Vous êtes sur la page 1sur 8

Auguste Renoir

Pierre-Auguste Renoir dit Auguste Renoir, né à Limoges (Haute-Vienne) le 25 février 1841 et mort


au domaine des Collettes à Cagnes-sur-Mer le 3 décembre 1919, est l'un des plus
célèbres peintres français.
Membre à part entière du groupe impressionniste, il évolue dans les années 1880 vers un style plus
réaliste sous l'influence de Raphaël1. Il a été peintre de nus, de portraits, paysages, marines, natures
mortes et scènes de genre. Il a aussi été pastelliste, graveur, lithographe, sculpteur et dessinateur.
Peintre figuratif plus intéressé par la peinture de portraits et de nus féminins que par celle des paysages,
il a élaboré une façon de peindre originale, qui transcende ses premières influences
(Fragonard, Courbet, Monet, puis la fresque italienne).
Pendant environ soixante ans, le peintre estime avoir réalisé à peu près quatre mille tableaux2,3.
Enfance et premiers apprentissages[modifier | modifier le code]

Pierre-Auguste Renoir, dit Auguste Renoir, est né à Limoges, au no 71 de l'actuel boulevard Gambetta,
ancien boulevard Sainte-Catherine, le 25 février 1841. Il est le sixième de sept enfants, issu d'une famille
ouvrière. Son père, Léonard Renoir (1799-18744) est tailleur, sa mère, Marguerite Merlet (1807-1896) est
couturière. La famille vit alors assez pauvrement. En 1844, la famille Renoir quitte Limoges pour Paris, où
le père espère améliorer sa situation. Ils s'installent au 16 rue de la Bibliothèque mais doivent déménager
en 1855 au 23 rue d'Argenteuil. Pierre-Auguste y suit sa scolarité5.
À l’âge de 13 ans, il entre comme apprenti à l’atelier de porcelaine Lévy Frères & Compagnie pour y faire
la décoration des pièces. Dans le même temps, il fréquente les cours du soir de l’École de dessin et
d’arts décoratifs jusqu’en 1862. À cette période, il suit des cours de musique avec Charles Gounod qui
remarque cet élève intelligent et doué6.
Débuts dans l'impressionnisme[modifier | modifier le code]
En 1858 à l’âge de 17 ans, pour gagner sa vie, il peint des éventails et colorie des armoiries pour son
frère Henri, graveur en héraldique. En 1862, Renoir réussit le concours d'entrée à l’École des beaux-
arts de Paris et entre dans l’atelier de Charles Gleyre, où il rencontre Claude Monet, Frédéric
Bazille et Alfred Sisley. Une solide amitié se noue entre les quatre jeunes gens qui vont souvent peindre
en plein air dans la forêt de Fontainebleau7.

L'Allée cavalière au bois de Boulogne (Madame Henriette Darras) (1873), Kunsthalle de Hambourg.

Bal du moulin de la Galette (1876) Paris, musée d'Orsay.


La Fillette à l'arrosoir (1876), Washington, National Gallery of Art.

Ses relations avec Gleyre finissent par se déteriorer peu à peu et lorsque ce dernier prend sa retraite
en 1864, Renoir quitte les Beaux-Arts. Cependant, alors que la première œuvre qu’il expose au salon
(l’Esméralda 1864) connaît un véritable succès, après l’exposition, il la détruit. Les œuvres de cette
période sont marquées par l'influence d'Ingres et de Dehodencq dans les portraits, de Gustave
Courbet (particulièrement dans les natures mortes), mais aussi d'Eugène Delacroix, à qui il emprunte
certains thèmes (les femmes orientales, par exemple). En 1865, sont acceptés par le Salon : Portrait de
William Sisley et Soirée d'été, une toile considérée comme perdue 8,9. Un modèle important à cette
époque pour lui est sa maîtresse Lise Tréhot : elle a posé pour le tableau Lise à l'ombrelle (1867), qui,
exposé au salon de 1868, a suscité les commentaires élogieux d'un jeune critique, nommé Émile Zola.
Mais en général, les critiques sont plutôt mauvaises, et de nombreuses caricatures paraissent dans la
presse, telles celles de Bertall10.
Deux enfants sont nés de sa liaison avec Lise Tréhot (1848-1922)11 : Pierre né à Ville-d'Avray, le 14
septembre 1868, mort en nourrice le 5 octobre suivant à Champeau-en-Morvan12, et Jeanne Marguerite,
née à Paris 10e le 21 juillet 1870 et morte le 8 juin 1934, inhumée à Sainte-Marguerite-de-Carrouges13.
Le séjour que Renoir fait avec Monet à la Grenouillère (établissement de bains sur l'île de Croissy-sur-
Seine, lieu très populaire et un peu « canaille » selon les guides de l'époque) est décisif dans sa carrière.
Il peint véritablement en plein-air, ce qui change sa palette, et fragmente sa touche (moins que Monet qui
va plus loin dans ce domaine).

Pont-Neuf (1872), Washington, National Gallery of Art.


La Balayeuse (1899), Collection privée (Steve Wynn, Hôtel Mirage, Las Vegas, Nevada)

Il apprend à rendre les effets de la lumière, et à ne plus utiliser le noir pour les ombres. Dès lors,
commence la période impressionniste de Renoir. Monet préfère peindre les paysages, et Renoir préfère
peindre les personnages. Pour les mêmes scènes de La Grenouillère, Renoir adopte un point de vue plus
rapproché qui lui permet de donner une plus grande importance aux figures10. Pendant la guerre franco-
prussienne de 1870-1871, Renoir est mobilisé et affecté à la cavalerie à Bordeaux puis à Tarbes. Tombé
gravement malade, il est hospitalisé à Bordeaux avant d'être démobilisé en mars 1871 et de rentrer à
Paris où il apprend la mort de Frédéric Bazille14. En mars 1872, Renoir rencontre le marchand d'art Paul
Durand-Ruel15. En septembre 1873, il quitte son studio de la rue Notre-Dame-des-Champs pour un atelier
plus grand rue Saint-Georges. En 1876, il loue un modeste atelier au no 12 rue Cortot (devenu en
1960 musée de Montmartre)16.
Il expose avec les Impressionnistes dès la Première exposition des peintres impressionnistes 1874 17 et
celle de 187818 et réalise son chef-d'œuvre : le Bal du moulin de la Galette, à Montmartre, en 187719. Le
tableau est acheté par Gustave Caillebotte, membre et mécène du groupe. Cette toile ambitieuse (par
son format d'abord, 1,30 m × 1,70 m) est caractéristique du style et des recherches de l'artiste durant la
décennie 1870 : touche fluide et colorée, ombres colorées, non-usage du noir, effets de textures, jeu de
lumière qui filtre à travers les feuillages, les nuages, goût pour les scènes de la vie populaire parisienne,
pour des modèles de son entourage (des amis, des gens de la « bohème » de Montmartre). Pour les nus,
il fait d'abord appel à des modèles professionnels puis à des jeunes femmes qu'il rencontre parfois dans
la rue et qu'il paye en leur offrant le portrait, des fleurs ou des chapeaux à la mode10.
Vers une peinture plus classique[modifier | modifier le code]

Le Déjeuner des canotiers (1881), Washington, The Phillips Collection.

Autour de 1880, Renoir est en pleine misère : il n'arrive pas à vendre ses tableaux et la critique est
souvent mauvaise ; il décide de ne plus exposer avec ses amis impressionnistes mais de revenir au
Salon officiel, seule voie possible vers le succès. Il n'expose d'abord qu'une seule toile au Salon de
1878 intitulée Le Café20. De fait, grâce à des commandes de portraits prestigieux - comme celui
de Madame Charpentier et ses enfants en 1878 - il se fait connaître et obtient de plus en plus de
commandes. Son art devient plus affirmé, il recherche davantage les effets de lignes, les contrastes
marqués, les contours soulignés, comme dans le fameux Déjeuner des canotiers peint de 1880 à 188121,
même si le thème reste proche de ses œuvres de la décennie 1870. On peut apercevoir dans ce tableau
son nouveau modèle, Aline Charigot, sa maîtresse qui devient sa femme en 1890, et qui lui donne trois
autres enfants, après Pierre et Jeanne nés de Lise Tréhot, Pierre Renoir (acteur), Jean Renoir, le
cinéaste, et Claude Renoir dit « Coco » (céramiste). Les trois danses (Danse à Bougival (en), Musée
des beaux-arts de Boston ; Danse à la ville et Danse à la campagne, Musée d'Orsay, vers 1883)
témoignent aussi de cette évolution.
C'est en 1880 que le peintre Frédérique Heyne met au monde une fille, Lucienne Marie, dont elle
attribuera la paternité à Auguste Renoir. Cette dernière sera également peintre sous le nom de Lucienne
Bisson22.

Lise (Tréhot) cousant (1866), Dallas Museum of Art.

Entre 1881 et 1883, Renoir effectue de nombreux voyages qui le mènent dans le sud de la France
(à l'Estaque, où il rend visite à Paul Cézanne), en Afrique du Nord où il réalise de nombreux paysages, et
en Italie. C'est là-bas que se cristallise l'évolution amorcée dès 1880. Au contact surtout des œuvres
de Raphaël, (les Stanze du Vatican), Renoir sent qu'il est arrivé au bout de l'impressionnisme, qu'il est
dans une impasse, désormais il veut faire un art plus intemporel, et plus « sérieux » ; il a l'impression de
ne pas savoir dessiner. Il entre alors dans la période dite ingresque ou Aigre, qui culmine en 1887
lorsqu'il présente ses fameuses Grandes Baigneuses à Paris. Les contours de ses personnages
deviennent plus précis.

Victor Chocquet (1876), Cambridge, Fogg Art Museum. Un mécène de Renoir.

Il dessine les formes avec plus de rigueur, les couleurs se font plus froides, plus acides, ce qui indigne le
critique Joris-Karl Huysmans : « Allons, bon ! Encore un qui est pris par le bromure de Raphaël ! »23.
Sa peinture qui marque un retour vers le classicisme est plus influencée aussi par l'art ancien
(notamment par un bas-relief de François Girardon à Versailles pour les Baigneuses)10.
Lorsqu'il devient à nouveau père d’un petit Pierre (1885), Renoir abandonne ses œuvres en cours pour
se consacrer à des toiles sur la maternité.
La réception des Grandes Baigneuses est très mauvaise, l'avant-garde (Camille Pissarro notamment)
trouve qu'il s'est égaré, et les milieux académiques ne s'y retrouvent pas non plus. Le marchand
d'art Paul Durand-Ruel lui demande plusieurs fois de renoncer à cette nouvelle manière.
Aline, la future Madame Renoir, le convainc de découvrir, en 1888, son village natal : Essoyes. Il écrit
alors à son amie Berthe Morisot : « Je suis en train de paysanner en Champagne pour fuir les modèles
coûteux de Paris. Je fais des blanchisseuses ou plutôt des laveuses au bord de la rivière. ».
Période nacrée et reconnaissance[modifier | modifier le code]

 Article connexe : Musée Renoir de Cagnes-sur-Mer.

De 1890 à 1900, Renoir change de nouveau son style. Ce n'est plus du pur impressionnisme ni le style
de la période ingresque, mais un mélange des deux. Il conserve les sujets d'Ingres mais reprend la
fluidité des traits. La première œuvre de cette période, les Jeunes filles au piano (1892), est acquise par
l'État français pour être exposée au musée du Luxembourg. En 1894, Renoir est de nouveau père d'un
petit Jean24 et reprend ses œuvres de maternité. La jeune femme qui s'occupera de Jean puis
Claude, Gabrielle Renard, devient un de ses fréquents modèles25 et sa muse.

Pierre-Auguste Renoir photographié par Dornac vers 1910.

Marie-Félix Hippolyte-Lucas, Portrait de Renoir (1919), localisation inconnue.

Alors que Renoir habite depuis 1889 dans le pavillon surnommé le « Château des Brouillards »
au no 13 rue Girardon, il devient propriétaire pour la première fois de sa vie en achetant, en 1896, une
maison à Essoyes, devenue l'atelier Renoir. Ainsi, la famille Renoir se retrouve tous les étés, jusqu'au
décès du peintre en 1919. Essoyes sera le rendez-vous des jeux de plein air, des pique-niques, pêches,
baignades aussi bien en famille qu'entre amis, Julie Manet notamment en parle dans son journal.
Cette décennie, celle de la maturité, est aussi celle de la consécration. Ses tableaux se vendent bien
(notamment par les marchands d'art Ambroise Vollard et Paul Durand-Ruel), la critique, dont l'animateur
de La Revue blanche, Thadée Natanson, commence à accepter et à apprécier son style, et les milieux
officiels le reconnaissent également, les Jeunes filles au piano sont achetées par l'État, on lui propose
la Légion d'honneur, qu'il refuse d'abord puis accepte plus tard. En 1897, lors d'une mauvaise chute de
bicyclette près d'Essoyes, il se fracture le bras droit26. Cette chute est considérée comme responsable, du
moins partiellement, de la dégradation ultérieure de sa santé. Des rhumatismes déformants l'obligeront
progressivement, vers 1905, à renoncer à marcher25. Il se rend à l'enterrement d'Alfred Sisley au
cimetière de Moret-sur-Loing le 1er février 1899, avec Monet, Adolphe Tavernier et Arsène Alexandre27. Il
donne La Balayeuse, une huile sur toile peinte la même année, pour la vente organisée par Monet, le 1er
mai 1899 à la galerie Georges Petit au profit des enfants de Sisley28. En 1900, Renoir est nommé
chevalier de la Légion d'honneur, puis est promu officier en 191129.
Comme le peintre Edgar Degas, les poètes José-Maria de Heredia et Pierre Louÿs, l'écrivain Jules Verne,
le compositeur Vincent d'Indy, le grammairien Jules Lemaître, il adhère à la Ligue de la patrie française,
ligue antidreyfusarde plutôt modérée30,31.
En 1903, il s'installe avec sa famille à Cagnes-sur-Mer, le climat de la région devant être plus favorable à
son état de santé. Après avoir connu plusieurs résidences dans le vieux village, Renoir fait l'acquisition
du domaine des Collettes, sur un coteau à l'est de Cagnes, afin de sauver les vénérables oliviers dont il
admire l'ombrage et qui sont menacés de destruction par un acheteur potentiel32. Aline Charigot y fait
bâtir la dernière demeure de son époux, où il va passer ses derniers jours au soleil du Midi, bien protégé
toutefois par son inséparable chapeau. Il y vit avec sa femme Aline et ses enfants, ainsi qu'avec des
domestiques, souvent autant des amis, qui l'aident dans sa vie de tous les jours, lui préparent ses toiles
et ses pinceaux. Les œuvres de cette période cagnoise sont essentiellement des portraits, des nus, des
natures mortes et des scènes mythologiques. Ses toiles sont chatoyantes, sa matière picturale plus
fluide, toute en transparence. Les corps féminins ronds et sensuels resplendissent de vie.
Renoir est désormais une personnalité majeure du monde de l'art occidental, il expose partout en Europe
et aux États-Unis, participe aux Salons d'automne à Paris. L'aisance matérielle qu'il acquiert ne lui fait
pas perdre le sens des réalités et le goût des choses simples, il continue à peindre dans l'univers rustique
du domaine des Collettes. Il essaie de nouvelles techniques, et en particulier s'adonne à la sculpture,
incité par le marchand d'art Ambroise Vollard, alors même que ses mains sont déformées par
la polyarthrite rhumatoïde. Ses ongles pénétrant dans la chair de ses paumes, des bandelettes de gaze
talquées protègent ses mains (de là, la légende du pinceau attaché à sa main)33.
Malgré sa notoriété, Renoir n'aura qu'une seule élève, Jeanne Baudot, la fille de son médecin[réf. nécessaire].
Le peintre Lucien Mignon fut le proche ami de Renoir du temps de Cagnes-sur-Mer et fut influencé par
son style34.
Le sculpteur[modifier | modifier le code]

Auguste Renoir, Buste de Coco (1908), Francfort-sur-le-Main, musée Städel.

De 1913 à 1918, en collaboration avec Richard Guino, un jeune sculpteur d'origine catalane que lui
présentent Aristide Maillol et Ambroise Vollard, il crée un ensemble de pièces majeures : Vénus Victrix,
le Jugement de Pâris, la Grande Laveuse35, le Forgeron36.
L'attribution de ces œuvres de collaboration fut révisée soixante ans après leur création, à l’issue d’un
long procès initié en 1965 par Michel Guino, fils de Richard et sculpteur lui-même, qui a œuvré à la
divulgation de l'œuvre de son père. Après une minutieuse analyse des pièces, des processus qui
présidèrent à leur création et l’audition de nombreux artistes, la qualité de coauteur est reconnue à
Richard Guino en 1971 par la troisième chambre civile du tribunal de Paris et définitivement établie par la
Cour de cassation en 1973. L’historien d’art Paul Haesaerts précise dès 1947 dans Renoir
sculpteur37 : « Guino ne fut jamais simplement un acteur lisant un texte ou un musicien interprétant
mécaniquement une partition […]. Guino était impliqué corps et âme dans l’acte créatif. On peut même
affirmer avec certitude que s’il n’avait pas été là, les sculptures de Renoir n’auraient pas vu le jour. Guino
était indispensable ». Le procès fait par le fils de Guino n'a pas été intenté « contre » Renoir, réduction
véhiculée dans certains textes ou articles de journaux se référant à « l'affaire ». Il s'est agi de contribuer à
dévoiler l'historique exceptionnel de ce processus de création pour rétablir l'apport original de Guino à
l'œuvre sculpté, initialement occulté par Vollard. Un « praticien » sculpteur reproduit ou agrandit un
modèle déjà existant. Guino, lui, fait une transposition de techniques : on passe de la peinture de Renoir
à la sculpture de Guino, l'esprit de la peinture transparaît dans l'esprit de la sculpture. Transmutation
avérée entre deux artistes. Le phénomène a pu s'accomplir grâce à leur amitié et intense communauté
de vue. Le peintre à ses toiles et le sculpteur travaillant la glaise des Collettes. C'est ce point unique et
rare qui caractérise cette œuvre.
Après avoir interrompu sa collaboration avec Guino, il travaille avec le sculpteur Louis Morel (1887-1975),
originaire d'Essoyes. Ensemble, ils réalisent les terres cuites, deux Danseuses et un Joueur de flûteau.
Dernières années[modifier | modifier le code]

Aline meurt en 1915, ses fils Pierre et Jean sont grièvement blessés durant la Première Guerre mondiale,
mais en réchappent.
Renoir continue, malgré tout, de peindre jusqu'à sa mort en 1919. Il aurait, sur son lit de mort, demandé
une toile et des pinceaux pour peindre le bouquet de fleurs qui se trouvait sur le rebord de la fenêtre. En
rendant pour la dernière fois ses pinceaux à l'infirmière, il aurait déclaré : « Je crois que je commence à y
comprendre quelque chose38. »
Le 3 décembre 1919, il s’éteint au domaine des Collettes à Cagnes-sur-Mer, des suites d'une congestion
pulmonaire6, après avoir pu visiter une dernière fois le musée du Louvre et revoir ses œuvres des
époques difficiles.
Dans un premier temps, il est enterré avec son épouse dans le vieux cimetière du château de Nice et,
deux ans et demi plus tard, le 7 juin 1922, les dépouilles du couple Renoir sont transférées dans le
département de l'Aube où elles reposent désormais dans le cimetière d'Essoyes39, comme l'avaient
souhaité Renoir et son épouse. Depuis, Pierre et Jean, puis les cendres de Dido Renoir — seconde
épouse de Jean — partagent sa sépulture.

Postérité[modifier | modifier le code]
Ayant abandonné le paysage impressionniste au bénéfice de la représentation de l'être humain, il place
la gaieté au cœur de ses toiles marquées par les conséquences du progrès sur la société, par la mise en
scène du quotidien joyeux dans un cadre urbain ou bucolique, intime ou populaire, qui lui valut le surnom
de « peintre du bonheur »40.
La peinture d'Auguste Renoir passe aujourd'hui pour la quintessence du « bon goût petit-bourgeois »,
comme ces « peintres décoratifs » et ces « peintres pour dames » réalisant des tableaux complaisants et
stéréotypés, Renoir n'ayant pas toujours su éviter ce piège pour assurer sa subsistance. Citée en
exemple, sa peinture illustre pour certains l'idée que le commun des mortels se fait de la beauté en art,
ses toiles abordant des sujets simples ayant trait à la vie quotidienne, ses nus opulents et sensuels
dégagent une certaine plénitude41. C'est oublier que cette peinture figurative jugée mièvre et
réconfortante, évoquant la nostalgie d'un bonheur perdu, illustrant calendriers des postes et cartes
postales 42, a été rejetée par le public et les critiques pendant plus de vingt ans. En 1876, le critique Albert
Wolf écrit dans le Figaro:
Essayez donc d’expliquer à M. Renoir que le torse d’une femme n’est pas un amas de chairs en
décomposition avec des taches vertes, violacées qui dénotent l’état de complète putréfaction
dans un cadavre !
La même année l'artiste Bertall écrit dans Le Soir :
Dans des cadres bizarres, des contournements grotesques, des fracas de couleur sans forme et
sans harmonie, sans perspective et sans dessin43.
Considérée par les collectionneurs de son temps comme inachevée, maladroite et bâclée, elle a,
par la suite, été perçue comme totalement révolutionnaire car rompant avec les conventions de
l'art officiel de l'époque. Cependant, le tournant opéré par Renoir vers 1890, lorsqu'il abandonne
le plein air et renoue avec ses maîtres préférés, tels Jean-Honoré
Fragonard, Raphaël ou François Boucher lui vaut d'être accusé de trahison par ses anciens
compagnons impressionnistes qui lui reprochent de sacrifier à la peinture officielle des
héritiers de Jacques-Louis David44. L'histoire de l'art considère pourtant que cette dernière
période de Renoir marquée par un retour vers le classicisme a fortement inspiré une jeune
génération d'artistes, tels que Picasso, Henri Matisse, Maurice Denis ou Pierre Bonnard23,45.
Collèges et lycées[modifier | modifier le code]

Une cité scolaire, regroupant collège et lycée, porte son nom dans sa ville natale, Limoges, un
autre à Cagnes-sur-Mer, où il est mort. Un collège est nommé Auguste et Jean Renoir à La
Roche-sur-Yon. Un collège est nommé Pierre-Auguste-Renoir à Ferrières-en-Gâtinais.
À Asnières-sur-Seine, le lycée public et le collège voisin portent son nom. Un collège est nommé
Auguste Renoir à Chatou dans les Yvelines. À Angers, un collège-lycée porte le nom Auguste-
et-Jean-Renoir. À Paris, un lycée d'arts appliqués porte également son nom.
Musées Renoir[modifier | modifier le code]

 La maison et l'atelier Renoir à Essoyes en Champagne-Ardenne où il a séjourné en famille


et peint les mois d'été, entre 1888 et 1919. On peut visiter la maison, l'atelier du peintre ainsi
qu'un centre culturel dédié à la famille Renoir.
 Le musée Renoir de Cagnes-sur-Mer dans les Alpes-Maritimes où il a vécu et peint
de 1907 à 1919.

Vous aimerez peut-être aussi