécurité tout en se caractérisant
par un design moderne, une grande performance et un certain luxe 36.
La gestion des marques suppose de faire un arbitrage entre les activités marke-
ting qui renforcent la marque et la construisent pour l’avenir, et celles qui renta-
bilisent les investissements passés37. Il peut arriver qu’une démarche continue de
rentabilisation diminue la notoriété et affaiblisse l’image.
Les stratégies de revitalisation sont extrêmement diverses entre les deux extrê-
mes que constituent le retour aux sources de la marque et sa réinvention complète.
Dans tous les cas, il faut agir à deux niveaux : (1) sur la notoriété de la marque à
renforcer pour favoriser sa reconnaissance dans les contextes d’achat, et (2) sur son
image en améliorant la force, le caractère positif et la spécificité des associations
mentales des consommateurs. Pour la réintroduction de Findus, par exemple, la
gamme a été complètement revue en s’appuyant sur la notoriété (encadré 9.8).
SEPHORA dispose de plusieurs marques qui s’adressent à des cibles distinctes : Sephora
pour les femmes, Sephora Girls pour les filles de 3 à 10 ans, Sephoramen pour les hommes,
Sephora Piiink pour les lolitas, Sephora Express, Sephora Professionnel… Avec un packa-
ging sobre et soigné, on pourrait les prendre pour des marques de fabricants. Elles repré-
sentent 7 à 10 % des ventes selon les estimations des experts indépendants, car l’enseigne
ne communique pas de chiffres41.
Dans l’affrontement qui oppose les fabricants aux distributeurs, ces derniers
disposent de nombreux atouts. Le linéaire est limité, et de nombreux produc-
teurs, surtout s’ils sont nouveaux ou petits, éprouvent des difficultés à distribuer
largement leurs produits. Les distributeurs s’attachent aussi à maintenir la qua-
lité des produits vendus sous leur marque, suscitant ainsi la confiance du con-
sommateur, tout en adoptant un prix inférieur aux marques de fabricant. En
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C’est à partir de la fin du XIXe siècle qu’une évolution commença à se faire jour
sous l’effet du développement des grandes entreprises et des médias publicitai-
res. Le succès des marques a été tel qu’aujourd’hui, en France, il y a peu de pro-
duits qui en soient dépourvus. Le sel est emballé dans des paquets spécifiques
aux fabricants, les oranges sont marquées, les boulons et les écrous les plus ordi-
naires sont vendus dans des sachets en plastique portant le nom du distributeur,
et dans l’automobile les pièces détachées, comme les bougies, les pneus, les fil-
tres, portent des noms de marque visibles et différents de ceux de la voiture. Au
fil des années, certaines marques de composants (comme Intel) arrivent même à
rejoindre, en notoriété, les marques des produits finis (IBM, Compaq). Parmi les
produits qui restent non marqués, certains portent une marque collective – un
label – qui constitue une garantie de qualité (voir encadré 9.10).
(frais et surgelés), Paul Bocuse pour les plats préparés haut de gamme au
rayon frais, Luang pour les spécialités exotiques, et Saint-Hubert pour les
corps gras. Elle est pertinente lorsqu’une entreprise fabrique ou vend des pro-
duits très différents. Ainsi, Nestlé, qui commercialise en France du lait pour
bébés et des aliments pour chiens et chats (Friskies) utilise des marques dis-
tinctes.
4. Le nom de l’entreprise combiné ou juxtaposé avec des noms de marque individuels.
Danone a souvent adopté cette solution : Danette, Dan’up, Velouté de Danone,
Fjord de Danone.... Dans ce cas le nom de l’entreprise est la marque mère ; elle
authentifie le produit et sert de caution. Le nom individuel correspond à la
marque fille : elle permet de différencier le produit et de lui donner une image
spécifique.
Dans un même secteur, différents fabricants peuvent adopter des stratégies
de marque opposées. Dans la catégorie du dentifrice, par exemple, Procter &
Gamble préfère utiliser des noms de marque individuels (Crest, Fixodent), tandis
que Colgate-Palmolive fait appel à la marque générique Colgate.
Parfois, certaines sociétés choisissent de faire coexister toutes ces stratégies.
Ainsi, le groupe L’Oréal utilise des noms spécifiques pour certains produits
(Dop, Narta), développe certaines marques ombrelles rassemblant plusieurs caté-
gories de produits (Garnier, Lancôme, Vichy), et utilise la caution L’Oréal en la
juxtaposant à d’autres marques (Elsève de L’Oréal, Elnett de L’Oréal).
LA LAITIÈRE. Cette marque du groupe Nestlé a construit sa notoriété dans les produits
frais, avec les yoghourts au lait entier. À partir de 1999, elle a procédé à plusieurs exten-
sions de marque : au rayon épicerie d’abord avec toute une gamme de desserts en boîte
(gâteau de riz, riz au lait, semoule au lait, etc.) ; au rayon surgelé en 2002 avec une
gamme de glaces qui a remporté un succès spectaculaire sur le marché ; puis au rayon
confiserie en 2003 avec des tablettes de chocolat au lait 47.
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BIC. Le lancement des parfums Bic constitue un exemple célèbre d’extension ratée. Cette
marque avait réussi à commercialiser diverses catégories de produits peu coûteux et jeta-
bles : les stylos-billes non rechargeables à la fin des années 1950, les briquets jetables au début
des années 1970, les rasoirs jetables au début des années 1980. En 1989, elle commercialisa,
avec la même approche, des parfums. Le marketing-mix reposait sur un jus de grande qua-
lité olfactive, de petits flacons spray qui ressemblaient à de gros briquets, un prix de vente de
4 euros et le réseau de distribution habituel de Bic, largement fondé sur les débits de tabac. À
l’époque, le porte-parole de Bic présenta le projet comme une extension de l’héritage Bic :
« Une grande qualité à un prix abordable, facile à acheter et à utiliser. » L’entreprise consacra
15 millions d’euros à la campagne de lancement en Europe et aux États-Unis. Pourtant,
l’image populaire de la marque et son manque de cachet apparurent comme des obstacles
insurmontables pour commercialiser cette catégorie de produits. Le réseau de distribution
était également un handicap, notamment du fait que les débits de tabac étaient peu adaptés
à un produit olfactif. L’extension fut un échec cuisant, qui fait aujourd’hui office de cas
d’école en marketing52.
Plus grave encore, le nouveau produit peut décevoir et jeter le discrédit sur la
marque. Si l’extension concerne une activité éloignée, elle peut, en outre, créer
une confusion dans l’esprit du consommateur et brouiller son image, qui ne sera
plus associée avec aucun produit53.
La dilution d’image intervient lorsque les consommateurs n’associent plus la marque avec un
produit ou un ensemble de produits spécifiques et qu’elle génère moins d’associations dans
leur esprit.
Le pire scénario intervient lorsque l’extension remet en cause l’image anté-
rieure de la marque. Certaines marques de prestige ont ainsi vu leur image se
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Résumé
1. La marque est un nom, un terme, un signe, un symbole, un dessin ou toute
combinaison de ces éléments servant à identifier les biens ou services d’un ven-
deur ou d’un groupe de vendeurs, et à les différencier des concurrents.
2. La marque joue plusieurs rôles auprès des clients et des entreprises. Elle cons-
titue un outil essentiel de différenciation. Il s’agit d’un actif intangible qui doit
être géré avec soin.
3. Le capital marque est la valeur apportée par la marque aux produits et services
qu’elle porte. D’un point de vue marketing, il s’agit de la différence provoquée
par la connaissance de la marque dans la manière dont les consommateurs réa-
gissent à son marketing. L’évaluation du capital marque peut se faire de plu-
sieurs manières. Une approche centrée sur les consommateurs analyse leur
connaissance de la marque, les associations mentales auxquelles elle est asso-
ciée et son impact sur les comportements d’achat. Cette analyse peut être réali-
sée au niveau individuel ou agrégé.
4. La construction du capital marque repose sur trois types d’outils : (1) le choix
des composantes de la marque et de leur identité visuelle ; (2) les programmes
marketing et la manière dont ils intègrent la marque ; (3) l’association avec
d’autres entités (une entreprise, un pays, un réseau de distribution, une autre
marque) dont l’identité sera en partie transférée à la marque. Des audits de
marque permettent d’analyser sa perception par les consommateurs et sa cohé-
rence avec les produits, la politique marketing et l’identité souhaitée.
5. La gestion des marques exige d’adopter une vision de long terme et d’opérer
un arbitrage entre la nécessité d’investir dans la durée pour construire et ren-
forcer le capital marque et la volonté de rentabiliser ces investissements. Gérer
les marques suppose de renforcer régulièrement celles qui bénéficient d’une
identité favorable, d’en revitaliser certaines, de construire une stratégie cohé-
rente face aux marques de distributeurs.
6. La stratégie de marque d’une entreprise reflète le nombre et la nature des mar-
ques détenues par l’entreprise. Une stratégie d’extension consiste à utiliser une
marque qui a fait ses preuves afin de lancer un produit dans une nouvelle caté-
gorie. Une telle stratégie est associée à des avantages et des risques, à la fois
pour l’activité d’extension et pour la marque elle-même. C’est pourquoi ce type
de décision exige une analyse préalable soignée de l’identité de la marque et
des enjeux associés à l’extension.
7. Le portefeuille de marques est l’ensemble des marques qu’une entreprise com-
mercialise dans une catégorie de produits. Certaines sociétés optent pour des
marques multiples afin de toucher différents segments de marché. D’autres
rétrécissent leur portefeuille pour concentrer leurs investissements sur quel-
ques marques.
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Notes
1. Stéphane Barge, « Google, le nouveau maître du monde », 15. Jean-Noel Kapferer, Les marques, capital de l’entreprise :
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2. Sophie Changeur, « Le capital marque : concepts et Éditions d’organisation, 2001) ; David Aaker et Jacques
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4. Jacob Jacoby, Jerry Olson et Rafael Haddock, « Price, Profitable Growth Through Your Brands (San Francisco :
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5. www.bose.com 16. Kevin Keller, op. cit.
6. Leslie de Chernatony et Gil McWilliam, « The Varying 17. « Apple Transcends as Lifestyle Brand », Advertising
Nature of Brands and Assets », International Journal of Age, 15 juin 2003, p. S2 et S6.
Advertising, vol. 8, n° 4, 1989, p. 339-349. 18. Sophie Changeur, « Stratégies de marque et richesse des
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8. Tulin Erdem, « Brand Equity as a Signaling Phenome- 19. Voir Bernard Dubois et Patrick Duquesne, « Valeur
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9. Scott Davis, Brand Asset Management (San Francisco : Jos- « Marque et innovation », 26 juin 1996.
sey-Bass, 2000) ; D. Bello et M. Holbrook, « Does an 20. Voir Sophie Changeur, « Le capital marque : concepts et
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et Benson Shapiro, « Leveraging to Beat the Odds : The Jourdan, « Le capital marque : proposition d’une mesure
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tembre-octobre 1993, p. 97-107. tions en Marketing, vol. 16, avril 2001, p. 3-24 ; voir égale-
10. Charles Lepeu (éd.), Le livre des grandes marques (Paris, ment le numéro spécial de l’International Journal of
2005), p. 36-37. Research in Marketing, automne 1993, ainsi que
11. Jean-Marc Ferrandi, Dwight Merunka et Pierre Valette- P. Barwise et al., Accounting for brands (London : Institute
Florence, « La personnalité de la marque : bilan et pers- of Chartered Accountants in England and Wales, 1990).
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nal of Marketing Research, vol. 34, n° 3, 1997, p. 347-356. une perspective psycho-cognitive », Recherche et Applica-
12. Jean-Marc Ferrandi et Pierre Valette-Florence, « Premier tions en Marketing, vol. 17, n° 1, 2002, p. 43-56.
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personnalité humaine aux marques », Recherche et Appli- A consumer-based brand equity perspective », Interna-
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13. Georges Lewi, Les marques, Mythologie du quotidien vol. 13, n° 4, p389-405.
(Paris : Village Mondial, 2003). Sur la relation entre mar- 23. Des modèles agrégés d’inspiration plus marketing exis-
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et enjeux de la relation consommateur-marque, Revue des données de panel permettent d’évaluer un indica-
Française de Gestion, vol.29, n° 145, 2003, p. 131-143. teur de la valeur de la marque pour chaque enseigne de
14. D’autres approches sont fondées sur la théorie économique distribution. Voir Anne-Sophie Bayle-Tourtoulou et
du signal (voir Tulin Erdem, « Brand Equity as a Signaling Michel Dietsch, « Indicateur de la valeur de marque et
Phenomenon », Journal of Consumer Psychology, vol. 7, n° 2, variables d’offre : analyse empirique sur données de
1998, p. 131-157) ou sur une perspective plus sociologique, panel de magasin », Recherche et Applications en Marke-
anthropologique, ou même biologique (par exemple, Grant ting, vol. 17, n° 3, 2002.
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in Consumer Research », Journal of Consumer Research, 1998, par la théorie du noyau central », Recherche et Applica-
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27. Kevin Keller, « Building Customer-Based Brand Equity », 46. David Aaker et Erich Joachimsthaler, Brand Leadership
Marketing Management, vol. 10, juillet-août 2001, p. 15-19. (New York : Free Press, 2000), p. 120.
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marque (Paris : McGraw-Hill, 1990) ; Kim Robertson, publicité », CB News, 25 janvier 1999, p. 8.
« Strategically Desirable Brand Name Characteristics », 48. Pour une analyse approfondie des enjeux et des risques
Journal of Consumer Marketing, automne 1989, p. 61-70 ; associés aux extensions de marque, voir Géraldine Michel,
C. Kohli et D. La Bahn, « Creating Effective Brand Au cœur de la marque (Paris : Dunod, 2004), chapitre 4.
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29. Benoît Heilbrunn, Le Logo (Paris : PUF, « Que sais-je », Effect of Parent Brand Experience on Line Extension Trial
2001). and Repeat Purchase », Marketing Letters, n° 9, avril 1998,
30. Le livre des grandes marques, op. cit., p. 48-49. p. 181-193 ; Kevin Keller et David Aaker, « The Effects of
31. Mohanbir Sawhney, « Don’t Harmonize, Synchronize », Sequential Introduction of Brand Extensions », Journal of
Harvard Business Review, juillet-août 2001, p. 101-108. Marketing Research, vol. 29, février 1992, p. 35-50 ; John
32. David Court, John Forsyth, Greg Kelly et Mark Loch, Milewicz et Paul Herbig, « Evaluating the Brand Exten-
« The New Rules of Branding : Building Strong Brands sion Decision Using a Model of Reputation Building »,
Faster », McKinsey Marketing Practice 13 ; Scott Bedbury, Journal of Product & Brand Management, 3, 1, 1994, p. 39-47.
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33. Christophe David, « Chupa Chups victime de sa gour- Spillover Effects : A Strategic Benefit of Brand Exten-
mandise », Capital, octobre 2003, p. 45-46 ; et Ian Wylie, sions », Journal of Marketing, vol. 67, n° 1, janvier 2003.
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36. David Kiley, « To Boost Sales, Volvo Returns to its duct Lines », Harvard Business Review, septembre-octobre
Roots : Safety », USA Today, 26 août 2002, p. 6B. 1994, p. 153-60 ; Bruce Hardle, Leonard Lodish, James
37. Nathalie Mizik et Robert Jacobson, « Trading Off Kilmer, David Beatty et al., « The Logic of Product-Line
Between Value Creation and Value Appropriation : The Extensions », Harvard Business Review, novembre-décem-
Financial Implication of Shifts in Strategic Emphasis », bre 1994, p. 53-62 ; J. Andrews et G. Low, « New But Not
Journal of Marketing, vol. 67, janvier 2003, p. 63-67. Improved : Factors That Affect the Development of Mea-
38. Jean-Marie Lehu, « Personnages emblématiques : la ningful Line Extensions », Working Paper Report, n° 98-
vieillesse peut être un naufrage », La Revue des Marques, 124, Cambridge, MA : Marketing Science Institute,
juillet 1998, p. 6-21. novembre 1998 ; Maureen Morrin, « The Impact of
39. Capital, « Harley-Davidson, c’est reparti comme au bon Brand Extensions on Parent Brand Memory Structures
vieux temps ! » de C. Piétralunga, août 2003, pp. 30-32. and Retrieval Processes », Journal of Marketing Research,
40. Jean Botella, « Les grandes marques valent-elles leur vol. 36, n° 4, p. 517-525.
prix ? », Capital, mars 2005, p. 50-52 ; Céline Astruc, 54. Barbara Loken et Deborah Roedder John, « Diluting
« Surgelés : les marques nationales en péril », LSA, 2 juin Brand Beliefs : When Do Brand Extensions Have a Nega-
2005, p. 60-62. tive Impact ? », Journal of Marketing, juillet 1993, p. 71-
41. « MDD non alimentaires : le prix n’est pas leur seule clé 84 ; Deborah Roedder John, Barbara Loken, et Christo-
d’entrée », LSA, 24 novembre 2005, p. 66-67. pher Joiner, « The Negative Impact of Extensions : Can
42. Recueil de prix réalisé en mars 2004 au Carrefour Flagship Products Be Diluted », Journal of Marketing, jan-
Bercy 2. vier 1998, p. 19-32 ; Susan Broniarcyzk et Joseph Alba,
43. Voir « Quelle stratégie face aux marques de distribu- « The Importance of the Brand in Brand Extension »,
teurs ? », L’Essentiel du management, 23 février 1996, Journal of Marketing Research, mai 1994, p. 214-28. Voir
no 102-108. Voir aussi Price Auchenthaler, « Les mar- également R. Ahluwalia et Z. Gürhan-Canli, « The
ques, un rôle catalyseur dans l’innovation », Les Echos, Effects of Extensions on the Family Brand Name : An
15 septembre 1998, p. 47 ; et « Marketing : innover pour Accessibility-Diagnosticity Perspective », Journal of Con-
séduire », Entreprendre, 1er avril 1998, p. 86-87. sumer Research, vol. 27, décembre 2000, p. 371-81 ;
44. « MDD : combattre les idées reçues », LSA, 16 mai 2002, Z. Gürhan-Canli et M. Durairaj, « The Effects of Exten-
p. 48-53. sions on Brand Name Dilution and Enhancement », Jour-
45. Jean-Noël Kapferer, « Les marques face au hard-dis- nal of Marketing Research, vol. 35, 1998, p. 464-73 ; S. J.
count : quelle marge de manœuvre ? », Revue Française Milberg, C. W. Park, et M. S. McCarthy, « Managing
de Gestion, vol. 30, n° 150, mai-juin 2004. Negative Feedback Effects Associated with Brand Exten-
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sions : The Impact of Alternative Branding Strategies », Recherche et Applications en Marketing, 1995, vol. 10, n° 2,
Journal of Consumer Psychology, vol. 6, 1997, p. 119-40. p. 31-52 ; Chantal Lai, « Les déterminants de l’attitude
55. Voir Mehdi Seltene, « Processus d’évaluation de l’exten- envers les extensions de marques », Recherche et Applica-
sion de marque par le consommateur : conception et tions en Marketing, 2001, vol. 17, n° 1, p. 21-42.
validation d’un modèle de décomposition », Recherche et 58. « Pour tout changer, les constructeurs automobiles lan-
Applications en Marketing, vol. 19, n° 1, 2004, p. 1-24. cent de nouvelles marques », Le Monde, 6 mai 1998, p. 20.
56. Kevin Keller, op. cit., 2003. 59. Voir Mark B. Taylor, « Cannibalisation in MultiBrand
57. Sophie Changeur et Jean-Louis Chandon, « Le territoire- Firms », Journal of Business Strategy, printemps 1986, p. 69-
produit : étude des frontières cognitives de la marque », 75.
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Activités
Question de réflexion
Pour ou contre un portefeuille de marques élargi ?
Certains spécialistes marketing soulignent l’utilité de disposer de multiples mar-
ques dans une même catégorie pour toucher des segments de marché différents et
pour fidéliser, à leur insu, des clients qui aiment changer de marque. D’autres
dénoncent le coût de telles politiques et la dispersion des investissements qui en
résultent, insistant sur la force des marques sur lesquelles les efforts sont concen-
trés. Qu’en pensez-vous ? Est-il préférable d’avoir une seule marque ou plusieurs ?
Exercice
Analysez les points communs et les différences entre les modèles d’évaluation du
capital marque présentées dans ce chapitre. Lequel vous paraît le plus pertinent ?
Pourquoi ?
Étude de cas
Mr. Propre
Procter & Gamble crée, aux États-Unis en 1959, la marque Mr. Clean, et l’intro-
duit en France sous le nom Mr. Propre en 1966. Très rapidement, elle est incar-
née par un personnage : un marin musclé et chauve, qui porte un tee-shirt blanc
immaculé et met ses muscles au service du nettoyage. Son crâne est aussi net
qu’un lavabo bien propre. Le positionnement, centré sur l’efficacité, est soutenu
par la présence de l’ammoniaque dans le détergent. Comme l’odeur de ce com-
posant est un peu forte, l’entreprise lance en 1972 un parfum au citron – c’est le
premier nettoyant ménager parfumé –, puis dans les années 1990, les parfums
fraîcheur cascade, lavande, fraîcheurs du monde et senteur des bois.
La marque fait très tôt l’objet de campagnes publicitaires, d’abord dans les
magazines féminins, puis, dès 1969, à la télévision. En un clin d’œil et en claquant
des doigts, Mr. Propre nettoie tout du sol au plafond. Le clin d’œil et le claque-
ment de doigts entrent d’ailleurs dans les composantes de la marque et restent
présents campagne après campagne. La promesse intègre progressivement la
brillance en plus de l’efficacité. Le slogan « Mr. Propre rend tout si propre que
l’on peut se voir dedans » apparaît dans les années 1970. Les films publicitaires
tournent autour d’un scénario commun : une ménagère ignorante découvre
Mr. Propre grâce à une amie ; celle-ci n’a d’ailleurs aucun mal à prouver la perti-
nence de son conseil puisqu’après application du produit, la ménagère initiée
voit son propre reflet dans le sol !
Dans les années 1990, la personnalité de la marque évolue pour tenir compte
des évolutions sociologiques. Mr. Propre apparaît comme un bon génie qui aide
les femmes pour leur permettre de faire autre chose que le ménage. Il rend égale-
ment service aux hommes qui prennent en charge certaines tâches ménagères.
Progressivement, la communication met moins en avant le produit et davantage
la marque et son personnage.
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À la fin des années 1990, Mr. Propre devient un personnage à la mode. Il com-
munique de façon humoristique autour de l’actualité. Lors de la coupe du monde
de football en 1998, une campagne fait remarquer que les meilleurs joueurs sont
chauves. Lors de la création du PACS, Mr. Propre indique qu’il n’a pas attendu
« pour se mettre en ménage ». Lors de la Saint-Valentin, on découvre une affiche
de Mr. Propre serrant contre lui une éponge avec pour déclaration : « Son seul
amour, c’est votre intérieur ». En 2001, « Rien de tel qu'un homme qui vous offre
son corps » pour la Journée des femmes, ou « Besoin de faire le ménage dans la
sélection ? » au moment du festival de Cannes. Des tee-shirts à l’effigie du per-
sonnage sont vendus dans le commerce. La marque bénéficie en 2004 d’un taux
de notoriété assistée de 92 % en France, et d’une image très positive, à la fois sym-
pathique, conviviale et efficace. Mr. Propre vend un flacon toutes les secondes
dans plus de cinquante pays du monde.
Au début des années 2000, la marque fait l’objet de plusieurs extensions : les
lingettes détergentes en 1999 remportent un grand succès ; des balais et des gants
de ménage sont proposés sous licence Mr. Propre à partir de 2002.
La lessive Mr. Propre est lancée en Allemagne, en Autriche et en Suisse en
2002, en France en novembre 2004. Cette extension de marque apparaît comme
un événement dans un secteur qui n’avait pas vu apparaître de nouvelle marque
depuis vingt ans et qui connaît une décroissance (– 5 % en valeur en 2004). Le
marché est atomisé avec 19 marques distinctes, en plus des marques distributeurs
qui représentent 28 % de part de marché. Le leader, Ariel, du même groupe Proc-
ter & Gamble, détient de 21 % du marché devant Skip, de la société Unilever
(14 %), positionné autour du plaisir et de la practicité.
Le paquet de lessive Mr. Propre présente le personnage emblématique de la
marque plutôt que les visuels habituels des lessives évoquant les machines à
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laver. Toutefois, ses bras musclés ne sont pas visibles afin de ne pas évoquer une
corvée à faire à la main et de ne pas laisser penser que la lessive est agressive
pour le linge. Le prix de vente varie selon les pays : il se situe en milieu de gamme
en Allemagne, Autriche et Suisse ; il est plus élevé en France (2,40 euros le litre
pour une bouteille de 3 litres, par exemple, là où Skip et Ariel, les deux marques
haut de gamme du marché, coûtent respectivement 2,42 euros et 2,65 euros)*. Ce
choix vise probablement à bénéficier de l’image haut de gamme de la marque en
France, ainsi qu’à attaquer le challenger Skip. Le référencement du produit est
rapide et atteint 80 % de grandes surfaces en deux mois. La communication est
fondée sur plusieurs outils : des publicités radio, par affichage et bien sûr télévi-
sées, mais pour une part plus réduite qu’habituellement dans ce secteur (34 % du
budget, contre souvent 80 %) ; Internet avec un jeu-concours et des forums de
discussion autour de la question « Pourquoi le tee-shirt de Mr. Propre est-il si
propre ? » ; des promotions sur le lieu de vente avec de nombreuses têtes de gon-
dole et animations (Mr. Propre tournant dans le hublot d’une fausse machine à
laver). En complément, la presse, notamment économique, évoque largement
l’événement.
En 2005, la marque obtient une part de marché en valeur de 0,9 % en France ;
globalement, Procter & Gamble perd cette année-là 0,8 % du marché avec un
score multimarque de 36,2 % en valeur. « Compte tenu des baisses de prix et de
promotions pratiquées en 2005, nous n’avons pas pu soutenir Mr. Propre comme
nous le souhaitions », reconnaît Jérôme Dubois, responsable du trade marketing
soins du linge chez Procter & Gamble, qui souligne également que le score global
de l’entreprise a augmenté sur les derniers mois de l’année. Plus généralement, le
Questions
1. Faites une analyse du capital marque de Mr. Propre en étudiant notamment
les associations mentales qui lui sont associées.
2. Réalisez une analyse rétrospective de l’extension de la marque Mr. Propre
aux lessives, en identifiant les conséquences positives et négatives pour la
marque et pour l’activité d’extension. Expliquez les résultats obtenus.
3. Quelles recommandations formuleriez-vous à l’attention de Mr. Propre
concernant sa stratégie de marque à venir ?