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« Biographie de John Arnott, missionnaire

et ethnographe du Chaco »
par Lorena Córdoba (CONICET, Argentina)

Pour citer cet article


Córdoba Lorena, 2017. « Biographie de John Arnott, missionnaire et ethnographe du Chaco » in
Bérose, Encyclopédie en ligne sur l’histoire de l’anthropologie et des savoirs ethnographiques,
Paris, Lahic-iiac, UMR 8177.

http://www.berose.fr/?Biographie-de-John-Arnott-missionnaire-et-ethnographe-du-Chaco

Mots-clés
Missions chrétiennes / missionnaires | Bolivie | Guarani | Argentine | Écosse

The South American Missionary Society (SAMS), société évangélique d’origine


anglicane, arrive pour la première fois dans le Chaco argentin en 1911, dans le but
d’évangéliser les tribus wichí, toba et pilagá [1]. La congrégation établit les premiers
postes missionnaires en 1914, à Los Urundeles et Misión Chaqueña El Algarrobal [2].
C’est dans ce contexte qu’arrive en Argentine un jeune Écossais d’à peine 18 ans, séduit
par le travail évangélique après avoir connu Barbrooke Grubb, le légendaire
missionnaire qui a travaillé des années durant parmi les Indiens du Paraguay [3]. En
compagnie d’un autre jeune Écossais, Colin Smith, Arnott s’embarque alors pour
l’Amérique du Sud le 26 mars 1925. Alors que Smith reste à la mission mère de El
Algarrobal, Arnott est envoyé à la mission de l’Isoso dans le Chaco bolivien, qui réunit
des Indiens de langue guarani [4]. Avec ses collègues, Henry Grubb et William Everitt,
Arnott commence l’apprentissage de la langue indigène, fonde une école et donne des
cours aux enfants indiens. Il s’occupe en outre des soins médicaux et travaille au
développement du travail manuel parmi les Guarani. Cependant cette mission – le seul
poste anglican en territoire bolivien – ne durera pas longtemps : de 1926 à 1935. À la
fin de la guerre du Chaco entre la Bolivie et le Paraguay (1932-1935), les missionnaires
abandonnent le pays et retournent en Argentine.

Pendant son séjour en Bolivie Arnott arrive aussi à connaître les postes missionnaires
anglicans du Nord argentin, et visite souvent la Misión El Toba (Formosa), récemment
inaugurée. Elle avait été fondée en 1930 sous la direction d’Alfred Leake, et il s’agit de
la seule mission anglicane parmi les Toba qui subsiste encore aujourd’hui [5]. Arnott
commence à travailler avec les Toba en faisant preuve d’une facilité exceptionnelle
pour apprendre les langues indiennes : en 1934 il domine la langue wichí, le guarani de
l’Isoso et le toba de l’Ouest de Formosa ; ses compagnons eux-mêmes reconnaissent
qu’il est le seul d’entre eux capable de célébrer le service religieux en toba, sans l’aide
d’un interprète.

C’est pendant ses séjours à la Misión El Toba qu’Arnott rencontre un jeune ethnographe
suisse, Alfred Métraux, qui a travaillé en Argentine entre 1928 et 1933, année où ce
dernier entreprend deux voyages dans le Chaco argentin et passe quelques jours dans les
missions El Algarrobal et El Toba [6]. La relation avec Métraux renforce chez Arnott
une vocation ethnographique qui était probablement née quelques années plus tôt [7]. À
la requête de Métraux, Arnott se risque en 1934 à publier un premier travail
anthropologique dans la Revista de Geografía Americana (RGA). Tout en continuant à
publier des informations missionnaires dans la revue que les anglicans éditent deux fois
par semestre à Londres (SAMS Magazine), il publie quatre autres articles sur le
chamanisme, la magie, les peintures faciales, la guerre et les pratiques matrimoniales
indiennes [8]. Arnott et Métraux se citent mutuellement, le premier utilise plusieurs
photos du second pour illustrer ses articles, tandis que l’ethnographe lui écrit pour lui
demander des informations ethnographiques sur les Wichí et les Toba [9].

C’est à cette époque que les réseaux professionnels d’Arnott s’élargissent, et qu’il
commence à devenir une référence obligée pour les ethnographes qui arrivent dans le
Chaco argentin. À Buenos Aires, il est l’un des premiers membres adhérents de la
Société argentine d’anthropologie nouvellement créée (1936) et, en 1932, il
accompagne dans le Chaco Stig Rydén, un archéologue suédois disciple du maître de
Métraux, Erland Nordenskiöld. Par l’intermédiaire de Rydén, il entre en relation avec
Henry Wassén, le successeur de Nordenskiöld au musée de Göteborg, et envoie
d’importantes collections de culture matérielle du Chaco en Suède, plus de 700 objets
en tout [10]. Arnott intercède aussi pour que l’une des filles de B. Grubb donne la
collection ethnographique de son père au musée, ou que Wassén publie en Suède le
premier dictionnaire anglais-wichí/wichí-anglais du révérend anglican Richard
Hunt [11]. Une autre relation importante du point de vue professionnel, et commencée
par l’intermédiaire de Métraux, est celle qu’Arnott noue avec le jeune anthropologue
américain Jules Henry, disciple de Ruth Benedict. Henry arrive au Chaco à la requête
de Métraux, et se met en contact avec Arnott pour résoudre les détails pratiques de son
séjour à la Misión Pilagá (Formosa). Il restera près de dix-huit mois, avec sa femme,
dans le poste anglican d’Arnott, pour y étudier des thèmes d’anthropologie et de
psychologie parmi les Pilagá [12]. Enfin, dans le milieu argentin, Arnott collabore
également avec l’anthropologue Enrique Palavecino lorsqu’il voyage dans le Chaco,
reçoit l’anthropologue Ana Biró de Stern à Misión San Patricio, et échange des objets
ethnographiques avec l’Institut d’anthropologie de l’université de Tucumán. Nous
avons également trouvé dans le musée ethnographique Juan B. Ambrosetti de Buenos
Aires une série de figurines de têtes d’Indiens, en cire et appliques de plumes et
coquillages, donnée par Arnott en 1939 avec la mention « faites par un Toba » [13].
En octobre 1935, Arnott est chargé par la SAMS d’installer la première mission
anglicane parmi les Indiens pilagá de la région de Laguna de los Pájaros (Formosa). La
situation est instable sur la frontière de l’Argentine avec la Bolivie et le Paraguay, et les
Pilagá affrontent fréquemment les « criollos » et l’armée argentine. Arnott fonde la
mission, que Métraux et son frère Guy visitent en 1939, où ils le trouvent malade,
entouré de Pilagá armés méfiants envers la police locale [14]. Pour diverses raisons
comme l’instabilité politique de la frontière, la crise économique de la SAMS et les
constants affrontements entre colons et Pilagá, la mission ne prospère pas et ferme à la
fin de l’année 1939. Après cet échec, Arnott passe par plusieurs postes anglicans,
depuis El Algarrobal jusqu’à San Patricio, tandis qu’il travaille à l’édition d’une
mythologie wichí bilingue [15].
En écrivant à Jules Henry et à Radamés Altieri, le directeur de l’Institut d’anthropologie
de Tucumán, Arnott exprime le désir de s’engager et de lutter pour son pays au
commencement de la Seconde Guerre mondiale. Fin 1941 il abandonne le Chaco pour
ne plus jamais y revenir. Il voyage au Canada, en Nouvelle-Écosse, où il travaille dans
l’Association catholique de la jeunesse YMCA, et finit par s’engager dans l’armée
canadienne. Il maintient pendant la guerre ses liens avec la SAMS et, selon les rares
informations publiées dans la revue, il envisageait de revenir au Chaco et au travail
missionnaire à la fin du conflit. Cependant, en 1947, la SAMS annonce sa démission.

On le retrouve dans les années 1950 à Halifax, au Canada, en tant que directeur de la
John Howard Society (JHS), une institution consacrée à la réinsertion, au suivi et à
l’assistance des anciens détenus dans la société. En 1967, le gouvernement canadien lui
décerne la médaille du Centenaire pour ses dix-huit ans de service communautaire à la
tête de cette institution. Pendant ces deux décennies, Arnott participe à des congrès sur
la délinquance et la prévention des délits, dans lesquels il se présente comme
« anthropologue », bien que nous n’ayons pas la certitude qu’il ait réalisé des études
académiques dans cette branche. Nous savons aussi qu’au cours de ces années-là,
Arnott épouse Margaret. L’expérience conjugale est un échec et le couple se sépare ;
Arnott vit à l’hôtel Carlenton où il meurt en 1971, à l’âge de 64 ans.

Plusieurs aspects biographiques de la vie de John Arnott restent un mystère : ses


premières années à Edimbourg, sa formation, ce qu’il fit pendant la guerre, son abandon
du Chaco. Mais, pour l’anthropologie du Chaco, demeure sa contribution à
l’ethnographie des sociétés indiennes à un moment critique de leur existence, marqué
par la guerre du Chaco, l’apogée de la colonisation du territoire indien et l’insertion des
groupes ethniques dans les économies régionales. Arnott est sans aucun doute le plus
« ethnographe » des missionnaires anglicans, et son parcours – ses écrits, ses journaux,
sa correspondance et jusqu’à ses esquisses artistiques [16] – nous offre encore
aujourd’hui un corpus de témoignages de valeur qui nous permet d’apprécier de quelle
façon perspicace et respectueuse il a reconstruit les particularités culturelles de chacune
des tribus indiennes avec lesquelles il a travaillé [17].
Bibliographie
Bibliographie

Arnott, John, 1939. « Arte simbólica y decorativa entre los Indios del Chaco », Revista
Geográfica Americana, 12 (71), p. 122-128.
— 1935. « La vida amorosa y conyugal de los indios del Chaco », Revista Geográfica
Americana, 3 (26), p. 293-303.
— 1934a. « Los Toba-Pilagá del Chaco y sus guerras », Revista Geográfica Americana,
1 (7), pp. 491-505.
— 1934b. « Magia y curanderismo entre los Toba-Pilagá del Chaco », Revista
Geográfica Americana, 2 (14), p. 315-326.
Canclini, Arnoldo, 1951. Hasta lo último de la tierra. Allen Gardiner y las misiones en
Patagonia, Editorial « La Aurora », Buenos Aires.
Combès, Isabelle, 2015. « Una experiencia anglicana en el Chaco boliviano (1926-
1935) », Boletín Americanista, 70 (1), p. 135-158.
Córdoba, Lorena, 2017. « Cartas chaqueñas : Alfred Métraux y Jules Henry », Revista
de Dialectología y Tradiciones Populares, 72 (2).
— 2016. « Mission en temps de guerre : Alfred Métraux dans le Pilcomayo », Journal
de la Société des américanistes, 102 (2), p. 37-65.
— 2015. « Etnógrafo-misionero, misionero-etnógrafo : Alfred Métraux y John
Arnott », Boletín Americanista, 70 (1), p. 96-112.
Gardiner, Allen F., 1847. A voice from South America, Seeley, Burnside and Seeley,
Londres.
Grubb, W. Barbrooke, 1911. An Unknown People in an Unknown Land, Seeley & Co.
Limited, Londres.
Hunt, Richard, 1937. Mataco-English and English-Mataco Dictionary, Ethnologiska
Studier 5, Gotemburgo.
Lunt, Roberto, 2011. Cien años de la misión anglicana en el norte argentino. 1911-
2011. Un motivo para celebrar, Diócesis de la Iglesia Anglicana en el Norte Argentino,
Formosa.
Mann, Wendy, 1968. An Unquenched Flame. A short History of the South American
Missionary Society, South American Missionary Society, Londres/Exeter.
Marsh, John W. y Waite H. Stirling, 1877. The story of Commander Allen Gardiner,
R.N., with sketches of missionary work in South America, James Nisbet & Co, Londres.
Métraux, Alfred, 1978. Itinéraires 1. Carnets de notes et journaux de voyages, París,
Payot.
— 1937. « Études d’ethnographie Toba-Pilaga (Gran Chaco) », Anthropos, 32 (3/4), p.
171-194, 378-401.
— 1933. « La obra de las Misiones inglesas en el Chaco », Journal de la Société des
américanistes, 25 (1), p. 205-209.
South American Missionary Society (SAMS), 1944. One Hundred Years in South
America. The story of a great missionary enterprise in the « Unknown Land », SAMS,
Londres.
Thompson, Phyllis, 1983. An Unquenchable flame : the story of Captain Allen
Gardiner, founder of the South American Missionary Society, Hodder and Stoughton,
Londres.

Notes
[1] La société missionnaire fondée par Allen Gardiner, The Patagonian Missión Society (PMS), change de

nom peu de temps après (1868) et est désormais connue comme The South American Missionary Society.

Pour un bilan de son histoire, on peut consulter Gardiner 1847 ; Marsh et Stirling 1877 ; SAMS 1944 ; Mann

1968 ; Canclini 1951 et Thompson 1983 ; Les registres de la SAMS et de la PMS se trouvent dans les

archives de la Church Mission Society : churchmissionsociety.org.

[2] Voir iconographie Bérose (dossier documentaire John Arnott) : Carte du Chaco.

[3] Grubb 1911.

[4] Combès 2015.

[5] L’église anglicane est toujours présente parmi les Toba et les Wichí.

[6] Métraux 1933, 1937 ; Córdoba 2016.

[7] De fait, un carnet de notes inédit, daté de 1929, révèle des dessins et notes sur les cultures guarani et

wichí. Pour une étude de la relation entre Arnott et Métraux, voir Córdoba 2015.

[8] Arnott 1934a, 1934b, 1935, 1939. Voir sources primaires Bérose (dossier documentaire John Arnott) :

« Los Toba-Pilagá des Chaco y sus guerras ».


[9] On peut consulter quelques-unes de ces lettres dans les archives du Laboratoire d’anthropologie sociale à

Paris, las.ehess.fr.

[10] Collections.smvk.se/carlotta-vkm/web.

[11] Hunt 1937.

[12] Voir Córdoba 2017.

[13] Voir iconographie Bérose (dossier documentaire John Arnott) : Cabeza indígena toba.

[14] Métraux 1978.

[15] L’idée d’Arnott était qu’elle soit publiée par l’université de Tucumán. Malheureusement ce texte s’est

perdu et reste donc introuvable jusqu’à aujourd’hui. La correspondance laisse penser que la Maison Coni, une

imprimerie de Buenos Aires, devait le publier à la demande de l’Institut d’anthropologie de Tucumán, mais le

manuscrit s’est perdu quelque part entre Buenos Aires et Tucumán à la suite de la mort subite de son

directeur.

[16] Voir iconographie Bérose (dossier documentaire John Arnott) : Dechanai, Misión El Toba.

[17] Voir iconographie Bérose (dossier documentaire John Arnott) : « Arnott et petit pilagá ».

Iconographie Bérose : « Cabeza indígena toba »


Iconographie Bérose : « Carte du Chaco »
Iconographie Bérose : « Dechanai, Misión El Toba, John Arnott, 1936 »

Iconographie Bérose : « Arnott et petit pilagá », Guy Métraux, 1939


« Biografía de John Arnott, misionero y
etnógrafo del Chaco »
par Lorena Córdoba

Pour citer cet article :

Córdoba Lorena, 2017. « Biografía de John Arnott, misionero y etnógrafo del Chaco » in Bérose,
Encyclopédie en ligne sur l’histoire de l’anthropologie et des savoirs ethnographiques, Paris,
Lahic-iiac, UMR 8177.

http://www.berose.fr/?Biografia-de-John-Arnott-misionero-y-etnografo-del-Chaco

Mots-clés : Ethnographe amateur | Missions chrétiennes / missionnaires | Etudes


amérindiennes | Bolivie | Argentine | Écosse

The South American Missionary Society (SAMS), una sociedad evangélica de origen
anglicano, llega por primera vez al Chaco argentino en 1911 [1]. Su objetivo era
trabajar en la evangelización de las tribus wichí, toba y pilagá. La congregación
establece las primeras estaciones misionales en Los Urundeles y Misión Chaqueña El
Algarrobal en 1914 [2].

En este contexto llega a la Argentina un joven escocés de apenas 18 años, seducido por
el trabajo evangélico tras conocer a Barbrooke Grubb, legendario misionero que trabajó
durante años entre los indígenas de Paraguay [3]. Junto a otro joven escocés, Colin
Smith, Arnott se embarca entonces hacia Sudamérica el 25 de marzo de 1925. Smith
permanecería en la misión base El Algarrobal, como ayudante médico, mientras que
Arnott es destinado a Bolivia en la misión del Isoso (Chaco boliviano), que congregaba
indígenas de habla guaraní [4]. Junto a sus colegas Henry Grubb y William Everitt,
pronto inicia el aprendizaje de la lengua nativa, funda la escuela local e imparte clases a
los niños indígenas. Trabaja además en la atención médica y el fomento del trabajo
manual entre los guaraníes. Sin embargo, esta misión –la única estación anglicana en
territorio boliviano–, tendría una corta duración: de 1926 a 1935. Cuando finaliza la
Guerra del Chaco entre Bolivia y Paraguay (1932-1935) los misioneros abandonan el
país retornando a la Argentina.

Durante su estadía en Bolivia, Arnott viaja por las estaciones misionales anglicanas del
norte argentino, y no son pocas las veces que visita la recientemente inaugurada Misión
El Toba (Formosa). Esta misión se había inaugurado en 1930 bajo la dirección de
Alfred Leake, y fue la única estación anglicana de población toba que sobrevivió hasta
la actualidad [5]. Arnott comienza a trabajar con los tobas demostrando una excepcional
facilidad para el aprendizaje de las lenguas indígenas: para 1934 domina el wichí, el
guaraní del Isoso y el toba del oeste formoseño, y sus propios compañeros reconocen
que se trata del único misionero capaz de celebrar el servicio religioso en toba, sin
ayuda de un traductor.

Durante sus estadías en Misión El Toba conoce a un joven etnógrafo suizo, Alfred
Métraux, que trabajó en Argentina desde 1928 hasta 1933, año en que emprende dos
viajes por el Chaco argentino y pasa unos días en las misiones El Algarrobal y El
Toba [6]. La relación con Métraux fortalece en Arnott una vocación etnográfica que
seguramente había nacido algunos años antes [7] (ver figura 3). En 1934, a instancias de
Métraux, Arnott se atreve a publicar un primer trabajo antropológico en la Revista de
Geografía Americana (RGA). Mientras que sigue publicando noticias misionales en la
revista que los anglicanos editan bimestralmente en Londres (SAMS Magazine), entre
1934 y 1939 publica cuatro artículos sobre el shamanismo, la magia, las pinturas
faciales, la guerra y las prácticas matrimoniales indígenas [8]. Además de citarse y
referirse mutuamente, Arnott utiliza algunas de las fotos de Métraux para ilustrar sus
artículos, mientras que el etnógrafo le escribe varias cartas solicitándole información
etnográfica sobre los wichís y tobas (ver en el archivo del Laboratorio de Antropología
Social de París algunas de estas cartas).

En aquellos años las redes profesionales de Arnott se amplían, y comienza a ser un


referente obligado para los etnógrafos que llegan al Chaco argentino. En Buenos Aires
es uno de los primeros socios adherentes a la recién creada Sociedad Argentina de
Antropología (1936), y en 1932 acompaña en sus viajes por el Chaco a Stig Rydén,
arqueólogo sueco discípulo del maestro de Métraux, Erland Nordenskiöld. A través de
Rydén inicia a su vez, una relación con el sucesor de Nordenskiöld en el Museo de
Gotemburgo, Henry Wassén, y envía importantes colecciones de cultura material
chaqueña a Suecia, que totalizan más de 700 piezas [9]. Arnott también hace de
intermediario para que una de las hijas de B. Grubb done la colección etnográfica de su
padre al Museo, o para que Wassén publique en Suecia el primer diccionario inglés-
wichí/wichí-inglés del reverendo anglicano Richard Hunt [10]. Otra relación importante
en términos profesionales, iniciada a través de Métraux, es la que establece con el joven
antropólogo americano Jules Henry, discípulo de Ruth Benedict. Henry llega al Chaco a
instancias de Métraux, y contacta a Arnott para resolver las cuestiones prácticas de su
estadía en Misión Pilagá (Formosa). Junto a su mujer vive casi dieciocho meses en la
estación anglicana de Arnott para investigar cuestiones de antropología y psicología
entre los pilagás [11]. Por último, en el ámbito argentino, Arnott también colabora con
el antropólogo Enrique Palavecino en su campaña al Chaco, recibe a la antropóloga Ana
Biró de Stern en la Misión San Patricio e intercambia objetos etnográficos chaqueños
con el Instituto de Antropología de la Universidad de Tucumán. Asimismo, hemos
encontrado en el Museo Etnográfico Juan B. Ambrosetti de Buenos Aires una serie de
estatuillas de cabezas de indígenas hechas en cera, con apliques de plumas y conchillas,
donada por él en 1939 con la inscripción de “hechas por un toba” [12].
En octubre de 1935, la SAMS encarga a Arnott la tarea de instalar la primera misión
anglicana entre los indígenas pilagás de la región de Laguna de los Pájaros (Formosa).
Además de la situación inestable de la frontera argentina con Bolivia y Paraguay, los
pilagás se enfrentan frecuentemente con los criollos y con el ejército argentino. Arnott
establece la misión, la misma que visitan en 1939 Alfred Métraux y su hermano Guy,
encontrándolo enfermo, rodeado de pilagás armados, recelosos de la policía local [13].
Debido a factores como la inestabilidad política en la frontera, la crisis económica en la
SAMS o las constantes peleas entre colonos y pilagás, la vida de la misión sería
finalmente efímera, cerrando a finales de 1939. Luego del fracaso de Misión Pilagá,
Arnott deambula por diversas estaciones anglicanas desde El Algarrobal hasta San
Patricio, mientras trabaja en la edición de una mitología wichí bilingüe [14].
En cartas a Jules Henry y Radamés Altieri (director del Instituto de Antropología de
Tucumán), Arnott comenta el deseo de enrolarse y luchar por su país al comenzar la
Segunda Guerra Mundial. A fines de 1941, abandona el Chaco para nunca más volver.
Viaja a Canadá, Nueva Escocia, donde trabaja en la Asociación católica juvenil YMCA,
y acaba por enlistarse en el ejército canadiense. Durante la guerra mantiene su vínculo
con la SAMS y, según las escasas noticias que se publican en la revista, planea regresar
al Chaco y a la labor misionera una vez finalizado el conflicto bélico. Pero en 1947,
finalmente, la SAMS publica la noticia de la dimisión de Arnott.

La década de 1950 encuentra a Arnott establecido en Halifax, Canadá, como director


ejecutivo de la John Howard Society (JHS), institución dedicada a la reinserción,
seguimiento y asistencia a los ex convictos en la sociedad. En 1967, el gobierno
canadiense le otorga la Medalla del Centenario por sus dieciocho años de servicio
comunitario al frente de esta entidad. Durante los veinte años al frente de la JHS,
participó de congresos sobre la delincuencia y la prevención del delito, presentándose
bajo el título de “antropólogo”, aunque no hemos encontrado pruebas de que hubiera
realizado estudios formales en esa disciplina. Sabemos asimismo que en aquellos años
Arnott contrae matrimonio con su esposa Margaret. La experiencia conyugal no resulta
feliz y terminan separándose, con Arnott viviendo en hotel Carlenton, donde finalmente
muere en 1971, a la edad de 64 años.

Resta por desentrañar varios misterios biográficos en la vida de John Arnott: sus
primeros años en Edimburgo, su formación, los años de guerra, su abandono del Chaco.
Para la antropología chaqueña, no obstante, perdurará su contribución a la etnografía de
las sociedades indígenas en un momento crítico de su existencia, marcado por la Guerra
del Chaco, el clímax de la colonización del territorio indígena y la inserción de los
grupos étnicos en las economías regionales. Sin duda alguna el más “etnográfico” entre
los misioneros anglicanos, la trayectoria de Arnott – sus publicaciones, sus diarios, su
epistolario y hasta sus bosquejos artísticos [15] – nos ofrece todavía hoy un valioso
corpus testimonial que permite apreciar la forma perspicaz y respetuosa en la cual
reconstruyó las particularidades culturales de cada una de las tribus indígenas con las
cuales trabajó [16].

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