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Le rôle de l’Esprit Saint

dans la liturgie eucharistique

1. Introduction
L’évolution de la liturgie eucharistique dans laquelle les Prières eucharistiques ac-
tuelles sont enracinées remonte aux premiers siècles de l’Eglise, au moment où la doctrine
trinitaire n’était pas encore fixée. L’attention se portait premièrement sur la christologie
et la question de la personne et du rôle du Saint-Esprit ne se posaient pas encore. Au cours
de l’histoire, un « Christomonisme » s’est installé dans la théologie catholique – et donc
aussi dans la liturgie – nourri ensuite par l’opposition à l’importance donnée à l’Esprit
dans l’Eglise orthodoxe1. Il a fallu attendre le la réforme qui a suivi le Concile Vatican
II2 pour que le rôle de l’Esprit soit vraiment mis en relief, par l’introduction des PE II, III
et IV dans le Missel romain. La raison fondamentale se trouve finalement explicité dans
le Catéchisme de l’Église catholique :

La Liturgie devient l’œuvre commune de l’Esprit Saint et de l’Église. Dans cette dispensation
sacramentelle du mystère du Christ, l’Esprit Saint agit de la même manière que dans les autres
temps de l’Économie du salut : il prépare l’Église à rencontrer son Seigneur ; il rappelle et
manifeste le Christ à la foi de l’assemblée ; il rend présent et actualise le mystère du Christ par
sa puissance transformante ; enfin, l’Esprit de Communion unit l’Église à la vie et à la mission
du Christ. (CEC nos 1091-1092).

Dans ces pages nous allons centrer notre attention sur le rôle de l’Esprit dans les PE
II, III et IV, où son action et rappelée et invoquée. Après une brève introduction générale
des quatre Prières eucharistiques, nous analyserons les passages pertinents de chacune

1
Pour une solution à ce débat qui continue encore aujourd’hui, cf. GIRAUDO, Cesare, « Preghiera
Eucaristica e Teologia. Per una soluzione della controversia sull’epiclesi », La civiltà cattolica, nº 4047,
avril 2019, 236.
2
Le Concile lui-meme n’en parle TILLARD, J.-M. R., « L’Eucharistie et le Saint-Esprit », NRT 90
n° 4, 1968, 363[-387], dit : « La surprise grandit lorqu’on découvre que dans ses textes majeurs le Concile
Vatican II ne fait que confirmer cette attitude de réserve. […] La Consitution sur la Sainte Liturgie ne dit
rien de la relation de l’eucharistie à l’Esprit dans la synthèse doctrinale qu’elle présente. […] Seul le Décret
sur la vie et le ministère des pretres affirme explicitement, et d’une façon remarquable, que le pain eucha-
ristique est la chair du Seigneur « vivifiée et vivifiante par l’Esprit Saint » (OT 5).

1
des trois dernières PE, puis dans la conclusion nous présenterons leur synthèse et, de
manière concise, décrirons le rôle de l’esprit Saint dans la liturgie eucharistique.

2. Introduction générale aux Prières eucharistiques


Le Missel romain préparé par le Consilium ad exsequendam Constitutionem de Sacra
Liturgia contient quatre Prières eucharistiques (= PE), le « Canon romain » (PE I)3 et trois
nouvelles PE. La PE I fut critiqué par Cipriano Vagaggini, membre du Coetus 10 chargé
des PE4, en ces termes :

Carence d’une théologie du rôle du Saint-Esprit dans l’Eucharistie.

Malgré les nombreux fragments où l’on retrouve l’idée d’épiclèse dans le canon romain actuel,
la théologie, d’importance capitale, du rôle quasi propre 22 du Saint-Esprit dans l’Eucharistie
en est totalement absente. Qu’il s’agisse là d’une grave déficience objective, on le comprendra
facilement si l’on réfléchit au caractère biblique et traditionnel de cette doctrine. Aujourd'hui,
justement, nous y sommes redevenus très sensibles, non seulement pour des raisons œcumé-
niques, mais la redécouverte, solennellement sanctionnée par le Iie Concile du Vatican, de
l’aspect « économique » de la Trinité à l’arrière-plan de la perspective de l’histoire du salut,
et du relief accordé à la distinction des personnes, sans préjudice pour l’unité de la nature
divine5.

Les trois nouvelles prières eucharistiques, dont nous allons maintenant traiter, ont été
préparées dans cet esprit attentif des trois personnes de la Trinité dans l’économie du salut
et spécifiquement dans la célébration eucharistique. Dans Sacrasanctum concilium, en
tête des directives spécifiques pour l’élaboration du renouveau liturgique ont été données
aux experts du Consilium qui ont composé ces nouvelles prières du Canon, nous lisons
ceci :

3
Pour une présentation détaillée de l’histoire de la composition de la PE I, voir FOLEY, Edward et al.
(éds.), A Commentary on the Order of the Mass of The Roman Missel. A New English Translation Devel-
oped under the Auspices of the Catholic Academy of Liturgy¸ Liturgical Press, Collegeville, MN, 2011,
230-292. Cet auteur note en particulier le rapport avec AMBROISE, De sacarmentis 5,21, puis souligne :
« The theological shift between Ambrose in the late fourth century and the Roman prayer in the early Mid-
dle Ages is dramatic […] The later version is much more explicit in asking God to consacrate the gifts »
(p. 249).
4
Le Coetus 10 du Consilium étaient composé de Josef Jungmann, Pierre Jounel, Pierre-Marie Gy et
Cipriano Vagaggini puis complété par Joseph Gélineau, Louis Bouyer et Fredereick McManus.
5
VAGAGGINI, Cesare, Le Canon de la messe et la réforme liturgique, Cerf, Paris, 1967, 94. Dans ce
livre contient l’étude de Vagaggini en vue du travail que le Coetus 10 devait accomplir, l’auteur renvoie
aux textes conciliaires LG 2-4, 39-41, 48 et 49 ; SC 50 et 51 ; et UR 3 et 4.

2
Pour que la saine tradition soit maintenue et que, néanmoins, la voie soit ouverte au légitime
progrès, pour la révision de chacune des parties de la liturgie, on se livrera tout d’abord à de
soigneuses recherches d’ordre théologique, historique, pastoral (SC nº 23).

Lorsque, en 1968, le cardinal Benno Gut envoya le livre avec les Prières eucharis-
tiques, approuvées par la Congrégation des rites, aux Conférences épiscopales, il dit dans
la lettre de présentation :

La publication des nouvelles prières eucharistiques pour la liturgie romaine, un vrai chant nou-
veau que l’Esprit Saint met sur les lèvres de l’Eglise en prière, m’offre l’occasion pour établir
mon premier contact come président du « Consilium » avec ceux qui promeuvent le renouveau
liturgique6.

C’est une belle description de ces prières mais, comme nous le verrons, l’expression
« un vrai chant que l’Esprit met sur les lèvres de l’Eglise en prière » dépasse leur contenu
textuel, dont nous allons maintenant nous occuper.

3. Analyse des Prières eucharistiques


Les trois Prières eucharistiques ont la même structure, qui est parallèle celle du Canon
romain et fort semblable à celle des anaphores de tradition syrienne occidentale7 :
Préface (variable ou fixe)
Epiclèse I (pour la consécration du pain et du vin)
Récit de l'institution
Mémorial-Acclamation
Anamnèse/Oblation
Epiclèse II (pour la sanctification de la communauté)
Commémoration des Saints et Intercessions
Doxologie

Or, une table comparative8 permet de voir que l’Esprit est mentionné dans les préfaces,
les épiclèses et la doxologie conclusive, qui est la même pour les trois prières. Il convient

6 BUGNINI, Annibale, La réforme de la liturgie (1948-1975), trad. De Sr Pascale-Dominique Nau et


Ph. de Lacvivier, Desclée de Brouwer, Paris, 2015, 483.
7 Cf. FOLEY, Edward et al. (éds.), op. cit., 402.
8 Voir la table comparative dans l’annexe I.

3
de considérer toutes ces parties pour discerner le rôle de l’Esprit Saint bien que la majorité
des auteurs se limitent à discuter de l’épiclèse – ou mieux du « split epiclesis »9.

3.1 Prière eucharistique II


Cette prière eucharistique s’inspire de celle composée par Hippolyte de Rome10 au
début du 3e siècle et en usage à Rome vers 217. Un des traits repris de cette dernière,
influencé par les discussions autour de la Trinité dans lesquelles Hippolyte aussi était
engagé, est la distinction des trois personnes divines. A. Rouet l’a fait remarquer en dé-
taillant davantage :

« On notera dans cette prière eucharistique l’importance de la Trinité, le rôle de chaque per-
sonne trinitaire, leur unité et leur distinction » Cette prière eucharistique « se veut trinitaire et
fidèle à l’incarnation »11.

En ce qui concerne l’Esprit Saint, on note que, la théologie trinitaire de la prière d’Hip-
polyte12 est antérieure au Concile de Constantinople I qui s’est tenu en 381, mais que dans
la PE II l’affirmation du rôle de l’Esprit dans l’économie du salut – c’est-à-dire l’œuvre
trinitaire de la rédemption – est plus proche de la doctrine trinitaire médiévale13.

3.1.1 Préface

Vere dignum et iustum est, æquum et salutáre, nos tibi, sancte Pater, semper et ubíque grátias
ágere per Fílium dilectiónis tuæ Iesum Christum […] quem misísti nobis Salvatórem et Re-
demptórem, incarnátum de Spíritu Sancto et ex Vírgine natum.

L’énoncé se trouve dans le Symbole de Nicée-Constantinople, qui réfère à Lc 1,35.


Ainsi, la préface place l’Esprit à l’ouverture de l’économie du salut et met en relief son
rôle dans l’accomplissement de l’œuvre trinitaire de la rédemption. Dieu le Père envoie
son Fils mais la réalisation de l’envoi implique l’action de l’Esprit Saint : le Fils s’incarne

9 Le mot épiclèse, dérivé du mot grec έπικαλέω – appeler sur, désigne la prière habituellement adressée
au Père lui demandant d’envoyer l’Esprit Saint sur une chose pour la sanctifier et la rendre féconde en
l’accomplissement son but et donnant aux chrétiens de recontrer Dieu sacramentellement par son intermé-
diaire. Cf. McGOWAN, Anne, Eucharistic Epicleses, Ancient and Modern, Londres, SPCK, 2014, 36, parle
d’une « split epiclesis » : « The term […] draws attention to the perception that the consecratory and com-
munion aspects of the epiclesis are really two dimensions of a single reality ».
10
HIPPOLYTE DE ROME, Tradition apostolique, SC nº 11, Paris, Cerf, 1968.
11 ROUET, Albert, À la découverte des Prières eucharistiques I, II, II, IV, Centre Jean-Bart, Paris, 1981,

77-78.
12 Voir le texte dans l’annexe II.
13 Cf. McGOWAN, A., op. cit., 109.

4
par l’opération de l’Esprit. Ce rôle de réalisateur est un premier aspect qu’il nous faudra
garder à l’esprit tout au long de notre étude.

3.1.2 Première épiclèse

Hæc ergo dona, quǽsumus, Spíritus tui rore sanctífica, ut nobis Corpus et ✠ Sanguis fiant
Dómini nostri Iesu Christi

Le texte latin n’est pas pleinement rendu par la traduction française ; il faut comprendre :
sanctifie ces dons « en envoyant ton Esprit sur eux comme la rosée ». L’image, qui pas
choisie par hasard, est dans la phrase que le prête dit en imposant les mains sur les of-
frandes, geste de consécration par excellence14, utilisé dans la célébration de tous les sa-
crements. En lien avec le pain, elle évoque plus plusieurs passages de l’Ancien Testament,
par exemple en Ex 16,14-15 :

Lorsque la couche de rosée s'évapora, il y avait, à la surface du désert, une fine croûte, quelque
chose de fin comme du givre, sur le sol. Quand ils virent cela, les fils d'Israël se dirent l'un à
l'autre : « Mann hou ? » (ce qui veut dire : Qu'est-ce que c'est ?) […] Moïse leur dit : « C'est
le pain que le Seigneur vous donne à manger ».

L’action est de la rosée est – comme celle de l’Esprit – calme, invisible, douce, mysté-
rieuse et vivifiante.
C’est au Père que la demande est adressée d’envoyer Son Esprit pour réaliser une ac-
tion semblable celle que nous avons vu dans la Préface :

Préface Première épiclèse


C’est lui que tu as envoyé comme rédempteur Sanctifie ces offrandes en répandant sur elles
et sauveur, Dieu fait homme, conçu du Saint- ton Esprit ; qu’elles deviennent pour nous le
Esprit corps et le sang de Jésus

L’action de l’Esprit dans demandée dans la première épiclèse est la sanctification des
offrandes et leur transformation en le corps et le sang de Jésus-Christ. De même que l’Es-
prit a opéré l’incarnation, il opère la transformation des dons matériels du pain et du vin

14 À ce titre, il est intéressant de noter la configuration de l’autel à baldaquin (représentant la Tente de


la rencontre) construit pour la cathédrale de Cuernavaca, Mexique, à l’époque de la réforme liturgique. Des
mains étendues sont imprimées sur la face inférieure du baldaquin et des lumières représentent le mouve-
ment de descente de l’Esprit Saint sur l’autel. Voir la photo dans l’annexe III.

5
en corps et sang du Christ lors de la récitation des paroles de l’Institution qui suit direc-
tement15.

3.1.3 Deuxième épiclèse

Et súpplices deprecámur ut Córporis et Sánguinis Christi partícipes a Spíritu Sancto congre-


gémur in unum.

La demande adressée au Père est l’accomplissement, par la participation au Corps et


au Sang du Christ, de la prière de Jésus en Jn 17,21 : « Que tous soient un, comme toi,
Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde
croie que tu m’as envoyé ». Saint Paul aussi souligne cet effet de la Communion eucha-
ristique : « Parce qu'il n'y a qu'un pain à plusieurs nous ne sommes qu'un corps, car tous
nous participons à ce pain unique » (1 Co 10, 17). Tel est le but de toute la liturgie eucha-
ristique.

3.1.4 Doxologie

Per ipsum,et cum ipso, et in ipso, est tibi Deo Patri omnipotenti, in unitate Spiritus Sancti,
omnis honor et gloria per omnia saecula saeculorum.

Dans la doxologie se réalise le plein accomplissement de ce que l’on pourrait appeler


l’oeuvre eucharistique selon la prière d’Hippolyte de Rome : le don de l’Esprit, l’affer-
missement dans la foi et le chant de louange et de glorification de Dieu « par ton enfant
Jésus-Christ, par qui à toi gloire et honneur avec le Saint-Esprit dans la sainte Église,
maintenant et dans les siècles des siècles16 ». De plus, la perspective dans la doxologie
est eschatologique et ainsi la Communion au corps et au sang du Christ est – pour re-
prendre l’expression d’Ignace d’Antioche – « remède d'immortalité17 ».
Dans ce chant, les personnes de la Sainte Trinité sont caractérisées : c’est vers le Père
qu’il s’élève par le Christ et avec lui, mais aussi en lui, comme Corps du Christ constitué
dans l’unité du Saint-Esprit.
Cette doxologie est l’élément conclusif commun aux quatre Prières eucharistiques.

15 C’est au moins une des interprétations proposées, alors que le débat autour de la transsubstantiation
– œuvre de l’Esprit ou des paroles de l’Institution – continue.
16 TILLARD, J.-M. R., « L’Eucharistie et le Saint-Esprit », NRT 90 n° 4, 1968, 370.
17 IGNACE D’ANTIOCHE, Lettre aux Éphésiens 20,2.

6
3.2 Prière eucharistique III
La troisième prière eucharistique répond au souhait d'avoir une de longueur moyenne
avec une structure claire, qui pourrait être utilisée avec n'importe laquelle des préfaces
romaines traditionnelles ou de nouvelles. Le modèle ancien est la prière de la tradition
gallicane. L’Esprit Saint est ici cité 4 fois : dans la préface du Missale romano, les deux
épiclèses et la doxologie.

3.2.1 Préface
La préface de cette PE est variable en bon nombre de circonstances18. Dans celle don-
née dans le missel, est une action de grâce assez générale pour l'économie du salut, comme
cela arrive dans la tradition gallicane. Allusion est faite à l'œuvre de sanctification du
Saint-Esprit, dont le fruit est le rassemblement de l'Église pour offrir un culte à Dieu.

Quia per Filium tuum, Dominum Nostrum Iesum Christum, Spíritus Sancti operante virtute,
vivificas et sanctificas universa et populum tibi congregare non desinis, ut a solis ortu usque
ad occassum oblatio munda offeratur nomini tuo.

Nous basons notre commentaire sur le texte latin où le rôle de l’Esprit apparaît plus
clairement.
C’est moyennant la puissance opérante – operante virtute – de l’Esprit que Dieu, par
son Fils
vivifie – vivificas – le terme évoque la création et la nouvelle création préfigurée
par exemple en Ez 37,1-14.
sanctifie – sanctificas – le terme signifie purifier, rendre apte à vivre avec Dieu et
faire le bien, et diviniser, c’est-à-rendre semblable à Dieu. Or, du fait, qu’il s’agit de la
sanctification du peuple et non des personnes individuelles, on comprend facielement la
dernière action
Dieu se rassemble son peuple – populum tibi congregar – « afin qu’il te présente
partout dans le monde une offrande pure ».

18
ROUET, p. 115 indique le dimanche, pour Noël, l’Épiphanie, le Jeudi Saint, Pâques, l’Ascension, la
Pentecôte, la nativité de saint Jean-Baptiste, l’Assomption et la Toussaint.

7
3.2.2 Première épiclèse

Supplices ergo te, Domine, deprecamur, ut haec munera, quae tibi sacranda detulimus, eodem
Spiritu sanctificare digneris, ut Corpus et ✠ Sanguis fiant, Filii tui nostri Iesu Christi.

Dans, cette première épiclèse, c’est par l’Esprit – agent de réalisation – que le Seigneur
– Domine – sanctifie les dons pour qu’ils deviennent le Corps et le Sang de Jésus-Christ.
À ce propos certains se sont demandé si la transsubstantiation se fait au moment en ré-
ponse à cette épiclèse ou par la récitation des Paroles de l’Institution. Nous voudrions
suggérer que, dans la perspective de l’opération commune de la Trinité, les deux19.

3.2.3 Deuxième épiclèse

Concede, ut qui Corpore et Sanguine Filii tui reficimur, Spiritu eius Sancto replete, unum
corpus et unus spiritus inveniamur in Christo.

Quand nous serons nourris de son corps et de son sang et remplis de l’Esprit Saint, accorde-
nous d’être un seul et un seul esprit dans le Christ.

Dans la prière de réception et pour une communion fructueuse, le prêtre formule la


demande du don de l'Esprit dans la communion au Corps et au Sang du Christ. La prière
est ainsi reliée à l’épiclèse de consécration des dons par l'Esprit Saint. Or, parmi les fruits
de ce don de l'Esprit, il y a en particulier l'unité du Corps mystique et l’union au Christ
dans « un seul esprit » (cf. Ph 2,5 et 1 Co 6,17) ; le mot esprit désigne ici « la personne
même dans son intimité la plus secrète20 », son cœur qui est les siège de ses sentiments et
la source de ses actions21, et il ‘agit donc de la pleine formation du croyant au Christ dans
ses sentiments et sa conduite.

3.2.4 Doxologie
La doxologie est la même que celle de la PE II (supra pp. 7-8).

3.3 Prière eucharistique IV


Enfin, on a cru nécessaire une prière eucharistique qui, avant de récit de l'Institution,
rappelle toute l'économie du salut. Les auteurs ont pris comme modèle les « meilleurs
anaphores orientales, spécialement de type antiochien [et] l’anaphore alexandrine de saint

19 Voir GIRAUDO, C., art. cit.


20 LÉON-DUFOUR, Xavier, art. « esprit » dans : ID., Dictionnaire du Noueau Testament, Seuil, Paris,
1996, 6358 [Kindle].
21 LÉON-DUFOUR, Xavier, art. « cœur » dans : Ibid., 4074.

8
Basile22 ». Dans cette prière eucharistique, l’action réalisatrice de l’Esprit Saint dans
l’économie est évoquée 5 fois et, donc, plus que dans les PE II et III.

3.3.1 Préface

Et sic, Pater sancte, mundum dilexísti, ut, compléta plenitúdine témporum, Unigénitum tuum
nobis mítteres Salvatórem. Qui, incarnátus de Spíritu Sancto et natus ex María Vírgine, in
nostra condiciónis forma est conversátus per ómnia absque peccáton.

Et, ut non ámplius nobismetípsis viverémus, sed sibi qui pro nobis mórtuus est atque surréxit,
a te, Pater, misit Spíritum Sanctum primítias credéntibus, qui, opus suum in mundo
perfíciens, omnem sanctificatiónem compléret.

La louange dans cette préface, qui est clairement biblique, commence par la création
de l'homme et va jusqu'au Christ et à la Pentecôte. Elle mentionne d’abord le rôle de
l’Esprit sans l’incarnation, dans les mêmes termes la PE II (supra p. 5), puis son œuvre
d’envoyé à partir de la Pentecôte. A. Rouet23 illustre le mouvement entre ces deux évo-
cations par le tableau suivant :

Il y a continuation entre l’une et l’autre par le passage de Jésus mort, ressuscité et


exalté puis l’effusion de l’Esprit.
Il nous faut ici approfondir la signification de deux expressions : la définition de l’Es-
prit comme « primítias credéntibus » et l’explicitation de son action : « opus suum in
mundo perfíciens, omnem sanctificatiónem compléret ».
• Le premier don fait aux croyants – primítias credéntibus – a deux sens. Jésus
envoie l’Esprit, qui caractérise la venue du Royaume et est le don fondamental
du Père (cf. Lc 11,13 ; Rm 5,5) par qui le peuple de Dieu est rénové (Ez 36,27).
– Il est aussi le premier don au sens d’arrhes (2 Co5,5 ; Ep 1,14 ; 2 Co 1,22),
car « peu à peu l’Esprit répandu va le pénétrer et le renouveler au plus intime
de son existence24 ».

22 VAGAGGINI, Cesare, op. cit., 140.


23 Pour tout ce paragraphe, nous suivons ROUET, A., op. cit., 163-166.
24 Ibid., 164.

9
• qui « parfait » son oeuvre dans le monde et achève toute sanctification – opus
suum in mundo perfíciens, omnem sanctificatiónem compléret. Le mot « con-
tinue » ne rend pas pleinement le sens de perficiens que l’on peut traduire en
français par le verbe « parfaire ».

3.3.2 Première épiclèse

Quǽsumus ígitur, Dómine, ut idem Spíritus Sanctus hæc múnera sanctificáre dignétur ut
Corpus et ✠ Sanguis fiant Dómini nostri Iesu Christi

Cette épiclèse liée par directement à la préface par l’expression idem Spiritus Sanctus
reflète la forme de l’épiclèse la plus ancienne, dans laquelle l'Esprit Saint est invoqué
pour que, avec la consécration eucharistique, ceux qui l’offrent soient eux aussi sanctifiés
et conduits, dans un seul corps et dans un seul esprit, à la plénitude du Royaume de Dieu
et à la glorification de la Trinité.

3.3.3 Deuxième épiclèse

Réspice, Dómine, in Hóstiam, quam Ecclésiæ tuæ ipse parásti, et concéde benígnus ómnibus
qui ex hoc uno pane participábunt et cálice, ut, in unum corpus a Sancto Spíritu congregáti,
in Christo hóstia viva perficiántur, ad laudem glóriæ tuæ.

Le prêtre demande que ceux qui partagent le même pain et la même soient rassemblés
par l’Esprit Saint en un seul Corps afin d’être une offrande vivifiante à la gloire du Père
dans le Christ. Cette demande est un développement de 1 Co 10,17 : « Puisqu'il y a un
seul pain, la multitude que nous sommes est un seul corps, car nous avons tous part à un
seul pain », où l’Esprit n’est pas mentionné. C’est ut qui introduit ce développement com-
posé de trois éléments qui constituent une série dynamique d’actions : le Saint-Esprit est
l’agent de la première, la deuxième est liée au Christ et la troisième revient au Père :
• le rassemblement par l’Esprit – qui est encore une fois le réalisateur de ce qui est
demandé au Père ;
• le Corps rassemblée s’offre comme offrande vivante dans le Christ, ce qui rappelle
Rm 12,1 : « Je vous exhorte donc, frères, par la tendresse de Dieu, à lui présenter
votre corps – votre personne tout entière –, en sacrifice vivant, saint, capable de
plaire à Dieu : c'est là, pour vous, la juste manière de lui rendre un culte »

10
• pour glorifier ensemble le Père par l’Esprit Saint et dans le Christ ; cela est très
proche de Lc 10,21 : « À l'heure même, Jésus exulta de joie sous l'action de l'Esprit
Saint, et il dit : “Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange…” ».

Rouet fait remarquer le mouvement circulaire de de cette épiclèse, nous reconnaissons


que ce mouvement d’étend depuis la préface à toute l’œuvre du salut ; en effet, « la sanc-
tification est unification : c’est la récapitulation de tout dans le Christ (Ep 1,10)25 », et
l’Esprit s’y trouve en plein centre26.
C’est ainsi que la liturgie eucharistique atteint, par l’action de l’Esprit, son plein ac-
complissement qui s’étend ensuite au-delà de l’assemblée à embrasser dans les interces-
sions toute l’Église et l’humanité entière puis s’achève dans la doxologie solennelle et
l’« Amen » peuple et son envoi à la fin de la célébration de la Messe.

3.3.4 Doxologie
La doxologie est la même que celle de la PE II (supra pp. 7-8).

4. Conclusion
Nous pouvons résumer le rôle de l’Esprit comme réalisateur et agent, qui est central
dans la liturgie eucharistique, en quelques lignes :
• L’Esprit qui réalise l’incarnation du Fils de Dieu réalise aussi le Corps du Christ
qu’est l‘Église
• L’Esprit sanctifie les offrandes pour qu’elles deviennent le Corps et le Sang du Christ
• L’Esprit rassemble, vivifie et habite le peuple de Dieu

Ainsi, l’Esprit est « artisan de l’Eucharistie » selon l’expression de J. Lambert27.


Ce sont des actions que l’Esprit déploie de façon générale dans le monde mais de ma-
nière spécifique pendant la Messe qui est « source et sommet de toute la vie chrétienne »
(SC nº 111).
Enfin, pour être complets, il nous faudrait étudier l’ensemble de la liturgie de la Messe,
car l’action et le rôle de l’Esprit ne se limite pas aux moments particuliers de l’action

25 ROUET, Albert, op. cit., 177.


26 Ibid., 176.
27 LAMBERTS, Jozef, « Eucharistie et Esprit Saint », Questions liturgiques nº 67 (1986), 32-54.

11
liturgique28. Nous devrions commencer par la considération de trois faits généraux avant
même d’entrer dans les détails de la célébration : si nous venons à la Messe – non par
convenance ou pour être en règle mais bien avec foi – c’est parce qu’il nous a déjà inspiré
intérieurement la convocation ; puis, arrivés à l’église – ou même avant en nous préparant
pour la Messe –, c’est lui qui prie en nous, « car nous ne savons pas prier comme il faut »
(Rm 8,26) ; et, enfin, nous commençons en assemblée la célébration de l’Eucharistie en
faisant le signe de la Croix « Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit » et, avant le
renvoi, concluons la célébration sous le signe de la bénédiction du Dieu Trinité.

Sr Pascale-Dominique Nau, OP

28 McGOWAN, op. cit., 15, dit : « to such overtly pneumatic moments, as if the Spirit injects
himself into the liturgical action only after a specific invitation for his presence has been ex-
tended ». Voir aussi le passage sur l’Esprit Saint dans la liturgique eucharistique dans BENOÎT
XVI, Sacramentum caritatis, nº 13 sur « le rôle décisif de l’Esprit Saint dans la célébration eu-
charistique et en particulier en référence à la transsubstantiation ».

12
5. Bibliographie
ANONYME, Commentaire sur la nouvelle traduction française de l’Ordinaire de la Messe :
https://www.proliturgia.org/fond_files/a-consulter-ici.pdf (consulté le 26.06.2021).
BENOÎT XVI, Exhortation apostolique post-synodal Sacramentum caritatis 22.02.2007 :
https://www.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/apost_exhortations/documents/hf_ben-
xvi_exh_20070222_sacramentum-caritatis.html.
BUGNINI, Annibale, La réforme de la liturgie (1948-1975), Desclée de Brouwer, Paris, 2015.
CARR, Ephrem (éd.), Liturgia Opus Trinitatis, Centreo Studi S. Anselmo, Rome, 2002.
FOLEY, Edward et al. (éds.), A Commentary on the Order of the Mass of The Roman Missel. A
New English Translation Developed under the Auspices of the Catholic Academy of Liturgy¸
Liturgical Press, Collegeville, MN, 2011.
GIRAUDO, Cesare, « Preghiera Eucaristica e Teologia. Per una soluzione della controversia
sull’epiclesi », La civiltà cattolica, nº 4047, avril 2019, 236.
HIPPOLYTE DE ROME, Tradition apostolique, SC nº 11, Paris, Cerf, 1968.
IGNACE D’ANTIOCHE, Lettre aux Éphésiens, dans : CAMELOT P.-T., Les lettres d'Ignace
d'Antioche, Cerf, Paris, 1951.
LAMBERTS, Jozef, « Eucharistie et Esprit Saint », Questions liturgiques nº 67 (1986), 32-54.
LÉON-DUFOUR, Xavier, Dictionnaire du Nouveau Testament, Seuil, Paris, 1996.
McGOWAN, Anne, Eucharistic Epicleses, Ancient and Modern, Londres, SPCK, 2014.
ROUET, Albert, À la découverte des Prières eucharistiques I, II, II, IV, Centre Jean-Bart, Paris,
1981.
TILLARD, J.-M. R., « L’Eucharistie et le Saint-Esprit », NRT 90 n° 4, 1968, 363-387.
VAGAGGINI, Cesare, Le Canon de la messe et la réforme liturgique, Cerf, Paris, 1967.

13
Annexe I – Tableau comparatif des Prières eucharistiques I-IV

Dialogue avant la preface :


V/. Dóminus vobíscum.
R/. Et cum spíritu tuo.
V/. Sursum corda.
R/. Habémus ad Dóminum.
V/. Grátias agámus Dómino Deo nostro.
R/. Dignum et iustum est.

Préface (louange et action de grace adressées à Dieu):


PE I29 PE II PE III PE IV
Variable Vere dignum et [Variable selon les Vere dignum est tibi
iustum est, æquum et fetes et les temps li- grátias ágere, vere
salutáre, nos tibi, turgiques] iustum est te glori-
sancte Pater, semper ficáre, Pater sancte,
et ubíque grátias quia unus es Deus vi-
ágere per Fílium di- vus et verus, qui es
lectiónis tuæ Iesum ante sǽcula et pé-
Christum, Verbum rmanes in ætérnum,
tuum per quod cuncta inaccessíbilem lucem
fecísti: inhábitans; sed et qui
quem misísti nobis unus bonus atque fons
Salvatórem et Re- vitæ cuncta fecísti, ut
demptórem, incar- creatúras tuas bene-
nátum de SPÍRITU dictiónibus adim-
SANCTO et ex Vír- pléres multásque læti-
gine natum. ficáres tui lúminis
Qui voluntátem tuam claritáte.
adímplens et pópulum Et ídeo coram te
tibi sanctum acquí- innúmeræ astant
rens exténdit manus turbæ angelórum, qui
cum paterétur, ut mor- die ac nocte sérviunt
tem sólveret et resur- tibi et, vultus tui
rectiónem mani- glóriam con-
festáret. templántes, te in-
Et ídeo cum Angelis cessánter gloríficant.
et ómnibus Sanctis Cum quibus et nos et,
glóriam tuam per nostram vocem,
prædicámus, una voce omnis quæ sub cælo
dicéntes: est creatúra nomen
tuum in exsultatióne
confitémur, canéntes:

Sanctus (cf. Is 6,3 et Ap 4,8):


Sanctus, Sanctus, Sanctus Dóminus Deus Sabaóth.
Pleni sunt cæli et terra glória tua.
Hosánna in excélsis.
Benedíctus qui venit in nómine Dómini.
Hosánna in excélsis.

29 Canon romain.

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PE : Te igitur
PE II, III & IV : Action de grace:
EP I EP II EP III EP IV
Te ígitur, clementís- Vere Sanctus es, Vere Sanctus es, Confitémur tibi, Pater
sime Pater, per Iesum Dómine, fons omnis Dómine, et mérito te sancte, quia magnus
Christum, Fílium sanctitátis. laudat omnis a te es et ómnia ópera tua
tuum, Dóminum nos- cóndita creatúra, quia in sapiéntia et caritáte
trum, súpplices per Fílium tuum, fecísti. Hóminem ad
rogámus ac pétimus, Dóminum nostrum Ie- tuam imáginem con-
uti accépta hábeas et sum Christum, didísti, eíque com-
benedícas ✠ hæc SPÍRITUS SANCTI misísti mundi curam
dona, hæc múnera, operánte virtúte, univérsi, ut, tibi soli
hæc sancta sacrifícia vivíficas et sanctífi- Creatóri sérviens,
illibáta, in primis, cas univérsa, et pópu- creatúris ómnibus im-
quæ tibi offérimus pro lum tibi congregáre peráret. Et cum
Ecclésia tua sancta non désinis, ut a solis amicítiam tuam, non
cathólica: quam paci- ortu usque ad oc- oboediens, amisísset,
ficáre, custodíre, cásum oblátio munda non eum dereliquísti
adunáre et régere di- offerátur nómini tuo. in mortis império.
gnéris toto orbe Omnibus enim miser-
terrárum: una cum icórditer subvenísti,
fámulo tuo Papa nos- ut te quæréntes in-
tro N. et Antístite nos- venírent. Sed et foed-
tro N. et ómnibus or- era plúries homínibus
thodóxis atque obtulísti eósque per
cathólicæ et prophétas erudísti in
apostólicæ fídei cul- exspectatióne salútis.
tóribus. Meménto, Et sic, Pater sancte,
Dómine, famulórum mundum dilexísti, ut,
famularúmque tuá- compléta plenitúdine
rum N. et N. et óm- témporum, Unigéni-
nium circumstántium, tum tuum nobis mí-
quorum tibi fides tteres Salvatórem.
cógnita est et nota Qui, incarnátus de
devótio, pro quibus SPÍRITU SANCTO
tibi offérimus: vel qui et natus ex María Vír-
tibi ófferunt hoc sa- gine, in nostra con-
crifícium laudis, pro diciónis forma est
se suísque ómnibus: conversátus per óm-
pro redemptióne nia absque peccáto;
animárum suárum, salútem evangelizávit
pro spe salútis et inco- paupéribus, redemp-
lumitátis suæ: tibíque tiónem captívis,
reddunt vota sua æté- mæstis corde læ-
rno Deo, vivo et vero. títiam. Ut tuam vero
Communicántes30, et dispensatiónem im-
memóriam pléret, in mortem
venerántes[…] quo- trádidit semetípsum
rum méritis pre- ac, resúrgens a
cibúsque concédas, ut mórtuis, mortem

30 Des formes particulières du Communicantes sont prévues pour Noël et l'Octave, l'Épiphanie, de la
Veillée pascale au 2e dimanche de Pâques, ainsi que pour l’Ascension et la Pentecôte.

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in ómnibus protec- destrúxit vitámque
tiónis tuæ muniámur renovávit.
auxílio. Et, ut non ámplius
nobismetípsis
viverémus, sed sibi
qui pro nobis mórtuus
est atque surréxit, a te,
Pater, misit
SPÍRITUM
SANCTUM
primítias credénti-
bus, qui, opus suum
in mundo perfíciens,
omnem sanctifi-
catiónem compléret.

PE I : Quam oblationem
PE II, III & IV : Epiclèse I
EP I EP II EP III EP IV
Quam oblatiónem tu, Hæc ergo dona, Súpplices ergo te, Quǽsumus ígitur,
Deus, in ómnibus, quǽsumus, Dómine, deprecámur, Dómine, ut idem
quǽsumus, be- SPÍRITUS TUI rore ut hæc múnera, quæ SPÍRITUS
nedíctam, adscríptam, sanctífica, ut nobis tibi sacránda detúli- SANCTUS hæc
ratam, rationábilem, Corpus et ✠ Sanguis mus, EÓDEM múnera sanctificáre
acceptabilémque fiant Dómini nostri SPÍRITU sancti- dignétur, ut Corpus
fácere dignéris: ut no- Iesu Christi. ficáre dignéris, ut et ✠ Sanguis fiant
bis Corpus et Sanguis Corpus et ✠ Sanguis Dómini nostri Iesu
fiat dilectíssimi Fílii fiant Fílii tui Dómini Christi ad hoc ma-
tui, Dómini nostri nostri Iesu Christi, gnum mystérium ce-
Iesu Christi. cuius mandáto hæc lebríndum, quod ipse
mystéria celebrámus. nobis relíquit in foe-
dus ætérnum,

Récit de l’institution (cf. Mc14,22-24 ; Mt 26,26-28 ; Lc 22,19-20 ; 1 Co 11,23-25)


EP I EP II EP III EP IV
Qui, prídie quam pa- Qui cum Passióni vo- Ipse enim in qua nocte ut glorificarétur a te,
terétur, accépit panem luntárie traderétur, ac- tradebátur accépit pa- Pater sancte, ac di-
in sanctas ac cépit panem et grátias nem et tibi grátias lexísset suos qui erant
venerábiles manus agens fregit, dedítque agens benedíxit, fre- in mundo, in finem
suas, et elevátis óculis discípulis suis, git, dedítque discípu- diléxit eos: et cenánti-
in cælum dicens: lis suis, dicens: bus illis accépit pa-
ad te Deum Patrem « Accípite et man- « Accípite et man- nem, benedíxit ac fre-
suum omnipoténtem, ducáte ex hoc omnes: ducáte ex hoc omnes: git, dedítque
tibi grátias agens be- hoc est enim corpus hoc est enim corpus discípulis suis,
nedíxit, fregit, meum, quod pro vobis meum, quod pro vobis dicens:
dedítque discípulis tradétur ». tradétur ». « Accípite et man-
suis, dicens: Símili modo, Símili modo, pos- ducáte ex hoc omnes:
« Accípite et man- postquam cenátum tquam cenátum est, hoc est enim corpus
ducáte ex hoc omnes: est, accípiens et cáli- accípiens cálicem, et meum, quod pro vobis
hoc est enim corpus cem íterum tibi tibi grátias agens be- tradétur ».
grátias agens dedit nedíxit, dedítque

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meum, quod pro vobis discípulis suis, discípulis suis, Símili modo accípiens
tradétur ». dicens: dicens: « Accípite et cálicem, ex genímine
Símili modo, « accípite et bíbite ex bíbite ex eo omnes: vitis replétum, grátias
postquam cenátum eo omnes: hic est hic est enim calix egit, dedítque discípu-
est, accípiens et hunc enim calix sánguinis sánguinis mei novi et lis suis, dicens:
præclárum cálicem mei novi et ætérni tes- ætérni testaménti, qui « Accípite et bíbite ex
in sanctas ac taménti, qui pro vobis pro vobis et pro multis eo omnes: hic est
venerábiles manus et pro multis effundé- effundétur in remis- enim calix sánguinis
suas, item tibi grátias tur in remissiónem siónem peccatórum. mei novi et ætérni tes-
agens benedíxit, peccatórum. hoc hoc fácite in meam taménti, qui pro vobis
dedítque discípulis fácite in meam com- commemoratiónem ». et pro multis effundé-
suis, dicens: memoratiónem ». tur in remissiónem
« Accípite et bíbite ex peccatórum. hoc
eo omnes: hic est fácite in meam com-
enim calix sánguinis memoratiónem ».
mei novi et ætérni tes-
taménti, qui pro vobis
et pro multis effundé-
tur in remissiónem
peccatórum. hoc
fácite in meam com-
memoratiónem ».

Mystérium fídei (Mémorial-Acclamation):


Pretre : Mystérium fídei.
Peuple : Mortem tuam annuntiámus, Dómine, et tuam resurrectiónem confitémur, donec vénias.
ou
Quotiescúmque manducámus panem hunc et cálicem bíbimus, mortem tuam annuntiámus, Dómine, donec
vénias.
ou
Salvátor mundi, salva nos, qui per crucem et resurrectiónem tuam liberásti nos.

Anamnèse
EP I EP II EP III EP IV
Unde et mémores, Mémores ígitur mor- Mémores ígitur, Dó- Unde et nos, Dómine,
Dómine, nos servi tui, tis et resurrectiónis mine, eiúsdem Fílii redemptiónis nostræ
sed et plebs tua eius, tibi, Dómine, tui salutíferæ pas- memoriále nunc cele-
sancta, eiúsdem panem vitæ et cálicem siónis necnon mirábi- brántes, mortem
Christi, Fílii tui, salútis offérimus, grá- lis resurrectiónis et Christi eiúsque des-
Dómini nostri, tam tias agéntes quia nos ascensiónis in cælum, cénsum ad ínferos re-
beátæ passiónis, nec- dignos habuísti astáre sed et præstolántes ál- cólimus, eius resu-
non et ab ínferis resur- coram te et tibi minis- terum eius advéntum, rrectiónem et ascen-
rectiónis, sed et in cæ- tráre.. offérimus tibi, grátias siónem ad tuam déx-
los gloriósæ ascen- referéntes, hoc sacri- teram profitémur, et,
siónis: fícium vivum et sanc- exspectántes ipsíus
offérimus præcláræ tum. advéntum in glória,
maiestáti tuæ de tuis offérimus tibi eius
donis ac datis hóstiam Corpus et Sánguinem,
puram, hóstiam sanc- sacrifícium tibi accep-
tam, hóstiam imma- tábile et toti mundo
culátam, Panem sanc- salutáre.
tum vitæ ætérnæ et

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Cálicem salútis perpé-
tuæ.
Supra quæ propítio ac
seréno vultu respícere
dignéris:
et accépta habére,
sícuti accépta habére
dignátus es múnera
púeri tui iusti Abel, et
sacrifícium Patriár-
chæ nostri Abrahæ, et
quod tibi óbtulit sum-
mus sacérdos tuus
Melchísedech, sanc-
tum sacrifícium, im-
maculátam hóstiam.

Epiclèse II :
EP I EP II EP III EP IV
Súpplices te rogámus, Et súpplices de- Réspice, quǽsumus, Réspice, Dómine, in
omnípotens Deus: precámur ut Córporis in oblatiónem Ecclé- Hóstiam, quam Ecclé-
iube hæc perférri per et Sánguinis Christi siæ tuæ et, agnóscens siæ tuæ ipse parásti, et
manus sancti Angeli partícipes a SPÍRITU Hóstiam, cuius vo- concéde benígnus
tui in sublíme altáre SANCTO con- luísti immolatióne ómnibus qui ex hoc
tuum, in conspéctu gregémur in unum. placári, concéde, ut uno pane parti-
divínæ maiestátis tuæ; qui Córpore et Sángu- cipábunt et cálice, ut,
ut, quotquot ex hac ine Fílii tui refícimur, in unum corpus a
altáris participatióne SPÍRITU EIUS SANCTO SPÍRITU
sacrosánctum Fílii tui SANCTO repléti, congregáti, in
Corpus et Sánguinem unum corpus et unus Christo hóstia viva
sumpsérimus, erigit spíritus inveniámur perficiántur, ad lau-
se atque seipsum si- in Christo. dem glóriæ tuæ.
gnat, dicens:
omni benedictióne
cælésti et grátia re-
pleámur.
(Per Christum Dómi-
num nostrum. Amen.)

Intercessions
EP I EP II EP III EP IV
Meménto étiam, Recordáre, Dómine, Ipse nos tibi perfíciat Nunc ergo, Dómine,
Dómine, famulórum Ecclésiæ tuæ toto munus ætérnum, ut ómnium recordáre,
famularúmque tuá- orbe diffúsæ, ut eam cum eléctis tuis here- pro quibus tibi hanc
rum N. et N., qui nos in caritáte perfícias ditátem cónsequi va- oblatiónem offéri-
præcessérunt cum si- una cum Papa nostro leámus, in primis cum mus: in primis fámuli
gno fídei, et dórmiunt N. et Epíscopo nostro beatíssima Vírgine, tui, Papæ nostri N.,
in somno pacis. N. et univérso clero. Dei Genetríce, María, Epíscopi nostri N., et
Ipsis, Dómine, et óm- Meménto étiam fra- cum beato Ioseph, Episcopórum órdinis
nibus in Christo trum nostrórum, qui eius Sponso, cum univérsi, sed et totíus
quiescéntibus, locum in spe resurrectiónis beátis Apóstolis tuis cleri, et offeréntium,

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refrigérii, lucis et pa- dormiérunt, omniúm- et gloriósis Martyri- et circumstántium, et
cis, ut indúlgeas, de- que in tua miseratióne bus (cum Sancto N.: cuncti pópuli tui, et
precámur. defunctórum, et eos in Sancto diei vel pa- ómnium, qui te
(Per Christum Dómi- lumen vultus tui ad- trono) et ómnibus quærunt corde
num nostrum. Amen.) mítte. Sanctis, quorum inter- sincéro.
Nobis quoque pecca- Omnium nostrum, cessióne perpétuo Meménto étiam il-
tóribus fámulis tuis, quǽsumus, miserére, apud te confídimus lórum, qui obiérunt in
de multitúdine mise- ut cum beáta Dei Ge- adiuvári. Hæc Hóstia pace Christi tui, et
ratiónum tuárum spe- netríce Vírgine María, nostræ reconcilia- ómnium
rántibus, partem áli- beato Ioseph, eius tiónis profíciat, quaé- defunctórum, quorum
quam et societátem Sponso, beátis Após- sumus, Dómine, ad fidem tu solus cogno-
donáre dignéris cum tolis et ómnibus Sanc- totíus mundi pacem vísti.
tuis sanctis Apóstolis tis, qui tibi a sǽculo atque salútem. Ecclé- Nobis ómnibus, fíliis
et Martyribus: cum placuérunt, ætérnæ siam tuam, peregri- tuis, clemens Pater,
Ioánne, Stéphano […] vitæ mereámur esse nántem in terra, in concéde, ut cæléstem
Per Christum Dómi- consórtes, et te laudé- fide et caritáte firmáre hereditátem cónsequi
num nostrum. mus et glorificémus dignéris cum fámulo valeámus
Per quem hæc ómnia, per Fílium tuum tuo Papa nostro N. et cum beáta Vírgine,
Dómine, semper bona Iesum Christum. Epíscopo nostro N., Dei Genetríce, María,
creas, sanctíficas, vi- cum episcopáli órdine cum Apóstolis et
víficas, benedícis, et et univérso clero et Sanctis tuis in regno
præstas nobis. omni pópulo acquisi- tuo, ubi cum univérsa
tiónis tuæ. Votis huius creatúra, a cor-
famíliæ, quam tibi as- ruptióne peccáti et
táre voluísti, adésto mortis liberáta, te glo-
propítius. Omnes fí- rificémus per Chris-
lios tuos ubíque dis- tum Dóminum nost-
pérsos tibi, clemens rum, iungit manus,
Pater, miserátus co- per quem mundo bona
niúnge. ✠ Fratres cuncta largíris.
nostros defúnctos et
omnes qui, tibi pla-
céntes, ex hoc sǽculo
transiérunt, in regnum
tuum benígnus admí-
tte, ubi fore sperámus,
ut simul glória tua pe-
rénniter satiémur, per
Christum Dóminum
nostrum, per quem
mundo bona cuncta
largíris. ✠

Doxology
Pretre : Per ipsum, et cum ipso, et in ipso, est tibi Deo Patri omnipoténti, in unitáte SPÍRITUS SANCTI,
omnis honor et glória per ómnia sǽcula sæculórum.
Peuple : Amen.

19
Annexe II – La prière eucharistique d’Hippolyte de Rome
La tradition apostolique d’Hippolyte de Rome, édition et traduction B. Botte, Munster,
1963, p. 17, cité dans TILLARD, J.-M. R., « L’Eucharistie et le Saint-Esprit », NRT 90
n° 4, 1968, 370.

Nous te demandons d’envoyer ton Esprit Saint sur l’oblation de la Sainte Eglise. En
les rassemblant donne à tous ceux qui participent à tes saints mystères d’y participer pour
être remplis de l’Esprit Saint, pour l’affermissement de leur foi dans la vérité, afin que
nous te louions et glorifiions par ton enfant Jésus-Christ, par qui à toi gloire et honneur
avec le Saint-Esprit dans la sainte eglise, maintenant et dans les siècles des siècles.

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Annexe III –
L’autel de la cathédrale de
Cuernavaca, Mexique.

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